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Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial

Éditeur : [s.n.] (Rennes)

Date d'édition : 1905-03-07

Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 07 mars 1905

Description : 1905/03/07 (Numéro 2023).

Description : Collection numérique : BIPFPIG14

Description : Collection numérique : BIPFPIG29

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne

Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k640635z

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 31/10/2008

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BULLETIN DU JOUR

L'obligation Ville de Paris 1898, n* M.4S0 la cUigmtiem* -fimciires 1879 n" 1.289.596 et 593.116 e1 tobligation foncière 1886 n- 629.899 gagne 100.000 Rien encore de dintif au sujet de reffroyable bataille du Cha-ffo, mais l'aoantgarde japonaise ne serait plus qu'à quatre kilomètres de Moukden.

Quel que soit k résultat, Kouropatkine garde toute la confiance des milieux officiels russes.

La Chambre a discuté là loi de finances et volé diverses disposition» intéressant les bouilleurs de cru.

La forme

Il n'est pas de Français qui, assistant à une représentation des Plaideurs, ne rie de bon cœur au récit de Chicaneau narrant a1 la comtesse de Pimbesche les multiples péripéties du procès qu'il a engagé depuis. vingt aus contre son voisin, au sujet de t'Anon qui passa au travers d'un sien pré u, et énumérant en style de procureur tous les actes de procédure, jugements et arrêts, intervenus dans une cause de cette importance, dont la solution n'en reste pas moins toujours pendante. Et le bon Français, si la chance l'a assez favorisé pour lui éviter tout contact avec la justice de son pays, sort du théâtre convaincu que ce n'était point une petite affaire que de plaider dans ce temps là, que le meilleur droit exigeait, pour être proclamé et reconnu, des sommes considérables et que, triomphât-on flnalemcnt, le vainqueur de cette lutte judiciaire ne se trouvait guère en posture plus favorable que le vaincu; puis, comparant son sort à celui de ses arrièregrands-pères, il se félicite de vivre à une époque où de tels abus n'existent assurément plus.

Douce illusion d'une âme candide et ignorante. Des faits récents sont là, qui montrent que les vieilles habitudes, pour peu qu'elles soient mauvaises, sont étrangement tenaces, que le même esprit subsiste dans les mêmes fonctioos en dépit de modifications plus apparentes que réelles et que ce qui était vrai du temps de Racine l'est encore aujourd'hui. Si vous en doutez. écouter cette netitfi histoire

Un beau jour du mois de mai 1903, quatre personnes étaient invitées on sait ce qoe sont ces sortes d'invitations et ce qu'il en coûterait à l'imprudent qui s'aviserait de les déchirer à comparaître devant un joge d'instruction du tribunal siégeant au Mans pour répondre d'un délit à elles imputé. Elles se présentèrent devant le juge qui, après avoir examiné leur cas, lequel ne lui parut point pendable, bien au contraire, les relaxa de la poursuite, le. 25 juillet suivant, par une ordonnance de non lieu.

L'affaire eût été ainsi finie, ayant peine commencé, san? la vigi!ance du parquet. Le procureur de la République veillait l'ordonnance de non-lieu lui parut une mesure regrettable il s'empressa d'y former opposition, le 1° août, devant la cour d'Angers,qui rejeta cette opposition comme mal fondée.

Il semblait qu'ayant subi l'épreuve de deux juridictions, l'affaire devait être considérée comme valablement jugée ? Point le procureur général se pourvut en cassation.

En cassation ? Parfaitement. Sans doute des intérêts puissants étaient en jeu? Attendez « Oyez plutôt la suite

Le 16 novembre, la cour suprême casse, pour insuffisance de motifs, l'arrêt de la cour d'appel d'Augers et renvoie les prévenus devant la chambre des mises en accusation de la cour de Poitiers. L'affaire passait ainsi, comme le veut la loi, dans un autre ressort les inculpés n'étaient point trop éloignés de leurs domiciles et pou\'aient en somme s'estimer heureux de la décision, car ils auraient pu être renvoyés à Pau, à Douai ou à Aix.

La cour de Poitiers annule, le 23 décemLre, l'ordonnance de non-lieu du juge d'instruction, et, rendant les inculpés à leurs juges naturels, renvoie l'affaire au tribunal correctionnel de Mans. Le 5 fé vrier 1904, les inculpés sont présents Il l'audience et s'imaginent bonnement en

avoir fini avec ces pérégrinations ils vont enfin être jugés. Ah I bien, oui les pauvres gens ont compté sans Il la forme et la forme auu représentant intransigeant au tribunal du Mans. C est le même ministèra publie, qui a formé opposition contre l'ordonnance de non-lieu du début il sonlève un déclinatoire d'incompétence, attendu qne la Cour de Cassation, en renvoyant l'affaire devant la Cour de Poitiers a dépossédé le ressort d'Angers du droit d'en connaître, et qu'il faut rendre aux magistrats de Poitiers leurs justiciables d occasion. Le tribunal du Mans est perplexe il prend huit jours de réflexion, puis rend un jugement par lequel, se re fusant critiquer la décision de la cour d'appel qui l'a saisi de l'affaire, il se déclare compétent et se dispose à juger. Ne soyez pas si pressé, lui dit le pro cureur de la République, qui fait appel devant la cour d'Angers, et la cour d'An·gers, réformant le jugement du tribunal du Mans, renvoie nouveau l'affaire devant la Cour de Cassation « pour règlement de juges La Cour de Cassation donne raison à la cour d'Angers, et dirige cette fois les inculpés non plus vers le Poitou, mais vers la Normandie c'est devant le tribunal de Caen qu'ils sont invités à comparaître,

Ils y comparaissent et s'entendent condamuer tous les quatre, le 26 octobre. C'est à leur tour i faire appel une juridiction de plus ou de moins, que leur importe ? Ils n'en sont plus à les compter. L'inspiration, d'ailleurs, est heureuse, car la cour de Caen les acquitte le 28 décembre. Leurs tribulations sont elles finies avec l'année ? Point encore, car il reste au ministère public le recours en cassation mais le temps passe et le dél-ti fixé expire sans que le procureur général se soit pourvu devant la cour suprême l'arrêt est définitif et clôt la procédure. Il n'a pas fallu moins de neuf décisions de justice et de vingt mois pour arriver à ce résulfat.

Quelle était donc la nature de l'inculpation qui avait nécessité la mise en mouvement d'un si formidable appareil judiciaire et tant des comparutions devant tantde juridictions?

II ne semble pas, & priori, que le cas fût d'une exceptionnelle gravité, puisque, devant le seul tribunal où les prévenus avaient été déclarés coupables, les peines qu'on leur avait infligées s'étaient réduites à quatre amendes, trois de 16 francs et une de 25 francs. Il ne faudrait pas, toutefois, se fier à la bénignité de cette répression pour contester l'importance du délit. Révélons enfin ce secret plein d'horreur les quatre inculpés comprenaient deux religieuses sécularisées, une institutrice laïque et un curé, lesquels avaient cru pouvoir ouvrir, dans un petit village de la Sarthe, en conformité de la loi et sans opposition de l'autorité académique, une école libre, si l'on peut sans ironie se servir encore d'une pareille appellation en semblable occurence.

Ainsi donc, c'est pour cette vétille que le ministère public, représenté par deux procureurs de la République et un procureur général, avait déployé tout ce zelc c'est pour parer au grand péril, d'ailleurs tout hypothétique, qu'eût fait courir à la Société civile la prétendue fausse sécularisation de deux institutrices que les tribunaux du Mans et de Caen, que les cours d'Angers, de Poitiers et de Caen, que la Cour de Cassation par deux fois ont été dérangés et obligés de consacrer àl'examen 1 une affaire aussi insignifiante un temps qui eût été incontestablement mieux employé de tout autre façon. On comprend d'autant moins cet acharnement procédurier que le premier juge, avec son ordonnance de non-lieu, avait dit sur l'inculpation le mot définitif, le mot de la justice et du bon sens, et la preuve en est qu'à l'autre bout de la chaine, la cour de Caen a jugé comme lui. ^»

Qu'on s'étonne, après cela, que le moin dre procès dure indéfiniment, quand on voit tout le temps que perdent les magistrats à discuter sur des chinoiseries, car le cas cité n'est pas isolé. Non, les plaisante ries de Racine ne sont pas périmées, et notre époque se relie au grand siècle par le siècle de Beaumarchais, lequel apprit à ses dépens ce qu'il en coûte d'avoir des procès. Figaro a toujours raison « Si le fond des procès appartient aux plaideurs, on sait bien que la forme est le patrimoine des tribunaux. » Peut-être seraient-ils bien inspirés, en s'abstenant, désormais, d'abuser de ce patrimoine c'est là un conseil qui, pour n'être pas judiciaire, n'en est pas moins bon, je pense.

Paul Gaulot

Nos Dépêches (Service spécial de l'Ouest-Eclair). CHAMBRE DES DEPOTES Avant la séanoe

Paris, 5 mars. Pour une fois, nos honorables sont venus en assez grand nombre à la séance du matin. On n'aurait pas dit vraiment que c'était un lundi-gras, jour habituellement consacré aux folles réjouissances du carnaval.

Oh 1 il y avait bien par ci par là quelques vides, mais en somme toutes les stalles étaient garnies. C'est la question des bouilleurs de cru qui a opéré ce miracle et les plus vieux parlementaires s'en montraient tout surpris. Malheureusement, les miracles sont rares et celui que nous avons vu se produire aujourd'hui ne se renouvellera sans doute pas de si tôt 1 SÉANCE DU MATIN

Toujours la question des bouilleurs de cru

Paris, 6 mars. C'est au milieu du tumulte que la Chambre a continué ce matin, sous la présidence de M. Doumer, la discussion de la loi de finances. Pour la seconde fois, le gouvernement a posé la question de confiance sur cette affaire des bouilleurs de cru qui a le don de passionner la Chambre et sur laquelle M. Rouvier se refuse a revenir.

Tout d'abord M. Lasies dans un vigoureux discours fait le procès de la loi de 1903, vexatoire et ruineuse pour les bouilleurs de crus et qui favorise les fraudes plutôt que de les démasquer.

M. Baudin, rapporteur général du budget annonce que le président du Conseil, conformément à l'engagement qu'il a pris samedi, accepte diverses modifications à la législation actuelle sur les bouilleurs de cru, par ezemple la suppression des investigations à domicile, des taxes sur les alcools non destinés à la consommation et d'autres dispositions analogues de la loi de 1903. De cette façon, satisfaction est donnée aux amendements de MM. Krantz, Morlot et Pierre Baudin.

MM. Zévaès, Couyba, Mougeot, Paul Coutant présentent des observations en faveurs des petits propriétaires.

M. G. Cochery, président de la commis-' sion du budget, insiste pour que la Chambre se rallie à la proposition de M. Rouvier et pour qu'elle renvoie à plus tard la discussion que l'on veut greffer sur cette partie de la loi de finances.

.La question de conuauce

M. Rouvier appuie les paroles de M. Cochery, puis il ajoute

J'ai dit samedi que je ne pourrai! pan continuer assumer la responsabilité de la gestion de nos finances, mi la Chambre supprimait IL% 58 millions de recettes que personne n'est en pouvoir de remplacer.

Je prie la Chambre de ne pas se laisser in- fluencer par les intérêts de circonscriptions si légitimea soient-ils. Pour moi, je ne peux gardcr le pouvoir qu'avec la libre adhésion dibommes libres qui doivent se souvenirqu'ils sont les représentants de la nation française (Vifs applaudissements).

M. Krantz, président de la commission des boissons prend acte des déclarations et des promesses du gouvernement, puis dépose un projet de résolution invitant la Chambre à consacrer le jeudi de chaque semaine à la discussion des amendements renvoyés à la commission des boissons. M. Morlot combat cette disjonction. La discussion générale est close.

Il s'agit de voter sur la motion de M. Krantz avec une addition de M. Cachet, disant que la Chambre s'occupera du régime des boissons aussitôt après le vote du budget.

MM. Gérald, Galpin, Mirman et divers députés viennent expliquer leurs votes. Un intermède

Puis arrive M. Razimbaud, qui commence un interminable discours, ce qui provoque un vacarme en rèlle. De toutes parts, on réclame le vote. On crie à l'auteur de conclure. On chante sur l'air des lampions: « La clôture 1 la clôture 1 » avec accompagnement du bruit des pupitres.

Pendant vingt minutes, il est impossible de rien entendre. Finalement, M. Razim-

band quitle la tribune et on vote au milieu d'une vive agitation sur la proposition de M. Krante. '• ̃ Après pointage, la proposition de M. Krantz est adoptée par 400 voix contre 149.

La séance est ensuite levée et la discussion renvoyée à 2 h. 1|2.

SÉANCE DE L'APRÉS-MIDI

M. Doumer préside. La Chambre valide l'élection de M. Leret d'Aubigny, élu à La Flèche (Sarthe).

Les services téléphoniques La Chambre renvoie la commission du budget avec urgence déclarée une proposition de NI. Failliot tendant à l'émission de 27 millioos de Bons du Trésor court terme pour l'amélioration des services téléphoniques.

Renvoi d'interpellations

Deux interpellations sur les bouilleurs de cru, l'une de M. Cornet et Perroche, sont jointes à la discussion sur le régime des boissons qui aura lieu tous les jeudis matins après le vote du budget.

Une demande 'd'amnistie

M. Lasies développe un projet de résolution invitant le gouvernement à accorder l'amnistie aux condamnés pour infractions contre la régie et peofSétits de citasse et do pèche.

M. Rouvier demande lerenvoi la commission chargée d'examiner la législation relative aux bouilleurs de crû ou à une commission spéciale.

M. L. Bougère signale des exemples d'une excessive sévérité de la part des .contribfilions indirectes. Il demande a M. Rouvier de donner des ordres à l'administration pour qu'elle. soit plus indulgente envers les bouilleurs de crû.

Le ministre promet.

M. Lasies repousse le renvoi et insiste pour l'adoption de sa proposition de résolution.

Le président du conseil peut fort bien, dit-il, rédiger un projet de loi tout de suite, de façon qu'il puisse venir demain en diacusM. Rouvier. Je ne promets que ce que je peux tenir car je me méfie trop des improvisation). Je m'a<?ocie à l'esprit de la proposition mais je demande qu on me laisse le temps nécessaire pour arrêter un texte correct et exécutable.

Gros et petits 'fraudeurs

M. Caillaux dit qu'il votera contre la proposition de M. Lasies parce que «'est surtout les gros fraudeurs qui profiteront de l'amnistie.

M. Lasies» Je ne m'étonne pas trop que M. Caillaux, l'auteur de la loi de 1903, s'oppose iL l'amnistie, mais je persiste à déclarer que c'est surtout les petits viticulteurs qui bénéficieront de l'amaintie.

Quant aux gros, on ne les frappe jamais ou presque jamaia 1

hi. Rouvier relève les assertions de M. Lasies.

J'ai poursuivi, dit-il, les gros fraudeurs comme les petits, et j'ai augmenté dans certaines circonstances, le chitire des transactions en dépit d'interventions parlementaires.

M. Caillaux. M. Lasies peut faire le procès de la lui de 1903. Mais qu'il en propose donc l'abrogation I On verra quel succès il obtiendra 1

Le scrutin sur la proposition de M. Lasies donne lieu à pointage.

On revient à la loi de finances.

L'article 12 et ses petits

La discussion s'engage sur une série d'articles nouveaux destinés à donner satisfaction aux auteurs d'amendements sur les bouilleurs de cru à intercater ler après l'article 12 et portant la mention 12 A jusqu'au 12 H. Ce sont d'ailleurs les partisans des bouilleurs de cru qui se livrent à de nouvelles tentatives en faveur de leurs propositions et amendements. MM. Rouvier, ministre des finances, et Baudin, président de la Commission du budget, s'emploient de leur mieux pour les faire échouer où les renvoyer à la Commission du budget ou à celle des boissons. Ils y réussissent après une ftngue série d'observations.

On aborde l'article 12 A qui est ainsi conçu

L'administration des contributions indirectes désigne dans chaque commune, après avis du conseil municipal dans la question de l'emplacement, les locaux ou les propriétaires fermiers ou métayers pourront distiller ou faire distiller aux jours et heures fixés dans la même forme les «vins, les cidres, lies,

marcs, cerises, prunes et prunelles provenant de leurs récoltes.

Une proposition de monopole déposée pat MM. Bagnol et Fournier est renvoyée 8 la commission des boissons.

La proposition d'amnistie

Après pointage la proposition de M. Lasies présentée au début de la séance est renvoyée à la commission des boissons, comme le demandait M. Rouvier, par 320 voix contre 232.

On aborde la discussion de l'article 12 B qui règle les formalités à remplir pour bénéficier des facultés accordées par l'article 12 bis.

MM. Camuzet, L. Bougère, Merlou, Perroche présent quelques observations et J'article. 12 B est voté avec une dispos;tion additionnelle acceptée par la commission et portant quo les bénéficiaires de l'article 21 de la loi de mars 1903 coutinuent à être dispensés de la prise en charge.

L'article 12 C concernant les acquis est également voté, Il en est de même de l'article 12 D qui règle la question de l'entrée en franchise à titre définitif.

Un incident

Sur l'article 12 E, M. Lasies développe un amendement qui provoque un incident. Qu'on donne enfin aux bouilleurs de ern, dit-il, des satisfactions sérieuses. Qu'on «Hminuo le traitement des agents du 6so et ou réaliser* ainsi du Acanoam».

Le minlstre. ajoute-t il, n'a pas posé la question de confiance sur cette rédaction. M. Rouvier. Lorsque j'ai posé la question de confiance, je ne l'ai fait qu'en obéiseant à ce que ma conscience me dictait. L'amendement est renvoyé, d'accord avec M. Lasies, à la commission du budge t.

Un amendement de M. fefas MM. Lefas, d'Aubigoy et Galpin font adopter un amende meut demandant une franchise de 20 litres par année.

L'article 12 E qui abroge le paragraphe2 2 de l'article 10 de la loi du 29 décembre 1900 est également voté.

On adopte l'article 12 F, complété par un amendement de M. Hubert qui excepte des décomptes des arbres les espaliers. Sur cet article M. Lucien Hubert obtient du gouvernement, au sujet du rapport normal des arbres fruitiers, une déclaration tout à fait à J'avantage des bouilleurs. Avec l'article 12 G est adopté un amende ment de M. Paul Bertrand portant tue les arrêtés ministériels pris en vertu de la toi de mars 1903 seront insérés au. Journal officiel. L'article 121, qui complète l'article 237 de la loi du 16 avril 1816. est également voté après le renvoi à la commission des boissons de divers amendements. La question des bouilleurs est réglée. La discussion continuera demain sur la loi de finances. La séance est levée à 7 h. 25. Séance demain matin à 9 heures.

LA SÉPARATION

Un mandement de l'archevêque d'Alger. Les difficultés de la situation.- Pour la défense des croyances

Alger, 6 mars. Mgr Oury, archevêque d'Alger, consacre son mandement de carême à la séparation de l'Eglise et de t'Etat. Vuici quelques passages de ce document

La crise actuelle eqt d'autant plus sérieuse qu'elle a des causes tendues et profondes; il serait puéril et dangereux de l'assimiler une de ces secousses fortuites et violentes dont la vie des peuples est agitée et qui n'ont généralemcnt pas de lendemain. Certains incidents récents ont pu en précipiter le développement il ne nous appartient pas de rechercher dans quelle mesure; mais ce que nous sommes en droit d'affirmer, sans blesser personne, c'est que nous n'en serions peut-être pas où nous nous trouvons, si, dans leurs errements, quelques-uns, qui se croient des nôtres, n'avaient attaqué avec une monstrueuse incohérence tantôt l'adversaire, laatOt l'allié. Les vrais fidèles, los doux, les sages et les modestes ont, de ce fait, subi double et cruelle guerre. Aux coups meurtriers des contempteurs du saine nom de Dieu, ont succédé les coups fratricides d'aveugles qui ne voient pas qu'en aigrissant les discussion» et en exaspérant les consciences, ils poussent à l'abîme.

Il ne s'agit pas seulement de revendiquer la propriété où t'usage de nos églises et presbytères, et la modique indemnité qui assure à des prêtres le minimum de l'indépendance et de la dignité il faut, avant tout, défendre les croyances et réclamer énergiquement la liberté de vivre conformément notre foi. Mais, méfions-nous de ceux qui, sans choix et sans discernement, prennent une enseigne religieuse. pour se laucer dans de tristes luttai politiques, car fci politicien est

ennemi ne de l'idée religieuse. Manitastiment, on rend les plus prudents et les plus pondetéa d'eatre noue responeables de la proue outrancière et virulente, de quelques sycopointes catis esprit, sans taleut, sau autre autorité que celle que leur vanité s'attribue. Parmi ces porte paroles des catholiques, il en est de violents, aussi rudes pour leur. frères d'armes que pour les ennemis.

Plus loin, Mgr Oury envisage J'attitude à prendre

Désarmone les suspicions et les baines par notre dévouement paciû]ne a la société; noua avons rapporté de Rome le désir de vous voir doux, courageux et humbles. Il faut évitai contentions et récriminations qui bouleversent les résignés et les détachent de nous- mêmes, Détournons-nous de tout ce qui n'est pas l'orient de notre espérance.

Un projet de résolution

Paris, 6 mars. M. Georges Berry vient de déposer sur le bureau de la Chambre le projet de résolution suivact

La Chambre décide qu'il ne soit pas statué dans cette législature sur la séparation de l'Eglise et de l Etat et prouoace l'ajournement du débat. La Délation

Le ca« du commandant Pa«quier. Pour le nouatr.-iire e la juridiction de la Legion il'hoiiucur. Le double jeu de

M. Fercin. M. Peigné marque

le pas

Patis, 6 mars. Le Figaro dé ce matin publie, au sujet des affaires Pasquier, Percin et Peigné, les renseignements suivauts

Parvenn l'âge de la retraite, ayant quitté la prison du Cherche-Midi où il était geôlier, le commandant Pasquier, membre de la Légion d'honneur, tombait nous la juridiction immédiate du Conseil da l'ordre.

Sans avoir à prendre l'avis d'aucun ministre, le «rand chancelier pouvait instruire sur les plaintes portées par les victime, de sa. délation coutre le commandant Pasquier. Il le pouvait hier il ne le pourra probablement plus demain.

En eHet, le commandant Pasquier va rentrer dans l'armée territuriale, dans un emploi de son grade 1 Ainsi il retrouvera coutre les justes sévérités du Coaseil de l'Ordre la protection du ministre de la guerre. Il sera impossible au général Florentin de délérer au Conseil, sans l'autorisation de M. Berteaux, l'auteur des 250 ficlree que le% Figaro a publiée!. Or cette autorisation, le ministre ne la donnera pas, puisque c'eat justement pour pouvoir la refuser qu'il va donner au commandant en retraite l'asquior une atlectatiou uiiliiaire.

Cette mesure extraordinaire, incompréhensible, iuadmissible, sera prise couformément à l'engagement de M. Berteaux de réintégrer dans l'armée territoriale les officiers démissionnaires de l'active que le général André avait laissés à la suite.

M. Guyot de Villeneuve, qui avait obtenu du ministre cet,e promesse réparatrice, n'avait certainement pas prévu que sa mise à exécution bëutflcierait tout d'abord à un homme comme M. Pasquier dout il avait dénoncé la conduite.

C'est M. Camille Pelletan qui, en le menaçant des vengeances comblâtes, a forcé M. Berteaux à mettre le commandant Pasquier à l'abri de la flétrissure qu'il a encourue. L'ancien ministre da ta marine, daus son parler élégant, se vantait avant-hier soir, devant se3 amis, d'avoir u fait marcher Berteim eu lui faisant sentir la botte u.

Il reste à savoir si les collègues du ministre de la guerre lui permettront de tenir la parole que M. Polletan lui a arrachée.

L'affaire du général Percin semblait arraugée. Les ministres voulaient bien croire que t'ancien chef du cabinet du général Aodré, en organisant le système des fiches, n'avait fait qu'obéir aux ordres de son chef ils admettaient qu'il avait été sincère dans ses eutretients avec MM. Waldeck-Rouaseao, Clémenceau, Jean Dupuy, qu'il avait non pas dénoncé son ministre, mais cherché a lui faire donner de bons conseils. Peut-être le général Percin allait-il échapper 2 la mise en disponibilité.

La publication de la lettre par laquelle en 1904 le capitaine Alollin demandait i M. Vadécard trois cents ticbes sur les officier* d'une division de Paris dont le général Peroin allait prendre le commandement remet en question ce qui paraissait réglé.

Si c'est vraiment sur l'ordre de son général que M. Mollin demanda ces fiches, le général serait convaincu d'avoir joué un double jeu. Il aurait en effet fait fonctionner contre les officiers sous ses ordres un système qu'il avnit blâmé comme dangereux et immoral dans ses entretiens particuliers.

Le général Peigné, pour lequel M. Pelletan demandait à M. Berteaux une prompte réparation, ue^fpeud pas do ministre de la guerre seul. P1R le replacer, il faudrait un décret délibéré en Conseil des ministre;. M. Berteaux l'a dit à M. Pelletao, et cetoi-ci n'a pas caché que le Conseil des ministres ne lai inspirait (heureusement 1) qu'une confiance tt'ès mitigée.

Il faudra donc que M. Pefgné attende.

Feuilleton de l'Ouest-Eclair (3) LE

Secret de Rocher- Talus PREMIÈRE PARTIE

LE ROMAN DE BÉATRICE Un prétendant

Une explication bien fantaisiste! t'ecria Btatrice. Il ne lui manque, mon avis, qu'un élément, c'est d'être plausible 1 Mais, si les choses étaient comme vous supposex et que Maurice reparut, vous ce seriez donc pas content ?

Robert de Mirande fronça les sourcils. Béatrice reprit aussitôt t

L'espagnol écrivit que Maurice était mort d'une fièvre. Il avait souffert d'un long voyage en mer et les anxiétés l'avaient affaibli. Il commit l'imprudence, le jour même de soa débarquement, de s'exposer aux ardeurs du soleil. Nous savons que Maurice i'euit rendu dans l'Amérique du

sud car, des la première heure de son arrivée, il m'ecrivit une longue lettre. Il écrivit aussi à son oncle; mais le marquis m'affirma qu'il n avait pas reçu la lettre. Quelqu'un dut l'intercepter.

Robert eût un geste évasif.

'–J'ai toujours pense, continua Béatrice que Maurice avait un ennemi qui excitait son oncle contre lui. Lorsqu'il était tout jeune, son oncle l'aimait. Ce fut plus tard seclcment qu'il en vint à le haïr; on arriva a lui persuader qu'il souhaitait sa mort. Nous avons choisi ua sujet de conversation bien plus agréable, interrompit Robert de Mirande. Maurice est mort, et 1 affection que vous aviez pour lui doit n être plus qu'un regret. Moi, Béatrice, je suis revenu en France pour vous, parce que, vous le savez, je vous aime. Je ne puis vivre sans vous, Béatrice, ajouta t-il, d une voix passionnée. Ayez pitié de moi, et consentez à devenir ma femme. Ne me répondez pas tout de suite, vous me refuseriez, comme vous l'avez déjà fait. Donnez-moi seulement la permission de vous prouver la sincérité de mon amour. J'attendrai des semaines, des mois. ce qu'il faudra.

Ma réponse est aujourd'hui la même qu'il y a cinq ans, reprit brusquement Béatrice. Je ne veux pas me marier. le lcfusc d'accepter cette réponse, i

répliqua Robert de Mirande. Votre père autorise ma démarchoctmêmcil l'approuver Vous serez ma femme, je le jure 1

Béatrice le regarda avec hauteur, les yeux étincelants de colère, et blessée par une pareille insistance. Mais çlle lut dans ses yeux comme une menace qui lui fit peur. Elle comprit que le repousser a ce moment d'une façon absolue, ce serait peut-être se faire de lui un ennemi implacable. Elle sentit vaguement qu'il était en son pouvoir de lui faire du mal. Elle eut un fris-son et, instinctivement, elle s'eîoigna de lui.

Vous rtfltchirez avant de prendre une décision, dit-il, en changeant soudain de ton, et avec; un sourire q«ff paraissait comme un tayon de soleil travers un ciel obscur.

L'instinct était puissant chez Béatrice, et. le sentiment du péril dont elle venait d'à-' voir conscience, la décida a temporiser. Puisque vous le désirez, je réfléchini, dit-elle, en rougissant; et, puisque vous préférez attendre, vous aurez m4_ réponse. dans quelques mois. quand vous viendrez me la demander.

Le comte de Saint-Eudoc entra à ce moment.

Béatrice saisit cette occasion pour se retirer. Elle sortit tout troublée et en témoignant d'une émotion que son pere et Ko-

bert deMirande interprétèrent dans un sens favorable à leurs proicls.

III

Terrible révélation

Le comte et Robert de Mirinde approchèrent leurs sièges du feu, èt, tout en savourantleur café, discutèrent l'affaire qui leur tenait tant à cœur.

–Je crainsd'être entré inopportunément, mon cher Robert, dit le comte, j'ai devine à votre attitude et à celle de Béatrice que vous avez renouvelé votre proposition de mariage, et je ne sais pourquoi; mais je me suis imaginé qu'elle ne vous avait pas oppose un refus formel ?

Vous avez raison, répliqua Robert, avec un air d'évidente satisfaction. Mlle Béatrice a promis de prendre ma demande en considération et de me donner une réponse dans quelques mois. quand je viendrais la réclamer.

Le comte fut la fois surpris et enchante.

Mais, c'est un encouragement positif! s'écria-t i!.

• >Três certainement, dit Robert de Migrande, et c'est bien ainsi que je l'ai compris. Ma longue attente et mes années de fidélité auront leur recompense. J'ai la cou

viction, mon cher comte, que bientôt, j'aurai l'honneur et le bonheur d'être votre gendre.

Je ne saurais dire à quel point j'en suis étonne, répliqua le comte. Ce soir même, avant votre arrivée, j'ai parlé de vous à Béatrice et elle a déclare, comme elle l'avait fait cent fois, qu'elle ne se marierait jamais. Il y a quelques mois seulement, elle a refusé un parti splendide, et, aujourd'hui, elle vous encourage, elle laisse entendre qu'elle pourra accepter de devenir votre femme

Il vous semble étrange que je réussisse quand tant d'autres ont échoué, dit Robert avec fatuité. Je ne veux pas en chercher trop la cause.

Le comte sourit. L'idée que sa fille toujours si froide, si glaciale, pouvait aimer désormais quelqu'un lui semblait inadmissible. Avait elle même sérieusement aime Maurice de Ro:her-Talus?. Pour le moment, dit Robert, nous garderons pour nous le fait que mademoiselle Béatrice a daigne encourager mes voeux. Mais, les choses étant arrivées à ce point, il est nécessaire, mon cher comte, que je vous lasse connaître ma situation et mes espérances de tortune je vais le faire franchement.

Ce n'est pas nécessaire, mon cher Mi rande. Je vous, connais depuis votre en-

tance, et je serai trop heureux si :ette union se réalise. Il n'est personne que j'accepterais pour gendre avec plus de plaisir que vous.

Je vous remercie, mais l'explication n'en est pas moins nécessaire. D'abord j'ai hérite du nom et des dettes de mon père. Je n'ai pas toujours été range dans l'administration de mon revenu de nombreux voyages, des dépenses quelquefois peu justifiées ont un peu tari mes ressources. Voilà le vilain cOté du tableau. Mais, par ailleurs, je suis reconnu par mon oncle, comme devant être son futur héritier le trouverai là une très large compensation. Le marquis est cjur, avare même mais la dois déclarer que toujours il s'est montre .pour moi aussi bon et aussi généreux qu'il lui était possible.

Le marquis possède une fortune priecidre. dit le comte, et du moment que son neveu, le flli de son frère est mort, vous êtes son héritier. supposer qu'il ne dispose pas autrement de ses biens, ce que je no pense pas. Ainsi, avec la fortune de votre oncle et celle que pourrait vous apporter Béatrice, vous compterez parmi les plus riches.du pays. J'ai hâte que le mariage se fasse, je vous le répète.

-Moi ausst,mon cher comte; où trouverais-je une temm: capable de dépenser cette fortune avec plusde noblesse, plus d<