Souk la rude main des conquérants, de Rome» et pendant les temps douloureux du moyen âge, la masse esclave qui labourait le sol ne pouvait guère comprendre la beauté de la terre sur laquelle s'écoulait sa misérable vie, et le sentiment qu'elle éprouvait à l'égard des paysages qui l'entouraient devait nécessairement se pervertir. Les amertumes de l'existence -étaient alors beaucoup trop vives pour que l'on pût se donner souvent le plaisir d'admirer les nuages, les rochers et les arbres. Ce n'étaient de tontes parts que discordes, haines, frayeurs subites, guerres ou famines. Le caprice et la cruauté du nia lire étaient la loi des asservis dans chaque inconnu on craignait de voir un meurtrier; les deux noms d'étranger et d'ennemi étaient synonymes. Dans une pareille société, la seule chose que l'homme brave pût essayer de faire pour lutter contre sa destinée et garder en soi-même la conscience de son âme, c'était d'être joyeux et ironique, c'était de se moquer du fort et surtout de son maître, mais il n'avait que faire de s'attendrir en regardant la terre. La splendeur des traits de la nature environnante devait rester inconnue à des hommes qui, sous le coup d'une vague terreur soigneusement entretenue par les sorciers de toute espèce, ne cessaient d'apercevoir dans les grottes, dans les chemins creux, dans les gorges des montagnes, dans les bois pleins d'ombre et de silence, des revenants informes et des monstres horribles, tenant à la fois de la bête et du démon. Quelle étrange idée devaient se faire de la terre et de sa beauté ces moines du moyen âge qui, dans leurs cartes du monde, ne manquaient jamais de dessiner à côté des noms de tous les pays lointains, des animaox vomissant le feu, des hommes à sabots de cheval ou à queue de poisson, des griffons à tête de bélier ou de bœuf, des mandragores volantes, des corps décapités aux larges yeux hagards loges dans la poitrine!
Au sortir de ces guerres incessantes du moyen âge, le désir de tout homme échappé à la lutte devait être de se