dirai, comme aux temps de l'histoire des Juifs, la limite septentrionale de la zone où mûrissent les dattiers et la limite méridionale de la zone des vignes coïncideraient sur les bords du Jourdain*. Toutefois, Arago n'était pas éloigné de croire que, dans l'Europe occidentale, le régime de la température s'est notablement altéré c'est là ce que prouverait, d'après lui, la rétrogradation graduelle des vignobles vers le midi. De nos jours, on ne cultive plus la vigne sur les bords du canal de Bristol, ni dans les Flandres, ni dans la Bretagne; ot <l?.ns ces contrées, que tes» chroniques, peutêtre trop louangeuses, nous disent avoir produit des vins exquis, les raisins ne pourraient mûrir actuellement que dans les années exceptionnelles. Des titres de propriété remontant jusqu'à 4564 constatent, dit M. Fuster, qu'on vendangeait autrefois à des altitudes de 600 mètres sur les llancs des montagnes du Vi va rais, là où la vigne ne porte pins de fruit pendant le siècle actuel. De même dans les environs de Carcassonne, la culture de l'olivier a rétrogradé de 15 a 16 kilomètres au sud depuis une centaine d'années1; la canne à sucre a disparu de la Provence où elle était. acclimatée; les orangers d'Hyères. dont la culture s'étendait à l'époque du xvi' siècle jusqu'au village de Cuers, ont ('•lé frappés par la maladie sous un ciel qui ne leur est plus favorable, et l'on a dû les remplacer par des arbres à fruits moins frileux, tels que les pêchers et les amandiers. Ne faut-il voir, avec M. Alphonse de Candolle, dans cette retraite graduelle des vignes, des oliviers, des orangers. qu'un simple fait économique provenant de la plus grande facilité des échanges, on bien est-il permis d'en inférer que la température annuelle, ou du moins la chaleur estivale a diminué en France depuis le moyen âge? Il parait impossible de répondre avec certitude.
1. Annales det longitudes, 1834.
i, Bourlot, Variation* de latitude et ih climat, page 46.