apporte la poussière; de même on peut dire que les rivages du Brésil, vers lesquels souffle le vent alizé, sont contigus aux lointains archipels des Açores et des Canaries. Toutes les parties du monde que réunissent des courants atmosphériques deviennent par cela même limitrophes, sinon pour les êtres qui rampent sur le sol, du moins pour ceux qui se laissent entraîner par les mouvements de l'air. Par le mélange incessant des masses aériennes, toutes les régions de noyau solide de la terre se rapprochent, les contrastes se fondent, l'harmonie s'établit entre les productions et les climats non moins que dans l'aspect général de la nature. Les vents sont aussi de puissants agents géologiques. Ainsi les courants aériens de certaines latitudes transportent des nuages de poussière qui peuvent à la longue stériliser ou fertiliser de vastes contrées, soit en recouvrant le sol végétal d'une couche inféconde, soit en opérant un heureux mélange des terres. Sur les bords du Nil, le sable du désert que le vent mêle à l'épais limon du fleuve contribue à développer la merveilleuse force productive du terrain, tandis que dans les plaines voisines, dépourvues d'humidité, il enfouit les plantes et rend le sol impropre à toute végétation. Ailleurs, et principalement sur les côtes basses de la mer, le vent fait marcher l'assaut des campagnes des collines de sable qui barrent le cours des ruisseaux et repoussent graduellement l'eau des estuaires sur la pente des continents
En certains endroits le courant aérien va même jusqu'à changer temporairement le niveau de la mer; de son souffle il arrête les ondes ou les lance à l'attaque des rivages, et tour tour dessèche le fond ou cause des inondations désastreuses. Parfois le vent qui descend avec violence des régions polaires de l'Amérique du Nord au golfe du Mexique retient jusqu'à trois ou même quatre marées successives. 4. Voir, ci-desans, page 367.