courants d'eau froide qui lui servent de Ht sont tous moins riches en substances salines, ainsi que l'ont prouvé Forchhammer et d'autres chimistes; mais par suite du mélange incessant des eaux, il se produit en beaucoup de parages une égalisation de salure entre les courants*.
Une autre œuvre du Gulf-stream, non moins importante dans l'économie planétaire, est celle qu'il accomplit, de concert avec les vents du sud-ouest', sur le climat de l'Europe occidentale. En tournoyant dans le golfe du Mexique, comme dans une immense chaudière, les eaux du courant se réchauffent graduellement; quand elles s'échappent du détroit de Bemini pour faire leur entrée dans l'Océan, leur température n'est pas moindre de 30 degrés centigrades, et dépasse d'environ 5 degrés la chaleur normale des couches liquides avoisinantes. Le calorique des eaux du Gultstream ne se perd que lentement, et pendant les jours d'hiver, les eaux du courant ont souvent, au large du cap Hatteras et du banc de Terre-Neuve, une température dépassant de 12 ou même de 16 degrés centigrades celles de tout le reste de l'Atlantique sous les mêmes latitudes; quand elles se rencontrent avec le courant polaire, elles ont encore une chaleur de plus de 20 ou même 25 degrés centigrades, tandis qu'à une distance de quelques centaines de kilomètres, sur les côtes de Labrador, l'eau .marine se trouve quelquefois à 4 degrés au-dessous du point de glace: en dépit des latitudes, les eaux de la zone tropicale et celles de la zone glaciale se sont juxtaposées. Dans leur marche vers le nord, les nappes de la surface, qui par suite du rayonnement sont devenues plus froides que les couches sous-jacentes, descendent à une profondeur plus ou moins grande dans la masse du courant, et sont remplacées par des eaux plus chaudes et plus légères situées immédiatement 4. Forchbammer, Philosophie Transactions, part. l, p. Î41, 4868. 5. Voir le chapitre intitulé les Climatt.