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Titre : Paroles prononcées sur la tombe de M. Fiévet, professeur du collège de Landrecies, le 23 janvier 1869 / par M. Lefrancq,...

Auteur : Lefrancq, L.. Auteur du texte

Éditeur : Impr. de Simon (Cambrai)

Date d'édition : 1869

Sujet : Fiévet

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb307753409

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 8 p. ; in-8

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Description : Collection numérique : Fonds régional : Nord-Pas-de-Calais

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6371711c

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LN27-24747

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/11/2012

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PAROLES

PRONONCÉES SUR LA TOMBE

DE M. FIÉVET

L~f~ du Collège de Landrecies X

Y : ? 23 JANVIER 1869

PAR M. LEFRANCQ

Directeur de l'Etablissement

CAMBRAI

lrrip de SIMON rue St-Martin. 18,



PAROLES • PRONONCÉES SUR LA TOMBE

DE M. FIÉVET Professeur du Collége de Landrecies.

LE 2.3 JANVIER 1869

PAR M, LEFRANCQ

Directeur de l'Etablissement.

MESSIEURS,

Il y a quelques années à peine, nous déposions dans la tombe, à un pas d'ici, là, un jeune homme plein d'avenir, l'espoir et l'amour de ses parents.

Le père, agenouillé près de nous, sur le bord de cette tombe, ne voyait plus, n'entendait plus. Il était abîmé dans sa douleur. Son âme paraissait ensevelie dans le tombeau de son fils. Il s'est relevé cependant. Mais depuis ce jour fatal, vous l'avez tous remarqué, M. FIÉVET ne fut plus le même.

Triste, silencieux, souffrant, il ne vivait que pour consoler ceux qui partageaient sa douleur. Il


ressemblait à un homme qui se senl frappé au cœur, dont les moments sont comptés, et qui n'attend la fin de ses maux que du jour où il ira rejoindre le fils qu'il a perdu.

Ce jour est venu lentement. Que de fois le père a visité cette tombe solitaire ! Que de fois ses yeux se sont remplis de larmes au moindre mot échappé dans la conversation qui lui rappelait le souvenir de ce fils chéri ! Dans ces dernières semaines, devenu paur ainsi dire insensible à tout, il s'informait cependant de la date du mois, et demandait à être transporté dans la chambre où il avait vu expirer son fils, comme si son dernier vœu avait été de mourir le même jour et dans le même lieu ! Père infortuné, que l'amour paternel a lentement consumé, console-toi ; lu vas reposer, selon ton désir, près de ce fils tant regretté. Vos tombes se touchent, et dans un monde meilleur, nous en avons l'espoir, vos âmes se sont déjà reconnues et réunies, pour se confondre dans le sein de ce Dieu qui n'a pas mis tant d'amour dans le cœur d'un père, pour le soumettre à une épreuve audessus des forces humaines, et lui faire subir" lot ou tard, une séparation éternelle.


Si le père fut bon, Messieurs, le maître était dévoué à ses élèves. Pères de famille qui m'entendez, vous avez presque tous été l'objet de ses soins, vous avez pu apprécier son exactitude, son zèle, et la bonté de son cœur, que révélait cette vivacité même de caractère si prompte à éclater, si prompte aussi à s'apaiser, et que ne décourageait ni l'indifférence, ni l'inertie. Cette affection qu'il avait eue pour vous, il la reportait sur vos enfants qui lui étaient doublement chers.

Vous n'étiez pas plus heureux que lui de leurs succès ! C'était avec une joie mêlée d'orgueil qu'il apprenait ou annonçait soit le rang honorable qu'ils avaient obtenu dans des établissements d'un ordre plus élevé, soit leur réussite dans les divers concours où ils se présentaient au sortir de ses mains. Ces plaisirs du professeur il les a souvent goûtés dans sa longue carrière.

Combien d'enfants de Landrecies ou des environs, hommes aujourd'hui, ou qui le seront bientôt, doivent en partie, à ses premiers soins, ce qu'ils sont ou seront un jour ! Le Collège était sa sphère, sa classe son élément, sa vie. Il semblait retrouver la force et la santé au milieu de vos enfants. Il s'excédait pour eux. Vous savez tous


qu'il a fallu que ses forces trahissent son courage à la porte même de sa classe, pour qu'il se résignât à comprendre qu'il allait leur donner sa dernière leçon. Il la donna, non sans regrets, hélas ! Rentré chez lui, à grand peine, il s'assit épuisé, près de son foyer, et -là, les coudes sur ses genoux, et le front dans ses mains il donna ton libre cours à ses larmes. Il pleura longtemps.

C'étaient ses adieux au Collège, à vos enfants.

Ils ont perdu un maître bon, affectueux ; l'établissement à qui il a rendu de longs et d'importants services, un professeur plein de sens et dévoué ; et nous qu'il aimait, qui l'aimions, un autre nousmême, un véritable ami.

Hors du Collège, M. FIÉVET., était, en affaires, non-seulement d'une probité à l'abri de l'ombre même du soupçon - ce n'est pas un éloge, c'est un fait — mais d'une obligeance qui approchait du désintéressement, d'une facilité qui allait jusqu'à la bienfaisance. ,

Aux dernières élections, entré au Conseil municipal où depuis longtemps l'appelait le vœu de ses concitoyens, il montra dans la discussion des intérêts de la commune, et dans quelques questions


délicates, la droiture, la modération ci l'indcpen-, dance de son caractère.

Ancien maréchal-des-logis-chef de la belle compagnie d'artillerie de Landrecies, il en conserva le patriotisme éclairé. Ami sincère de l'ordre, il ne fit. point le sacrifice de la liberté. Il avait un blâme pour tout ce qui l'éloignait de nous, et de nobles aspirations vers tout ce qui pouvait en assurer le retour.

N'ayant rien à cacher dans sa vie, d'une amitié sûre, n'ayant que de bonnes intentions, M. FIÉYET apportait dans ses relations journalières, cette honnête franchise dont l'expression nelle coupait court aux subtilités et ne laissait aucun doute sur sa pensée. Ceux mêmes qui ne se rangeaient pas à son avis, ne pouvaient lui refuser leur estime.

Cette estime était générale. Il en reçoit aujourd'hui un éclatant témoignage, dans l'empressement de cette foule de tout âge et de toute condition qui se serre autour de sa tombe.

Le regret de sa perte est dans tous les coeurs, son éloge dans toutes les bouches.


Àh ! puisse ce suprême hommage rendu par toute une ville à l'honnête homme, à l'homme utile qui ne fit que le bien, au citoyen dévoué à l'instruction et au progrès, devenir une consolation pour toute sa famille, pour une parente accourue de loin près de lui, pour un frère qui eût voulu ne pas le quitter et recueillir son dernier soupir, pour son gendre, pour sa fille, pour sa veuve qui, pendant sa longue et douloureuse maladie, lui ont prodigué des soins si assidus et si dévoués, hélas clans un autre espoir!

Pour sa veuve surtout restée seule sous le poids des deux coups les plus terribles pour le cœur d'une femme. Que le souvenir d'un tel époux soutienne son courage.

Adieu, FIÉVET. Le vide que tu laisses parmi tes concitoyens est grand ; mais ta mémoire qui réunit le respect, la reconnaissance et l'affection de tous ceux qui t'ont connu, vivra aussi

longtemps parmi no k!J> FIÉVET, adieu.

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Cambrai. - lmue St Martin, 18.