Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-11-27

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 27 novembre 1839

Description : 1839/11/27 (A4,N42).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63665324

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85%.


Paria, 26 Novembre.

QUESTION DES SUCttKS.

Nous discuterons avec quelqlles développemens dans la Revue le projet de loi sur les sucres, que le gouvernement doit présenter aux Chambres dans le cours de la prochaine session. Voici les bases de ce projet. telles qu'elles ont été publiées et confirmées par presque toute la presse périodique.

- L ancien droit de 45 fr. serait rétabli sur le sucre COlonial.

Vines2en droit de 45 fr. ser.

I/impôt sur le sucre indigène serait en mém'! temps, et sans transition, porté an même chiffre. Vénalité de taxes serait ainsi immédiatement réalisée; mais pour dédommager les fabricans de sucre indigène de ce qu'aurait de trop rigoureux pour eux cette subite élévation d'impôt, une indemnité serait demandée aux rlmmbreR. L'expiation de la betterave, comme matière saccharine, continuerait, par conséquent, d'être permise. sous la nouvelle condition de l'éualité de droit; l'indemnité n aurait d'autre but que de permettre au gouvernement de franchir d'un - - - -

1 seul coup toute l'échelle des laxes intermédiaires-auxquelles te sucre de betterave aurait dû être successivement soumis, et d'arriver de prime-abord à ce qu'il regarde comme la solution .Iu long débat qui s'agite depuis plusieurs anuées entre les deux productions rivales. »

Ce projet indiquerait que le gouvernement a enfin senti coinbien l état de choses, qui existe depuis plusieurs années, appor-

1 sait de préjudice à tous les intérêts. 1 La discorde était entre les colonies et la mélropotc, le commerce maritime et l'agriculture , le midi et le nord, les ports de l mer et les villes de l'intérieur.

Les colonies souffraient autant de l'incertitude de leur avenir I que de la tonCIII'rc:noo de la production indigène. La fabrication de -- la betterave - elle-méiue u'ctail qu'une périlleuse cveiilualité.

1 Dan* ce conflit, le tn-sorpetdutl ses revenus ; car le gouver1 nement ne (touvail plus procéder que par degrôvemeiis succesj ail". li n'y avait plus moyen de rétablir l'ég.tliU; devant la loi, t qu'en- abolissant toute taxe sur les deux produits ou en les sou-

mettant à des droits égaux. Le premier de ces deux partis eût été la ruine du trésor, le second concilie toutes les exigences.

La France pourrait à la rigueur se passer de sucre indigène ; mais elle ne saurait se passer de colonies et de commerce intérieur. C'est ce qu'on a compris un peu tard ; on finit par où on aurait dû commencer, mais il vaut mieux tard que jamais. _h

Les colons doivent voir dans ce projet l'aurore d'un meilleur avenir. En cénéloal. la presse périodique lui est favorable. L'opposition elle-mème ne ,Iiicane que sur la forme et le mode d'exécution, selon sa tactique Imbiluelle. Nous croyons que, dans les chambres. les intérêts engagés sur cette question étaient respectivement dans une position si fausse, qu'ils seront charmés de trouver une issue pareille pour sortir de l'impasse dans lequel il» se trouvaient.

Fidèles à notre mission , nous serons lipureuv de coutribuer à un dénouement favorable, en portant quelque lumière dans cette importante discussion.

AFFAIRE DU SIKUI1 AIlÉ NOBL.

On lit dans la Gnzettc des Tribunaux le passage suivant d'un 1 réquisitoire de M. Dupin, procureur-général à la Cour de cassa- ] lion, qui semble annoncer qu'uu pourvoi va être formé contre l'arrêt de la cotir d'assises de la Guadeloupe dans l'affaire dn sieur Amé Noël.

« Enfin, il n'est pas jusqu'à la puissance des maîtres sur leurs esclaves qui n'eût aussi des bornes. Il n'était pas permis aux maîtres de sévir contre eux avec cruauté, supra modum ismtire.

[ Intiit., lih. Il 1litre 8. ) L'esclave trop maltraité par son mahre pouvait se réfugiel. aux pieds de la statue de l'empereur, et le magistral interposait son autorité. Dans nos colonies, l'esclave à l'éuard duquel le maître abuserait de sa puissance, peut aussi se réfugier ad œdea sacras, et chercher un asile dans le sanctuaire de la justice ; s'il ne le fait, ou s'il a succombé sous les tutures, l'autorité publique doit agir pour lui. Si, dans une c rconslance réceme, des faits atroces n'ont pas trouvé de répression, te

n'est pas les magistrats qu'il en faut accuser. Mais si l'humanité a reçu par-là uni offense qu'il ne nous est pas donné de réparer, du moins la maj esté de la loi sera vengée par un pourvoi qui sera formé dans son intérêt. »

Nous ne reculerons pas devant la manifestation de la vérité: Si le sieur Allié Noël est personnellement en cause detan\ les tri* bunaux, tous les colons y sont devant l'opinion publique. Le pourvoi sera pour eux l'occasion d'une justification éclatante. Ce sera à Paris même , devant la première cour du royaume, qu'il leur sera permis de repousser les outrages qu'a l'occasion d'un fait isolé et lointain on a cherché à déverser sur eux.

La colonie de la Martinique et l'art médical viennent de faire une perte bien douloureuse dans la personne de M. Luzeau, premier médecin en chef de la marine, qui, depuis plus de vingt ans exerçait son art dans cette Ile. M. Luxeau, aussi générale- ment estimé comme médecin, que considéré et aimé comme homme du monde, « succombé à une longue maladie le 30 août dernier. Les regret* de tous les habitans de la garnison et des marins l'ont aceomgagpé jusqu'à sa sépulture ou son confrère M. le docteur CMCTVTOMIU à sa mémoire le touchant hommage

qu'on va lire : - « Les événemens Mfelieureux se succèdent avec tant de rapidité dans cette annéeaésastreuse et d'effroyable ntémoire, qu'à peine une tombe seifljpme sur l'un qqVfte nouvelle tombe s'ouvre pour lice voir encom une tictiJDc. Hier, c'était M. Delussay, cnirorgièfJ-major distingué de la marine, l'un de mes collaborateurs an Sénégal. qui .ait affronté les maladies

meurtrières de ce climai dévorant, dttjl nous avions à déplorent la perte. Aujourd'hui, c'est celle du "Q des médecins de CN^ colonie qui, au milieu des épidémie*#pi = cette Ile,|se eso e 4,' trouva toujours l'un des premiers lMù-l«fe|MMfr tÉfe drafr.

l'appelaient.

» M. Lnzeuu, premier medecin en chéf de la marine, clievaKér de l'ordre royal de la 1'ii."u.-d'H()ilDeurt vient de lermin.

honorable can tère aprèaTune longue et douloureuse maladie.,

..a.n 1 SOUVENIRS INTIMES DU TEMPS DE L'paaB.

Krettlj.

111.

Après la mémorable journée de Marcngo, Krettly revint à Paria en qualité de trompette-major dm chasseurs de la garde des cOllsuls.

la y devint amoureux d'une lu-Ile » t timide jeune fille qu'il jura d'épouser, sans songer pour cela à divorcer avec son rude el glorieux métier, ta prcunerc fois qu'il se hasarda a pailer de ses projets de mariage à son ancien commandant Eugène de Beauharuais qui venait d'être nommé colonel des chasseurs de la garde consulaire , celui-ci se uiit à rire.

* Y songes-tu, mon brave? lui dit-il. Ungaillard tel que toi ne doit avoir pour femme que la lalile de son sabre, et pour belle-inère que la patrie.

- Mais, mon eolonct, j'épouse mademoiselle Touzin ; et il me semble que l'idée n'est pas aussi bouffonne que vous le supposez.

- Mademoiselle Touzin !. dit Eugène avec étonnement. Elle t'aime donc ?

- Mais. un peu, répliqua Krellly en remontant le col de sa cravatte noire d'un air vainqueur. »

La jeune personne était fille de M. Touzin , jadis carrossier du vicomte dcBeauharnais , père d'Eugène. Cette circonstance fit cesser toute nouvélîe objection. Krettly se maria le 9 venlose an 10. Eugène lut le parrain de son premier né.

Krettly fit ensuite la campagne d'Allemagne de .805, et se dis-

tingua brillamment à Auslcrlitz.

L'empereur était à la tète de sa réserve commandée par le géuéral1 Oudinot, lorsqu'il vit que deux de ses brigades, entraînées par trop d'ardeur, étaient prises à revers par toute la garde impériale russe, Napoléon détacha aussitôt son régiment des guides et ses grenadiers à cbeval pour leur porter secours. Krellly sonne la charge , et cette cavalerie d'élite foud sur la garde impériale russe, qui bientôt est mise en de-route; mais à peine le trompette avait-il repris haleine

qu'il aperçut à quelques pas de lui sou commandant Daumesnil (celui qui depuis fut gouverneur de Vincennes) entoure d'uue douzaine de grenadiers russes, an milieu desquels il se défend avec courage, mais sans espoir j Krellly s'etànce , renverse les uns, bouscule les autres, blesse ceux-ci, tue ceux-là et parvient à dégager Daumesnil.

Au même instant, un Russe, plus acharné que les autres, saisit la trompette de Krettly et s'y cramponne d'une main vigoureuse afin de le renverser. Krellly lui abat le poignet d'un coup de sabre, et la main du Russ •, comme cellcd'uu autre Cinégyre, reste crispée à

l'instrument. Le commandant Daumesnil était sauvé, unis son libérateur était criblé de contusions et de blessures.

Krettly savait juger au premier coup d'œil toutes les conséqnences tl\n» mouvement bien ou mal combiné. Daus une circonstance décisive il prévint le colonel Morland du danger qu'il y avait pour lui

à exécuter une charge sur une division russe formée en carré et au centre de laquelle étaient placées quatre pièces de canon prêtes à faire feu.

« Ah balt ! dit sèchement le cotoncl, vous perdez la tête, sonnez la charge ! »

Le régiment s'ébranle ; mais, ainsi que Kretély l'a prévu, quatre coup s de canon chargés à mitraille partent à la fois ; une partie de l'état-major du régiment tombe , et le brave Morland , qui le matin même avait été fait général, paie de sa vie le tort d'avoir négligé l'avis du simple trompette-major. Le lieutenant-colouel Dalhman

prit aussitôt - le commandement du régiment. Une seconde charge s'exécute; on pémHre dans le carré russe, et Krettly, à la tête de ses deux pelotons de trompettes, se rue avec tant d'impétuosité sur lei cauonniers ennemis que les pièces sont enlevées. Huit des trompettes qui le suivaient reçurent après ce glorieux coup de main la croix de la Légion-d'Honuciir.

Krettly avait à peine essuyé son sabre à la crinière de son cheval qu'il vit s'avancer le corps des gardes-nobles russes. Le colonel de ce régiment avait reconnu de loin le maréchal Bessières en observation, et il dirigeait rapidement son cheval vers lui pour le provoquer en combat singuler; mais Krettly a deviné l'intention du Russe et s'est porté près du maréchal, qui déjà a mis l'épée à la main.

« Monseigneur, eécrie Krettly , ce n'est pas à vous de faire le coup de sabre avec cet homme ; c'est trop peu qu'un tel adversaire; je m'en charge, moi !

Je ne k veux pas ! » répond avec vivacité Bessières en se mettant en garde pour se défendre.

Mais déjà le trompette est en. face du colosse russe et semble le défier. Celui-ci, plein de dépit de se voir enlever l'adversaire qu'il cherchait, se précipite avec furie sur Krellly, fort étonné de l'entendre prononcer ces mots très-distinctement en français : « Eh bien, tape donc, drôle, si tu l'oses et si tu t'en sens le courage 1 Seulement, gare à ton cou !

Oh ! oh ! grand Cosaque, réplique le trompette à voix basse, si tu lèves le bras, tu eg perdu, n

Au même instant le colonel lui porte un coup qui devait être mortel.

« Hop ! a fait Krettly en relevant le sabre du Rnsse, en même temps que par une savante riposte il lui plonge le sien dans la poitrine. S'étant emparé du cheval de son ennemi vaincu, il le donna un moinciit après au colonel Dc*michel (aujourd'hui lieutenant-géneral en Afrique), tlui venait de perdre le sien.

l Le trompette-major trouva dans le porte-manteau du colonel

rUs!'e une magnifique paire de rasoirs dont il se sert encore maintenant, et, à ce sujet, il n'y a pas long-temps qu'il nous disait avec gaîté en se caressant le menton : « J'éprouve chaque matin un plaisir'(lue je ne saurais exprimer a me faire la barbe avec les rasoirs de celui qui croyait si bien me faire la queue. »

Quelques jours aprè*, le grade de lieutenant en second aux chasseurs de la vieille garde (les guides) fut accordé à Krettly. Son brevet est daté de Schcenbrunn, le 2 nivose an 14, et sigué de l'empereur. L'année suivante , la campagne de Pologne fournit à Krettly une nouvelle occasion de prouver son dévouement et son intrépidité^'C'était quelques jours avant la sanglante balaille d'Eylau ; Napoléon était à Landsbcrg. De tous les officiers qu'il avait dépèchés au maréchal Lamtcs, - dont - le corps d'armée se trouvait éloigné de plus de

cent lieues du quartier-général impérial, aucun n'était revenu. Il commençait à concevoir de sérieuses inquiétudes , lorsqu'il fit appeler le général Corbincau pour lui demander un officier de ses chasseurs à cheval dont il connût parfaitement le courage et la rejo– lui ion.

« J'ai, lui dit-il , une mission importante et périlleuse à lui confier. It

Le général se disposait à aller chercher l'homme qu'il fallait lors-

que Napoléon aperçoit Krettly, qui ce jour-là était de piquet auprès de lui. Il rappelle Corhineau : * <1 Général, no vous mettez pas davantage en que le, j'ai mon affaire; aller chercher le lieutenant Krellly, qui se promène là bas en soufflant dans ses doigts. Il n'aura pas froid m Tandis que le général s'acquitte de sa commission , l'empereur s'assied et écrit un ordre. Corbineau revient bientôt suivi de Krellly.

« Ah ! ah ! te voilà ! dit Napoléon.

Oui, sire.

le suis bien aise de te voir 11 , Rjoutc-t-il en pliant sa dépêche.

Puis, le regardant fixement en lui donnant le papier : « Puisque tu n'as rien à faire, ajoute-t-il, tu vas partir et te rendre au corps d'armée que commande le maréchal Lannes. L.a route est longue et difficilc, je t'eu préviens. Il me faut absolument une réponse. Allons, pars !

Vous l'aurez, sire, répond Krettly eu cachant la dépêche dans

la manche de sa pelisse. -

Que fais-tu ? lui demande Napoléon, qui a observe ce mouvement. Si lu étais pris?. »

krellly, qui a deviné la pensée de l'empereur, car dans ces sortes d'occasions ses yeux en disaient plus que ses paroles, lui répond avec tranquililé :

« Sire, cette lettre ne sera jamais lue par un ennemi de votre majesté , je * vous en donne ma parole d'officier. Je vous en fais mon billet.