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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-10-31

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 31 octobre 1839

Description : 1839/10/31 (A4,N39).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366529n

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 30 octobre.

IMPORTATION.

L'Administration des douanes vient de publier l'état des importations effectuées en France pendant les neuf premiers mois de 1839 , quant aux principales marchandises. On verra que les plus productives pour le Trésor sont les denrées coloniales,principalement les sucres et les cafés.

Quantités.

Marchandises Mises en Droits importées. Arrivées. fcansonimation. perçus.

kil. kil. fr.

Sucre des colon. franç. 72,772,468 64,408,392 19,759,634 de rétranger.. 5,384,286 599,659 550,196 Café. 14,982,292 2,549,464 8,310,916 Cacao 1,617.699 944,291 540,751 Poivre. 1,987,476 1,522,731 597,281 Coton en laine 44,566.002 29.825,471 6,339,162 Bois d'acajou 5,050.243 2,371,643 398,411 Huile d'olive. 30,149,905 28,36» ,874 8,272,784 - de graines. 512,621 4,271 1,371 Laines en masse. 10,489,956 10,368,023 5,441,940 - peignées 50,463 49,472 74,974 Soies écrues grèges.. 666,710 327,786 48.026 moulinées.. 381,499 314,812 34,630 bourre en masse.. 206,957 89,654 1,050 Bouille. 866,905,158 820.306,986 1,938,391 Fonte brute. 14,402,020 12.506,526 879.821 Cuivre 4,012,627 3.960,316 79,728 plomb brat ., '5¡j9 ,639 10,903.566 604,491 Etain brut. 1,336,588 1,098,460 20,126 Zinc 5,221,583 5,408,070 5,948 Nitrates de potasse 2,424,399 1,78 »,130 299,307 de soude 926,655 1,430,983 236,108 Cochenille. 150.873 73.226 65,145 Indigo. 1,391,251 632,554 440,938

1 COMMERCE ENTRE LA FRANCE ET L'ANGLETERRE.

Le Journal des Commerce a fait il y a quelques jours un curit eux rapprochement. Comparant le commerce entre la France et l'Angleterre depuis quelques années, il a trouvé que, depuis 1832, les importations de l'Angleterre en France n'avaient cessé

d'augmenter, tandis que les exportations de la France pour l' Angleterre ont toujours été en diminuant. Voici quelques résultats extraits des tableaux publiés par l'administration, qui ne laissent aucun doute sur cette situation :

Importations de : Exportations de la Années l'Angleterre en France. France , pour l'Angleterre.

1832 22 millions de fr. 67 millions de fr.

1834 27 » » 62 » » 1835 31 » » 69 » » 1836 35 » » 66 » » 1837 48 » » 63 -- » »

Ainsi les importations anglaises ont plus que doublé en cinq ans, tandis que nos exportations sont demeurées stationnaires, et même ont diminué.

Voici l'énorme progression de plusieurs genres d'importations pendant quelques années ; on verra quel développement certaines industries ont acquis dans la Grande-Bretagne, tandis qu'il n'y a eu que décroissance dans les nôtres et dans notre commerce.

Importations de V Angleterre en fil. de lin et de chantre.

1831 14.532 kilog.

1833 418,383 1834 826,439 1835 1,295,593 1836 1,901,074 1837 3,199,917 Importation* des houille* angImites.

1834 489.600 quintaux.

1835 981,000 1836 1,695,000 1 1837 2,226 000

Enfin, pour citer un dernier fait, l'importation des fontes anglaises n'a cessé de s'accroître depuis la réduction du tarif en 1S33 :

Importation* de* fontes anglaise*.

1832 2,858,000 kilog.

1833 4,479,000 18 i5 8,534 000 1837 11,259,000

Si nous rapprochons maintenant de ces chiffres celui de l'importation d'une de nos marchandises naguères les plus productives, nous trouverons que la balance penche du côté de l'Angle- terre de la manière la plus désastreuse pour les intérêts français.

EqorlaeiOfll de' omm-de-vit françaises en Angleterre.

1833 10,857,000 1834 7,829,000

1835 6,512,009 1836 7,905,000 1837 5,905,000 -

Tel est le résultat des exorbitantes concessions qui ont été faites à l'Angleterre, tandis qu'elle n'en a accordé aucune et qu elle continue à frapper nos marchandises de droits énormes.

L'avis suivant, publié par l'administration des douanes, intéresse nos colonies en raison de la grande consommation qui s'y fait de la denrée alimentaire qui en est l'objet.

DOUANES.

Paris. 24 octobre <859.

La circulaire DO 1722 a fait connaître que les morues sèches exportées des entrepôts de la métropole à destination de nos culonies, et auxquelles, à ce titre, est accordée la prime supérieure stipulée par le 3* paragraphe de l'article 2 de la loi du 9 juillet 1836, doivent être soumises à la formalité du plombage.

Cette formalité, ainsi que l'explique la même circulaire, est nécessaire, taut pour garantir l'identité des morues au départ que pour procurer aux douanes coloniales les moyens de Rassu1. - -

rer que les morues qui leur sont préafiil-ées comouprovoMlii dev entrepôts de la métropole sont bien éelles qui ont droit supérieure; mais, d'un autre côté, eth eat une cIhIm paLL le commerce, qui supporte les frais dm la ~Ma ~Nt tMit convenable" dans l'espèce, d'alléger cette charge autant , possible.

En conséquence, d'après une délibération prise en consenl

«i administration et sur mon rapport, le ministre a décidé, le ,% ft dt, ce mois, qu'à 1 avenir le prix des plombs pour les morues sortant d'entrepôt, expédiées aux colonies française sous bénélice de prime, sera réduit à 25, cent., et ce par application de ce qui a été réglé parlementer paragraphe de l'article 5 de l'ordonnance du 2 septembre 1836, relativement aux morues de l'espèce expédiées par cabotage du port d'entrepôt sur celui d'embarquement pour les colonies.

Le cofUtlilkr-#J'é,., t directeur de l'administration, Signé : Théod. Gréteain.

i - :;..-----

1111 VlllalfaIllt

MADAME CARABINE.

Ce fut à Wilna que je rejoignis mon régiment. J'étais alors en proie à tonte l'exaltation militaire qui peut dominer un jeune ofifcier.

A peine arrivé, je me rendis chez mon colonel, pour lequel j'étais chargé d'une immense quantité de lettres de recommandation. Ce colonel, contre l'usage du temps, était un vieillard à cheveux blanc, bon militaire, homme de cœur et de résolution. Il me fit un accueil tout paternel ; nous causâmes long-temps de la France, de nos amis communs, puis avant de nous séparer : J'espère, mon jeune ami, me dit-il, que vous n'êtes pas superstitieux, le peloton qui vous est destiné est fatal à ses officiers. Voilà trois fois en moins d'un an que je les vois se renouveler : c'est d'ailleurs une réunion de mauvais garnemens, braves comme leurs sabres, mais indisciplinables ; je les recommande à voire sévérité.

- Mon colonel, repris-je, je ne crois qu'aux lions présages : pour ce qui est de la fermeté, à Saint-Cyr, où j'étais major, on m'appelait barre-de-fer. Bien répondu, médit le colonel. Et, après m avoir dobué la main, il me congédia.

quoique j eusse répondu avec assurance au colonel, je ne pus m empêcher de réfléchir, en sortant de c hez lui, à ce qu'it m'avait dit du personnel de la compagnie dans laquelle j'étais incorporé. Je me rappelais de plus les récits qui cireulaient à Saint-Cyr sur la manière dont les 8OIdab, surtout les sous-officiers, savaient se défaire des jeunes gtns sortis des écoles qui arrivaient au régiment. Mais ces idées serieusesne fermentèrent qu'un instant dans mon esprit. J'en fus distrait subitement par de violens éclats de rire qui se tirent entendre à quelques pas de moi : ces cris do joie partaient d'un groupe de soldats formé en cercle. Je m'en approchai instinctivement, et je pus bientôt comprendre la cause de cette gaîté inaccoutumée. Au centre du cercle était un enfant de troupe ; près de lui, un sergent V1* pérorait d un air goguenard* L'entant avait les yeux sanguiuo-

lens, le visage empourpré, et vacillait sur ses jambes ; le sergent, qui n'exhibait pas des signes d'ivresse aussi violens, paraissait cependant pris de vin : c'était un homme de haute taille, sec et osseux ; sa figure, hérissée de deux énormes moustaches rousses, offrait une singulière analogie avec celle d'un oiseau de proie, tant par un liez recourbé que par de petits yeux perçans singulièrement rapprochés l'un de l'autre. Au moment où j'approchai du groupe, le pauvre petit diable qui servait de texte aux plaisanteries du sergent fut saisi d'un tel vertige, que ses jambes s'affuissèrent et qu'il tomba par terre comme mort.

Voyez où peu conduire l'abus du vin , dit le sergent d'un air théâtral. Croyant de mon devoir de mettre fin à cette scène cruelle, j'allais m'avancer au milieu du groupe, lorsqu'une femme, fendant le cercle des soldats, se précipita à genoux vers l'enfant dont le corps remuait par secousses convulsives ; prit sa tête à deux mains, et s'écria d'une voix déchirante : –Oh! mon pauvre enfant, ils me l'ont tué. Il se fit alors un profond silence, et, pour la première fois, les soldats comprirent la cruauté de leur amusement ; le sergent conserva seul son air de froide raillerie. Il n'est pas mort, ton fais.

madame Carabine, il est gris, lui dit-il. A cette odieuse plaisanterie, la pauvre femme, qui pleurait à chaudes larinessurle visage de son enfant, se releva vivement, fixa des yeux ardens de colère sur le

soldat qui insultait à sa douleur; puis, lui mettant le poing sous la figure, elle lui dit avec une féroce énergie que je n'oublierai jamais : Tu n'es qu'un liche, si j'étais un homme, je te ferais canner.

–Oh ! oh ! reprit le sergent, est-ce la joue droite ou la joue gallche, madame Carabine, que tu sacrifies au fruit de tes entrailles ? Et, comme il s'apprêtait à mettre ses menaces à exécution , je jugeai qu'il était temps de faire acte de présence, et m'avançai au milieu du groupe : - Qui a grisé cet enfant? demandai-je. Moi, dit le sergent, avec un air impertinent qui m'exaspéra. Votre nom? - Roc, sergent au 4* bataillon. - Rendez-vous à la salle de police, je ,ous y mets pour quarante-huit heures. On y va, reprit le sergent en ricanant ; et, me saluant militairement, il me tourna les talons. Les soldats , témoins de cette scène, s'étaient vivement retirés lorsqu'ils avaient vu la manière vigoureuse dont j'avais traité leur chef. Je restai donc le seul témoin des soins que la pauvre femme donnait à son enfant, ut j'eus le loisir de l'examiner en détad. Elle pouvait avoir trente

ans, était grande et maigre, et portait l'uniforme des vivandières de notre régiment Son visage, contre l'habitude des femmes de sa profession était pâle et blême, et rendu extraordinaire par une forte cicatrice qui lui partageait en deux la joue droite. Assise près de son enfant dont elle portait la tête sur ses genoux, elle le contemplait avec un regard plein d'amertume ; enfin elle se retourna , et m'apercevant derrière elle, elle me prit la main et me dit : Mon lieutenant, je n'oublierai jamais ce que vous venez de faire pour mon pauvre petit. Il y avait un sentiment si profond dans l'accent de cette femme, que je me sentis tout ému en lui répondant : Consolez-vous, la mère Carabine, la maladie de votre enfant ne sera pas sérieuse, et quand il sera rétabli, je me charge de le protéger. La pauvre vivandière me jeta un regard plein de reconnaissance, et je l'aidai à charger son enfant sur son dos.

t.c colonel me félicita de la vigueur que j'avais déployée, car le servent Roc faisait partie de ces gaillards indisciplinables qu'il avait rcminniaudcs a nia sévérité. Quant à la mère Carabine, elle me montra le ce jour un tel attachement, que je pris en amitié son fils. Les renseignaMiicns que je me procurai sur le compte de la vivandière ne furent rien inoins que précis ; on ne lui connaissait au réirimeDt

d autre nom que celui de la mère Carabine , nom que d'ailleurs elle devait à un petit fusil qu'elle avait l'habitude de porter en bandou- lièrependant les t-ampagnes, et dont elle se servait avec beaucoup d'adresse. Un vieux soldat m'assura, comme ayant été témoin de ce fait, qu'elle avait été trouvée près du village da., en Alsace, sur le revers d'un fossé, nouvellement accouchée et mourant presque de faim. Depuis cette époque, il y avait de cela sept ans, clic avait toujours suivi le régiment et s'était montrée bravement dans plus d'une affaire, à la bataille d'Iéna, entre autres, où elle avait reçu d'un bulan, pendant qu'elle pansait un bleueS, un coup de lance qui lui sillonnait la joue.

Depuis mon arrivée au régiment, je vivais, je puis le dire, dans 1 intimité de la famille Carabine ; je ne m'en trouvais pas trop mal, quand je reçus de mon colonel l'ordre d'accompagner un officier d état-major, dans une recnnnaissance que ce dernier devait faire en avant de Wilna. En homme prévoyaut, je songeai immédiatement à m assurer quelques provisions de bouche et me rendis à la cantine; le sergent Roc en sortait. La figure - de cet - homme était violemment