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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-07-23

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 23 juillet 1839

Description : 1839/07/23 (A4,N31).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366521b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 22 juillet.

La question des sucres continue d'être discutée dans la Presse avec beaucoup de vivacité. Des interpellations adressées par les représentans des producteurs métropolitains à la chambre, ont fourni à M. Cunio-Gridaine l'occasion de se prononcer d'une manière nette et catégorique sur le sens de la dépéclie télégraphique de Bordeaux, et il l'a fait avec une clarté et une énergie qui ne peuvent plus laisser aucun doute, soit sur la pensée du ministère, soit sur sa fermeté à la mettre à exécution. Il a formellement déclaré au milieu des ardentes réclamations de la portion de la chambre dévouée aux intérêts des sucreries indigènes. que le gouvernement se croit le droit d'opérer un dégrè-

vement par ordonnance, et qu'il est bien disposé a en user dans le cas où les circonstances exigeraient cette mesure pour sauver nos colonies et nos ports de mer.

C'est immédiatement après cette énergique et claire déclaration, que la chambre a persisté dans son premier vote et renvoie à la session prochaine la discussion du projet de loi. Les journaux dévoués aux betteraviers ont prétendu trouver dans ce vote de la chambre un blâme anticipé du dégrèvement par ordonnance. Nous croyons au contraire que la chambre s'est bornée simplement à renvoyer à la session prochaine une discussion sur - aquelle elle ne se -- crovait pas réellement assez éclairée. Si elle

n'avait pas voulu en effet que le gouvernement vint au secours des colonies dans l'intervalle des deux sessions, avertie comme elle rétait par la déclaration de M. Cunin-Gridaine, appuyée par son collègue le ministre de la justice, elle serait infailliblement revenue sur sa décision antérieure, en mettant la loi des sucres à l'ordre du jour. Si elle ne se sentait pas au contraire suffisamment éclairée sur cette grave question ; si elle voulait que dans l'intervalle le ministère pût prendre conseil de son droit et agît suivant la nécessité des circonstances, elle D'avait qu'à continuer - sa première décision, et c'est ce qu'elle a fait. Tous les sophis-

mes des producteurs de sucre de betterave ne réussiront pas à obscurcir cette conséquence, qui se déduit nécessairement des circonstances qui ont précédé et accompagné le vote de la cham- bre.

La polémique se concentre donc à l'heure qu'il est sur l'interprétai ion de la loi de 4814, qui donne au gouvernement le droit de dégrever certaines denrées, en cas de nécessité.. Dans quelques semaines, elle roulera sur l'opportunité de l'ordonnance, lorsque les nouvelles reçues des colonies nous auront appris les résultats des arrêtés pris par les deux gouverneurs de la Martinique et de la Guadeloupe. Nous ne saurions trop réclamer de nos correspondans dans les colonies les détails les plus prompts -- et les plus complets à cet égard.

Pendant que les délégués de l'industrie métropolitaine fatiguent

l'opinion de leurs sophismes sur l'interprétation de lu loi de 4814, des émeutes annoncées d'avance par eux comme un épouvantait, éclatent sur les divers points de la France où l'on cultive la betterave.

Lorsque la nouvelle de l'ajournement de la loi produisit à Bordeux une agitation toute naturelle et provoqua une manifestation de la part des négocians de cette place, on se rappelle le parti qu'on essaya de tirer de cette agitation. Une démarche inoffensive faite avec calme et modération auprès du préfet du département de la Gironde fut immédiatement transformée en émeute.

On somma le gouverneur de ne pas cédera la révolte. Aujour- d'hui, voici ce que nous lisons dans un manifeste publié à Paris par le comité central des délégués de l'industrie indigène et signé par le président et par tous les membres de ce comité.

« Nous prions le conseil des ministres de faire entendre à M. le ministre du commerce, que s'il persistait dans sa résolution , il se pourrait que les fabricans se croyant déliés par une illégalité, n'apportassent plus le même zèle à calmer l'irritation de leurs ouvriers et des populations qui tes entourent ; il se pourrait aussi que la ruine ou le sentiment d'un droit violé les por-

tassent a refuser Vimpôt, et le gouvernement se trouverait entraîné dans des embarras judiciaires qui, sinon matériellement, du moins moralement, ne tourneraient jpK ù son profit. »

En même temps, le Constitutionnel publiait hier la circulaire suivante, adressée de Lille à tous les fabricans et qui est un véritable appel à la violation des lois. « Monsieur, vous êtes engagé a vous trouver mercredi 47 courant, à midi, à la bourse de Lille, où doivent se réunir les fabricans de sucre indigène des divers arrondissemens du département du Nord, pour de là se rendre chez M. le préfet et lui exprimer l'intention on ils sont de se refuser à acquitter l'impôt du sucre, en cas de dégrèvement par ordonnance.

- « Veuillez prévenir vos co-intcressés pour qu'ils se joignent à vous. »

Si les délégués des colonies et des ports se fussent rendus coupables d'un pareil manifeste, les journaux betteraviers n'auraient pas eu assez d'indignation pour flétrir de pareilles manœuvres qui font intervenir la multitude avec ses baines aveugles dans

les questions de légalité. Mais comme il provient de leur propre parti, ils l'enregistrent, ils lui prêtent leur publicité, sans aucun signe d'improbation. Voilà la justice et l'impartialité des incorruptibles journaux.

Le ministère a montré dans la dernière séance de la chambre assez d'énergie pour que nous nous refusions à le croire capable de céder à ces coupables manifestations, à ces émeutes factices que les meneurs peuvent calmer d'un mot. Mais elles n'auront pas été sans intérêt pour le pays, qui maintenant plus que jamais peut juger la bonne foi et l'avenir d'une industrie qui pour triompher a recours à de pareils moyens.

L'honorable M. Mermilliod, député du Havre, a adressé cette semaine au ministère, les interpellations que nous avions annoncées , à propos du système suivi par les gouverneurs des colonies anglaises pour favoriser la désertion des nègres de nos possessions. Nos lecteurs trouveront les détails de cet incident dans le compte-rendu de la chambre que nous donnons plus bas. M. le procureur-général Dupin, qui malheureusement a mis depuis long: temps son esprit au service d'une philantrophie pleined'ignorance et de préjugés a répondu par des argutiesdTécoles et des déclamations à l'argumentation pressante et vigoureuse de M. Mermilliod.

Des nègres incendiaires et pillards ne méritaient point assuré-

rhonneur d'être défendus par le premier magistrat au pays, et nous ne sachions pas qu'il soit conforme aux lois de proclamer en principe que la couleur noire est un brevet d'impunité. Les paroles de M. Dupin auront sans doute fort agréablement réjoui les clubs abolilionnistes de Paris ; mais elles plairont davantage encore dans les colonies anglaises qui avoisinent les nôtres.

Nous lisons dans le Journal officiel de la Martinique du 25 mai

une décision de M. le gouvernenr deMoges, portant nominationH de M. Lemaire, membre du conseil municipal de Fort-Royal, j aux fonctions gratuites d'inspecteur-adjoint des prisons de la colonie. M. Lemaire est chargé d'y établir des moyens de travail.

Le numéro du même journal, du 29 mai, annonce que M. Payton-Gay, consul des États-Unis à St Pierre, devant s'absenter de la colonie, a présenté pour suppléant M. Jean-Baptiste Fabre, négociant, domicilié dans ladite ville, qui a été agréé par M. le

gouverneur.

Dimanche à quatre heures, la famille de Barbès et ses défenseurs eurent connaissance de la commutation sans savoir pourtant encore la nature de la peine qui avait été substituée à la peine de mort. Us se transportèrent immédiatement à la prison du Luxembourg pour apprendre au condamné l'issue de leurs démarches.

Barbès, depuis le moment de sa condamnation, avait conservé toute son impassibilité, et il semblait fonder peu d'espoir sur les démarches qu'il savait que sa famille - avait faites. Hier

surtout dans la matinée, bien qu'il n eut rien perdu de son calme et de sa résignation, son attitude avait quelque chose dt- plus mélancolique : il croyait que l'exécution de son arrêt devait avoir lieu le lendemain et il avait passé une partie de la journée dans sa cellule , occupé à lire le Manuel du Chrélien.

A quatre heures, le greffier de la prison vint le prévenir qu'il eût à descendre immédiatement au parloir. M. le directeur avait fait ouvrir le guichet qui sépare d'ordinaire les visiteurs et les détenus, et à peine Barbès était-il sur le seuil que déjà sa sœur et son beau-frère s'étaient jetés dans ses bras., et tous fondi-

rent en larmes. Après quelques instans donnés aux émotions d'une pareille scène, Barbès demanda quelle était la peine prononcée. Sa famille l'ignorait encore.

Durant une partie de la soirée, Barbès s'entretint longuement avec les employés de la maison, et ne chercha en aucune façon à déguiser les senlimens qu'il éprouvait : « La leçon a été rude pour moi, disait-il, et quoi qu'on fasse de moi, mon rôle politique est fini. »

A minuit, M. Guillot, entrepreneur du transport des condam-

nés, a reçu de M. le préfet de police lordre de se rendre dans la nuit à la prison du Luxembourg avec deux voitures cellulai- res pour conduire les condamnés à leur destination. Malgré le peu de temps qui était donné à l'entrepreneur, le service fut promptement organisé. A deux heures du matin, les deux voitures, escortées par un détachement de gardes municipaux à cheval, partirent des ateliers rue du Chemin-Vert et se dirigèrent vers la prison du Luxembourg par le pont d'Austerlilz, les quais et la rue de Seine.

Dès une heure du malin, tous les condamnés détenus à la

prison du Luxembourg avaient été prévenus séparément qu'ils devaient se tenir prêts à être transférés. Tous demandèrent dans quel lieu ils allaient être conduits; mais les employés de la prison l'icnoraient eux-mêmes.

A 3 heures, les deux voitures, l'une des dix cellules, attelée de cinq chevaux, l'autre de huit, attelée de quatre chevaux, étaient entrées dans la cour de la prison.

Chacun des condamnés a été conduit séparément et enfermé dans la cellule qui lui était destinée, et sans savoir ni s'il partait seul ni avec qui il partait.

Dans la plus petite voiture ont été placés Martin Bernard, Delsade, Austen. Mialon et Barbès.

Barbès est monté le dernier. Lorsqu'on lui a fait les questions d'usage pour savoir s'il avait de rargentoudutabac, il a repondu négativement. « Avez-vous des livres? lui a-t-on dit encore. - En voici un, a-t-il répondu, il ne m'était pas inutile hier. » C'était le Manuel du chrétien : ce livre lui a été laissé. Atl moment de partir, Barbès a remercié le directeur de ce qu'il

avait fait pour lui ; et apercevant le grenier qUI la veme lui avait annoncé la venue de sa famille et sa commutation : « Je vous remercie, lui a-t-il dit, de la bonne nouvelle que vous m'avez donnée hier. » A l'instant où les portes de la voiture ont été fermées, Barbès ignorait encore quelle peine les lettres de commutation avaient prononcée.

Aucune escorte n'accompagnait cette voiture dans laauelle se trouvaient seulement un adjudant de gendarmerie et les deux gardiens ordinaires. Elle est sortie par la rue de Vaugirard, a franchi l'esplanade des Invalides, le pont d'Iéna, et la barrière des Bons-hommes. -:", - - - - -. n.fII" .-

Dans la seconde voiture ont été placés NODgUès, Pnilippet, Roudil, Guilbert, Lemière, Noël Martin, Longuet, WalchyMtfrescal et Pierné. Cette voiture, escortée par un détachement de gardes municipaux, a traversé les rues de Seine, des SktjptgPères, Rivoli, Lotris-le-Grand, de la Chaussée-d Antin et déUClicbv: Arrivée à la barrière. où son escorte l'a quittée, elle a ;

le chemin de la Révolte. , - - - Un courrier, en avant de chacune des deux voitures, doit, durant tout le trajet, faire préparer les relais.

La première voiture est partie dans la direction du Mont Saint-

Michél. -

La seconde dans la direction de Doullens.

rapport fait au nom de la Commission, chargée de l'examen du projet de loi sur les sucres, par M. Ducos.

(Suite et fin.)

La culture de la betterave a exercé une immense influence sur la fécondité de notre sol. Il semble qu'elle ait réalité toutes les exigences des théories agricoles : elle a supprimé les jachères et rendu un tiers à la production ; elle sert abondamment à la nourriture des bestiaux; elle multiplie les engrais et founil aux classes ouvrières la tiande dont elles manquent. Elle utilise les forces oisives de l'agriculture pendant les chômages; elle appelle dans les campagnes les capitaux qui accélèrent leurs progrès. Elle y répand l'aisance ; elle en bannit la mendicité; elle a beaucoup diminué la fraude, cette cause démoralisatrice des départements frontières.

Nous n'entendons aucunement contester que la betterave ait rendu des services à l'agriculture; mais nous croyons que ces services sont beaucoup moins importans et qu'ils sont surtout beaucoup moins généraux qu'on le bu, pose.

On a plusieurs fois calculé l'étendue de terrain cultivé en betterave qui serait susceptible de fournir à toute la consommation de sucre de la France.

En ailmettaut que cette consommation soit de 120 millions de ILllog., que la production moyenne d'un hectare soit de 30,000 de kilog. de betterave au rendement moyen de 5 kilog. seulement de sucre, il suffirait de 8o mille hectares, et si l'on quadruple cette quantité, afin de tenir compte des exigences de t'assolement on arrivera à un total de 320 mille hectares seulement!.

Or , ces calculs sont évidemment exagérés à dessein, car les bonnes terres , qui conviennent réellement à la betterave, produisent jusqu'à 45,000 kilog.

au lieu de 30; car le rendement actuel de 1,000 kilog. de betterave est de 6 kilog. d esucre pour la plupart des fabriques ; car enfin on ne peut pas admettre que le même terrain ne soit ensemeene que tous les quatre ans : on sait au contraire que, dans beaucoup de localités, les ensemencent? ns n'ont - --.J.L.-=.---_-- "L --- - _!.

éprouvé aucune interruption «lepuis l eiamiswsieni ues laonques. ue tau ne nous a puté révélé aujourd'hui seulement, car en 182V et en 1837 on s'en est prévalu dans les enquêtes pour rendre plus appréciable le mérite de la betteiave. Ces diverses considérations doivent ramener à160 mille hectares, au maximum, la quantité de terrains nécessaire à la production de tout le sucre qne la France est susceptible de consommer. Le rapport de M. le comte d'Argout, présenté à la Chambre des pairs dans sa séance du 6 juillet1837, a beaucoup éclairé la question sous le point de vue agricole (1).

(D La masse des engrais s'est-elle augmentée? La culture de la betterave a-t-elle produit plus d'engrais qu'elle n'en a absorb6? Apparemment non.

puisque M. Blanquet a formellement déclaré que le renchérissement avait été

si considérable que la charretée de fumier à quatre colliers, qui se vendait 5 fi'., était montée au prix de M fr.

Que! dommage plus grand l'agriculture tout entière Wa-t-elle pas dû recevoir d'un accroissement aussi désordonué du prix des engrais sans lesquels aucune culture ne peut prospérer. Mais il est juste d'observer que d'autres témoignages indiquent des chiffres beaucoup plus modérés et que ce rrn-