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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-07-16

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 16 juillet 1839

Description : 1839/07/16 (A4,N30).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366520x

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 15 juillet.

La nouvelle de l'ajournement de la loi des sucres a produit un vif mécontentement dans tons les ports de mer; à Bordeaux , les négocians se sont portés en masse à l'hôtel de la .préfecture.

Ils ont été reçus dans la chambre du conseil par M. le préfet.

M. Desmirait, ancien magistrat et propriétaire à la Martinique, a porté la parole au nom du commerce, pour faire connaître la gravité du mal qui allait résulter de l'ajournement. M. le préfet a répondu : « Je suis enfant de Bordeaux ; comme vous je sais que la situation commerciale de cette place est malheureuse et presque désespérée. Je vais aussitôt informer le gouvernement, par la voie du télégraphe, de tout ce qui se passe ici. Dans le cas où la loi des sucres ne serait pas votée, je supplierai le ministère de rendre une ordonnance en faveur du dégrèvement. »

» M. Cabrol jeune a confirmé, par de nouveaux détails, le triste exposé de M. Desmirail; il a fait sentir la nécessité pour le gouvernement de ne pas pousser la population des ports au désespoir, en la privant de tout moyen d'existence ; enfin, il s'est empressé d'ajouter que les Bordelais avaient une entière confiance dans la justice du pouvoir, qui appréciera sans doute une démarche faite dans un esprit d'ordre et de conservation. »

A la nouvelle de cette agitation, qui n'a pas, comme on voit dépassé les limites d'une manifestation légale, et que les partisans du sucre indigène ont transformée en une sorte d'émeute , le conseil des ministres s'est assemblé, et le télégraphe a immédiatement transmis la dépêche suivante à M. le préfet de la Gironde.

a Vous pouvez affirmer que le gouvernement n'abandonne pas les intérêts des ports, et persiste dans ses convictions. Il reconnaît que la loi de 4814 lui donne le droit de procéder par ordonnance , et il se réserve d'user de ce droit, suivant les faits qui se manifesteront d'ici à la fin de la session. »

A:peiae cette dépêche télégraphique a-t-elle été connue à la bourse que la chambre de commerce et la commission des sucres

se sont présentées ensemble chez M. le préfet. Ces deux corps réunis ont remercié M. le baron Sers de la promptitude avec laquelle il avait transmis au gouvernement du roi les vœux des populations maritimes et commerciales de la Gironde ; ils ont remercié également M. le préfet de la communication immédiate qu'il leur avait donnée de la dépêche télégraphique de M. le ministre du commerce; cette dépêche, ont-ils dit, n'est pas trèsexplicite dans les termes, mais considérée comme promesse du gouvernement de prononcer le dégrèvement par ordonnance après la session des chambres, elle calmera l'inquiétude publique, pourvu que la promesse soit suivie d'une exécution réelle et complète ; car les souffrances des populations sont trop vives et trop profondes pour se contenter d'une promesse inefficace ou d'une exécution incomplète. C'est donc seulement en considérant la dépêche télégraphique comme un engagement formel du gouvernement de dégrever les sucres par ordonnance après la ses- sion, que la chambre et la commission des sucres ont prié M. le préfet d'être l'organe de leurs remerciemens, en insistant for-- tenant auprès du ministère - sur l'urgente - nécessité de - cette

mesure. M. le préfet a répondu que c'était bien en ce sen. q".il comprenait la dépêche télégraphique.

Cet engagement pris par le ministère a jeté l'inquiétude chez les producteurs métropolitains, et pendant que les journaux qui leur sont dévoués contestent au gouvernement le droit d'opérer un dégrèvement par ordonnance, un grand nombre de délégués des sucreries indigènes se sont rendus samedi dernier chez M. le ministre du commerce pour lui demander des explications sur la dépêche dont nous venons de parler.. Voici en quels termes

le Nouvelliste, qui défend avec le plus d'archarnement et d'habileté la cause des fabricans de sucre de betterave, rend compte du résultat de cette députation. u M. le ministre, qui n'est oc» cupé que des intérêts des ports, n'a pas prononcé un mot qui » pût faire penser qu'il s'occupe le moins du monde des intérêts * du sucre indigène. Il a soutenu le droit du ministère de rendre » une ordonnance de dégrèvement. En vain lui a-t-on représenté n que les sucres étant à bas prix pour les colons; ils l'étaient

également pour les producteurs français, et que le degrève1) ment ne pourrait encore qu'aggraver leur position. M. le mi» nistre a déclaré qu'il espérait le contraire, mais qu'il fallait » secourir les colons au risque de ruiner quelques sucreries in« digènes. 11 plaint les morts et se console en pensant que les » survivans hériteront de leurs dépouilles. Les fabricans se sont » retirés en protestant contre de telles expressions et en préve» nant le ministre qu'ils ne pouvaient nullement repondre de » l'exaspération des esprits dans les départemens du Nord. »

Les plaintes du commerce de Bordeaux n'ont devancé que de quelques jours les réclamations unanimes des ports, qui toutes témoignent plus ou moins énergiquement des désastreux effets produits par la décision de la chambre.

« C'est avec un sentiment de douleur indéfinissable, disent les

négocians de Nantes, dans une pétition couverte de plusieurs milliers de signatures, que nous avons appris l'ajournement de la discussion du projet de loi sur les sucres, prononcé dans votre séance du 4 : Nous avons craint un instant que cet ajournement ne pût être qu'indéfini, et que tout espoir de sortir avant la session prochaine de la pénible situation où nous sommes, ne nous fût ravi. Mais quand nous avont vu que vous aviez fixé le jour de la discussion du budget des dépenses sans rien arrêter pour le budget des recettes, nous avons naturellement pensé que, parfaitement informés des souffrances des places de .commerce et toutes les branches d'industrie qui se rattachent à la marine marchande, vous n'aviez pas dessein de terminer vos travaux de 1839 sans discuter la loi qui doit faire cesser l'ansiété dans laquelle nous sommes et prévenir d'épouvantables catastrophes.

Nous tous, attachés par nos diverses professions au commerce maritime et aux diverses branches d'industrie qu'il vivifie, nous venons vous supplier de persister dans la résolution que nous avons cru entrevoir, et de discuter le projet de loi sur les sucres, entre les deux budgets. Fn vous rendant à nos vœux, vous préviendrez les maux incalculables qui nous menacent; vous empêcherez la ruine du grand nombre de maison dont l'existence est si gravement compromise ; vous conserverez, aux innombrables ouvriers que le commerce et l'industrie font vivre, le travail dont ils ont besoin pour alimenter leurs familles.

La résolution définitive que vous allez prendre sera pour eux un arrêt de vie ou de mort.

- Les pétitions du Havre et de Dunkerque ne - sont pas moins

énergiques. -- Telle est l'état actuel de la question des sucres. La Chambre persévérera-t-elle dans l'inconcevable ajournement auquel elle a eu l'imprudence de s'arrêter? Nous ne le croyons pas. Mais si les sophismes de quelques industriels égoïstes prévalaient sur les cris de détresse de nos populations maritimes, nous rappellerions à la fin de la session au ministère les engagemens sacrés qu'il vient de contracter.

L'arrêt de la Cour des Pairs, contre les accusés du 12 mai, a été rendu vendredi. dernier. Barbès seul a été condamné à la peine de mort. Aucune prière n'a pu le déterminer à former un recours en grâce. II a répété plnsieurs fois ces mots : « Je serai heureux de mourir seul. » Madame Cari, sa sœur, accompagnée de son mari, s'est rendue samedi à Neuilly, où elle a obtenu immédiatement une audience de Louis-Philippe. Le roi a accueilli la solliciteuse avec beaucoup de bienveillance et de bonté. « Je suis personnellement, a-t-il dit, porté à l'indulgence; mais la solution de la question ne dépend pas de moi seul. Le conseil s'est occupé ce matin de cette affaire, rien n'est encore décidé.

Des raisons d'état doivent être prises en considération ; mais s'il ne tenait qu'à moi, dès à présent vous retourneriez à Paris avec la grâce de Barbès. Espérez, prenez courage. »

La condamnation de cet accusé a causé samedi une certaine agitation dans Paris. L'autorité qui paraissait prévenue que l'on projetait des désordres, avait pris des mesures pour les réprimer.

Des détachemens de gardes municipaux et de la troupe de ligne stationnaient en divers endroits de la ville et surtout aux environs de la Chambre des Députés.

Vers midi, des groupes nombreux ont commencé à se former en divers quartiers, et se sont bientôt tons réunis en un seul sur le boulevard du Temple. Le rassemblement, composé de trois à quatre cents personnes, s'est alors dirigé vers la Chambre des Députés. Les individus dont il était formé étaient généralement ou bien vêtus ou en blouse. Vers deux heures, ils ont paru sur la place - de la Concorde, se dirigeant vers la Chambre des Dépu-

tés. Un homme qui marchait au premier rang portait au bout d'un bâton un écriteau, sur lequel on lisait en grosses lettres ces mots : PÉTITION CONTRE LA PEINE DE MORT.

Au moment où la tête de cette colonne allait déboucher du Pont-Royal, les divers postes du Palais-Bourbon ont pris et chargé les armes. Deux compagnies d'infanterie se sont rangées en bataille devant le péristyle de la Chambre.

Un commissaire de police s'est avancé seul vers le groupe et a

fait sommation à ceux qui le composaient de se dissiper ; au même instant, un petoton de la garde municipale à cheval a débouché au trot et le sabre en main de la rue de Bourgogne, la bande s'est aussitôt dispersée en fuyant à toutes jambes pares quais des deux rives.

Quelques uns de ces jeunes gens, refoulés 'par la charge des gardes municipaux sur la berge inférieure de la Seine, sont entrés dans l'eau jusqu'à la ceinture. On a arrêté celui qui portait l'écriteau. Un autre a reçu un coup de sabre dans la figure.

Pendant ce temps, un autre groupe bien plus nombreux, et composé presque en entier d'éludians, s'es) porté au ministère de la justice. Les individus qui marchaient à la tête du rassemblement et qui paraissaient le diriger, ont demandé à parler à M. le ministre. Ils ont été reçus par M. Boudet, secrétaire-général, auquel ils ont remis une pétition, et qui s'est efforcé de les cal-

mer. Lorsqu'ils sont partis du ministère, le rassemblement dont ils faisaient partie s'est dissipé de lui-même.

Par une ordonnance en date du 9 juillet, l'exportation des sucres à l'étranger par tous pavillons, qui a été autorisée par l'arrêté de M. le gouverneur de la Guadeloupe, en date du 27 inai 1839, est et demeure interdite. On se rappelle gue pareille décision a été prise à l'égard du sucre de la Martinique.

On va (voir sous quelle impression le gouverneur de cette dernière colonie avait été amené à prendre son arrêté. V l'extrait d'une lettre de M. de Moges, transmettant le journal officiel qui contient son arrêté sur la libre esportatioD des sucres. C'est un nouveau considérant à ajouter à ceux qui motivaient si bien cette mesure dont la chambre semble ne pas ap-

précieriaportée: « J'ai l'honneur de vous adresser un journal omciel d'ici qui vous dira où nous en sommes dans cette colonie. J'ai différé aussi long- temps que j'ai pu, et tant que j'ai eu quelque espérance, l'adoption de la mesure de la libre sortie des sucres, qui seule pouvait empêcher ce pays de mourir en présence do nos passions et de nos débats. J'aurais voulu eviter à une portion de notre commerce, déjà si souffrant, cette perturbation nouvelle; mais si d'un côté il y avait perturbation, de l'autre il y avait agonie et mort ; j'ai donc dû me décider. "J

Nous extrayons du rapport de M. Henry, capitaine du Racintl, les détails suivans, sur la fièvre qui sévit toujours à la Guadeloupe : -- u -- - 4

« Là fièvre jaune, contrairement à sa marche ordinaire, n a pu cessé depuis sa dernière invasion ; elle faisait, lors de mon aw part, d'assez grands ravages, et particulièrement sur les bomrow composant les équipages des batimens du commerce, ce qu d'après mon avis, avis partagé du reste par les médecins, pro

vient des excès de tous genres auxquels s adonnent ces hommes, et qui sont une suite inévitable de l'indiscipline et du désordre qui règnent à bord de la plupart des navires, et ce, faute de moyens de répression. Quand donc voudra-t-on nous octroyer ce code, tant et depuis si tons-temps attendu ! Du reste, la morta-

lité est, à beaucoup près, moindre qu elle ne 1 était autrefois; le docteur Amie, médecin en chef de l'hôpital maritime de la Pointe-à-Pitre, a adopté un mode nouveau de traitement, qui promet les plus heureux résultats : c'est de faire prendre aux malades, dès l'invasion de la maladie, des bains froids, dans lesquels on met une certaine quantité de chlorure de chaux; ce traitement est affecté aux malades jusqu'à ce que la transpiration se rétablisse; ce n'est, pour bien dire, encore qu'un essai, mais qui peut-être a sauvé déjà beaucoup d'hommes. J'allais à l'hôpital presque tous les jours, et je puis certifier avoir vu mourir tous ceux qui ne voulaient pas se soumettre à ce traitement ; ces bains, que l'on donne dans les salles mêmes, ont encore l'avantage de les désinfecter au point qu'il n'existe pas la plus légère odeur méphitique. Probablement, M. lé docteur Amie aura rendu par cette dècouverte un grand service à l'humanité. Honneur à lui; honneur aussi aux sœurs dont le zèle et le dévouement augmentent avec l'intensité et le danger de la contagion.

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COMtTt CENTRAL DB SOUSCRIPTION POUR LA MARTINIQUE.1 Du 24 au 30 juiu, les récettes se sont élevées à 50,754 fr. 43 6.

Dans laquelle somme est comprise celle de 850 fr., montant d'une collecte faite entre les administrateurs et les élèves du collége Stanislas. Les sommes portées aux dix premières listes s'élevaient à 292,528 fr. 43 c. Total 343,282 fr. 86 c.

Le comité a reçu, en outre, depuis le 1" juillet, pour produit

de diverses souscriptions réalisées, savoir : -

Par Mgr. l'évêque de Bayeux, 8,500 fr.; par Mgr. l'évêque d'Amiens, 4,482 fr. 77 c.; par la chambre de commerce de Marseille, 3,036 fr.; par le consul de France à Cadix, 2,732 fr.; par le tribunal de commerce de Vienne, 131 francs 50 centimes.

Total 18,882 fr. 27 c.

Le tribunal de commerce de Meaux a fait verser chez le trésorier du comité une somme de 1,885 fr. 65 c., provenant de souscriptions recueillies parmi les babiaus et le clergé de la ville, et des officiers du 3* hussards.

La discussion du budjet a fourni à M. Bignon de Nantes l'occasion d'adresser au ministère une interpellation sur les réclamations des habitants de la Guyane contre le gouvernement portugais. « Je viens, a-t-il dit, appeler ici l'attention sur 8.

intérêt très grave, compromis depuis fort long-temps; il s'agit des réclamations formées par les nabitans de lattuyane contre le