Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-07-09

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 09 juillet 1839

Description : 1839/07/09 (A4,N29).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63665198

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93%.


Paris, 3 juillet.

La chambre vient de couronner par une décision- qui nous frappe encore de stupeur tous les actes de mollesse et d'ignorance, qui depuis quelques années ont signalé la marche du gouvernement et du pouvoir législatif dans la question des colonies.

Dans la séance du 4, elle a renvoyé la discussion du projet de dégrèvement aprèsle budget, c'est-à-dire à la session prochaine; si la perturbation que cet ajournement inconcevable va susciter dans nos ports de mer ne la contraint à prolonger de quelques

jours le terme de la session, pour satisfaire les intérêts nombreux et puissans qu'elle vient de sacrifier. Nous engageons les villes du littoral à protester énergiquement contre la décision de la chambre, et nous verrons si elle aura le triste courage de persévérer dans un ajournement dont il n'est pas possible de donner une raison sérieuse. lorsque le cri des ooDulations souffrantes

viendra retentir dans l'enceinte du Palais-Bourdon.

Dans cette déplorable conclusion, qui place la législature de 1839 plus bas que celle de 1337, à l'imprévoyance de laquelle est due pourtant la situation ruineuse dans laquelle se débattent et se consument nos colonies et nos porls ; lm; producteurs métropolitains ont seuls agi avec une habileté contre laquelle nous

avons si souvent assayé de prémunir le {gouvernement et les chambres. Le ministère n'a rien fait pour eviter les embarras immenses que l'ajournement va dans quelques semaines accumuler; car nous ne regarderons jamais comme une défense sérieuse et suffisante les quelques paroles suppliantes prononcées à la tribune par M. Cunin-Gridaine. C'était là, ou jamais, l'occasion

pour le cabinet de montrer un peu cette fermeté qu'il prétend posséder', et si M. le ministre des finances, celui de la marine surtout, qui a plus spécialement dans ses attributions la garde des intérêts de nos colonies et de nos ports, étaient montés à la tribune pour déroulera la chambre le sombre tableau des désastres que sa précipitation allait laisser sans remède, il est probable que la chambre déjà émue par les éloquentes paroles de M. Berryer n'aurait pas voté ce scandaleux ajournement, qui sera, nous ne craignons pas de le dire, la honte de la session actuelle.

Nous avons regret de l'avouer aussi. mais l'inintelligence de

quelques journaux dévoués à la cause des colonies a préparé le dénouement que nous déplorons. L'imprudent excès de leur zèle a compromis la cause qu'ils voulaient défendre. Les arrêtés

des gouverneurs autorisant l'exportation étaient un argument puissant ; ils prouvaient la détresse des colonies. et comme tels, ils pouvaient exercer sur la chambre une grande impression. Au lieu de s'arrêter à cette limite, de rester dans la vérité, ils se sont empressés de proclamer que tous les sucres allaient sortir des colonies pour l'étranger, que l'ordonnance royale arriverait trop tard pour garder à notre marine ses transports habituels, et la chambre confiante en ces paroles. médiocrement éclairée sur la question dont elle allait être saisie, s'est trouvée naturelle-

ment dans la disposition d'ajourner une discussion qui n'était plus regardée par elle comme urgente, puisque l'exportation allait ramener l'abondance dans les colonies et que le préjudice causé au commerce maritime était irréparable.

C'est évidemment sous l'influence de ce préjugé que la chambre s'est prononcée, et nous en sommes maintenant à la nécessité de réparer les fautes d'inintelligens Unis, quand nous avions à lutter déjà contre tant de difficultés..

- L x -m* i i i

Un fait récent vient à l'appui des considérationsque nous avons si souvent présentées sur le système suivi par l'Angleterre àl'égard de nos colonies, avec une persévérance qui depuis long-temps anraii ouvert les yeux du gouvernement français, si les intérêts de nos possessions d'outre-mer n'étaient sacrifiées à nous ne savons quelles influences funestes. Sept esclaves. alarmés de la détresse croissante des ateliers, ont fui de la Guadeloupe et se

sont réfugiés dans une des lies voisines , appartenant à 1 Angleterre. M. Giraud, maire du Lamentin, s'est empressé d'envoyer un brick de guerre pour ramener les fugitifs ; mais tous ses efforts ont été inutiles, et le gouverneur anglais a refusé de les livrer.

Il y a long-temps que les gouverneurs des colonies signalent à la métropole ces asiles ouverts par l'Angleterre aux déserteurs de nos colonies, sans que le gouvernement ait cru devoir intervenir jusqu'à ce jour, pour faire cesser cette piraterie d'une espèce nouvelle, et cette violation du droit des gens, qui est en même temps une des plus graves atteintes qu'on puisse porter à la propriété. Nous espérons qu'il se trouvera dans la Chambre un député, pour demander compte au ministère de cet indigne mollesse , lorsqu'il s'agira de discuter l'inconcevable loi qui a pour objet de pensionner un matelot anRlais. victime de l'im-

prudence seule de ses chefs. Nous préparons nous-mêmes à cet égard, un travail pour attirer l'attention du pays et des Chambres , sur une des mesures les plus odieuses de la politique anglaise.

J. .-.:- --.

Voici les noms des orateurs inscrit pour parler pour et contre le projet de loi sur les sucres : Pour : MM. de Las-Cases, Bignon, Wustemberg, de Lagrange, de Carné. Anisson-Duperron, Billaut, Dubois (Loire-Inférieure), Galos, Muret de Bord, Gaillard de Kerbertin, Laurence, Lefèvre, Fulcliiron , Raoul, de Bérigny, Dumon (Lot-et-Garonne), Lacave- I.plar.ne. Reynard.

Contre : MM. Mermilliod, Combarret, Marion, Defite, Stourm, Gauthier de Rumilly, Mottet, Lestiboudois , Blin de Bourdon, Martin ( de Strasbourg), Caumartin, de Montozon , Delespaul, Taillandier, Corne, de Beaumont.

M. Mermilliod, député duHâvre, s'était fait inscrire au nom-

bre des orateur!; qui devaient combaltrn le projet ministériel, parce que son intention était de prouver l'insuffisance d'an degrèvement de 15 francs et la nécessité de celui de 20 firaiis, que nous avons nous-mêmes constamment demandé.

L'article inséré dans la Revive de dimanche dernier, sttr l'ajournement de la loi des sucres, a déjà produit l'effet que nous attendions. Le ministère a été frappé de la responsabilité terrible qu'il assumait, et déjà des promesses ont été faites d'un dégrèvement par ordonnance, dans le cas où la chambre ne consentirait pas à revenir sur l'étrange ajournement qu'elle a prononcé.

Nous espérons qu'il aura le courage de persévérer dans les bonnes intentions qu'il manifeste. Mais ce que nous craignons surtout, c'est qu'il ne concède que le dégrèvement proposé par la com mission au lieu du dégrèvement de quinze francs, auquel il s'était arrêté.

Voici du reste en quels termes la feuille officielle parle de cet ajournement.

« La question des sucres nous paraissait surtout, pour un grand nombre de raisons qu'il est inutile d'énumérer, solliciter une solution très-prompte. Peut-être la chambre trouvera-t-elle encore dans le zèle qui l'anime les moyens de s'en occuper dans la cession actuelle, c'est-à-dire après le buajet.

« La question des sucres a été étudiée depuis long-temps ; elle est arrivée au point de maturité nécessaire, et aucune préoccupation ne peut faire oublier qu'un ajournement indéfini aurait peut-être, pour l'industrie sucrière, pour notre commerce et nos colonies, des résultats qui entraîneraient avec eux la plus grande responsabilité. » 0\' ij S'a

Les nouvelles reçues de la Jamaïque continuent à être d';.

nature défavorable. Des avis de l'intérieur de me annoncent a¡¡;-t

la population nègre a en sa possession une grande quantité dt 1 mes à feu, et qu'elle ne veut pas travailler; on ajoute que plusN du huitième de cette population ne travaillait pas, quoiqu'on lui offrit de bons salaires; beaucoup d'entre eux s'étaient formés en bandes de tirailleurs et s'exerçaient à tirer à la cible, tandis que la milice, qui est la sauvegarde de tous les pays, allait se détruisant tous les jours, et le nombre en diminuait d'un jour à l'autre.

La discussion en comité du bill sur le gouvernement de la Jamaïque à la chambre des lords a amené dès le premier choc un échec décisif pour la suite du bill. Lord Lyndhurst. au lieu d'autoriser le gouvernement à supprimer la chambre d'assemblée, a demandé qu'il fût accordé à celle-ci un délai de quatre mois

Jla_IM_a-

CÉRÉMONIES FUNÈBRES IT DAKSES DES INDIENS DU MEXIQUB.

Lors de mes excursions dans les montagnes, sur la pente orientale de la Cordillière d'Orizaba , je me trouvai un soir ccarté du droit chemin, et, suivant un petit sentier, je me vis bientôt dans une forêt épaiilse. Hors de la grande route de Vera-Cruz à Mexico, et des plaines élevées qu'elle traverse, il n'y a aucune voie praticable dans le pays, ce qui fait qu'on s'égare très-faeilement.

Je ne voulus point retourner sur mes pas, parce que je croyais avo r pris lit bonne direction , et que mon muletier pensait d'ailleurs que le petit sentier pouvait conduire à un village. Nous marchâmes long-temps à mi-côte d'une colline boisée, sans rencontrer aucune terre de culture ; déjà le soleil s'abaissait derrière une montagne escarpée, nommée el Pétrégal, lorsque le son d'un cloche nous fit connaître que nous approchions d'un village.

La nuit touillait, nous descendîmes dans un petit hameau, dont la situation était charmante; car le défile que nous avions toujours suivi jusqu'alors s'élargissait dans cet endroit et formait un vallon d'environ 3,ooo pas de longueur et de 1,200 en largeur. Un grand ruisseau, ombragé d'antiques tabinos, serpentait dans la plaine et arrosait un sot embellit par une féconde végétation. Le petit village était situé dans un massif d'arbres fruitiers bien touffus, tels Que

allacales, chérémojas, sapotes, orangers et bananiers. Les maisons n'étaient pas rangées fort près l'une de l'autre, mais la rue était propre et large, et chaque habitation était encore entourée d'oranRers. de bananiers et de paragas. Les rosiers et plusieurs autres Beurs plantées autour des cabaues me firent conuailre qu'une bonne

partie de la population se composait d'indiens, car ils ont la coutume d'orner ainsi le dehors de leurs cabanes.

Je m'avançai vers l'église, à proximité de laquelle on trouve toujours des tiendas ( grandes et petites boutiques ) , où l'on achète pour la nuit les provisions dont on a besoin, tant pour soi que pour les bêtes de somme. C'est là que demeurent ordinairement les personnes aisées de l'endroit, chez lesquels on peut se procurer un logement.

J'en trouvai bientôt un dans une cabane voisine. Mon hôte était un homme affable, il pouvait avoir une quarantaine d'années. Sans être

- - - -- - - tout-à-fait Llanc, ce n'était pas non plus un Indien , de ces colorés qu'on appelle ici des trigenios. Il était cultivateur de son état, il savait lire et écrire, et était alors l'alcade du village. Sa femme, plus blanche que lui, et encore passablement fraîche, s'empressa de me préparer un petit souper; ses deux filles, fort jolies, l'aidèrent dans cette occupation.

Je sortis de la maison pour m'étendresur une natte de feuilles de palmiers ( pétale) , sous un berceau de verdure embelli par de brillantes grenadilles, dont le fruit était parvenu à maturité. C'était par une douce et superbe nuit, dans les premiers jours de mars ; les orangers en pleine fleur embaumaient l'air de leurs parfums ; l'atmosphère n'était obscurcie par aucun nuage, ni même agitée par le souffle du zéphir. Tout était dans une profonde tranquillité; seulement du sein de l'ombre une zinzontle faisait entendre des sons qui pénétraient mon âme et me rappelaient l'image de tant d'heureux jours de printemps que j'avais passés dans ma chère patrie.

Alors te soleil se leva derrière la croupe des montagnes voisines, et projeta une lumière magique sur les arbres majestueux qui entouraient l'église. Mes yeux se reposèrent tristement sur cette masse imposante ; car c'est ainsi queT jdans monenfance, j'avais vu souvent l'église de mon endroit natal.

Les sons d'un instrument à corde me tirèrent de ma rêverie ; ces sons me parurent venir du côté gauche de l'église, et se terminer quelquefois par un doux murmure. Je remarquai alors entre les arbres une procession aux flambeaux qui s'avançait lentement vers le lieu sacré.

–Est-ce bien là un convoi funèbre? demandai-je à mon hôte, qui était venu se placer à la porte de la maison. -Oui, me dit-il, c'est l'enterrement d'une jeune Indienne ; si cela vous convient, nous l'irons voir de plus près.

Nous nous rendîmes au cimetière, qui, dans les villages indiens, est toujours tenu proprement et planté d'arbres.

La procession allait y entrer. En première ligne marchaient deux hommes avec des guitares, dont ils tiraient continuellement certains accords ; puis un autre qui portait une grande croix de bois ; et comme le village n'était point une paroisse, le porteur de croix était suivi d'un Indien, tenant en main un livre ouvert, dans lequel il paraissait lire à voix basse. Venait ensuite deux autres individus, remplissant les fonctions de sacristains ,et portant le bénitier et le goupillon. On voyait après eux le corps sans cercueil, porté sur une natte par quatre Indiens ; ceux-ci étaient suivis par plusieurs femmes tenant des lfeurs et une cassolette d'argile d'une forme particulière ; enfin venait la foule des femmes et des hommes, portant tous des lfambeaux de résine , et s'avançant en silence.

On déposa le corps auprès de la fosse. La morte était une jeune fille d'environ quinze ans, d'un figure très-douce ; ses traits n'étaient point altérés. Elle avait sur la tête une couronne de fleurs; on l'avait revêtue d'une robe blanche garnie de rosettes de papier de couleur et de petites pièces de clinquant.

Les femmes qui avaieqt suivi le convoi encensèrent alors à plusieurs reprises la fosses et le corps, en faisant entendre un doux murmure : puis on fit des aspersions d'eau bénite selon le rite de l'église catholique.

Alors le père de la défunte s'approcha des pieds de sa fille, et, au milieu de larmes et de sanglots, il lui adressa quelques paroles d'adieu, prononcées avec une vive expression et accompagnées de gestes analogues. Puis il l'embrassa, et lui donna des baisers sur le front, sur la poitrine et sur les pieds. Quelques-unes des plus proches parentes en firent autant.