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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-06-18

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 18 juin 1839

Description : 1839/06/18 (A4,N25).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63665161

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 17 loin.

La Commission s'occupe avec une louable activité des travaux préparatoires de la question des sucres. Les délégués des colonies et des ports de mer, ainsi que les envoyés des sucreries indigènes ont tour a tour plaidé devant elle les intérêts de leurs com-

u--- - - -

meuants. Les renseignements donnés au nom des colonies ont été précis, nets. péremploires; la question a été traitée sous toutes ses faces avec une énergie et une lucidité qui ont produit sur les membres de la Commission l'impression la plus vive.

Les délégués des sucreries métropolitaines ont été entendus samedi dernier, et l'on a remarqué qu'ils se sont, sur la plupart des questions qui leur étaient adressées par le président de la Commission ; renfermés dans un silence absolu. Ils ont déclaré sur d'autres vouloir en référer A leur comité, et notamment sur la fixation de leur prix de revient. Un seul a eu le courage de l'établir à 40 francs, et n'a rien répondu à l'observation embarassante d'un des membre' de la Commission qui a trouvé fort étrange qu'aucune amélioration n'eut été introduite dans la fabrication du sucre de betterave, puisque le prix de 40 francs était le revient officiellement établi dans l'enquête de 1829. Les déléKUés ont été ajournés à lundi. -

La majorité dé la Commission, malgré tout le mauvais vouloir et les difficultés chaque jour renaissantes qu'elle rencontre dans sa marche, n'en poursuit pas moins son enquête et ses travaux avec ardeur. Le rap|>ort sera soumis à la chambre dans les derniers jours du mois. Un travail de M. Langlais destiné A réfuter la brochure de M. Lestiboudois et un résumé de la question, que nous comptons distribuer A la Cbambre, au moment de la discussion, termineront les travaux actuels de la Revue par rapport i la question des sucres. Le vote de la loi ne nous parait pas.

douteux.

H.iUIctc; a.développé mercredi dernier sa proposition. Nos lecteurs pourront juger par la reproduction de la séance que nous leur donnons aujourd hui te mente et la portée de ces dévelop-

pements. Cette diversion imaginée par les producteurs mélropolitains et que nous avions d'avance signalée A l'attention de la Chambre n'a abouti qu'à une prise en considération très inoffensive, qui replace la question au point même où l'avait laissée le rapport de M. de Rémusat. On a pu même s'apercevoir soit au langage de M. Passy à la Chambre, soit aux ordonnances concernant les colonies, qui paraissaient dans le Moniteur le jour même du développement de la proposition de M. de Tracy, combien la pratique des affaires a déjà tnpdiMé les théories du nouveau ministre. Les colonies n'ont point à s'inquiéter quant A présent pour l'émancipation.

De ces deux ordonnances, la première est relative au recense-

ment général et au recensement annuel/de la population dans les quatre colonies. Elle est en partie basée sur les travaux élaborés dans nos possessions depuis l'ordonnance de 1833. Nous avons cru devoir nous borner A reproduire la seconde relation à l'affranchissement des esclaves.

Le journal Y Outre-Mer vient de publier avec affectation en tête de son dernier numéro, une lettre de M. Granier de Cassagnac, qui a donné lieu à la correspondance que nous croyons devoir mettre sous les yeux de nos lecteurs.

Cette feuille, créée suivant ses fondateurs, dans un intérêt

purement colonial, se trompe étrangement si elle croit se rendre agréable à ses lecteurs en se livrant A des manœuvres de concurrence ou de spéculation contre ceux qui, long-temps avant qu'elle existât, avaient servi la même cause avec un succès et un désintéressement qu'elle ne saurait faire mettre en question.

Déjà plusieurs membres de la délégation et divers créoles nous ont exprimé te regret de voir qu'Obtre-Mer ne comprit pas la convenance de sacrifier, ou tout au moins d'ajourner toute polémique, au moment où tous les efforts sont nécessaires pour concourir au but commun, et où l'apparence seule d'une division entre les organes des colonies pourrait avoir pour celles-ci de très graves conséquences.

Nos lecteurs ont pu juger de notre répugnance à entrer sur le terrain de* personnalités où nous étions dès long-temps provoqués, et nous nous nesoiûmes déterminés A repousser les attaques directes ou indirectes dont nous étions l'objet,qu'après y avoir été en quelque sorte invités par nos correspondans des Antilles, c'est-A- lire après quelques mois de patience. Nous pensions aajourd hui que la leçon donnée par le tribunal de la Seine au gérant d' Outre-Mer l'aurait rendu plus circonspect. Il est vrai que M. Feret a cru échapper aux conséquences morales de la sentence du tribunal, dont il s'est abstenu d'interjeter appel par une prudence bien entendue, en publiant dans ses colonnes que M. de SiPriest avait manqué de bonne foi dans ses relations avec lui.

Mais M. Feret sait - mieux que personne combien cette imputation

est absurde, puisque ces relations n'ont jamais existé ni directement ni même indirectement, et que sans le triste procès qui les a mis présence, M. de St.Priest ne le connaîtrait pas encore de vue.

, Du reste, le sy stème d'insinuations et de délations organisé contre la Revue au XLX* siècle et son directeur a déjà porté malheur Il ses auteurs, et ne peut que leur faire perdre tout crédit aux Antilles. Si, durant son exploration, l'accueil le plus empressé a été fait A M. de Saint-Priest dans ces belles contrées, si partout où il s'est présenté, des témoignages de la plus vive sympathie lue ont été prodiguée, c'est qu'on a reconnu que ce n'était point une

opération commerciale qui lui avait fait traverser les la Martinique, surtout, tout le monde a pu su convaincre que les intérêts de la Revue du XT-\"c siècle avaient été constamment sacrifiés à une pensée unique, celte d'organiser la défensé coloniale sur une vaste échelle.

Nous ne reviendrons plus sur ces misérables petitesses, et nous nous bornons à reproduire les deux lettres suivantes.

Paris. ce 10 Juin 1839.

Mon cher Granier, je viens de lire dans Y Outre-Mer de ce jour , une lettre de vous qui me fait éprouver qnclqu'étonnemçin de ce que vous l'avez écrite sans me consulter. Si vous en eussiez pris le temps je vous aurais démontré qufe l'on vous en avait imposé en vous assurant qu'il se disait parmi des personnes de la Guadeloupe et de la Martinique, que vous étiez pour quelque chose dans des opérations commerciales que j'aurais faites 'aux colonies dans l'intérêt de la Revue du A7A° siècle. En effet, pour que ces bruits, que vous qualifiez si justement d'absurdes, pussent avoir le moindre fondement, il faudrait qu'il y efat aux Antilles des hommes dépourvus de tout sentiment de contenance pour appeler opérations commerciales les souscriptions qui ont eu lieu dans le but de compléter le fonds social de la Revue du XIX' siècle et pour mêler votre nom aux intérêts financiers de ce recueil.

Les colons se distinguent par un sens trop droit et un esprit trop pénétrant, pour qu'il soit permis de supposer que l'idée stupide, de nous*faire considérer , vous et moi. comme intéresser dans le placement d'actions, pùt trouver parmi eux le moindre crédit.

Tout le monde sait que dans la réalisation du fonds social d'une -

feuille, qu'on l'appelle Journal du Commerce, Revue ou 0 ,.

jJler, il ne peut résulter aucun avantage personnel pourjey^ec^ teur, pas plus que pour les rédacteurs. La société seule p

des placements, sans qu'il soit possible d'en affecter la mttwdr$| parcelle à un emploi qui ne soit pas complètement justifié pièces comptables. Cela est doublement vrai lorsqu'il s'agi société pure de toute création d'actions djtes industrielles, COTMUro' la Revue dit XfXe siècle dont les statuts 'qui ont étë^adrésseS^Ç

tous - ses abonnés, qui ont pu, vous le savez, laisser aucun doùte -

sur le désintéressement de son directeur, ; , Quant à des engagements pris en votre nom, vous me connaissez assez depuis bientôt six ans que vous avez été mon principal collaborateur, pour être persuadé que ceux que j'aurais pu ou faire prendre se seraient trouvés d'accord avec vos intentions.

Lorsque je partais pour les Antilles où vous regrettiez si vivement de ne pouvoir m'accompagner, j'emportais de vous, pour nos amis de l'autre côté de l'Atlantique, les témoignages d'une sympathie que vous leur aviez déjà fréquemment manifestée, et; à cet égard, je me suis borné à exprimer vos sentiments, sans aller au

wmwtMsxiNui*

La Pierre de touche.

Allons, mon enfant, il faut te faire belle pour cette promenade.

–Vous savez bien que je ne demande pas mieux. ma mère ; je vais passer mon peignoir de mousseline rose, à Heurs blanches.

- Un peignoir? 6 donc! Il but étrenner la robe de pou de soie bleue que tu as reçue de Paris cette semaine.

Une robe décolletée pour une partie en canot ! Y songez-vous bien, ma mère?.

Parfaitement, ma fille. Cela fera le plus grand plaisir à mon frère; tu sais qu'il t'adore en bleu !

- C'est la vérité, mais.

-11 n'y a point de mais quand on veut plaire, mon enfant. Et puis tu jetteras sur tes épaules ton mantelet garni d'angletelft.

Mon mantelet garni d'angleterre, juste ciel !

, Ton oncle en est fou, chérie ! tu compléteras ta toilette par ton chapeau de paille d'Italie.

Mon chapeau de paille d'Italie, grand Dieu 1 Encore pour ton oncle, qui l'en a fait prisent. Lorsqu'on se met m frais d'amabilité, il ne faut pas y aller à demi.

Le fait est que rien n'y manque, ma mère, et qu'à la coiffure près, H avec quelques fleurs de plus, j'irais au bal ainsi sans être ridicule.

A propos de Heurs, pose ces jolies roses blanches sous ton chapeau, et attache à ton cou cette petite croix de turquoises à la Jeannette.

- Ab 1 maman ! voilà qui est trop fort, et je n'y comprends plus rien. Vous ne me direz pas que ces fleurs et ce bijou sont pour mou oncle, et il y a quelque mystère sous une toilette semblable.

En prononçant ces mois, la jeune fille rougit, tandis que sa mère cachait son trouble tous un sourire affectueux.

V oyonl, maman, dites-moi de quoi il s'agit, reprit-elle d'un air malin ; car enfin je ne suis plus une enfant qui se fait belle pour le plaisir de l'être, et ce n'est pas pour me mirer dans les flots de l'Océan qu'on me mène promener vêtue de la sorte !

J'avais pourtant promis de ne pas parler, répondit la mère ; mais puisqu'on ne peut rien le cacher, tu vas tout savoir. Ton cousin est sur ce navire qui achève sa quarantaine en rade ; et c'est pour aller au devant de lui jutou a son bord que ton oncle a organise cette partie tll mur.

Mon cousin est de retour ! s'écria la jeune fille avec une joie naïve.

Puis, de rouge cerise qu'il était, son visage devint écarlate.

La mère, qui s'attendait à ce résultat, continua ainsi : Mon frère voulait vous faire une surprise de cette entrevue, puis.qu'il a sur Paul et toi certain projet.

- Ah ! oui, interrompit la jeune fille,,»dont les joues passèrent de1 l'écarlate au pourpre foncé.

–Tu vois bien qu'il faut être belle, reprit sa mère en la baisant au front, car je sais combien tu aimes Paul, mon enfant, ajoute-t-elle à demi-voix, et il s'agit de plaire, non plus à ton cousin, mais.à l'homme qui sera ton mari.

La jeune fille se jeta sans rien dire dans les bras qui lui étaient ouverts , et ne trouva plus d'exagération à sa toilette, qu'elle embellit encore de quelques détails. --

Cette petite scène, qui se passait au Havre par une jolie matinée de juillet, avait lieu entre madame et mademoiselle Dartenay, dans une des plus élégantes maisons du port, appartenant à M. Martin-Lanier.

M. Martin-Lanier était un armateur retiré du commerce, qui avait eu l'habileté de faire sa fortune avant l'âge de quarante-cinq ans, et qui jouissait de la réputation d'un homme original, justifiée par la plupart des actions de sa vie. Le système d'éducation qu'il avait adopté pour son fils unique n'était pas la moindre preuve de cette originalité.

Convaincu par expérience que toutes les folies de la jeunesse iront pas d'autre mobile que l'amour, il avait résolu de garantir Paul de cette passion, à quelque prix que fut, jusqu'au jour où il pourrait lui offrir la femme qui deviendrait son épouse. En ceci, il n'y avait rien que de fort simple, et M. Lanier ressemblait à tous les pères, mais ce fut dans l'application du système général qu'il montra la bizarrerie particulière de son esprit. Voyant son enfant devenir un joM garçon, avant qu'il lui eût trouvé - une - femme - selon son goût, il imagina, pour l'écarter - des

écueils et pour se donner du temps a lui-même, de l'embarquer sur un navire qui allait faire le tour du monde, espérant qu'au retour le cœur de ton fils, altéré d'affection, serait pour ta première jolie femme qu'il lui présenterait.

Justement, Paul sembla indiquer de lui-même à son père la personne qui pourrait leur convenir un jour à tous deux. En s embarquant à Toulon, il vU Cécile Dartenay, sa cousine, qui habitait alors cette ville. Il en écrivit à M. Lanier de façon à le piquer d'intérêt. Cécile venait de perdre son |tère, à seize ans, et n'était pas fort riche, mais elle réunissait trois qualités qui valent une dot : l esprit, le cœur et la

beauté. M. Martin-Lanier la fit venir au Havre avec sa mère, et se chargea du sort de l'une et de l'autre. Il ne tarda pas à se convaincre que sa nièce était un véritable trésor, diamant provincial encore un peu brut, dont l'éducation pouvait faire une merveille. Malheureusement, madame Dartenay n'était pas fort en état de le polir, rt M. tanier ne

") of' fit-que deux petites fautes dont il devait se repentir un jour : la première fut de rester au Havre au lieu d'aller à Paris ; la seconde fut de laisser Cécile en puissance de sa mère.

Il y avait donc dix-huit mois que madame Dartenay tâchait, à sa façon, d'élever sa fille à la hauteur du projet de son frère, et Cécile se prétait d'autant mieux aux efforts maternels, qne son cousin, comme on l'a vu, lui avait laissé au passage la plus douce impression. Sa mère seule était initiée à - cet amour secret (car c'était de l'amour et du oins

pur), mais M. Lanier en soupçonnait tacitement quelque chose et fondait sur ce soupçon les plus chères espérances., Dans l'entrevue inopinée qu'il ménageait aux deux jeunes gens, il s'attendait à un de ces coups de sympathie qui décident de la vie entière, et, tout homme, positif qu'il fût, le digne armateur bâtissait un beau roman dans sa tête, ne se doutant guère du roman d'un autre genre dont son cher fils allait lui faire - la surprise. - -

Le coup de sympathie manqua complètement, en effet, lorsque Paul el Cécile se trouvèrent en présence clans le port du Havre; et, comme toutes ces parties de plaisir longuement arrangées d'avance, où l'on trouve d'autant moins de joie qu'on en avait espéré davantage, la promenade en canot n'eut absolument rien de l'cltet magnifique qu'on s'en était promis. En vain la jolie cousine apparut-elle au jeune exilé comme une personnification du bonheur qui venait au devant de lui. En vain tout ce qui pouvait le pénétrer de cette idée séduisante fut-il mis en œuvre par M. Lanier et madame Darlenay; en vain même, isolé avec lui à lessein, Cécile balbulia-t-elle de sa voix la plus douce combien elle était I*ureuse de le revoir elle était Mureuse de le revoir L'ingrat ne sembla pas plus la remarquer d'abord que si elle eût été pour lui une étrangère, et ne s'aperçut ensuite du complot matrimonial de ses parents que pour paraître le déplorer à l'égal du plus grand malheur. M. Lanier ne savait déjà plus où donner de la tète, lorsque son lils lui procura l'avantage d'entrer en fureur par la révélation moute qu'il se hâta de lui faire Le prenant à l'écart sur le pont même du navire, au moment où il allait regagner avec lui les pénates paternels, il le conduisit dans une cabine de l'arrière, et lui parla à peu près en ces termes : - Je vois votre projet pour mon bonheur, mon père, et je juge de l'importance que vous y attachez par votre empressement à m amener ici ma cousine, Je vous remercie, mon père, de vous être tant occupé de moi pendant mon absence, et je rends justice à la sagesse de votre choix comme à la tendresse de vos intentions. Cécile est une personne charmante sans contredit, et si vous me l'eussiez présentée comme au- jourd'hui avant mon départ, je n'aurais pas hésite peut-être à lui donner mon cœur. Mais, ainsi que vous me le disiez souvent, les voyages modifient les hommes, celui que je viens de faire par votre ordre, mon re, a fixé à jamais ma destinée.

[ M. Lanier sentit un frémissement de lerreiir, comme quetqu un qu