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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-05-28

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 28 mai 1839

Description : 1839/05/28 (A4,N22).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366513s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Pari*, 27 mai. La question des sucres, tant de fois ajournée, touche enfin à sa solution ; et le ministre du commerce a donné l'assurance formelle que la loi serait présentée, le mardi 29 mai, à la chambre des députés. M. Passy serait, disait-on, un des membres du cabinet qui aurait montré le plus d'ardeur pour la présentã i 1 »– J. Ja Ini

tion immeaiaic uc w? piujci U'" IV" Cette nourelle a troublé les producteurs de sucre de betterave, et leur désappointement s'exhale en termes injurieux pour les colonies comme pour les ports de mer. « Il est proballio - dit l'Eaide- ioumal officiel des délégués de l'industrie in-

digène, que M. Duchatel fera reproduire sous peu sa loi de dédiène, que M. Duchatel fera reproduire sous peu sa loi de é.

grèvement, sauf quelques modifications voulues par les circonstances présentes. On sait déjà que ce dégrèvement sera de 15 fr., 16 fr. 50 avec le décime de guerre; on y joindra, dit-on, l'abaissement du rendement au raffinage à 70 fr. Si ce projet était adopté, les colonies et les raffineurs n'auraient pas une satisfaction complète, et l'année prochaine les colonies revien-

dront à la charge ; on n'aura pris qu'une demi-mesure pour le bon plaisir des banquiers des colonies et d'une marine mar- chande routinière, cupide et ignorante. Demandez à l'Angleterre si la prospérité de sa marine dépend de quatre chétifs ilots qu'il lui a plu de laisser à notre charge pour entretenir notre paresse et notre impéritie en fait de commerce international?

Demandez aux Etats-Unis comment ils sont parvenus à former une marine marchande rivale de celle de la Grande-Bretagne ?

A-t-elle eu besoin de colonies situées à 2000 lieues de son continent ? »

Que les producteurs métropolitains essaient de prouver les liens nécessaires qui existent entre l'agriculture et leur industrie ; qu'ils la montrent ruinée par l'impôt qu'ellc serait incapable de supporter ; qu'ils fassent valoir les intérêts des populations que la culture de la betterave enrichit; qu'ils répètent en un mot jusqu'à satiété tous les argumens qui leur ont mérité jus-

qu'à l'année dernière la protection du gouvernement, nous le comprenons. Mais parler de l'opulence des banquiers des colonies au moment où il n'y a pas un seul navire entrant dans nos ports qui ne proclame la déplorable réalité de leurs souffrances et leurs désastres, voilà ce que tout le monde appellera de la mauvaise foi, nous dirions presque de l'impudeur. Si les colonies pour ces profonds publicistes sont de misérables, de chétifs ilôts, notre marine marchande est routinière, cupide, ignoran-

te. Qu'est-ce qu'un petit port, comme le Havre, par exemple, à côté des immenses populations intéressées à la betterave?

Qu'est-ce que Nantes, qu'est-ce que Bordeaux ? De petits points sur la carte; aussi M. Lesliboudois, que la France a le bonheur de posséder à la chambre, les traite-t-il d'une façon assez leste: il faut, dit-il, les abandonner à leur malheureux sort. Nous n'a-

vons assurément pas la prétention de montrer, soit à l'Egide, soit à M. Lestiboudois, l'oracle de la production métropolitaine, de quelle utilité peuvent être pour la France ses ports de mer, ni ces petits ilots qui occupent six mille matelots, et dont le commerce s'élève à cent dix millions. Seulement nous aimérions trouver dans un journal de l'esprit de suite au moins, à défaut de bonne foi. - ..-

Or, nous avons encore en mémoire un passage extrait de 1 £ >gide, et qui n'est pas du tout d'accord avec la ruine inévitable dont l'industrie métropolitaine serait aujourd'hui menacée selon ce journal. « Quelle que soit l'issue de la lutte qui va s'en-

gager, disait-il le 12 janvier 1839, nous pensons que le sucre indigène pourra toujours soutenir la concurrence avec son rival ; c'est ce que nous établirons par des calculs positifs; et si, contre toutes nos prévisions, on sacrifiait l'industrie sucrière au sucre colonial, nous avons tout prêt un emploi des betteraves qui nous permettra de conserver le feu sacré, jusqu'à ce que se

présente l'occasion de le rallumer. »

Telle est la bonne foi des producteurs métropolitains. Le gouvernement et les chambres se sont laissé tromper en 1837; mais la loi votée sous l'influence des préjugés contre les colonies a été trop funeste à la prospérité de nos manufactures et de notre navigation, pour qu'il soit encore possible d'égarer le pouvoir législatif.

Depuis 1830, notre marine militaire à la vapeur a pris un remarquable développement. Ce progrès est dû à la nécessité des communications fréquentes entre la France et l'Algérie. Grâce à cette conquête, nous avons plus de navires à vapeur armés en guerre que l'Angleterre et les Etats-Unis ensemble. Les journaux anglais ont à ce sujet admonetisé avec amertume le ministère Melbourne, et leurs plaintes ont trouvé de l'écho dans

le parlement. Aujourd'hui, nous apprenons qu'une commission a été nommée aux Etats-Unis pour résoudre certaines difficultés techniques, soulevées par la résolution du gouvernement de Washington de construire de grands naviresde guerre à vapeur.

On parle d'un bâtiment de la force de 500 chevaux. Mais il ne s'agit pas de cette construction seulement ; d'après les dispositions prises et les fonds déjà votés, il parait que les EtatsUnis ont le projet de renouveler une partie considérable de leur

matériel naval, selon le principe de la vapeur. Laisserons-nous nos émules regagner tranquillement l'avance que nous avons prise sur eux dans l'emploi des navires à vapeur, emploi qui doit avoir une si haute influence sur l'avenir de la tactique navale?

Mais si notre marine militaire à vapeur l'emporte par le nombre sur celle de nos rivaux, notre marine marchande à vapeur est par rapport à la leur dans une triste infériorité. On oublie

toujours en France, dans la pratique, cette vérité proclamée par tous en principe : que la marine de guerre se recrute dans la marine du commerce. Ainsi, tandis que les Anglais et les Américains encouragent l'établissement de paquebots à vapeur

entre la Grande-Bretagne et l'Amérique, le gouvernement ne fait rien pour aider les compagnies qui chez nous tentent inutilement peut-être de trouver des fonds pour organiser un service entre le Havre et l'Amérique du Nord, Bordeaux et les Antilles et l'Amérique du Sud. --, -

Pourquoi donc le gouvernement ne ferait-il pas sur i Atlantique ce qu'il a fait avec succès sur la Méditerranée, où les paquebots rendent d'immenses services? Dans l'état actuel de la science, il est possible de construire de grands navires à vapeur qui en temps de paix serviraient au transport des passagers et des marchandises, et en temps de guerre remorqueraient nos vaisseaux dans des positions impossibles à prendre à la voile. Il s'agit pour nous de ne pas décheoir de notre rang parmi les puissances maritimes ; c'est à la fois une affairé d'intérêt et d'honneur national.

On a long-temps reproché aux colonies l'exagération des plaintes qu'elles faisaient entendre au sein de la métropole. Il était convenu de leur attribuer nous ne savons quelle opulence orientale qui semblait donner le droit de fermer les yeux à l'évidence de leurs désastres et de rester sourds à leurs plus légitimes réclamations. Au commencement de l'année dernière; les ministres du commerce et des finances niaient encore la crise dans laquelle nous les avons vues depuis se consumer et s'étein-

dre. Depuis cette époque, il est vrai, de notables améliorations se sont produites dans l'opinion à cet égard. Quand les rapports de tpus les capitaines de vaisseaux qui rentraient dan?nos ports ont été unanimes pour attester la profonde misère, le désespoir et la ruine de nos possessions ; quand leurs désastres, réagissant sur nos* villes maritimes et manufacturières, ont causé dans tout le littoral une agitation universelle, il a bien fallu croire enfin à la réalité du mal et sonder cet abirae que l'imprévoyance de la métropole creusait pour y engloutir à jamais nos colonies.

S'il pouvait y avoir un doute encore dans certains esprits, nous leur soumettons le document suivant, dont la simplicité sera plus énergique que ne pourraient l'être nos paroles.

A M. le maire de la ville de la Pointe-à-Pitre.

« Monsieur le maire, « Si mon devoir et ma responsabilité, d'accord avec les né-

cessités du service, me commandent d'apporter une surveillance rigoureuse dans le remboursement de l'impôt, je ne dois pas rester absolument étranger à la position du contribuable.

Désirant donc concilier ces divers intérêts, j'ai pensé que votre

FEUILLETON.

A Newstead.

LES CÔTELETTES A LA VICTIME.

(Suite et fin.)

Pendant deux années, tout au plus, le vieux chàteau de Newstead garda le jeune lord Gordon Byron, et fut témoin des orgies dans lesquelles l'imprudent se hâtait de vider la coupe des voluptés, comme si on pouvait remplir cette coupe, une fois qu'elle est vide! Vêtu d'une robe de moine, entouré d'écervelés qui avaient tous ses vices, sans rien posséder de sa haute intelligence, il passait les nuits à boire et à se livrer à mille extravagances bizarres qui tenaient de la folie. La grande et lugubre salle, où le vieux Byron avait rendu le dernier soupir, était précisément le lieu que son héritier avait adopté pour ses fêtes nocturnes. Des chiens, un loup, un ours même, mêlaient leurs hurlemens féroces aux cris de ces buveurs, aux paradoxes impies de

ces débauchés, la terreur du pays ; ils jetaient partoutla désolation dans les familles. Tandis que de jeunes filles, enlevées par la séduction à leurs parens, se voyaient jetées tout à coup, de l'ignorante pauvreté du village au milieu du luxe le-plus effréné et le plus infâme, des combats de coqs, des courses au clocher, des luttes de boxeurs, réunissaient autour d'elles tout ce que l'Angleterre comptait de jeunes dissolus,–chevalier s'd'industrie, ou pairs du royaume ; comédiens ou

poètes, marins ou artistes.-Il suffisait d'avoir acquis quelque renom,1 n'importe par quel moyen, tpour se voir le bien-venu à Newstead, pour trouver une place à ces banquets, dont se scandalisait l'Angleterre entière. Mais c'était précisément le scandale que voulait avant tout Georges Byron ; le scandale, gloire grossière et impudente dont il cherchait à rassasier la faim mystérieuse et invincible d'orgueil qui

le dévorait. Nuit et jour, le cor de chasse retentissait dans Newstead; nuit et jour ses hautes cheminées jetaient leurs noirs tourbillons de fumée dans les airs. Tantôt, parodiant une fête catholique, Us sortaient, affublés de surplis, deux à deux, en longues files, répétaient gravement les litanies, et tout à coup se jetaient sur les paysannes accourues sur leur passage pourvoir un spectacle d'une telle singularité. Le lendemain, les jeunes filles ivres, échevelées, rentraient chu leurs pères avec tant d'or, que les misérables s'applaudissaient presque du déshonneur de leurs enfans. Tantôt ils jouaient leur vie, montés sur des chevaux à peine habitués à la bride ; ils franchissaient des

fossés, escaladaient des murs, parcouraient des marais semés de fon- drières, et laissaient parfois derrière eux des camarades blessés ou en péril. Mais n'importe! ne devaient-ils pas suivre! ne devaient-ils pas imiter leur maître ! leur modèle! leur orgueil à tous!. Georges!

l'indompté Georges, dont jamais un sourire n'effleurait les jeunes lèvres, et qui se livrait, sérieux et triste, à toutes ces excentricités extravagantes, remèdes violens et sans effet sur son ame blasée. Puis on rentrait au château, haletans, couverts de boue, accablés de fatigue; une coupe passait de main en main, resplendissante de la flamme du punch.-C'était le crâne déterré d'un abbé du vieux monastère !– Puis on courait prendre place devant un théâtre, et des comédiens jouaient sur ce théâtre des drames horribles. Heureux quand la débauche et une poésie dissolue ne s'emparaient pas de la scène!

Une nuit, les cris ne se firent pas entendre, les cent fenêtres du château ne jetèrent pas dans la campagne, à travers la -feuillée des bois, la lueur étrange de leurs yeux de flammes ; les tourbillons de fumée vomis par les cheminées ne s'élevèrent pas vers le ciel. Tout devint muet, immobile, désert. Et vingt-trois ans s'écoulèrent avant que les portes de l'antique manoir se rouvrissent.

Durant ce long intervalle d'années, Newstead, abandonné aux soins du vieux intendant Murray, devint un peu la propriété de tous les voisins. Les paysans coupaient sans façon, dans la forêt, le bois dont

ils avaient besoin. Le poisson des étangs alimentait la table de chacun, et les châtelains des environs ne se faisaient point scrupule de disputer aux braconniers, par des chasses réglées, le gibier des immenses parcs. Parmi les plus intrépides et les plus fréquens dévastateurs des cerfs et des daims de Newstead, on remarquait sir Lamb, marié depuis cinq à six ans à une des jeunes femmes les plus riches, les plus belles et les plus spirituelles de Londres. Le sans-façon avec lequel le lord usait des propriétés de son voisin était d'autant plus singulier, que sa femme avait publié un roman satyrique, dans lequel elle désignait, sous le pseudonyme le plus transparent, Georges Byron qu'elle accablait d'invectives et d'outrages. Peut-être lord Lewis Lamb, qui ne se piquait point d'ailleurs d'être grand feuilleteur de livres, n'avait-il point lu le libelle de la mordante lady ; peut-être croyait-il de bonne guerre de continuer, aux dépens du gibier de lord Byron, les hostilités déclarées par sa femme au lord lui-même. Quoi qu'il en soit,

ses équipages de chasse ne sortaient guère des forêts et des parcs de Newstead, et ses halalis joyeux, les fanfares de ses cors, les aboiemens de ses meutes venaient bruire et éclater jusque sous les murs du manoir abandonné. -

Un jour qu'il poursuivait un daim et que le pauvre animal, acculé contre la perte même du château, défendait faiblement sa vie déjà dans la gueule des chiens, sir(Lamb aperçut tout à coup par l'extrémité de l'avenue, sur une hauteur, un cortège de trois voitures escortées

d'hommes à cheval, et qui-semblaient se diriger vers Newstead. Ce spectacle inaccoutumé, dans un pays où ne se trouvaient d'autres riches propriétaires que sir Lamb, étonna singulièrement le lord, et il piqua des deux pour aller au devant du convoi. Au détour de l'avenue, il se trouva face à face avec un de ses anciens amis, sir llobhouse qui devançait les voitures à franc ctrier, sans autre suite qu'un domestique.

Sir Lamb et sir Hobhouse échangèrent un salut amical et se pressèrent la main. Puis, comme le premier accablait de questions le nouveau venu, ce dernier se tourna vers le domestique, lui remit une clé, lui donna quelques ordres et descendit de cheval, en invitant son ami à en faire autant. ------- ---

Le devoir qui m'amène en ces lieux ne me permet point, dit-il, d'accepter votre invitatiôn de vous accompagner à votre château et de présenter mes respects à lady Caroline. Il faut que j'attende ici les voitures qui me suivent ; mais nous pouvons nous asseoir sur le gazon et causer librement.

Le maître de ce château revient donc l'habiter ? demanda sir Lewis, mécontent de voir ses chasses compromises.

Lord Byron revient habiter ce château, pour ne plus le quitte!' désormais, répliqua sir Hobhouse, en laissant échapper un soupir.

Et qu'est-il donc devenu depuis vingt-cinq ans? s'écria sir Lamb, plus mécontent que jamais ; pourquoi a-t-il si long-temps abandonné ses domaines? pourquoi revient-il les habiter après une pareille absence?

Il a quitté ses domaines, parce qu'une voix impérieuse et fatale lui montrait de loin une couronne aussi brillante que funeste: la gloire. Inquiet, agité, fiévreux, lord Byron, las des orgies et des joies brutales de Newstead, est venu à Londres publier deux ouvrages successifs : l'un intitulé Heures d'oisiveté, ne trouva que d'amères critiques ; le second: Des poètes anglais et des Critiques écossais, n'eut d'autre succès que le scandale inévitablement produit par un pamphlet spirituel. Désabusé de sa vocation de poète, il tourna ses regards vers la vie politique et s'occupa de sa réception à la chambre des lords. Le mauvais vouloir de ses futurs collègues opposa mille obstacles à cette réception, et quand elle eut lieu ce fut sans éclat, sans un introducteur, sans un ami pour accueillir le jeune pair. Reçu par des huissiers, il répondit avec sécheresse à quelques paroles bienveillantes du chancelier lord Eldon, s'assit, durant quelques minutes sur les bancs de l'opposition et sortit humilié et la rage au cœur. Le lendemain, une satyre, dans laquelle la chambre haute n'était pas épargnée, mit toute la ville de Londres en émoi. Le lord-poète comprit, qu'après un tel éclat de scandale, il ne lui restait plus qu'à quitter l'Angleterre.

Il écrivit son testament, assura un sort à sa mère, et, seul avec moi et une jeune fille revêtue du costume d'homme, il partit et arriva en