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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-04-23

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 23 avril 1839

Description : 1839/04/23 (A4,N17).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366508g

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 22 avril.

Les questions qui s'agitent en ce moment, et qui daDs quelques jours vont passer des journaux à la tribune, ont cela d'utile qu'elles éclairent l'opinion, el qu'en sollicitant un examen plus sérieux du régime de nos colonies, elles calment peu à peu les haines aveugles qui lès poursuivaient, et détruisent les préjugés de toute sorte qui depuis quelques anuées accueillaient obstinément leurs plus justes réclamations. Elles étaient

proscrites par les philanthropes comme les ennemies acharnées de la liberté humaine et cruelles pour leurs esclaves jusqu'à l'ignorance de la pitié ; poursuivies par les économistes comme inutiles à la métropole, par les financiers comme onéreuses pour le trésor. Tous ces préjugés ne sont assurément pas éteints, ni toutes ces animosités dissipées; mais l'opinion commence à s'enquérir, à juger, sinon sans partialité, du moins avec une certaine bonne foi qui n'exclut pas tout examen et ne ressemble en rien à ces arrêts sans réflexion et sans appel qu'elle était accoutumée à prononcer.

Il ne faut pas que les colonies s y trompent, ce n est pas seulement à la justice de leurs réclamations qu'il faut attribuer ces dispositions de bienveillance inaccoutumée qu'elles commencent à rencontrer dans l'opinion publique, car les meilleures causes devant un tribunal prévenu se perdent nécessairement, quand elles ne sont pas défendues. Elles ont commencé le jour où, comprenant enfin la nécessité de ne pas laisser la presse abandonnée à leurs ennemis, les colonies ont fait ellesmêmes un appel à la publicité, levé drapeau contre drapeau, el employé pour se défendre les armes avec lesquelles on les attaquait; elles cesseraient aussi le jour air la presse les laisserait livrées à leurs propres forces, dans un pays de discussion et de publicité.

Un des raisonnemens que les ennemis de nos possessions d'outre-mer émettent le*plus volontiers et avec le plus d'assurance, c'est leur inutilité pour la métropole. Cette mauvaise objection n'est pas nouvelle, elle traîne depuis le dernier siècle daus les écrits des économistes; la qualité de cette école, ce n'est pas précisément le génie qui invente, la sagesse qui perfectionne, mais la médiocrité qui répète et la fatuité qui bouleverserait volontiers le monde pour l'essai d'une théorie. On se demande donc s'il ne serait pas politique de se défaire de nos colonies comme d'un embarras, en supposant qu'il ne soit pas urgent de les abandonner comme un fardeau.

1 Cet abandon, utile à nos possessions, serait pour nous un malheur public, qu'on peut nier dans un livre ou dans un article de journal, mais dont aucun gouvernement ne voudrait assumer la responsabilité. El ce n'est pas seulement parce qu'une rupture soudaine et brusque aurait pour infaillible résultat de ruiner les intérêts nombreux que de longues relations ont associés solidairement à ceux des colonies; mais surtout parce

que ces possessions lointaines, dans l'état actuel de l'Europe et du monde, sont nécessaires à la prospérité des peuples. Mous montrions, dans le dernier numéro de ce journal, cet élan de toutes les nations européennes vers les conquêtes du commerce et de l'industrie, la suprématie abandonnant les peuples belliqueux pour passer dans les mains des nations industrielles. Certes, ce n'est pas à une époque comme celle-là que nous pourrions, sans nous résigner à perdre la juste el suprême influence que nous avons toujours exercée, sacrifier la moitié de notre marine, lorsque d'un moment à l'autre une conflagration universelle peut embraser tout l'Orient..

L'empire avait laissé notre marine dans un état déptoraMe.

La restauration et le gouvernement de juillet ont réparé tous ces. désastres. L'Europe entière envie l'armement de nos vaisseaux, et l'Angleterre ellMrtéme, la reine des mers, serait incapable de mettre plus de navires en ligne que nous, si l'on retranche des listes fastueuses de l'amirauté, tous les batimens

hors d état de tenir la mer. Nous possédons en outre un personnel d'officiers expérimentés qui joignent la science à la bra- voure française. Or, à quoi nous serviraient et cette flotte et ces officiers habiles, si nous ne trouvions pas dans la marine marchande, c'est-à-dire dans la marine de long cours à laquelle les colonies sont nécessaires, une pépinière abondante de matelots?

Tout le monde sait aujourd'hui que nos quatre colonies à sucre procurent à la navigation un mouvement annuel de 100 mille tonneaux et de six mille matelots. Pendant l'année 1837, sur 324,273,693 fr. de marchandises entrées dans nos ports, les colonies et la grande pêche, deux branches inséparables de notre commerce maritime, en ont fourni pour 64 6i2 610 fr.'et à la sortie 61,548,883 fr. sur 522,363,867 fr. D'où il résulte que dans l'état actuel de notre commerce, la navigation est occupée par ces possessions qu'on dédaigne à peu près au même degré que par nos relations avec tous les peuples du monde.

Ainsi nos colonies nous sont nécessaires, et lorsque nous demandons qu'on s'occupe un peu plus de leurs intérêts, qu'on satisfasse leurs réclamations, qu'on les arrache enfin aux désastres bientôt irréparables que l'obstination incroyable de la métropole semble prendre à tâche d'y accumuler, c'est notre marine, notre commerce, l'honneur, l'influence de notre pays que nous défendons avec elles. L'Angleterre le sait, et combien d'efforts n'a t eMe pas tentés pour arracher à notre pavillon ces

établissemens qu'elle nous envie et que nous dédaignons ! Demandez au Danemarck s'il renoncerait à la possession de l'lie Saint-Thomas; à la Hollande si elle abandonnerait sans regret ses colonies d'Asie; à l'Espagne et au Portugal si l'interruption de leurs rapports avec le nouveau monde n'est pas regardé par eux comme une calamité? Si nous avons la bravoure qui conquiert, sachons donc au moins avoir aussi la sagesse qui conserve et qui prévoit ; car c'est la politique de l'avenir.

- 0.4m.--

A l'heure où nous écrivons, nous n'avons point encore de ministère. M. Mauguin a annoncé vendredi dernier qu'il demanderait aujourd'hui des explications au cabinet provisoire. Tout annonce cependant que la crise ministérielle est à son terme.

En prenant possession du fauteuil de la présidence à laquelle il a été nommé cette semaine, M. Passy a annoncé que « peutêtre les devoirs que lui imposent les circonstances présentes ne lui permettront pas d'exercer long-temps les hautes fonctions dont la chambre venait de l'investir. a Il est grand temps que cette situation change.

Les détails statistiques suivans confirment par de nouveaux chiffres ce que nous avons dit de l'état de souffrance croissante où se trouve la population parisienne. Dans le mois de mars, la somme totale des dépôts faits à la caisse d'épargne de Paris s'est élevée à 2,202,615 fr.; celle des remboursemens à 3,935,500 fr.; excédant des remboursemens sur les dépôts, 1,792,885 fr. en un seul mois.

Pour la semaine dernière, la même caisse d'épargne de Paris a reçu dimanche et lundi la somme de 434,867 fr. Elle a eu à rembourser celle de 830,000 fr. Excédant du remboursement, 395,153 fr.

Maintenant, si l'on passe à la consommation de la ville de Paris, on porte, d'après la statistique récemment publiée, à dixhuit cent mille livres de viande la diminution de la consommation pendant les trois mois qui viennent de s'écouler. De tels faits n'ont pas besoin de commentaires.

Cette détresse n existe pas seulement à Paris, elle se répand dans les départemens, et de tous les points de la France on sollicite la formation d'un cabinet définitif qui rende la sécurité aux esprits, la confiance aux capitaux, et imprime un nouvel élan aux affaires commerciales. Les ports de mer surtout hâtent de tous leurs vœux la solution de la question des sucres, et partagent l'angoisse des colonies. Chaque vaisseau qui arrive dans nos ports nous donne des détails de plus en plus affligeans de ces possessions.

On annonce la formation d'une compagnie qui va exploiter en Grèce la fabrication du sucre de betterave et la raffinerie des sucres bruts. Cette compagnie va causer aux colonies un énorme préjudice, et leur sucre va se trouver nécessairement privé du débouché notable qu'il trouvait dans le Levant. C'est un motif de plus pour leur accorder ce dégrèvement dont tant d'autres raisons montrent la nécessité.

Jli18. 1

Souscription en faveur de la Martinique.

Le montant des sommes versées à la caisse du trésorier général de la marine s'élève aujourd'hui à 117,589 fr. 55 c. Il y a par conséquent depuis notre dernier numéro une augmentation de 23,214 fr. 55 c. Le navire Zampa, capitaine Pattin, porte à la Martinique une nouvelle somme de 50,000 fr. expédiée par les ordres de M. l'amiral Duperré.

Les départemens s'associent à la capitale pour cette œuvre de bienfaisance. A Rouen, quatre membres de la chambre de commerce ont été désignés par M. le président pour recevoir les listes de souscription. La première liste publiée par le Courrier de Rouen s'élève à la somme de 2,569 fr. 59 c.

A Strasbourg, Mme de Chamburc a bien voulu donner un con-

cert. En deux heures, tous les billets ont été placés; la rcccllur a été de 15,000 f" et le commerce de Strasbourg a voulu faire loup les frais de la fête, afin que la recette arrivât tout entière ank>

victimes de la Martinique.

A Pans, le concert organisé par Mme la comtesse Merlin au" lieu le jeudi 25 avril, à huit heures du soir, au théâtre de la ne'(

naissance, qui, par les soins de MM. les commissaires, sera transformé pour ce jour-là en salon le plus élégant.

MM. Meyerbeer, Mario, Habeneck, Doehler, Artot et d'autres artistes de premier ordre se sont empressés de se joindre à la société d'amateurs qui se réunit habituellement chez Mme la comtesse Merlin, et qui se compose de tout ce que les salons de Paris possèdent de lalens.

Les dames patronesses dont les noms suivent ont bien voulu se charger de la distribution des billets d'admission.

MMes la duchesse d'Alhufera, l'aub. St-IIonoré, 31 ; la princesse Belgiojoso, rue d'Anjou-St-IIonoré, 23; la comtesse de Bondy, rue de Rivoli ; la comtesse de Bordesoulle, rue de Larochefoucault, 6; Berryer, rue Neuve-des-Petits-Champs, 64; Boscary de Villeplaine, place Vendôme, 20; de Hehague, rue de Londres, 21; la marquise de Barbantane, rue du Bac, 3; la ba ronne de Cools, rue de Mondovi, 6 ; Corbin, place de la Bourse, 3; de Coussy, rue de la Michodière, 8; Dubignon, cour des Fontaines, 5; la comtesse Duchâtel, rue St-Dominique, 91; la comtesse Tanneguy-Ducbàtel, rue de Varennes, 35 ; la duchesse

FEUILLETON.

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DEUX FOIS A LA SALTÊTIUÈRE.

Pendant tout le procès de SouMard et de ses complices, les bancs de la cour d'assises ont vu leurs moindres places disputées avec empressement par les femmes les plus élégantes et les plus célèbres de Paris. Il faut que l'horreur ait un charme bien puissant pour leurs nerfs, si faciles néanmoins à irriter, puisqu'aftn de satisfaire un goût dépravé, elles ne redoutent ni d'avouer ce goût, ni de l'assouvir hardiment, * la face de tout Paris. On reculerait avec horreur devant une femme qui Prendrait le scalpel du chirurgien, et demanderait, par l'anatomie, à un cadavre les secrets de l'organisation humaine ; mais, en revanche,

on trouve tout simple qu'une créature frêle, blanche,, délicate, blonde, vienne écouter de sang-froid les plus fangeux détails d'un assassinat, ngarde en face les coupables, et savoure, une à une, les sensations du misérable, depuis les angoisses de l'interrogatoire jusqu'au désespoir de l'arrêt ! Et nulle ne reste étrangère à cette étrange perversion du goût, à cet oubli de tout sentiment et de toute conve"ance ! A la cour d'assises, la femme du monde se presse à côté de 'actrice, et les scènes dégoûtantes, dont elles ont été témoin dans l'après-midi, ne sauraient empêcher la première de deviser,le soir, de fQtilitëa avec le plus beau sang-froid possible, et la monde de Jeter,

du haut de son théâtre, au public, des petits mots musqués, maniérés et doratisés !

Du reste, cette curiosité passionnée pour l'horrible a, de tout temps, été commune aux Parisiennes, et se montre avec effronterie, surtout après quelque secousse politique. C'est ainsi qu'en 1799, il

etait de mode d aller visiter les hospices des fous et de frémir aux divagations et aux violences des malheureux enfermés dans ces tristes asiles de la plus déplorable infirmité humaine. On usa et l'on abusa à un tel point de ce genre de passe-temps, qu'il fallut que des mesures ministérielles très sévères missent un terme à un si cruel divertissement et fermassent aux femmes les maisons d'aliénés.

Vous comprenez qu'une telle mesure ne servit qu'à rendre plus énergique l'avidité des curieuses, et qu'une fois cette étrange plaisir

interdit à tout le monde, chacune voulut le goûter par privitége. Les administrateurs se virent accablés de demandes qu'ils ne purent pas toujours refuser, et ce fut ainsi qu'une des plus jolies, des plus opulentes et des plus recherchées actrices de la Comédie-Française, Mlle Vanhove,–parente, je crois, de l'artiste de ce nom qui devint plus tard la femme de. Talma,–pénétra dans la Salpèlrièrc, asile ouvert, on le sait, aux femmes infirmes ou aliènées,

u était impossible de voir rien de plus mignon, rien de plus charmant que Mlle Vanhove, dont le talent consistait beaucoup plus dans une adorable physionomie que dans la supériorité réelle de son jeu.

A une époque où les femmes se disputaient à qui donnerait les preuves les, plus extravagantes de faste et de prodigalité, on la citait, entre toutes, pour la richesse de ses équipages et le luxe effréné de sa toilette. Vêtue, suivant la mode du temps, d'une tunique grecque rattachée sur ses épaules par des boutons de diamans énormes, les bras et la poitrine nus comme une statue anUque, elle parcourait ainsi

les cabanons des folles, lorsque tout à coup une de ces malheureuses s'élança sur l'actrice, lui saisit le bras et la mordit avec une violence qui fit jaillir le sang. Les gardiens accourus se jetèrent sur la bête féroce, et parvinrent, non sans peine, à l'entraîner, tandis qu'clle poussait des hurlemens affreux; qu'elle léchait avec une épouvantable satisfaction ses lèvres ensanglantées et qu'elle hurlait :

Laissez-moi boire, j'ai soif !..

Heureusement.la blessure de Mlle Vanhove était peu grave; les dents de la folle n'avaient guère fait qu'effleurer la peau. Quelques jours après, la jolie actrice reparut sur le théâtre avec d'autant plus de succès que le public avait été prévenu, non sans intention, du péril singulièrement exagéré iuquel le hasard l'avait exposée. On applaudit à son entrée pendant plus d'un quart d'heure, et la pièce terminée on la rappela.

Il en fallait beaucoup moins pour valoir de la célébrité à la cannibale de la Salpêtrière, et, bon gré, anal gré, lé ministre de l'intérieur se vit forcé de donner des laissez-passer pour la maison des folles à plus de cinq cents femloes-Ies grandes damps de cette époque sans grandes dames Toutes restaient surprises en trouvant dans celle qui avait voulu manger Mlle Vanhove, une femme de trente-cinq ans, à la taille fine, à l'air malin,. au nez retrollssé, dont les manières gracieuses et souples rappelaient les plus charmantes allures d'une jolie

petite chatte ! Leur clonncment redoublait bientôt encore ; car le cornac de la créature renfermée dans un cabanon qui figurait assez bien une cage de bete féroce, ne manquait Jamais de raconter que cette femme avait été tour à tour aimée du comte Strogonow, du baron Cloolz, de Barnavc, de Mirabeau, de Potion, de Camille Desmoulins et de Danton lui-même !

Puis Il jetait * cette femme un morceau de viande crue, qu'elle