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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-03-12

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 12 mars 1839

Description : 1839/03/12 (N116).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63665020

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 12 mars. 1 Le résiltat des élections a été funeste au ministère. La coalition a obtenu vingt voix environ de majorité, et le cabinet a pour la seconde et dernière fois remis sa démission entre les mains du roi. Avant la convocation des chambres, et lorsque la coalition menaçait sérieusement son existence, nous avons pu manifester le regret qu'un cabinet nouveau renversant brusquement celui du 15 avril n'empêchât celui-ci d'exécuter les bonnes intentions dont nous le croyions animé pour les colonies.

Son opiniâtre refus d'accorder le dégrèvement par une ordonnance dont la loi lui donnait le pouvoir, et dont les calamités croissantes des colonies lui faisaient un devoir nous avait bien révélé sa faiblesse ; mais nous aimions à croire que ce n'était que de la faiblesse, et confiants dans ses promesses, pro-

messes solennelles et garanties par les journaux ministériels, nous attendions au début de la session celte loi d'urgence qu'il avait pris l'engagement de présenter et de soumettre à la discussion sans délai. Et cependant, non-seulement la loi n'a pas été présentée, mais les intérêts de nos possessions, de nos ports de mer et de notre marine ont été indignement sacrifiés et mis à prix dans l'enjeu des élections; la presse toute entière s'est émue de ces scandales, qui ont contribué à attirer sur le cabinet l'improbation dont l'a frappé le pays. Que MM. Martin (du Nord) et Rosamel se retirent donc devant cette suprême justice; le premier avec le remords d'avoir profité de sa position pour sacrifier les grands intérêts du pays à de misérables intérêts Dcrsonnels, le ministre de la marine avec celui d'avoir excité

par sa faiblesse, autorisé par son incapacité les coupables manœuvres de son collègue.

Maintenant, il est bien impossible qu'un nouveau cabinet soit par le fait plus fatal aux colonies que celui qui vient de se retirer. Le désastre de la Martinique a d'ailleurs vivement ému t(I, s les esprits et ramené l'attention publique sur nos possessions, dont les plaintes continuelles des ports de mer rendent chaque jour les calamités plus visibles. La question des sucres a pris une telle importance qu'il n'est plus possible à aucun ministère de ne pas s'en occuper.

Au moment - où nous écrivons, la -- composition du - cabinet

nouveau n'est pas encore arrêtée ; mais les longues conférences du maréchal Soult avec le roi ne permettent presque plus de douter qu'il ne soit destiné à en devenir le elit-f. Nous savons pareillement que le portefeuille des affaires étrangères a été offert à M. Thiers. On parle aussi de la rentrée de M. Duchâtel.

Tous les obstacles qui s'opposent à la constitution du ministère auront certainement disparu dans huit jours, et notre prochain bulletin contiendra des nouvelles positives à cet égard.

Divers journaux de la coalition, qui avaient attribué à M. de Saint-Priest, directeur de la Revue du XIXe siècle, des manœuvres électorales dans son arrondissement, en faveur de M. de Salvandy, se sont trouvés forcés de se rétracter enifnsérant des démentis formels et des réponses énergiques. Dans une de ces réponses, M. de Saint-Priest expliquait ainsi les motifs qui l'ont déterminé à appuyer la candidature du ministre : « Ce ne sont ni mes relations personnelles avec M. de Sal-

vandy ni sa position de ministre qui m ont détermine en sa la-Iveur, mais la conviction que seul il pouvait réunir les voix des divers concurrents de M. Joseph Perrier, que je tenais à faire repousser par les motifsque voici: d'abord parce que M.Perrier, étranger à la localité, ne lui a jamais rendu un service réel depuis six ans qu'il la représente; ensuite parce que ses intérêts sont en opposition directe avec ceux de l'arrondissement d'Epernay. En effet, actionnaire principal des mines d'Anzin, qui ont fait sa fortune, il maintient de tous ses efforts l'élévation des droits d'entrée sur les produits belges, et par conséquent en-

trave l'exportation de nos vins. Enfin, M. Perrier est engagé pour 1 plusieurs millions dans la fabrication du sucre de betterave, qui tend à anéantir totalement la prospérité coloniale, et paralyse, pour les vins de Champagne et pour les produits de nos manufactures, un de leurs débouchés les plus assurés et les plus avantageux, en même temps qu'il porte l'atteinte la plus grave aux véritables intérêts du pays.

M. Joseph Perrier, par l'indifférence des électeurs absents, a été élu, après deux tours de scrutin, à quelques voix de majorité.

ta » m

Désastre de la IlartlDlque.

Fofft-Koyal, le fi Janvier 1859.

Monsieur,

Maintenant que, cevenu de ma stupeur profonde, j'ai tout parcouru, tout visité, tout entendu, je vais vous raconter de mon mieux ce terrible désastre auprès duquel incendies, tonnerre, inondations, ouragans, tous ces fléaux dont le souvenir nous faisait frémir, ne sont que des escarmouches, tandis que cette fois la nature nous a livré bataille réglée, armée de toute sa puissance destructive.

La nuit du 10 au il janvier a pourtant été belle et sereine, la température était douce et égale, l'atmosphère n'éprouvait ni calme plat ni raffales, enfin pas le plus léger indice de ce qui était si près d'éclate avec tant de furie. La ville dormait donc tranquille, le genou de la mort sur sa poitrine.

Tout à coup, à six heures deux minutes, saisie d'une affreuse con-

vulsion, elle se réveille en sursaut, mais écrasée, mutilée, sanglante, ensevelie sous des monceaux de ruines!

Alors de la rade les marins, accourus précipitamment sur le pont de leurs navires qui sautaient comme s'ils avaient touché quelque écueil battu des flots, entendirent une effroyable détonation ; puis une retentissante clameur, qui était le cri simultané d'effroi, de doui leur, de désespoir de tous les épargnés, souleva tous les échos de 1'0-

céan, que trop accoutumés aux plaintes et aux gêmissemens de l'homme, mais qui n'en avaient jamais entendu un t arcit Aussitôt s'éleva une fumée épaisse exhalée de la chaux des débris, qui enveloppa le Fort-Royal pendant plus d'un quart-d'heure et le déroba aux yeux : on eût dit le drap mortuaire jeté sur ce grand cadavre.

Beaucoup d'orticiers de bord ont assuré avoir aperçu, presque au même instant, des jets de flambes qui perçaient les nuages de poudre ; d'autres ont vu des éclairs lugubres et entendu des coups de tonnerre sourds qui ont précédé cet ébranlement général. Les mêmes phénomènes ont été constatés par les habitans des mornes environnans. Selon eux, des langues de feu serpentaient sur la surface de'

la terre, d'espace en espace, en découpant des Testons capricieux. Les nombreuses fissures que le sol a conservées de toutes parts, les pavés et les carreaux, qui en plusieurs endroits ont été arrachés, broyés et même calcinés, attestent l'apparition de ce feu, messager sinistre de quelque volcan.

Les personnes plus matinales, qui avaient devancé le jour sur les promenades, ou celles qui, comme moi, habitaient heureusement le rez-de-chaussée d'une maison en bois, en un clin d'œil enjambé, ont été précipitées à terre, car l'équilibre était moins facile à garder que sur un navire secoué par un violent tangage. Nous sentimes alors la terre bondir sous nous avec rage et en tous sens ; il semblait que des millions de barils de poudre faisaient explosion dans ses entrailles et

cherchaient une issue au dehors. Une vapeur sulfureuse, lourde, compacte et suffocante achevait de nous étourdir. Tous les objets se déplaçaient à notre vue et produisaient l'effet qu'on remarque d'une balançoire vivement agitée. Les toits semblaient fondre l'un sur l'autre comme les chevaliers d'un tournoi ; les arbres, échevélant leurs branches avec un bruit d'ouragan, venaient balayer de leurs cimes la poussière du sol, et les cloches de la ville comme épouvantées, elles

aussi, sonnaient toutes seules le tocsin.

Et c'est à confondre l'imagination quand on songe que tout cela a duré moins d'une demi-minute; qu'en moins de temps qu'un enfant brise un miroir la ville était brisée; que chaque seconde du sablier de Dieu avait détruit un quart de siècle des œuvres de l'homme.

Ciel ! quand je sortis, quel horrible spectacle frappa mes regards éperdus 1. Presque toutes les maisons en maçonnerie jonchaient la terre de leurs débris : un grand nombre de maisons en bois avaient

été foudroyées par la pluie de pierres de leurs voisins. Le roseau avait été écrasé par le cliène.

Les décombres de toutes ces maisons fracassées formaient tantôt des voûtes miraculeuses, tantôt d'étroites prisons, sous lesquelles les victimes entassées se révélaient, les unes par quelques faibles sons, les autres par quelques fragmens de membres qui permettaient aux survivans, encore tout effarés, de les rendre à la lumière. Mais hé-

FEUILLETON.

–«e*–

PRESTO.

1.

Dans les premiers jours de février 1785, un jeune soldat voyageait philosophiquement sur la route de Flandres, à pied, une houssine à la main et le sac sur le dos, recevant la pluie et la neige avec une héroïque insouciance, et se promettant dans l'avenir une ample moisson de grades et de lauriers. Etienne, c'était le nom du voyagenr, était fort léger de bagage et d'argent. Fils d'un estimable notaire de Formoutier en Brie, il avait voulu embrasser la profession des armes, et sa vocation s'était prononcée à tel point que l'honnête tabellion avait dû renoncer à garder ce turbulent sujet dans son étude. A trois re-

prises différentes, Etienne s'était engagé, et trois rois le pere trop complaisant avait racheté l'engagement de son fils.

Lorsque, pour la quatrième fois, Etienne se décida à s'enrôler, le père n'y apporta plus d'obstacles. Seulement, il voulut que le jeune guerrier comprit bien enfin ce que c'élaitque cette carrière dont il se faisait une idée si attrayante, et il le laissa aller sans lui garnir la giberne. Autrement dit, Etienne se mit en route presque sans un sou vaillant.

Ce qui ne Vempèchait pas, comme nous l'avons dit en commençant, de voyager très galment, jetant aux vents ses projets et ses chansons, intrépide et confiant comme on l'est à cet àge (Etienne alors avait dix-huit ans), et décidé à avoir raison de la fortune, dans le cas peu probable où celle-ci se montrerait tracassière et revêche à l'accomplissement de ses plans de jeune homme. Telle était la disposition de

notre héros tandis qu'il cheminait sur la route de Flandres, pour se rendre à Cambrai, où se trouvait son régiment.

Les premières étapes eurent bientôt épuisé les ressources du pau vre Etienne. Il marchait cependant avec courage, et chantait à pleins poumons cette vilanelle militaire qu'il avait entendu fredonner vingt quatre heures auparavant par l'officier recruteur, sur l'air des Folies d'Espagne :

- - Dis-moi, mon ami, dis-moi Si ton est heureux étant dans les troupes; Dis-moi, mon ami, dis-moi Si l'on est heureux au service du roi.

En campagne comme en route, Le soldat mange la soupe, Le soldat VU content, etc.

Si content que pùt être Etienne, il n'en ressentit pas moins un vé1 hément appétit lorsqu'il entra dans la ville de Noyon, et toutes les facultés de son intelligence se tournèrent vers les moyens de satisfaire cet appétit de recrue qui menaçait de tout dévorer.

Une des principales auberges de Noyon était alors l'auberge du Lion-Couronné, renommée pour ses célèbres fritures et ses incomparables gibelottes. L'enseigne du Lion-Couronné se balançait majestueusement au dessus de la porte d'entrée, ployant et criant par mo- mens sous les rafales du nord comme la girouette d'un clocher. Le bruit que faisait cette plaque de fer-blanc attira l'attention d'Etienne.

Le jeune soldat leva la tète, interrompit sa chanson, souffla dans sés doigts, et sans interroger sa bourse, entra militairement dans l'auberge du Lion-Couronné.

–Un bon feu! tel fut le premier motldu voyageur. Son second souhait fut pour un bon souper. On alluma l'un, on prépara l'autre, et Etienne prit place à table entre une énorme gibelotte et un fagot

de bourrées.

Lorsqu'il ne resta plus du fagot que les cendres, et du plat de gibelotte que les os, Etienne respira. La réflexion lui vint, ses souvenirs se lièrent, et seulement alors il conçut des doutes sur la possibilité de sortir de cette auberge comme il y était entre.

Au moment où il allait s'assurer de la situation de ses finances, l'hôte vint s'asseoir vis-à-vis de lui, et engagea une conversation que force lui fut de soutenir.

–Que vous faut-il maintenant? lui demanda l'hôte d'un ton provocateur. Nous avons un joli poulcten fricassée, et des grillades de porc qui feraient revenir un défunt. Notre vin n'est pas mauvais, hein !

pour du vin de pays. Si vous faites bien, vous prendrez le poulet.

Marguerite, sers le poulet à monsieur ! Il n'y avait pas moyen de reculer.

Etienne mangea le poulet avec une sorte d'inquiétude ; mais l'assurance lui revint aux grillades de porc ; et lorsque le dessert parut, il lui fit honneur sans arrière-pensée, comme un homme content du présent et plein de foi dans l'avenir.

Le souper fini, Etienne alla se coucher.

Toute cette nuit, il dormit immodérément, quoique son 1It fût placé au dessus d'une écurie, et que le piétinement continuel des chevaux fût bien fait pour le réveiller. Le sommeil du jeune soldat tint bon contre le tapage nocturne ; et l'hôte, le lendemain, hit obligé d'aller

frapper à sa chambre pour le faire déjeuner.

C'élait un terrible homme que cet hôte ! Il s'appelait M. Briquet.

Toutes les prévenances, toutes les attentions, il les avait pour Etienne, dont la figure et la bonne humeur l'avaient charmé dès le premier abord. Quant à sa femme, Mme Marguerite, c'était une femme de tète, et dont la confiance ne s'obtenait pas si aisément. Mme Marguerite fondait peu d'espoir sur la solvabilité de notre recrue; et le matin de ce jour, en se levant, elle dit à son mari : J'espère bien, notre homme, que tu ne vas pas nourrir ton soldat, comme hier, sans savoir s'il peut nous payer.

Si fait, au contraire, répondit l'homme, et je n'ai pas d'inquiétude. Ça m'a l'air d'un brave garçon, incapable de nous faire du tort, et je men voudrais de le suspecter. traMpMVW d'ailleurs corne ses

habits sont neufs? C'est quelqu un de famille et qui paiera bien. Je m'en vais lui demander ce qu'il veut pour déjeuner.

L'hôtelier sortit à ces mots, laissant sa femme à ses appréhensions.

La journée se passa très bien pour Etienne, qui vécut de son mieux et répara victorieusement les fatigues de la veille.

A dîner, Mme Marguerite se montra soucieuse et raconta avec humeur une aventure qui était arrivée quelques jours auparavant dans l'auberge. Un voyageur était parti sans payer sa dépense et avait emporté deux couverts d'argent.

- Eh bien, ma femme, à quoi bon ton anecdote? dit brusquement le mari. Ne voilà-t-il pas une grande perte pour en parler huit jours !

Assez causé ; et que ton voleur aille se faire pendre.

Etienne, le soir, ne fut pas tranquille. Il refusa de souper et monta

de bonne heure dans sa chambre. Mais le sommeil ne vint pas comme l'autre nuit, et le jeune soldat, inquiet, put compter chaque coup de pied de cheval qui retentit dans l'écurie. Quand le jour parut, son hôte n'eut pas besoin de le réveiller.

Déjà debout, notre jeune garçon ! Quel diable vous tire hors du lit par les pieds? N'avez-vous donc pas dormi votre comptant?

Non, répondit Etienne avec quelque embarras. Les bêtes de votre écurie ont fait un tel bruit.

Bah ! bah ! Il ne faut pas vous plaindre de Presto : c'est un honnête cheval qui se tient bien tranquille, et dont je n'ai jamais eu qu'à me louer. D'ailleurs, la nuit dernière, il vous a laissé dormir. Savezvous ce qui vous a fait mal? C'est.

Quoi donc? demanda Etienne, Eh! pardieu! c'est de n'avoir pas soupé. Mais en revanche, aujourd'hui, vous déjeunerez bien.

Je ne me sens aucun appétit.

Si vous n'en avez pas, je vous en donnerai.

Comment cela ?

Un temps de galop sur la route, monté sur Presto. C'est le moyen de vous réconcilier ensemble. Suivez-moi, vous allez voir.

Etienne n'avait pas besoin de l'exercice du cheval pour avoir une faim dévorante. Il fallut cependant qu'il enfourchât Presto, à la prière de son hôte qui lui tint l'étrier.

Malheureusement notre fantassin ne s'était senti jusqu'à présent

aucune vocation pour l'hippiatrique. Il se tint si gauchement en selle que l'hôte fut obligé de le remettre à pied, en riant aux éclats. EUenne respira. Une Idée triomphante venait de lui traverser l'esprit.

-Indiquez-moi donc le bureau de poste!

Il y avait' une profonde politique dans cette exclamation. Etienne était tout entier à une seule idée qui l'obsédait depuis hier; il ne voyait qu'une chose, sa bourse vide, et il songeait, il faut le dire, il songeait aux moyens de s'échapper de cette hôtellerie dont le maître 1 lui avait fait un si gracieux accueil.

Ma mère, continua-t-il, a l'habitude d'écrire, au renouvellement de chaque année, à l'on de mes oncles qui demeure auprès de cette