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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-03-05

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 05 mars 1839

Description : 1839/03/05 (N115).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366501k

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 4 Mars.

L'horrible ilésastre de la Martinique continue île rallier ile diverses et nombreuses sympathiea à la cause (Is colonies.

Oit s'étonne que le ministère laisse dans une telle incertitude ces possessions si désolées, que ces grands intérêts tiennent bi peu de place dans ses préoccupations; de toutes parts on s'inquiète, on se plaint, et pendant que de imples particuliers s'associent pour venir par des souscriptions au recours de nos frères infortunés d outre-tner, les villes de commerce et les ports de mer continuent de poursuivre le gouvernement de légitimes et énergiques réclamations.

« La détresse des colonies, dit la Chambre de commerce de llayonlle, s accroît, d'une manière rapide; tous les avis qui en arrivent s'accordent à la représenter partout comme arrivée à son dernier périoile; et toutefois nous ne pouvons pas connaître encore l'effet redoutable qu'aura produit dans ces colonies la nouvelle de l'ajournement, si ce n'est de la destruction de toutes les espérances conçues. Au milieu des craintes sérieuses qu'inspirent au commerce de la métropole les nouvelles reçues, et des craintes bien plus grandes avec lesquelles il attend les nouvelles à recevoir, toutes ses opérations sont incertaines ou suspendues. Les armements

pour les colonies et pour la pèche sont devenus pour ainsi ilire impossibles. On a beaucoup attendu, M. le ministre, parce qu'on espérait; on ne peut plus attendre lorsqu'on ne sait pas si l'on peut espérer. »

« Si les événements graves qui agitent le pays, écrit de 1 son côté la Chambre de commerce de Nantes, permettent que vous restiez ministre à l'ouverture des Chambres, nous croyons à votre parole : vous proposerez un projet de loi sur les sucres, et nous ne pensons pas qu'un doute soit possible sur le succès de son adoption ; mais alors un long temps se sera écoulé, des discussions d'une autre nature viendront occuper les instants de la Chambre et dévorer le temps. Les jours marcheront, amenant rapidement la lin de la session.

> Cette loi que le commerce attend sur le bord d'un abbne pouria t-elle rerevoir lu sanction des deux Chambres, pourrat-elle même être discutée ?

» Dans peu de temps, M. le ministre, la récolte de nos colonies, transportée duns nos navires, va arriver dans nos ports : TOUS ne l'ignorez pas. La vente de cette récolte, qui est la fortune des colons et celle du commerce maritime, va donner un résultat ruineux; la dette des colonies va

s'augmenter d'un chiffre énorme: que feront tous ces navires de retour au port ?

» S'armeront-ils pour tenter de nouveau les mêmes voyages en face d'une perte certaine?

» Nous sommes à l'époque des armements de pêche de Terre-Neuve ; dans l'état actuel des colonies, les armateurs oseront-ils armer leurs navires pour expédier les produits de leur pêche avec la certitude de ne pas les vendre, ou de n'être pas payés?

- Nous ne pouvons nous empêcher de le craindre, une grande partie de nos marins désœuvrés viendra se joindre au nombre de nos ouvriers que le manque d'occupation dans nos ateliers jette dans la misère.

» Déjà un fait bien triste se passe sous nos yeux : les chantiers de Nantes, jusqu'à l'embouchure de la Loire, n'ont pas un seul navire en construction pour le Commerce de nos colonies; fait qui ne s'est pas vu depuis vingt ans. Vous n'ignorez pas combien le manque de constructions laisse d'autres industries dans l'inaction.

» Cet état de choses, M. le (ministre, compromet nonseulement la fortune, mais jusqu'à la tranquillité de tous les départements maritimes ; il enlève au gouvernement toutes les sympathies du commerce ; sympathies si précieuses dans des temps difticiles!

» 11 ne faut pas se dissimuler, M.le ministre, qu'un état de choses dont la durée accomplit la ruine évidente du commerce maritime de la France, fera peser une grande responsabilité sur ceux qui, tenant dans leurs mains le secours, auront laissé périr les intérêts qu'il était de leur devoir de protéger.

- V OUS entendrez, M. le ministre, une dernière plainte, vous solliciterez du roi une ordonnance de dégrèvement; cette mesure urgente et légale adoucira bien des maux.

* L'état de notre commerce maritime arrêté au Mexique, arrêté au Paraguay, sans traité et nul avec le Brésil, ari cté par l'ordonnance sur les céréales, vous en fait un devoir.

» Pour nous, M. le ministre, effrayés des désastres d'un avenir prochain, nous venons, faisant un dernier effort auprès de vous, remplir la charge que nous avons acceptée, de détendre de tous nos moyens les intérêts commerciaux.

Après avoir rempli ce devoir, et nos concitoyens le sauront, nous déclinons formellement la responsabilité du non succès de nos démarches.

» Dans d'aussi grands intérêts, et lorsque la voix seule de la justice devrait être entendue, nous ne pouvons penser

que le ministère veuille attendre que les élections lui aient permis de reconnaître si le cabinet actuel sera conservé. Le mal est profond, l'urgence du remède est démontrée, et l'honneur du ministère lui fera connaître qu'aucune préoccupation politique ne doit déterminer l'ajoumement de ce remède..

lie tribunal de commerce, les principaux négociants et armateurs de Cherbourg, las de ne pouvoir rien obtenir des ministres, viennent d'adresser au roi la pétition suivante : « Sire, le tribunal et la chambre de commerce de Cherbourg, les négociants, les armateurs, tous les commerçants

de cette ville, viennent supplier Votre Majesté de ne pas permettre la ruine entière du commerce maritime et des colonies; nous ne nous adresserons plus à vos ministres; c'est à vous, Sire, à votre cœur paternel que nous avons recours ; plongés dans la douleur par l'horrible événement qui vient de bouleverser la Martinique, nous venons jeter un dernier cri de détresse, et c'est à Votre Majesté, à elle seule, que nous voulons le faire entendre ; nos affections, nos intérêts sont frappés cruellement par le tremblement du 11 janvier : ce malheur met le comble à 1 iiifortune de nos compatriotes, et doit accélérer encore une ruine que nous avons trop longtemps signalée ; mais il nous reste un espoir, et cet es- poir repose en vous, Sire : comme roi et comme père, nous supplions Votre Majesté de nous entendre encore une fois.

Le nivellement progressif des droits de douane sur les sucres de canne et sur ceux de betterave est une mesure dont votre esprit éclairé a reconnu la justice ; le conseil suCrieur du commerce a déclaré qu'il y avait lieu à dégrever fae de canne progressivement jusqu'au nivellement; la majorité de ce conseil a reconnu que votre gouvernement, vu l'urgence, pouvait opérer le dégrèvement par ordonnance; les ministres de Votre Majesté ont malheureusement repouss é ce moyen prompt et efficace; ils ont seulement prépaié un projet de toi portant déarèvement de 15 francs par 100 kilogrammes, et en ont indiqué les prévisions dans le futur budget. Les Chambres ne devant être réunies que le 26 - mars, à quelle é poque, Sire, cette loi réparatrice pourra-

t elle être presentee et discutee !. Et d ici là, que deviendra le commerce maritime, cette pépinière si féconde ? que deviendra-t-il, livré aux angoisses et à l'incertitude? Et nos malheureuses colonies, et la Martinique!!! Ah! Sire, nous vous l'avons dit : en vous repose notre dernière espérance ; entendez notre dernier cri de détresse ; donnez-nous ceU.

ordonnance de dégrèvement si longtemps sollicitée; que le

iFcuillctoiu

ENCORE UNE ÉTOILE QUI FILE.

C'était l'an des jours de la semaine qui vient de finir. Le ciel était bleu, l'air sec et fioid. Le soleil souriait aux flots des promeneurs pressés sous ses rayons obliques. Un convoi traversa rapidement le boulevard, arrêtant sur le bord du trottoir la Foule impatiente et serrée. Mais bientôt le mouvement recommença ; le fleuve humain reprit son cours lent et régulier et le murmure de ses mille voix coufuses. Quelques ami* suivaient le char funèbre, tristes, niais peu nombreux : celle qu'il emportait avait passé si vite et si doucement ! sa mort ressemblait à sa vie. La chute de sa bière dans sa tombe dut réveiller la pauvre défunte : c'était le plus grand bruit qu'elle < ût jamait, fait ! Et pain, le prêtre acheva sa prière, et le fossoyeur fit le reste 1 Les ami. s'éloignèrent, l'éternel silence commença, interrompu à peine par les aimemeatl de la bise entre les arbres verts dont le soleil couchant dorait la cime. La nuit vint: le brouillard suintait goutte à goutte des branches humides sur le sol fraîchement remué. Un frisson glacial pénétrait jusqu'à taon Ame. Je ne pleurais pas, et pourtant je ne sais quelle force invisible me Ieaait agenouillé sur ce coin de terre désolée, lorsque la voix du gardien .ertit qu'il était temps de m'éloigner.

Ohl c'est que je venais d'assister au dénomment d'un de ces drames qui fie ptuent dans le coeur, d'une de ces longues agonies pour lesquelles le monde est aana pitié, parce qu'ellcs n'ont ni lormeR, ni crw déchirants i Je tenais de voir s'éteindre, sous un mal dont j'avais seul le secret, une vie de lainte commencée par le dévouement et achevée par le martyre. Je l'avais '"ivie constamment dans son conrs si borné, si paisible en apparence et si profondément remué. Je m'étais identifié avec toutes les impressions de cette nature d'ange, et je m'étai. accoutumé à l'aimer comme on aime l'arbriueilu tyii a grandi tous nos yeux, l'écho dont on a le premier recueilli les sons.

Quand elle ouvrit les yeux à la lumière, il y avait autour de son berceau trois personnes qui s'entre-regardaient en pleurant : un homme en cheveux blancs, tuteur dtbile que sa raùon vacillante ramenait vers une autre en-

Cauce ; une pauvre et simple femme dont la prière était toute la science, mon donnée p:.r la pitié à celle que la nature et la douleur venaient de l'aire orpheline ; et moi, vieillard de quinze ans, qui prenais tout bas sur un lierccati l'engagement «le remplacer le père qui n'était plus.

S.. naissance avait coûte la vie à lt8 mère, et son père, mort dans le dernier et le plus sublime effort de nos armes contre la coalition étrangère, n'avait laissé pour héritage à son enfanl, qui n'était pas encore né, qu'un nom glurieux dans nos fastes mililairell. Son oncle, vieillard octogénaire, ne pouvait lui oll'rir qu'un abri contre le besoin, et après lui, une fortune à peine suffisante. Et elle allait tomber seule au milieu d'un monde qu'elle ne connaissait pas, sans autre soutien que moi, sun parent, son ami, à la vérité; mais distrait déjà par d'autres affections et par les mille préoccupations de la vie.

Ces tristes réflexions, nous les faisions tous deux avec un égal sentiment d'ef1.,C setitillit.-nt d,t! rfroi, lorsque la mort clll lion vieillard vint nous en faire mieux sentir 10llte la justesse désespérante, Mille n'avait pas encore l'âge nécessaire pour entrer en possession de la modeste succession de son oncle. Je réclamai et j'obtills la tutelle de nu jeune pirente; mais je ne restai pas longtemps IIOII!> la responsabilité de cette difficile et saillie millsion. Un compagnon d'aruies de M. de Livry, riche d'un patrimoine considérable, de vertus éprouvées et de nombreuses blessures, revendiqua à son tour le privilège de veiller sur la fille de son ami en lui donnant son nom. Elise l'aimait pour l'affection qu'il lui témoignait, pour sa franchise et sa bravoure, et surtout pour l'amitié qui l'avait uni à son père. Elle se plaisait à lui faite répéter le récit toujours nouveau des batailles où ils avaient couru les mêmes dangers, de leurs fatigue*, de leurs exploits Et le brave homme rpoudait volontiers à cet appel, qui le trouvait toujours prêt et dispos pour la parole, comme autrefois pour le

combat. L'orateur éperon né portait la parole, comme Pépée, haute et ferme; il allait dtnffon récit comme à la prise d'une redoute; attaquant de front et Happant fort, à droite, à g niche, d'estoc et de taille, et toujours en avant, ̃u risque de- se trouver seul. Mais ce malheur n'arrivait jamais; Elise ne le quittait pas un instant, nUllehallt, faible enfant, haletante et oublieuse d'elle-même, au milieu des camps, à travers les ennemis, les friuias et les feux meurtrier*. sur les pas du vieux guerrier, rajeuni par ses souvenirs et devenu éloquent à force de patriotiMnt ! Ces innocentes victoires du coin du feu ravissaient Elise en extaxe, si bien qu'un jour f je m'en souviendrai toute ina vie), en la voyant le vidage animé, le cou tendu, la poitrine gonflée et les yeux ardemment fixés sur lui, le général s'arrêta tout à coup an milien d'une charge brillante, et tomba dans une rêverie l'roroncl. Les prières d'Armide ne purent arracher cet autre Renaud à son iudigue repos. Nous perdîmes ce sulr-là deux ou trois batailles rangées et une vingtaine d'escarmouches.

Le lendemain an matin, le général entra cher moi en grand nnifufmr, l'épée an cùté, frisé, luisant, brillant, guindé, ni plus ni moins qu'un jour de parade on de grande bataitte. Je cius un instant, a son air grave, que cet appa-cil guerrier aunuprait au uioiua quelque allairc d'honneur.

Sans être naïf, dans le sens désobligeant attribué généralement à ce mot, le généra! possédait cette première fleur de bonne foi qui caractérise les Itoiumes qui ont vieilli loin «lu monde, et particulièrement les militaires, l'm.r lui 1. iiKit-i Il'a'' lient ¡a'ila s deux faces. Ce* personnes-là sonlle.. plus accessibles à la flatterie. C'cst une fausse monnaie dont leur inexpérience ne leur permet pus de reconnaître l'illégalité. Parmi les innocentes séductious qui m'avaient valu la bienveillance du général, celle dont je faisais le plus fréquemment usage et qui me réussissait toujours, consistait à donner à ma conversation une certaine allure cavalière où il semblait se retrouver toujours avec un nouveau - Cm-tileu, g.-néral, lui dis-je en l'examinant avec surprise, le bruit de vose perons dans ma solitude m'a fait tressaillir.

11 me semble que vos habits sentent la poudre à canon.

Que voulez voust répondit-il avec une visible lialisfaclion. C'était de

mon temps le parfum à la mode, et j'en ai fait, pour ma part, une assez belle consommation.

Si c'est une place au coin de mon feu que vous venez conquérir, poursuivisse en lui olIVant une chaise, approchez, général, je me rends à discrétion. Si c'est une part dans mon. amitié, aiolltai-jc en lui tendant la tuaiu, , il y a longtemps qu'elle vous est acquisc..

I.t, général s'assit sans répondre. Il paraissait embarrassé comme s'il eftt chetcliéà giand'peine le commencement d'une harangue oubliée dans un coin de son cerveau. Je pressentais quelques-uns de ces débordements journaliers oit sa faconde militaire s'épanchait daos une série de phrases de bulletin et d'images empruntées aux souvenirs de Iii vie et des habitudes qu'il regrettait. Ne pouvant éviter le choc, je le provoquai bravement pour en Cuir plus vite.

a Pardon, générai, lui dis-je, pour le mettre sur la voie, vous n'avez pas encore satisfait mon impatiente curinsité excitée par cet extérieur martial.

et, je vous l'avoue, par votre air cxuaordinaircmcnl soucieux.. Sérieusement, à qui en avez-vous r Car enfin.

A vous d'abord, monsieur lu questionneur, et ensuite. à votre pupille, si vous le permettez.

Et l'objet de cette double ponreuttPo r Eh 1 parhleu l de demander la main d'Elise.

- Le prétendant t a Le général sourit malicieusement. Puis, rapprochant sa chaise de la mienne, il me dit en baissant la voix et clignant de ¡'œil avec cet air de fatuité particulier aux séducteurs de l'empire: - Nous autres geus d'épée, nous avons vu bien des ennemis, et fait la guerre de plus d'une man èie. Pendant la paix, cet liabit militaire et nos récits merveilleux nous ont ouvert plus d'une forteresse réputée imprenable. L'odeur de la poudre dont vous tout à l"benne délecte et enivre quelquefois même les odorats féminins, Tcuioiii votre charmante pupille, qui semble prendre de jour en jour un plus vif intérêt au récit de mes succès; et je me tromperais Tort s'il ne lui plairait pas encore davantage, l'historien étant son mari. Je l'observais depuis longtemps dans ses marches et contrc-nta clies, lorsque hier elle a enfin déposéjes ar-