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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-02-05

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 05 février 1839

Description : 1839/02/05 (N111).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63664974

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 4 Février.

Depuis la publication de notre dernier bulletin, un événement grave a eu lieu. La Chambre est dissoute par une ordonnance royale insérée au Moniteur du 2 février, et les colléges électoraux sont convoqués pour le 2 mars. Ainsi, les agitations qui troublaient la Chambre vont passer dans le pays. S'il faut en juger par le langage des journaux de l'opposition , la lutte sera violente. Des comités électoraux sont organisés, des manifestes se préparent; on dirait presque de la France en 1829. Le Moniteur a annoncé que le roi n'ayant pas accepté la démission des ministres, ceux-ci viennent de reprendre leurs portctcuilles. On dit cependant que la retraite de quelques-uns des membres du cabinet est décidée, et l'on cite particulièrement le ministre de la guerre qui serait remplacé par le maréchal Valée, et le ministre de la marine , auquel succéderait l'amiral tiaudin ou l'amiral de Mackau.

Les dernières séances de la Chambre ont été signalées par une discussion sur le budget des colonies, discussion dans laquelle le ministre actuel de la marine a prouvé de nouveau combien la faiblesse et l'incapacité sont funestes dans un chef d'administration.

Un amendement de M. Lacrosse, adopté par la Chambre qui n'était même pas en nombre, et discuté, pour ainsi dire, à huis-clos, a soumis toutes les allocations votées par les conseils coloniaux au contrôle de la Cour des comptes. MM. les délégués, avertis par les journaux seulement, ont inutilement essayé de donner des explications à la commission. On a refusé de les entendre, sous prétexte que les travaux touchaient à leur terme, tant on avait hâte d'étouffer la discussion dans l'urne du scrutin.

Quoi qu'il en soit du reste, la cause des colonies n'est point compromise, malgré la haine des uns, l'incapacité des autres, et les entraves de toute nature (Inon accumule pour étouffer leur défense. Le triomphe n'est glorieux qu'en raison des périls qu'on a surmontés pourl'obtenir «ét^ce triomphe est assuré par le retour

de 1 opinion publique en'raveur des colonies. Qu'elles opposent donc la fermeté et la patience aux préjugés aveugles, que les entraves nouvelles y suscitent des mesures nouvelles aussi, mais promptes et énergiques, et l'avenir pour elle ne sera plus incertain.

Quant à nous, fidèles à la voix de notre conscience comme à nos engaçemens, l'appui de notre concours ne fera pas défaut à la cause coloniale. Le dernier numéro de la Revue en fournit la preuve. On chercherait vainement ailleurs une défense aussi laborieusement approfondie sur la question des sucres. C'est en se livrant sans réserve à des recherches de cette nature et à des travaux consciencieux sur la matière que l'on produira sur l'opinion un effet certain. Toutes les déclamations et toutes les allégations restent sans vigueur en présence des chiffres, et une cause est gagnée quand elle peut établir sa défense sur une exacte démonstration des faits.

Ces articles et d'autres que nous avons déjà combinés, seront réunis en diverses brochures que nous nous proposons de publier dans le but spécial d'éclairer l'opinion des deux Chambres. Nous sommes intimement convaincus que celle des députés reviendra avec des sentimens plus conservateurs et par conséquent plus favorables à la cause coloniale, qui ainsi aura gagné à la dissolution.

Cela compensera très avantageusement peut-être le retard fâcheux que doit éprouver le vote de la loi sur les sucres (lui sera présentée dans le courant d'avril, les Chambres, d'après l'ordonnance de dissolution, étant convoquées pour le 26 mars. Il n'y aura eu en définitive qu'un retard de quelques semaines, et l'on pourra encore avoir la loi en mai ou juin. Il est même permis d'espérer qu'une mesure provisoire pourra être adoptée d'urgence au commencement de ls session, sinon par ordonnance.

Les circonstances présentes rendent un éclatant témoignage à l'opportunité du plan de défense que nous présentions aux Antilles en aoùt et septembre, en même temps qu'elles confirment toutes nos prévisions. On doit vivement regretter aujourd'hui que ce

plan si bien apprécié et si favorablement accueilli dans les divers quartiers de la Guadeloupe, de la Martinique et de Marie-Galante, n'ait pas rencontré dans les colonies des hommes nécessaires à sa réalisation. Lorsqu'un pays se trouve dans une crise imminente, l'histoire nous démontre qu'il ne parvient à y échapper qu'en recourant à des moyens extraordinaires. Ceux que nous avions indiqués étaient d'accord avec la prudence, et n'exigeaient que des témoignages d'abnégation en faveur de la cause commune. Mais il fallait, pour les reunir, des hommes d'action et d'un patriotisme ardent (lui ne missent pas de limite à leur dévouement; il fallait que I egoïsme ou l'inertie ne vinssent pas faire obstacle à leurs efforts.

Nous désirons bien sincèrement que ceux dont le défaut de concours aurait paralysé l'élan donné aux populations pour l'exécution du plan (lue nous avions indiqué, et pour l'organisation des comités déjà commencée en août dans diverses communes, n'aient pas à regretter plus vivement qu'aujourd'hui d'avoir anéanti par avance une des e l ian une des chances qui pouvaient produire les résultats les plus favorables dans l'intérêt de leurs concitoyens. Certes, si les choses se fussent passées comme il convenait à cet intérêt, on ne serait pas exposé aux mécomptes que l'on éprouve si inopinément; mais c est trop souvent après l'événement que l'on apprécie la valeur des conseils donnés par l'expérience et un dévouement sincère.

COLONIES FRANÇAISES.

GUIANE FRANÇAISE.- Le gouverneur, M. le capitaine de vaisseau Ducamper, a ouvert la session extraordinaire du conseil colonial de la Guiane, par un discours dont nous extrayons les passages suivans: Le gouvernement a voulu consulter les conseils coloniaux, avant la rentrée des Chambres, sur plusieurs questions d'une haute portée relatives aux dispositions à adopter ou à préparer par suite du rapport fait à la Chambre des députés par M. de Rémusat au nom de la commission à laquelle avait été renvoyée la proposition de M. Passy, et avoir leur opinion sur l'ensemble de ce même rapport. Le ministre de la marine m'a, en conséquence, ordonné de vous convoquer extraordinairement; il était aussi de mon devoir, tout en regrettant de vous détourner des travaux que les récoltes exigent en ce moment, de ne pas retarder l'exécution d'ordres aussi précis.

» Il m'ést, en outre, enjoint de soumettre à vos délibérations des propositions tendant à modifier l'ordonnance administrative des colonies ; le ministre a pensé que le moment était arrivé de régler définitivement cette matière qui déjà a fait le sujet de vos délibérations; les explicatians contenues dans la dépêche qui vous sera mise sous les yeux appelleront également toute votre attention sur cet important sujet.

» L'administration n'aura à vous occuper d'aucun autre suiet elle a trop à cœur de vous voir rendus aux travaux pressans (lue commande la saison.

» Je ne m appesantirai pas, Messieurs, sur les considérations que fait naître en foule la situation actuelle des colonies. Elle est grave sans doute, et appelle de votre part un courage qui ne se démentira pas plus que le dévouement sincère que je porte aux intérêts de la Gmane dont l'administration m'est confiée. A côté de ces mêmes intérêts viennent se ranger ceux du commerce, de la navigation, de la population maritime et même de bien des industries françaises ; ils sont de jour en jour mieux connus. Tout doit vous porte.. à croire que la prochaine session des Chambres fera cesser la crise existante par suite de l'abaissement du prix de la principale denrée qu'exportent les colonies: la question des sucres preoccnpe en effet aujourd'hui toute la France : le moment est venu de mettre un terme à tant d'incertitude et de les résoudre.

» Identifié avec votre position, Messieurs, je partage les impressions que je sens que les circonstances doivent vous faire éprouver

Mais nous devons avoir confiance dans le gouvernement du roi, et espérer que les incessans efforts du ministre de la marine et des colonies obtiendront justice pour une cause à laquelle se lient si étroitement tant d'intérêts métropolitains. »

Le conseil colonial a voté en reponse l'adresse suivante : « Monsieur le Gouverneur, de sinistres pressentimens nous avaient déjà signalé la nécessité de la session extraordinaire que vous venez d'ouvrir.

» La proposition, fameuse par le retentissement qu'elle a eue t par le sentiment d'intérêts privés qui l'avait dictée et par le prétexte dont elle se couvre, était connue de nous ; et nous savions qu un rapport, où le talent prête le secours de la séduction à des theones lostiles, avait ouvert la voie où le gouvernement était appelé à s'engager avec confiance.

» Notre prévision s'est accomplie, Monsieur le Gouverneur. Le but que vous nous avez indiqué est bien celui que déjà nos yeux inquiets avaient aperçu.

» Dans d'aussi graves circonstances, nous vous avons entendu avec plaisir parler de votre dévouement aux intérêts de la colonie. Il nous a semblé qu'en telle situation, ce témoignage honorait tout a la lois celui dont il émane et le pays dont il est l'objet.

» Au milieu de vos inquiétudes et en vue du sombre horizon qui nous menace, le courage ne nous manquera pas dans l'examen du projet et des dispositions sur lesquelles le gouvernement veut nous consulter..

» Sans préoccupation aucune, nous apprécierons ces actes et notre loyauté saisira avec empressement, dans cette série de mesures proposées, tout ce qui peut concorder avec nos droits acquis » Hors de là ne sont que la déception, et l'intérêt d'une indus- trie rivale masque du nom de pliilantropic.

» Nous donnerons encore nos soins à l'étude du projet d'ordonnance administrative des colonies ; c'est pour nous un devoir de I examiner en conscience ; et ce devoir aussi nous saurons le remplir.

» Malgré la mauvaise foi de nos adversaires, malgré leurs injustes attaques contre une cause à laquelle se lient intimement tant d'intérêts métropolitains, y compris celui même du fisc; malgré les faits nombreux qui décèlent leur toute-puissance, nous nous plaçons sous l'égide de la Charte constitutionnelle, qu'aucun pouvoir ne peut violer contre nous.

» Forts de ces sentimens que nous devions, Monsieur le Gouverneur, vous manifester avec franchise, nous reprendrons nos travaux pour les intérêts du pays, dont la défense est notre premier, ou pour mieux dire, notre unique devoir. »

JAMAIQLE. Le Royal Gazette du 6 octobre contient ce qui suit : Nous avions espéré pouvoir, dans notre feuille de ce jour, féliciter nos concitoyens sur le retour de la population de nos travailleurs à des habitudes d'industrie. Mais si d'un côté, il serait injuste de nier quelque progrès , quelques dispositions évidentes, dans certaines localités, à reprendre le cours des anciennes occupations, de l'autre, il faut le reconnaître, et nous le disons à regret, les prétentions relatives au salaire sont tout à fait exagérées 1.

et le travail ne se fait pas d'une manière satisfaisante. Sur plusieurs habitations même, la récolte est entièrement perdue; et l'on doute que la culture puisse jamais y être reprise avec quelque chance de succès. L'avenir de la Jamaïque est des plus sombres.

On cherchebien à dissimuler l'état réel de la colonie; la presse sert même d'auxiliaire à ces singuliers optimistes ; mais nous, nous n obéissons qu à notre propre conscience ; et tant que nous rédigerons une feuille publique, aucune influence sur la terre ne nous fera dévier de la vérité.–Nous observerons donc que sur plusieurs points, dans le quartier de Hanovre, le travail a cessé entièrement; -qu'à Saint-Thomas de la Vallée, plusieurs habitations sont dans un état de ruine complète ; -qu'à Saint-Thomas de lmt. n» rAn

FEUILLETON.

AU CAVEAU MODERNE.

An mois de janvier 1813, le 20, un des salons particuliers du restaurateur Balaine, rue Montorgneil, se trouvaitdisposé avec une recherche toute particulière. Le maître de l'établissement, entouré de ses principaux garcons, n'avait voulu s'en rapporter qu'à lui-même du soin de diriger leurs apprêts, et il était encre là, debout, la serviette k la main, quand les premiers convives arrivèrent dans une petite pièce qui précédait. Ceux-ci saluèrent Balaine de quelques bonnes et familières paroles, et il leur répondit avec la vénération que tout restaurateur éprouve pour des personnes qui savent à la fois apprécier, encourager et payer son art. Puis il salua profondément et courut dans ses cuisines exercer sur son chef le contrôle qu'il venait de pratiquer sur ses garçons.

Très-bien, Baleinè, s'écria un des nouveau venus , quand il le vit s'éloigner ; voici le corps en état, songe à l'âme.

A l'ime? répéta un gros homme qui se chauffait les pieds.

Oui, la table est le corps, le dîner est l'âme, expliqua le premier qui avait parlé.

L'idée, pour être recherchée, n'est pas des plus ingénieuses répliqua le gros homme qui se nommait MartaiDville.

L'arrivée d'autres convives mit fin à cette boutade du journaliste

et l'on vit tour à tour entrer Cadet Gassicourt, Ducry-Duménil, Dupaty, Despréaux, Dernautorl, Ségur alné, Piis, Philippon de la Madeleine, Francis, Moreau, Chazet, Antignac, Mozin, Doche Eusèbe Salverte, les compositeurs Alexandre Piccini et Romagnesi, les chanteurs de Feydeau Baptiste et Chenard, d'Aigrefeuille, cette gloire des parasites, enfin le docteur Gall lui-méme. Lo dernier qui ouvrit la porte tenait à la main un gros NC d'argent, qu'il rernit à Balaine , et fut salué par des acclamations unanilnes.

- Voilà le président! s'écria-t-on, voilà notre président.

Et chacun s'empressa autour de lui; cliacun lui serra la main affectueusement.

Le présideht, comme on l'appelait, était un gros homme d'apparence mélancolique plutôt que joyeuse, Agé de quarante ans envîrSL et sur la physionomie duquel on lisait la bonfiommie la plus bien- veillante, Aprè. avoir répondu aux marques d'amité dont on l'accablait, il demanda le silence par un signe et fit avancer un jeune homme déjà chauve et dont les grands yeux s'abritaient sous lunette.

Mes chers confrères du Caveau moderne, dit Désaugiers. nermettez-moi de vous présenter un jeune ouvrier imprimeur de beaucoup de talent, Je vous avais demandé son admission dans notre dernière séance, et vous avez acaéde à ma demande ! Un jour il sera, ie iespèrc, notre gloire et notre orgueil. Du reste, vous connaissez déià ses Jolis couplets du Roi d' Yvetot, que je vous ai chantés le 20 du mois de ds-cembre, et M. Béraupr vous dira lui-même, ce soir, la Ronde dei Gueuz.

En ce moment, Balaine vint annoncer que Messieurs du Caveau

étaient servis et l'on passa dans la salle à manger , où l'on fit ample- ment et mirifiquement honneur au repas. Puis la faim apaisée, non pas d'une facon brutale, mais avec "ne sensualité délicate, les bou- chons du vin djn e Chrm^gne firent entendre leur joyeuse airquebusade, et le président donna le signal des couplets en chantant Tua de ses rchefs-d i.lr œuvre, Parts à cinq heures du matin.

Au président succéda le récipiendaire, qui parlatt peu et qui se tenrit dans nne réserve pleine de modestie et de grice. Il dit, avec timidité et d'une vois presque tremblante , la chanson des Gueuz et cette ravissante ballade des Bohémiens, l'un des chefs-d'œuvre de la poésie lyrique. Des applaudissemens unanimes lui répondirent, et il tallut qu d recommençât deux fois ses couplets. Après Béranger vint Chazet, après ChazettaBrazier, et plusieurs autres encore. L'intervalle qu i séparait chaque chanson se trouvait rempli par des conversation* piquantes, par des plaisanteries ifnes, et par le charmant dévergondage SSTJur1 de 1 imagination qu amène si bien le vin de Champagne quand il agit sur des urs loxaux et dans un lieu où préside la concorde.

Ou se parlait evec effusion, on riait, on mêlait sa voix à celle du chan- teur, on répétait les refrains et l'on dépensait par minute plus d'esprit qu'il n en aurait fallu pour défrayer six vaudevilles. Seul, le président -1 restait triste et préoccupé : en vain on lui décocbait de joyeuses plaisanteries, en vain on lui faisait la guerre sans réserve, il souriait, ripostait, et retombait bientôt dans sa première mélancolie. Ce qui paraissait la faire nattre, c'est la présence d'un domestique nègre qui se montrait de temps à autre sur le seuil de la salle pour remplir les fonctions, fort subalternes assurémeat, d'aider les garçons