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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1839-01-20

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 20 janvier 1839

Description : 1839/01/20 (N109).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63664959

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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1 Paris, 19 Janvier.

La discussion de l'adresse 3 encore occupé toutes les séances de la Cbambre, et se prolongera pendant une partie de la semaine prochaine.Ce qui sortira de cette tempête parlementaire, nous l'ignorons encore ; car la majorité passe du ministère à l'opposition, ou revient de l'opposition au ministère d'une séance à l'autre. Ce qui paraît pourtant évident pour tout le monde aujourd'hui, c'est que le cabinet du i5 avril ne survivra pas tel qu'il était constitué à la discussion de l'adresse. Chaque jour enfante les bruits les plus divers et les combinaisons les plus contradictoires. On affirme, tantôt que le ministère va consulter de nouveau le pays en dissolvant la Chambre; un autre jour que le président du conseil est chargé de reconstituer un nouveau cabinet; tantôt enfin que le - -. - ft" - - ! 1 ---

centre gauche est sur le pomt de revenir aux aiiaires. iiii milieu de ces versions contradictoires, il est (linieile de distinguer la vérité. Nous aurons probablement des nouvelles plus certaines à donner au prochain bulletin.

Au milieu de la préoccupation universelle qu'excitent les débats de la Chambre, la question des sucres, comme toutes les vastes questions industrielles qui doivent être examinées et résolues dans le cours de cette session , n'a fait aucun progrès. Nous avons à signaler seulement un très-remarquable mémoire publié par la par la commission des délégués des ports de mer, dont le Mie est au-dessus de tout éloge. L'abondance des matières nous empêche de le donner aujourd'hui.

Le prochain numéro de la lievtu contiendra la seconde partie du travail de notre collaborateur sur la question des sucres.

COLONIES.

Le gouverneur de la Guadeloupe , M. Jublin, a ouvert la session extraordinaire du Conseil colonial par le discours suivant : u Les communications que j'ai à vous raire, vous le reconnaÎtrez, Messieurs, tendent à faire passer dans la législation qui régit le sort des esclaves, certaines améliorations que l'humanité et la civilisation créoles, si calomniées, ont introduites depuis longtemps dans les mœurs et dans le régime des habitations. Il ne s'agit donc , en quelque sorte , que de légaliser ce qui existe de fait, et vous apprécierez, je n'en doute pas, l'opportunité des dispositions nouvelles pour lesquelles le gouvernement réclame votre concours.

» Dans mes dernières communications avec le Conseil colonial, je vous exprimais l'espérance de voir bientôt donner satisfaction aux réclamations que vous avez fait entendre au su jet de la législation sur les sucres. Cette espérance ne s'est pas encore réalisée ; mais elle ne sera pas toujours trompée. Ma conviction à cet égard se fonde sur la persévérance et les manifestations des intérêts métropolitains, enveloppés dans l'imminence de votre ruine; sur la justice et l'évidence de vos droits devenus de jour en jour plus populaires. »

En réponse au discours du gouverneur, le Conseil colonial a voté l'adresse qui suit : te Les événcmens parlementaires de la dernière session des Chambres législatives du royaume sont venus ajouter aux craintes

que l'avenir nous inspire; ils ont encore aggravé la situation déjà si pénible que des intérêts rivaux et d'injustes préventions ont faite aux colonies.

La proposition de M. Passy et le rapport de la commission dont M. de Rémusat a été l'organe, appellent nos plus sérieuses méditations. C'est de l'existence sociale des colonies qu'il s'agit aujourd Imi ; elles auront à examiner d'abord s'il est fondé le droit qu'on s'arroge de décider sans elles des questions qui les touchent seules, que seules peut-être elles sont habiles à résoudre.

» Les améliorations que les colons ont introduites de l'aveu même de leurs adversaires, dans le régime intérieur de leur pays, prouvent qu'ils ne sont pas ennemis des progrès. Le passé répond

de 1 avenir. Us ne repoussent aucun changement dont le but évident serait d'améliorer la société, d'augmenter le bien-être matériel, d'assurer le progrès moral des diverses classes de la population ; mais, pour apporter des modifications à ce (lui existe, il leur faudra toujours la conviction du bien qui doit en résulter : il ne su (lit pas sans doute que les adversaires des colonies com-

mandent, pour que celles-ci acceptent des innovations dont elles ne sauraient apercevoir les avantages. Le Conseil colonial apportera, dans l'examen des projets qui lui seront présentés, les sentimens d'équité, de prudence et de patriotisme dont il a toujours été animé.

» Le Conseil colonial voudrait partager l'espoir que vous conservez encore d'un changement dans la législation qui régit nos rapports commerciaux avec la métropole. Il eût été rationel, en ellet, d'assurer aux populations des colonies le bien-être matériel sans lequel l'œuvre de la civilisation ne s'aurait s'accomplir. Le Conseil colonial a dû tenter un dernier effort : il a porté au pied du trône les doléances du pays. Si la justice n'est pas un vain 1 mot, si le droit et l'équité sont encore de quelque poids dans les

décisions humaines, si les intérêts généraux, si la patrie elle-même ne doit pas toujours être sacrifiée à l'égoïsmc des partis, sans doute l'heure de la justice sonnera. Mais, monsieur le gouverneur, il arrive un moment où tout remède devient inefficace, et les malheureuses colonies n'aperçoivent rien qui puisse, dans un avenir prochain, calmer les craintes qu'elles éprouvent, ni diminuer les souffrances qu'elles endurent.

» Les colons de la Guadeloupe acceptent avec reconnaissance l'assurance que vos efforts ne manqueront jamais au soutien de leur cause. Organe de la métropole, revêtu de ses pouvoirs, la défense de la colonie vous a été confiée. La sauver de la ruine, conserver à la France un des élémens de sa prospérité et de sa puissance, c'est là, monsieur le gouverneur, une noble mission qu'agrandit , qu'ennoblit encore le danger dont les colonies sont menacées. »

La Martinique jouissait, au 24 novembre, de la plus grande tranquillité. Le bourg de la Rivière-Pilate avait été inondé, quel- ques jours auparavant, par la crue subite de deux rivières de la commune. L'eau a pénétré dans les maisons jusqu'à la hauteur de dix à douze pieds. On n'a eu à regretter cependant la mort d'aucune personne , grâce aux secours empressés de la brigade de gendarmerie et des habitans voisins.

M. l'abbé Castelli a fait un règlement d'instruction religieuse

pour toutes les paroisses de la colonie. Les curés et les vicaires se transporteront sur les habitations où ils auront préalablement demandé et obtenu l'agrément du maître. Ils s'entendront avec celui-ci pour fixer le jour et l'heure convenables. Deux personnes choisies dans l'atelier par le maître dirigeront et feront faire la prière, matin et soir, devant une chapelle ou une croix bien installée à cet ellet devant la maison du maître. On fera souvent et avec soin une instruction sur le sacrement du mariage pour les nouveaux libres et pour les esclaves. Cliaque curé de paroisse devra faire connaître à la lin de l'année, à la préfecture apostolique, le nombre des mariages des nouveaux libres et des esclaves.

- Par une lettre de la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) du 3o novembre dernier, reçue par le navire l'Inca, de Bordeaux, entré en relâche à Saint-Martin (île de Rhé), on apprend (lue les affaires dans cette colonie sont on ne peut plus tristes ; la fin de l'année s'annonçait très mal sous tous les rapports. Les nègres de trois habitans (sucrerie) an quartier des Trois-Rivières, viennent de se révolter; aucun détail à cet égard ne nous est encore parvenu. Les nègres de M. Bignon (frère du député de Nantes), au nombre de quatorze), ont aussi quitté son liabitation qu'il possède à une lieue d'ici. En vérité, tout concourt à notre ruine ; et s'il ne sur vient pas une amélioration prompte dans notre position, nous ne savons pas ce que nous deviendrons.

NOMINATIONS.

Par ordonnance du 24 décembre, M. Daney a été nommé conseiller auditeur à la Cour royale de la Guadeloupe, en remplacement de M. Transon. M. Jubeliit (ils, substitut du procureur du roi à Saint-Pierre (Martinique), a été nommé substitut du procureur du roi à la Basse-Terre, en remplacement de M. Daney M. de Viel-Castel, juge auditeur au Tribunal de Fort-Royal, a été nommé substitut du procureur du roi, en remplacement de M. Jubelin; et M. Hippolyte, avocat, a été nommé juge auditeur en remplacement de M. de Viel-Castel.

M. Pelisson, avoué à la Martinique, a été nommé greffier en chef de la Cour royale de la Guadeloupe, en remplacement de M. Coppy, décédé.

Par ordonnance du 26 décembre dernier, ont été nommés : commissaire de la marine de première classe, M. Dalmas; commissaire de deuxième classe, M. Prévost, clief de bureau des officiers civils au ministère de la marine ; sous-commissairc de deuxième classe, MM. Pauher, Julien Beltim, Fontaine. M. Breton est réintégré dans le gratte de commis principal.

ÉMANCIPATION DES ESCLAVES.

Pendant que l'émancipation des noirs déchaîne en France toutes les indignations vertueuses des clubs philantropiques, un journal de New-York nous apporte des documens que nous signalons aux missionnaires de la liberté. La première proposition, adoptée à une immense majorité par le congrès, a été celle-ci : « Les pouvoirs du gouvernement central ont des limites, et la constitution

FEUILLETON.

LEKAIN-VENDOME,

Il n'est pas de serpent ni de monstre odieux, Qui, par l'art embelli, ne puisse plaire aux yeux ROI LE AU, Art poétique.

1.

C'était fête a la Comédie-Française le 10 octobre 1763. On représiui ait la tragédie d'Adélaïde Ouguesclin, pièce aussi attachante qu'incorrecte, applaudie avec exagération a sa reprise, après être tomce indignement, à sa première apparition, sous un méchant ca lemhWI!":; du parterre L'acteur qui jouait le rôle de Vendôme, dans leuel il faisait sa rentrée, était le célèbre Lekain, ce comédien que Volire se flattait d'avoir donné au théâtre, bien qu'il l'en eût d'abord létourné par tous le< moyens imaginables, cet homme qui avait fait pleurer le roi Louis XV, de son propre aveu, la première fois de sa fie; cet artiste enfin qui était déjà une fortune pour la ComédieFrancaise, où il ne touchait encore cependant, suivant les registres, que là misérables moitié d'un quart et demi de part de sociétaire.

La cour et la ville s'étaient donné rendez-vous à cette double solennité dramatique. Les uns, selon l'usage, étaient venus pour le spectacle k la mode, et les autres pour les spectateurs, ou plutôt les spectatrices, et tous pour l'acteur favori chargé du principal rôle.

jolies femmes surtout, chose rare, semblaient dominer dans la brillante réunion, et un triple rang de charmantes figures, parée ivec tout le luxe de l'époque, se détachait circulairement sous la Serbe du lustre, au bord des loges et des galeries dorées.

Un frémissement général salua Lekain à son entrée en scène, et les us enthousiastes ou les plus pressés ne manquèrent pas de l'applau-

dir avant qu'il eût ouvert la bouche. Il est vrai que , par une supériorité d'attention, commune à tous les grands acteurs , Lekain commençait a jouer dès qu'il commençait a paraître, et apportait en même temps du fond de la coulisse, Don-seulement le costume el l'extérieur, mais la physionomie et le caractère même du personnage fictif qu'il avait a réaliser. C'est cet admirable talent de composer et de soutenir invariablement ses moindres rôles, qui faisait trouver en lui, suivant le témoignage de Grimm (1), les deux natures les plus opposées qu'on pût voir : à la ville, un homme plus qu'ordinaire , au visage disgracieux et commun, à la taille lourde et massive, à la voix rauque et désagréable, aux manières dépourvues de toute élégance; et sur le théâtre, un héros, un roi, un dieu, avec la figure la plus noble ou la plus touchante, le maintien le plus imposant, le plus gracieux, la voix la plus tendrement pathétique, et cet ensemble inouï de perfections irrésistibles, qui arrachait souvent aux femmes les plus convaincues de sa laideur des exclamations involontaires sur sa beauté , témoin la marquise de Pompadour, qui, une heure après l'avoir trouvé affreux, dans une galerie du château de Versailles, s'écria en le voyant paraître sous le turban d'Orosmane : « Grand Dieu ! que cet homme est beau! qu'il est sublime et admirable ! n Ce jour-la, Lekain-Vendôme rendit l'illusion plus complète que jamais. Exerçant sur son auditoire captivé cette influence souveraine qu'on eût comparée jadis a celle des Sybilles ou des prophètes, et qu'on peut assimiler maintenant, avec plus de justesse, à l'action toute puissante du fluide électrique , il fit tour a tour passer la salle entière, des frissons glacés de la terreur aux angoisses sympathiques de la pitié, et des cris soudainement comprimés de la surprise aux éclatantes acclamations de lenthousiasme, Son jeu délicat et profond, pathétique et formidable, arracha des bravos prolongés aux lèvres des plus graves spectateurs , des applaudissemens unanimes aux mains les moins libres de l'étiquette, des pleurs invincibles aux yeux les mieux défendus par la coquetterie.

(1) Correapoodallcc. 1771, Grimai dit laid el repoussant.

Parmi les dames dont l'émotion se trahissait le plus naïvement et le plus ouvertement, Lekain, avec ce regard d'aigle que les acteurs maîtres d'eux-mêmes savent plonger dans les moindres recoins de la salle, entre les limites enflammées de la rampe et du lustre, ne tarda pas à remarquer, vers le centre des premières loges, une jeune inconnue dont l'attention ressemblait a une sorte d'extase et la satisfaction h un véritable enchantement. Sa belle tête , dont l'ovale rose et blanc se dessinaitlentre deux touffes de cheveux châtains, pareille à une fleur épanouie entre deux grappes de fruits mûrs, paraissait ressortir des colonne rouge et or qui lui servaient de cadre, à la facon de ces ravissantes figures des anciens maîtres, isolées par leur pinceau sur la toile qui les porte , comme si aucun autre visage humain n'etlt pu soutenir le rapprochement du leur. La jeune dame devait appartenir, à en juger par sa tenue et sa mise, non moins que la place qu'elle occupait, a l'une des plus hautes classes de la société de ce temps-la.

Une demoiselle de compagnie était assise derrière sa chaise, tandis qu'elle-même se tenait penchée au bas de la loge avec une espèce d'areur mélancolique. Une de ses mains était relevée sous sa chevelure, sans servir d'appui à sa joue, et l'autre pendait a demi en dehors, par un habituel instinct de coquetterie féminine. Au soin vraiment religieux qu'elle mettait à considérer Lekain, on eût dit qu'elle ltremblait de perdre un son de sa parole, un regard de ses yeux, un mouvement de son bras, un détail de son jeu ou de sa personne, et, toutes les fois qu'il se surpassait dans un moment plus heureux, elle prévenait aussitôt, par un geste vif et intelligent, la bruyante approbation du parterre et des galeries.

Mieux que personne, un actenr sait le prix de l'attention, et Lekain vit bientôt que nul ne l'écoutait dans la salle autant et si bien que la jolie spectatrice des premières loges. Il s'empressa donc de lui rendre la pareille par une inspiration de reconnaissance facile à comgr- ndre , et, la séparant en esprit du reste de l'auditoire, ainsi quellemême le séparait du reste de la scène , il se mit à la regarder de sa place comme elle le regardait de la sienne, et k jouer, en quelque sorte, pour elle Mule, la trowdie dAdélaïde. chose lui fut d'autant plus