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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-10-22

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 22 octobre 1845

Description : 1845/10/22 (A2,N83)-1845/10/16.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366484h

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/11/2012

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Paris, 15 Octobre.

Le Jouraal des Bébad et M. le maréchal Bugeaud.

Nous ne pouvons nous dispenser de revenir sur les réflexions dont le Journal des Débats accompagne la lettre de M. le maréchal Bugeaud au préfet de la Dordogne; ces réflexions, en effet, renferment de précieux enseignemens, et justifient notre langage, à l'égard de M. le maréchal Bugeaud, plus que nous n'aurions nous-même osé l'espérer.

Nous laisserons à cette lettre, dit le Journal des Débats, sa véritable portée, en ne la considérant que comme une.de ces boutades auxquelles M. le maréchal Bugeaud a fini par accoutumer tout le monde. C'est surtout pour M. le maréchal Bugeaud lui-même que nous sommes fâchés de ne pas pouvoir y attacher plus d'importance. Il est certainement fâcheux pour un homme public, occupant une si haute position, jouissant d'une célébrité si justement acquise, et se croyant réservé à de si grande, destinées, de ne point voir attribuer à ses paroles et à ses actes la porlée sérieuse qu'ils devraient toujours avoir, et qu'avec un peu plus de réserve et de sang-froid il lui serait si facile de leur assurer. , ,

Et plus loin:

Cette lettre malencontreuse nous parait donc de nature à faire plus de bruit que de mal. Le principe d'autorité ne périra pas encore cette fois; le ministère non plus ; et, nous le croyons, la liberté de la presse encore moins. M. le maréchal Bugeaud est injuste envers les journaux ; mon Dieu ! ils ne lui rendent pas la moitié des sentimens d'inimitié qu'il leur porte. Nous n'avons jamais vu

qu'aucun d'eux, ou du moins à peu d'exceptions près, refusât de rendre justice aux grands et incontestables progrès opérés par lui dans la conquête de l'Algérie. Que veut donc de pliis 11. le maréchal Bugeaud ? Que signifie ce reproche véritablement puéril qu'il fait au ministère de ne pas le défendre contre les attaques de la presse ? Est-ce que le ministère n'est pas vingt fois plus attaqué, lui ?

Faut-il donc créer pour M. le maréchal Bugeaud une législation spéciale? Faut-il consacrer son inviolabilité par un article de la Charte. Faut-il présenter aux chambres un projet de loi portant que ses actes, ses discours, ses circulaires seront à F abri de ta discussion. Evidemment M. le maréchal Bugeaud ne se rappelle pas dans quel temps et dans quel pays nous vivons. On dirait que le long séjour qu'il a fait hors de la France lui enjait oublier les mœurs. Nous le disons sincèrement, nous regrettons de voir un homme comme lui ne pas savoir mieux accepter les institutions de son temps ; nous regrettons de voir s'allier à de si grandes qualité une telle faiblesse de caractère

Ainsi, d'après le Journal des Débats, ou plutôt d'après le gouvernement, dont le Journal des Débats est l'organe, M. le maréchal Bugeaud est un homme à boutades, et à boutades si répétées, qu'il a fini par y habituer tout le monde et que l'on ne peut y attacher de l'importance; c'est un homme qui se croit appelé à de grandes destinées, et qui ne sait donner une portée sérieuse ni à ses paroles ni à ses actes.

Ce n'est pas tout. Toujours d'après le Journal des Débats, c'est-il-dire d'après le gouvernement, M. le maréchal Bugeaud est injuste envers la presse ; il se croit inviolable; il ne se rappelle ni dans quel temps ni dans quel pays il vit, et le long séjour qu'il a fait hors la France lui en a fait oublier les mœurs.

Le Journal des Débats, c'est-à-dire le gouvernement, va plus loin encore, il regrette sincèrement que M. le maréchal Bugeaud ne sache pas mieux accepter les institutions de - son temps.

Certes, le portrait n estpas liatte, mais il est profondément vrai ; chaque coup porte et porte en plein.

Qu'avons-nous dit nous-même de plus chaque fois que nous avons été dans l'obligation d'apprécier les idées ou les actes de M. le maréchal Bugeaud. Seulement nous avons été logique, et le Journal des Débats, ou plutôt le gouvernement, ne l'est pas.

Comment, cet homme ne se rappelle ni dans quel

temps, ni dans quel pays il vit; il a oublié les mœurs de la France ; vous regrettez sincèrement qu'il ne sache pas mieux accepter les institutions de son temps! Vous avouez tout cela, vous le dites ouvertement, et vous le laissez à la tête d'un gouvernement de la plus haute importance, du gouvernement d'un pays qui se fonde et s'organise; vous l'y laissez avec des pouvoirs immenses, illimités. absurdes même, tant leurs conséquences peuvent être désastreuses!. Mais vous avez donc perdu le sens, ou vous voulez donc sacrifier l'Algérie?

choisissez ; mais, songez-y bien, l'une ou l'autre de

ces deux hypothèses vous accuse également.

Eh quoi ! toute société régulière eforganisée, toute société, lors même qu'elle compte des siècles depuis son origine, lors même qu'elle est florissante, et que tous les rouages y marchent avec harmonie; lorsque tous les élémens qui la composent sont homogènes, que le calme y règne et que chaque chose y est à sa place; toute société, disons-nous, a besoin d'ordre, de liberté, de garanties, de légalité, et vous ne voulez pas donner cet ordre, ces libertés, ces garanties, cette

localité a une société qui se crée, qui se régularise, ou tout est éventuel, ou vous avez besoin d'appeler de nombreuses populations, des émigrans aisés, et où ces populations, et surtout ces émigrans aisés, qui vous sont si nécessaires, ne se transporteront qu'autant qu'ils y trouveront des avantages plus grands et plus réels que ceux dont ils peuvent jouir chez eux; et au lieu de cet ordre, de ces libertés, de ces garanties,

de cette légalité, vous mettez à sa tête un homme qui tient en souverain mépris toutes ces balivernes, qui déclare que les institutions civiles affaiblissent les états, qui ose vanter à la tribune le régime du sabre, préconise le gouvernement du bon sens naturel, et soutient dans ses journaux que la France serait trop heureuse de se voir appliquer la juridiction militaire qu'il im.pose à l'Algérie; cette juridiction anormale, inouï, monstrueuse, qui dans les territoires administrés militairement, c'est-à-dire dans la presque totalité du l'Algérie, soumet tous les crimes et tous les délits à l'appréciation des conseils de guerre, et défère toutes les affaires civiles et commerciales au jugement des commandans de place jugeant en dernier ressort et sans appel l.

En vérité, cette conduite-là ne tient-elle pas du délire? Nous nous adressons à tous les hommes de sens, et nous leur demandons ce que l'on pourrait faire de plus si l'on avait voué à la ruine cette belle terre de l'Algérie, où nous voulons, nous, jeter les bases d'un grand empire, implanter notre civilisation et fonder une nouvelle France. -

Disons-le donc bien haut, afin que tout le monde le sache; car il est des vérités qui, toutes graves qu'elles soient, sont utiles à dire; oui, il y a dans les régions du pouvoir des hommes qui, pour ne pas deplaire à l'Europe, et surtout pour ne pas indisposer l'Angleterre, ont calculé làchemint, froidement, systématiquement la ruine de l'Algérie, qui n'y veulent rien faire de stable, de sérieux, de définitif; rien qui soit

trop coûteux à abandonner, afin que, dans - un cas donné, certaines combinaisons, certains intérêts particuliers le voulant, d'un coup de tambour on puisse faire rentrer toute la colonie en France, dût notre éternelle ennemie profiter de l'occasion pour prendre notre place, et jeter un face de nous, sur les rivages de l'Afrique, les bases d'une puissance qui nous ferait tomber au rang d'une nation de troisième ordre.

Ces hommes, nous les connaisssons, ils ne voient dans la question d'Afrique qu'un moyen d'avoir à leur disposition une armée de cent mille hommes commandés par un chef sûr; de précieuses confidences ne nous laissent Ipas le plus léger doute à cet égard) et si nous ne les démasquons pas, c'est que la loi nous empêche de le faire; mais il en est d'autres

aussi'qui ne sont pas les complices de cette infâme pensée, it c'est pour ceux-là que nous écrivons; c'est pour les prévenir du piège dans lequel on veut les faire tomber, pour les conjurer de s'arrêter à temps, d'étudier cette question d'Afrique si négligée, de rechercher les fautes inconcevables qui ont été commises depuis quinze ans, et de s'unir entre eux pour en atténuer les effets, pour en faire disparaître les causes et en empêcher à jamais le retour.

Ce ne sera pas notre faute, du moins, si le gouvernement, les chambres et l'opinion publique ne sont pas suffisamment avertis.

Colonisation de l'Atlas et de la Mitidja.

Dans un de nos derniers numéros, nous avons annoncé que le projet relatif à la fondation d'un centre de population a l'est de Blidah, au pied de l'Atlas, au lieu ditSouma, avait été soumis à M. le ministre de la guerre.

Nous apprenons d'Alger que ce projet a été approuvé et sanctionné par une ordonnance royale en date du 20 septembre dernier. Nous annonçons également avec plaisir, d'après l'assurance que nous en donne un de nos correspondans, que par le peuplement de ce centre, la direction de l'interieur a été forcée de renoncer, par ordre supérieur, à son déplorable système (système qui n'a produit partout que la ruine, la souffrance et la misère) qui consistait, on s'en souvient, à n'admettre dans les villages que des familles à peu près sans ressources.

ASouma, il y aura de petits et de grands concessionnaires, des industriels, des cultivateurs aisés et des propriétaires riches. La prospérité de ce centre de population est donc assuree.

Indépendamment de Souma, on s'occupe de la création de cinq autres centres de population au pied de l'Atlas, dans la partie comprise entre le marché de FArba et Blidah.

On nous annonce d'Alger que les plans des village à fonder à l'Arrach et à Sidi-Moussa sont prêts, et qu'ils vont être envoyés à Paris. Nous désirons vivement que la réalisation de ces utiles projets ne se fasse pas attendre. Il importe, en effet, à là fertilisation et a la sécurité de la Mitidja, de grouper très-promptement des européens en grand nombre sur le revers septentrional de l'Atlas.

On songe aussi, nous assure-t-on, à faire des villages à l'ouest de Blidah ; il en serait établi un sur les bords de la Chiffa, au point où l'on doit construire un pont, un autre vers l'ancien camp d'Ouled-llalleg, et deux autres au-delà de la Chiffa, sur les vastes dépendances de la ferme domaniale de Mouzaïa.

La colonisation est appelée à se développer rapidement dans cette partie de la plaine de la Mitidja, attendu qu'à l'avantage d'une grande roule se joindra celui d'un sol fertile et salubre. Mais là comme partout, il faut appeler les colons riches, et créer à côté des villages de nombreuses exploitations particulières.

On lit dans les Débats : On annonce la publication prochaine d'une ordonnance du roi, rendue sur la proposition du ministre de la guerre, et qui serait relative à l'organisation des juifs de l'Algérie.

Cette pensée, accueillie avec un vif intérêt par le gouvernement, peut, en ce moment de crise, devenir féconde en heureux résultats, et contribuer à la pacification de notre nouvelle colonie. Constituer l'unité religieuse chez ces hommes à moitié barbares, c'est les appeler par le fait à la vie civile, et les attacher à la France par les seuls liens qu'ils puissent comprendre et respecter.

L'auteur de ce projet d'organisation religieuse est un vieillard justement vénéré par le commerce marseillais.

M. J. Altaras, président du consistoire israélite de Marseille, est allé en Algérie il y a trois ans ; il a parcouru le

pays; sa connaissance des langues orientales lui a permis de tout voir par lui-même, et d'étudier les vœux et les besoins de ses coreligionnaires. Au retour de son voyage, un rapport a été dressé par lui au ministre de la guerre, qui s'est empressé de nommer une commission pour l'enten dre : le conseil d'Etat a longuement élaboré ce projet d'or donnance.

Convaincu que sa mission doit être utile à la France, M. Altaras demande à retourner en Algérie pour accomplir une œuvre périlleuse, et de sa part complétement désintéressée.

Tout en maintenant notre opinion sur les ordonnances, nous publions cette nouvelle avec plaisir; elle est pour nous Je gage des mesures qui suivront en temps et lieu, et le premier pas dans la carrière où nous sommes heureux de voir entrer le gouvernement.

Les Israélites algériens forment une portion assez notable de la population indigène ; on en trouve dans les villes et jusque dans les tribus éloignées où ils composent toute la population.

Dominés, tyranisés, méprises par les Musulmans, les Israélites sont demeurés jusqu'à ce jour dans une situation d'infériorité relative, qui a agi profondément sur leur état et sur leur caractère moral; il appartenait à la France de les arracher à cette situation en les relevant à leurs propres yeux, les anoblissant aux yeux de tous, et les initiant peu à peu à cette vie civile qu'ils ont ignorée jusqu'à ce jour. C'est là une grande et belle œuvre d'initiation à laquelle nous applaudissons d'autant plus volontiers que, par leur intelligence, leur intuition rapide, leur tendance à se rapprocher de nous, les Israélites algériens ont acquis un droit réel à notre bienveillance.

Nous savons très-bien qu'il faudra du temps avant que tous ils puissent devenir des citoyens français ;

mais il faut un commencement à toutes choses, et c'est pour cela que nous félicitons le gouvernement d'avoir, par une sage organisation, hâté le moment où cette espérance pourra se changer en réalité.

Aujourd'hui la race israélite, par son empressement à venir à nous, est compromise sans retour avec la race musulmane. Nous pouvons donc, dans de certaines limites, compter sur elle, et dans tous les cas elle peut nous rendre de nombreux et d'utiles services. C'est une raison de plus pour que nous cherchions à améliorer son sort et à nous l'attacher encore davantage par des procédés qui lui fassent @ comprendre ce que nous sommes pour elle et ce qu'elle a gagné à être arrachée - au joug de ses anciens oppresseurs.

Déjà plusieurs fois nous avons insisté sur la nécessité de venir en aide à la population israélite algérienne; nous savions les nobles efforts que faisait, avec un désintéressement au-dessus de tout éloge, M. Altaras, pour améliorer le sort de ses coréligionnaires; aussi nous remercions sincèrement M. le ministre de la guerre de s'être rendu aux vœux d'un homme si justement respecté, et dont les idées sont empreintes d'une générosité si pure et si digne do sympathies.

Des concessions en Algérie.

Plusieurs journaux ont blâmé avec une extrême vivacité la concession qu'il est question d'accorder, en Algérie, à M. Ferdinand Barrot et à deux ou trois autres de ses collègues de la chambre des députés.

Ces journaux, préoccupés surtout du côté politique de cette mesure, ne l'ont pas envisagée, ce nous semble, comme elle aurait dû l'être.

Certes, le principe de l'indépendance de la représentation nationale est un principe trop essentiel, trop sacré, pour que nous prêtions jamais la main à ce qu'il soit méconnu; mais ici ce principe était-il bien sérieusement en jeu?y a-t-il réellement faveur quand une concession est accordée moyennant des clauses telles que le concessionnaire est lui-même incertain

(

nnUITOH DU JOURNAL L'AFMME.–M OtTOIII.

Chronique de Paris.

Les journaux américains contenaient l'autre jour l'histoire d'un duel à outrance dont les deux champions, ne se sont vus qu'une fois et ne se reverront peut-être jamais.

Les faits sont assez piquans pour vous être racontés. Les voici. Deux hommes, au théâtre, aux courses, ou bien je ne sais où, se prirent de belle querelle. En vrais fils adoptifs de la Grande-Bretagne, ils ne tardèrent pas à passer des gros mots aux gros coups; et ce ne fut qu'après ce premier mouvement d'humeur qu'ils prirent leurs témoins échangèrent leurs cartes, et désignèrent le jour, l'heùrè, le lieu et le mode du combat. La plus grande fureur animait les combattans ; et, certes, de ces deux hommes, on pouvait supposer - à bon droit qu'il n'en sortirait qu'un de

IBrèoc* Mais, désappointement affreux pour les chevaliers de SaintGeorges YanA., au jour dit, les témoins de l'un des champions déclarèrent que les positions sociales des parties n étant pas dans état parfait d'égalité, il ne pouvait y avoir rencontre. L'homme insulté était célibataire, et l'offensant était marié. Le contrat de mariage à la main, il franna d'indisnité son malheureux adversaire.–En Améri-

que, cette manière de vider les querelles parait être admise.Mais notre garçonn'était pas homme à se tenir pour battu. Deux mois après, il avait égalisé les chances, et envoya, par ses témoins, son contrat de mariage.-II lui fut répondu par un acte de baptême. La femme du premIer mari était, à l'époque de la dispute, dans une position intéressante, circonstance que la puueur américaine, moins farouche cependant que celle des Anglais, n'avait pas permis de mentionner, et, cette position intéressante ayant eu une heureuse issue, il y avait encore inégalité dans les

chances.–Neuf mois après, le nouveau marié était père et renvoyait ses témoins ; mais ils rencontraient une double paternité chez l'adversaire de leur ami.–On comprend la n de l'histoire : tous les neuf ou dix mois, nouvene visite, nouveau compte dont la balance est toujours en faveur du mari le plus vieux en date. - 11 y a dix ans que ça dure, et les deux femmes paraissent décidées à faire observer avec acharnement les mêmes distances.

En France, pareil duel va incessamment avoir lieu. - Mail au lieu de se passer dans les conditions grossières de notre faible humanité, les faits doivent ae produire dans les ré-

gions les plus élevées du monde intellectuel. Vous connaissez tous M Eugène de Pradel; improvisateur élégant et hardi, il a su conquérir une immense renommée et ramasser une fortune assez ronde. Un beau jour, il s'est réveillé au fond de quelque province un homme qui avait besoin de renommée et peut-être aussi d'une fortune plus ronde, et il s'est écrié : AncK io son improvisatore.- Mais nous croyons bien que c'est là tout ce qu'il a improvisé de sa vie. Nous avons de bonnes raisons pour le croire.

La confiance en soi est un immense avantage. Cet homme, M. D., nous ne voulons pas rappeler par son nom, s imagina avoir du talent, de la réputation, se posa en poitrine effacée, en tête illuminée, en cheveux flottans,et fit tant et si bien que son génie pervertit sa portière, séduisit son hôtesse, et enleva la dame de comptoir de son restaurant.- Cette trilogieest convaincue que Racine est un drôle, M. Victor Hugo un pleutre, que seul M. D. est un grand homme. Mais de la croyance, de l'illusion, du prosélytisme à l'inspiration, au talent, à l'enthousiasme, il y a tout un abime.- M. D. a voulu le franchir, et il a décidé que les lauriers de M. de Pradel empêchant son gazon de pousser, il fallait qu'il renversât ces arbustes inconnus.–Il a provoqué M. de Pradel en champ-clos à une lutte d'esprit pareille à celle des bergers de Virgile, ou des trouvères du bon vieux temps.-M. de Pradel lui a répondu, dit-on, des vers charmans qu'il a improvisés, et dans lesquels il lui rappelle que les armes ne sont point égales, qu'il a une lignée nombreuse, qu'il ne veut pas l'exposer à une

mort certaine, et qu'il lui demande grâce et merci par le retour du courrier, et dans les mêmes formes et teneurs.

–Il y a de cela six jours, M. D. n'a pas encore répondu. Quelle que soit sa réponse, sa musc-la muse est ta femme des poètes–n'est pas assez féconde et assez heureuse pour que M. de Pradel, en ne prenant date que de la provocation, ne puisse toujours distancer l'étique et poussif Pégase de M. D.

- - - - - - -

Pour en terminer avec ce brave provincial, qui a gàclie sa vie et eût peut-être été un fort honnête hobereau de province, qu'il nous soit permis de justifier ce que nous disions tout à l'heure de son incapacité improvisatrice.

Il y a bientôt deux ans, trois peut-être, nous reçûmes un charmant billet d'invitation pour une soirée littéraire qui se donnait chez unes des nos femmes d'esprit le plus à la mode et le plus digne de sa réputation. Seulement Mm. de L. est d'une facilité et d'une bonté incroyable à l'endroit de tout être qui prétend avoir de l'esprit, et nous nous défions généralement de la littérature de ses salons, à moins qu'elle ne fasse à elle seule les frais de la conversation.–Cependant, comme dans son invitation Mme de L.

promettait qu'on né lirait pas de drames en sept actes, qu'un savant mathématicien, M. B., ne débiterait

pas les pièces de vers dont il bourre ses poches, que lmc la comtesse de la B., née P., suspendrait les flots de son éloquence savoyarde, nous acceptâmes.– D'ailleurs, M,ne de L. nous annonçait l'éclosion d'un aigle.

Les aigles sont fruits défendus par le temps qui court, et rien n est bon comme le fruit défendu.

A neuf heures - c'était l'heure - indiquée nous fûmes

exacts. A neuf heures et demie parut un colosse noir entre 1 deux bougies et deux carafes de punch (historique). Au bout d'un quart d'heure d'ingurgitation d'esprit vineux, d'yeux routés et de soupirs amphibologiques, le colosse, qu'on avait prié d'improviser sur un sujet donné, déclama en anonnant le Court-Mantel, épisode du poème des Chevaliers de la Table-Ronde.-Ce morceau de poésie n'ayant aucun rapport avec le thème indiqué, on lui en fit l'observation. Il attaqua la seconde carafe de liqueur, toussa, roula les yeux, soupira de plus belle, et pria qu'on attendit l'heure,–il était minuit,-où sa muse le visitait; qu'en attendant il demandait à remplir quelques bouts rimés, un vaudeville avant la grande pièce, un lever de rideau. Une femme luijetaétourdimentces quatre mots : Oiseau–Moineau-Ulrondelle-Nouvelle.

Le colosse se tourna, rebut du punch, reroula les yeux à chaque hémistiche, et jeta à l'assemblée ébaubie ces quatre vers : Rien n'est plus léger qu'un oiseau, Rien n'est plus gai qu'un moineau.

Je voudrais être une liiroiylelle Pour vous apporter une bonne nouvelle.

Une seconde épreuve ne fut pas pas plus heureuse.–La phythonisse avait oublié son trépled-ct il advint de tout cet éclat, de tout ce fracas, le mus ridiculus que nous venons de vous dire–tout ceci est historique. Donc, le duel américain et le duel littéraire auront même issue.

néant.

Puisque nous en sommes a vous parler joûtes, nous pou-

vons vous parler encore du duel mdllstriel-Ia politique et la littérature n'ont rien à voir en cette matière–entre le Soleil et VEpoque, ces deux gargantua de la presse périodique.-L'Epoque est représentée par des porteurs en livrée de chasseurs, en claque de généraux, avec portefeuille de ministres, par MM. les concierges avec qui le journal établit des relations signées: votre très-humble et très-obéissant serviteur ; par des allumeurs de transparens, par des affiches monstres aux drapeaux tricolores, etc., etc. La plume se refuse à énumérer tout ce charlatanisme qui ne tend à rien moins qu'à déconsidérer la presse.– Le Soleil aura des coursiers au lieu de porteurs, des rayons au lieu de transparens, l'Aurore pour messagère et pour au lieu de transparens, d'éblouir ses lecteurs et d'éclairer le ; il promet concierge d'animer le commerce, et comme il convient au le pays,

Dieu des journaux, de consacrer le dimanche à la concentration et à l'admiration de toutes ses œuvres. Nous verrons bien.-Mais. au nom de notre mère à tous, ne cherchez donc pas, messieurs, àla revêtir ainsi de paillettes et de clinquant ; vous savez bien qui porte ces oripeaux, et ne vous rappelez-vous pas le proverbe : « Mieux vaut bonne renommée que ceinture - dorée? » - - ----- - ---- ---

Le soleil, celui du ciel, qui n'a rien favorisé cette année, est devenu gentleman rider. On parle de le recevoir membre du Jockey-Club, pour le remercier de la manière dont il a illuminé les dernières courses du Champ-de-Mars. Voici le détail des événemens mémorables qui se sont passés sur le turf, racontés avec toute la simplicité et toute la sécheresse d'un horse book.

Deux prix d'arrondissemens étaient à disputer : l'un de 3,000 fr., pour les poulains et pouliches de 3 ans seulement ; l'autre de 3,500 fr., pour chevaux et jumens de 3 ans et au-dessus.

Pour le premier de ces prix, six chevaux étaient engagés; tous ont couru.

Prédestiné, par Jlaster-Wagl et Destina, appartenant à M. de Morny, est anivée la première au but. Elle a parcouru la distance de deux kilomètres en 2 m. 19 s. 415., hattant d'une encolure seulement Ismaël. par Y. Emilius

et Galatée, à M. de Séran. -

Les autres chevaux ont été ainsi placés : Myska, par Bizarre et Y. Mo use, à M. Lupin ; Tertulliat par Lottery et Kermesse, à M. le prince de Beauvau; 4*; Lady Macbeth, par Harlequin et Clio, à M. Fasquel, 5e ; Scamper, par Alteruter et Dubica, à M. le comte de Cambis, 6\

Cinq chevaux étaient engagés pour la deuxième course ; mais trois seulement se sont présentés au poteau de dédépart : Fitz-Emilius par Y. Emilius et miss Sophia, à M.

Aumont; Confiance par Y. Emilius et Paméla Bis, au prince de Beauvau , et Tomate, par Lottery et Elvira. à M. Fasquel. La distance à parcourir était de deux kilomètres en partie liée.

Fitz-Emilius a gagné la première épreuve en 2 m. 27 s.

317, et la seconde épreuve en 2 m. 23 s. 21t).

Confiance est arrivée seconde en 2 m. 28 s. à la première épreuve, et à la deuxième épreuve en 2 m. 23 s. 3[?>.

Tomate a été troisième dans les deux épreuves.

Tout le monde était à son poste, le duè de Nemours en tête. Jeudi prochain, il y aura même fête. Nous en rendrons même compte pour les partisans de pareilles fêtes.

Pour nous, tant que ces luttes n'auront pas un but plus utile que celui d'obtenir des chevaux entraînés et de course, purementet simplement, nous n'y porterons pas grand intérèt.

Iules de Fuveau.