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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-09-26

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 26 septembre 1845

Description : 1845/09/26 (A2,N79)-1845/10/02.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366480v

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/11/2012

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Paris, 26 Septembre.

Réponse * D08 détracteurs.

On a osé imprimer que nous avions déserté nos principes et manqué à nos promesses, en un mot, que nous avions surpris et trompé la confiance des personnes avec le secours desquelles nous avons fondé la publication que nous avons l'honneur de diriger.

Cëtle attaque n'ayant pas été démentie par ceux au snom de qui elle avait éle faite, il est impossible que mous la laissions passer sous silence. Or, nous ne ,croyons pas pouvoir faire une meilleure réponse à cette indigne calomnie qu'en rendant public l'exposé de principes qui figure en tôte des statuts de la société du journal Y Afrique.

Nous demandons pardon à nos lecteurs de les entretenir d'un sujet qui leur est étranger; mais nous voulons mettre sous leurs yeux toutes les pièces qui peuvent contribuer à éclairer leur jugement.

iNos adversaires cherchent à nous entraver et à nous muire; eh bien ! nous, nous les rendons moralement responsables des suites que pourrait avoir l'opposition stracassière, inouie, insensee, avec laquelle ils accueilllent l'assiduité de nos travaux et la persévérance de nos efforts. Nous voulons que l'on puisse dire un jour que ce sont ceux-là mêmes dont nous avons défendu les intérêts avec le plus d'abnégation, de zèle et de désintéressement qui ont été les premiers à nous abandonner et à nous jeter la pierre, parce que notre devoir nous obligeait » résister à leurs caprices et à leurs passions. Ce sera là tout à la fois notre titre de gloire et notre vengeance.

Voici cet exposé des principes :

» Entre Monsieur Hippolyte. Peu, pcopriétaire,-.demeurant à Paris, rue de la Bruyère, n° 12, et les soussignés, il a été dit et convenu ce qui suit : » Les questions relatives à l'Afrique française ont été jusqu'à ce jour mal étudiées, mal comprises, faute d'un organe spécial dans la presse. De là, en grande partie, l'incertitude qui s'est manifestée dans l'opinion, sinon sur le principe même de la conservation de l'Algérie., au moins sur la nature des moyens propres à assurer, le plus promptement et le plus économiquement possible, à la France, les avantages inestimables qu'elle doit un jour retirer de sa conquête.

» Les soussignés, tous intéressés à la prospérité des établissemens français dans le nord de l'Afrique, ont, -en conséquence, résolu de fonder à Paris un journal spécial exclusivement consacré à la discussion des - questions relatives à l'Algérie. s » Ce journal devra demeurer neutre dans toutes les questions de politique intérieure et extérieure qui ne paraîtront pas de nature à avoir de fmOuence sur les destinées de cette province. Il demeurera en dehors de tous les partis, parce que toiles partis qui aiment sincèrement leur pays ont un épi intérêt à la conservation et au développement de nos établissemens en Afrique.

» Convaincus par une longue expérience des hommes et des choses de ce pays, que ces établissemens ne pourront procurer à la France de véritables avantages que lorsque la colonisation s'y sera développée sur une vaste échelle; mais convaincus aussi que toute colonisation sera impossible tant qu'il pourra rester le plus léger doute sur la fefme intention du gouvernement de conserver FAtgérie, tant que les Français-ne trou- J.

veront pas en Afrique sûreté pour leurs personnes et sécurité pour leurs propriétés.; -enfin, tant qu'on.persistera dans un système contraire à l'essor, funeste à là" prospérité et dangereux pour l'avenir de la colonie, les soussignés entendent que le journal fondé par eux soit exclusivement consacré à la propagation et 8.'J.' triomphe des principes suivans : ..,.-'

» 1° Réunion, par une loi, de l'Algérie à la France ; » 2° Substitution, dans ce pays, du régime de la loi à celui des ordonnances;

» 3° Application auxTrançais qui irontse fixer en Al-

gérie de toutes les garanties qui, dans la mère patrie, ï protègent là sàretè et la liberté des personnes ; » 4° Application à*l' Algérie des lois françaises sur l'inviolabilité de la propriété et la liberté du commerce et de l'industrie; » 4° Etablissement d'une justice civile et criminelle indépendante; inamovibilité des juges et des officiers du corps judiciaire, comme en France ; » 6° Enfin extension successive à l'Algérie, au fur et à mesure des progrès de la colonisation, des institutions administratives et politiques de la mère patrie.

» A ces causes, les soussignés ont arrêté les conventions suivantes : Suivent les articles.

Nous demandons maintenant que l'on nous dise quels sont ceux, de nos adversaires ou de nous, qui ont abandonné leurs principes, et qui sont restés fidèles à la cause de l'intérêt général du pays. seul but que le journal devra toujours se proposer, dit également l'acte de société dont nous venons de citer le préambule.

Encore quelques mots sur la Rassauta. Nous avons annoncé dans un de nos derniers numé- ros que M. le ministre de la guerre venait d'adopter les mesura propres à faire rentrer dans les possessions de l'Etat le magnifique domaine de la Rassauta, qui avait été si malheureusement concédé.

Un journal d'Alger, celui-là même qui avait eu la faiblesse de prendre la défense de l'administration dans cette affaire, confirme cette nouvelle, et y prend occasion de répéter que l'insuccès du concessionnaire prouve que l'administration n'avait pas été trop généreuse à son égard.

- ous-rer.ons-t.l'è&-:hrnbleeDt observer à l'Akhbarque pour supporter un fardeau il faut des forces suffi-] santés, sou&peine d'en être écrasé, et nous ne doutons; pas un instant que si le judicieux écrivain de YAkhbar venait à recevoir en présent la Rassâùta, et de plus

cent mille francs pour l'expLoiilationv il ne fut trèspromptement ruiné.

- Ceci ne prouverait guère cependant que 4,500 hectares de bon terrain, près d'Alger, ne renferment pas les ^éléméns d'jinproduit fbrt considérable.

Nous n'avions pas eu besoin d'une grande perspicacjtépôur prévoir le sort du concessionnaire actuel. Si 1 administration l'avait prévu comme nous, elle" montre bien quelle sorte de dignité préside à ses actes; si, au contraire, elle, n'avait point su le prévoie elte mon- j tre une fois de pluacetteluxuriante capacité que nous j proposons, tous lesjours à l'admiration publique. ̃ -fV, Dans le cas actuel, nous avons à dire que parmi cette, population civile que l'on caresse quelquefois, mais que l'on méprise si cordialement en haut lieu, il n'es^ pas de si chétif individu qui- n'ait su progresser, et Dieu sait quelles entraves, quelles diOïcultës il a fallu vaincre, noua disons qu'il n'y a pas en Algérie de propriété paliculièt-ui n'ait acquis un énorme accroissement de valeur, et que pendant ce temps les propriol' tés de l'Etat semblent frappées de stérilité.

Nous donnons pour exemple la Rassauta, qui se compose ^de 4,500 hectares^de très-excellent terrain pour la majeure partie, dans une situation fort avabtageuse, au bord de la mer et à proximité d'Alger. On s'évertue depuis,quinze ans à en tirer quelque parti, et l'on s'y estpris de telle sorte, qu'on n'est pas plus avancé aujourd'hui quelle premier-jour: Or, tous les capitalistes en France ont ouï parler dè la Rassauta, et saenLque ce domaine, jusqu'ici, n'a produit que la ruinèdes propriétaiTes: Laisseronsnous croire, pour coniplaire à l'administration, que

c'est la taujLede la terre, et laisserons-nous induire de là que la ruine attend les capitaux en Afrique ?

Nous pourrions ainsi acquérir, nous le savons, les bonnes grâces de certains administrateur», oteela est fort précieux, nous en cbhVenon^; mais nous lais- sons à d'autres cet avantage ; et, comme l'on voit^'il elt toujours quélqu'un qui l'accepte. ,.

Pour nous, il y a une autre sorte de satisfaction que nous ambitionnons et qui nous est acquise, c'est de voir que l'on commence en France à comprendre les causes de nos mécomptes en Afrique. La presse de Paris et des départemens en fournit tous les jours la preuve ; et l'on a pu voir par des actes récens que le gouvernement lui-même savait enfin apprécier le mérite des intermédiaires qu'il avait employés jusqu'ici.

L'ordonnance du 21 juillet sur les concessions, n'est pas pour eux un témoignage bien flatteur sans doute, et nous convenons que c'est grand dommage ; mais il y a une compensation : c'est l'espérance que la fortune publique sera un peu mieux administrée.

C'est ainsi qu'il nous est permis d'espérer que la Rassauta va sortir enfin de son état de ruine.

A notre avis, des moyens de deux sortes se présentent au choix du gouvernement : c'est la division en lots de diverses grandeurs, au nombre de quarante à cinquante et plus encore, afin de les rendre accessibles à toutes les fortunes. - - -

On obtiendrait ainsi le concours des capitaux, de l'intelligence, des efforts et du travail d'un nombre considérable de personnes agissant chacune pour son.

compte, c'est-à-dire dans les meilleures conditions du succès ; et l'on conviendra que ce concours doit avoir une autre puissance que celle qui peut résulter d'un seul individu, quel qu'il soit(l).

L'autre moyen consisterait en la création à la Rassauta d'un haras qui, bien aisément et à peu de frais, pourrait devenir le plus bel établissement de ce genre qui fût au monde.

Plus tard, lorsque l'industrie particulière suffirait aux besoins de la consommation, le système des haras publics devrait être abandonné, et les terres qui Jeur seraient aujourd'hui affectées pourraient alors lêtre aliénées à des conditions plus avantageuses qu'on ne le ferait, présentement. Mais, comme la question du peuplement et de la culture du sol domine toutes les autres, l'on doit, ce nous semble, préférer l'aliénation du domaine en lots nombreux, et établir des haras en des lieux plus reculés, où il importe moins d'avoir une population d'Européens et où le terrain est sans valeur.

Le Moniteur algérien du 15 septembre nous apprend que 4,010 hommes, appartenant à la division d'Alger, savoir : t officier supérieur, 17 capitaines, 2 ljaùtenans, 5 sous-lieutenans et 3,985 sous-officicrs iétipidats, se sont fait inscrire pour faire partie des colons militaires de M. Bugeaud.

-. Loin d'en être étonnés, nous sommes surpris, au contraire, que le nombre n'en soit pas plus élevé.

Comment se fait-il, en effet, qu'il se trouve un seul homme, ayant encore trois ans à passer sous les drapeaux, qui ne préfère aux fatigues du service mili- taire - le plaisir - de se - rèndre en - France - aux frais de l'E-

tat, de s y marier aux frais de l Etat, de retourner en Algérie aux frais de l'Etat, d'y trouver une ferme bâtie et des champs cultivés aux frais de l'Etat, d'y être nourri aux frais de VEtat, et d'y recevoir, enfin, des instrumens aratoires et du bétail, toujours aux frais

deXEtat ; libre à lui si, à l'expiration de ses trois années de service, le climat de l'Afrique ne lui convient pas, s'il n'est pas satisfait de ses tentatives agricoles, s'il préfère revoir le clocher de son village, de rentrer en France en remerciant M. Bugeaud de sa mirifique invention? *' r-emerciant bl. Bugeaud de sa mirifique

1 Fi c'est là ce que l'on ose sérieusement proposer à la France! et c'est là ce qui fait prodiguer le dédain

1 -

(1) Il est sans doule superflu de faire observer que M. le comte de San-Juan n'est, sous aucun rapqort, l'objet de nos attaques non plus que ses prédécesseurs.

., Nous eprouvons au contraire un vif regret de ne point voir pleineIftgent couronnée du succès une tentative aussi honorable, et nous jRHons. ajouter que cette entreprise était de nature telle qu'un insuccès ne peut diminuer la considération de la personne qui le ftùbit.

aux esprits assez malheureux pour ne pas admirer ces belles conceptions !

Au surplus, puisque l'ex-gouverneur général lient tant à son projet de colonisation militaire, il a un moyen très-simple de l'exécuter et de mettre tout le monde d'accord. Avec ses traitemens de maréchal de France et de gouverneur général, avec ses frais de représentation, ses rations, etc., etc., M. Bugeaud n'est pas sans avoir réalisé quelques économies pendant la durée de son gouvernement; tout le monde s'accorde a lui reconnaître de l'esprit d'ordre et d'économie; qu'il emploie une partie de ces économies à fonder un village selon son cœur ; avec la bagatelle de deux ou trois cent mille francs, il pourra se procurer cette jouissance.

S'il réussit, nous applaudirons à son succès et nous nous déclarons vaincu. Dans tous les cas, nous serons heureux de rendre hommage à une généreuse tentative, et de louer l'honorable emploi qu'il saurait faire de sa fortune. Ce serait, en outre, un moyen délicat de prouver l'intérêt qu'il porte à la colonisation, et de rendre un dernier service au pays qui l'a fait maré.

chai et duc.

Sur l'arrêté ministériel du Il aortt 1815. relatif au trafic des ouvrages contrefait* a l'étranger.

Nous nous sommes réservé d'apprécier cet arrêté. Voici ce que nous avons à en dire. : * Il dispose, 1° que les imprimeurs, libraircs, marchands de gravures et autres de l'Algérie, qui se trouveraient possesseurs ou propriétaires d'ouvrages contrefaits en pays seront tenus de produire et de déposer aux arétrangers, l'administration civile du lieu de leur résidence chives de un état indicatif de ces ouvrages; 2° que les exemplaires existant en leur possession seront représentés à un fonctionnaire délègue à cet effet, marques d'une estampille, et revêtus de la signature du chef de l autorité locale; 3" que, cette opération une fois terminée, tous les exemplaires trouvés dépourvus de la marque susdite seront considérés comme contrefaçon, et que tout individu qui les mettra dans le commerce sera passible des peines portées, tant par les

articles 427 et 429 du Code pénal, que - par les articles 41, 42, 43 et 44 de la loi sur les douanes du 28 avril 481G, et par l'article 16 des ordonnances royales du 16 décembre J8I3, qui constituent, en Algérie, la législation des douanes.

Le but de ces dispositions nous parait être, d'une part, d'interdire, à l'avenir, l'introduction cl le tralic en Algérie des livres, compositions musicales, gravures et autres pro * ductions du même genre, publiés en France par des nationaux, et contrefaits à l'étranger ; d'autre part, d'autoriser, par une sorte d'amnistie du passé, la continuation de la mise dans le commerce de ceux de ces ouvrages à l'égard desquels les imprimeurs, libraires, marchands de gravures, etc., justifieraient, par l'accomplissement des furmalités prescrites, d'une possession antérieure à la promulgation de l'arrêté.

Nous disons que tel nous parait être le but de la mesure ; car nous ne pouvons que le présumer par interprétation divinatoire du langage quelque peu obscur et éuigmatique de MM. lesLycurgues de la direction des affaires d'Afrique.

Il nous faut bien supposer, par exemple, puisque l'arrêté ne s'en explique pas lui-même, que ses dispositions ont pour objet les productions publiées en France par des Français, et contrefaites en pays étranger. Il nous faut bien supposer aussi, puisque rien ne l'indique positivement dans le texte du même arrêté, qu'il s'agit lil d'une capitulation par laquelle on sanctionne, pour le passé, à la charge de certaines conditions, un commerce déclaré illicite pour l'avenir. Si nous nous trompons, ce n'est pas assurément notre faute. Mais nous croyons - avoir deviné juste.

Il y aurait beaucoup à dire sur les causes qui ont amené le gouvernement à transiger de la sorte, et à reconnaître que, pendant quinze ans, le tralic de la contrefaçon étrangère a pu impunément s'exercer en Algérie. C'est un sujet que nous traiterons quelque jour; il en vaut la peine. Quant à présent, nous nous bornons à l'appréciation de la mesure au point de vue de sa valeur législative.

La pensée qui a dicté l'arrêté dont nous nous occupons peut se traduire ainsi qu'il suit : « Jusqu'à présent, » le commerce de la contrefaçon étrangère a été toléré en » Afrique, ou, du moins, le gouvernement n'a pas songé

FElilLLtTÛïTWi JOURNAL L'AFRIQUE. –26 SEPTEIBRE.

Rien n'est gracieux et pittoresque comme les environs d'Alger. Une personne qui vient de les visiter il y a peu de temps, nous adresse la description suivante, qui sera lue, nous n'en doutons pas, avec l'intérêt chaque jour plus vif qui s'attache aux choses de l'Algérie. Los environs d'Alger.

Au-dessus de la porte Bab-el-Oued, sous un bouquet de palmiers, repose, dans sa blanche koubba, le fameux marabout Sidi-Mohammed-Abd-el-Rahman-el-Thalébi. « C'est » l'épée et le rempart de la ville, dit lepoèmede Ben-Omar, j' mer de science, vicaire du prophète, possesseur des tré» sors de la grâce, ses divins écrits dissipent mes peines et » mes chagrins ; je les compare à un parterre de fleurs qui » recrée les "yeux et flatte l'odorat. Toute mon ambition est w de marcher sur lès traces Ge ce prince clés dévots èTdês M mystiques. Alger, sous sa protection, jouira d'un repos » inaltérable et d'une gloire constante, n'ayant aucune m» quiétude ! Ce chef-d'œuvre de perfection évangélique ne » nous oubliera jamais 1 » -

Il faudrait un volume pour raconter l'histoire de tous les marabouts qui avaient des koubbas à Alger.Les plus fameux étaient Sidi-ben-Giouman, Sidi-Ahmed-b.cn-Abdallah, SidiAhmed-cl-Ketlani, Sidi-el-Saadi, Sid-Ali-el-Fassi, Sid-Alicl-Giouli, Ouéli-Dédé et Sidi-cl-Mansour, un des plus grands saints dè l'Islamisme, dont le tombeau est à Bagdad, et qui a, entre les deux portes Bab-Azoun, sous un magnifique platane, un marabout que les corsaires, en sortant du port, ne manquaient jamais de saluer d'un coup de canon.

Toutes ces koubbàs étaient des lieux d'asile dont le dey lui-même n'eût point osé violer le seuil sacré. Ce droit d'asile a existé chez tous les peuples; il a été, pour ainsi dire, le droit de clémence de toutes les religions. On le retrouve au pied des autels antiques, dans les églises du moyenàgc, danâ les zawiers des musulmans, sous les arbres sa crés des lodous. Les deys étaient parvenus cependant à rendre ce droit illusoire. Ils n'allaient pas arracher les victimes aux dalles inviolables de la koubba; mais ils défendaient, sous peine de mort, de leur porter de la nourriture, et le réfugié mourait de faim au pied du marabout impuissant à fis sauver.

La koubba de Sidi-Abd-el-Rahman avait*toufôurs gardé ce droit inviotàNe. Dé nos jouté, c'-est à^èu.ipres la seule^èui soit en honneur parmi lés Maures et où ils vienqeiit faire despèlerinages. Les femmës, surtout, lUi sont réstées fàdôles, et tous les vendredis vous voyez une procCssion de Mauresques gravir dévotement lé sentier qui mène aUfarabout. -., ',:" Sidi-Abd-el-Rahman était contemporain de narbëre., Il sortit un jour de la ville, sUivi cTune nombreuse foule, monta sur la colline, et, s'arfêtant:à là]place où est aujourd'hui son tombeau, il se tourna viersrl&rneri et d'une vix forte appela les Turcs. On dit que la vôïx puissanle du marabout traversa les mers et fulP entendue d'AjPoudi-BarberoÙSBe, qui se hàta de venir- pirendte ndssesSion wj trône d'Alger. Le marabout fut, du resiek tr^utile- au corsaire pour établit èt-éblfiMjlKder^Sl^ÉÂKpIi^ëst^ ces services qu'ilfaut attfâbuer ia- ^élâti^. dô^ cette imbba à toujours été l'objet de laT^ ^^rcs.$

Les Kabyles defiamza^cèmpICritltSS^e Sidi-Abd-eï-Rahmaul vinrent une îiuii feiil&éér le corps du; saint,ct l'em ,porterentdn81ellrpaY8f;oùlls lui élevèrent une koubba.

c..eJ nQ!1ve.,la.miD.œDSLWdu.d.ai1, m tiéy sortit de so e nina ët 1 Jédara qu'il irait lui-même chercher le corps du marabout, et qu'il brûlerait la plaine de.Hamza pour cclaircr le retour de ses funérailles. Les Ulémas vinrent donc, en grande pompe, par l'ordre du dey, ouvrir le tombeau. On y trouva le corps dans un linceul de lin embaumé d'eau de rose. Les Arabes de Ifamza, qui, de leur côté, étaient bien certains d'avoir mis dans leur koubba lecorps de Sidi-Abd-el-Rahman, voulurent voir s'il ne s'était pas envolé; on souleva le couvercle de marbre, Sidi-Abd-et-Rahman se trouvait bien dans le tombeau. Ainsi, le saint marabout était à la fois à Alater et au pied du Djurjura, ce qui fait qu'on rappelle souvent Bou-Gobrin. l'homme aux deux tombeaux.

Voilà la légende qu'on me racontait en descendant du marabout d'Abd-el-Rahman au jardin des Condamnés. Ce jardin est une immense corbeille où sont réunis les plus rares échantillons de la flore africaine. Mille sentiers courent le longde ces plates-bandes loujoursflcuricsdontles treillages d'osier ont peine à contenir l'exuhérante végétation. Mon cicérone me montra, assis sous un kiosque, un homme déjà vieux vêtu d'une capote militaire, sans croix ni épaulettcs; c'était le colonel Marcngo, qui adressé le plan de ce beau jardin et l'a fait exécuter par les condamnés militaires. Le colonel Marengo ne date pas d'hier. Après la bataille de Friedland, un fusilier de la garde fut remarqué par le maréchal Bessières, qui le présenta à l'empereur.

Comment fappelles-tu ? lui dit Napoléon.

Cappone, sirel * Voilàun triste nom pour un brave. D'où es-tu?

-Ju département de Marèngo, sire.

Eh bien ! appelle-toi Maréngo L.

L(;;i#tder de la garde accepta ce glorieux baptême et sut ïe montrer digne de son'illuslre parrain. Il a rendu en ue de véritables services, en attachant son nom à la Mwndati^n d'un grand nombre de villages du Sahel. On a eU!l!!;',;-comme on a fait., dé le, vanter outre mesure, de lui '¡:', es ovations, de lui dresser des arcs-de-triomphe, de tùu tt-uner des sérénades, de lui offrir, comme à un conquérant, l'olivier pacificateur. Mais, somme toute, c'est un hetnme véritablement u^ilej très-bien placé dans sa sphère, un eœur trèsklroil, un vrai troupier dans toute l'acception loyale et généreuse-dè ce mot, et il mériterait un souvenir dans cette lettre, rèeùt-il f que ce beau jardin, qui est, à

vrai dire, la seule promenade d Alger.

A quelques pas du jardin des Condamnés, on trouve le cimetière des juifs, une langue de terre nue et découverte, parsemée de petites tombes blanches en forme de dôme, .(juj^ssemblenl à des ruches déboute. Un chévricr, assis sur le coin d'une pierre brisée, faisait paître ses chèvres autour de ces tombes, où poussaient quelques maigres herbes brûlées par le soleil. Depuis cette première visite, je suis venu souvent me promener le soir dans ce cimetière. Quand on détache ses yeux de la voûte splendide du ciel pour les laisser retomber sur ces marbres épars autour de soi, on se prend à envier cette douce et sereine tranquillité des morts, qui faisait dire à Luther, dans le cimetière de Worms : tnvideo quia ouiescunt 1

Un peu plus haut, sur un des versans des Tagarins, est le cimetière des Maures. Vous êtes frappé, en entrant, de la simplicité, de l'uniformité de toutes ces tombes. N'allez pal demander aux cimetières orientaux les mausolées du Père-Lachaise : un nom, un verset du Koran écrits sur une pierre, voilà tout. Toutes ces tombes se ressemblent, celle du pauvre comme celle du riche; toutes sont à fleur de terre, et cette égalité de la mort vous plaît, en sortant d'un pays où l'inégalité se poursuit jusque dans le tombeau. il y a là, cependant, des hommes qui eussent pu s'élever de riches mausolées, et pas un ne s'est inquiété du pas qui viendrait fouler ses restes, pas un n'a eu le stupide orgueil de cet Espagnol qui donna toute sa fortune an chanitrc de Tolède Dourau'on susnendlt sa hièa rh la vm"! tn

de la cathédrale, ne voulant p^TvqSSl^l. que, même après sa mort, un manant luinnsàt surJ eTphtrc.

Il y a ençore un petit cimetff^bord de la ., 1 ..:',-.J.

mer; c'est le cimetière des consuls. La vague l'a tellement ravagé qu'il n'en reste plus qu'un coin qui sera bientôt dévoré. La plage est couverte de têtes de morts, de débris d'ossemens. A travers les déchiremens de la terre, on voit en plein dans les tombes. Pourquoi ne rccueille-t-on pas pieusement ces débris? Pourquoi ne transporte-t-on pas ailleurs les restes de ces chrétiens qui sont nos frères ? Lorsqu'on a tracé ces routes qui se croisent aux portes d'Alger, il a bien fallu couper tous ces cimetières; les vivans né se dérangeraient jamais d'un pas pour laisser les morts dormir tranquilles. Dans cette circonstance, on ne rendit pas à à ces morts, qu'on chassait violemment de leurs tombes, tous les honneurs qui leur étaient dus ; et les Arabes, qui poussent le respect des morts jusqu'au fanatisme,–si l'on peut appliquer ce mot à une chose aussi samte,-se de-

mandèrent avec surprise d ou venaient ces hommes si indifférons à ce culte de la tombe qui, chez aucun peuple, n'a trouvé d'athée.

Quelques minutes après nous frappions à la porte de l'hôpital du Dey, qui forme une halte naturelle entre tous l'hôpital du DeyC, 'était la maison de plaisance, le petit Triaces cimetières. Il v a lit uti jardin mag non de ce pauvre Hussein. Il *y a là un jardin magnifique, digne d'une demeure royale, et qui vous donne presque l'envie d'être malade.

Il nous restait à voir le cimetière français, à la fondation duquel se rattache une histoire touchante. Un capucin, confesseur de don Juan d'Autriche, avait été pris par des corsaires d'Alger. Vous savez comment, don Juan d'Autriche avai t battu les Turcs à Lépante; tout l'or des pères de la Merci n'eût point suffi à la rançon de son confesseur.

Don Juan ne recula devant aucune des exigences des corsaires; il puisa à pleines mains dans ce cottre où venaient s'enfouir tous les trésors du Pérou. Le moine refusa la liberté, et il demanda que sa rançon - fùt consacrée à l'achat

d'un morceau de terre destiné a servir, a perpétuité, de sépulcre aux chrétiens. Il a été lui-même déposé dans cette terre qu'il avait achetée du prix de sa liberté. Mais on n'y trouve pas une pierre qui rappelle le nom et le souvenir de ce pauvre moine, qui a fait, sans y penser, une action aussi sublime. Il est des momens où l'on se révolte contre l'ingratitude des historiens, qui consacrent tant do volumes à justifier les vices et les crimes d'un prince, et qui laissent mourir sans retenir seulement leur nom ces humbles bienfaiteurs de l'humanité.

Quelques années ont suffi à la mort pour peupler ce cimetière. Au milieu de toutes ces tombes, nous remarqua.mes celle d'Amédéc de llourmont, un brave jeune homme qui a payé de sa vie la conquête de 1830. Lit bien ! ni cette