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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-08-22

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 22 août 1845

Description : 1845/08/22 (A2,N72)-1845/08/26.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366476z

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 21 Août.

De la marine en Algérie.

(7. article) (1).

PORTS, PHARES ET FANAUX. PORTS DE STORA, BÔNE, LA GALLE.

Le golfe de Stora, que termine a l'est le cap de Fer,

est fermé A l'ouest par le cap et l'ilot de Tarsah. A pe tite distance de cette dernière pointe, se trouve l'île de Srigina, qui laisse entre la terre et elle un passage très-sûr pour les navires qui arrivent vent sous vergues, et surtout pour les navires à vapeur. Ces derniers, soit qu'ils viennent de Stora ou qu'ils se rendent sur cette rade, trouveront un grand avantage à donner dans ce canal, qui abrége leur route et leur offre un meilleur abri lorsqu'une brise fraîche contrarie leur marche. Après avoir doublé cette île, on apercoit Philippeville, et peu après, sur la droite, la rade de Stora, lieu d'ancrage des navires de commerce. En venant prendre ce mouillage, il ne faut pas serrer la côte de trop près, afin d'éviter des brisans dont quelques-uns sont visibles, tandis que d'autres se prolongent sous l'eau à quelques encâblures.

Le bon mouillage de Stora, celui qui promet toute sécurité, est par vingt et vingt-cinq brasses, fond de sable vaseux un peu sur tribord du village. L'on est ainsi à quelque distance de la plage, et c'est Ii., nous le savons, un grand inconvénient pour les navires de commerce. Mais, d'un autre côté, en mouillant près de terre par six brasses d'eau, fond de sable, ils ne résisteraient pas à un coup de vent. A cette profondeur, la mer brise avec violence, et les navires mouillés dans de telles conditions sont inévitablement jetés à la côte. Les vents du nord-est et de l'est, qui semblent devoir pénétrer le plus facilement dans la baie, y causent. cepen daii t peu de tempêtes ; les ras de marée les plus dangereux ont été produits par les coups de vent de l'ouest et du nord-ouest, dont on croirait cependant n'avoir rien à craindre.

Quoique ces vents viennent par-dessus les hautes terres qui ferment la rade, ils ne laissent pas que d'y causer une mer affreuse. Ce phénomène, qui se produit sur beaucoup de points du littoral algérien, n'a pu, jusqu'à ce jour, être expliqué d'une manière satisfai-

sante. C'est dans de pareilles circonstances qu'ont eu lieu, en janvier 1841, les sinistres de la 1Marne et d'une grande quantité de navires du commerce. Par suite d'une opinion assez naturelle, fortifiée par les affirmations des praticiens de la côte, tout le monde pensait qu'en mouillant en dedans de la crique, et à l'abri des vents du nord-est, l'on se plaçait ainsi dans les meilleures conditions de sécurité : l'événement a cruellement trompé toutes les prévisions, car les navires mouillés par un grand fond ont seuls résisté à la tempête.

Depuis cette époque, l'autorité maritime, éclairée par l'expérience, a constamment exigé que les navires fussent mouillés parquinze brasses au moins; et depuis ce moment aussi, cette mesure, acceptée avec regret et non sans murmures par ces mêmes navires, les a cependant préservés de tout sinistre. Il est donc maintenant bien établi que le mouillage de Stora est parfaitement sûr et ne présente aucun danger. Les navires de l'Etat peuvent y venir en toute sécurité, quelle que soit leur grandeur et leur tirant d'eau, et nous som..mes persuadés qu'ils ne trouveront pas un meilleur refuge au fortGénois. Les navires à vapeur surtout n'ont aucune raison d'aller prendre ce dernier mouillage

lorsqu'ils jugent convenable de relâcher, après avoir dépassé le golfe de Stora. Cependant, l'hiver dernier encore, plusieurs d'entre eux ont exécuté la même manœuvre : surpris par une forte brise d'ouest auprès de Bougaroni, ils ont laissé arriver piteusement et sont revenus, vent arrière et avec une dépense énorme en combustible, à leur point extrême de départ, lorsqu'ils avaient à leur portée deux excellens relâches, Collo et Stora. Cette conduite est inexcusable, et l'autorité ma-

ritime nous semble manquer à son devoir en ne pre- nant pas des mesures propres à prévenir le retour de tels actes, qui rejaillissent d'une manière fâcheuse sur le corps entier des officiers de la marine de l'Etat.

En décembre 1842, deux vaisseaux furent expédiés de Toulon, chargés de troupes, pour Philippeville : mais les capitaines reçurent, en partant, l'ordre d'aller mouiller sur la rade du fort Génois, où le débarquement devait s'opérer, avec défense expresse de se rendre à Stora. Après avoir mis précipitamment leurs troupes à terre, ces vaisseaux s'éloignèrent en toute hâte, et regagnèrent le port de Toulon. Les malheureux soldats, ainsi débarqués à quelques lieues de Bône et à plus de vingt lieues de PhiliDDcville. dans

une saison froide et pluvieuse, durent bivouaquer deux mois avant d'être tous rendus à leur destination. Ce mouvement ne put être effectué qu'au moyen des navires à vapeur faisant le service de la correspondance, et qui, portant déjà d'autres passagers, ne pouvaient recevoir chaque fois (tous les dix jours) qu'un nombre assez restreint de soldats : tous ces graves inconvénicns eussent été épargnés, et les troupes passagères (1) Voir l'Afrique des 16 janvier, 6 el 26 février, 26 mars, 16 avril el 16 juin.

rendues sur-le-champ à leur destination, où leur présence était impérieusement réclamée, si les deux vaisseaux avaient été autorisés à mouiller seulement une demi-journée sur la rade de Stora. Voilà dans quelles exagérations ridicules l'on est tombé, et comment navigue la marine royale française au dix-neuvième siècle.

Certes, il ne faut pas compromettre inutilement nos vaisseaux : mais en les tenant constamment abrités dans le port de Toulon pendant l'hiver, et sur la rade des îles d'Hyères pendant l'été, l'on ne formera pas les officiers et les marins au dur métier qu'ils exercent, métier dont les circonstances les plus difficiles doivent leur être familières. Est-ce ainsi que nous serons en mesure de soutenir une lutte avec la marine anglaise ?

Avons-nous donc perdu le souvenir de la dernière guerre? et ne savons-nous donc plus que par les temps les plus difficiles, dans les rudes mois de l'hiver, les croiseurs anglais, vaisseaux et frégates, bloquaient à la voile, et à petite distance de terre, nos ports les plus inabordables de la Manche et de l'Océan ? En vérité,

eût-on le dessein de décourager notre marine nationale, de paralyser sa vigueur et ses efforts de progrès, on n'agirait pas autrement. C'est le cœur serré que nous écrivons ces lignes, nous qui aspirons au jour où notre marine nationale, forte d'expérience et d'énergie, sera appelée à venger de tristes souvenirs! C'est aussi sans espoir prochain, car nous n'attendons rien du ministre actuel, homme timide et sans portée, insuffisant à la tache qu'il lui est imposée, et succombant sous le poids des préoccupations politiques.

Plusieurs projets ont été émis dans le but de rendre la rade de Stora parfaitement tranquille : nous pensons que celui qui offre les conditions les plus larges devrait être adopté, quelle que fût la dépense qu'il nécessiterait, si toutefois l'on se décidait à concentrer tous les travaux sur ce point : mais, à notre avis, la question doit être posée dans ces termes : 1° Faire devant Philippeville un port susceptible de recevoir au moins cinquante navires; 2° Améliorer la rade de Stora de manière à ce que les navires y fussent moins tourmentés par la grosse mer. 11 serait possible et peu dispendieux d'établir sur cette rade le système de brise-lames pratiqué avec succès, dit-on, à Brigthon

et à la Guayra, port de Venezuela. Si l'on rejetait ce moyen, on devrait alors, à partir de l'île aux Singes, et dans la direction du sud-est, construire une jetée de 100 mètres environ dont la dépense ne dépasserait pas probablement douze cent mille francs, et qui pourrait abriter un bon nombre de navires. Stora, éloigné de Philippeville de quatre mille mètres, ne peut être avec avantage le port et le lieu des opérations de chargement et de déchargement : il y existe une rade déjà bonne, qui devra recevoir de nombreux navires et servir de lieu de relâche : qu'on dirige les travaux dans ce but, et que l'on s'occupe sérieusement de construire un port devant Philippeville; ces deux projets présentent le plus d'avantages, et seront également plus économiques. Quant au brise-lames, nous ne pouvons établir ici le chiffre exact des dépenses qu'il occasionnerait : ce système a été si peu pratiqué

jusqu'à présent, que plusieurs expériences sont nécessaires pour nous édifier complètement sur ses avantages et les frais qu'il occasionne. Si l'on s'obstinait, au contraire, à faire à Stora le port et la rade, des travaux considérables seraient nécessaires, et la dépense serait au moins triple de celle que nécessiteraient les travaux réunis du bassin de Philippeville et de la rade

de Stora. - - Dans l'état actuel, la plage située devant la ville est souvent impraticable : les navires à vapeur seuls y mouillent pour la plus grande facilité de leurs opérations : mais il faut se lutter d'appareiller lorsque l'état du temps devient menaçant, et que le cap de Fer se couvre de sombres nuages. On doit alors gagner le mouillage de Stora ou tenir le large. La mer grossit rapidement, soulèvedes lames énormes et brise jusqu'à trois cents mètres de distance de la plage: par dix et douze brasses, l'on trouve fond de sable: plus près de terre le fond est de roches et de galets : le bon mouillage se trouve par neuf ou dix brasses en face du cap Skikida, relevant le pont du débarcadère au sud-sud-

ouest. Nous avons sous les yeux un projet de bassin devant Philippeville dont la dépense n'atteindrait pas trois millions : les travaux auraient lieu par une profondeur moyenne de quatre mètres, et constitueraient un port de quatre hectares d'étendue, capable de contenir soixante-dix ou 80 navires au moyen de deux jetées parallèles reliées entre elles par une digue destinée à supporter l'effort des lames : quelques navires à vapeur trouveraient également place dans ce bassin.

Quant aux navires en partance ou en relâche, ils auraient un bon refuge et une belle mer en dedans du brise-lames ou de la jetée de Stora.

Nous devons insister sur le mérite et les avantages

des projets que nous venons de mentionner. Si l'on considère la distance qui sépare Stora de Philippeville, le prix du transport entre ces deux points (2 fr. 50 c.

par tonneau) l'on ne peut qu'être frappé de la nécessité des travaux que nous recommandons.

Nous le répétons , l'idée de la construction d'un bassin devant Philippeville ne nous appartient pas; nous l'avons lue récemment, longuement développée, dans un travail concienscieuxémis par un officier de marine qui a longtemps séjourné sur ce point, et dont les projets appellent un sérieux examen.

Quoi qu'il en soit, et sans rien connaître des travaux et projets élaborés par la commission nautique, nous devons appeler de tous nos vœux la mise à exécution immédiate de travaux sérieux et utiles, afin que les

navires de toute espèce puissent en tout temps y trouver bon abri et suivre leurs opérations. est et sera toujours le port de Constantine; cette province, qui attire déjà les colons sérieux et des capitaux considérables, donnera lieu à de nombreux échanges auxquels la marine contribuera par une coopération activa : il est donc urgent de s'occuper enfin de celle position maritime si intéressante.

Jusqu'à ce moment, il a été très-difficile de prendre de nuit le mouillage de Stora ou de Philippeville; pas | un seul phare pour guider les navires; seulement un

chétif fanal allumé quelquefois au blockaus des Singes, la plupart du temps négligé et mal entretenu. Ce feu est complètement insuffisant ; il ne donne aucune clarté et devient sans utilité réelle: force est donc à beaucoup de navires d'attendre le jour pour donner dans la baie.

Voici le système d'éclairage que nous croyons convenable. Sur le cap de Fer, à l'est de la baie, on placerait un feu fixe qui ne pourrait en aucun cas être pris pour le feu du cap de Garde, celui-ci étant à éclipses de trois secondes en trois secondes. L'ile de Srigina recevrait un feu tournant d'une portée de douze milles ( nous croyons savoir que ce dernier est en confection et ne tardera pas à être mis en place ) ; à Stora, sur l'un des points culminans, l'on établirait un fanal visible au moins à six milles; enfin, devant Philippeville et sur le débarcadère, l'on placerait également un fanal de couleur : ces deux derniers feux seraient placés naturellement sur le brise-lame et la jetée du large, si les travaux que nous avons mentionnés étaient exécutés. De cette manière la baie serait parfaitement signalée et praticable en tout temps et par toute espèce de navires.

Enfin, nous insistons vivementsur l'utilité que présente l'établissement sur ce point d'un dépôt de charbon

pour les nombreux navires à vapeur que le service y

appelle ? et qui n'auraient plus de prétexte pour se rendre a Bône, où la plupart du temps rien ne motive leur présence. Il n'y a pas d'autres bons mouillages dans le golfe de Stora : celui du cap Filfila ne peut servir que pour abriter des vents d'est ; la tenue y est mauvaise, et ne présente aucune garantie si l'on est surpris sur ce point par les vents d'ouest. il y a, dit-on, un peu de corail dans ces parages; mais il y a peu de corailleurs. Le cabotage et la pêche sont exclusivement faits par des bateaux génois, maltais ou catalans.

Après avoir doublé le cap de Fer, et à une distance de quinze milles environ dans l'est, on aperçoit une baie qui offre un très-bon abri pour les vents d'ouest.

Cette baie prend le nom du cap Toukousch et se trouve dans l'est de ce cap; on y mouille par quinze et vingt brasses fond de sable dur. C'est donc encore un bon abri pour les navires à vapeur que la brise d'ouest contrarierait au point de les empêcher de faire route.

Après avoir contourné le cap de Garde, l'on découvre la rade du fort Génois, que l'on gagne en ayant soin de donner un peu de tour a la pointe du fort, à

cause d un banc de roches sur lequel il n'y a que dix pieds d'eau : la gabarre la Lamproie a touché sur ce banc en 1842. On mouille dans cette baie par quinze ou vingt brasses, fond de sable et vase, en relevant le fort Génois au nord-nord-est; là on est à l'abri des vents du sud au nord en passant par l'ouest; cependant les l'affales du nord-ouest y sonl très-violentes et font fréquemment chasser les navires, surtout lorsqu'ils prennent leur mouillage; dans les coups de vents d'est et de nord-est la mer y est très-grosse, et l'on n'a d'autre secours que celui de sa bouée, ce qui fait que les navires fatiguent beaucoup. Néanmoins, la nature et l'élévation du fond que l'on trouve dans cette rade font que, depuis l'occupation de l'Algérie, l'on n'a eu aucun sinistre à y déplorer; mais elle a le

désavantage d'être très-éloignée de la ville de Bone, et, en outre, l'on ne peut guère espérer de l'améliorer, à cause de la profondeur de l'eau et des dépenses énormes que nécessiteraient des travaux d'end iguement. Il est toutefois urgent d'y construire un débarcadère solide, et d'y placer un dépôt de charbon, affecté surtout aux navires a vapeur de grandes dimensions qui ne peuvent mouiller très-près de Bône. La baie du fort Génois conviendrait admirablement pour

l'établissement d'un village maritime. La pêche qui y est abondante, le ravitaillement des navires en relàche, l'exploitation des carrières de marbre du cap de Garde, seraient autant d'élérncns d'une aisance certaine et d'un grand bien-être pour les habitans de ce village, qui ne saurait être mieux placé qu'à l'entrée du magnifique golfe de Bône.

La baie des Caroubiers, plus rapprochée de Bône, n'offre de sécurité qu'aux caboteurs; le coup de vent du 25 janvier 1835 y a fait périr plusieurs navires, et a donné la mesure de la confiance qu'elle doit inspirer.

Pendant la belle saison, on peut mouiller avec confiance sur la rade de Bône, en prenant le mouillage du Cassarin depuis quatre brasses jusqu'à huit brasses.

Les navires à vapeur doivent se placer le plus près possible de la ville, afin de faciliter le renouvellement de leur combustible, et leurs nombreuses opérations en personnel et matériel : on y trouve fond de sable

et vase, mais lors des coups de vent de nord-est, il s'établit dans toute la baie un remoux violent qui remue le fond, et déchausse promptement les ancres; aussi les navires qui peuvent appareiller ne doivent pas hésiter à le faire lorsque les vents d'est fraîchissent et que la mer se fait. Nous pensons qu'on pourrait peut-être étaler un coup de vent en mouillant par dix et onze brasses dans le sud-est de la pointe du Lion. L'on serait ainsi à une grande distance de terre, et moins soumis à l'action funeste du courant que nous avons mentionné. De plus, on serait en mesure d'appareiller avec tous les vents ; ce mouillage conviendrait peut-être tout autant que celui du fort Génois aux navires à vapeur qui fréquentent en hiver le port de Bônc, et qui éprouvent parfois, pour les approches de de port, une frayeur exagérée ; ce qui nuit

beaucoup à la bonne marche du service, et occasionne gratuitement aux passagers, aux soldats et aux marins de la direction, un trajet long et pénible.

A la pointe Cigogne, l'on a construit un petit môlc en maçonnerie, appuyé sur les roches de la pointe, et qui donne un peu d'abri aux caboteurs mouillés très-près de terre ; ce travail devra être continué pour produire quelques bons résultats; mais U. n'est pas la question, et il faut se mettre en mesure d'assurer à Bône un port sur, spacieux et commode. A cet effet.

une jetée devrait, selon nous, être construite un peu

en dedans de la pointe du Lion, et dans la direction du sud-est ou du sud-sud-est, de manière à abriter les navires des vents et de la mer du nord-est et de l'est, et à comprendre un fond assez élevé pour que toutecspèce de navires y trouvent une mer tranquille.

Nous croyons savoir que des projets ont été proposés dans ce sens par la commission nautique, et nous ap-

pelons de tous nos vœux leur prompte exécution. Il y aurait, selon nous, plus et mieux à faire; il s'agirait de rendre la Seybouse accessible à des navires d'un moyen tonnage. Comme l'on y trouve plus de trois mètres d'eau, l'état actuel de la barre est le seul obstacle ; c'est donc sur ce point que doivent se fixer l'attention et les efforts des hommes spéciaux ; Déjà plusieurs rivières ont été rendues navigables pour d'assez grands navires, par suite de la canalisation de leurs embouchures. Ici les travaux à faire ne seraient pas très-considérables, et les bienfaits d'une telle opération présenteraient des avantages immenses. Là serait le véritable port de Bône, le lieu de la refonte, du carénage et des réparations des navires ; plus loin, et à l'abri de la jetée du S.-E., les grands navires trouveraient une rade sûre et commode. La construction de deux quais parallèles sur la Seybouse, et d'un quai circulaire contournant la baie du Cassarin et rejoignant la jetée, compléterait un ensemble de travaux que nous ne faisons qu'indiquer, mais dont l'importance nous semble rigoureuse. L'on entre facilement, la nuit, dans le golfe de Bône dès que l'on a pris connaissance du phare élevé sur le cap de (;arde, et qui a une élévation de 129 mètres. Ce feu, qui est à éclipses de 3secondes en 3 secondes, date de 1841, et se voit à une distance de 15 milles. Sur la pointe du Lion est

placé un feu de port fixe, d'une élévation de 42 mètres, ayant une portée de 9 milles. Il resterait à établir pour le moment, et au lieu du débarcadère, un fanal de couleur pour prévenir tout accident, et pour diriger les embarcations qui viennent y accoster pendant la nuit.

La Calle, qui termine à l'est nos possessions africaines, se trouve à 2 milles du cap Gros. Jusqu'à présent, la pêche du corail a seule donné quelque importance à cet établissement, dont la population* est peu nombreuse. Diverses sommes ont été successivement allouées pour des travaux de quai et de curage du port; mais les mauvais temps, et surtout l'absence d'un ingénieur spécial résidant sur les lieux, ont été cause du peu d'avancement de ces travaux. La rade est en pleine côte, et n'est tenable, pendant un coup de

vent, pour aucune espèce de navires. Le port, formé par une presqu'île, peut recevoir quelques faibles caboteurs et des bateaux ; on y trouve il et 12 pieds d'eau et 20 pieds à l'entrée; mais les vents du N.-E: y causent un ressac violent, ce qui oblige de ha 1er it terre tous les bateaux qui s'y trouvent. Il faudra de très-grandes dépenses pour former sur ce point une rade sure et capable d'abriter des navires de moyenne dimension. L'importance de La Calle ne nous semble pas nécessiter pourlemoment d'aussi coûteux travaux, le port de Bône devant offrir aux corailleurs un refuge assuré. Il existe sur la presqu'île, et à gauche de l'entrée du port de La Calle, un fanal ou feu fixe, visible à 9 milles, et dont l'établissement date de 1844.

Telle est la situation de nos ports, phares et fanaux à l'ouest de nos possessions d'Afrique.

Nous avons déjà parlé des mines de fer des monts Bou-Amra et Bel-el-leta; nous revenons néanmoins sur ce sujet, à cause de son immense importance pour la ville de Bône.

Nous le répétons, toute concession qui n'entraînerait pas comme condition expresse l'obligation de traiter le minerai sur les lieux mêmes, où ce traitement peut se faire avec économie pour le producteur, serait une des fautes les plus graves, une des injustices les plus criantes dont une administration put se rendre coupable.

Les ressources minérales d'une localité constituent

la richesse de cette localité; à moins de raisons essenlielles, elles ne peuvent ni ne doivent lui être enlevées; l'en dépouiller, c'est la dépouiller d'une propriété sur laquelle elle a naturellement les droits les plus incontestables.

Nous avons insisté sur ces principes d'équité si simples, parce que, dans la circonstance qui nous occupe, le traitement du minerai sur les lieux d'extraction serait en outre la source du développement agricole de l'une des plus fertiles provinces de l'Algérie.

A Bône, tout le monde s'est ému à l'occasion d'une concession qui peut être une cause de ruine ou de prospérité pour toute la subdivision, suivant le parti auquel s'arrêtera l'administration. Parmi les protestations qui nous ont été adressées à cet égard, nous distinguons la pétition que la Société d'agriculture do Bône, l'un des corps savans les plus distingués de l'Algérie, vient d'envoyer à M. le ministre de la guerre.

Voici le texte de cette pétition :

M. le ministre, La découverte d'un riche minerai de fer dans la province de Bône, aux environs mêmes de la ville, vient d'uuvrir à cette province une ère de prospérité à laquelle la fertilité de son sol n'est plus appelée seule à concourir.

La Société d'agriculture, composée en majorité d'hommes fixés dans le pays et dévoués à ses intérêts, n'a pu voir cette découverte sans être frappée de son importance, tant sous le rapport de la colonisation que sous celui du développement de l'agriculture. Attentive à tout ce qui se rattache à ce double but, et bien convaincue que l'intérêt général dépend de la manière d'envisager la question, elle croit de son devoir de vous soumettre les réflexions sui-

vantes: Si le minerai de Bùne, comme celui de (ouzaïa, était exporté pour être exploité, la province n'en retirerait aucun avantage ; quelques ouvriers de plus seraient employés inaperçus dans le pays; d'ailleurs, en l'exportant en France, où le prix du charbon est très-élevé, il ne serait possible de le traiter qu'avec le eoke, et alors le 1er perdrait tous les avantages qu'il promet, l'Etal même n'en retirerait aucun profit.

Si, au contraire, la concession est faite sous la condition d'exploiter le minerai sur les lieux nn-un.-s, les résultais seront tout à fait différons, non-seulement pour l'avenir du pays, mais encore pour l'intérêt du gouvernement el pour celui même des concessionnaires.

L'industrie apportant ses capitaux, entraîne inévilahln.ment à sa suite des bras nombreux, destinés tant à l'exploitation du fer qu'à celle des bois, qui en est inséparable; des familles entières suivront leur chef, et viendront se grouper et former des villages auprès des nouveaux consommateurs et leur livrer une nourriture que les occupations particulières de ceux-ci les empêcheraient de se procurer par eux-mêmes; une émulation louable s'établira