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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-06-06

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 06 juin 1845

Description : 1845/06/06 (A2,N57)-1845/06/12.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63664655

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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AVIS Nous prévenons les personnes qui désirent établir des relations avec le journal Y Afrique, que son correspondant ollicicl à Alger est M. Alexis Belly, rue Scipion, 11 et 13. A ce titre, M. nelly se chargera de nous faire parvenir doutes* les communications qu'on voudra bien nous faire dans l'intérêt du pays.

Paris. 6 Juin.

Mur la réunion de l'Algérie à la France.

Si on se rappelle le message du nouveau président des Etats-Unis, M. Polk, on a dû se rappeler les paroles suivantes, relatives au territoire de FOregon : « Je » ne regarderai pas comme un moindre devoir de pro» clamer, et de maintenir, par toutes les voies consti» tutionncllcs, les droits des Etats-Unis sur celle por» lion du territoire qui s'étend au-delà des montagnes » rocheuses. Notre titre au pays de l'Orégon est clair » et incontestable, et déjà nos citoyens se préparent à » mettre un sceau à ce titre, en allant, avec leurs fem» mes et leurs enfans, occuper ce pays. Il n'y a pas » quatre-vingts ans encore, notre population était » bornée à l'ouest par la rampe des Alléghanis. Depuis » lors, c'est-à-dire sans doute du vivant de quelqucs» uns de mes auditeurs, notre peuple s'augmentant de » plusieurs millions a occupé la vallée orientale du » Mississipi, remonté aventureusement le Missouri

» jusqu'à ses sources, et déjà il s'occupe d'établir les » bienfaits d'un gouvernement libre dans les vallées dont » les rivières se jettent dans l'Océan Pacifique. Le monde » admire les pacifiques triomphes de l'industrie de » nos émigrans. C'est à nous qu'appartient le devoir » de les protéger partout sur notre territoire. La juri» diction de nos lois et le bénéfice de nos institutions doi» vent les atteindre dans les contrées les plus éloi» gnées, où ils ont établi leurs demeures. La facilité » des communications amènera bientôt les états qui ne » peuvent manquer d'être formés sur celle partie de nos » domaines dans la suhère de notre union frApraln »

Quelle différence entre ce langage ferme et explicite et celui tenu par notre ministère. Au-delà de l'Atlantique, on ose proclamer hautement les droits des Etats-Unis sur un territoire disputé par rAngletcrre ; de ce côté-ci de cette mer, le gouvernement d'une nation forte de 35 millions d'âmes n'ose proclamer la souveraineté de la France sur l'Algérie, et chaque année il entasse sophismes sur sopliisint-s pour justifier la présence d'un consul anglais encore accrédité auprès du dey d'Alger, dans ce pays conquis par nos armes.

Mais, à part la leçon de dignité nationale que nous donne le gouvernement américain, nous pourrions, dans le peu de paroles citées ci-dessus, puiser plus d'un enseignement.

En effet, à peine quatre-vingts ans se sont écoulés, que les Etats-Unis ont décuplé la surface de leur territoire, et sont montés au rang de nation du premier ordre. Par quels moyens ces prodiges se sont-ils accomplis? AL Polk le dit en peu de mots : « C'est que » ce sont des citoyens qui sont allés avec leurs femmes » et leurs enfans occuper les pays dont s'est augmen» tée l'union ; c'est que la juridiction des lois et le bien» fait des institutions de l'union ont atteint les ci» toyens émigrillls, dans les contrées les plus éloignées » où ils se sont établis. »

Nulle part dans les paroles du président il n'est question de l'unique intervention du pouvoir militaire pour accomplir ces immenses conquêtes; nulle part on n'y exprime, comme le fait sans cesse le gouvernement algérien, qu'il faut des armées nombreuses pour amener les vaincus à la soumission, et des armées encore plus nombreuses pour les tenir soumis. Sans doute on alléguera que les sauvages de l'Amérique ne sont pas des

hommes aussi guerriers que les Arabes de l'Algerie; mais aussi n'est-il nullement question dans les chroniques toutes récentes de l'Amérique de ces guerres qui font jusqu'à présent toute notre histoire dans l'Algérie.

Le gouvernement américain a jugé la faiblesse de l'obstacle qu'il avait à vaincre; il ne s'est jamais laissé fourvoyer par les faiseurs de bulletins et encore moins par les faiseurs administratifs, qui sont parvenus à persuader que les institutions sous l'empire desquelles la France prospère seraient contraires au progrès en Algérie, et qu'il vaut mieux leur livrer ce pays à merci.

Tant que les Etats-Unis demeurèrent sous le joug anglais, il ne fût question que de la nécessité de gouverner exceptionnellement, à cause des grands combats que les généraux anglais avaient à livrer aux sauvages de l'Amérique du nord; mais aussi, comme correctif de cette gloire, aujourd'hui parfaitement oubliée, la marche de la civilisation aux Etats-Unis fut tellement lente, que, depuis le temps de Guillaume Penn jusqu'à celui de l'émancipation de ces Etats, à la fin du siecle dernier, le territoire de l'Union était encore borné, à l'ouest, comme le dit M. Polk, par la rampe des Alléghanis.

La comparaison des faits passés et présens nous amène donc à cette conclusion : aussi longtemps que les États-Unis ont été soumis au régime d'une législation et d'institutions exceptionnelles ; aussi longtemps qu'ils ont été à la merci de gouverneurs pour lesquels la guerre contre les indigènes était une sorte de passetemps, présenté à la métropole comme une nécessité, le progrès a été lent, très-lent, et très-dispendieux ; et lorsqu'enfin la colonie a été en état de secouer le joug, elle s'est empressée de le faire. Mais depuis que les Etats-Unis, libres du joug de l'Angleterre, ont eu recours à la rorce des lois et à leurs institutions pour étendre leur puissance etformerde nOllveauxétals, en moins de quatre-vingts ans, ils sont montés au rang

de puissance de premier ordre, et leur territoire a plus que décuplé.

Or, que faisons-nous aujourd'hui en Algérie? Nous renouvelons, malgré les enseiguemens d'une histoire encore récente, toutes les erreurs des Anglais aux Etats-Unis. Notre gouvernement se laisse fourvoyer par les hommes qui lui persuadent qu'il y a six à sept cent mille hommes armés à combattre en Algérie, et qui y veulent perpétuer précisément le régime exceptionnel qui a fait perdre aux Anglais les Etats-Unis.

Comment se fait-il que personne, ni dans le ministère, ni dans la chambre, ne veuille comprendre que

1 ordonnance du 15 avril dernier, est une œuvre élaborée dans l'intérêt et à l'usage de deux personnages?

Comment ne peut-on comprendre qu'il faut administrer l'Algérie avec les lois et les institutions qui font de la France une nation si forte et si compacte, et que, livrer l'Algérie aux tàtonnemens d'une administration arbitraire, c'est recommencer pour ce pays la civilisation, et le faire passer de nouveau par toutes les épreuves au travers desquelles les siècles nous ont si péniblement conduits ?

11 est démontré actuellement qu'il n'y a certainement pas plus de cent cinquante indigènes par lieue carrée, et qu'il y a place pour 8 et 10 millions de Français; efforçons-nous donc d'y attirer les capitalistes, a la suite desquels les bras viendront, en présentant à tous les garanties légales et administratives qu'ils connaissent, et dont ils jouissent dans la mère-patrie, afin qu'en quittant la France pour l'Algérie, ils ne fas-

sent que changer de climat, sans changer de patrie.

Etendons la France en Algérie, comme elle s'étend aujourd'hui en Corse, alors il n'y aura plus besoin d'armée pour garder et dominer le pays.

Beaucoup de personnes croient que la réunion de l'Algérie à la France doit entraîner nécessairement l'établissement de l'impôt, parce que les droits politiques ne peuvent être conférés qu'à ceux qui paient

200 et 500 fr. d'impositions; mais cette conséquence n'est pas obligatoire d'emblée : voici, à cet égard, le projet de loi qui fut adopté par la commission instituée par décision royale du 26 mai 1840 pour l'examen des questions relatives à l'esclavage et à la constitution politique des colonies, dans sa séance du 3 avril 1841.

- - - -- - -.

Cette commission était composée de MM. le duc de Broglie, pair de France, le comte de Saint-el'icq, idem, le marquis d'Audiffret, id., Kossi, id., de Tracy, député, le comte de Sade, idem, Bignon, id., Wustemberç,id.. Passy, id., de Tocqueville, id., llcynard, id., le vice-amiral baron de Makau, contre-amiral de Moges, de Saint-Hilaire, conseiller d'état, directeur des colonies. Méslro, secrétaire.

PROJET DE LOI.

Art. 1er. Les conseils coloniaux établis à la Martinique, à la Guadeloupe, dans FUc-Courbon et à la Guyane, sont supprimés. L'institution des délégués des colonies près le gouvernement du roi est également supprimée.

Art. 2. Chacune de ces colonies aura un conseil général électif dont l'organisation et les attributions seront provisoirement déterminées par une ordonnance royale, rendue dans la forme des règlemens d'administration pu blique* Toutefois, l'ordonnance royale ne pourra rien ajouter ni changer aux dispositions de l'art. 2 de la loi du 24 avril 1833.

Art. 3. Les dites colonies nommeront des députés à la chambre des - députés dans la proportion suivante:

Martinique 2 Guadeloupe 2 Ile-Bourbon 2 Guyane. 1 Art. 4. La circonscription électorale de la Martinique, de la Guadeloupe et de l'lie-Bourbon sera conforme au tableau annexé à la présente loi.

Le chef-lieu de chaque arrondissement électoral sera désigné par ordonnance royale.

Art. 5. Est éligible à la chambre des députés par les collèges électoraux des colonies, tout Français qui satisfalt aux conditions des art. 59, 60 et 64 de la loi du 19 avril 1831.

Seront comptés au nombre des contributions direc- tes, qui confèrent le droit d'éligibilité dans chaque co- lonie, toutes les contributions directes qui y sont actuellement perçues, la capitation des personnes non libres étant seule exceptée.

Art. 6. Au lieu du paiement d'une contribution directe de 500 francs, il suffira pour dire éligible de justifier de la possession dans une des quatre colonies d'une propriété immobilière de la valeur de 50,000 francs.

L'estimation en sera faite d'après les évaluations qui ont servi ou qui serviraient de base à la perception des droits d'enregistrement.

Elle ne comprendra pas le prix des personnes non

libres attachées à l'immeuble.

Art. 7. La justification du cens d'éligibilité pourra aussi résulter cumulativement dans la proportion cidessus établie, de la côte des contributions directes et de la possession d'une propriété immobilière.

Art. 8. Les députés des colonies pourront être nommés indistinctement et sans limitation de nombre

parmi tous les Français éligibles, domiciliés soit dans une colonie, soit dans un département. Art. 9. Sera électeur dans les colonies tout Français qui réunira les conditions prescrites aux titres I. et Il.

de la loi du 19 avril 1831.

Toutefois sont applicables aux électeurs des colonies, dans les proportions du. cens électoral, les dispositions des articles 5, 6 et 7 de la présente loi.

Art. 10. Une ordonnance royale, rendue dans la

forme des règlemens d'administration publique, déterminera provisoirement les règles a suivre pour la formation des listes électorales et pour la tenue des collèges électoraux, en appliquant à chaque colonie, avec les modifications qu'exigent les circonstances locales, les dispositions de la loi du 19 avril 1831 sur les élections.

Dans tous les cas devront être appliquées dans les 1 colonies: 1° Le principe de la permanence des listes électorales et de leur révision annuelle; 2° la disposition qui attribue à la cour royale le jugement delinitil - ., _11_-

et sommaire des contraventions auxquelles peuvent donner lieu soit les inscriptions, soit les radiations ordonnées par l'autorité administrative.

Art. 11. Les ordonnances rendues en vertu de la présente loi seront présentées aux chambres pour être converties en loi, au plus lard dans la troisième session après que les députés des colonies auront été introduits dans la chambre des députés.

Art. 12 et dernier. Sont abrogées toutes les dispositions de la loi du 24 avril 1833 qui sont contraires à la présente loi.

Il y aurait peu de chose a changer à ce projet de loi pour le rendre applicable à l'Algérie, où l'on lormerait de suite trois déparlcmens, après avoir prononcé la réunion.

Nul doute que ce projet, qui avait trouvé de chauds défenseurs dans MM. de Tocqueville et l'amiral de Mackau, et dans la plupart des membres de la commission, n'en trouvât un plus grand nombre dans la chambre des députés, s'il était formulé pour l'Algérie; car chaque député comprendra, comme l'ont fait les Américains, que l'attrait pour aller peupler un pays nouveau sera d'autant plus grand qu'on y trouvera la juridiction de lois qu'on connaît, le mécanisme administratif auquel on est habitué, et surtout les garan-

ties que nos-institutions donnent aux capitaux et aux propriétés : chacun comprendra que l'Algérie tenue à l'état de l'Irlande sera toujours une rude et dispendieuse charge pour la France, tandis que, si elle est assimilée à la métropole, comme l'a été la Corse, comme l'ont été la Franche-Comlé, la Flandre, l'Alsace, etc., etc., l'Algérie ou plutôt les déparlemcns algériens, loin d'être un embarras pour la France lui seront intimement unis et en deviendront inséparables sans déploiement de force, mais par la seule puissance morale qui lie entre eux les départemens de la France, et qui leur ôte non-seulement le désir mais même la

pensée de se séparer de l unité.

Voilà ce que les chambres doivent méditer profondément, car la question d'Alger est une question de prépondérance ou d'avilissement pour la France, selon qu'elle sera comprise parles législateurs, ou abandonnée à la merci de quelques hommes, dont le but est de n'en faire qu'un marchepied.

1 Examen du rapport an roi our l'ordonnance du 15 avril.

(5" article.)

« Il faut, dit le rapport au roi sur l'ordonnance du » 15 avril, que, dans les localités telles que Conslane) tine, Sétif, Djidjelli, Bougie, Dellys, Médéah, Milia» na, Orléansville, Mascara, etc., etc., l'autorité » soit plus forte, plus libre dans son action et moins » compliquée que sur les territoires civils, conditions » qui ne se trouvent que dans l'autorité militaire. De « là, la nécessité pour les colons militaires de se sou» mettre à un régime exceptionnel qui, toutefois, ne » leur refuse aucune des garanties essentielles; car ce » sera, en fait, l'autorité civile confiée à des mains » militaires, et rapprochée, autant que la situation le » permet, des formes qui lui sont propres. »

Si ces lignes n'ont pas été écrites par M. Bugcaud lui-même, elles sont du moins, à n'en pas douter,

FEUILLETON DU JOURNAL L'AFRIQUE. - 6 JUIN.

UMBAtt

11 y a de bonnes gens en France, dans l'année de grâce 1845, qui s'imaginent bravement, sur la foi de quelques contes bleus mis en circulation par des touristes, que l'Afri(lue est un pays excentrique, où l'on ne voyage qu'à dos de chameau, et où les lions et les panthères vous servent de concierges. Mon Dieu 1 messieurs, j'en suis bien fâché

pour vous, qui vous vantez d appartenir au peuple te plus spirituel du monde; mais il faut bien le dire! l'Afrique a cessé d'être un pays neuf, uu pays original, un pays excentrique, depuis que nous y sommes venus. Ne vit-on pas ici comme en France? ne montc-t-on pas sa garde? n'eston pas abonné au cabinet de lecture? ne joue-t-oll pas les vaudevilles à la mode? si l'on va à la chasse, en temps défendu, ne trouve-t-on pas derrière un buisson un honnête gendarme ou un garde champêtre qui vous dressent un bel et bon procès-verbal! n'a-t-on pas des juges de paix, des tribunaux, des cours royales, des avocats? Il n'y a que des dénulés auc l'on n'ait pas encore ; mais cela viendra

quelque jour! Où diable voyez-vous de l'originalité dans tout ce:!' L'originalilé, elle" existe cependant, mais elle est da soleil, dans le climat, dans la végétation, dans les costumes et les mœurs indigènes. Quant a PAfrique française elle n'a rien d'original, veuillez bien le croire !

nous avons porté la France en Afrique, voilà tout! nous n'avons rien oublié,. pas même les journaux! Il est vrai que les journaux d'Afrique n'ont le droit de parler de,rien ni de personne; voilà une originalité! nous n'avons pas même oublié les omnibus, les liaeres et les diligences; il faut descendre au Sahara pour trouver une caravane!

A mon arrivée à Alger, on me proposa une promenade à Ulidah, Je regardai là carte, j'ouvris mon compas, je mesurai la distance,. douze lieues, (48 kilom. nouveau style). Je m'étais bêtement laissé dire par quelques hommes et par quelques livres, qu'un voyage de .12 lieues dans l'intérieur de l'Afrique était une expédition fabuleuse; qu'on vous coupait la gorge à la porte d'Alger, que les Bé-

douins vous couraient sus, comme sur tics lapins; et j'étais à réfléchir sur les mesures à prendre pour que notre ÉpLge ne fut pas troublé par ces aimables récréations, nd mes yeux s'arrêtèrent, sous l'horloge de la Djcnina, cette enseigne enluminée : « Messageries africaines; Iger à Blidak : aller et retour le même jour! Coupé 8/;\; rieur lourde diligence stationnait, à la

porte; j arrêtai ma place; une heure après, la voiture partit au trot de ses cinq chevaux!

Elle sortit d'Alger par la porte Bab-el-Oued, tourna le Jardin des condamnés et gravit lentement la route qui serpente aux nancs. des Tagarens ! Lorsqu'on a passé le Fort l'Empereur et le « petit village d-El-liiar, le pays cesse d'avoir les aspects riants et fleuris du Ilmnma d'Alger. Plus de verdure, plus de maisons de campagne! Le premier village qu'on rencontre est Dely-Ibrahim; un peu après, à la droite, Ouled-Fayet, d'où l'on découvre la mer, les toitures rouges du monastère des Trappistes, - Torre-Chica,

siaoïMi; on déjeune a Douera, un village immense qui affecte la prétention un peu ambitieuse de devenir une ville ; un trou enfoncé entre deux gorges, sans vue, sans perpective, sans horizon ! Apèrs Douera, vous laissez le Sahel s'arrondir à droite vers Coléah, et vous êtes dans la plaine. En descendant la côte, vous apercevez Bouffarick, caché derrière un rideau de peupliers et de saules, et plus loin, sur les premiers plans de l'Atlas, les maisons blanches et les blancs minarets de Blidah.

Bouffarick est le premier établissement français créé en Algérie, sous le nom de camp d'Erlon. L'aspect de cette verdure vous rafraîchit les yeux, après tant d'aridités.

- Mais celte verdure a été pavée - cher.

Voici, au commencement de l'occupation, comment se fondaient les villages : on établissait un camp, là où les nécessités de la guerre permettaient de le faire, sans s'occuper des convenances de climat ni de terrain. On y créait, à grands frais, des élablissemens militaires, qu'on ne voulait plus ensuite abandonner! Au lieu de faire comme les Arabes qui emportent leurs lentes, et, pour ainsi dire leur palrie, sur le dos de leurs chameaux, pour les aller planter dans un pays où il y a de la verdure, un air pur, de belles eaux. on bâtissait des bamnims romnlncéos nlns

, ----- ---J.---- - ----.-------- .1----tard par des maisons ! Le village bâti et peuplé, on s'apercevait, mais trop tard, que le pays était malsain! C'est là l'histoire de Houffarick, depuis, il est vrai, des travaux d'assainissement ont considérablement modifié l'état des lieux. Bouffarick, aujourd'hui, n'est plus re^onnaissable.

Vous savez ce qu'on fait à Paris des maisons neuves. On y loge, pendant quelques mois, de pauvres diables qui viennent en respirer l humidité. Cela s'appelle essuyer les murs ! Eh bien ! les premiers colons arrives en Afrique, et particulièrement ceux de Bouffarick, sont venus essuyer les murs! Martyrs d'une sainte cause, ils sont morts à la lâche, sur le sillon stérile nue d'autres plus heureux vien-

dront féconder !

Le dernier relai est Reni-Mercd, illustré par la défense du sergent mandan, Quand j'y passai, on y posait la première pierre d'un monument destiné à en éterniser le souvenir, et j'entrai à Rhdah avec la foule qui était venue payer ce tribut glorieux à la mémoire de vingt-deux braves

lllidah est bâtie au pied du Petit Atlas. C'est aujourd'hui une ville toute française, très-régulièrement ouverte, et dont les constructions commencées font deviner un superbe chef-lieu d'arrondissement. De l'ancienne ville, il ne restera que deux minarets, du reste, peu remarquables, dernier souvenir d'un peuple qui n'est plus? En admettant cette transformation, nliùah, comme ville française, sera une des plus agréables et des plus charmantes résidences

de l'Afrique ; et malgré notre peu d'amour pour la ligne droite, nous ne trouvons rien a redire à sa rue qui va de la porte BafJ-el-Sctt à la porte Rab-el-llhaba, à la petite place du Marché, et surtout à la place d'Armes, avec ses belles allées de platanes, et ses galeries en arceaux.

Avant l'occupation, Rlidah avait quatre mosquées. La principale, JJjnnma-Keúlr, sur la place d'armes, est devenue l'église catholique. Elle était surmontée d'un minaret qui tombait en ruines; on l'a coiffée d'une sorte de pigeonnier en bois peint. Vis-il-vis est le télégraphe, dans une espèce de niche noire (lui ressemble à un sarcophage sus-

pendu. Tout cela fait une assez drôle de grimace !

La mosquée de la porte d'Alger (Rab-el-Djezaïr), est aujourd'hui une caserne; la mosquée llen-Sadoun et la mosquée des Turcs sont encore affectées au culte musulman.

Voilà pour l'intérieur ! –Faisons maintenant une promenade autour de la ville, et laissez-vous conduire, au hasard, dans ces belles orangeries qui lui servent de ceinture. En voyant ces cours d'eau qui les arrosent, ces frais gazons, cette éternelle verdure, ces beaux fruits d'or qui font plier les branches, est-il étonnant que les anciens, désespérant de trouver un air plus pur, un ciel plus doux, un climat

plus béni, aient placé au pied de l'Athis le jardin enchanté des Uespéridos?

Telles qu'elles sont encore, ces orangeries laissent deviner ce qu'dies devaient être avant la conquête. Pour obéir à une des plus tristes nécessités de la guerre, on fut obligé d'en énionder la meilleure partie. Les Arabes venaient s'y embusquer, el tiraient à bout portant sur nos soldats.

Vous savez que lllidah a été prise et occupée trois fois, et que c'est une des villes d'Afrique où la lutte a été la plus longue et la plus sanglante. On a dit, et c'est un oflicier

irauçais qui a ecru ces lignes, « qu a lorce cl inutiles oarnaoré 1 » Nous ne recueillons cette phrase que pour protester contre elle.

Nous avons assez d'autres reproches à nous faire pour que nous puissions nous épargner celui-là ! Ce en quoi nous avons été coupables, par exemple, ici comme partout, c'est en dévastant sans une nécessité absolue ce qui restait de ces belles orangeries, déjà si maltraitées par la guerre. On abat tait un oranger, comme on aurait abattu un chêne pour se chauffer l'hiver. Toute cette colline,aujourd'hui si aride, où se trouve le fort ltfimich. était couronnée d'abricotiers. On les a coupés pour faire chauffer des mar-

mites. A cela, on répond : mais il n'y avait pas de bois, nos soldats ne pouvaient pas mourir de faim et de froid, pour le simple plaisir de laisser vivre des oranger et des abricotiers ; ce qui est parfaitement juste !

Les Maures étaient si fiers de Rlidah, qu'ils l'appelaient IL nouvelle Damas ! Ren-Yuscf, l'illustre marabout de Milianah,

a écrit ce proverbe, qui est un vrai madrigal : Ils disent petite ville, je dis petite rose! C'était, du reste, une espèce de Sodomc débauchée et voluptueuse, qui appelait le t'eu du Ciel. Vers 182-i, un marabout célèbre, Mohamed-el-BUdih, s'en allait criant dans les rues : Rlidah ! Rlidah ! ville adultère et prostituée, si tu ne changes, tu périras ! On ne tint aucun compte de ses prédictions. Le vieux Mohamed prit un jour son bâton de voyage et secoua la poussière de ses sandales sur le seuil de cette ville, qui n'avait pas foi en un saint homme auquel il était donné de lire dans les mystères de la nature et dans les secrets de Dieu: 11 s'en alla on ne

sait où ; il mourut peut-être au bord d'un fossé , comme , il y a quelques années, un de ses confrères, le grand Embareck de Coléah !

Le 2 mars 1825, un affreux tremblement de terre bouleversa la ville; toutes les maisons furent renversées, une partie delà population écrasée sous les décombres : Ulitlnh n'était plus qu'une immense ruine ! Aujourd'hui encore on trouve à chaque pas des marques de cette terrible catastrophe , dont ceux qui l'ont vue ne parlent qu'avec épouvante.

Les hahitans, effrayés , voulurent porter plus loin leur ville détruite; on voit encore, à quelque distance de Hlidah, le mur d'enceinte qui devait entourer la ville nouvelle. Mais ces terreurs s'apaisèrent bien vite! Blidah lit alors ce que Naples fait tous les jours. Quand la lave bouillonne, quand le cratère se couronne de flammes, la population contemple avec terreur le travail souterrain de la montagne ; mais, a peine les brises de la mer ont-elles secoué le linoeuil do cendres qui la couvre , Naples, oubliant, les périls de la veille, revient à ses plaisirs, à ses folles joies, et se répand avec la même insouciance sous les frais ombrages de Castcllamare et de Portici

Voilà un épisode de l'histoire contemporaine. Quant à la fondation de Blidah et à son développement, les * récits lègendaires sont tous en contradiction. Il parait qu'à une époque très-reculée vivait, près de * Bhdah, le marabout Mohamcd-el-Kebir. Il descendit un jour de la Montagne, s'arrêta à la place où se trouve aujourd'hui l'église catholique, y planta son bâton, et ayant appelé à lui des ou..vriers, jeta les fondemens de la musquée, autour de la-.quelle vinrent bientôt se grouper les premières habitations de Rlidah ! Une autre légende n'attribue à Mohamed-e/- A cbir que la civilisation des tribus arabes du Petit-Atlas, et à ses entans et petits-cofans la fondation de Blidah. D'après ces | derniers récits, les Arabes de ce pays étaient antropopha-