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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-05-16

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 16 mai 1845

Description : 1845/05/16 (A2,N53)-1845/05/22.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366462x

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris. 16 Mai.

Pétition pour la réunion de l'Algérie à la France.

La session louche à sa fin ; et comme à l'ordinaire, les députés impatiens n'attendent que le moment de se dérober à des fatigues qui n'ont cependant pas été lourdes.

Les questions les plus importantes passent sous les yeux de la chambre sans qu'elle daigne y prendre garde; il serait à craindre que si la pétition pour la réunion de VMgirie à la France se présentait dans de pareilles circonstances, il ne lui fût pas fait l'accueil qu'elle mérite.

Aussi, après avoir pris l'avis de plusieurs honorables députés, engageons-nous nos amis qui font circuler les pétitions, à les garder par devers euxetà continuer à les faire couvrir de signatures.

Nous saisirons la chambre de cette grande question au commencement de la session prochaine. Ce délai sera utile à tout le monde ; il popularisera en France l'idée de la réunion, et il permettra de réunir un chiffre bien plus imposant de signatures.

Nous le répétons, toutes les personnes qui savent signer et qui veulent sincèrement les progrès du pays doivent s'empresser de signer la pétition pour la RÉUPJION DE L'ALGÉRIE A LA FRANCE.

La RÉUNION DE L'ALGÉRIE A LA FRANCE, qu'on ne se fasse pas illusion, est le seul moyen de sortir de l'impasse dans laquelle le gouvernement s'est plaçé; c'est le seul moyen de donner au pays un élan que rien ne saurait plus arrêter, cette perspective mérite bien que Fou y songe.

Des bëDéO.,I.lr. de rer4lonnance du 1& avril.

Comme nous n'avons pas le privilége des communications officielles, nous n'avons pu annoncer positivement, dans notre dernier numéro, les nominations qui viennent d'avoir lieu pour application des dispositions de l'ordonnance du 15 avril; nous nous sommes bornés à les prévoir.

Ces nominations ont été faites par des ordonnances en date du 6 de ce mois.

M. Blondel, passe de la direction des financrs, qui était déjà trop lourde pour lui (on peut consulter à cet égard M. le ministre des finances), à la direction des affaires civiles; nous souhaitons qu'elle lui soit légère.

Nous faisons en même temps des vœux bien sincères pour qu'il apprécie, dans toute leur étendüe, les douceurs du régime du bon sens naturel, et pour qu'il sache combien c'est une noble position que celle de commis d'un général d'armée qui a non-seulement le bon sens du génie, mais encore le génie du bon sens.

La direction de l'intérieur et des travaux publics reste le lot de M. le comte Guyot. Il y gagne des attributions restreintes, une place en sous-ordre, et quelques centaines de francs de plus. Pour un homme délicat c'est tout profit.

Le nouveau directeur des finances n'est pas M. de Saint-Genis. C'est, ainsi que nous l'avons annoncé, M.

Saladin, inspecteur des finances de lreclasse; nous regardons cette nomination comme très-heureuse.

La direction des finances est la bouteille à l'encre. Il était temps de la nettoyer et de l'éclaircir.

M. le lieutenant-colonel Daumas, qui jusqu'à présent , malgré son titre de directeur, s'est occupé seulement des affaires arabes de la province d'Alger, est nommé directeur central de toutes les affaires, et membre du conseil supérieur d'administration. Nous ne sommes pas très-sûrs que certains officiers supérieurs, 'que certains lieulenans généraux voient avec plaisir cette centralisation.

Les trois rapporteurs civils du conseil supérieur d'administration sont: 1° M. Laurent de Jussieu, auteur de Simon de Nantua, et secrétaire de la préfecture de la Seine. Une place de 12,000 fr. à Alger est certes une très-bonne chose; cependant nous ne comprenons pas qu'on la préfère à celle de secrétaire général du premier département de la France ; il y a là dessous quelque chose de myslérieux; 2° M. le baron Ballyet, intendant militaire en retraite. M. le directeur des affaires de l'Algérie est si convaincu de la virilité administrative des hommes qui, de par la loi, sont censés n'en plus avoir, qu'il a voulu doter le conseil d'administration d'un vétéran de l'intendance.

3° M. Victor Foucher, premier avocat général à la cour royale de Rennes, auteur de plusieurs ouvrages de législation et homme parfaitement honorable.

Le conseil du contentieux qui devrait être tout simplement un conseil de préfecture, mais dont on veut faire un conseil d'état indépendant du conseil d'état de France, a pour président, aux appointemens modestes de 12,000 fr., M. Majorel, conseiller à la cour royale d'Alger, et qui, il y a cinq ans à peine était simple juge à 1,800 fr., au petit tribunal de Brives-ta- Gaillarde.

M. Majorel a pour collaborateurs, à 9,000 fr. d'appointemens : 1° M. Rivière, sous-préfet de Senlis. M. le duc d'Aumale a insisté beaucoup pour qu'il fut nommé. M. Rivière est d'ailleurs un excellent sous-préfet; 2° M. Pommier Lacombe, substitut du procureur général près la cour royale de Limoges ; c'est, dit-on, un homme distingué; 3° M. de Linos, ancien receveur particulier des finances. Il nous est pour le moment complètement inconnu ; 4° Le quatrième membre est encore à nommer. M.

le maréchal Bugeaud se réserve sans doute de désigner pour cet emploi quelque Périgourdin.

Le secrétariat de ce conseil est échu à M. Sol, qui, comme personne ne l'ignore, a fait preuve, dans ses fonctions de secrétaire général du gouvernement,

d'une indépendance et d'une activité remarquables. Il était bien juste qu'après de si durs et de si constans labeurs, M. Sol obtinlaine place facile et pas politique!

Tout cela est très-bien, comme on voit, mais il parait que la commission du budget de 1846 n'est pas excessivement satisfaite qu'on ait ainsi créé et distribué des emplois si libéralement dotés, avant d'avoir obtenu des chambres l'argent nécessaire. 11 est certain qu'elle s'est vivement récriée contre cet abus de pouvoir dont le ministère de la guerre est d'ailleurs coutumier.

On dit que pour prouver qu'elle est quelque chose, elle a décidé que le traitement de M. le directeur général des affaires civiles serait réduit de moitié, que celui de M. le procureur général, des directeurs de l'intérieur et des finances serait maintenu à l'ancien chiffre, quecclui des rapporteurscivilsserait supprimé, et celui des membres du conseil du contentieux rogné de quelques mille francs. Nous faisons des vœux pour que la commission persiste dans son honorable résolution.

Les auteurs de l'ordonnance du 15 avril n'ont consulté dans toute cette affaire que des intérêts particuliers ; on ne doit avoir aucun égard à ces arrangemens de famille. Le gaspillage des deniers de l'état est d'ailleurs beaucoup plus nuisible qu'utile à la cause de la colonisation.

Organisation d'un service médical de colonisation.

Nous avons signalé la nécessité d'organiser le plus

premptement possible un service médical qui embrassât toutes les parties des territoires civils actuellement en cours de colonisation.

On nous écrit d'Alger, à la date du 4 mai, que par un arrêté du 12 avril, M. le ministre de la guerre a ainsi organisé le service : District d'Alger, deux médecins, résidant it Birkadem et à Dély-lbrahim ; District de Douéra, deux médecins, it Douéra et à Maelma ; District deCoiéah, un médecin, à Coléah ; District de Boulfarick, un médecin, à Bouflarick ; District de Blidah, deux médecins, un pour la ville, un autre pour les villages; District du Fondouck, un médecin dans le centre dépopulation actuellement en construction.

Il y aura également un médecin rural dans chacune des localités suivantes, à Cherchell, à Philippeville, à El-Arrouch, à Misserguin, à Mazagran.

Nous donnons notre assentiment absolu à cette organisation. Elle occasionnera sans doute une dépense assez forte, mais ce sera de l'argent bien dépensé. Les colons, nous en sommes sûrs, accueilleront avec une vive reconnaissance cette nouvelle preuve de sollicitude de M. le ministre de la guerre.

Des concessions en Algérie.

Nous apprenons que plusieurs personnes qui s'étaient rendues récemment en Algérie avec des capitaux iinportans, pour y obtenir des concessions de terre et y fonder des établissemens agricoles, sont revenues en France sans avoir pu réaliser leurs utiles projets.

M. le gouverneur général, parfaitement servi en cela par M. le directeur de l'intérieur, ne veut pas entendre parler de grandes concessions et de colons capitalistes. Tout ce qu'on peut faire, c'est de promettre douze, quinze, vingt, vingt-cinq hectares. On nous a cité un riche propriétaire de Paris, voulant consacrer cent mille francs à la mise en valeur d'une concession à qui la direction de l'intérieur a on'ert généreusement 1 quinze hectares en plusieurs parcelles.

Il est bien Vrai, nous assure-t-on,quc M. le ministre de la guerre entend et prétend qu'on admette dans les villages un certain nombre de colons aisés, et qu'on leur délivre des concessions de cinquante, de cent, de deux cent, et même de trois cents hectares.

Il parait qu'il a écrit et qu'il ne cesse d'écrire dans ce sens, tant à M. Bugeaud qu'à M. Guyot, mais ces messieurs, habitués à la faiblesse de la direction des affaires de l'Algérie, laissent tomber dans l'oubli toutes les prescriptions ministérielles, et continuent à repousser et à dégouter des hommes qu'il faudrait, au contraire. accueillir à bras ouverts.

La colonisation ne peut se faire avec des bras seuls; il leur faut le nerf des capitaux. S'il y avait en Algérie, nous ne dirons pas des administrateurs de génie, mais des administrateur de bon sens, cette association des capitaux et des Mas, indispensable en colonisation comme en toutes choses, serait cherchée, encouragée, proclamée en toutes circonstances. Mais l'Algérie, qui aurait besoin plus que tout autre pays d'être gouvernée avec grandeur et dignité, n'a que des administrateurs de pacotille, et les affaires s'y traitent avec une indifférence et un matérialisme ibcroyables.

Quand donc la chambre et la presse se préoccuperont-elles de la nécessité de mettre fin à tant d'abus, à tant d'inintelligence?

- Voici une nouvelle que nous trouvons dans l'Akhbar, et qui, dans les circonstances actuelles, nous parait avoir une grande importance; nous la donnons néanmoins sous toutes réserves.

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Nous apprenons que les amindes tribus kabyles insoumises de l'est de la province d'Alger se sont réunis chez le marabout Si-eï-Mahadi, dans la tribu des Ueni-Uatem. Environ 600 chefs se trouvaient rassemblés en cet endroit, etils ont délibéré pour savoir s'ils devaient se soumettre à la France ou attendre les attaques qu'ils savaient devoir être dirigées contre eux tôt ou tard par M. le maréchal duc d'Isly. Il a été décidé à une immense majorité (il n'y a eu que deux opposans) qu'à l'arrivée de M. le maréchal, la soumission aurait lieu. On compte parmi ceux qui se sont rangés à cet avis, Si-cl-Djoudi, chef de la puissante tribu des Zouaoua qui, sous le nom altéré (rÀzotta?-gites, jouent un si grand rôle dans l'histoire du pays. EI-njoudi se donne à ses administrés comme l'envoyé de Mahomet, et il inscrit sur son cachet le titre de Khalifah du seigneur sur la terre. La résolution que nous venons de faire connaître est de la plus haute importance, et si les Kabyles y persistent, comme tout porte à le croire, ce sera un pas immense vèrs la Soin mission générale du pays. il est douteux que Ben-Salem et Bel-Kassem, les deux opposans dont nous avons parlé plus

liaut, puissent, dans l'état de discrédit ou leurs continuelhaut, détaites les ont jetés, faire revenir les montagnards ac l'est d'une décision qu'ils paraissent n'avoir prise qu'après l'intime conviction de notre supériorité et de la nécessité de prévenir des hostilités qui ne sauraient qu'avoir une issue fatale pour eux. Les marchés, ce thermomètre infaillible de la sécurité, sont approvisionnés comme par le passe ; notre khalifah Si Mahi-el-Din répond du maintien de la tranquillité dans l'est. Il est maintenant à Ifamza occupé à percevoir les contributions pour notre compte.

Cette nouvelle confirme, si elle est exacte, ce que nous avons déjà dit plusieurs fois, qu'on obtiendrait probablement, sans coup férir, des Kabyles la faculté de percer leurs montagnes des deuxroutes qui doivent relier Bougie et Gigelly aux pays de l'intérieur, et qui sont si essentielles pour débarrasser ces deux villes de l'étreinte dans laquelle elles vivent comme étoutfées. Ces deux routes, et celle d'Alger à Constantine, avec laquelle elles sont destinées à se lier, sont tellement indispensables, soit à la prospérité des villes qu'elles intéressent, soit à la tranquillité du pays, qu'il est de la plus haute importance d'y mettre la main aussitôt que les évônemens du Dalira seront terminés, ce qui ne peut tarder.

C'est ainsi que nous comprenons la guerre de la Kabylic. Nous ne sommes pas partisans d'une expédition fuite sans but, et seulement avec l'intention vague de soumettre le pays ; mais nous ne voulons pas non plus que l'on laisse intact au cœur de l'Algérie une masse de population hostile et indépendante qui est le puint de mire, l'espérance et le refuge de tous les mécontcns et de tous les fanatiques.

Il faut placer cette population dans l'impuissance de nuire, la diviser, la rendre à chaque instant accessible à nos colonnes, et, pour cela, nous ne concevons pas de moyen plus efficace et plus puissant que les routes de Bougie à la vallée de la Medjana, et de Gigelly à Sétif, se reliant toutes les deux avec la route de Constantine à Alser.

Voilà en quoi il est essentiel de commencer le plus tôt qu'il sera possible; voilà ce que l'on peut faire, nous l'espérons encore, sans qu'il soit nécessaire de faire couler le sang; voilà ce que l'on doit, au surplus, entreprendre, dussent des hostilités en être les conséquences. Mais il importe que ce but soit clairement éterminé, et que la réalisation en soit poussée avec la plus grande vigueur.

Le Gouvernement de l'Algérie dirige contre nous toute l'artillerie de la presse locale; nous ne nous en étonnons pas. C'est dans ce but qu'il en a favorisé les progrès; il est donc naturel qu'il se serve des armes que l'imprudence de l'autorité supérieure a mises entre ses mains.

En France, la presse sert à éclairer l'opinion publique, elle porte la lumière sur toutes les questions de politique extérieure; elle les examine, les analyse, et

fEtlLLEtON DU JOURNAL L'AISIQUH. - tG 11t 1

(Salon de 19<15.–(2e article.)

Après la critique des tableaux dont le sujet relevait plus directement de notre journal, nous devons à nos lecteurs l'appréciation des œuvres les plus .: remarquables de cette exposition. Malheureusement le cadre dans lequel nous sommes obligés de nous renfermer ne nous en permettra pas une description détaillée. –Pour faciliter nôtre travail et aussi pour le rendre plus intelligible, nous diviserons les sujets soumis à notre examen en quatre classes distinctes : 1° la peinture historique, dans laquetle nous comprendrons les batailles; 2° la peinture religieuse; 5° les tableaux de genre, ou figurerolit aussi les paysages ; 4° les portraits. Après cette revue, nous aborderons les peintures ou les dessins au crayon, et nous terminerons enfin par la sculpture. -.

PEINTURE HISTORIQUE. M. Geffroy a exposé cette année une scène de la tragédie grecque Ariane et Thésée.

Son œuvre ne manque certes pas de consciencieuses études, mais le succès laisse pourtant à désirer. Les poses sont un peu contournées. Le coloris n'est pas juste. M. Geffroy avait été plus heureux l'année dernicre, en nous donnant les portraits de ses camarades de la Comédie-Française. Toutefois on ne peut pas refuser à M. Geffroy une dualité éminente dans les arts.

M. de Jonquières a retracé un accident de la vie du régent, qui, n'ayant encore que dix-neuf ans, faillit être tué à la tête de la maison du roi, dont il avait le commandement à la bataille de Nerwinde. Nous ignorons le motif qui a Jonquières à fouiller dans la presqu'enfanee de poussé M. d'Orléans, pour y trouver une action d'éclat qui Philippe pût faire contrepoids au reste de sa vie; mais ce que nous savons bien, c'est que pour nous il ressort de ceiaMMtfi les moralités suivantes :- Ne confiez jttmfntJi de jeunes princes doués d'un espriOwBH6iiiMËL.

Seulfllre même de courage, mais dépourvus eribe qurmil le salut des armées; -Quand sujet iHgfaÇne le choisissez pas. Si on vous l'impo 4" i-.sez vos pinceaux, surtout quand ils n'ont pas grande valeur.

La bataille d'Ocana, de Bellangé, a l'air d'être une esquisse à peine achevée d'un des anciens tableaux d'Horace Vernet. Il y a de sa couleur, de son faire,dao..

nicre dont les masses sont éclairées et posées. -

gjfccela est dans des proportions trop exiguës.

M. Philippoteaux a encore été moins heureux dans la bataille de Rivoli, digne certes d'un meilleur sort. Son œuvre est une grande page inerte, froide, où il n'y a qu'un seul mérite à faire remarquer, celui d'un agencement convenable; maispresque toujours, et surtout en fait de bataille, un beau désordre est un effet de l'art, aussi curieux à re chercher que difficile à saisir.

La bataille-d'IIastings, par Dçbon, pèche peut-être par l'excès contraire à celui de la bataille de Rivoli. Ici, les opEôsitiôns" de couleur et de force se heurtent comme les hommes avec une fureur qui nuit un peu à l'harmonie de l'ensemble: Cependant, nous préférons ce mouvement à la tranquillité de M. Philippoteaux. Ce feu ou cette audace de peintre nous rappellent heureusement le feu et l'audace de Guillàùme-le-Conqùérant, et de la cavalerie normande, comme sa lutte opiniâtre avec les dimcultés, la lutte d'Harold et de ses Saxons.

M. Schnetz a plusieurs toiles au Salon de cette année. En fait de bataille, il a exposé l'épisode suivant du sac d'Aguilée. « Au milieu des ruines fumantes de la cité, un jeune homme vient de succomber pour la défense de ses foyers; sa vieille mère éplorée cherche à le rappeler à la vie, en même teiripsqu'elle essaie de retenir 8ajeune fillev«alrainée parmi les barbaresde la suite d'Attila. » C'est le livret qui parle, et le livret, c'est le thème de M. Schnetz. On ne le pênseraitguères en voyant au milieu de l'incendie et du meurtre cette mère attachée au cadavre de son fils, et retenant de toutes les forces qui lui restent encore cet autre fruit de ses entrailles, qu'elle voit .livrée à la brutalité des barbares. Gar ce n'est pas sur cettë;mère, ------- - --- »- ------ -Çar,ce iwest Pa sur.çç

que n.peintre a concentré tous ses effets, a déployé toutes les respMgçës' âc l*èttt;non, ïl l!aiSçrs»ée,.au contraire, il l'a éteinie pour mettre en lumière un cheval qui se cabre et un homme qui a. - Du fracas et peu de sentiment;.

atfltsYexpression, voilà feienlto défauts del'éoole moderne..

Là Mort de Marc-Aurèle, par Jk, Delacroix, manquctun pa deftiflnité dans.la manière doofrestaeotie l'expression de chaque physionomie. La solennité de cette heure où Ifeaçc-Aurèle va. rendre aux dieux acompte de sa vie, est «aèrHément bien rendue si on ne considère que l'aspect ral delà scène et la manière dont clic est éclait-ée; mais, malheureusement, dans ce taMeau, comme danscc-

lui WEmpereur de Maroc, les défauts systématiques de K. ERHijçroix étouffent ses qualités. La lùtc de Marc-AuiMe est vulgaire : cette dernière douleur que le corps éprouve alors que l'àme l'abandonne, n'est pas noblement

exprimée. La sounrâBGë n'est pas la M.

Delacroix défaire le mulâtre Abda^amJnjrgBpussant; c'était un. t, et dans de , qu Il D'était paâ^Pressaire d'ennobli Mais llrlu'c-Aurèlc, Marc-Aurèle mo sages f auxquels il donnait le spcctaclé^J^I arc -

lurèle devait être spiritualisé". L'amour du réalisme, mot nouveau qui veut dire l'abus de la réalité, ont jeté M. Delacroix dans une excentricité malheureuse. Le personnage le mieux dessiné de tout son tableau est le jeune Commode, qui est bien posé, et dont la figure remarquable éprouve bien l'ennui d'être arraché à un banquet pour voir mourir un père;–peu de chose en vérité. On juge que ce fUsrià, ainsi campé, se dérobant à des adieux el des conseils qui. l'obsèdent, pour attendre la couronne aux bras des .courtisanes qu'il regrette, sera bien un jour le fléau du genre humain. Quand à la couleur du tableau, ce sont toujours les mêmes erreurs. Nous avons dit notre opinion à propos du sultan du Maroc. Nous n'y reviendrons pas.

M; Robert Fleury a fait décapiter Marino Faliero sur l'escalier des Géants; c'est un anachronisme bi-séculaire, car cet escalier n'a été construit que deux cents ans après la mort de Faliero. Mais, sauf cette erreur, commise peut-être à dessein pour avoir une scène plus large, et qui, au point de vue de l'art, est fort légère à nos yeux, le tableau de M. Robert Fleury est une œuvre très-remarquable. Au haut de l'escalier, les sénateurs et le conseil des Dix surveillent l'exécution du jugement qu'ils ont rendu; à droite et à gauche , l'aristocratie vénitienne vient repaître ses yeux de la mort du doge démocrate ; au bas fourm lie le peuple, la soldatesque stupidement cruelle, qui ne sait seulement pas

que celui qui meurt 1 aimait en père tendre et prévoyant; seul, au milieu, Faliero descend lentement les degrés de cet esca ici* gigantesque; chaque pas qu'il fait le rapproche de ce billot, que rien ne lui cache, et cependant sa physio - nomie est sévère, calme; sa démarche est assurée; on sent que la mort est sans regrets, sans terreurs pour celui qui s'exposa si souvent au. fer, des ennemis. Tout le tableau a une solennité grave qui touche l'àme, et sa couleur soin* bre et mystérieuse est encore une beauté de plus. Sous ce rapport, M. Robert Fleury nous a rappelé l'école espagnole : il va du Ribéra dans sa palette.

Un autre tableau a eu la prétention d'être grave, il est froid; d'être solennel,itestguin^;desc.présçnter sous un

jour mystique, comme il convient .à toute: œuvre gouvernementale, et il est noir. Ce tableau c'est un conseil des ministres par M. Jacquand. Quelques, portraits, surtdut ceux de M. Guizot-) de M. Soult et du Roi sont rcsscmblans ; mais c'est un mérite bien subalterne dans un sujet dont il aurait fallu relever la sécheresse par la peinture d'une discussion parlementaire de haut étage : après tout, la faute en est peut-être à ce que, dans ces scènes de famille, il n'y à pas de' discussion possible. PEINTURE RELIGIEUSE. Les tableaux.de sainteté sont nombreux cette année, mais c'est surtout en eux qu'on regrette le manque d'inspiration. En général, on n'a divinisé ni le lieu de la scène, ni le port des personnages, ni l'entente du sujet. Les plaintes que nous avons fait entendre

au commencement de notre premier article trouvent surtout leur source dans l'aspect froid et incoloredes œuvres do cette nature. Pour n'en citer qu'un exemple, le Christ ail Jardin des Olives, de M. Edouard Dubufe, manque complètement-dc cette poésie sombre et mystérieuse qui doit inspirer le peintre de cette scène sublime, où l'Homme-Dieu vit ses deux natures se révolter l'une contrel autrc. LeChrisf est posé en héros de mélodrame. C'est un homme qui souffre, et ce n'est pas un Dieu qui s'offre en holocauste.

M. Eugène Grivct, qui a traite le même sujet, a mieux compris la solennité du sacrifice. Le fond de son tableau est sombre comme l'avenir de l'humanité avant l'œuvre de la Rédemption ; le Sauveur, à genoux, opprimé par la douleur de sa nature humaine, succombe sous les étreintes de cette douleur, mais sa tête rayonne encore de tout l'éclat de la puissance divine ; l'affaissement du corps dit bien : « Faites, Seigneur, que cê calice s'éloigne de moi, » mais la noblesse de sa physionomie exprime la résignation de ce mot sublime : It Que votre volonté soit faite, » et cette résignation est bien celle du fils de Dieu. A droite, le Ciel s'entr'ouvre ; des anges montrent au Christ la gloire qui l'attend à côté de son père. Ce tableau, qui n'a pas été assez remarqué par nos confrères, est pourtant une des meilleures pages du salon : le dessin y est irréprochable et le coloris, sage et brillant à la fois, est consciencieux et vrai.

Un peintre, M. Landelle, qui se rattache aussi à l'école spirilualistc, a exposé cette année la visite des saintes femmes au sépulcre de N.-S. Les poses sont étudiées avec soin et noblement exprimées dans le sentiment du sujet.

Le coloris est pâle, mélancolique, par conséquent harmonique à l'idée générale.

M. Ange lissier s'est inspiré à la même source. Sa Mater Dd/orosa st peut-être trop vivement éclairée, ses tons sont trop brillans, et sa Madeleine debout ne se relie pas assez au groupe principal.

Un autre tableau où l'on trouve encore les qualités d'un grillant coloriste, est celui de M. Glevre, qui a peint les Bôtrcs à l'heure solennelle où ils se partagent le monde Trour y semer la parole du maître. Ici les luxurians effets d'une riche lumière rayonnent à merveille autour de ces

têtes inpirées. Il y a du mouvement, de l'enthousiasme et jde la foi dans l'expression de toutes ces physionomies.– Nous aionsentetidu quelques personnes regretter qu'elles 'n'eussent'pas une forme plus noble et plus distinguée; il faut se rappeler que ces apôtres étaient des artisans grossiers dont l'àmc seule s'était poétisée. Mais quel magnifique entraînement dans les deux hommes s'embrassant avec effusion au pied de cette croix qui doit conquérir le monde! Comme on sent bien que ces frères se quittent ici-bas pour ne se revoir qu'aux éternelles demeures!-Les deux apôtres qui s'éloignent en fixant encore le calvaire sont aussi très-beaux de touche et de sentiment.