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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-04-22

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 22 avril 1845

Description : 1845/04/22 (A2,N48)-1845/04/26.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366457m

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 21 Avril.

L'ordonnance portant réorganisation de l'administration générale de l'Algérie vient de paraître dans le Moniteur du 18 courant; nous la donnons in extenso dans notre supplément, avec le rapport au roi qui la précède.

On verra que toutes nos prévisions ont été confirmées, toutes nos craintes juslifiées; cette ordonnance est purement et simplement la consécration du régime militaire dans sa plus large et sa plus complète acception Nous ne regrettons qu'une chose, c'est de ne pouvoir publier une pareille pièce à cent mille exemplaires, alin de bien démontrer à tout le monde quelle profonde inintelligence des besoins del'Algérie distingue les hommes qui président aux destinées de ce pays,

et à quel exces de déraison peut se laisser entraîner l'esprit humain quand il part d'un faux principe.

Quoi c'est lorsque le pays est en pleine paix, lorsque de puissans intérêts s'y établissent tous les jours, c'est lorsque tout le monde a soif de confiance et de sécurité, c'est lorsque tout le monde appelle l'ordre et la légalité, c'est trois mois après que vous avez dit : la conquête par les armes est achevée, que-vous mettez, pour ainsi dire, l'Algérie en état de siège, et vous appelez cela favoriser les progrès de la colonisation! Mais comment procéderiez-vous donc si vous vouliez au contraire jeter le découragement et paralyser toute tentative de mouvement et de progrès.

Une seule pensée nous console et nous tranquillise, c'est que le pays est assez fort, assez vivace aujourd'hui pour déjouer tous les calculs et se rire de tous les efforts qui tendraient à l'entraver dans la marche ascendante qu'il suit avec une si vive et si remarquable impulsion.

L'ordonnance du 15 avril, nous le disons avec la plus parfaite confiance, n'est pas née viable, c'est le dernier arte d'un pouvoir qui est aux abois, c'est un anachronisme monstrueux, c'est un insolent défi jeté à nos mœurs et à nos idées.

L'opinion publique, la presse et les chambres ne peuvent manquer de faire bonne et complète justice d'une œuvre qui restera seulement comme un monument d'inintelligence et d'aberration.

Dans tous les cas, la population civile de l'Algérie est avertie ; elle saura ce que dorénavant elle doit attendre des hommes qui la gouvernent, et comprendra, nous le pensons, qu'elle ne doit plus placer en eux aucune espérance. Qu'elleseréunissedonc dans un accord gènéral, qu'elle n'ait confiance qu'en elle-même, qu'elle fassè entendre ses protestations et ses vœux, avec force, avec ensemble, et elle triomphera, nous lui en donnons la ferme assurance.

Là seulement est son salut. -

Nous examinerons cette ordonnance en détail dans nos prochains numéros, et ce ne sera pas notre faute si tout le monde ne se rend pas à notre avis.

Aujourd'hui, nous nous contenterons de mettre sous les yeux de nos lecteurs les réflexions que nous inspire le tableau qui l'accompagne, et qui fixe le traitement de la nuée d'employcs qu'elle crée ; tout cela ne peut être sérieux.

néunleu île l'Algérie A la France PÉTITIONS D'ALGER.

Nous nous empressons de publier les deux pétitions suivantes, qui se signent à Alger, en les faisant précéder de la lettre qu'un de nos abonnés nous adresse à cette occasion.

Monsieur le Rédacteur,

Les colons de l'Algérie, en présence de la marche envahissante du pouvoir militaire qui pèse sur eux, ont compris qu'ils n'atténueraient son action que par une manifestation générale, un exposé public de leurs besoins, trop ouvertement méconnus jusqu'à ce jour, et dans la presse, et surtout auprès des chambres législatives. -

En conséquence, la pensée d'adresser une pétition aux deux grands corps de l'Etat s'est spontanément manifestée sur plusieurs points du pays : mais l'impossibilité de se réunir an-delà du nombre autorisé par la loi (1) privera cet acte, vraiment national, de l'unité d'expression qu'en toute autre circonstance, il n'aurait pas manque d'offrir. C'est ainsi que dans - Alger deux pétitions se signent en ce moment. Je vous

en remets ci-après copies. Le simple rapprochement de ces deux pièces con-

vaincra facilement qu'elles sont écrites dans le même esprit, quoique conçues séparément.

Déjà les deux commissions de rédaction, qui n'ont pas tardé à se connaître, ont décidé que les deux pétitions seraient envoyées sous le même pli, comme étant l'expression unanime de ce que veulent tous les signataires. En effet, nul ne pourrait raisonnablement desavouer une seule syllabe de celle des deux qu'il n'a pas signée.

En les insérant, avec l'explication qui précède, dans votre estimable féùilfe, Monsieur le Rédacteur, vous ajouterez un nouveau service à ceux que vous rendez chaque jour au pays avec une inappréciable persévérance.

Veuillez agréer, etc.

Un de VOl abonnés.

PREMIÈRE PÉTITION.

Messieurs les pairs et Messieurs les députés, « De graves et de nombreux intérêts souffrent en Algérie, sur celle terre qui devrait êlre, depuis long-

(1) Dans un cas analoguc, le commissaire de police Cterget vinl, avec la force armée, disoudre une réunion générale de t'otons qui s'était formée au siège de la société coloniale. Interpellé sur cet acte de brutale intervention, il écrivit ce qui suit sur une lettre de convocation : « Alger, le 4 février 1842.

» En vertu d'ordres supérieurs, nous invitons la société à se » dissoudre.

» Le commissaire de police, » Signé, CLERGET. Il La salle fut immédiatement évacuéc; mais, avant de se séparer, les colons rédigèrent et signèrent uue protestation écrite à la suite de cette invitation. Ce document est resté aux archives de la société coloniale.

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temps, une annexe de la mère-patrie, et qu'on laisse malheureusement sous le poids d'une législation exceptionnelle.

» Permettez- nous de vous adresser les vœux ardens et les justes réclamations d'une population attachée d'esprit et de cœur à son pays natal, et qui ne peut cesser d'être française pour avoir consacré son travail, sa fortune et ses sueurs aux développemcns d'une conquête à jamais l'orgueil de la France.

» L'Algerie, grâce à la rapidité des communications nouvelles, ne sera bientôt plus qu'à trois journées de Paris; comme la Corse, elle ne peut être qu'une fraction du territoire français. Parieronsndus de sa fertilité, des immenses ressources qu'elle renferme? Personne n'ignore aujourd'hui qu'elle ne puisse devenir pour la metropole, dès qu'on le voudra sérieusement, une source inépuisable de puissance et de prospé-

rité. - - -- - - -. -

» Et cependant l'Algérie, à cause de la position précaire que lui ont faite les institutions vicieuses auxquelles elle est condamnée, n'est qu'une terre d'exil.

L'agriculture, l'industrie, le commerce n'y existent qu'en germe; les capitaux y sont à un prix exorbitant; l'émigration, surtout celle des hommes qui possèdent, est lente et timide, et si quelques fortunes particulières s'élèvent, la fortune publique semble ne pas s'en ressentir. On hésite, en effet, à confier sa fortune et sa personne à une terre où l'on ne trouve aucune des garanties qui constituent la force et le progrès des sociétés régulièrement organisées.

» Un pareil état de choses ne doit pas durer plus longtemps; il yaurait péril pour la France et péril pour l'Algérie ; nous vous demandons instamment d'y mettre un terme, Messieurs; nous vous le demandons dans l'intérêt de l'Afrique, nous vous le demandons surtout pour l'honneur du pays dont vous êtes les représenta ns, et dont nous ne pouvons oublier que nous sommes les fils.

» En conséquence, convaincus, par une longue expérience des hommes et des choses de l'Algérie, que ce pays ne pourra procurer à la France de véritables avantages que lorsque la colonisation s'y sera développée sur une vaste échelle.

» Mais, convaincus aussi que toute colonisation sera impossible, » Tant qu'il pourra rester le plus léger doute sur la ferme intention du gouvernement de conserver l'Algérie,

- » Tant que les Français ne trouveront pas en Afrique les lois qui protégent en France la liberté des personnes et la sûreté des propriétés, » Tant que le régime des lois ne sera pas substitué au régime si changeant et si vicieux des ordonnances et des arrêtés.

» Tant que l'Algérie n'aura pas dans le parlement des représentans pour en faire connaître les besoins et demander que les institutions administratives et politiques de la mère patrie s'étendent successivement à toute l'Algérie au fur et à mesure des progrès de la colonisation, » Les soussignés vous supplient, Messieurs, d'amener, par tous les moyens possibles, à la tribune nationale, la discussion des réformes générales qu'exige impérieusement leur avenir, et qu'ils résument dans les paragraphes suivans :

» 1° Réunion de l'Algérie à la France; » 2° Substitution du régime de la loi au régime des ordonnances et des arrêtés; » 3° Faculté pour les Français de l'Algérie de se faire représenter à la chambre par des députés.

» Les résultats de ces modifications sont incalculables, vous les apprécierez aussi bien que nous, Messieurs

» Les mesures que nous vous demandons font partie de ces grandes résolutions qui honorent les assemblées où elles voient le jour et le siècle qui les produit. En déclarant que les limites de la France sont au désert, votre patrie et l'Afrique vous devront; la première, l'extension de son territoire et de sa puissance, la seconde, son avenir, et les deux pays une éternelle reconnaissance. »

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DEUXIÈME PÉTITION.

Messieurs les pairs et Messieurs les députés.

» Au moment où vous allez de nouveau débattre les intérêts de l'Algérie, permettez aux colons de cette nouvelle France de vous reproduire la demande qu'ils ont infructueusement formulée aux deux Chambres dans sept des précédentes sessions, d'une loi de réunion de ce beau pays à la France; loi devant lui constituer le droit d'elire des représentans à la chambre élective, et le doter d'institutions civiles appropriées à ses besoins et basées sur la législation française.

» Les colons de l'Algérie, Messieurs, en consacrant

leur existence à l'œuvre civilisatrice dont les siècles glorifieront la France, mus par un sentiment tout patriotique, s'enorgueillissent de leur origine, et sont fiers de former les premiers anneaux de la chaine qui doit attacher indissolublement le sol ferlile de l'Afri-.que française au sol de cette France, toujours objet de leurs vives sympathies et de leurs plus chères prédilections 1.,.

» Français de cœur et d'âme, en échange de l'amour tout filial qu'ils portent à cette mère chérie, et de leur dévoûment sans bornes à tout ce qui peut concourir à la grandir, ils la supplient de leur restituer enfin le droit, qu'ils n'ont point abdiqué en s'expatriant, d'être gouvernés d'après les lois françaises, conformément aux articles 13, 16 et 64 de la Charte constitutionnelle.

» Les conséquences de ce bienfait, qu'ils espèrent devoir à l'intervention législative, Messieurs, opposeront une barrière aux déceptions, et seront, ils en sont profondément convaincus, une manifestation immédiate et rapidement progressive de la prospérité des deux pays. »

L'abondance des matières nous a seule empêchés de donner cette lettre dans notre dernier numéro.

Elle est aujourd'hui naturellement placée à la suite des

pétitions d'Alger pour la demande de la réuiyon à la France.

3e lettre d'un propriétaire algérien (1).

Notre troisième lettre devait être consacrée à l'examen de quelques-uns des points principaux qui militent en faveur de la réunion ; mais le journal l'Algérie ayant ouvertement combattu le projet de pétition, nous jugeons qu'au préalable une dernière réplique est nécessaire. Toutefois, n'ayant pas le loisir de suivre ce journal dans tous les -détails de la discussion qu'il a soulevée, nous nous renfermerons dans quelques généralités propres à édifier l'opinion publique sur le mérite des objections présentées par nos contradicteurs.

On ne nous accusera pas, cette fois, de laisser jouer le premier rôle à notre imagination, comme nous l'a reproché certaine petite feuille semi-officielle d'Alger, qui s'est lancée dans les abstractions du doclrinarisme le plus ambitieux pour ne rien prouver du tout. Ce que

nous allons offrir au lecteur est emprunte a un organe qui a la prétention de connaître les vrais besoins de la colonie et d'en défendre les intérêts.

Dans son numéro du 2 décembre 1843, le journal auquel nous faisons allusion disait : « C'est une nouvelle France qu'il faut fonder en » Afrique; c'est une population française qu'il faut y » porter à grands flots sans aucun retard ; et le meilleur » moyen @ d'y faire afiluer les courans de rémigration » européenne, c'est de déclarer que l'Algérie fait partie » intégrante de la France, et d'y appliquer progressive» ment les lois du royaume. »

Ce préambule n'a besoin d'aucun commentaire ; il est conforme en tous points à la thèse que soutient si chaleureusement le journal l'Afrique.

Continuons à citer :

« Depuis treize années, les chambres votent la France » paie les budgets algériens, qui ont dépassé six cents « millions, et l'Algérie n'est pas encore reconnue par une » loi! Elle n'est ni une colonie, comme la Martinique et » la Guadeloupe, ni un département francais comme la » Corse : on ne pourrait dire au juste ce qu'elle est. Le » pouvoir remis au gouverneur général de l'Algérie est » beaucoup plus absolu que celui des gouverneurs de » nos autres possessions d'outre-mer; car celles-ci, » constituées et réglées législalivement, trouvent au moins » quelques garanties municipales et représentatives » daus leurs conseils coloniaux et dans leurs délégués » officiels résidant à Paris. L'Algérie est régie par des » ordonnances et de simples arrêtés : c'est une dictature

» militaire et administrative Pour comprendre » jusqu'à quels écarts peut être entrainé ce pouvoir du » bon plaisir, il suffira de se rappeler quelle était, à une » époque récente, l'étrange justice rendue à Constan» line, non-seulement aux Arabes, mais encore aux » citoyens français. On ne pourrait se faire une idée, en

» France, des énormités du régime militaire qui gou» verne l'Algérie. » (Suit le détail de ces énormités.) L'Afrique n'a jamais rien dit de plus fort et de plus vrai. Se peut-il, en effet, que, depuis bientôt quinze

années, la France consente a des sacrifices immenses, et ue ne soit pas encore reconnue par une et que soit pas encore reconnue par une loi ! Elle n'est pas une annexe de la métropole, elle n'est pas une colonie au point de vue légal ; elle est encore une chose sans nom ! Elle est improductive par le fait môme du régime anormal qui comprime son essor, et l'on né veut pas qu'elle cherche à s'affranchir au plus tôt de ce régime! En vérité, c'est trop se jouer du droit et de la raison ; c'est donner un éclatant démenti à ce pays de France, qui se dit le plus constitutionnel et le plus libéral du monde; c'est a faire croire, en un mot, qu'une influence occulte et fatale a le pouvoir d'étouffer tout ce qui peut rapporter gloire el profit à la nation 1.

Reprenons les citations commencées : « Mais, s'écrient les partisans du régime militaire, » la colonie n'est pas assez avancée pour qu'on lui oc» troie les garanties légales de la métropole; attendez » que les populations soient venues. Cet argument, en » faveur de l'immobilité, se trouve réfuté par un très» logique et très-sincère ami du progrès et de la co» Ionisation; dans son écrit sur l'Etat de la question » Ionisation, l'honorable M. Gustave de lieaumont a dil, M d' » avec une grande raison : Un principe élémentaire en » matière de colonisation, c'est que le @ régime mili» taire, possible dans une colonie arrivée à sa matu» rilé, est antipathique à son développement. Là où il » y a des populations toutes venues et établies, la » force matérielle peut les saisir et en disposer. Là où » cette force sévit tout d'abord, LES POPULATIONS NE » VIENNENT PAS. »

Oui, certes, les populations ne viendront pas (et surtout la population française), là où elles ne peuvent trouyer les garanties légales sur lesquelles le commerce et l'industrie ont besoin de s'appuyer. Mais voyez à quoi tiennent les convictions : l'honorable publiciste et député qui se posait naguère comme le défenseur des franchises que réclame l'Algérie, se fait aujourd'hui le partisan de l'immobilité, ainsi qu'on a pu le voir dans la récente discussion sur la loi des douanes! Quoi qu'il en soit, les tergiversations des hommes sur qui nous croyions pouvoir compter n'empêcheront pas la vérité de se faire jour.

- La feuille qui exprimait les opinions libérales que nous avons rappelées, disait encore que les principes les plus propres à résoudre les difficultés de la question africaine, sont, en première ligne : la réunion de VAlgérie à la France par une loi ; la substitution du régime de la loi à celui des ordonnances et des arrêtés.

C'est exactement là ce que nous demandons, mais c'est ce que ne veut pas le journal l'Algérie, attendu les nombreuses causes de désordre qu'il apercoit dans la mesure réclamée par les colons. A cet égard, la feuille à laquelle nous avons emprunté les précédentes citations nous fournit un argument qui a bien son mérite :

« Nous sommes convaincus, disait cette feuille (tou» jours dans son numéro du 2 décembre 1843), que » l'adoption immédiate de ces principes (la réunion et » le régime légal) serait le salut et la prospérité de » l'Algérie; nous sommes convaincus que ce change» ment de système peut s'opérer sans secousse, par une

(i) Voir l'Afrique du 22 mars et du 6 avril.

» réorganisation simple et facile, sans nuire à la force » et à l'unité du pouvoir que le gouvernement doit » conserver en Afrique. Ce nouveau système, nous » nous efforcerons d'en rendre la démonstration claire » et précise; ce sera la tâche et le devoir du journal » l'ALGERIE!!! »

Eh bien! lecteur, qu'en pensez-vous? C'est le journal l'Algérie qui disait toutes ces belles et bonnes choses, il y a dix-sept mois ; c'est cette feuille qui soutenait alors, avec autant de force que de logique, les principes qu'invoquent aujourd'hui les colons, et que défend avec tant de constance le journal l'Afrique-, c'est l'Algérie, enfin, qui combat à outrance le projet de réunion, après en avoir été le plus ardent promoteur!. Notez bien que son programme était sincère:

car, alors, cette feuille ne faisait que de naître; elle était vraie, parce qu'elle avait encore toute son indépendance; d'où l'on peut naturellement conclu re qu'aujourd'hui elle est à côté de la vérité, non par suite d'un changement de convictions amené par l'expérience, mais bien parce que ses inspirations lui viennent d'une source où son nom devrait l'empêcher de les puiser.

Voilà, sans doute, le secret de son langage actuel.

Si nous nous sommes permis de présenter ces rapprochemens, ce n'est pas pour le stériles plaisir de signaler une conversion trop commune de nos jours; c'est uniquement pour prémunir les esprits timides et irrésolus contre les suggestions d'une feuille qui ne peut plus être considérée comme un organe sérieux des intérêts de la colonie.

Sur rorclonnaure clu 15 avril.

L'ordonnance du 15 avril dernier, portant réorganisation de l'administration générale de l'Algérie, se termine par un petit tableau synoptique qui contient la nomenclature des traitemens, frais de représentation et autres indemnités accordées aux divers titulaires des emplois qu'elle a créés ou maintenus. C'est là que se reflète tout l'esprit de la mesure; c'est là qu'apparaît dans tout son jour, et sous son aspect le plus vrai, le but qu'elle se propose, comme le résultat qu'elle doit produire: c'est le bouquet du feu d'artifice, ou mieux encore c'est la carte à payer pour les frais de

cette nouvelle curée de places offertes en pâture a la gent budgélivore. Voici ce tableau : Tableau lie. trjtltemensi et Indemnités ni IOlle. nux fonctionnaires civils en Algérie.

(Annexé à l'ordonnance du 15 avril 1845.)

tn o ̃/> X 0 ',;} w* A - 2 - = = 24S S > OBSERVATION.

S ;:: Ui u. a -' g Ê- 2 « Directeur général des affai- fT. i77 fi'.

res civiles 20,000 8,00n 1,500 Logement Procureur générai 12,000 4,000 » Idem.

Directeur de l'intérieur et des travaux publics. i,000 1,500 Idem.

Directeur des linauces et du 12,000 4,000 1,500 Idem.

commerce. 12,000 4,000 1,500 Idem.

Directeur ceutrai des affaires arabes (A) 4,000 (A) Idem.

Membre civil rapporteur du conseil supérieur d'adminislralion. , , , , , , ., 12,000 » » * Président du conseil du contentieux 12,000 » • Logement.

MemhVe du conseil du con- 1 tenlieux 0,0001 » » Secrétaire du conseil du I contentieux 0,000 » » Logement.

Auditeur au conseil d'Etat attaché aux services civils. 5,COO Il 500 » Sous-directeur de l'intérieur de ire classe, , 7,000 2,000 500 Logement.

Sous-directeurdctinierieur de 2e classc.,' 6,000 1,500 500 Idem.

Commissaire civil de 1" classe, 4,000 600 500 Idem.

Commissaire civil de 2e classe.. , , , , , 3,000 1 500 500 Idem.

PcrmeLLez-nous, cher lecteur, d'arrêter un instant votre attention sur le susdit tableau ; il est vraiment curieux et vaut la peine d'être éludie à fond.

En première ligne figure le directeur général des affaires civiles. Qu'est-ce, d'abord, que le directeurgénéral des affaires civiles? Nous avons cherché dans le texte de l'ordonnance la définition de ce fonctionnaire, et nous avons cru reconnaître que c'est tout simplement le premier commis du gouverneur pour les affaires du gouvernement civil. Hiérarchiquement, on

le place au-dessous du heutenani-generai commandant, le territoire de la province d'Alger, d'où nous concluons qu'il n'a guère que le rang de maréchal do camp, si toutefois il est permis de comparer le civil au militaire. A en juger cependant par le chi Vre des appointemens qui lui sont attribués, ce doit être quelqua chose de plus, car voici ce qu'on lui donne :

1° Pour traitement 20,000 floc 2° Pour fais de représentation. 8,000 3e Pour indemnité de chevaux. - - 1,50i) Total. , , 29,500

Plus le loge lent gratuit, meublé bien entendu, aL dépens du trésor, avantage qui peut être évalué an nuellement à 3,500 fr. tout au moins, et qui, joint au , 29 500 fr. ci-dessus , porte le traitement effectif à 33.000 fr. environ. -

33,000 fr., c'est beaucoup plus que ne reçoit un licutenant-général commandant le territoire de la province d'Alger. Ainsi l'inférieur est pécuniairement mieux traité que le supérieur. Mais qu'este que cela?

passons. Après tout, ne voyez-vous pas que le traitement du directeur général n'est tiré hors ligne que pour 20,000 fr., et que le surplus se compose de frais de représentation, d'indemnité de chevaux et de logement? Nous savons bien que certaines gens pourront prétendre que ce n'est là qu'une distinction de mots imaginée pour tromper l'œil, ou plutôt encore pour soustraire une partie du traitement à la retenue de 5 p.

100 au profit de la caisse des retraites, qu'en réalité, pour la partie prenante, traitement nominal, frais de

(A) Les prestations en deniers el en nature afférentes à son grade militaire.