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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-03-26

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 26 mars 1845

Description : 1845/03/26 (A2,N43)-1845/04/02.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366453z

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris. 25 Mars.

De la marine en Algérie.

(Quatrième article.) (1).

MATÉRIEL.

Le matériel du port d'Alger peut se diviser en deux parties : 1° Le matériel flottant, qui comprend un navire stationnaire, un chebeck, le Bobérach, un certain nombre rlp. h:itn:in x-r.il firnes. chalands. Doutons et canots, enfin

-- --"--- ------ ----7 -----les coffres et corps-morts d'amarrage ; 2° Les établissemens à terre, consistant en logemens et casernes, ateliers, chantiers, parc à charbon.

Nous allons examiner successivement, et suivant leur degré d'importance, ces diverses parties.

Le navire stationnaire n'appartient que momentanément au port d'Alger : il depend du port de Toulon, et v fait retour généralement au bout de dix-huit

mois, deux ans au plus, après avoir été remplacé par un navire du même port. Placé au premier poste d'amarrage, le navirechargé du service destationnaire est d'une très-grande utilité pour la police de la rade et du port : il vient continuellement en aide aux navires de commerce que les mauvais temps ou d'autres causes, mettent en danger, et, d'un autre côté, il assure, au besoin, l'exécution - des - règlemens maritimes. - Mais

si nous reconnaissons la grande utilité d'un navire sla- tionnaire, nous pensons aussi que son service doit être réorganisé sur des bases essentiellement différenles.

Il est, suivant nous, indispensable, dans l'intérêt d'une bonne organisation, que le stationnaire soit un fort navire, possédant un équipage assez nombreux, un état-major complet, fortitié même de quelques officiers supplémentaires destinés à pourvoir aux vacances qui peuvent survenir à bord des nombreux navires de l'Etat qui fréquentent le port. Il serait commandé par un olficier supérieur, et devrait constamment porter le

pavillon de l'officier général commandant de la marine en Algérie. Ce simple énoncé, et l'importance que nous attribuons à un détail qui semble, à presque tous les yeux, offrir peu d'intérêt, exciteront peut-être l'étonnement et de nombreuses objections : nous nous y attendons, mais nous n'en persistons pas moins a croire que l'opinion émise par nous est la seule juste, la seule favorable à la bonne marche du service maritime.

Examinons ce qui se passe : Nous avons vu jusqu'à présent le poste destationnaire, à Alger, occupe successivement par des bricks de ïO, 18 et 16 canons, et, en dernier lieu, par une gabarre. Si nous ne nous trompons, l'équipage de ce der-

nier navire compte au plus 80 hommes, tout compris, et cependant il doit constamment fournir à terre de nombreux planlons, expédier de fortes corvées pour divers travaux, soit à terre, soit à bord des corvettes de charge qui se trouvent en déchargement : privé ainsi, et tous les jours, d'une grande partie de son équipage, ce navire peut à peine serrer ses voiles, les unes après les autres, si un grain violent exige que cette opération ait lieu immédiatement, ou armer sa chaloupe lorsqu'un accident soudain réclame de prompts secours : et encore, quels secours efficaces

peut apporter une gabarre de 300 tonneaux, armée très-parcimonieusement quant au matériel? Peut-elle disposer de bonnes amarres, de nombreux et solides grelins, de fortes ancres qu'elle ferait élonger par de grandes et bonnes embarcations? Il n'en est rien pourtant, ses ressources sont presque nulles, et il a fallu jusqu'à ce moment que les divers commandans du stationnaire suppléassent, à force de zèle et d'activité, à l'insuffisance des ressources dont ils disposaient.

D'un autre côté, quelle est la position du station-

naire vis-à-vis des autres navires.de l'Etat? Arborant, au mût de misaine, une cornette nationale (au lieu d'une cornette bleue et blanche qui est le signe distinctif d'un navire stationnaire ), il transmet les ordres de l'amiral et répète les signaux hissés au màt de pavillon de l'amirauté : le capitaine de ce navire n'exerce aucune autorité sur les autres capitaines, dont quelques-uns le priment par l'ancienneté, d'autres, par le grade : il ne peut donc que se trouver dans une position très-fausse à l'égard des navires de guerre; et il en est forcément ici comme de la tenue des marins des directions : chacun agit à sa cuise;

il y a défaut d unité, d'ensemble, ce qui arrive toutes les fois que personne ne commande.

Nous signalerons, enfin, un dernier inconvénient : le stationnaire d'Alger est cédé, à grand regret, par le port de Toulon pour le service temporaire, et l'autorité maritime de ce dernier port considère son séjour à Alger comme nuisible à l'instruction des hommes, et pernicieux pour la discipline. Cette opinion nous parait complètement erronée, persuadés, au conraire, que le port d'Alger accorde aux capitaines tout l'appui nécessaire pour une répression efficace et le maintien d'une bonne discipline, tandis qu'à Toulon, moderne Capoue, les équipages les mieux tenus sont désorganisés après un court séjour sur cette rade : un

sysleme d'embauchage ouvertement pratiqué et spéculant sur les passions dominantes des matelots, la présence d'un grand nombre de gens sans aveu, la protection que la plus grande partie de la population accorde aux marins poursuivis ou frappés par la loi pénale maritime, enfin, la faiblesse des autorités, constituent autant d'élémens d'un dissolvant actif dont l'action funeste ne peut être contestée. Quoi qu'il en soit, le port de Toulon ne cesse d'exercer de loin son autorité sur le stationnaire d'Alger, et ce navire se

trouve ainsi placé entre des instructions et des ordres tout a fait opposés : il convient donc de faire cesser au plus tôt une situation aussi anormale; l'importance chaque jour croissante du port d'Alger, motive suffisamment le projet que nous avons d'abord énoncé.

Ainsi, il y aurait à demeure fixe, et au premier poste d'amarrage des navires de guerre, un vaisseau ou une frégate convenablement installée pour le service spécial de stationnaire, et choisie parmi les bàtimens de la flotte reconnus impropres à un service actif, ou dépourvus de qualités suflisantes: son gréement et sa

(t) Voir l'Afrique des 16 janvier et 6 et 26 février.

mâture, au-dessous des dimensions réglementaires, seraient cependant tels que l'exigeraient l'instruction des hommes et le maniement de poids considérables ; l'équipage se composerait de 300 hommes au moins, et servirait exclusivement à compléter et à recomposer les équipages des divers navires de guerre employés sur la côte d'Afrique, disposition qui simplifierait singulièrement les mutations nombreuses dont le personnel est journellement l'objet.

Ce navire recevrait et tiendrait en réserve un certain nombre d'ancres de dimensions variées, de forls câbles et chaînes, de grelins et d'amarres de toute espèce, enfin plusieurs embarcations solides pouvant résister à une grosse mer, et susceptibles de porter promptement des secours dans les mauvais temps; quelques baleinières construites sur le modèle de celles du Havre, et non dans les chantiers de Toulon, seraient également indispensables.

Le stationnaire porterait lepavillon de l'amiral, ce qui

ferait cesser, tout d'abord, les quelques tiraillemens que nous avons déjà signalés; le capitaine, étant officier supérieur, serait chargé de transmettre les ordres de l'amiral, et la nature de son grade le mettrait parfaitement en position d'en assurer l'exécution. En présence des navires de guerre étrangers, qui fréquentent assez souvent le port d'Alger, cette mesure serait d'un excellent effet. Il est presque superflu d'ajouter que le stationnaire ne devrait pius compter au port de

Toulon, si ce n est pour mémoire.

Le second navire appartenant au port d'Alger est le chebeck le BQbérach, que nous avons déjà mentionné, et qu'on utilise pendant la pêche des bateaux corailleurs. Les services rendus par de pareils navires ne compensent pas les frais qu'occasionne leur entretien, et nous les verrions avec plaisir disparaltre de la liste

de nos- navires de guerre, ainsi que le. goélettes et bricks-avisos, où les hommes sont si mal, et qui n'uffrent enfin que des garanties fort doulellses de stabilité.

Les divers bateaux de servitude, tels que : citernes, chalands, pontons, sont dans un état satisfaisant d'entretien, malgré le pénible service auquel ils sont affectés; mais en revanche, nous ferons remarquer que les canots de la direction sont dans un triste état de délabrement, et tout à fait à l'avenant deshommesqui les montent. En fait, il n'y a pas au port une seule bonne embarcation, pas même pour l'intrépide pilote Marlinenq, qui, de nuit ou de jour, que la mer soit calme ou furieuse, accomplit consciencieusement son ser-

vice, et se porte au large à la rencontre des navires de guerre signalés. Pour ce seul service, il serait absolument indispensable d'avoir au moins deux excellentes baleinières; mais comme on n'en construit pas à Alger et qu'il faut les demander à Toulon, on attend encore longtemps les médiocres canots que ce port expédie.

Les coffres et amarres en chaîne, pour les navires de guerre, ne laissent rien à désirer, et cette partie du service mérite les plus grands éloges; déjà de nom-

breux postes existent, mais ils ne suflisent plus, et l'on pourrait tout d'abord, en éloignant le stationnaire vers le sud, ajouter deux nouveaux corps-morts complets. Nous voudrions également en voir établir quelques-uns en rade, pour les navires qui n'ont que peu de temps à y séjourner, et multiplier les coffres de halage si nécessaires aux navires du commerce. Il serait enfin urgent de baliser la roche Agefna, qui peut devenir si fatale aux navires qui entrent dans le port ; déjà quelques travaux, entrepris dans ce but, n'ont amene aucun résultat. Nous en reparlerons bientôt en traitant la question des ports.

Parmi les établissemens à terre, nous distinguons d'abord les logemens affectés au personnel. Il n'y a rien à dire à ce sujet. Certes, si nous faisions de la chronique, nous pourrions placer ici quelques réflexions assez piquantes et des détails curieux au sujet de l'ex-

tension donnée à leurs logemens par quelques fonctionnaires de deuxième ordre; mais notre but est trop sérieux pour que nous nous arrêtions à des détails de cette nature; s'ils se renouvelaient, ces faits pourraient fixer tout particulièrement l'attention du contrôle.

Les magasins contiennent un faible approvisionnement d'objets de rechange, et une provision un peu plus large d'ancres, de chaînes, de filin dont les navires de commerce tirent un grand secours dans les mauvais temps. Les chantiers, parcs à charbon sont à créer : car, au moment où nous écrivons ces lignes, ils sont encore sur - la voie - publique; et il est, au reste,

fort difficile qu'il n'en soit pas ainsi, car on ne peut clore entièrement l'espace qu'ils occupent, et qui semble cependant tout naturellement affecté à cet emploi.

Les travaux de menuiserie, de charpentage et de perçage se bornent à des réparations et radoubs, et nous devons dire qu'ils sont généralement exécutés avec promptitude et habileté.

En face des chantiers se trouve l'atelier des mécaniciens : établi sur des bases trop étroites, privé d'un outillage suffisant, manquant surtout d'un martinet

assez puissant pour battre de grosses pièces, cet atelier n'en rend pas moins de très-grands services : il est parfaitement dirigé par un maître mécanicien qui, avant tout, est ouvrier : celui-ci fait exécuter promptement et consciencieusement les travaux qui lui sont confiés, et nous voyons avec intérêt se résoudre, sur une petite échelle, il est vrai, un problème dont le résultat nous apprend clairement que là où il n'y a pas d'ingénieurs, les travaux n'en sont pas moins exécutés d'une manière très-satisfaisante. Il arrive même fréquemment que des navires à vapeur, après avoir passé deux et trois mois en réparations dans le port de

toulon, dans lequel les ingénieurs ont la haute main, atteignent tout éclopés le port d'Alger, où, en une dixaine de jours, ils sont remis en parfait état. Rien de plus simple que le mode employé à cet effet : dès qu'une avarie est signalée, l'amiral s'en fait rendre un compte exact par le capitaine du navire ; le maître mécanicien est appelé, et, après un examen attentif des dommages survenus et de la nature des réparations exigées, les travaux sont ordonnés, un terme est fixé, et au jour désigné, le navire à vapeur allume ses

fourneaux, et fait rÕ uf , lir sa mission. Il faut donc rendre con^(g^i^ice>. l'autorité marifaut donc rendre ..L -:;.

time, qui, sans rigueurs inutiles, sans démonstrations bruyantes, comme cela a lieu de l'autre côté de l'eau, obtient d'excellens résultats, dont l'importance serait beaucoup plus grande si l'on dotait l'atelier des mécaniciens d'une petite machine à vapeur, destinée à faire mouvoir un fort marteau, et dont la force motrice serait en outre utilisée pour plusieurs autres travaux essentiels.

A Dellys, de récente création, il n'existe en fait de matériel que le strict nécessaire : mais, grâce aux efforts multipliés de la direction locale et aux secours

expédiés d'Alger, le service se fait avec régularité, et satisfait aux exigences. L'examen des moyens affrétés en ce moment au matériel n'aurait aucune importance : nous nous bornerons à constater que, peu de de jours après l'occupation, un corps-mort fut m Utlllé sur la rade : il sera bon d'en mouiller un second au moyen d'un solide affourchage, ainsi que quetques coffres destinés à assurer d'une manière complète les mouvemens de la rade.

t, Bougie ne possède également aucun élément de matériel; il existe seulement sur - la rade - du Marabout - un

corps-mort dont se sert le stationnaire. Comme cette rade, la meilleure de toute la côte de l'Algérie, est très-souvent le refuge de nombreux navires, il serait urgent d'y entretenir constamment, en parfait état, deux corps-morts solides; un troisième, mouillé devant la ville par quatre brasses de fond, serait destiné au navire-courrier, lequel, suivant nous, ne devrait jamais être forcé de laisser tomber son ancre.

Le port de Gigelly, privé, comme on le sait, de direction maritime, réunit à peine quelques méchans canots ou chaloupes, et un ou deuxehalans : tout est à organiser sur ce point. Une bonne et utile mesure a été l'établissement d'un coffre, mouillé par six brasses,

et sur lequel peut s'amarrer le navire-courrier lorsque le temps est beau. Plus tard l'on s'occupera, nous l'espérons, de cette position maritime si intéressante.

A Stora, même denùmcnt de matériel : l'on y chercherait en vain une embarcation passable, un corpsmort, un coffre : et cependant, maintenant que les navires à vapeur du commerce séjournent périodique-

ment sur cette rade, il y aurait négligence coupable si on ne leur donnait pas tous les moyens de sécurité, en leur procurant au moins un solide amarrage. Il faudrait donc, pour aviser au plus pressé, établir un solide corps-mort en rade de Stura, par un fond de dix-huit à vingt brasses, ce serait le poste de mauvais

lemps, et ainsi amarré un navire n'aurait rien à craindre : on en placerait un second par sept brasses environ, à petite distance de la plage de Stora, ce serait le poste ordinaire: enfin un coffre, mouillé devant Philippeville,.par un fond de huit à dix brasses, servirait à amarrer les navires pendant quelques heures, et de

beau temps, pour qu'ils pussent plus facilement communiquer avec la ville, évitant ainsi le retard résultant.

de l'éloignement de Stora par rapport à Philippeville.

Si nous mentionnons de nouveau la méchante balancelle qui séjourne à Slora, c'est pour demander avec instance qu'on fasse cesser un gaspillage stérile : car ce bateau ne rend aucun service, n'est bon à rien : qu'on s'empresse - donc - de le désarmer, et d'organiser

enfin l'un des ports les plus importans de l'Algérie.

Ici se place tout naturellement une réflexion que nous impose l'esprit d'impartialité qui doit animer un travail de cette nature. Dans les trois ports principaux, Alger, Oran, Bône, les moyens de secours existent dans des proportions plus ou moins restreintes ; ainsi, dès que les coups de vent ou les raz de marée se font sentir, les directions locales épuisent complètement leur matériel pour venir au secours des navires de commerce, dont la plupart, ceux de la Méditerranée surtout, ont des amarres trop faibles; et, nonobstant ces puissans moyens de secours, apportés en toutes circonstances, quelle est la rade, le port qui soit vierge de tout sinistre? Mais à Stora, où les moyens matériels

manquent, les secours ont forcément fait défaut, et

cependant combien de navires n'auraient pas fait côte si un bon câble supplémentaire était venu renforcer leurs faibles amarres? U est donc temps de faire justice de toutes ces récriminations passionnées , qui ne servent qu'à alimenter les rivalités de port à port, à inspirer de la défiance, et à éloigner les navires de ces mêmes ports. Nous dirons hautement à tous les capitaines qu'ils peuvent en toute confiance mouiller, dans les mauvais temps, sur les rades de Bône, de Slora, de Bougie, Dellys, Alger et Oran ; ils y trouveront grosse mer, il est vrai, mais bonne tenue. Ils devront, dans ces cas, mouiller par une vingtaine de brasses, et, au

préalable, avoir de bonnes ancres et de bonneschaines : si l'on n'a pas de confiance dans ses amarres, mieux vaut cent fois tenir la mer que de compromettre son navire. Mais, dans ce cas, nous déplorons vivement que des règlemens spéciaux ne fassent pas une obligation essentielle à tout capitaine ou armateur de justifier que son navire possède des moyens complets sous le rapport de l'ancrage. D'un autre côlé, nous sommes étonnés que les compagnies d'assurances maritimes n'aient pas porté sur ce sujet important leur attention spéciale.

Résumant, quant à Philippeville, nous pensons que ce port, après avoir inspiré une trop grande confiance,

a été ensuite l'objet d'une injuste prévention. Il est donc nécessaire de revenir a une opinion saine, impartiale, et d'examiner consciencieusement les résultats que nous fournira l'expérience des dernières années ; c'est ce que nous ferons en temps utile et avec détail.

Le port de Bùne est mieux partagé, sous le rapport du matériel, que les ports intermédiaires dont nous venons de parler. Le stationnaire duquel il a été fait mention dans le précédent article rendait de grands services, quoique pendant l'hiver il fût très-éloigné de

la ville. Il existe sur la rade du fort Génois un corpsmort de corvette, mouillé par un fond de douze brasses environ. Comme cette rade semble être le refuge obligé de tous les navires qui ne veulent, ne peuvent ou n'osent pas tenir la mer, il faudrait y multiplier les corpsmorls. Celte opération serait d'autant plus utile qu'en mouillant, avec des vents de N.-O. , par un fond de 15 ou 20 brasses, on est exposé à chasser pendant longtemps par suite des raffales violentes qui descendent des mornes. U existe un second corps-mort sur la rade

de Bône, par 7 brasses ; c'était le poste d'été du stationnaire, mais il est trop éloigné, et il serait nécessaire d'en mouiller un second par 4 brasses d'eau, le plus près possible de la ville, pour l'usage du courrier; si le temps devenait menaçant, celui-ci pourrait dans ce cas prendre le second poste, par un fond plus considérable.

A l'exception des canots, qui sont mal construits et naviguent encore plus mal, les autres parties du maté- riel - suffisent provisoirement. Le magasin de - la marine

possède quelques ancres, amarres en chaîne et en film, qui constituent de précieuses ressources lorsque les secours de la direction deviennent nécessaires. Il existe aussi, si nous ne nous trompons, un canot sauveteur, donné par la société des naufrages, et dont l'utilité s'est déjà fait sentir.

Les logemens destinés au personnel de la marine sont de récente construction et l'œuvre du génie militaire : nous regrettons qu'on ne leur ait pas donné de plus grandes proportions, car ils deviendraient insuflisans si le personnel subissait par la suite une augmentation, quelque légère qu'elle fût. Il est très-important qu'un navire à vapeur de la force de 50 à 80 chevaux soit particulièrement affecté à ce port, tant pour les communications avec la Calle et Stora que pour effectuer également de frequens voyages à Tunis.

Il est repliement déplorable de voir que depuis 15 ans d'occupation il n'y ait pas un service régulier établi entre ce dernier port et celui de Bône. Divers navires, soit à voiles, soit à vapeur, ont été chargés accidentellement de ces communications, mais elles n'ont jamais eu un caractère régulier, et il est plus que temps de prendre à ce sujet des mesures définitives.

Nous n'avons rien à dire au sujet de la Calle, où la marine est représentée par une balancelle dont nous avons déjà parlé. Dès à present il serait très-utile d'établir sur la rade un corps mort destiné aux. navires à vapeur qui viennent y passer quelques heures lorsque le tems le permet.

Notre revue des ports de l'Est étant terminée, nous arrivons à Cherchell, premier port situé à l'ouest d'Alger. Le port de Cherchell possède quelques ressources

en matériel qui suflisent généralement aux besoins du service: il est bien entendu que la partie principale, les embarcations destinées à assurer les communications, sont également ici dans un triste état. Cette remarque peut s'appliquer Ji tous les ports en général.

Nous ne parlerons que pour mémoire des corps-morta placés à l'entrée du port, nous ne les croyons guères utiles; mais nous attachons beaucoup plus d'importrnee à celui qui est mouillé sur la rade, et qui mak heurcusement disparait assez souvent. Ce mouillage est difficile à prendre de nuit, les dangers sont nombreux, et il importe beaucoup que le poste de mouil-

lage soit signale en tout tems par les soins de la direction du port; il serait même utile d'étahlir un second corps-mort par douze ou quinze brasses, car la mer grossit subitement sur cette rade, et il faut pouvoir la quitter promptement.

A Ténès le service de la marine s'est promptement organisé, et quelque faible que soit le matériel, la direction y supplée à force de zèle et d'activité. Là, pas plus qu'ailleurs, il ne se trouve une seule bonne embarcation, pas une baleinière pour atteindre les na-

vires alors que la mer est grosse et que les fortes embarcations ne peuvent être mises à l'eau, car dans ce port, des que les vents du nord au sud-ouest fraichis..sent, la mer devient affreuse à la plage, et il faut s'empresser de hâler à terre tous les canots et chalallds, sous peine de les voir démolis en peu d'instans. Sur la rade, et par six brasses d'eau, est mouillé un coffre qui rend déjà de grands services : il serait indispensable d'établir en outre un solide corps-mort pour les navires appelés il séjourner quelque tems sur la rade, et dont l'appareillage deviendrait ainsi plus facile.

Comme les vents de l'ouest et du nord-ouest sont les plus fréquens pendant l'hiver, il serait utile d'établir dans la baie qui se trouveà l'est du lap Ténèz un poste où la- direction établirait quelques moyens de commu-

nications avec les navires a vapeur : ils trouveraient dans cette rade un abri certain et des calmes, alors que dans la baie de l'ouest les vents soulèvent une mer énorme. Un corps-mort mouillé par huit brasses d'eau y serait d'un grand avantage. Ce mouillage, peu connu jusqu'à présent, a été cependant fréquenté par quelques navires qui s'y sont trouvés dans de trèsbonnes conditions: le navire à vapeur du commerce le Sully s'y réfugia même avant l'occupation de Ténès pour s'abriter d'un violent coup de vent de l'ouest.

Le logement du directeur du port se trouve admirablement place sur le premier pian du plateau qui domine la baie. Il peut, au moyen du télégraphe marin, communiquer avec les navires de l'état, lorsque les communications par canots sont impossibles. C'est le seul point de la côte où l'on ait employé ce mode de signaux, et nous voudrions le voir adopter partout où le besoin s'en fait sentir, principalement à Mostaganem, Cherchell, Arzew, Stora.

A Mostaganem, l'état de la mer, poussée par les vents d'ouest, prescrit les mêmes précautions qu'à

Tenés, pour le matériel flottant ; il faut alors se hâter de le soustraire à l'action des lumos furieuses qui viennent balayer la plage. Des logemens convenables, heureusement situés, ont dû être récemment construits pour tout le personnel de la marine. Ici, comme partout ailleurs, les marins de la direction ont la jouissance d'un jardin qui est pour eux d'un excellent produit. Fertilisé par un cours d'eau, parsemé d'arbres et de plantes buissonnières, couvert des plus jolies fleurs, ce jardin est tenu avec un soin extrême et une intelligence qui dénote des connaissances spéciales que l'on est même surpris de rencontrer chez un marin. La rade compte deux corps-morts qui sont d'un usage journalier. Le débarcadère est provisoire et se

démonte dès que la plage devient mauvaise : la même installation est mise en usage à Ténès.

La direction d'Arzew a été établie tout récemment, et nous espérons que son matériel sera bientôt compiété. La première mesure consistera à établir au moins un corps-mort par six brasses d'eau, et un coffre par quatre brasses, pour assurer le service de la correspondance, et pour l'avantage des nombreux na-