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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-02-26

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 26 février 1845

Description : 1845/02/26 (A2,N37)-1845/03/02.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63664477

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Nous recevons des plaintes sur rillexattitude avec laquelle le journal parvient à nos abonnés d'Afrique; il est difficile que, dans l'origine d'une publication, il ne se commette pas des erreurs, quelques soins que l'on prenne. Mais aujour-

d'hui ces erreurs ne sont plus possibles; toutes nos adresses sont imprimées, on les collationne avant chaque départ, et la poste nous remet un récépissé accusant le nombre exact d'exemplaires déposés.

* Si donc des irrégularités se font encore remarquer, elles ne viennent plus de nous; etc'est à l'administration locale des postes, que nous prions d'adresser dorénavant les réclamations.

Jusqu'à présent aucune plainte ne nous est arrivée de France.

Paris, 25 Février.

De la marine en Algérie.

Troisième article (1). 1 PERSONNEL (Suite).

Dans un précédent article, nous avons détaillé la situation du personnel de la marine à' Alger; nous compléterons ce travail de nomenclature en examinant, au même point de vue, l'organisation des autres ports de l'Algérie.

- A Dellys, ville récemment occupée, et dont 1 importance augmentera rapidement, le service de la marine est confié à un enseigne de vaisseau qui cumule les fonctions de directeur et de capitaine de port; il est membre de la commission sanitaire, et dispose pour son service d'un faible détachement de marins.

À Bougie, par une étrange anomalie, il n'y a pas de directeur militaire, mais seulement un agent civil, chargé des fonctions de capitaine de port. Il est vrai que, sur la rade, il se trouve un brick de l'Etat stationnaire, dont la présence est très-utile, et qu'il sera urgent d'y maintenir tant que la ville restera bloquée par les kabyles ; mais il n'en est pas moins vrai que le service de la marine à terre devrait, sur ce point, participer à l'organisation générale. On devra donc y placer un lieutenant de vaisseau, avec une escouade de marins et d'olficiers-mariniers.

Nous insistons sur la désignation du grade, par la raison qu'un officier de marine, employé en cette qualité, devient chef de service : il doit entretenir de fréquentes relations avec les autres chefs de service; souvent la nature toute spéciale de ses fonctions l'oblige à présenter des observations sérieuses au sujet d'ordres qui lui sont donnés par l'autorité supérieure; il convient donc que son grade soit en rapport avec l'importance de ses fonctions.

A Gigelly nous retrouvons également un agent civil capitaine de port, assisté de quelques marins indigènes dont le concours est plus coûteux qu'utile. Le service de la correspondance se ressent de la faible organisation de la marine dans ce port, et nous demandons qu'on y envoie un lieutenant de vaisseau directeur, avec un nombre suffisant de marins et d'officiers mariniers.

A Philippeville nous voyons bien un capitaine de corvette, commandant particulier, un commis de marine, administrateur; mais, chose étrange, pas un marin à terre. Nous avons aperçu, au mouillage de Stora, une méchante balancelle, commandée par un chef de timonnerie; sa présence nous a semble parfaitement inutile, et c'est une dépense sans aucun but profitable pour le service; ce bateau devrait donc être désarmé au plus tôt, et son équipage placé à Stora, sous les ordres de l'officier supérieur qui devra y résider, et qui réunit aussi à ses fonctions militaires celles de capitaine de port. Enfin l'addition, à tout ce personnel, d'un chirurgien de la marine, est suffisamment motivée par la distance qui sépare Stora de Philippeville.

Dans ce port, le pilotage des navires laisse beaucoup à désirer. Le mouillage de Stora n'est pas facile a prendre, surtout pendant la nuit, et bien des navires n'osent donner dans la baie, dans l'incertitude où ils se trouvent sur le lieu du mouillage. Nous ne voyons point ce qui empêcherait le pilote de Stora de se rendre quelquefois avec son embarcation à l'ne de Srigina, où il serait merveilleusement placé pour découvrir les navires dans toutes les directions, principalement dans l'ouest, et tout porté pour les accoster facilement et guider leur ancrage. En général, le pilotage des navires du commerce se fait assez mal, ou même ne se fait pas du tout, dans les différens ports et rades de l'Algérie.

Lorsque les pilotes se décident à sortir, ils s'éloignent peu du port, et arrivent à bord au moment où le navire va laisser tomber son ancre ; il est urgent de porter remède à ce mal, qui est réel, etqui probablement con-

tribue a entretenir la défaveur dont sont frappés, à Marseille surtout, les ports de l'Algérie, et conséquemment à la cherté du frèt pour ces destinations. En nous résumant, nous disons que le port de Stora exige un directeur assisté d'un personnel suffisant, un commis de marine administrateur et un chirurgien de seconde classe : il sera nécessaire de maintenir à Philippeville un officier-marinier et quelques marins pour la surveillance du débarcadère et de la plage.

Le port de Bône est commandé par un lieutenant de vaisseau qui, comme cela a lieu presque partout ailleurs, cumule les doubles fonctions ; il dispose d'un personnel assez nombreux, en officiers mariniers et marins ; un commis de marine et un chirurgien de seconde classe complètent l'état-major. Comme tout ce personnel est logé dans la ville, où se trouvent plusieurs chirurgiens militaires, nous pensons que la présence d'un chirurgien de la marine est ici complélement inutile, alors que les soins médicaux manquent

(l)Volr VAfrique des 16 janvier et 6 février.

complètement à Stora, à Mostaganem et à Mers-el-Kebir,où, par suite de leur isolement, les marins ne pourraient, la nuit surtout, être secourus à temps, en cas de maladies graves ou d'accidens.

Comme le port de Bône se trouve le point extrême de la ligne de correspondance de l'Est, et que les na vires à vapeur y font un séjour de quarante-huit heures, nous estimons qu'il serait utile qu'un officier supérieur de la marine dirigeât le service naval sur ce point.

Nous avons déjà eu l'occasion de le dire: l'élévation du grade assure l'indépendance du fonctionnaire, et, d'un autre côté, il est absolument nécessaire que cet officier puisse donner des ordres aux divers capitaines des navires à vapeur; les choses n'en iraient que mieux, et il y aurait au moins un peu plus d'unité et d'ensemble dans un service qui donne lieu à de justes et sévères critiques. Pendant longtemps un navire de l'Etat stationnait à Bône; dans l'été, ce navire se tenaitau mouillage du Lion, sur un corps-mort, et l'hiver le rame-

nait sur la rade du Fort-Génois. Par suite de rinsuffisance de navires au port de Toulon, ce stationnaire a été rappelé et employé dans une autre station ; sa présence, sans être indispensable, était cependant fort utile pendant l'hiver, en raison des prompts et utiles secours que ce navire rendait, dans les mauvais temps, aux navires de commerce. - - - - -

Le port de la Calle ne possède encore aucun élément maritime d'organisation, si ce n'est une balancelle de l'Etat commandée par un chef de timonnerie, qui y séjourne presque constamment pour la police des bateaux corailleurs. Un autre chébeck, le Boberach.

quitte; au mois d'avril de chaque année, la station d'Alger, pour participer au même service. On devra rattacher le petit port de la Calle à l'organisation générale, et y détacher un lieutenant de vaisseau avec un personnel proportionné aux besoins du service.

Les ports de l'Ouest sont au nombre de cinq : nous ne comprenons pas dans ce chiffre le port de DjemmâaGhazaouat, dont l'occupation toute récente ne nous semble pas exiger une mention - spéciale.

Le service maritime de Cherchel comprend un lieutenant de vaisseau directeur et capitaine de port, un détachement de sous-ofliciers et marins de l'Etat.

A Tenez, les mêmes fonctions sont confiées à un enseigne de vaisseau qui réunit sous ses ordres le personnel nécessaire. Nous renouvelons ici l'observation déjà faite au sujet du grade du directeur du port, lequel, par son assimilation, devrait prendre rang parmi les capitaines. Certes, plus que personne, nous savons combien le titulaire actuel de Tenez a montré de zèle

et de capacité, combien il a fait preuve de courage et d'intelligence pour organiser sur ce point le service dont il a été chargé, alors que tout était à faire et à créer; mais nous ne pouvons, même en faveur d'un aussi honorable officier, nous départir d'un principe que nous croyons éminemment utile à la bonne organisation du service maritime.

Mostaganem compte également un lieutenant de vaisseau, directeur et capitaine de port, et un détachement de marins de l'Etat. Il paraîtrait que le nombre de ces derniers est insuffisant, puisque nous voyons les canots de la direction armés par des soldats déta-

chés de leur corps et prêtés à la marine pour ce service spécial. Cette mesure, qui a pu donner quelques bons résultats dans des momens d'urgence, ne saurait être de longue durée : un tel mélange est anormal, incompatible avec la bonne tenue. Puisque le personnel est insuffisant, il y a lieu de l'augmenter au plus tôt pour faire cesser l'anomalie que nous signalons. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, il est nécessaire qu'un chirurgien de la marine soit envoyé à cette résience; sa presence, indispensable pour le personnel de la marine, serait en outre bien précieuse pour les habitans de ce quartier, dit de la marine, qui ne pourraient qu'être reconnaissans envers l'administration d'un tel bienfait. - -

Arzew a reçu depuis peu de temps un lieutenant de vaisseau directeur et capitaine de port : cette mesure, quoique tardive, est d'un excellent effet : nous espérons que la @ balancelle qui stationnait jadis dans cette rade aura été désarmée, et que son équipage, mis à terre, aura complété le personnel de la direction.

Oran, point extrême de la ligne de l'Ouest, a une telle importance maritime, qu'il est devenu urgent d'y organiser vigoureusement le service naval. Tous les mouvemens ayant lieu à Mers-el-Kebir, c'est là que se trouve placé le personnel assez nombreux que la marine y entretient, sous les ordres d'un lieutenant de vaisseau chargé également des doubles fonctions ci-

viles et militaires. Lors des evènemens du Maroc, un capitaine de corvette y fut envoyé pour prendre la haute direction du service. Cette mesure, que nous approuvons beaucoup et que nous voudrions voir définitive, a l'avantage de centraliser le service, de lui donner une vigoureuse impulsion, et de prévenir les nombreux contlits qui constatent chaque jour combien la discipline est faible et peu protégée par ceuxlà même qui souffrent de son relâchement. Un navire de rEtat. commandé parun officier supérieur, stationnait ordinairement sur cette rade; depuis quelque temps cette station a été supprimée; et cependant, sur une rade comme celle de Mers-el-Kébir, frequentée par

un très-grand nombre de navires, il serait urgent d'entretenir un stationnaire chargé d'assurer un bon servi- ce de police maritime.. Un chirurgien de la marine est également nécessaire à Mers-el-Kébir, placé à une trop grande distance d'Oran pour que des secours puissent être apportés en temps utile. Il y a, nous le croyons, un officier de santé militaire dans le fort; mais pendant la nuit son assistance ne pourrait être réclamée avec utilité, les règlemens militaires isolant complètement la citadelle duvillagequi l'entoure. Un commis de la marine de lre classe dirige le service administratif; enfin, un second mailre est détaché à Oran pour le service du petit port qui se trouve devant la ville.

Dans le seul port de Mers-cl-Kébir, les canots de la direction sont armés par des condamnés militaires : Deux marins de la direction, l'un comme patron, le second comme brigadier, complètent cet armement, qui ne laisse pas que de donner de bons résultats : les communications par mer ayant lieu fréquemment pour le service entre Oran et ters-el-Kébir, les fortes em-

barcations destinées à faire ce trajet exigeraient un trop grand nombre de marins, et donneraient lieu, par conséquent, a une forte dépense. Plus tard un navire à vapeur, de faibles proportions et puissance, devra exclusivement remplir ce service. La mesure particulière dont nous parlions ne peut être assimilée à celle que nous avons signalée à Mostaganem comme constituant un amalgame peu convenable. Ce n'est pas que nous prétendions blâmer en rien l'intelligent officier qui dirige, à Mostaganem, et avec tant de distinction, le service de la marine : il doit se servir des moyens qui sont mis à sa disposition ; ce qui lui importe, c'est d'accomplir consciencieusement et rapidement le service dont-il est chargé, et nul, plus que nous, ne rend complète justice aux excellens services de cet officier, dont le caractère est si hautement apprécié par tous. Il y aurait donc lieu d'augmenter sur ce point le nombre des marins afin que toutes les embarcations eussent un armement complet.

Nous terminerons cet articlepar une observation dont l'importance est très-grande à nos yeux, mais que nous n'exprimerons qu'avec une hésitation assez naturelle du reste, puisqu elle tend à déverser un blâme presque général sur la plupart des officiers employés dans les ports de l'Algérie.

Notre répugnance a disparu devant la pensée que ces mêmes officiers sont assez riches en bons et solides services pour permettre qu'une légère faute de détail leur soit imputée ; nous ne pensons pas d'ailleurs qUe la justesse de notre observation puisse être contestée.-Nous voulons donc exprimer la peine que nous fait éprouver la tenue si déplorablement négligée des canots et des marins desdirections, dans presque tous les ports de l'Algérie : nous n'osons faire peser ce - blà- -- - - - - -

me sur tous les - ports, parce qu'il nous a semblé que, dans un seul, une tenue uniformeétait prescrite et exigée, et ce n'est certes pas celui d'Alger. Les canots faisant partie du matériel, nous en reparlerons lorsque nous traiterons cette question spéciale; mais nous pouvons affirmer qu'il est impossible, en voyant ces marins, de les reconnaître comme appartenant à la marine Royale. Non-seulement il y a défaut complet d'uniformité, mais liberté générale pour le costume, partant, mauvaise et détestable tenue. De la à l'indiscipline il n'y a qu'un pas: tout officier consciencieux admettra la conséquence.

A Alger, comme presque partout ailleurs, le même désordre existe, lorsqu'il suffirait d'un ordre bien précis, d'une volonté un peu ferme, pour le faire cesser complètement; car chaque marin doit avoir son sac complet, ainsi que les officiers mariniers, el nous ne voyons point pour qu'elle raison une tenue uniforme ne pourrait pas être exigée.

Pressentant les objections que l'on pourrait nous faire à cet égard, nous déclarons ne pas vouloir imposer un costume de parade à des hommes qui exécutent souvent de rudes et pénibles travaux, et dont le service habituel est celui des embarcations ; mais nous savons aussi bien que qui que ce soit que le sac de ces marins contient des effets de toile grise, un bonnet de travail, une cravate rouge ou noire, etc.; quelle tenue serait mieux appropriée au service habituel de ces hommes, qu'il est bien facile de doter d'un rechange complet de même espèce ? Alors disparaîtraient ce dévergondage dans la tenue, ces vètemens en haillons qu'étalent avec une sorte de cynisme ços.

pauvres marins aux yeux des étrangers, des marins anglais surtout, si habitués aux bonnes traditions de tenue et de proprélé.

Cette consciencieuse observation sera, nous en avons l'espoir, appréciée convenablement par les personnes qu'elle concerne. Un peu de surveillance fera disparaître promptement le vice de détail que nous avons dû signaler, et nous sommes convaincus qu'une telle mesure produira un excellent effet aux yeux de la population civile et de l'armée.

Destruction de la raèe bovine en Algérie.

D'après une statistique très-soignée faite dans le cercle de la Calle, il résulte que sur l'étendue de ce cercle, qui est de 201 lieues, contenant 19,972 habitans, c'est-à-dire un peu moins de 100 par lieue carrée, il y a environ 132 mille tètes de gros bétail, c'est-àdire 7 têtes de bœuf par chaque habitant. D'après d'autres renseignemens, la même proportion existait dans les provinces de Titeri et d'Oran. Cette proportion de

bestiaux constituait pour toute l'Algérie à laquelle nous avons, d'après des preuves données dans nos numéros précedens, reconnu une population d'environ 1,500,000 habitans, au maximum, un total de 9 à 10 millions d'individus de l'espèce bovine, nombre à peu près égal à celui qui existe en France : Eh bien ! la guerre et les razzia faites depuis 1840, ont tellement décimé cette masse énorme, que l'on éprouve aujourd'hui une peine extrême à approvisionner le parc de l'armée.

Le temps des expéditions dans l'intérieur de l'Algérie, à moins de causes très-graves, est passé; il faut dorénavant créer et féconder au lieu de ravager et de détruire. -

Il y a six mois environ, M. Pougnet, comptable des vivres, a entrepris dans l'intérieur un voyage qu'il a poussé jusqu'à l'Oasis d'El Aghouath, et dont le résultat a été presque nul pour l'approvisionnement ; il y a peu de semaines M. Melcion-d'Arc, comptable des vivres, a entrepris, dans le même but, un voyage dans l'est de la province de Titery, sans obtenir un succès plus marqué : force a donc été à l'autorité, en Algérie, de former une commission pour aviser aux moyens de prévenir les danger dont sont menacés l'armée et la population civile dans leur approvisionnement.

- La France est actuellement en état d'apprécier les résultats du gouvernement militaire que M. le maréchat Bugeatid cherche à consolider en Afrique par tous les moyens possibles ; de ce gouvernement doué d'une prodigieuse énergie pour la destruction, et d'une impuissance égale pour la création.

Qu'on réfléchisse bien à ce fait, d'une diminution en 4 ans, assez sensible, dans une masse de 9 à 10 millions de têtes de bœufs, pour qu'on ait de la peine à

compléter l'approvisionnement de 100 et quelques mille individus dont se compose la population civile et militaire de la province d'Alger.

Est-ce la formation d'une commission qui remédiera au mal, tant que la cause du mal existera, tant que les commandans militaires auront le droit de dévaster le pays? Non, certes, et tous les efforts de cette commission seront sans aucun résultat. Ce n'est point par des mesures d'urgence que l'on parviendra à conjurer le danger, car il a ses racines dans l'organisation même du pouvoir en Algérie, dans l'essence même de ce pouvoir arbitraire oppressif du sabre, et surtout dans l'ignorance profonde où sont en général les hommes de guerre de tout ce qui tient à la prospérité des peuples.

Un seul des gouverneurs de l'Algérie avait compris le rôle de l'armée, c'est M. le duc de Rovigo, et voici en peu de mots son système : Quant il arriva à Alger, en 1832, il reconnut bientôt chez les Arabes une incapacité matérielle de résistance contre notre force militaire, et l'impossibilité pour eux d'organiser une ar-

mée qui pût melltre en danger nos établissement aussi ne se préoccupa-t-il pas du soin de les dompter,il savait que c'était une tâche stérile; sa première préoccupation fut donc d'ouvrir des voies de communications auxquelles on n'avait pas songé avant lui. Il disposa des faibles forces militaires qu'il avait à sa disposition pour construire la magnifique route qui porte encore son nom : quand elle fut poussée à trois lieues d'Alger, il fit faire une seconde route de ceinture qui enserrait avec le rivage, un espace de sept lieues carrées, il échelonna trois camps sur cette route, et organisa un système de patrouilles qui y assurait une tranquillité parfaite. Aussi vit-on, comme par enchantement, se rebâtir toutes ces délicieuses villas qui entourent Alger, et que la guerre de 1830 avait presque détruites. Une population agricole s'y installa sans retard. Ce gouverneur ne se préoccupa des Arabes que pour repousser leurs impuissantes aggressions, et pour frapper de terreur les tribus turbulentes des environs.

Son projet était de pousser plus avant sa route d'Alger à Blidah, de construire une nouvelle roule de ceinture au pied des collines du Sahel, et de favoriser l'arrivée des populations civiles et agricoles derrière l'armée, se proposant de les livrer aux autorités civiles do la métropole au fur et à mesure de leur arrivée, car il connaissait mieux la valeur des institutions civiles pour l'organisation et la prospérité matérielle que ne le fait M. le maréchal Bugeaud.

Malheureusement pour l'Algérie, la mort vint interrompre les projets de M. duc de Rovigo, et, depuis, pas un des gouverneurs n'a compris la tache qu'il avait commencée, et qui aurait pour résultat aujourd'hui, l'installation, sous la garantie de nos lois, d'une population nombreuse dans la plaine de la Mitidja et dans les montagnes du petit Atlas, en même temps que la formation d'un des départemens dont nous réclamons avec instance l'organisation.

Quand on a laissé tout, en Algérie, à l'arbitraire du chef de l'armée, il était évident que l'entraînement à la guerre serait une des tendances du système; car, dans l'armée, il n'y a pas de grade, quelque mince qu'il soit, qtii ne rêve, avec raison, le grade supérieur. C'est la préoccupation générale ; seulement, plus on est près de la tète, plus cette préoccupation est intense et active, et M. le maréchal Bugeaud jouait sur les mots quand il disait le 24 janvier dernier à la chambre : a L'armée française ne fera jamais la guerre pour son » propre intérêt. » Aurait-il pu en dire autant de quel-

ques ambitions auxquelles l'armée est soumise, qu'elle ne supporte qu'avec peine, et auxquelles cependant elle n'a qu'à obéir ?

Ce n'est donc plus au gouvernement militaire d'Al-

ger, que nous demandons de se reformer, et d'entrer dans une voie nouvelle, le discours que M. le maréchal Bugeaud a prononcé le 24 janvier nous a fait perdre toutes nos illusions à cet égard, c'est au gouvernement de la France que nous nous adressons; c'est à lui à gouverner l'Algérie ainsi qu'il gouverne la France; c'est aux chambres que nous demandons de prendre l'initiative de la légalité dans notre France africaine.

il y a péril en la demeure en Algérie; legouvernement militaire est jugé par ses résultats. 11 a appauvri le pays sans avoir su rien fonder, il y a mis en question la puissance de la France, et son seul argument pour s'y maintenir consiste en des demandes incessantes d'hommes et d'argent; il est donc temps, disons-nous, d'organiser le pouvoir en Algérie comme il l'est en France, et de sortir de ce dédale d'institutions impuissantes dans lequel nous nous perdons depuis 15 ans.

Alors seulement on fondera quelque chose de stable.

Les Indigène% noustrattrà à l'administration civile.

Parmi les choses étranges qui existent dans le nouveau projet de réorganisation administrative de l'Algérie , il en est une sur laquelle nous ne nous sommes pas encore expliqués, et que cependant nous ne devons pas passer sous silence.

Ce projet contient une disposition qui met les indigènes, à l'état de tribus dans la zône civile, sous la direction suprême et exceptionnelle des bureaux arabes.

Le directeur de l'intérieur et ses agens ne pourront donc s'occuper de ces indigènes que sous le bon plaisir et par l'intermédiaire obligé des officiers des affaires arabes. -

La conséquence de cette disposition, c est que les indigènes seront administrés militairement, même dans la zone civile, et qu'ils seront préservés forcé- ment de toute fusion d'intérêts et de mœurs avec 1 és européens. Or, une pareille conséquence sera dr.:plo- rable et en opposition avec le véritable but toute domination effective et raisonnable. Nous comprenons très-bien que M. le maréchal Bugeaud Yeutttc pour le triomphe de son gouvernement militaire, que les indigènes soient soustraits aux lD.t.'auences civilisatrices qui résulteraient d'une large administration civile ; mais nous avons peine à nous expliquer comment la direction des affaires de l'Algérie, qui est condamnée a l'impuissance par le région, du sabre, ait consenti de