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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-02-22

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 22 février 1845

Description : 1845/02/22 (A2,N36)-1845/02/26.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366446t

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, 21 l'évrier.

Décidément l'Algérie n'appartient pas à la France; .elle constitue purement et simplement le domaine particulier de quelques hommes qui se croient tout permis et agissent sans contrôle.

, 11 y a un mois à peine, un projet d'administration .civile bâclé à la hâte fut présenté à M. le maréchal Bugeaud, qui le rejeta; il n'en fut dès lors plus question. Aujourd'hui un nouveau projet, conçu avec la même légèreté, vient d'être soumis à l'approbation de M. le gouverneur général. Ce projet, au moins aussi défectueux que le premier, mais plus dangereux, en .ce qu'il consacre nettement le gouvernement militaire, a obtenu son assentiment, et, à l'instant où nous écrivons ces lignes, il est peut-être signé par le roi.

Dans tout ceci, a-t-on consulté le conseil d'Etat, la .commission de colonisation? A-t-on pris l'avis des tchambres, a-t-on procédé par voie d'enquête dans,le pays, ce qui serait bien le moins, ce nous semble, puisquil s'agit de si grands intérêts? Pas le moins du

monde. - - Et cependant l'opinion publique et la tribune restent muettes devant cette audacieuse violation des principes d'administration les plus élémentaires, devant ce .scandaleux mépris des formes tutélaires qu'un gouvernement sage et régulier ne devrait jamais oublier.

On joue avec le plus grand, sans contredit, de tous les intérêts de la France, et pas une voix ne s'élève pour demander justice au nom de l'Afrique sacrifiée, et pas un de ces pompeux discoureurs de salon n'a le courage d'interpeller le pouvoir, au sujet d'une incurie qui menace de faire perdre a la France le fruit de quinze années de sacrifices, et de ruiner l'avenir d'un pays destiné à devenir l'un des plus riches états du bassin de la Méditerranée. On dirait, à l'air d'indifférence de nos prétendus hommes politiques à l'égard de Ja question d'Afrique, qu'il nes'agit ni de notre honneur, ni de notre puissance, ni de notre gloire. Absorbés par d'incessantes intrigues, en proie aux plus mesquines passions, conduits par les plus misérables calculs, ils ne savent témoigner qu'un magnifique dédain pour des choses qu'ils ne se donnent pas même la peine de connaître.

En présence d'un tel spectacle, nous l'avouons, nous nous sentons le cœur rempli de tristesse, et quand ..nous consultons les sentimensqui débordent de notre Ame, nous ne savons ce qui y domine le plus, de l'indignation, du mépris ou du dégoût.

Nous avions placé notre contiancc dans la chambre, jusqu'à ce jour la chambre nous a trompés; une dernière espérance nous reste, et cette espérance est dans la presse; nous fera-t-elle aussi défaut ?

elmple rapprochement.

On sait que les Etats-Unis sont en contestation avec l'Anglelerre, relativement à la propriété des vastes territoires de l'Orégon. Le congrès vient de prendre ritoires de à cet égard une de ces grandes mesures qui ont fait jusqu'à ce jour la gloire et la puissance du peuple américain: il a décidé, à la majorité de 117 voix contre 40, dans une première épreuve, l'établissement d'un gouvernement territorial sur les lieux depuis si longtemps en litige. Il s'agissait naturellement de prendre des mesures qui pussent y appeler promptement de la population,et parconséquentassurerlaforce du nouvel état; pour cela qu'a-t-on fait? A- t-on nommé un gouverneur militaire et un lieutenant civil ? a-t-on installé un gouvernement et des bureaux indiens? a-t-on composé une administration bâtarde, sans nom dans la mère-patrie? a-t-on marchandé avec les institutions, les libertés et les garanties ? s'est-on préoccupé de la race et de la terre natale des émigrans ? pas le moins du monde. On a purement et simplement décrété que le gouvernement américain était dorénavant implanté sur le sol que l'on voulait coloniser. Le bon sens pratique du peuple de l'union a parfaitement compris que ce moyen était le plus sûr pour arriver promptement et facilement au but proposé. - - - -,

Voici le résumé de cette noble et vigoureuse décision du congrès; nous l'empruntons au journal la Presse, qui, depuis quelque temps, s'est prononcé pour les vrais principes de la colonisation avec une netteté de vues dont nous le félicitons sincèrement:

Un gouverneur et un secrétaire, nommés pour cinq années, résideront à l'ouest des montagnes Rocheuses. Des cours de justice seront établies, et une assemblée générale sera organisée. Aussitôt que le nombre des habitans mâles et libres, de 21 ans et au-dessus, aura atteint le chiffre de 5,000, ils auront le droit de nommer des représentans pour les comtés, villes et districts, dans la proportion de 1 représentant pour 500 habitans.

–La durée de cette représentation sera de deux années.–L'as* semblée générale se composera d'un conseil législatif et d'une chambre des représentans.-Le conseil législatif sera formé de cinq membres élus par la chambre des représentans. L'état nouveau aura un délégué dans le congrès fédéral. 640 acres de terre seront concédés à tout individu mâle el blanc qui consentira à les cultiver pendant cinq années. Les individus mariés recevront en outre 160 acres pour leur femme, et 160 acres pour leurs enfans au-dessous de dix-buit ans.–Les autres dispositions du bill prescrivent l'établissement de forts destinés à protéger le nouvel Etat.

La mesure relative au territoire de l'Orégon a été présentée et adoptée comme le complément de la résolution relative à l'annexion du Texas.

On nous accordera probablement que les Etats-Unis s'entendent à coloniser. Ces principes posés, que chacun tire la conséquence.

On lit dans plusieurs journaux : M. le maréchal Bugeaud doit bientôt soumettre au conseil des ministres un projet important pour l'avenir de nos possessions en Afrique. Il s'agit de colonies militaires sur lesquelles s'appuierait avec sécurité la colonisation civile. Désormais, au lieu de consumer ses forces dans ces mille et une démonstrations belliqueuses qui épuisent notre trésor, qui éloignent les Arabes et qui la déciment, notre armée viendrait puissamment en aide à un système de colonisation large et progressif.

M. le maréchal Bugeaud a, dit-on, mûrement étudié ce projet. Il croit que de son exécution intelligente et énergique dépend l'avenir colonial de l'Algérie.

Si le ministère accueille cette idée, qui nous parait très-propre à résoudre enfin le problème de l'Algérie, nous serons les premiers à l'en féliciter.

Nous ne saurions assez prémunir nos confrères de la presse contre certaines communications qui leur arrivent presque Toujours de sources intéressées et qui sont de nature à desservir étrangement la cause de l'Algérie.

L article ci-dessus est de ce nombre. Nous n'hésitons pas à dire que si le projet de M. le maréchal Bugeaud était adopté dans toute sa teneur, le résultat en serait désastreux pour nos possessions d'Afrique. La colonisation militaire, en effet, telle que l'entend le maréchal Bugeaud, est tout simplement une impossibilité qui grèverait annuellement, et pendant dix ans, le budget de l'Etat d'une somme de 30,000,000, et Dieu sait quel effet produiraient,, sur les esprits, TROIS CENTS MILLIONS dépensés en pure perte.

Nous savons bien qu'il existe un journal spécial, le journal l'Algérie, qui se pâme d'aise devant toutes ces belles idées, et devant bien d'autres encore; mais ce journal, qui n'est pris au sérieux que par les personnes étrangères à la question d'Afrique, a ses raisons pour agir ainsi. Depuis bientôt une année il s'exténue à demander que l'on organise le gouvernement des indigènes, que l'on organise la colonisation; or, cette organisation, qui se résume pour lui en la création de deux bureaux à la direction des affaires de l'Algérie, savoir un bureau des affaires arabes, et un bureau des travaux coloniaux, ainsi qu'il le déclarait encore avec la plus admirable naïveté, dans son dernier numéro, lui impose, afin de se faire bien venir de l'administra-

liÓnsupérieure, cette dispensatrice de toutes les faveurs et de toutes les sinécures, l'obligation d'applaudir à tout ce qui émane du ministère de la guerre ou de l'homme qui fait aujourd'hui la loi au ministère.

Répétons-le donc encore une fois, quoique nous l'ayons déjà dit bien souvent : Non, ce n'est pas dans les colonies militaires qu'est le salut de l'Afrique, il est dans une assimilation successive et complète avec la France, et dans les institutions de la mère-patrie, avec toutes les garanties qu'elles assurent, et tous les droits qu'elles confèrent.

Les lignes précédentes étaient composées quand nous avons reçu la communication suivante:

Colonisation malit.-lire.

Depuis son retour du Périgord, le maréchal Bugeaud tourmente M. le ministre de la guerre au sujet de ses colonies militaires. Il voudrait absolument faire un essai, comme si Touka, Maëlma et Mered n'avaient pas suffisamment constaté l'inefiicacilé coûteuse de ce mode de fertilisation et de peuplement. On sait que M.

le gouverneur général rêve l'établissement, en Algérie, de 100,000 soldats laboureurs, qui ne doivent pas coûter moins de trois cents millions!

11 paraîtrait queM.le maréchal Soult, qui, en affaires positives, a un sens et un tact des plus remarquables, ne s'est nullement laissé éblouir parles phrases et les fantastiques prétentions de M. le duc d'Isly; il s'est donc obstinément refusé à ce que les fonds fussent demandés aux chambres, pour faire un essai, selon les vues de M. le maréchal Bugeaud.

Ce dernier, piqué au vif, a tenu, nous assure-t-on, à ce que l'affaire fût portée au conseil des ministres. Il en a été ainsi un de ces jours passés; et là, comme dans le cabinet du ministre de la guerre, la colonisation de M. Bugdaud s'est trouvée mal menée et finalement éconduite. Cet échec a été on ne peut plus pénible à M. le gouverneur général, qui ne peut pas comprendre, il le dit, les résistances de plus en plus vives qu'il rencontre autour de lui.

Ces résistances sont cependant faciles à concevoir; elles ont leur explication dans un système de colonisation unanimement condamné.

On lit dans le Commerce de Dunkerque et du Nord: De 1* Algérie et des iperts Francs.

Une remarque qui a dû frapper vivement tout homme pour lequel la prospérité et la gloire de la France ne sont pas encore devenus de vains mots, c'est que le maréchal Bugeaud, dans son discours du 24 janvier dernier, à propos du paragraphe du projet d'adresse, relatif au traité de paix avec le Maroc, ait considéré comme un résultat d'une importance sérieuse l'émigration, depuis notre conquête, de 75,000 européens en Algérie.

Après quinze années de sacrifices incessans en hommes et en argent, nous demandons s'il y a bien lieu de s'enorgueillir d'un résultat pareil et de reproduire cette phrase stéréotypée depuis quinze années, comme vient de le faire M. le ministre de l'intérieur, dans l'exposé des motifs du projet de loi sur les fonds secrets, que les charges imposées à nos finances n'ont point empêché - d'étendre et - de - consolider notre - domination en Al.

gëri.

En vérité, lorsqu'on se représente les effets de la merveilleuse puissance colonisatrice des Romains, et de nos jours des Anglais, on serait tenté de conclure que les Français ne sont pas suffisamment pourvus du génie d'organisation pour prétendre à l'honneur de rétablir sur le sol de l'Afrique ces greniers d'ahon.dance qui approvisionnaient le vaste empire de Rome. Certes, de sages avis n'ont point faitfaute au pouvoir; aujourd'hui encore le journal' l'Afrique remplit sa mission en flétrissant un gouvernement. qui force la France à abdiquer son rang devant l'Angleterre, io et ces paradoxes soldatesques que les institutions civiles énervent les Etats. Mais que sert la logique avec les hommes qui nous gouvernent et dont le système de corruption exerce une si déplorable influence dans l'administration

de l'Algérie !

Quoi qu'il en soit, et dans raltente de temps meilleurs, nous croyons pouvoir émettre une idée qui nous semble mériter plus d'un sérieux développement.

On estime la population de toute l'Algérie à un million et demi, sur une étendue de 10,000 lieues carrées. Le moyen le plus efficace d'augmenter cette population serait, sans nlll doute, comme le dit l'Afrique, l'assimilation immédiate de VAlgérie à la France, qui attirerait les colons européens qu'en lient éloignés le régime militaire; mais un complément qui nous semble indispensable, pour que cette grande mesure administrative produisit rapidement des résultats aussi désirublcs, ce serait de décréter la franchise des ports de l'Algérie.

L'établissement commercial de Sincapour, fondé dans le détroit de Malaca par la compagnie des Indes, olfloc un exemple frappant de ce que les anglais sont parvenus à faire de cette ville en lui accordant la franchise. En 1824, la population de cette ile n'était que de 10,685 habitans. La souveraineté et la propriété du territoire furent à peine conférées en IS25 à l'Angleterre par une convention avec le roi de Hollande et un traité avec les princes Malais de Johore, auxquels l'île appartenait, que déjà en 1855 cette population était de 20.970. Elle a presque doublé depuis.

Si le régitne des franchises n'était pas de nature à favoriser émjpenuneht le rapide développement des colonies, nous ne Verrions pas aujourd'hui l'Angleterre compter pms quaranteports ou entrepôts francs (free tvarehousing Ports) dans ses colonies de l'Amérique. Nous n'aurions pas vu élément PAngleterre déclarer Ports Francs, par un acte du 22 février 1852, les différens ports du Cal) de Bonne espérance, de la ville du Cap (Cap-town) Simoiis-Toim, Port Elisabeth.

Nous nous réservons de revenir à cet important sujet que nous recommandons spécialement à la rédaction du journal l'Afrique. *** de Douai.

- - - -

Le Commerce de Dunkerque a raison, et nous nous rendons avec empressement à son désir, en reproduisant un article qui démontre si clairement les abus du régime fiscal, et l'opportunité qu'il y aurait eu d'entrer, à l'égard de l'Algérie, dans une voie large et féconde de franchises commerciales.

Le commerce, en effet, a besoin de liberté ; l'enchaîner, le gêner seulement, c'est exercer une influence fâcheuse sur la consommation, et par conséquent sur .la production, la production étant en rapport constant avec le bien-être des classes laborieuses.

On conçoit des tarifs et des lignes de douanes dans d'anciens états obligés de subir les conséquences de leur passé, de ménager des intérêts consacrés par le temps, de se soustraire, par une production forcée, à des tributs onéreux, ou aux dangers que des relations hostiles avec leurs voisins pourraient entrainer dans l'avenir; mais on ne les comprendplus dans de jeunes états dont on veut rapidement constituer la puissance. Là, plus il y aura de libertés et de franchises, plus on verra atnuer les hommes et les capitaux : les premiers, parce qu'ils seront certains de trouver une existence facile ; les seconds, parce que le mouvement toujours croissant des affaires leur offrira un placement avantageux et assuré. Toutes conséquences qui s'enchaînent et se soutiennent.

Comment, dès-lors, concevoir l'imprudence d'une administration qui enlace une naissante colonie dans les mille et un liens de la fiscalité, au risque de l'étoutrer en son berceau. Lorsqu'elle serait devenue vigoureuse, qu'elle serait arrivée à l'âge mûr, n'aurait-il pas toujours été temps, si l'on eût voulu, de lui imposer les entraves dans lesquelles s'agitenlsi péniblement nos vieilles sociétés d'Europe. Que dirait-on d'un père qui écraserait la jeune organisation de son enfant sous le poids de travaux au-dessus de son âge) on l'accuserait de folie. L'administration supérieure ne craintelle donc pas qu'on lui-adresse le même reproche avec la même justice?

Le gouvernement, d'ailleurs, avait dans cette circonstance un ligne de conduite toute tracée. Elle était large, grande, digne, éclairée; c'est à cause de cela sans doute qu'il ne l'a pas comprise.

Il pouvait dire aux puissances de l'Europe : « Je vous » ouvre et vous abandonne les ports de l'Algérie; en 11 dédommagement de cette concession, qui chaque » année doit prendre une nouvelle importance, ac» cordez-moi un dégrèvement équivalent sur l'expor» talion des produits nationaux, » et les puissances le lui auraient accordé. Tout le monde aurait gagné à cet accord: les puissances de l'Europe, parce qu'un nouveau continent aurait été ouvert à leur commerce; la France, parce qu'elle aurait augmenté et amélioré ses débouchés; l'Algérie, parce qu'elle aurait eu à sa disposition le plus puissant élément de prospérité coloniale, la liberté.

Au lieu de cela qu'a-t-on fait ? On a écrasé d'impôts, de tarifs, de droits de toute nature, un pays qui n'avait aucune vie propre, aucune richesse réelle, aucune production sérieuse; arrachant ainsi à la colonisation les quelques ressources que les habitans auraient pu si fructueusement employer à des travaux productifs et à d'utiles établissemens agricoles ou commerciaux.

On s'étonnerait à bon droit d'un pareil renversement de toutes les idées saines, de toutes les opinions reçues, tranchons le mot, d'une absurdité qui est sans nom, si l'on ne savait pas que jusqu'à présent l'avenir de l'Algérie a presque toujours été sacrifié à des hommes qui n'ont vu dans ce pays qu'un moyen de fortune, un marche-pied pour s'élever, immolant l'intérêt général à leur intérêt privé, escomptant l'avenir au prolit du présent, présentant des recettes constamment en progrès, pour faire croire à une prospérité imaginaire, dévorant la substance du pays en combinaisons stériles, pour se donner des airs de grands administrateurs, et se faire un titre de gloire de ce qui devrait être l'arrêt de leur condamnation.

Nous joignons nos vœux à ceux du Commerce de Dunkerque, pour que le gouvernement revienne à de plus sages conseils, et décrète la FRANCHISE DES PORTS DE L'ALGÉRIE.

Dix années de liberlé feraient plus pour l'Afrique, que cent années du régime actuel.

Nous avons cru devoir contredire une assertion de M. le maréchal Bugeaud, tendant à faire croire au public et aux chambres que l'administration pratiquée par des officiers de l'armée ne coûte absolument rien.

M. le duc d'Isly nous fait répondre par une feuile

intéressée que notre critique est complètement dépourvue de fondement : il nous met même au défi de citer un seul cas dans toute l'Algérie prouvant que les officiers administrateurs touchent quelque allocation pour leurs fonctions administratives.

Nous pourrions répondre à ce défi par des noms propres, mais c'est une voie où nous ne voulons pas entrer; il nous suffira d'affirmer que les indemnités que nous avons signalées existent réellement et qu'elles figurent au budget colonial pour des sommes assez fortes. C'est ainsi que tel oflicier, revètu des fonctions de maire, touche 100 fr. par mois en sus de sa solde, que tel commandant de place, enlevé à ses fonctions naturelles, pour faire un métier qui n'est pas le sien, palpe de bonnes allocations supplémentaires.

Nous maintenons donc tous nos dires à cet égard.

Nous persistons aussi à soutenir que les nécessites de cette administration exceptionnelle enlèvent bon nombre d'officiers à leurs devoirs militaires et grossissent démesurément, aux dépens du budget, l'effectif Algé-

rien des officiers des armes spéciales. C'est là un fait reconnu de tout le monde, en Algérie comme en "Ftàfie -=et"'fOD peut affirmer que, dans le jeas d'un rassemblement un peu considérable de troupes sur nos frontières, on éprouverait des difficultés à le pourvoir, sans nuire aux autres services de l'intérieur, du contingent réglementaire d'officiers de ces armes. -

Par conséquent, nous ne cesserons de nous élever contre ces délournemens de fonctions ; nous voulons que successivement l'administration passe dans des mains civiles et expérimentées, non-seulement en ce qui regarde la direction des intérêts européens, mais encore pour les intérêts indigènes.

Ainsi, il devient nécessaire d'enlever à la direction des affaires arabes le caractère essentiellement militaire qu'on lui a donné; ce qui a pour conséquence d'en faire l'adversaire et l'ennemie des intérèts européens et des administrations qui les représentent.

Nous ne craignons donc pas de dire que cette administration doit être réformée, et reconstituée de manière à ce qu'elle s'engrène et s'agence avec l'administration civile. C'est un sujet sur lequel nous reviendrons en détail.

Nous voyons avec plaisir, du reste, qu'on n'a pas cru devoir protester contre l'existence des masses noires, dont nous avions signalé l'abus.

Du mode de recrutement des employ.

la direction des affaires de l'Algérie.

Alger, le 25 janvier 1845.

Depuis longtemps nous avons signalé l'incapacité de la direction des affaires de l'Algérie, incapacité qui se révèle journellement à nous dans les mesures que prend cette direction relativement au pays, qu'eUe est chargée d'administrer. Nous avons été naturellement amenés à en rechercher les motifs, et nous sommes convaincus qu'ils résident dans le mode de recrutement des chefs et employés de cette direction.

Si nous sommes bien informés, le personnel de ses chefs et sous-chefs se compose de neuf personnes, parmi lesquelles, le croirait-on, trois seulement, trois!

ont mis les pieds en Algérie.Quant aux commis, à peine un tiers a-t-il vu 1ns côtes d'Afrique.

Et ce sont cependant des hommes qui n'ont pas la première idée d'un 'pays, qui ne connaissent ni ses mœurs, ni sa population, ni ses richesses, ni ses avantages, ni ses vices, ce sont ces hommes, disons-Iloust qui sont appelés à le diriger.

N'y a-t-il pas dans ce seul fait une déplorable preuve de l'incurie qui préside aux destinées de l'Algérie?

Une des conditions essentielles pour entrer dans cette direction, ne devrait-elle pas être d'avoir passé plusieurs années en Afrique, de s'être identifié aves ses besoins, avec ses habitans.

Mais non, l'ordonnance du 17 janvier 1844, qui règle les conditions d'admission dans les bureaux du ministère de la guerre, n'a point fait d'exception pour la direction des affaires de l'Algérie. Aux employés qui sollicitent leur entrée dans ses bureaux, on ne demande pas quelles sont les lois qui régissent l'Afrique, mais combien il faut encore d'années d'un service tel quel pour avoir droit au maximum de la retraite. En vérité vit-on jamais pareille incurie!

Quoi ! vous voulez gouverner les gens sans les connaître' Vous voulez administrer un pays quevous n'avez jamais vu ! Mais alors, vous vous trouvez forcément à la remorque de l'autorité locale, et par conséquent vous devenez inutiles.

Ce que nous voudrions, nous, dans l'intérêt de l'Afrique, c'est que nul ne put entrer dans la direction des affaires de l'Algérie sans avoir fait un stage d'au moins deux ans, dans l'administration civile de ce pays, et que l'admission dans les bureaux du ministre de la guerre fût une récompense accordée aux employés qui se seraient spécialement distingués par leur capacité. Mais serons-nous écoutés ? Nous devons l'avouer, nous ne l'espérons pas.

On nous assure, ce que nous ne pouvons croire, que M. le maréchal Bugeaud est le premier à dissuader de leurs projets ceux de ses collègues de la chambre qui seraient disposés à fonder en Afrique des établissemens agricoles. S'il. en était ainsi, nous ne saurions assez nous élever contre un machiavélisme qui n'aurait d'autre motif à nos yeux que d'éloigner du pays des hommes qui, par leur indépendance, leur influence et leur position, ne manqueraient pas d'attaquer et de ruiner le désastreux régime qui pèse aujourd'hui sur l'Algérie.

Le ministère de la guerre vient de faire rendre une ordonnance royale par laquelle les greffiers des tribunaux de l'Algérie sont autorisés à percevoir, comme ceux de France, des droits de greffe et d'expédition.

Jusqu'à présent, ces droits avaient été perçus au profit du trésor, qui prenait à sa charge toute la dépense du personnel des greffes, et rétribuait par des traitemens fixes les grelliers et commis-greffiers.

D'après les nouvelles dispositions prises, ces traitemens fixes seront réduits, et les greffiers en chefs devront supporter une partie de la dépense de leur personnel auxiliaire. Ils conserveront des commis rétribués par l'Etat, mais seulement en nombre égal à celui des Chambres dont se compose la juridiction à laquelle chacun d'eux est attaché. Ainsi le greffier do la Cour royale et du Tribunal de première instance d'Alger auront chacun deux commis-grelliers appointés par le trésor. Ceux des autres Tribunaux de première instance et du Tribunal spécial de commerce d'Alger n'en auront qu'un seul.

Nous nous réservons d'apprécier ce système, lorsqu'aura paru l'ordonnance qui l'introduit.

AFRIQUE.

ACTES OFFICIELS.

Par ordonnances royales, ont été nommés au grade de capitaine, à l'ancienneté : Dans le 55' régiment de ligne, bataillent daffique, M. de