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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-01-12

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 12 janvier 1845

Description : 1845/01/12 (A2,N28)-1845/01/16.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366440b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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Paris, il Janvier.

Plusieurs personnes se sont déjà adressées à nous de divers points de l'Algérie pour nous entretenir de leurs affaires personnelles et nous demander l'appui de la publicité; nous avons eu le regret de ne pouvoir nous rendre à leurs désirs. Comme il nous en coûterait d'être obligés dè répondre souvent par de semblables fins de non recevoir, nous devons déclarer, une fois pour toutes, que nous nous sommes fait une loi absolue de ne jamais nous immiscer dans les discussions particulières entre les administrés et l'administration, à moins que l'intérêt public ne soit engagé dans le débat de la manière la. plus évidente et la mieux constatée. Tout le monde, nous l'espérons, comprendra les motifs de cette réserve.

Le journal VAfrique doit rester ce qu'il n'a cessé d'être jusqu'à ce jour, l'organe des intérêts généraux de l'Algérie dans leur acception la plus élevée.

Des Rgens consulaires en Algérie.

La position du consul général d'Angleterre et de ses vice-consuls en Algérie appellera sans doute l'attention sérieuse des chambres durant le cours de la session qui vient de s'ouvrir.

Aujourd'hui que l'entente cordiale a progressé, s'il faut en croire le discours de la couronne, jusqu'à l'état d'intimité et d'amitié réciproque, ii doit être permis, ce nous semble, d'espérer qu'enfin notre meilleure alliée suivra l'exemple de la plupart des autres puissances, en demandant l'exequatur du gouvernement français pour les agens qu'elle entretient dans notre colonie.

Quels prétextes pourrait-elle alléguer pour justifier son refus de se soumettre à l'accomplissement de cette formalité?

-- -

ObJectera-t-elle que le consul anglais, présentement en fonctions, tient ses pouvoirs de l'ancien souverain du pays, et quel'exequatur accordé à cet agent par le dey d'Alger n'a pas besoin d'être renouvelé par le gouvernement actuel de l'Algérie?

C'est là, nous ne l'ignorons pas, la raison dont elle a payé nos ministres, et que ceux-ci se sont chargés de faire valoir auprès des chambres. Mais à qui fera-t-on croire que le droit des gens consacre une pareille doctrine, et que nous soyons tenus de reconnaître le caractère officiel des agens diplomatiques de la GrandeBretagne en Algérie, de les maintenir dans les privilèges et dans les immunités attachés à la qualité de consul, par cela seul que le principal titulaire du consulat aurait été accrédité auprès du gouvernement que le ôtre a remplacé? Ceci est une question de bon sens, et, quoi que puissent dire les ergoteurs de droit international, il est manifeste que, du jour où la conquête nous a rendus maîtres d'Alger, du jour où notre domination a succédé à celle de l'ancien dey, IQ consul général d'Angleterre a dû, de même que tous autres institués au même titre que lui, se pourvoir de nouvelles lettres de crédit et les demander au gouvernement français. Que la règle invoquée par l'Angleterre soit applicable au cas d'une simple mutation de souveraineté opérée suivant les conditions de la constitution politique du pays où l'agent consulaire est établi, nous l'accorderons volonticrs, Mais qu'il en puisse être de môme lorsqu'un ordre de choses tout nouveau vient se substituer à celui sous l'empire duquel cet agent avait été accrédité, lorsque la souveraineté passe, par droit de conquête, aux mains du souverain d'un autre pays, lors, enfin, que tout est changé dans la situation gouvernementale du territoire conquis, c'esl ce qui n'est pas raisonnablement admissible : et nous avons peine à comprendre que les chambres n'aienl pas plus énergiquement protesté qu'elles ne l'on fail jusqu'à présent contre les arguties diplomatiques l l'aide desquelles on a cherché à justifier l'irrégularité de la position du consul anglais en Algérie.

Quelques autres raisons, il est vrai, sont mises en avant ; mais celles là se disent tout bas à l'oreille. Voici ce que nous en avons recueilli dans les coulisses. ,

« Prenez garde, dit-on, aux dangers de la question » que ne manquerait pas de soulever les exigences du » gouvernement français, à l'endroit du consul d'An» gleterre. Si la France était assez mal avisée pour nié» connaître le caractère de ce consul par le motif du » défaut d'exequatur, le gouvernement anglais ne se» rait-il pas fondé à lui répondre que le droit de sou» veraineté dont elle excipe est tout au moins fort » contestable? qu'en effet, avant la conquête, le dey » d'Alger relevait de 'la Porte, dont il était le vassal; » qu'en le dépossédant et en prenant sa place, la France » n'a pu acquérir plus de droits qu'il n'en avait lui» même : que le droit de suzeraineté de la Turquie sub-

» siste; et qu'aussi longtemps que cette puissance ne » l'aura pas formellement abdiqué, les autres puissan» ces ne pourront admettre la légitimité des prétentions i) de la France à la propriété de l'ancien pachalick » d'Alger. » "!.

Il va sans dire que ce langage aboutit à conclure que le mieux est de continuer a tolérer la position irrégulière du consul anglais jusqu'à ce que le fait de notre souveraineté en Algérie ait acquis, par la consécration du temps et par l'assentiment de toutes les cours européennes, la force d'un droit incontestable, Qu'on ne croie pas que nous inventons ; l'objection que nous venons de rapporter n'a rien d'imaginaire : nous savons de bonne source qu'elle a été positivement articulée, sous le manteau de la cheminée, par l'un des organes les plus inlluens de la politique ministérielle; mais c'était en 1842, à une époque où il n'était pas encore question d'entente cordiale, d'intimité et d'amitié réciproque entre l'Angleterre et la France. '., Maintenant que tous ces bons rapports sont établis, toujours au dire du discours de la couronne, les pusil-

animes appréhensions qui, jusqu'à présent, ont fait reculer notre gouvernement devant la question concernant le consul anglais, ne doivent plus avoir de prétexte séri< ux.

Pouvons-nous cependant nous flatter de l'espoir qu'il aura spontanément le courage d'exiger de l'Angleterre, a titre de réciprocité, et en retour des concessions qu'il lui a faites, la reconnaissance de notre droit de souveraineté en Algérie, ou tout au moins la régularisation des pouvoirs de son consul par un exequatur délivré au nom de la France? Hélas 1 nous n'y comptons guères, si les chambres ne prennent l'initiative et ne lui forcent la main. Puissent-elles avoir cette bonne pensée!

Qu'on y songe bien. La présence d'un consul anglais exerçant ses pouvoirs en Algérie sans exequatur de notre gouvernement n'est pas seulement une énerginnf protestation contre notre souveraineté, c'est nne

-IL - - r* , - - - -- - - - -- --- - - - - -- - - - - -- - - - 1 -- -

insultante; dérision. Il y a la, pour la France, unoquestion d'honneur et de dignité nationale dont la solution ne saurait être plus longtemps ajournée sans donner à penser que nous ne pouvons obtenir l'amitié de l'Angleterre qu'à la condition de lui sacritier nos intérêts les plus précieux, comme nos droits les plus légitimes.

Ajoutons, en terminant, que , parmi les agens consulaires établis auprès de notre gouvernement d'Afrique, il n'en est pas de plus outrecuidans, de plus prétentieux et de plus jaloux de leurs prérogatives que le consul général de la Grande-Bretagne et ses vice-consuls. Cela, s:ins doute,

suls. Cela, sans doute, n'étonnera personne; mais n'est-il pas affligeant de voir que les autorités francaiseS'en Algérie en soient réduites à subir l'arrogance de ces représentans d'une puissance étrangère, à les combler d'égards, à souffrir qu'ils se multiptient dans toute l'étendue de nos possessions par la création de vice-consulats, alors que leur gouvernement ne prend pas même la peine de les faire accréditer auprès du nôtre? Il y a là, nous le répétons, quelque chose d'hu-

miliant pour la lwance; et, si les nécessites de 1 entente cordiale doivent aller jusqucs là de nous obliger de tolérer indéfiniment la contini/ation d'un pareil état de choses, ne sommes-nous pas autorisés à dire que l'alliance anglaise n'est qu'une insigne duperie?

Veut-on fit ire le i»orl dMIgcr ?

Nous avons déjà plusieurs fois parlé du port d'Alger : nous reviendrons encore sur cette question. Nous y reviendrons jusqu'à ce qu'elle reçoive la solution que mérite son importance, lin HLlclldanl, nous supplions toute la presse de nous prêter son concours pour avoir raison des obstacles que cette a (l'aire rencontre dans certaines volontés que nous connaissons et dont nous saurons triompher. S'il est, en effet, une œuvre dont l'accomplissement n'exige pas le moindre retard, c'est celle qui a pour but de doter Alger d'un port de commerce et de guerre; avec un port et de sérieux travaux de colonisation, nous pouvons défier nos ennemis; sans port, les 160,000 hommes, tantmilitaires que civils, qui se trouvent en Afrique, sont littéralement exposés à mourir de faim; cette alternative mérite, ce nous semble, qu'on y songe. Kh bien! on veut, à ce qu'il parait, en renvoyer l'achèvement aux calendes grecques. Au lieu d'y affecter de suite des crédits importons, on s'obstine, nous ne savons dans quelle malheureuse intention, à n'y consacrer chaque année que quelques centaines de mille francs.

Qu'on ne se laisse pas prendre aux calculs intércssés du.ltloniteur alflérien, ni des autres journaux du pouvoir; les travaux du port d'Alger avancent si lentement que dans quarante années d'ici ces mêmes travaux ne seraient point encore terminés si l'on n'adopte pas des mesures qui fassent immédiatement cesser la défaveur si absurde ou si coupable à laquelle ils semblent condamnées.

- - - -- - - - -- -

Pour être justes, néanmoins, nous devons proclamer à l'honneur des bureaux de Paris, qu'ils ont fail ce qu'ils ont pu pour défendre la bonne caiise; ainsi nous savons que pour 18-'t6 ils avaient demandé trois millions, ce qui, certes, n'est pas mfchilrrp trop élevé.

Quant à nous, nous en demanderions huit ou dix, atiu que ce travail, le plus important de tous les travaux publics de l'Algérie, celui sans lequel (ous les autres ne sont rien, fut aclieve en 3 ou 4 ans. Trois ou quatre ans, malgré l'enlcnte cordiale, c'est encore bicnlong! Le danger, eu eliel,n'est pas du coté de la terre, il est du côté de la mer. Mais dans le comité des directeurs, où l'Algérie ne compte qu'une voix, et encore une voix impuissante, le port d'Alger a été rationné à deux millions qui, à la discussion du hudgel, au conseil des ministres, sont tombes à quinze cent mille francs. Que voulez-vous que l'on fasse avec d'aussi maigres movens ?

o* - o Le grand port militaire de Cherbourg a été commencé sous Louis XIV. et il est loin d'être achevé; veut-on condamner celui d'Alger à un provisoire aussi désespérant et aussi coûteux?

Tout est. a la paix maintenant, sur la terre et sur la mer, dit-on ; mais il y a des nuages à l'horizon l'entente cordiale a des tut et vient ; la mort du pacha d'Egypte, l'insurrection des populations grecques soumises au joug mU'itllnJ:m, au caprice de l'nuiocrale russe, la mort du fondateur de la ilyuast.e de Juillet, qu'il faut, bien prévoir, un événement, quel qllï,l soit, peut mettre en conflagration tout le bassin de la Méditerranée.

La plus vulgaire prudence veut qu'on prévoie cette cessation de la paix et qu'on s'efforce de mettre promptement l'Algérie à l'abri de tout danger. Le meilleur boulevard qu'on puisse donner à notre conquête c'est avec l'exploitation du pays par une forte population européenne et surtout par une forte population française, la création d'un port de guerre et de commerce à Alger

Celle création est populaire en riante, et les cu.unbres, surtout celle des députés, ont, à diverses reprise*, témoigné qu'elles la prenaient très au serieux : eiies persévéreront, nous n'en doulolls pis, dans celte patriotique pensée et dans ce bon vouloir.

Jusqu'à présent, non-seu'einent le port d'Alger a élu pauvrement doté, mais on s constamment efforcé d'etuplover les crédits en vue d'obtcnir le moins de résultats possibles. C'est ainsi que les dépenses accessoires ont absorbé la majeure partie des fonds aux dépens des travaux de la mer. Il y a l'n, à cet égard, des abus et des détournemens de fonds vraiment extraordinaires.

Au lieu de confier à l'ingénieur des ponts et chaussées, chargé du service général de la colonie et qui résille à Alger, la direction des travaux du port, on a préféré créer tout exprès un service spécial des plus

coûteux, et qui n'a pas la réputation cl "lJ'l nien lIIScret dans l'emploi des ressources mises à sa disposition. On a loué et installé à grands frais un magnilique hôtel pour l'ingénieur, qui est véritablement logé comme un prince ne le serait pas.

Il y a eu des marchés d'urgence passés aux conditions les plus défavorables. Par exemple, on a payé à poids d'or, ce qui a donné lieu à des bruits fiiehellx, des pouzzolanes eu Italie, tandis que des négociant d\\hcr en offraient à des prix modérés, et que des ingénieurs de renom prétendaient qu'on pourrait eu faire d'artificielles »vee la terre de, IJab-el-Oucd. Il a été construit avec luxe des bàtimens provisoires et qu'il faudra détruire bientôt. Enfin, les hommes competens prétendent que les travaux à la mer n'absorbent. pas chaque année plus du tiers des crédits.

!i est impossible qu'une pareille situation se prolonge. Il appartient aux chambres d'y mettre fin.

Bïes E>î«ïîric« (t<*M Sii'-:Éâîrslîoraw Emisai?! paScs esa Al^êrBe.

Jusqu'à présent les maires des villes d'Alger, d'Oran, de et de liôue n'ont eu que des attributions excessivement bornées. La direction de l'intérieur, mue par une pensée continue d'accaparement qui ne se comprend pas dans une administration aussi dénuée, de force morale, lie voulait pas céder aux maires des attribution; qui leur revenaient naturellement.

C'est ainsi qu'ils étaient complètement étrangers à la police urbaine, aux.passeports, au balayage-, ùla petite voirie, aux alignement, au contrôle des dépenses municipales, el.e, etc. Il ne leur était permis de ne s'occuper que de l'état civil, un peu des hospices et des dispensaires , et pas du tout de la milice. Depuis , cette institution civile autant que militaire a été livrée au bon plaisir des eommaiulans de place, qui la traitent à peu 'près connue les condamnés militaires.

il naraii. nue cet ordre de choses est sur te ooinl. de

-- à------- ---- enliu des attributions municipales; nous applaudissons en tiii.te sincérité de cœur à cette mesure, mais eu même temps nous demandons, ou plutôt nous souhaitons qu'en rendant la place de maire dillicileet importante, on veuille, bien ne la conifer qu'à des personnes dignes et capables de la remplir. C'est par de mauvais c.:oix que l'on eo.i.p:onvl les inSQutions et que l'on se donne le facile plé¡liJ' de rejeter sur elles ce qui provient ne la faute des hommes.

Cela l'ait, né unnoins, le plus important reste CIlcore a fai re. Ce n'est pas tout;, en l'ird, de créer des maires, il faut aussi développer l'esprit communal, cet esprit qui rend les nali IlIS fortes et libres, Aussi voudrions-nous qu'on s'appliquilt dès il présent à intéresser les citoyens de l'Algérie, grands et petits, aux affaires locales. Pourquoi ne constituerait-on pas, à simple titre consultatif d'abord, des conseils municipaux. composés de Français -- et d'un mélange d'euro-

PEtjtlLGTON DU JOURNAL L'ANIME.

SOUVENIRS D'UN VOYABE EN AFRIQUE (i) TRAVERSÉE. AltItIVÉE. LES MUEZZINS.

C'était le premier septembre 1844, le jour de l'année où s'ou.vrent les vacances judiciaires.

Les vacances! Quelle 'merveilleuse invention!

Mais, que dis-je? et comment ai-je pu écrire ce mot à propos de vacances? Les vacances ne sont assurément pas une invention; elles ont toujours existé, ou, pour mieux dire, elles ont du être créées en même temps que les fonctions sociales dont elles sont le complément obligé, Four l'homme d'études sérieuses, c'est lë "repos de l'esprit qui doit profiter au cœur; Pour l'homme de palais, c'est une sainte trève aux habitudes d'antagonisme.

Et ce repos, cette trêve, sont choses justes, morales, respec* Une organisation judiciaire sans vacances! QueUe anomalie t Cela ne se concevrait pas plus , cela serait aussi anormal, aussi, impossible qu'un journal polilique sans feuilleton ou un arabe sans burnous.

* Nous entrions donc en vacances.

Je mis ordre à mes dossiers ; il faut bien tout prévoir quand on va traverser les mers, en effet il m'avait pris fantaisie de traver-

ser les mers, et je sais peu résister a une lantaisie pendant te bienheureux temps des vacances.

Je laissai à Punique clerc qui suffit aux nécessités démon étude, mes instructions écrites en forme CPORDRE nu JOUR.

J'embrassai ma femme et mes enfans, car j'ai la faiblesse de posséder tout cela.

Et j'allai prendre logement dans le coupé d'une diligence qui partait pour Marseille, Marseille, on le sait, est la capitale de la Mediterranee. C'est une grande orgueilleuse, qui étale ses atlraits et son luxe dans de larires «t belles rues. parfaitement alignées, pleines d air et

de lumière; c'est une infatigable intrigante, une brocanteuse en état permanent d'agitation, qui, peu soucieuse des pauvretés du passé, marche rapidement à la conquête des richesses de l'avenir.

Marseille, c'est la ville du travail et du plaisir ; la patrie des chiffres et du soleil ; c'est bien encore l'activité de la France, mais c'est. déjà le sensualisme de l'Orient.

En arrivant à Marseille, je l'ai dit, j'étais résolu à une excursion maritime. Mais d'ans quel sens dp\'ais-ie traverser la mer?

Serait-ce du couchant au levant, pu du nord au midi?

trais je saluer les côtes de l'Italie ou les rivages de l'Afriq.ne?

(i) Voir PArrigtio dM 2 et 0 janvier*

L'Italie! elle est belle sans doute, mais elle bien déflorée, bien usle, la pauvre vieille! On nous a tant parlé des palais de Gênes, des monumens de Home, des musées de Florence, des gondoles de Venise, des lazzaroni de Naples. _1 Nous savons tout cela par cœur.

J'irai donc en Algérie. Voilà un pays peu découvert, et cependant bien digne de l'être.

Allons découvrir l'Algérié.

Pour1 réaliser cette importante découverte, le procédé est fort simple.

Eies-vous militaire, fonctionnaire public, ou chargé d'une mission scientifique? vous vous rendez à Toulon, vous montez sur un bateau à vapeur de l'Etat, et, ainsi voituré et nourri aux frais du gouvernement du ltoi, vous arrivez le troisième jour au port d'Alger.

Etes-vous propriétaire, agriculteur, négociant en touriste?

Etes-vous, pour tout dire en un mot, ce que tes gens de guerre appellent dédaigneusement un passager civit, un simple mortel, enfin?

Alors, vous devez vous arrêter à Marseille et vous présenter dans les bureaux de la compagnie Huzin, Cette compagnie possède quelques steamers d'une admirable magnificence. La partie réservée aux premières places, y est resplendissante d'or, de glaces, de draperies, de soies, de velours et de peintures. C'est un palais flottant que, moyennant un loyer de 105 francs, vous allez habiter pendant quarante.

huit heures.

Le plus beau et le plus confortable des bateaux Bazin, le Charlemagne, devait partir le 5 septembre. C'était jouer de bonheur , j'y retins ma place.

Je me rendais de là à la mairie, pour y faire, seUn l'usage généralement adopté chez les peuples libres, viser mon passeport, lorsqu'à travers le vitrage d'une librairie, je lus cette annonce providentielle:

GUIDE DU VOYAGEUR El ALGÉRIE ITINERAIRE du savant, de l'artiste, de l'homme du monde et du colon dans cette IHIe contrée, '» Ouvrage en lie renient neuf, PAR QUtTIN,

Je ne connais pas M. Qllétin; mais le titre de son ouvrage entièrement neuf, ce titre, si gracieusement rédigé, me pouva, à n'en pas douter, que ce voyageur peu connu aviit découvert PAlgénc avant moi.

Sans rancune et sans jalousie, j'achetai son œuvre, et, je dois le confesser ici, j'y ai lu d'excellentes choses.

Voici, au surplus, quelques échantillons des maximes neuves et piquantes que ce livre recommande à l'attention des savans, l des artistes, des hçnmM du monde et dea cotufill

Maladies régnati tes.-« La vie sobre et réglée des Algériens, i » la douceur du climat sous lequel ils vivent, \es rendent » exempts d'un grand nombre de maladies; aussi en roif-on » peu régner dans ce pays. Ils sont SOUVENT affligés deher1 nies, du scorbut, de ta gale, de dartres et de plusieurs auI très maladies cutanées qu'engendre la malproprelé, La peste 1 exerce quelquefois ses ravages, etc. »

Fécondilè.- c Les femmes maures sont fécondes à H ans t et cessent de l'être à 30 aus. 1 Hygiène,-. Les personnes qui, après le coucher du soleil, » demeurent à l'air sans vëtemens, ou qui, même ie jour, » restent habituellement en chemise, s'exposent à diverses - maladies.

1 Lorsque, poussé par la soif, on se jette a plal ventre au » bord des mares d'eau pour s'abreuver, on risque d'aspirer » quelques sangsues et l'on ne tarde pas, en ce cas, à ressentir » leurs atteintes mortelles. »

Et dire cependant qu'avant ia plubliealion savante, nrii>iique, fashionabte et colonisatrice de M. Quel in, il y avait encore au monde des personnes assez ignorâmes pour s'imaginer, de bonne foi, qu'à Alger on pouvait impunément se promener à l'air sans vetemens, et se jeter à plal ventre dans une mare pour y avaler une infusion de sangsues!.

Dire que moi-même j'aurais pu me livrer aux illusions et.

aux conséquences désastreuses d'une erreur aussi profonde!

Mais, grâce à M. Quétin, me voilà binn tranquille; jerna couvrirai de laine et ne boirai nuei de l'eau filirne : l'vsnis inmi dé-

cidé. L'heure du départ approche. - -.--. ---- -- 7 --.- -.--- ..- Quelques bons amis, quelques vieux camarades que la ville des Phocéens compte parmi ses enfans les plus ùisLingués, ont.

voulu m'offrir, à moi qui vais partir, à moi voyageur ill!.'Ip!de qui vais confier »,It nacelle au caprice des flots, le banquet des adieux, En face du port de Marseille et précisément à une courte distance de la station des bateaux à vapeur, s'élève un immense rocher qui livre voluptueusement ses pieds aux caresses de. la vague. Sur ce rocher on a conMruil d'elégauskiosques, et dans ces kiosques on a établi de confortables restaurans.

Ce lieu s'appelle la Réservé.

C'est là que ie Marseillais, amant de la mer, vient consommer le bowl-abaïiso de l'amitié et le Champagne de l'amour.

t. est la qu en presence du Charlemagne, qui chauffe et qui gronde, je reçois de mes amis le dernier embrassement et le dernier verre de punch.

Puis, une gondOle, car Marseille se permet aujourd'hui cette qualification aussi vénitienne que poétique, une gondole me conduit à bord, et je fais mon entrée sur le pont au milieu d'une innombrable population de passagers.

La feuille oflicielle du buraliste en présente 204.

Cinquante aux premières; c cst l'aristocratie ; amant aux secondes, c'est la bouryeoiaiejel la petite propriété i le reste, sur le pont, c'esl le bas peuple,

je suis uu peuple et j aime le peuple, mais je n'aime pas ce lit de bois eu plewi air que les marins appellent le pout.

J'estime fort la petite propriété et la bourgeeisie, mais j'étouffe dans une cabine étroite, et mal aérée.

•h-, sympathise peu avec l'aristocratie, mais j'adore le comfort et les matelas élastique?.

Je prends donc possession d'un sopha (c'est le mot employé sur la feuille imprimée du bord) dans le salon de la duneife.

J'y dépose mon manteau, mon sac de nuit et uu flacon d'eau tif: Cologne. Vous comprenez l'utilité éventuelle de ce dernier objcl. );-eli(-z de ce deriii:er On lève l'ancre et nous partons.

Encore abritée par les roehers qui entourent la rade, la mer est en line.

Le riche, salon de la dunette renferma unesociélé qui promet d ôu'e agréable. Pans le haut du salon et autour d'un piano qui p,v une exception assez rare sur les bateaux à vapeur, est passablement titi j-Toupe. se tonne. L y a là plusieurs daines ; quoique^–unes ront belles cl gracieuses, deux sont munis tes.

Celles-là viennent de s'asseoir successivement devant le clavier. Elles ne sou!, pas précisém ni de h force de Liszt ou de Th ilberg, mais elles détachent a.su-z bien la valse de Beeihoau cl la m zurka de Chopin.

On écoute, on npplaud'l. Quelle délicieuse réunion et que de inies il est maint riant ncrnr.s 1

j rrièt-o une de ces ligures réjouies sur lesquelles se peint la liouté de laaie; ses membres, ses irii:ls n'ont rien d'anyuk'ux; toutes les parties de sun corps affectent une fonn- - gracieusement sphérique. Cet homme, c'est le capiiaine du Charlemagne, e< si. l'excellent .M. lîonnefoy, à qui j'ai é!e particulièrement recommandé par un .Marseillais, notre ami commun.

Ma!heur'':isouieiU cet ami, aussi h ivaid qu'ol-ligcsnt, avait s vis ihrite dresï pour M. le cr.p.M.n IliMiiul'oy un inventaire détaillé d1 mes pe ils talens de..«-oeiélé, car le capiiaine vient de in'niuier à me meure au piano.

A bord, il faut toujours oh -ir au capitaine. J'i.l éis donc et l'assemblée salutMin pianiste lie plus.

Kneore une fois, qu >de jo;e, que de bonheur nous allons nous nrocurei ! q'iel'e eh ;r;;i:!n:c traversée ! No,.-s ilunt rons nous danserons, nous p.ulcérons même.

Mais, à propos de po K i, quelques personnes ont. déjà levé le pied. La unir Sest avance, la brise de mer s'est rafraîchie et le navire vient de prendre l'allure d' une cscarpoletle.

Les dames ont peu a peu d'sparu ; elles ont trouvé un asile sous le pont dans leurs couchettes olilairs, rôle des dames Le groupe s'est disOIl", le piano s'est tu, et ou a pu entendre tHs-distincie.ment ta voix reteniissanie du capiiaine Bonnel"V qui nrdoiîuaitjaux gardons de chambre, d'apporter. i°5 cuvcuosi TLUU, à 1 i"3uro'citiovc1 ; 1\ prwsnt.,. chuU 1 1