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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1845-01-06

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 06 janvier 1845

Description : 1845/01/06 (A2,N27)-1845/01/12.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6366439p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 12/11/2012

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;' Paris, - 5 Janvier.

ponrquét Ho«r«toH a«t««n6 » trojet réorganisation de radminintrestion algérienne.

L'ordonnance de réorganisation de l'administration algérienne, ainsi que nous l'avons dit dans notre dernier numéro, n:a point été signée par le roi. Elle devra donc subir le contrôle bienfaisant des chambres et de la presse; c'est déjà d'un bon augure.

Nous avons combattu le projet, non pas parce que nous pensons qu'il n'y ait rien a réformer en fait d'administration , nous croyons au contraire qu'une refonte radicale des choses, et surtout des hommes, est indispensable à cet égard, mais parce que la réforme annoncée n'eût rien réformé. .,

Ainsi l'action civile, déjà si restreinte et si mlserable, eût été de par le roi circonscrite dans des limites vraiment ridicules. Non-seulement on l'aurait emprisonnée dans les petits territoires que possèdent actuellement les villes d'Alger, de Cherchell, de Mostaganem, d'Oran, de Philippeville et de Bône; mais on lui aurait enlevé La Calle et Constantine; mais on l'aurait tenue éloignée à toujours des villes secondaires du littoral, telles que Ténez, Arzew, Dellys, Bougie, Gigelli..

Venir après cela nous accuser d'ingratitude parce que nous ne savons pas apprécier le grand bienfait de l'administration, qui poussait la condescendance jusqu'à vouloir bien constituer une zône civile embrassant quelques points du littoral seulement, c'est vraiment pousser trop loin la plaisanterie.

Cette zône civile, telle qu'on l'avait déjà délimitée, dans un esprit de condescendanée coupable, n'aurait été qu'un fait d'hypocrisie, et c'est pourquoi nous l'avons si vivement attaquée.

Quant à la zône mixte, nous l'avons repoussée et nous la repoussons encore, parce qu'elle consacrerait un régime qui a pu être bon en 1842, en 1843 même, mais qui doit prendre fin au plutôt, nous voulons par-

1er du régime des commissions administratives, ou les intérêts et les besoins civils ne sont nullement représentés.

!1 y a actuellement 1,500 à 2,000 européens à Constantine, 800 à Medéah, presque autant à Miliana et à Mascara, 12 à 1500 à Ténez, 600 à Tlemcen; ch bien !

nous réclamons pour ces braves gens des garanties suffisantes, une justice régulière, une administration paternelle.

Vous vouliez par une ordonnance les enchaîner pour de longues années au régime militaire; d'un régime essentiellement provisoire, vous vouliez faire un

régime définitif; c'est ce que nous ne pouvons pas accepter, c'est ce qu'on n'accepterait en Algérie qu'avec une répugnance profonde et un désespoir concentré.

Pour ce qui est de la zône purement arabe nous l'avons attaquée aussi, parce qu'on voudrait de cette façon perpétuer le régime des bureaux arabes, qui ne doit être que transitoire, et qui, trop longtemps prolongé, serait contraire aux véritables intérêts du pays ; parce que ce serait un moyen'de perpétuer l'administration des indigènes par les indigenes, c'est-à-dire

les exactions, les concessions, les violences de toute nature; parce qu'en fermant une grande partie du pays aux européens, ce serait empêcher la fusion des vaincus et des vainqueurs, arrêter les bienfaisantes intluences de notre civilisation et retarder longtemps encore le moment où la France, tranquille sur la sécurité de sa domination, pourra considérer l'avenir sans inquiétude.

Nous savons tout aussi bien que personne qu'en l'état actuel des choses, il n'est pas possible d'appliquer à toutes les parties de l'Algérie une administration purement civile ; mais nous sommes convaincus que c'est vers ce but qu'il faut tendre, si l'on veut faire d'une

conquête précaire et qu'on est contraint de garder l'arme ^grand renfort d'hommes et d'argent, une conquête ëlélinitive et inébranlable. C'est pourquoi l'administration civile, au lieu d'être secondaire, comme elle l'est aujourd'hui, comme elle le serait demain avec l'ordonnance, doit être la règle, et e régime militaire l'exception. 1 Nous demandons par conséquent qu'au lieu de partager l'Algérie en zones on la place tout entière sous l'égide du gouvernement civil, dont l'œil puisse pénétrer partout, dont le bras protège tous les intérêts, dont l'intelligence ait des sympathies pour lesindigènes comme pour les européens, pour les juifs comme pour les musulmans, pour les catholiques comme pour les protestans.

Après cela, que tels et tels points du pays soient admiristrés militairement sous le contrôle de l'administration centrale, que tels ou tels préjugés soient tolérés, que certaines puissances indigènes soient admises, que certains abus même soient respectés, nous l'accordons sans peine, mais que ce ne soit que provisoirtment, nous le répétons, dût ce provisoire durer de longues années.

Vous ne voulez pas qu'il y ait une garde nationale à Et-Aghouat, un tribunal de commerce à Aïn-Madhi, une justice de paix à Tugçurt, des reverbères à Mettili, un commissaire de police a Chillala, un maire à Kouko ! ! !

pas de chicane sur ce point.

Mais nous voulons de tout cela et de bien d'autres

choses encore dans le Tell, a Constantine, à Guelma, a Setif, à Médéa, à Mascara, à Tlemcen ; partout où il y a des intérêts européens nous voulons une administration européenne; partout où il y a paix, tranquillité, rapports pacifiques entre les races, nous voulons une administration civile, avec tous les accessoires, toutes les institutions qui en sont les conséquences et qui en constituent les garanties.

Population européenne en Algérie au 30 septembre 1944.

A la fin du premier trimestre de l'année 1814, la population européenne dans les douze villes du littoral algérien et leur territoire s'élevait au chiffre de 68,517.

Le gam pendant le trimestre avait été de 2,667; c'est le moins considérable de l'année, à eiltlSe du ralentissement des arrivages et du grand nombre des départs l'cuuanlla saison des chaleurs.

Les villes de l'inléripur, qui se recrutent dans celles du littoral, comptaient, au 50 septembre, 5,057 Européens. Le gain avait été de 288.

En ajoutant au chiffre de 08,-17, représentant la population européenne des villes du littoral iiti 50 septembre, celui de la population européenne des villes de l'intérieur, tel qu'il était à l'époque du recensement général opéré à la fin de 1845, savoir : 2,252, on trouve qu'à la fin du troisième trimestre de l'année qui vient de s'écouler, les Européens établis en Algérie s'élevaient à 70,749.

Le quatrième trimestre, qui est celui de la saison des travaux agricoles, et celui où d'ordinaire l'émigration est plus considérable, présentera sans doute des résultats plus importans en core. Le gain sera sûrement de 5 à 6,000. On peut donc affirmer, qu'à l'heure qu'il est, la population européenne civile s'élève au chiffre imposant de 76,000 habitans.

--- Les villes, tant du littoral que de l'intérieur, qui sont admi-

nistrées militairement, et qui sont, par conséquent, totalement privées des garanties de toutes sortes qu'offrent une administration civile el une justice régulière, comptaient, au 30 septembre, 5,685 Européens.

Médéah en comptait 722, Milianah 512, Mascara 771, Tlemcen 540, Bougie 481, Tenez 1,511.

Ce sont là d'excellens commencemens, et nous ne doutons pas que les villes dont il s'agit, et toutes celles qui sont actuellement soumises au régime militaire, ne comptent bientôt une forte population européenne, si on songeait à les doter d'une bonne administration civile.

Nous appelons particulièrement l'attention des Chambres sur ce point; il résume toute la question d'Afrique.

M. le maréchal Bugeaud n'assistait point, ainsi que l'ont raptetqu8 journaux, à la séance d'ouverture des Chambres. Il est encore dans le Périgord, et l'on assure qu'il ne sera pas de retour à Paris avant le 20 de ce mois.

Il paraîtrait que le cabinet, qui a déjà tant d'embarras, a fait tout son possible pour que M. le duc d'Isly n'assitât pas à la discussion de l'adresse, bien que le maréchal ait à peu près changé radicalement d'opinion officielle relativement au traité de Tanger; on a craint qu'au milieu de la bataille parlementaire, il se laissât emporter à de fâcheux écarts de langage.

Aussi a-t-on cherché à lui faire comprendre qu'on verrait avec plaisir, dans l'intérêt de sa santé et de son repos, qu' il restât jusqu'à la fin de janvier au milieu de ses compatriotes.

AFRIQUE.

Dépttelie télégraphique.

SOUMISSION DE TRIBUS.

Le 25 décembre, nous assure-t-on, une dépêche lélégraphique de Milianah annonçait à l'autorité supérieure que les tribus des Hammyans, des Laghouat et des Stiten, appartenant toutes trois au DjelJel-Amour, avaient écrit aux Harrars, et leur avaient donné un rendez-vous à Tiaret pour traiter de leur soumission.

Peu de temps après, une let.tre de M. de Lamoricière est venue, dit-on, confirmer les mêmes nouvelles d'une manière beaucoup plus explicite. M/de Lamoricière ajouterait, toujours d'après le bruit qui en a couru, que Djelloul, le chef du Djebel-Amour, venait d'arriver à Tiaret, conduisant le cheval de Gada. On ignore encore la force de ces nouvelles tribus; nous ne connaissons d'ailleurs la dépêche télégraphique que par ouï dire.

Abd-el-Kader.

Alger, 24 décembre.

Des lettres de l'ouest disent quelques mots sur l'éternel Abd- el-Kader, -niai-r. c'est pour répéter ce que nous savons déjà depuis six mois, que l'ex-émir n'avait pas quitté les bords de la Mouïlah supérieure, et que ses projets sur l'est, si toutefois il en avait jutnais eu, paraissaient indéfiniment ajournés.

Malgré toutes ces nouvelles officielles ou semi-officielles qui annoncent la tranquillité et le dénûment d'Abd-el-Kader, nous ne cesserons de le répéter, parce que c'est notre intime conviction et celle de tous les hommes qui connaissent l'Afrique et prennent à cœur ses véritables intérêts, l'ex-émir ne se tient en repos que parce que sa politique et celle de l'Angleterre y trouvent leur avantage. S'il donnait actuellement si-

gne de vie. il compromettrait les effets du traité Marocain et donnerait des embarras à un ministère dont notre magnanime alliée a tant de raison de désirer la présence au pouvoir. Mais, qu'on le sache bien, du moment où l'Angleterre le voudra, le marabout des Vlacliem reparaîtra sur la scène avec tout le prestige

qui s attache à son nom, avec des forces peut-être plus puissantes que par le passé, et il deviendra de nouveau pour nous ce qu'il a toujours été, un obstacle fatiguant, en même temps qu'une cause incessante de trouble et d'inquiétude.

Nous supplions la Chambre d'examiner cette situation avec le plus grand soin, et de ne pas se laisser circonvenir par des promesses et des protestations qui ne peuvent avoir d'autre but que de la tromper sur le véritable état de la question.

Nous publions avec empressement la correspondance suivante qui nous est adressée de Philippeville, et qui renferme sur la grande question de la colonisation, les observations les plus sensées et les plus justes; c'est en abordant ainsi corps à corps et loyalement les difficultés que l'on pourra plus sûrement les faire disparaître, et forcer l'administration à entrer enfin dans des voies qui ne compromettent pas l'avenir du pays au profit de certains intrigans qui s'inquiètent fort peu des vrais intérêts de l'Algérie, pourvu qu'ils servent leur ambition par le charlatanisme de leurs actes et de leurs paroles.

Philippeville, 12 décembre.

Mes deux précédentes lettres vous ont entretenu d'intérêts particuliers à notre ville, je viens aujourd'hui aborder une question d'intérêt général pour l'Algérie. Il est des choses qui, de prime-abord, semblent devoir nuire si on les proclame; mais, on a beau faire, la vérité finit toujours par être connue, et les efforts que l'on a faits pour la cacher ont éloigné d'autant le but que l'on voulait atteindre. Il a été reconnu, de temps immémorial, que des terrains restés incultes pendant de longues années sont excessivement dangereux, sinon mortels pour les premiers cultivateurs, surtout quand ce sont des plaines où les eaux ont séjourné durant des siècles. En Afrique, une triste expérience de 14 ans a cruellement confirmé ce que j'avance. Eh bien! toutes les leçons sont comme non

avenues.

Les Domaines viennent d'agir comme s'ils ignoraient ce qui a eu lieu pendant les 14 années qui viennent de- s'écouler depuis que la France occupe l'Algérie. On a affiché et vendu plusieurs lots de terrain de 5 à 6 hectares, et l'une des conditions premières a été la construction d'une maison d'habitation où les colons seraient logés. Nous osons avancer que tous les malheureux qui demeureront dans ces maisons seront atteints de la fièvre, et que la moitié succombera. Nos plaines peuvent être divisées en 7 à 800 lots; ce sont 7 à 800 familles que l'on condamne d'avance à la misère et à la mort. C'est effrayant, et cela nous révolte ; voilà pourquoi nous prenons la plume.

Les Domaines, en divisant les terrains par petits lots,

paraissent vouloir appeler une plus grande quantité de travailleurs, et hâter ainsi le moment où l'Algérie comptera un assez grand nombre d'habitans pour se suffire à elle-même, et ne rien craindre en cas d'une guerre tôt ou tard inévitable avec le système de concessions qui caractérise aujourd'hui la politique de notre gouvernement, ce qui serait désastreux, pour le pays. Mais en supposant que 800 lots soient concédés, et que 800 familles soient installées dans la plaine, quand, dans un ou deux ans, ces familles compteront les vides que la mort aura faits dans leurs rangs, elles seront inévitablement prises d'un découragement tel qu'elles abandonneront le pays. Ceux de leurs membres qui auront résisté iront promener leur misère et leurs douleurs dans la France entière; et alors, l'administration aura beau appeler les cultivateurs, leur faire les offres les plus séduisantes, ils resteront sourds à ses paroles; les malheurs de leurs parons, de leurs amis, les mettront en garde contre les promesses fallacieuses; on aura retardé d'une manière indélinie le

moment que tout le monde voudrait buter, et l'avenir du pays sera compromis.

Ces réllexions sont effrayantes, mais elles sont le résultat d'une conviction profonde et sentie.

Nous n'avons pas la prétention d'indiquer les moyens d'éviter les malheurs que nous prévoyons ; nous avons tenu à éclairer l'opinion et à dire ce qui est vrai, afin que l'on prenne d'autres mesures. Cependant, nous avons voué notre vie à la colonie, et nous serions bien désireux de la voir prospérer. Notre province ne demande qu'à marcher; mais que l'on ne mette pas des entraves qui l'arrêtent à chaque pas.

Les deux villages, construits sur des collines assez élevées, n'auront pas à redouter les fléaux qui dévasteront inévitablement les fermes bâties dans la plaine, où des brouillards intenses et mortels les envelopperont depuis le coucher jusqu'au lever du soleil. Les Arabes nous montrent assez ce qu'il convient de faire;

ils recherchent toujours les élévations à proximité des sources abondantes. La plaine touche aux remparts de -Philippeville; on pourrait faire des concessions sans exiger que les cultivateurs couchassent sur le terrain ; il leur serait très-facile d'avoir leur habitation en ville, d'aller aux champs le matin et d'eu revenir le soir,

IEGIILGTON DU JOERML L'AIME.

SOUVENIRS D'UI VOYAGE EN AFRIQUE (1).

SUITE ET FIN DU NISSOUIM. - HISTOIRE DU SEFBR.RA.B.- CONQUÊTE D'UN DROIT SUPERBE.

Nous avons laissé dans la chambre conjugale la calah isolée et patiente.

Enfin, le huitième jour, le terme de cette longue épreuve est arrivé.

Dans la soirée, le hatan, accompagné de ses amis, se rend à la synagogue, il y fait dévotement sa prière, et il est ramené dans sa maison par le rabbin et le cbamas.

Nous allons assister à la consécration solennelle du maTiage.

Les époux sont placés sous la houpa.

On procède à la lecture et à la signature du contrat.

Le contrat est écrit sur une large feuille de parchemin.

Celte feuille.est entourée, enrichie, embellie, surchargée de dorures, de festons, de peintures, d'illustrations éclatantes.

Quant aux clauses, elles sont, sous peine de nullité, rédigées en langue Chaldéenne.

* Je vais, si vous le voulez bien, vous donner ici la traduction "UUétale d'un contrat de mariage entre Israélites.

« sous

» Des auspices de bonheur, de joie et d'espérance !

» 'Qu'ils aient prospérité et jubilation !

» Qu'ils obtiennent toutes sortesde félicités!

» Que la part de l'épouse soit le bien être, et qu'elle s'attire la bienveillance de l'éternel!

> Que f époux obtienne la joie de la femme qu'il a aimée dans sa jeunesse!

» Que,ioiit ceci se passe sous une constellation heureuse et sous des signes favorables !

a Dans le 17* jour du mois de ab (2) de l'année cinq mille * six cent deuxième, à compter de IR création du monde, sui'vant notre supputation ici, à Alger et devant nous, a compa» ru le Sancé, le sage, l'inlelligent lzaac. (que sa mémoire > soit durable), fils de l'honorable vieillard Abraham. (que la » paix soit sur lui), et il a dit à la jeune fille Léa. fille de. :

« Sois.ma femme suivant la loi de Moïse et d'Israël, et je pro» mets; avec t'assistance de Dieu, de t'honorer, de pourvoir à

(1) Voir l'Afriqu du 2 janvier.

2) Le molsde ab est un mois fàtal; c'est dans ce mots et le ge jour gu eat lieu ladestrucUon du temple par Titu. Ce jour là est pour les Israélites un jonr de Jeûne et de désolation.

» ton entretien, à ta nourriture, à les vêtemens suivant la cou» tume des maris israëlites qui honorent leurs femmes et qui » les entretiennent comme il convient. Je te donne d'abord 200 o zouzim, somme fixée par la loi, et je te promets, en outre, » des aiimens, des vêtemens et tout ce qui te sera nécessaire.

» Enfin, je te promets de remplir envers toi le devoir conjugal, » chose commune à tous les peuples du monde.

» La fiancée Léa. a consenti à devenir l'épouse du fiancé * Izaac, etc.

Le contrat se termine par les stipulations relatives à la dot, aux donations et aux to-se-phots (gains de survie).

Après la clôture du contrat, les époux boivent, dans la même coupe, un breuvage consacré et aussitôt la coupe est jetée et brisée sur le pavé. Ceci est sans doute encore un symbole, j'en ai demandé l'explication, et on m'a répondu que lorsque deux époux ont bu à la même tasse, personne ne doit plus y boire.

Je vous transmets cette réponse comme je l'ai reçue ; mais j'ai appris en outre que cette opération est aussi un présage.

La forme de la brisure fait connaître si le mariage sera heureux ou malheureux. Toutefois, qu'on se rassure, l'augure est ordinairement favorable.

Gela fait, l'époux prend une bague qae le rabbin vient de bénir, et il la passe au doigt de l'épouse en lui disant : c Te voilà consacrée à moi par cette bague..

Enfin, le rabbin donne aux époux la bénédiction nuptiale et prononce une prière où l'on remarque cette phrase éloquente : < Béni soit Dieu qui a formé l'homme et lui a fait de sa chair » un édifice pour perpétuer l'espèce humaine. »

Les époux se retirent alors, et cette fois l'épouse ne va pas seule dans la chambre conjugale. Son mari l'y accompngue ; c'est un enlèvement, une disparition dont les gens de la noce ne doivent pas s'apercevoir.

Je vous ai dit que, chez les Juifs, la condition essentielle de la virginité de l'épouse voulait être vérifiée. Le moment de cette vérification est venu.

Ceci est fort délicat à dire, mais enfin je vous le dirai avec toute la réserve possible.

Les époux, entrés depuis une demi-heure à peine dans leur chambre, n'y font pas un plus long séjour. Ils passent dans un appartement contigu.

Alors les pères et mères des mariés, le rabbin et deux témoins désignés par l'assemblée, parmi les personnages les plus graves et les plus dignes de foi, se rendent solennellement dans cette chambre d'où les époux viennent de sortir.

Pour accomplir leur importante mission, les membres de cette commission morale et scientifique se rangent autour de la couche nuptiale, ils cherchent, ils regardent, ils analysent même et ils constatent.

Et puis, le résultat de leur consciencieux examen est apporté à l'assemblée qui attend.

Inutile d'ajouter que ce résultat est toujours favorable à la vertu des jeunes filles d'Israël.

Cela fait, tout est fini; les gens de la noce s'en vont dans leurs domiciles respectifs, et pendant huit jours encore les épuux demeurent rigoureusement cloîtrés dans la maison conjugale.

Pour la femme, cette retraite. est ordonnée par un sentiment de pudeur; avant ce délai, el toutes légitimes que soient les relations nouvelles au mystère desquelles elle vient d'être initiée, l'épouse ne pourrait, sans rougir, supporter les regards du public.

- Quant au mari, sa séquestration est également convenable.

Comment pourrait-il, en effet, quitter un seul instant, dans ces premiers jours de l'hymen, une femme qu'il a promis d'adorer toute sa vie?

Enfin, le huitième jour vient faire cesser cet emprisonnement pudibond, et les époux vont visiter leurs parens et leurs amis, après avoir toutefois visité la synagogue el renouvelé leurs sermens et leurs prières en présence du grand, du terrible SeferRab.

Qu'est-ce que le Sefer-Rab, me demanderez-vous?

J'allais vous le dire.

Le Serer-Rab, c'est le manuscrit origital, primitif du Pentateuque ; c'est un gros livre, écrit sur parchemin, et parfaitement conservé.

Et comment la synagogue d'Alger a-t-el!e conquis ce trésor?

Oh ! ceci est bien une autre histoire, cependant je vous la conterai aussi.

Un jour, ou plutôt une nuit,- il y a fort longtemps de cela, et personne ne peut en préciser la date, les vents avaient soufflé avec violence, la mer s'était soulevée avec fureur, le ciel avait été sillonné par la foudre, et la terre elle-même, la terre, fortement ébranlée, avait laissé échapper de sourds sémissetnens. Pour s'agiter ainsi, les élémens avaient sans doute leur motif.

Ce motif, on le découvrit le lendemain malin sur le rivage.

Le Sefer-Rab avait été apporté et déposé sur la plage par la tempête algérienne.

Les savans, les archéologues le reconnurent et certifièrent sonindentité.

On le transporta religieusement à la grande synagogue; On lui consacra une niche élégante; On le mit sous verre et on lui fit un petit palais de fleurs, d'or et de soie.

Depuis lors, le Sefer-Rab n'a pas cessé d'être entouré de respects et d'adorations.

Les Israélites ne s'en approchent qu'en tremblant.

C'est en présence de ce livre redouté qu'ils prèlent serment; car, là, le serment le plus véridique n'est prononcé qu'avec effroi, et le serment faux donne la mort.

Le Serer-Rab parait, du reste, enchanté de cette position ho-

norable, et il se refuse avec obstination à tout déplacement.

On m'a assuré, mais je ne vous donne ceci que comme un on dit qui mérite confirmation, que, tout récemment, ce livre miraculeux ayant été, pendant le jour et avec grande pompe, déplacé provisoirement pour qu'on pût exécuter sur le mur où sa niche est creusée une réparation urgente, on l'avait vu dans la nuit s'agiter et reprendre rapidement le chemin de son ancien domicile où il se réinstalla sans plus de façon.

Enfin, le Sefer-Rab a encore un côté fort utile. Chaque serment prêté devant lui rapporte à la caisse rabbinique trois pièces de cinq francs, soit, en langage algérien imité de l'espagnol, trois douro.. Il faut bien que le prêtre vive de l'autel. Aussi, le prêtre a-t-il jeté les hauts cris lorsque naguères il a entendu la Cour royale d'Alger proclamer, par un arrêt souverain, que le serment juridique n'était pas soumis aux formes prescrites par la croyance religieuse de celui qui le prête, qu'il n'était qu'une émanation de la conscience, et que son mode d'expression devait être le même pour tous les justiciables.

La loi et la jurisprudence sont athées ! maxime abominable, et contre laquelle je ne manquerais pas de m'élever vigoureusement si j'étais moraliste, poète ou philosophe!

Mais ce serait, hélas, perdre du temps et ne vous faire gagner peut-être que de l'ennui.

Revenons à nos Israélistes d'Alger et, puisque nous les teDons, je vais, en deux mots, vous dire, avant de finir, tout ce que ma pérégrination africaine m'a encore révélé de leurs mœurs, de leurs actes, et de leur situation nouvelle parmi nous.

La population juive d'Alger est considérable; elle ne compte pas moins de 7 à 8,000 individus.

Elle est dévouée au gouvernement français, et cela se comprend, lorsqu'on pense qu'autrefois méprisés et maltraités par les Maures et par les Turcs, les Israélites sont aujourd'hui placés sous la protection de nos lois si éminemment favorables à l'égalité et au respect de tous les cultes.

Du reste, quelques faits particuliers les rattachent à uotre conquête.

En 1830, quand notre armée était déjà descendue sur le sol africain, quand, maîtresse des positions qui dominent Alger, elle dictait sa lui aux vaincus, le Dey soupçonna les Juifs d'avoir facilité ou seulement désiré notre victoire; sur ce soupçon un ordre impitoyable venait d'être donne lorsque notre entrée dans la ville sauva les Juifs d'une extermination générale.

Voici un autre fait;–mais de celui-ci je ne garantis pas l'authenticité;–quelques israélites assurent qu'à la même époque de 1850, et au monifnt où notre flotte se présenta devant le port d'Alger, ils ont parfaitement entendu les ossemens des saints rabbins s'agiter et tressaillir de bonheur dans leur tombeaux de Bab-el-utled.

C'est possible; mais, quoi qu'il en soit, les Juifs sont en Algérie nos plus ardens auxiliaires.

Ils se sont conformés à nos usages, ils ont remplacé les sales