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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1838-11-27

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 27 novembre 1838

Description : 1838/11/27 (N103).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362854h

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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Paris, 26 novembre.

La question des sucres est en ce moment la grande affaire des colonies, et tout le monde comprend qu'elle sera pareillement une des questions qui seront le plus vivement et le plus longuement débattues dans les deux Chambres. Depuis quelques jours, la presse a presque cessé de s'en occuper, ou, quand elle y revient en certaines circonstances, ce n'est que pour la traiter d'une manière secondaire. La coalition, la réforme électorale, toutes les graves questions que ranime l'approche de la rentrée des Chambres, tels sont en ce moment les objets de son habituelle et presque exclusive préoccupation.

Mais, dans un mois, immédiatement après les débats de l'adresse, viendra la question des sucres, préparée cette fois par les discussions de la presse, et dégagée de ces préjugés hostiles, de ces défiances aveugles, entretenues et fomentées contre les colonies. C'est une chose, en effet, digne de remarque que l'attitude toute nouvelle de l'opinion à ce sujet.

Parmi les adversaires les plus violents des colonies, il n'en est presque pas qui ne conviennent que leur situation est désastreuse et appelle de prompts et efficaces remèdes.

Nous avons sous les yeux un article ou M. de Dombasle, tout en soutenant avec énergie la cause de l'industrie métropolitaine, n'en avoue pas moins « qu'il est impossible de ne pas accorder quelque chose à nos colonies dans la situation réellement très-critique où elles se trouvent. » Que l'on compare ce langage plein de retenue, sinon de sincérité, avec l'opposition véhémente de ces dernières années, et l'on verra quelle réaction importante s'est opérée dans l'opinion publique.

En attendant que le débat soit porté à la tribune, le gou-

vernement continue ses enquêtes. Nous avons annonce tUba.

notre dernier numéro qu'uu&-£onllllission avait été nommée pour examiner de nouveau- le rendement des sucres. Cette commission s'est déjà rassemblée deux fois, sous la présidence de M. d'Argout. Les délégués des raffineurs de Paris, du Havre et de Nantes ont été entendus. Ils ont été d'accord à dire que le rendement fixé à 75 n'excède pas 67 à 70, et prétendu que la raffinerie française ne peut pas aujourd'hui

soutenir la concurrence avec les raffineries belges et anglaises.

Telle est la situation dans laquelle se trouve en ce moment la question des sucres. Il nous est sans doute impossible de prévoir absolument l'opinion de la Chambre; mais s'il est permis de la préjuger par celle de la presse, nous pouvons

espérer qu'elle ne sera pas défavorable aux colonies, et que celles-ci recueilleront le prix du zèle, du dévouement et de l'habileté de ses représentants.

98. -

Nous recevons d'un des nouveaux délégués de Bourbon une lettre qui soulève et développe une question assez importante pour mériter de fixer l'attention du commerce et du ministère.

Monsieur,

Los sucres coloniaux invendus s'accumulent dans les ports de mer : la dépréciation mil son cours, on ne sait plus où f-lle s'arrêtera ; comme conséquence nécessaire, le mouvement de notre navigation se ralentit chaque jour et semble près de s'éteindre.

En attendant la loi de réparation qui nous est promise, le commerce maritime français pourrait trouver dans la législation particulière de l'île Bourbon des ressources sur lesquelles il est peut-être utile d'appeler son attention.

L'ile Bourbon est restée f'squ'a ce jour en dehors du système prohibitif, quant à l'exportation : les navires Français peuvent y charger pont toute destination ; je crois qu'il est facile de le démontrer.

Lesédits et règlements qui, avant la révolution de 17%, placèrent les An-

tilles sous l'empire du monopole, ne l'appliqllèrent jamais à nos pOMetMOUt à l'est du cap de Bonne-Espérance. Leur éloignement de la melrnpole, la proximité du continent de 1 Inde, avec lequel il était nécessaire de leur conserver des relations, justifiaient cette exct-ption. De 1790 à 1803, époque de séparation de fait et de quasi-indépendance, la liberté commerciale y fut entière : de 1803 à 1810, sous le gouvernement du capitaine général Decaen, un arrêté du 5o fructidor an 1 a consacra de nouveau cette liberté, en permettant la libre sortie des denrées coloniales, pour toute destination, et par tout pavillon; de 1810 à 1815, époque de l'occupation anglaise, le système de liberté ne reçut aucune atteinte. - -

En i8i5, l'île Unllrbon, rétrocédée a la France, rentra dans ta grande famille. J u'tqu't'n 1817, elle resta en possessiou des franchises commerciales dont elle avait toujours joui. Enfin, le 11 septembre 1817, après plus de cent cinquante ans d'nne liberté entière, est protnutguée Mnf urdonnance du gouvernement dont le but est l'abaissement des droits de douancs, et où se trouve, comme glissée entre deux parenthèses, cette disposition : « L'exportation des denrées coloniales pour l'étranger, le girofle excepté, ne pourra avoir lieu que lorsqu'il sera constaté que les bitiniental français qui seront sur les rades de la colonie, ou qui y seraient attendus, auraient leur chargement assuré : s'il y-anîeu à permettre cette exportation, ces denrées paieront un droit de tapo'tr 100 de leur valeur. o Le simple énoncé de la prohibition n'indique-t-il pas qu'elle est introduite uniquement dans l'intérêt de

la navigatioo français" ce n'est pas le marché étranger qu'on interdit, c'est le fret qu'on assure aux navires français; ce qu'on veut uniquement, et on le dit, c'est que les bâtiments français présents sur rade aient leur chargement assuré. Une prohibition si nouvelle, si contraire à toute la législation antérieure, ne peut pas être étendue d'un cas A un autre, et surtout on ne pe it pas lui donner un effet contraire au but que le législateur s'est proposé; c'est ce qu'on ferait évidemment si on empêchait un navire français décharger pour Anvers ou Hambourg, lorsqu'il ne trouve du fret que pour cette destination ; on tournerait alors contre le commerce français une disposition qui a été toute de faveur et de protection pour lui.

Ainsi, aux termes mêmes de l'ordonnance du 11 septembre 1817, seul texte qu'on nous oppose, si le pavillon étranger est repoussé des rades de la (atonie, hormis le cas où il y a insuffisance de navires français, il fuut reconnaitre que les navires français peuvent toujours y prendte chargement pour toute destination.

Aucun doute ne peut rester dans un esprit impartial lorsq u'on'considère

que nos chargements de denrées voyagent sot simple manifeste et sans acqisits-à-caution, et qu'aucune peine ne pourrait atteindre le capitaine qui, après avoir chargé pour Nantes, porterait directement n-i cargaison à Anvers, Il en est autrement aux Antilles; là les cargaisons de sucre ne sont expédiées que sur des acquits-à-caution; la différence desprécautions employées par la législature achève d'établir la différence du droit.

Au reste, nous croyons que nous pourrions établir que l'ordonnance du Il septembre 1817 n'a plus force de loi, et qu'à Bourbon le commerce d'exportation est encore libre par tous pavillons. Mais, en entrant dans cette discussion, nous dépasserions no're but actuel. Il nous suffit pour te moment

d'avoir établi en faveurducomiucrce français, que les armements suspendus par l'accumulation des sucres dans les ports de mer pouriaient reprendre quelque activité en acceptant une desiination étrangère. On sait que le-a sucres brut!' blancs de Bourbon, chassés de France par la surtaxe, se vendraient comme sucres ramné. et sans aucune augmentation de droits, dans les ports de la Méditerranée et de la mer Adriatique, et aussi dans le golfe Persique ; que nos sucres de basse qualité, dont le prix de vente ne couvre pas les frais, parce que le fisc a bien égard aux nuances pour élever le droit, mais jamais pour l'al»ais»cr, se placeraient avantageusement au Cap de Bonne-Espérance et à la Nouvelle-Hollande, où ils sont employés dana les brasseries et les distilleries.

Sans doute nos villes maritimes perdraient les commissions et autres avantages accessoires qu'elles retirent de la vente de nos sucres, mais elles conserveraient le monopole du transport. Certes, il est plus avantageux de resta eindre leurs bénéGces que de les laisser complètement s'anéantir. Bientôt d'ailleurs, et c'est notre voeu le plus cher, sous l'empire d'une législation léparatricc, la taxe devenue égale entre les deux sucres, les relations entre les colonies et la mère-patriè reprendront leur première activité.

Il serait utile, dans ces circonstances, que les armateurs du Havre, de Nantes, de Marseille, de Bordeaux, qui expédient encore des navires à l'lie Bourbon, autorisassent les capitaines à prendre chargement, suivant l'occurrence, pour Gênell ou Livourne, Trieste ou Smyrne, Anvers ou Uambourg, le Cap de Bonne-Espérance ou la Nouvelle-Hollande.

J'ai l'honneur d'être votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Ta. Ruvhsau na Sr. CtOtea, DM0ui de VUi Bturlen.

mm a 11 a -

La commission nommée pour examiner si le rendement de 75 0/0, admis en dernier lieu comme base de la restitution des droias du sucre qui se réexporté après le raffinage, répond exactement au produit moyen que l'on petit obtenir dans les fabriques bien gérées, se compose de l'I. le comte d'Argout, président, et de MM. Jacques Lefebvre, baron Thénard, Gay-Lussac, Dumas, Pelouse, David, Gréterin, Reynard, Fournier (de Marseille) et Bayvet (de Paris). Elle s'est réunie le 18 pour la première fois.

Dans sa prochaine séance, elle entendra les personnes les plus capables d'expliquer les divers procédés de raffinage qui s'emploient aujourd'hui, et d'en indiquer les résultats exacts.

On nous monde de Bordeaux que déjà sur cette place se font sentir les tristes effets de la décision ministérielle sur lit question des sucres. Le rejet du dégrèvement par ordonnance a jelé la perturbation et le découragement chez les détenteurs.Un*' baisse de 4 fr- a été signalée par 100 kilog. de sucre brut ; le cours.

iFcuillcton.

ENTRE DEUX ÉTAPES.

(Historique.)

Ce fut avec joie que le régiment, vers deux heures après midi, aperçut au toin, dans h; fond de la vallée, les toits rouges d'un petit bourg où il devait s'arrêter et se reposer toute une nuit. Le tambour battit, les rangs se reformèrent, et bientôt, au son de la musique, les fantassins, tout ruisselants de sueur, prirent possession de l'oasis tant désirée.

Il était temps. (les soldats, si droits, si beaux, de tournure si martiale quinze jours auparavant, à leur départ de Paris, avaient maintenant l'air sombre et découragé. Courbés sous leurs armes, sous le sac et le schako, ils se traînaient comme des hommes ivres sur la route poudreuse. Par instants quelques pauvres diables se détachaient des masses, et, malgré les menaces des officiers, allaient s'asseoir ou plutôt tomber sur le bord du chemin, au revers de quelque fossé, l'air hébété, le cou ployé, le menton sur la poitrine. On les relevait, on les portait dans les fourgons. Plusieurs étaient

déjà ainsi asphyxiés sous les torrents de feu qui passaient sur le régiment accablé.

On distribua les billets de logement. Le lieutenant Blondel fut envoyé au presbytère, cher, le curé. Un homme rare que ce prêtre : tout le monde le , que ce prètre : tout le monde le chérissait, parce qu'il aimait tout le monde. Quoiqu'il n'eût pas constamment à la bouche le mot de religion, il était entouré d'une population religieuse, parce qu'il répétait souvent à ses ouailles : Aitnct-vous les uns les autres i C'était toute sa science, et presque tout son catéchisme.

Le lieutenant UlIIUtlcl, bien qu'il fût grand et vigoureux, n'avait pas été

plus que ses soldats à l'abri de l'inlluence d'un soleil brûlant. Au contraire, en bon officier, il s'était donné beaucoup de mouvement pour les sauver des effets d'une chaleur meurtrière, et ses forces s'étaient épuisées. A peine entré chez le cure qui devait l'héberger le reste du jour et la nuit suivaute, il tomba sur une chaise et s'évanouit. Aussitôt Gcrtrude, la gouvernante, desserra sa redingote, ouvrit deux portcs, l'une donnant sur la rue, l'autre sur le jardin du presbytère, et livra ainsi passage à un courant d'air qui inonda la poitrine ét le visage du lieutenant.

Diable 1 dit-il en revenant à lui, est-ce que j'étais parti pour l'autre monde?

Ce n'est rien, ce n'est rien, monsieur l'officier, dit le curé, tranquillisez-vous.

Sacrebleu ! je ne suis pas inquiet;. je voudrais seulement savoir ce que je fais sur cette chaise ; j'ai la tête pesante comme après un cauchemar.

Est-ce que j'ai dormi?

Non pas, dit le prêtre en souriant ; mais la chaleur vous a fait mal, et vous êtes resté là une demi-heure sana connaissance. Reposez-vous un peu sur mon lit. Vous m'avez fait peur, savez-vous bien !

En vérité, monsieur le curéf Sur ma parole, je ne suis pas si délicat que vous croyez. J'en ai vu bien d'autres, allez; et le bon Dieu, dans mes campagnes, m'a fait voir la mort de trop près pour nie laisser trépasser sur une chaise comme un paralytique.

Alors, si vous voulez, lieutenaut, nous nous mettrons à table, et je vous ferai goûter d'un bon petit vin qui vous rendra toutes vos (orces.

Va pour le petit vin, monsieur le curé !

Et au dessert, dit Gertrude, monsieur l'officier nous racontera uje de ses belles campagnes, puisqu'il dit qu'il a couru de si grande daugers. 1 d, '1),. 1 b t. ,

Volontiers, dit-il à la bonne mère; et ce que je voua conterai sera pres-

que une histoire de revenant. à - - Au diner, le curé réunit le maire, le percepteur et le juge de paix de l'en droit, de sorte que le lieutenant, lorsque Gertrude réclama l'histoire promise, pouvait disposer d'un auditoire très-respectable.

a Je suis un enfant de troupe, dit-il en commençante mon père a été tué en Espagne. En 1814, j'étais soldat; j'entrais en apprentissage par une des plus rudes campagnes qu'un militaire ait jamais inscrites sur ses états de services. On se pochait dur en Champagne, et je me souviendrai longtemps de La Ferté-sous-Jouarre.

» Mon régiment était venu rejoindre là d'autres troupes qui formaient la division commandée par le général Mortier. J'avais été chargé par mon capitaine de veiller au pain qu'on allait distribuer au régiineut, et qu'un avait rangé en piles au milieu du bivouac. Je vous demande un peu si je soignais le pain Du pain, en campagne, on n'en a pas quand on veut; ça

devient quelquefois du luxe. On préfère souvent une livre de pain à dix pièces d'or, parce qu'on peut crever de faiiu avec des napoléons plein IUIII gousset, et que cela ne donne pas du nerf pour marcher et pour charger ttob fusil.

» J'étais donc là en faction, nie frottant les mains d'avance à l'idée de prendre 19a part de ce bon pain de munition. A dix-huit ans, un troupier a toujours un appétit d'enfer.

m Tout à coup, je vois venir à moi un sous-lieutenant, entré la veille au régiment. Ah ! dame! un blanc-bec bien ficelé, bien pince dans son frac; et.

pour sûr, sa première visite du malin avait été pour le coiffeur de La Ferle.

Moi, cela m'est égal ; je n'ai mais pas beaucoup les officiers qui n'avaient pas été soldats; mais ma consigne n'étant pas d'avoirune opinion, je continuai à me promener l'arme au bras, après avoir donné au Saint-Cyrieti le salùt exigé.

« Que Tais-tu là ? me dil-il d'un ton brusque.

Mon lieutenant, je garde le pain par ordre[du capitaine.

C'est inutile. Il ne s'en ira pas tout seul.

Mais les Cosaques qui rôdent aux environs t'aideraient bien à s'en aller.

Tu raisonnes, je crois ! Va t'en !

Mon lieutenant, c'est mon capitaine qui m'a placé à ce poste. Je dois respect à ma consigne.

- Est-ce que lu n'es pas mon soldat ? Allons, qu'on déguerpisse, dit-il, la figure empourprée de colère.

Impossible, mon lieutenant.

Sacré mille noms (pardon, monsieur le curé) 1 s'écrie le Saint-Cyricn, tu ne m'obéiras pas ! -

• Et levant son sabre, il m'en assène un violent coup au visage. Ah!

si vous saviet ce que c'est que le sentiment d'une ini'istice! Mon sang bruissait dans nies arlère", je tremblais comme un fiévreuit. Je ne vis plus dans ce jenne homme qu'un assaillant qui me frappait lâchement, moi qne la discipline condamnait à ne pas me ctlrcnrlr; mon de-

voir, la prudeuce, j'oubliai tout. et un pain vola à la tète de l'insolent qui tomba.

C'était grave, interrompit Ir juge de paix.

Je crois bien, que c'était rave lUne heure après le maréchal passait en revue la division. Quand son cheval l'eut conduit à l'arrière-garde du régiment, il aperçut un pauvre soldat serré de près l'al' quatre fusiliers.

C'était moi.

* Justtc' 1 justice ! mon maréchal! justice!

QI,'ae-tu fait ? pourquoi as-tu la figure meurtrie ?

Ah! demander, au sOlls-lieutenant C., qui m'a frappé parce qo'' je ne voulais pas abandonner le poste que m'avait confia mon capitaine.