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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1838-11-20

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 20 novembre 1838

Description : 1838/11/20 (N102).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63628533

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/12/2012

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Paris, 19 novembre.

Les détails que nous avons donnés dans nos derniers numéros ont montré avec quelle ardeur la question des sucres a été agitée dans la presse et dans le Conseil supérieur du commerce. Par la vivacité de ce combat d'avantpostes, pour ainsi dire, on peut prévoir quelle sera la bataille, lorsque le sucre colonial et l'industrie du sucre indigène seront définitivement en présence devant les Chambres.

Nous avons vainement essayé d'amener le ministère à la seule mesure vraiment utile aux colonies, au dégrèvement par ordonnance. Mais s'il a fait cette concession à l'impor.tunité des producteurs métropolitains, il n'en a pas moins reconnu la justice des prétentions coloniales, la sincérité de leurs plaintes, et contracté l'engagement de porter la question devant les Chambres, dès le commencement de la session.

Cette attitude du ministère inquiète vivement les fabricants indigènes, s'il faut s'en rapporter aux sombres prévisions qu'ils exhalent dans les journaux qui leur sont dévoués, Ils dénoncent les rigueurs- inusitées dont les poursuivent les agents du ti ésor qui pénètrent dans leurs manufactures et soumettent à un contrôle sévère toutes leurs opérations.

Ils parlent d'un projet qu'aurait conçu le gouvernement de rembourser les capitaux actuellement engagés dans cette industrie, et de la supprimer pour l'avenir.

Ces doléances sont peut être une de ces manœuvres habiles dont les producteurs métropolitains ont l'habitude, et avec laquelle ils espèrent intéresser et émouvoir l'opinion publique. Mais qu'elles soient l'expression plus ou moins vraie des inquiétudes qui les tourmentent, les défenseurs des colonies n'y trouveront qu'un motif de plus pour ne pas consumer dans l'inaction le temps précieux qui leur reste avant la discussion des Chambres pour achever de détruire les préventions dont les abolitionnistes et les philanthropes avaient encombré la question coloniale.

Le gouvernement se prépare de son côté et vient de nommer une commission chargée d'examiner le rendement des

sucres. A la tête de cette commission se trouve M. le comte d'Argout; mais nous avons lieu d'espérer que la discussion et les faits le ramèneront à notre opinion, comme ils y ont ramené le ministre du commerce.

Il est inutile de dire que, dans la lutte décisive qui se prépare, la Revue du xixe siecle ne manquera à aucun des devoirs que son directeur a contractés, et que tous ses efforts tendront à justifier les espérances qu'ont fondées sur elle les colonies.

COLONIES FRANÇAISES.

La France Maritime n inséré il y n quelques temps, sur la Martinique, un article fort remarquable de M. L. leYliard, mort si prématurément ; les circonstances nous paraissent tellement graves pour nos colonies, que nous croyons devoir le reproduire.

* Aujourd'hui que Saint-Domingue est morte, la Martinique est la principale île des Antilles françaises.

It Cependant avant les guerres de 1750, elle avait déjà tenu le premier rang; ses ports recevaient tout le commerce de l'Europe et des Indes. C'était l'oasis chérie des navires qui s'en allaient à la Louisiane ; c'était l'arsenal de la France dans ces mers. Là su formaient les escadres .qui devaient, sur un signe de Versailles, poursuivre les Anglais, les Espagnols ou les Hollandais. Là, quand la fortune de la France était chassée des Indes et de l'Amérique entière, flottait, comme dans un dernier et impénétrable asile, le drapeau qui avait tout perdu hors l'honneur et ce rocher.

C'était l'aire de l'aigle ; les nations le savaient. - » Jamais l'Angleterre jalouse ne passa devant cette terre, témoin de sa honte, sans jeter un cri de rage et d'envie. Encore aujourd'hui que ses parlements allument des torches pour les colonies, l'Angleterre porte à la Martinique cet indéfinissable sentiment mêlé de haine et d'amour, qu'on éprouve pour une maîtresse que nous aimons et qui nous trahit. Ses superbes frégates ne peuvent quitter Saint-Pierre ; ses marins ne s'entretiennent pas sur le pont d'une île plus fraîche, plus douce, plus regrettable. C'est parmi eux une sorte de Séville maritime, dont on dit aussi : La connaître et mourir ! Mais la Martinique est française et leur garde une animosité toute française.

D Les palmiers dressés sur nos montagnes ont vu de grandes choses I Ils ont vu plus d'un combat livré par le comte d'Estaing.

Ils ont vu lord Macarltiey s'enfuir triste et confus sur ses vaisseaux

en ruine. Ils ont vu l'amiral Byron promener ses inutiles escadres sur ces mers éclairées de nos feux de joie. Ils ont vu Lamoltc-Piquet, monté sur l'Annibal, faire tête à quatorze vaisseaux de l'amiral Parker qui poursuivait une flotte de vingt-six voiles.

Ils l'ont vu longtemps soutenir le combat le plus inégal, et enfin, secouru par deux vaisseaux privés de la moitié de leurs équipages, déployer taut de courage et d'habileté, qu'il parvint à sauver dixsept navires et la frégate qui les escortait. Ils ont vu le comte de Grasse et l'amiral Hood s'entre-choquer vainement pendant un jour, puis se quitter pour aller rejoindre plus tard leurs feux à Baltimore. Ils ont vu le marquis de Bouillé, ce fidèle courtisan de Louis XVI malheureux, s'embarquer la nuit d'un bal qu'il donnait aux officiers anglais, et s'en aller prendre Saint-Eustache en bas de soie et avec une épée de contredanse, suivi de tout une jeune et vaillante noblesse, seconde France qui voguait sous le tropique, loin de la grande et véritable France! Oh! que vous avez vu de choses terribles, palmiers impassibles et centenaires, témoins de ces duels des deux moitiés de l'Europe sur les champs de bataille de l'Amérique, en face de l'Afrique représentée par nos esclaves stupéfaits 1 T Plus tard, Napoléon remplissait ces immenses solitudes ; ses flottes repassaient sur ces abîmes; ses régiments débarquaient à Saint-Domingue. Quarante ans auparavant on ne mourait, dans ces guerres, que de l'eau, du fer et de la flamme : alors on mourut de cela, et de la plus de la fièvre jaune. On eût dit que lasse de servir de théâtre à tant de meurtres, l'Amérique s'était mise enfin sous la garde du plus cruel des fléaux.

» Depuis les Cent-Jours, la Martinique se repose,. à l'extérieur du moins. Prise et reprise par les Anglais, elle est par la dernière paix restée à la France.

»La capitale de l'île est le Fort-Royat, où séjournent le gouverneur et les autorités civiles et militaires ; ou plutôt l'île a deux , capitales, l'une militaire, le Fort-Royal ; l'autre commerçante, Saint-Pierre.

» Ces deux villes sont sœurs, et comme certaines sœurs, se ressemblent et ne se ressemblent pas. L'aspect du Fort-Royal est sévère, même un peu farouche. On voit qu'elle a fait expérience des misères, qu'elle s'est acquis une gloire et une instruction solide, et qu'elle dédaigne, comme tous les vieux soldats, tout ce qui n'a pas reçu le baptême de feu. Saint-Pierre, au contraire, est légère et folle. Les grands airs de sa voisine lui paraissent quelque peu ridicules, et il lui arrive parfois de s'en moquer, mais sans éclat cependant, en famille et avec une certaine bonhomie.

Elle se console en jouant, en chantant et en se coiflant de palmiers.

de n'avoir pas la riche et belliqueuse ceinture du Fort-Bourbon, orgueil de sa rivale ! ces noires murailles que le canon des Hollandais a battues si longtemps, mornes sentinelles de la baie que salue avec respect tout navire qui part ou qui arrive. Ce bruit du canon fait encore plaisir à la vieille vivandière, qui aime autant

imiillctoit.

IIISTOIRE DE NEW-CASTLE SUR LA TYNE.

Il y a quelques années une jeune femme frappa un jour à la porte d'une petitc maison située dans les faubourg île la ville de New-Castle «tir la Tyne; une vieiUe, qui habitait seule la maison, s'empressa d'ouvri. La jeune femme entra, et la conversation suivante s'ungagea aussitôt : Il faut qu'il vous soit arrivé aujourd'hui quelque chose d'cxtraordinaire, Car vous n'avez pas l'babilude de venir, Catherine.

Je craignais que quelqu'un fut chez vous, répondit Catherine.

–Et si un voisin avait été ici, je ne crois pas que cela vous eût empêchée d'entrer, répliqua la vieille; mais je suis sûre que vous avez quelque chose à me dire. Parlez donc franchement, et comptez sur les conseils désintéressés de votre amie Hannah.

A ce mot, Catherine rougit et ne put répondre.

- Villiam Hutton vous aurait-il demandée en mariage, Catherine r dit alors Hannah , car elle avait deviné l'objet qui absorbait la pensée de Catherine.

Oui, Hannah, répondit celle-ci.

- Eli bien 1 ma chère, n'est-ce pas ce que vous désiriez depuis longtemps ; cette union n'est-elle pas le plus cher objet de vos vœux ? 11 a votre cœur, et par conséquent je n'ai pas besoin de vous dire comment tout ceci finira.

Hannah avait raison ; mais il y avait dans t'âme de Catherine un secret qui brûlait de s'épancher dans le sein d'une amie. -Ma chère lIannah, diteUe, vous avez toujoms été pour moi une amie, une mère, et il n'y a que vous à qui je puisse demander un conseil.

Je u'ai point voulu répondre à William avant de vous avoir parlé, d'autant plus que certaine remarque vous est échappée un jour. Qu'ai te dit, Catherinel Il'écria Ilannah ; assurément rien contre l'homme que vous aimez.

D'après tout ce que j'ai vu et entendu de lui, il est affectueux et intelligeut, et un _Iant homme sous tous les rapports.

- Sans doute, répliqua Catherine ; mais après l'avoir vu ici une ou deux fois, n'avez-vous pas dit que vous n'aimiez pas ces préoccupations soudaines auxquelles il se livrait, même en société l Eh bien ! je les ai souvent remarquées depuis lors, ilaunah, continua Catherino en poussant un profond soupir. , , Le ciel m'est témoin, ma chère Catherine, répliqua Ilannah, que mon dessein n'a pas été de Voua cotiser te moindre chagrin ; ne vous arrêtez point

h d'insignifiante* paroles. William a été longtemps militaire; avant l'âge de vingt ans il a versé son sang pour son pays, il est possible qu'il ait été témoin de quelques scènes horribles, qu'il ne peut se rappeler sans tomber dans une mélancolie profonde. Quoi qu'il en soit, Catherine, ne prenez point mes p.,rnll's à cteor. Si William a quelque chagiin, il vous sera aisé de le consoler, et vous le rendrez heureux.

Ces paroles calmèrent les vives inquiétudes de Catherine. La pensée que Ilniinah approuvait son mariage, soulagea son cœur oppressé. Hannah avait, en f ilet, des droits à la déférence de Catherine. Smith-Hannah ne s'était point mariée; elle avait passé la plus grande partie de sa vie au service d'une famille opulente de Morpeth. La mère de Catherine étant morte à NewCastte, Ilannah, bien qu'elle ne fût qu'une amie de la famille, s'était empressée de recueillir la jeune fille alors orpheline et à peine âgé de dix ans, et lui avait consacré les soins d'une mère jusqu'au moment où elle avait pu se créer des moyens d'existence par son propre travail.

Plus tard Ilannah s'était retirée à Ncw-Caslle, sa ville natale, où elle vivait modestement du fruit de ses économies.

Catherine, revenue avec elle à Ni w-Castle, y était entrée immédiatement en service chez une famille opulente de la ville.

Catherine épousa William Hutton. Ce jeune homme était doué de qualités les plus aimables, et s'était créé une position indépendante dans la carrière industrielle qu'il avait embrassée. Le jeune couple fit sa première visite à Hannah, qui ne pouvait se lasser de les regarder avec un sentiment de fierté maternelle. Le temps que Hutton avait passé au service avait donné à sa physionomie, naturellement bienveillante, une expression martiale que rehaussait encore la figure si jolie et si gracieuse de Catherine, lorsqu'elle était assise à côté de lui. Hannah, en faisant cette remarque, ne put se défendre d'un mouvement de joie. D'autres visites succédèrent à la premiète, et Uannah, toutes les fois qu'elle voyait Catherine, cherchait à deviner ses sentiments. La jeune femme, à la vérité, paraissait heureuse, mais Hannah n'avait pas oublié les préoccupations de William Hutton.

Enfin elle crut apercevoir un changement. Catherine, en effet, lorsqu'elle venait voir seule Hannah, semblait en proie à une inquiétude que tous ses efforts ne pouvaient dissimuler, même lorsqu'elle éprouva pour la première fois les douceurs de la maternité, et présenta son enfant à Ilannah avec un noble sentiment d'orgueil. Celle-ci remarqua les traces d'un profond chagrin sur sa physionomie.

Enfin Hannah fit part de ses alarmes à Catherine, et la pria instamment de lui révéler la cause de sa douleur. Catherine s'empressa d'attester le ciel qu'elle était parfaitement heureuse ; mais, un instant après, elle démentit ces paroles en versant un torrent de larmes, et en avouant qu'elle était la plus malheureuse des femmes:–Mais, s'ecria-t-elle, je ne puis confier à personne la cause de mon chagrin ; pas même à vous, Ilannah, quoique je

sac-lie bien que ce n'est pas par curiosité, mais par amitié, que vous m'interroge, z.

Hannah n'inista point, elle était convaincue qu'un jour viendrait où Catherine prendrait la résolution de recourir à ses couillils. Elle ne se trompait point. Catherine, à sa première visite, engagea elle mèinc la conversation sur le sujet qui les intéressait si vivement toutes deux.

lianllah, dit-elle, je crains que vous ne puissiez m'être d'aucun secours dans cette circonstance : mon mari est un honnête homme; quelque secret affreux pèse sur son Ame et trouble son bonheur ainsi que le mien.

Ces pi éoiTupatious que vous avez remarquées ont une cause réelle. Souvent, lorsqu'il dort à mes côtés, il parle de meurtre, d'avoir commis un meurtre, du sang de l'innocente victime que sa main a fait couler. Ilélas 1 j'en ai entendu assez pour avoir compris qu'il s'agit d'une jeune femme. 0 Hannah ! peut-être une femme trahie et tuée par lui. A ces mots, Catherine frémit d'horreur et cacha sa tête sur celle de son enfant qu'elle portait da:M ses bras.

Ilannah, quoique vivement troublée de ce récit, fit remarquer à Catherine qu'il était possible que son mari, dans ses rêves, se figurât être un assassin.

Mais, répondit Catherine, ces paroles affreuses, il ne les a pas prononcées une fois par hasard, il les répète toutes les nuits.

Après les avoir entendues, la pi entière fois, je lui en parlai le lendemains son déjeuner et je me mis à rire ; mais il devint sérieux, me dit de ne pas faire attention aux absurdités qui lui échappaient pendant son sommeil, puisse leva dans une agitation extraordinaire et sans avoir touché anx mets qu'on lui avait servis. Je ne lui çn ai plus parlé, mais c'en est fait de mon repos. D'ailleurs, il a par moment des accès de mélancolie. Tout ceci cache quelque affreux mystère. Cependant il est si doux, si humain, si généreux l Hannah, que dois-je faire ? car je suis bien malheureuse en ce moment.

Catherine, répondit Hannah, je ne puis croire que Hutton soit coupable d'un crime, malgré les apparences qui s'élèvent contre lui. Mais, fût-il criminel, il vaudrait mieux pour vous connaître la vérité que vivre dans cette incertitude qui vous tue. Tachez de gagner la confiance de votre époax, dites-lui tout ce que vous avez appris et que vous agissez par mes conseils.

Catherine, après avoir longtemps hésité résolut de suivre ces avis.

Le lendemain, elle retourna r hez Hannah, et s'écria en la voyant:–Mon amie, je lui ai tout dit. 11 va venir et s'expliquer devant vous.–Mais, dit Hannah, ne vous a-t-il pas rassurée?–Certainement, répondit Catheriue; après un moment de silence, il m'a prise dans ses bras, m'a embrassée tendrement, et m'a dit qu'il était malheureux et non coupable, et qu'il aurait dû parler plus tôt.

William arriva, et, s'étant assi s à côté de sa femme, parla ainsi : Vous connaîtrez bientôt le motif des exclamations qui m'ont échappe