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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1838-11-12

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 12 novembre 1838

Description : 1838/11/12 (N101).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362852p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/12/2012

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Paris, 10 novembre.

Les Chambres sont convoquées pour le 17 décembre; dans cette convocation nous sommes heureux d'avoir à signaler un témoignage du bon vouloir du cabinet pour les colonies, car il a voulu, quoique les budgets ne fussent pas encore urêts à être présentés, avancer une session qui doit,

- -- - - - - 1 * - - dès les premiers jours de son ouverture, s'occuper d'urgence à soulager nos colonies par un dégrèvement immédiat.

Nous nous proposons, pour cette époque, de soutenir avec vigueur la question du dégrèvement dans la Revue. La lutte sera vive et le terrain disputé avec acharnement. Une chose nous rassure : c'est de voir s'opérer chaque jour d'éclatantes conversions à nos idées, c'est de pouvoir annoncer avec

certitude que M. Martin (du Nord), malgré ses intérêts et ses sympathies pour le sucre indigène, soutiendra franchement la question du dégrèvement : cette résolution de la part de ce ministre est si bien connue, que déjà les journaux du Nord commencent à l'attaquer avec violence en le traitant d'apostat. Le gouvernement, qui comprend et paraît sentir enfin le malaise colonial, présentera ce projet de dégrèvement comme loi d'urgence, et demandera sa prompte discussion. Le ministre des finances, qui a toujours dans la question de droits et d'impôts une haute iniluence, s'est également prononcé pour le dégrèvement, et il a fait recueillir tous les renseignements officiels qui peuvent éclairer la discussion et détruire les calculs présentés en faveur du sucre

indigène en ce qu ils auront a errone.

Comme on le voit, les intérêts des colonies commencent déjà à trouver des sympathies où l'on n'était accoutumé à rencontrer que de l'indifférence, ou même de l'hostilité.

Cette réaction, qui ne fait que poindre encore, pour ainsi dire, est due aux efforts de la presse vraiment nationale, et surtout aux discussions pleines d'éclat du Conseil supérieur du commerce, au zèle et à l'activité des démarches du Con-

seil des délégués, secondé récemment par la députation de la Martinique; elle est due particulièrement au concours intelligent des délégués des ports de mer, qui, depuis deux mois, ont rendu de très-grands services. Nous pouvons affirmer que cette coopération simultanée a produit les meilleurs effets, tant sur le ministère que sur l'opinion publique, et nous "vons lieu d'espérer que la Chambre subira pareillement cette influence.

Cette attitude que les ports de mer ont prise dans la discussion du dégrèvement impose aux colonies le devoir de n'émettre aucun vœu qui pût se trouver en opposition avec les intérêts de nos villes maritimes. A défaut de la reconnaissance, la prudence et l'habileté leur en feraient une obligation.

Maintenant, si les conseils que nous avons donnés aux habitants des Antilles ont porté leurs fruits, si le mouvement d'ensemble que nous nous sommes efforcés d'organiser pour la défense coloniale s'est continué depuis le mois d'août dernier, si un véritable patriotisme et le sentiment du danger ont pu triompher de la déplorable apathie que nous avons

combattue sur place avec tant de bonheur, il ne sera plus douteux pour nous que les sacrifices et les efforts des colons ne leur obtiennent, dans le courant de la session prochaine, des résultats beaucoup plus salutaires et plus efifcaces que ceux qu'ils croyaient pouvoir espérer il y a quelques mois.

Malgré toutes les manœuvres et toutes les ressources de

leurs ennemis, les colons seront sauvé, sans aucun doute, s'ils ne s'abandonnent pas eux-mêmes, et s'ils savent mettre en pratique la devise que nous les avons si souvent engagés de prendre : Aide-toi, le Ciel t'aidera.

Dans un des prochains numéros, nous reviendrons sur cette question.

QUESTION DES SUCEES.

M. deMorny, délégué des fabriques de sucre indigène, a fait Insérer dans uu journal du soir un «itticfo dan.. lequel il cherche a prouver que la seule mesure qui puisse satisfaire les producteurs des colonies et les producteurs de la métropole, c'est rabaissement du rendement des sucres coloniaux. M. de Morny termine en disant : a Il m'est revenu, et de bonne source, que le gouvernement, entre autres projets, avait conçu celui de rembourser à tous les fabricants de sucre indigène les fonds employés dans leurs usines, et d'interdire ensuite toute fabrication de sucre eb France.»

Le Courrier du Nord, voué aux intérêts du sucre indigène, contient ce qui suit : « Une réunion des fabricants de sucre des arrondissements de Valenciemies et d'Avesnes a eu lieu le 3 de ce mois dans une des salles de l'hôtel-de-ville.

» M. D. Blan<llIct, au nom des délégués envoyés à Paris, a r»-ndu compte du résultat des démarches faites pour empêcher une mesure à la fois illégale et désastreuse. Les délégués ont trouvé chez

les membres du gouvernement et chez ceux qui les entourent des dispositions fort peu bienveillanles..

On assure que M. le ministre de la marine et des colonies n'a pas pris une part très-activc à la discussion du conseil supérieur de commerce. M. le vice-amiral de llosamel, ministre spécial, doit être en effet fort embarrassé de toutes ces questions étrangères à sa spécialité de marin, et que l'on s'efforce de réduire à des proportions d'arithmétique, à des prix de revient et de vente : nous concevons donc que cette masse de chiffres, avec laquelle chaque intérêt s'est présenté devant ses jucs, ait pu le trouver silencieux et muet. Mais, dans le conseil des ministres, où la question se tient dans sa sphère élevée; où il s'agit de la

défense maritime de la France, d'une pépinière de matelots franpais à perdre ou à conserver, de la puissance et de la force numérique de nos flottes, la voix de M. le ministre de la marine se fait entendre, nous ne pouvons en douter; et c'est placé à ce point de vue, que M. le vice-amiral de Rosaniel a constamment insisté pour un dégrèvement de 20 fr. en faveur du sucre colonial, et qu'il a plus contribué peut-être qu'aucun autre membre du cabinet à arrêter à i5 fr.-le chiffre d'abaissement qui menaçait de descendre à 10 fr.

M. Duchâtel, qui a assisté à toutes les séances du conseil supérieur de commerce, la première seule exceptée, a voté pour le dégrèvement ; il a voté également pour la légalité.de cette mesure par ordonnance.

Les autagonistes les plus ardents du dégrèvement et de la légalité d'une ordonnance, ont été al. le comte d'Argout, qui est resté fidèle jusqu'au dernier moment au drapeau de la ftscalitú.

et M. le comte de Cazes, sur qui de récentes collisions d'intêrêt politique avec le conseil général de la Gironde ont peut-être exercé plus d'influence encore que les arguments des adversaires du dégrèvement par ordonnance.

Un journal avait indirectement reproché à M. Laurence, délégué de l'ile Bourbon, de n'avoir pas assisté à l'enquête que la question des sucres a motivée devant le conseil supérieur de commerce. Un autre journal a cru que M. Laurence avait voulu suivre, en cela, un précédent du conseil de la délégation des colonies, et qu'il partageait l'opinion des personnes qui pensent, lorsqu'il s'agit de prononcer, même sur une question d'économie politique, qu'il y a incompatibilité entre le vote d'un député à la Chambre, et son avis préalablement donné, comme délégué d'unu

colonie, dans une enquête parlementaire ou extra-parlementaire.

C'était là une erreur; car c'est le conseil supérieur qui a décidé lui-même que les intéressés à la fabrication du sucre, fabricants de sucre indigène ou planteurs-colons, iraient seuls entendus par lui; c'est sa décision qui, seule, a exclu M. Laurence.

L'honorable délégué n'admet pas que sa mission de député lui efit interdit de donner au conseil, comme délégué, des renseignements qui pouvaient éclairer les recherches de cette assemblée et

iFcuillcton.

AalUœmJlLI DIS m&x* CHRONIQUE DU XIV' SIÈCLE.

Gund amour, grande folie.

1.

Une vivo agitation se faisait remarquer aux environs de la paroisse SaintBlnolt; la foule entourait une maison d'assez belle apparence, et l'on Il'alprêtait à en clore la porte, à la requête du prévôt .des marchands, avec six bandes de 1er et deux cadenas : tout à coup des cris retentirent dans l'iuterieur du logis ; la populace y répondit par un murmure sourd et confus.

Qui osera pénétrer dans cet asile de mort ? demanda un bourgeois à un de ses voisiua.

Ce ne sera certes pas moi, s'écria ce dernier en se signant; car le démon s'est emparé (tu logis et a ravi sur ses ailes les deux âmes ues pestiférés qui y sont trépassés.

Vraie maladie de Satan que la peste, dit un artisan ; messire le prévôt a bien raison de faire clore la porte de cette maison. Les sorcières y viendront balayer lu nuit, et Sahaotli tiendra la lanterne pour les éclairer.

Pendant ce colloque, les cris continuaient, mêlés de sanglots et de paroles entrecoupées.

Certainement il y a une créature humaine en ce logis, reprit le bourgeois, nommé maître Pierre Bluteau. Ça, voyons, camarades, à l'oeuvre 1 Qui est-ce qui veut m'aider?

En prononçant ces mots, il arracha le martel des mains d'un ouvrier, s'élança et appliqua sur la porte plusieurs coups violents qui la firent céder.

Pierre entra, mais seul, tant la terreur glaçait cette multitude de chrétiens pusillanimes.

Quel fut son étonnement à l'aspect d'une jeune et charmante fille de quatorze ans qui se précipita vers lui et tomba suppliante à ses pieds! Elle était vêtue de blanc, son voile de lin couvrait ses fins cheveux blonds. Pierre n'hésita pas à la saisir dans ses bras et à la porter jusqu'à la rue. Ce bel auge apparaissait comme une vision céleste ; la foule demeura stupéfiée.

- Grand Dieu 1 s'écria une vieille dévole en passant son long rosaire entre ses mains ridées; mais c'est, mon doux Jésus, la gente Catherine, la fille au trépassé. Je croyais qu'elle s'en était allée aux champs. En effet, chacun reconnut bientôt Catherine pour être l'unique enfant du sire et de la dame de Bray, qui venaient de succomber à t'atteinte de la peste.

Après s'être évanouie et avoir péniblement repris ses sens, la jeune fille se

dressa sur le hanc grossier où on l'avait assise : elle promena ses yeux sur la loule et frissonna de rencontrer tant de regards avides de la contempler.

Rien tôt le sentiment de la réalité lui revint: chaque coup de martel rctcntiRsait jusqu'au fond de son cœur. Vainement elle essaya d'élever sa voix suppliante : elle vit murer pour toujours la maison de ses ancêtres. Le curé de lit paroisse, qui avait été averti, prit l'urpheline sous sa digne protection et l'emmena en son IURis.

Le lendemain, selon la louable et ordinaire coutume, il raconta au prône ce triste événement, et demanda si nul homme de bien ne daignerait adopter Ca'herine. Pendant ce temps, la pauvre petite, agenouillée sur les dalles glacées, priait avec ferveur au bas de la chaire.

Un long silence succède à la parole de charité. Après quelques minutes d'attente, le cure répéta bt demande, mais d'une voix moins assurée. Quoi 1 pas un cri généreux ne s'élèvera du sein de cette assemblée qui a pourtant bien entendu l'appel évangéliqoe ; quoi ! personne n'aura un morceau de pain pour une fille noble de nom et de malheur 1 Enfin, une voix a répondu : tllDi! c'est la voix de Pierre UlutcRu. Le bon bourgeois iiI' fraie un passage ; le voici prés de Catherine, dont il saisit la petite main. La icullt fille leva sur son prolecteur ses yeux uoirs et timides;

puis, inclinant le front vers la main qui tenait la sienne, elle y posa ses lèvres roses en signe de reconnaissance. Son père aduptif l'entraîna au milieu des bénédictions de tous Ils fidèles et la conduisit chez lui au quartier SaintGtrvais.

Dame Yvette filait silencieusement son lin près d'une fenêtre aux vitraux de parchemin. A l'entrée de son mari, elle abandonna son fuseau et se mit à contempler avec un sourire l'eufant qu'on lui présentait et qu'elle était convenue d'adopter ; - Soyez bénie, ma toute belle ! et recevez le baiser d'une mère.

Catherine pleurait malgré sa joie ; car, à ce mot de mère, elle s'était rap.

pelé qu'elle ne verrait jamais plus la bieune.

II.

Le soleil venait de paraître ; il éclairait de ses premiers rayons la vaste cathédralc. Des roses effeuillées jonchaient l'enceinte, et de beaux valles de Heurs parfumaient le sanctuaire: Agenouillée sur les marches d'un autel latéral, une jeune fille priait et suivait l'office avec ferveur. L'apparition d'un jeune homme sembla la troubler. Il s'assit près d'elle ; c'est alors qu'au milieu des cantiques sacrcs, il osa murmurer quelques mots d'amour.

- Catherine, lui dit-il, que vous êtes belle ainsi ! on vous prendrait pour une sainte en prière.

Catherine ramena son voile sur son visage, et ne répondit rien.

- Oh ! je vous aime, je vous aime tant 1 Ayez pitié de moi: - Ne roiigisscE-vous pas, Julien, dit à voix bae la demoiselle de Bray, d'oser ainsi profaner ce saint lieu par des paroles sacrilèges? Sortez, de gfce, ou taisez-vous.

Ni l'un ni l'autre.

Alors, reprit-elle d'un air résigné, c'est à moi de vous céder la place.

- - el - - - -

.t eue voulut solaire jour a travers la foule. Mais Julien, repoussant'd'uue main les fidèles, prit de t'a être celle de la gente fille, qu'il entraîna de force jusque sous le porche ; là, il lui dit d'une voix passionnée : Maintenant votre main est libre, mais je vous suivrai jusqu'au logis.

Malheur il qui voudrait m'en empêcher.

Elle marchait rapidement, poursuivie par les paroles de cet homme impétueux, l'entendant respirer avec force, prier, menacer, conjurei. En lin