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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1838-12-30

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 30 décembre 1838

Description : 1838/12/30 (N108).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362850v

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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Paris, 29 décembre. La discussion de l'adresse a déjà commencé à la Chambre des pairs. Le paragraphe du projet qui concerne les colonies est ainsi conçu : « Nous examinerons avec une impartiale sollicitude les dispositions relatives à la situation de nos colonies et aux besoins de notre navigation, qui nous seront proposées par l'ordre de Votre Majesté. Nous nous efforcerons de concilier les intérêts divers engagés dans ces graves questions. -

Malgré le vague de la dernière phrase de ce paragraphe, il est assurément très-significatif, quand on le compare à l'attitude hostile que l'opinion conservait avec tant d'opiniâtreté à l'égard des colonies. On comprend eniin à la Chambre des pairs, comme dans le pays, toute la gravité de la question dont la détresse des colonies et de nos ports de mer a rendu la solution nécessaire. On commence à entrevoir que la prospérité de la marine et du commerce français y est essentiellement intéressée; on comprend la nécessité de substituer aux préjugés irréfléchis, aux déclamations creuses, l'impartiale sollicitude que réclame un grand intérêt national.

Le projet d'adresse de la Chambre des députés n'est pas encore sorti de la discussion des bureaux; mais il est probable qu'elle suivra l'exemple qui vient de lui être donné, et qu'elle ne sera pas à ce point hostile aux intérêts du pays, d'emprunter le langage de la passion dans une question qui demande avant tout de là modération et du calme, et de se montrer disposée à sacrifier notre commerce, déjà si peu prospère, à d'injustes préventions et à d'aveugles ressentiments.

La manière dont le pouvoir législatif paraît disposé à envisager la question des sucres est assurément la preuve qu'elle a été traitée avec intelligence et pénétration dans les derniers numéros de la Revue. Il n'y a rien au monde de plus péremptoire que des chiffres et des faits. Démontrer que dans le mouvement actuel de la politique des Etats européens, l'influence d'une nation se mesure à la prospérité de son commerce, à l'étendue et à la fermeté de ses relations ; que les colonies occupent à elles seules la moitié de notre marine; qu'elles offrent à nos produits des débouchés précieux, et qu'en les sacrifiant, ce serait abandonner la prépondérance dont la France est depuis des siècles en possession, n'est-ce pas avoir tout prouvé, et avoir pris la meilleure voie pour tout obtenir? Et si dans cet état de l'opinion, dans cette sollicitude impartiale du pouvoir législatif, des commissaires spéciaux introduits dans les Chambres pouvaient donner à chaque instant des renseignements et des explications, la victoire des colonies ne serait-elle pas assurée?

Si nous faisons ces rapprochements, ce n'est pas assurément un petit triomphe d'amour-propre que nous recherchons ; mais ce que nous avons à cœur de prouver aux colonies, c'est que, si nous comprenons leurs intérêts et si nous les défendons avec quelque succès, les conseils que notre présence sur le terrain même de la lutte nous force de leur donner, et qui peuvent être quelquefois en opposition avec des idées et des vœux dont nous ne contestons que l'opportunité, ces conseils, personne n'en saurait douter, nous seront toujours inspirés par les nécessités présenter, et n'auront jamais pour but que le plus grand bien des colonies, dont nous - sommes bien décidés à servir les intérêts, quand même!

Ainsi, nous croyons qu'il y aurait imprudence en ce moment à soulever des questions en dehors de celles dont la discussion va commencer dans les Chambres. Quand ces questions viendront à leur instant propice, nous soutiendrons les intérêts des colonies comme nous tes défendons aujourd'hui, avec zèle, avec persévérance. Mais il faut que cet instant soit arrivé, et ce n'est pas au moment où le salut des colonies dépend en quelque sorte de l'intervention des ports de mer. qu'il serait prudent de manifester des vœux qui

pourraient être en opposition avec les leurs. Nous croyons que, sous certains rapports, une mesure qui aurait pour but d'assimiler les colonies aux départements français, de leur accorder la liberté du commerce, de refondre en entier le système des douanes pour ce qui concerne leurs produits, pourrait être soutenue avec succès; mais nous pensons en même temps qu'on ne soulèverait point aujourd'hui ces prétentions sans quelque danser.

Supposons en effet qu'une manifestation de cette nature soit faite en ce moment dans une de nos colonies, et qu'en s'abandonnant sans réllexion à un sentiment de patriotisme local, fort naturel sans doute, mais aussi fort imprudent à cette heure, on ne se jette brusquement dans une voie qui aurait pour résultat d'eugager les colonies et de compliquer les questions où leur avenir est déjà engagé. Supposons encore que ces manifestations publiques, réalisées en pétition, arrivent à Paris au moment où la discussion du-dégrèvemeot et de la proposition Passy réclamera toutes les facultés des défenseurs des colonies; qu'en résultera-t-il pour celles-ci ?ll en résultera que leurs ;ennemis s'en feront une arme contre elles, surtout pour tout ce qui aura rapport à l'émancipation.

Il en résultera surtout que l'on paralysera les efforts et le bon vouloir des délégués des ports de mer, dont le zèle et le concours sont d'une si grande importance pour le succès de la cause coloniale, et qui éprouveraient au moins du découragement s'ils voyaient les colonies s'efforcer avec persistance de rompre leurs relations avec les- ports dont les intérêts, il faut le dire, sont plus ménagés par le gouverne-

ment que ceux des colonies. Ce serait donc se priver; de gaieté de cœur, en agissant ainsi, du point d'appui très-asentiel près des Chambres, de l'opinion publique.

Nous ne saurions donc recommander à nos amis trop de circons pection sur tout ce qui peut compliquer en ce moment les questions à l'ordre du jour, dont la solution doit concentrer exclusivement leurs démarches publiques et leurs efforts particuliers. C'est le conseil le plus utileque nousapuissions leur donner.Nousespérons qu'il arrivera encore à temps, sinon partout, du moins à l'immense majorité de nos lecteurs.

QUESTION DES SUCRES.

Tout annonce que la discussion sur la question des sucres sera soutenue de part et d'autre avec la plus grande vivacité.

Les fabricants de sucre indigène, tout en remplissant l'air de leurs cris de détresse et de leurs lamentations, ne restent pas dans l'inaction. L'Echo du Nord annonce que cinquante fabricants se sont réunis dimanche à Lille et ont nommé det délégués qui doivent se rendre à Paris.

Un de MAI. les déléguésae ia commission aes sucres ecrit, en date du 20, à ses commettants du Havre : « Nous avons eu ce matin une première entrevue avec M. le ministre du commerce qui recevait, au, moment même où nous lui avons été présentés, le rapport de M. d'Argout sur la question du rendement. Ce retard aura peut-être quelque influence sur la présentation du projet de loi; cependant le ministre nous a promis de faire ce qui dépendra de lui pour le présenter lundi prochain. Dans tous les cas, la présentation du projetaura lieu le lendemain même duvotede ! l'adresse. Le rendement, au reste, paraît devoir être abaissé.

La commission de législation coloniale au ministère de la marine a arrêté les bases de la rédaction d'un projet de loi qui établit l'expropriation forcée dans les colonies françaises.

Une lettre que nous recevons de la Pointe-à-Pître, en date du 8 novembrè dernier, nous annonce que le conseil colo- niai de la Guadeloupe était convoqué pour le iLS du même mois. Le but de cette convocation était de consulter le con- seil sur le rapport de M. de Rémusat, et de nommer un délé* gué en remplacement de M. Dufaure. MM. Patrou, Poirié, Saint- V éran, Portier et Chazelles se présentaient coinme candidats.

Nous avons des nouvelles de la Martinique jusqu'au xo novembre. Le conseil colonial venait de terminer sa ses-

FnuUctcn.

OerEOD, L'ARCHER.

Chronique des bords du Rhin.

Vers la fin de l'année 1140, par line nuit froide mais encore belle de l'automne, un cavalier suivait le chemin étroit quieôloie la rive gauche du llhin.

On aurait pu croire, attendu l'heure avancée et le pas rapide qu'il avait fait prendre à son cheval, si fatigue qu'il fut de la longue journée déjà faite, qu'il allait s'arrêter au moins pendant quelques heures dans la petite ville 'Oberwinter, dans laquelle il venait d'entrer; mais, an contraire, il s'engagea du même pas et en homme à qui elles sont familières au milieu des rues étroites et tortueuses qui pouvaient abréger de quelques minutes son chemin, et repartit bientôt de l'autre côté de la ville et sortant par la porte opposée à celle par laquelle il était entré. Comme, au'moment où l'on baissait la herse derrière lui, la lune, voilée jusque-là, venait justement d'entrer dans 110 espace pur et brillant comme un lac paisible, au milieu de cette mer de nuages, qui roulait au ciel ses Ilots fantastiques, nous profilerons de ce rayon fugitif pour jeter un coup d'oeil rapide sur le nocturne voyageur.

C'était un homme de quarante-huit à cinquante ans, de moyenne taille, mais aux formes athlétiques et carrées, et qui semblait, tant ses mouvements étaient en harmonie avec ceux de son cheval, avoir été taillé dans le même bloc de rocltc. Comme on était en pays ami et par conséquent éloigné de tout danger, il avait accroche son casque à l'arçon de la selle, et n'avait pour garantir sa tête de l'air humide de la nuit qu'un petit capuchon de mailles doublé de drap, qui, lorsque le casque était en sun lieu ordinaire, retombait en pointe entre les deux épaules. Il est vrai qu'une longue et épaisse chevelure qui commençait à grisonner rendait à son maUre le même service qu'aurait pu faire la coinurc la plus confortable, enfermant en outre, comme dans son cadre naturel, sa figure à la fois grave et paisible comme celle d'un lion. Quant à sa qualité, ce n'cfat été un secret que pour le peu de personnes qui à cette époque ignoraient la langue héraldique, car,

en jetant les yeux sur son casque, on en voyait sortir à travers une couronne de comte qui en formait le cimier, uu bras nu tenant une epée nue, tandis que de l'autre côté de la selle, brillaient sur fond de gueules, au bouclier attaché en regard, tes trois étoiles d'or posées deux et une de la maison de llonibourg, l'une des plus vieilles et des plus considérées de toute l'Allemagne. Maintenant, si l'on veut en savoir davantage sur le personnage que nous venons de mettre en scène, nous ajouterons que le comte Karl arrivait de Flandre, oiiiLétait allé, sur l'ordre de l'empereur Louis Vde liavière, prêter le secours de sa vaillante épée à Edouard lit d'Angleterre, nommé dixluiit mots auparavant vicaire général de l'Empire, lequel, grftce aux trêves d'un an qu'il venait de signer avec Philippe de Valois par l'intercession de madame Jeanne, sœur du roi de France et mère du comte de Hainaut, lui avait rendu momentanément sa liberté.

Parvenu à la hauteur du petit village de Mclhem, le voyageur quitta la route qu'il avait suivie depuis Coblentz, pour prendre un sentier qui entrait directement dans tes terres. Un instant le cheval et le cavalier s'enfoncèrent dans un ravin, puis bientôt reparurent de l'autre côté, suivant à travers la plaine un chemin qu'ils semblaient bien connaître tous deux. En eiret, au bout de cinq minutes de marche le cheval releva la tête et hennit plusieurs fois comme pour annoncer son arrivée, et cette fuis, sans que son maître eut besoin de l'exciter ui de la parole ni de l'éperon, il redoubla d'ardeur, si bien qu'au boutd'un instant ils laissèrent dans l'ombre a leur gauche le petit village de Godosberg perdu dans un massif d'arbres, et quittant le chemin qui conduit de Holandseck à Bone, en prenant une seconde fois à gauche, ils s'avancèrent directement vers le château situé au haut d'une colline, et qui porte le même nom que la ville, suit qu'il l'ait reçu d'elle, soit qu'il le lui ait donné.

Il était des lors évident que le château de Godcsbcrg était le but de la rente du comte Karl, mais ce qui était plus sûr encore, c'est qu'il allait arriver au lieu de sa destination au milieu d'une l'été. A mesure qu'il gravissait le chemin en aphatc, qui partait du bas de la montagne et aboutissait à la grande porte, il voyait chaque façade à son tour jetant de la lumière par toutes ses fenfitres ; puis derrière les tentures, chaudement éclairées, se mouvoir des ombres nombreuses dessinant des groupes variés. Il n'en continua pas moins sa route, quoiqu'il eût été facile de juger au léger froncement de ses sourcils qu'il eût préféré tomber au milieu de l'intimité de la famille que dans le tumulte d'une fête, de sorte que quelques minutes après il francbissait la porte du château.

La cour était pleine d'écuyers, de valets, de chevaux et de litières, car,

ainsi que nous l'avons dit, il y avait fête à Godesberg. Aussi il peine le comte Karl eut-il mis pied à terre, qu'une troupe de valets et de serviteurs se présenta pour s'emparer de son cheval, et le conduire dans les écuries. Mais le chevalier ne se séparait pas hi facilement de son fidèle compagnon : aussi n'eu voulut-il confier la galele à personne, et le prenant lui-même par la bride, le conduisit-il dans une écurie isolée, oii l'on mettait les propres chevaux du landgrave de Godesberg. Les valets, quoique étonnés de cette hardiesse, le laissèrent faire, car le chevalier avait agi avec une telle assurance, qu'il leur avait inspiré cette conviction qu'il avait le droit de faire Lorsque IIans, c'était le nom que le comte donnait à son chevalt eut état ; attaché à l'une des places vacantes, que sa litière eut été confortablemenï garnie du paille, son auge d'avoine et son ratetier de foin, le chevalier songea alors à lui-inême, et après avoir fait quelques caresses encore a" noble animal, Jqui interrompit son repas déjà commencé, pour répondre par un hennissement, il s'achemina vers le grand escalier, et malgré l'encombrement formé dans toutes les voies par les pages et les écuyers, il parvint jusqu'aux appartements où se trouvait réunie pour le moment toute la noblesse des environs.

Le comte Kart s'arrêta un instant à l'une des portes du salon principal pour jeter un coup d'œil sur l'cnsemblt: le plus brillant de 1. fête. Elle était animée et bruyante,' toute bariolée de jeunes gens vêtus de veloura et de nobles dames aux robes blasonnées; et parmi ces jeunes gens et ces nobles dames, le plus beau jeune homme était Othon, et la plus belle châtelaine madame Emma, l'un lefils et l'autre la femme du landgrave Ludwigde Godesberg, seigneur du châtean et frère d'armes du bon chevalier qui venait d'arriver.

Au reste, l'apparition de celui-ci avait fait son effet : seul, ail milieu de tous les invités, il apparaissait, comme Wilhelm à Lenore, tout couvert encore de son armure de bataille dont l'acier sombre contrastait étrangement avec les couleurs joyeuses et vives dn velours et de la soie. Aussi tous les yeux se tournèrent-ils aussitôt dû son côté, à l'exception cependant de ceux du -«omte Ludwig, qui, debout à la porte opposée, paraissait plongé dans une préoccupation si profonde, que ses regards ne changèrent puis un instant de direction. Karl reconnut son vieil ami, et sans s'inquiéter autrement de la chose qui le préoccupait, il fit le tour par les appartements voisins, et après une lutte acharnée mais victorieuse avec la foule, il atteignit cette chambre reculée, à l'une des portes de laquelle il aperçut en entrant par l'autre le comte Ludwig n'ayant point changé d'attitude et toujours wotnbte et debout.