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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1838-12-23

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 23 décembre 1838

Description : 1838/12/23 (N107).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63628496

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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Paris, 22 décembre.

L'ouverture des Chambres a eu lieu lundi dernier 17 déccrnhre.

Dès huit heures, la cour d'honneur de la Chambre des députés a été occupée par une compagnie d'un régiment de litrne et par une compagnie de la garde municipale à pied.

Des pelotons, composés d'une quarantaine d hommes fournis par chaque légion de la garde nationale, ont été postés de distance en distance sur la route que le cortège devait parcourir.

A une heure, une salve d'artillerie, tiree de 1 Esplanade des Invalides, a annoncé le départ du roi, qui est sorti par Je guichet du Pont-Royal. Il était escorté d'un détachement de la garde nationale à cheval et d'un détachement de liussards.

Le roi est arrivé à une heure et demie dans la salle des séances, et a pris place au fauteuil, ayant à sa droite Mgr. le duc d'Orléans, à sa gauche le duc d'Aumale, et derrière lui son état-major et les officiers de sa maison. Après avoir salué l'assemblée et s'être couvert, le roi a prononcé le discours que nous donnons plus bas.

Ce que remarqueront principalement nos lecteurs dans ce discours, c'est le paragraphe qui concerne les colonies. Le gouvernement y prend l'engagement de présenter à la Chambre, dès le début de la session, des dispositions relatives à la situation des colonies et aux besoins de la navigation. Ces questions, en effet, sont étroitement liées entre - - '1'

elles, Renoncer aux colonies ce serait renoncer a la plus belle moitié de notre marine, et priver, par conséquent, la France de la prépondérance qu'elle est accoutumée d avoir en Europe. C est sur ce terrain que la Revue dit XIXe siècle vient dans son numéro d aujourd hui de poser la question, en attendant que le projet soit soumis à la Chambre. Montrer que la prospérité de la métropole est subordonnée à la pro.spérité de ses possessions d'outre-mer, c'est, nous le croyons, le meilleur et peut - être le seul moyen d'être utile à celles ci.

Voici le discours de la couronne:

« Messieurs les pairs, Messieurs les députés ; » Depuis votre dernière session, la prospérité de la France n'a fait que s'accroître, le repos dont elle jouit n'a fait que s'affermir.

» Il m'est doux, en me retrouvant au milieu de vous, de n'avoir à réclamer votre concours que pour améliorer encore un état général si favorable.

» Mes rapports avec les puissances étrangères sont toujours aussi satisfaisants; la France occupe le rang qui lui appartient dans l'estime de ses alliés et dans celle du monde entier.

»> Les conférences ont été reprises à Londres sur les affaires de la Belgique et de la Hollande. Je ne doute pas qu'elles n'aient une issue prochaine et pacifique en donnant

à l'indépendance de la Belgique et au repos de l'Europe une nouvelle garantie.

111 En Italie, les troupes autrichiennes sont sorties des États romains. Conformément à la convention faite avec le saint Siège, nos troupes ont évacué Ancône. L'occupation militaire a cessé dans des États dont l'indépendance intéresse la France à un haut degré.

» L'Espagne est toujours en proie aux meme"déchirements, aux mêmes malheurs. Nous continuons d'exécuter avec nos alliés toutes les clauses du traité de la quadruple alliance. Le gouvernement de la reine régente n'a cessé de recevoir de nous, non-seulement les secours auxquels les traités nous obligent, mais encore tout l'appui que l'intérêt de la France nous permettait de lui donner.

» J'èspère que nos différends avec le Mexique et la répu-Iblique Argentine touchent à leur terme. De nouvelles forces navales, parties récemment de nos ports, sont en ce moment devant la V éra-Cruz, et vont obtenir du gouvernement mexicain la justice et la protection que notre commerce réclame depuis si longtemps. , 1 » En Afrique, Messieurs, la persévérance de nos sacrifices trouve sa récompense. Le tableau qui sera mis sous vos yeux

vous prouvera que votre confiance dans les vues I de mon gouvernement n'a pas été trompée. La paix n'a pas été interrompue cette année ; notre position s'affermit et s'améliore tous les jours.

» Dans les provinces de Constantine et d'Alger, des opérations dirigées avec habileté et prudence ont donné à nos établissements les extensions de territoire dont leur sécurité ou leur prospérité ne pouvait se passer. Partout les indigènes respectent l'autorité de la France, et obéissent sans hésitation à une administration régulière et équitable. La création de l'évêché d'Alger est un nouveau gage de stabilité de notre possession.

» L'état de nos finances est de plus en plus prospère. L'accroissement progressif et constant du revenu public atteste l'heureux développement de la richesse nationale et le

bien-être dont jouissent toutes les classes de la population.

Quelques intérêts, il est vrai, sont en souffrance, et réclament toute l'attention de mon gouvernement. Il vous sera présenté, dès: le débu tlde vos travaux, des dispositionsrelati ves à la situation de nos colonies et aux besoins de notre navigation.

» Vous aurez aussi à vous occuper de divers projets de ici

ayant pour but de satisfaire au vœu de la Charte, de pertectionner la législation générale, et d'introduire des améliora- tions dans diverses branches de l'administration publique.

» Messieurs, mon cœur est encore ému des témoignages que j'ai reçus de la France entière, lors d'un événement qui a comblé tous mes vœux. La naissance du comte de Paris était la plus grande consolation que le Ciel pût m'accorder.

» Mon petit-fils sera élevé, comme l'a été son père, dans le respect de nos institutions, et dans ce dévouement à la France dont ma famille tout entière ne cessera de lui donner l'exemple. J'ai désiré qu'une circonstance solennelle vous

réunît autour de son berceau, et que la religion bénit, au milieu de vous, cet enfant qui appartient tout entier à la patrie.

» Messieurs, lrétat florissant de notre pays, dont je me suis félicité avec vous, est dû au concours si constant que les Chambres m'ont prête depuis huit ans, et au parfait accord des grands pouvoirs de 1 État. K oublions pas que là est notre force.

» Puisse cet accord devenir tous les jours plus complet et plus inaltérable ; puisse le jeu de nos institutions, libre et régulier tout à la fois, prouver au monde que la monarchie constitutionnelle peut réunir aux bienfaits de lajibcrté la stabilité qui fait la force des États. -

QUESTION DES SUCRES.

La Chambre de commerce de Rouen n'a pas voulu rester inactive au milieu des graves intérêts qui vont s'agiter à Paris, au sujet de la révision du tarif des droits d'entrée sur le sucre de nos colonies ; nous apprenons que dans une de ses dernières réunions elle a nommé une commission qu'elle a chargée de représenter le commerce rouennais, et d'être l'interprète de ses besoins auprès du gouvernement et des Chambres.

Cette commission, qui s'entendra avec MM. les députés sur l'époque où sa présence à Paris sera nécessaire, se compose de MM. Bouctot, président; Rondeaux-Pouchet, Jame.

Levavasseur, et P. Dieusy fils.

Les fabricants de sucre indigène continuent de donner les signes d'une vive inquiétude et cherchent à se prémunir contre les effets de la loi de dégrèvement que le gouvernement doit présenter aux Chambres. Le comité de Valenciennes vient de demander, dit-on, que l'industrie sucrière soit mise en liquidation au moyen d'une indemnité. Il paraît que M. le ministre des finances a déjà manifesté la Imêmo opiniom

Il parait que les fabricants de sucre indigène, dans leurs entatives pour se soustraire à l'application de la loi du 18 juillet 1837, ne trouveront pas grande sympathie dan, les tribunaux. On sait qu'aux termes de cette loi (art. ier) il doit être perçu, par la régie des contributions indirectes" sur les sucres indigènes, un droit en principal de 10 fr. par 100 kit de sucre brut.

D'après l'art. 3, la perception de cet impôt doit s'effectuer par la voie de l'exercice, au lieu même de la fabrication. L'article ajoute : « Des ordonnances royales, rendues dans la forme de règlements d'administration publique, détermineront le mode de cette perception. D Ces règlements devaient être convertis en loi dans la session de 1838; mais le gouvernement obtint des Chambres une loi en un article qui prorogea d'un an l'obligation imposée aux ministres.

iFeuillcton.

Ma ©'un tarais wmmtl Fantaisie britannique.

Je suis décède le 1.' avril 1823, et si le lecteur vent se rendre à l'église paroissiale clc Smitluin et demander au sacristain la permission de pénétrer dans la travie gauche, il apercevra te banc clcstillè à ma famille. C'est Iii.

sous ce banc même, qu'est ia sépulture des Smilh, c'est la que reposent aujourd'hui nies dépouilles mortelles. A la place oit j'avais coutume de m'asseoir tous [es dimanches, un visiteur curieux pourra voir, adossé à Illlllnraillc., un monument fort beau en marbre blanc : une femme y est représentée dans l'attitude df: la doulcur et les yeux baignés de larmes. Sa tête est penchée sur une urne, et sur cette urne on lit l'inscription suivante : « Monument à la mémoire d'Antoine Smith, écuycr de Smithon-llall. Ce lb monument lui a été érigé par sa veuve inconsolable..

Il est nécessaire maintenant que je mette le lecteur au courant de ma destinée terrestre. Né dans cette classe respectable de la société dont les membres ont droit au titre de gent.'çm.m, la passiou do ma vie avait etc d'acqué-

rir de la popularité; grftce à ma fortune et au rang de ma famille, j'étais parvenu au but de tous mes eUOurtso Je jouissais d'une popularité incontlstahlt dans les assemblées du comté, au milieu de mes convives et parmi les panvres de ma paroisse, et ce n'était jamais qu'avec des actions de grâces et des louanges (laiteuses qu'on prononçait mon nom. Ma femme m'adorait ; on ne doit donc pas s'étonner qu'à ma mort elle ait voulu qu'un marbre solide et durable la représentât dans l'attitude d'une veuve inconsolable.

Pendant ma vie, je m'étais étudié à plaire à tout le monde; mes paroles

n'avaient eu qu un but, celui de me concilier l'affection de tous ; mes actions qu'un résultat, celui d'être utile. J'avais pris note à part moi des besoins et des désirs de ceux qui m'entouraient, et je fis mes dernières dispositions de manière à ce que tous mes légataires ne pussent prononcer mon nom qu'avec des larmes de reconnaissance et de regrets.

Jusqu'à présent, mon récit s'est renferme dans le cercle des 'possibilités de la vie réelle; ce que j'ai maintenant à ajouter pourra paraître plus extraordinaire. Je n'avais pas seulement un violent désir de me survivre à moi-même, en acquérant une certaine portion de cette gloire; je voulais voir couler les larmes qu'on devait répandre sur mon cercueil ; je voulais

voir les regrets et les sanglots qui allaient remplir les lieux où j'avais vécu. Mais comment obtenir ce privilège r J'avais lu Frankestein, et je n'ignorais pas à quels résultats 'mervdlleux et surnaturels certains mortels étaient parvenus. Je voulait assister à mes propres funérailles, compter les voitures de deuil qui accompagnerait'nt mes restes à leur dernière demeure et lire de mes YtuJl l'articll nécrologique consacré à'ma mémoire dans le journal du comté. Je parvins à mon but.

j'accoulplis toutes ces choses et plus encore ; mais je ne conseillerais à personne, fût-ce même le gentleman le plus généralement admiré et le plus généralement aiu:é, d'imiter mon exemple. Par quel art diabolique, par quels charmes, par quelles conjurations arrivai-je là f Je ne puis le dire, mais qu'il me suffise de répéter que je parvins au but de mes désirs. En outre de cette faculté de voir mes propres funérailles, je ptit jouir par deux

l'ois encore dans la suite du bonheur de rendre visite à ceux que je laissais derrière moi.

Ma première cxcurs on hors de la tombe est la partie la plus agréable de mes souvenirs post mortim, et jusqu'à un certain point ma soif de popularité posthume y fut satisfaite. Cette excursion eut lieu un mois après mon décès.

Ma maison, ou plutôt la maison qui m'avait appartenu, avait une assez triste apparence : on n'y voyait pas d'étranger, on n'y entendait ni musique ni joyeuses acclamations ; les domestiques étaient en grand denil ; et l'on pouvait contcmplNun bel écus.son noirsur la porte. Ma femme,ou plutôt ma veuve, était dans l'attitude d'une :douteur proronde ; ses vêtements étaient à la dernière mode d'un grand deuil ; elle était couverte de crêpe de la tète aux pieds, et poussait les plus profonds soupirs ; l'intensité de sa douleur était réellement satisfaisante; "on bonnet était très-consciencieusement laid. et

pas une seule boucle de ses cheveux se laissait voir sursonfront; et il y avait dans sa main droite un mouchoir; sa maingauche tenait un flacon d'easence, et dans son œil brillait une larme. Elle était enfermée avec un monsieur qui ne pouvait éveiller aucun sentiment jaloux dans le cœur d'un mari défunt: c'était un entrepreneur de monuments funéraires; elle lui donnait des ordres au sujet de mon monumfnt.

Elle fut interrompue par une marchande de modes à laquelle elle commanda un manteau de velours noir garni d'hermine, ajoutaot qu'aucuno dépense ne devait être épargnée dans la confection de ce manteau. « Hélas I ce vêtement de ma veuve sera bien chaud, pensai-je, tandis que celui qui me recouvre est bien froid 1. Puis la marchande de modes lui montra pour la distraire les robes de noces qu'elle allait porter à miss Joncs.

Ce fut avec un regard distrait et d'un air aphatique, je le pensais dn moins, que In veuve jeta les yeux sur la hlonde, le satin, et sur les plumes blanches qu'on lui montrait. Puis tout à coup elle l'écri. : « Je ne puis pas. non, je ne puis pas en porter ! > Et se couvrant la figuis de son mouchoir, elle se mit à sangloter plus fort qu'aaparavant.

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