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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1838-12-16

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 16 décembre 1838

Description : 1838/12/16 (N106).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362848s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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Paris, 15 décembre.

Les bruits de remaniement du ministère ont cessé de circuler depuis notre dernier numéro. Le cabinet semble décidé à paraître tel qu'il est devant les Chambres. Nous nous en félicitons dans l'intérêt des colonies; car celles-ci n'auraient assurément rien à gagner dans un changement de ministère, et la retraite d'un seul des membres du cabinet pouvait entraîner la dissolution du cabinet tout entiel'.

C'est aussi probablement pour cette raison que ceux des mi.nistres nui devaient se retirer sont restés à leur poste.

La Chambre est, comme on sait, convoquée pour le 17 de ce mois; mais les travaux préparatoires de la session reculeront la discussion de l'adresse jusqu'à la fin du mois, et * même jusqu'aux premiers jours du mois de janvier. Puisque le ministère reste, c'est pour nous une preuve qu'il compte sur la majorité dans le débat de l'adresse; car nous ne comprendrions pas qu'il affrontât cette terrible lutte sans être sûr auparavant de n'y pas succomber. La coalition qui marche contre lui sous un drapeau commun est assurément redoutable et l'enferille dans ses rangs des hommes dont l'influence e., t puissante sur la Chambre ; mais c'est au fond une armée sans discipline et qui peut se débander au premier choc. Si le ministère tombe, nous ne croyons pas que cette chute ait lieu à la discussion de l'adresse. La question des chemins de fer et cel le de la conversion des rentes nous paraissent des

écueils bien plus menaçants pour lui.

Malheureusement les questions IJolitiques absorbent les méditations des Chambres ; et lorsque viendra la discussion du dégrèvement, nous craignons qu'on ne l'aborde avec cette légèreté qui tant de fois a sacrifié des intérêts réels, parce qu'ils étaient mal étudiés et mal compris. C'est aussi pour cette raison que nous ne cesserons de demander l'introduction dans la Chambre de commissaires spéciaux, capables de lui donner les renseignements précis qu'elle aurait négligé de chercher eile-même. En attendant que les circonstances permettent aux colonies de demander la représentation dont elles eurent autrefois le bénèfice, comme toutes les autres portions du territoire français, nous croyons que c'est le privilége (lui peut leur être le plus utile et qu'elles doivent le plus désirer en ce moment.

Il y a longtemps que nous avons la conviction que les colonies devront en paitie leur salut à l'appui du commerce et de nos ports de nier. Si leurs intérêts s'étaient présentés isolés à la Chambre, elles auraient triomphé difficilement des préjugés de toute sorte que la haine persévérante et te-

nace des philanthropes et des abolitionnistes avait amassés contre elle: mais lorsque le pays a pressenti que la cause de nos possessions d'outre-mer était celle de la nuirine et du commerce français tout entier ; que la perturbation des colonies amenait le désordre et la ruine dans nos manufactures et nos ports de mer, la question a changé de face, et si dans ce moment la légèreté avec laquelle on traitait jadis les colonies a fait place, nous ne dirons pas encore à la sympathie, mais à la réflexion et à une certaine bonne foi qui ne demande qu'à être éclairée, c'est sans contredit à l'intervention du commerce qu'est en partie due cette attitude inaccoutumée

de l'opinion.

Cette intervention devient de plus en plus active, à mesure que le moment de la discussion approche. Depuis notre dernier numéro, la commission des sucres établie à Bordeaux a nommé pour ses délégués à Paris, MM. Fonfrède, Lucien Faureet Stéphan Bertill. Ces représentants doivent se rendre à Paris avant l'ouverture des Chambres, pour solliciter, de concert avec les délégués des autres ports de mer, la présentation immédiate de la loi de dégrèvement sur les sucres coloniaux.

Le commerce de Nantes vient d'adresser, de son côté, une pétition aux deux Chambres, pour réclamer le dégrèvement.

Il fait un tableau de tous les intérêts engagés dans la question des sucres ; il insiste avec force sur la position malheureuse de la navigation. Nous citerons le passage suivant qui nous paraît devoir surtout fixer l'attention du gouvernement et des Chambres :

Un document officiel d'une haute importance vient d'être public par 1'aduiinislration': le tableau du commerce décennal de 1817» 1856, qui oifle de tristes enseignements; il démontre que, :dans son CODlmerce, la France n'a chez elle-même que 3j4,ooo tonneaux de. navigation, contre 645,000 tonneaux de navigation étrangère, tandis que la Grande-Bretagne a a millions 3oo mille tonneanx de navigation natinnate, contre 780 mille tonneaux étrangers, et que les Etats-Unis ont i million 3o mille tonneaux de navigation nationale, contre 56o mille tonneaux de navigation étrangère.

9 Laiscrez-volls la marine de France, autrefois si puissante, s'affaiblir journellement, et céder tes ports même de France au mouvement commercial des puissances étrangères ? Nous ne pouvons pns le craindre, et c'est au nom de l'honneur de la France, c'est au nom de ses intérêts les plus importants, c'est au nom de la justice, c'est au nom de la Charte, que nous venons vous demander de faire cesser sans retard l'inégalité qui existe entre le sucre indigène -et le sucre exotique, principal aliment du commerce marititaie. a

Les fabricants de sucre indigène du Pas-de-Calais viennent aussi d'adresser au président du conseil des ministres, une pétition dont nous croyons utile d'extraire quelques passages. Il ne faut pas sans doute prendre à la lettre les plaintes évidemment exagérées qu'ils font entendre, mais leurs alarmes n'en sont pas moins très-réelles au fond, et elles mon-

treront aux colonies le pas immense que leur cause a déjà fait dans l'opinion.

e Monsieur le ministre, » La bonne Foi d'une grande partie des fabricants de sucre indigène les avait amenés à accepter l'impôt, même sous la forme vexatoire de l'exercice, espérant que ce serait un litre incontestable à la protection du gouvernement, qui l'insinuait ainsi; mais chez ceux-là, l'illusion a fait place à la prévision, et tous les fabricants maintenant attendent avec anxiété la crise désastreuse qu'lin prépare à leur industrie.

e A la vérité le gouvernement n'avait-il pas, par plusieurs de ses membres, protellté de sa bienveillance pour l'indllstrie sucrière, en ce que cette industrie devait atudittrer, et le sol, et l'etat amigeant de la classe ouvrière?

e Ne nous disait-on pas que, dans la lutte engagée, la sympathie était pour nous, et que, dans la nécessité d'un sacrifie»-., Ta mère-patrie n'avait rien

à redouter?

» Maintenant, pour qui est la déception ? Le conseil supérieur dn commerce, composé, en grande majorité, des hommes des ports, du haut commerce, des douanes, de la banque intéressée dans la question, et peut-être d'hommes rétribués par les colons, ne présentait, pour la défense d'intérêts qui sont ceux de 3o millions d'habitants, qu'une faible majorité en nombre, qui a dû succomber, malgré sa bonne volonté, et c'était encore là le beau de notre affaire ; car l'administration, au lieu de 12 fr. de dégrèvement, réclamé parle conseil supérieur, se propose d'en demander i5! Est-ce ainsi que s'enten d la protection r -

- 9 Un ministre a dit que notre tnduttrie était précaire, opposée aux intirts politiques et financiers'de la Franco, qu'elle était une calamité pour le pays, te qu il fallait en ict rct '.drc le d. voloppemc-ne. Ce serait donc là la mise il exécution de cette falulc pensée, qui ne peut être la vôtre, monsieur le ministre 1 - Ecartés des services que nous pouvions rendre au pays et traités en ennemis du bien pubii, ne summes-uous pas autorisés, lorsque l'on doit accorder le dégrèvement aux colonies, à demander, pour compensation, l'abrogation de la loi de l'impôt volée à une majorité que vous connaissez, et à laquelle loi l'on disait ne nous soumettre que pour éluder le dégrèvement ?

• Si vous, monsieur le ministre, et d'autres membres du gouvernement, appréciez, dans l'intérêt de la nation, toute l'importance des catastrophes qui menabent notre industrie; d'autres malheureusement les préparent, et notre ruine est arrêtée et signée d'avance : ainsi, ces impudente* paroles, échoppées dans vos salons (t'evant les fabricant s), • qu'il valait m'eiiac sacrifier une poignée de misérables paysans que deux mille matelots ! » auraient eu pour cette industrie un terrible écho !

̃ Dans cette occurrence, l'intérêt des.fabricants les force "à supplier l'administration de trancher la question, et de leur accorder une juste indemnité qu'ils réclament formellement, et franchement, pour la perte de leur état et de leurs fortunes, après quoi, la portion du ministère qui a voulu notre ruine pourra proclamer la prohibition de l'industrie sucrière en France.

- Mais, monsieur le ministre, ce ne sera sans doute pas au dix-neuvième siècle qu'un ministère français, composé, en partie, d'hommes qui ont pu apprécitr, sous le règne du grand homme, toute l'importance qu'il attachait au développement de cette industrie agricole, qu'un système sera prélérû à l'abrogation d'une loi qui doit apporter de si grandes perturbations, et compromettre uq si bel avenir manufacturier, agricole et populaire.

ib Nous espérons, monsieur le ministre, que toutes ces considérations ne vous échapperont pas, et que -vous ne sotitri-ii-ez pas que nos voisins rtcueillent les fruits de nos sueurs et tic nos peines ; pour notre compte particulier, tout en reconnaissant l'extrême justice de la réclamation en indemnité demandée par un certain nombre de nos confrères, nous déclarons qu'elle ne doit être acceptée qu'en désespoir de eause, regardant la suppression de la fabrication du sucre indigène comme impotitique et contraire aux intérêts de la France, mais bien dans l'intérêt des spéculateurs qui la compromettent dans des vues étroites et toutes fiscales.

a Ainsi, monsieur le ministre, c'est dansTintérêt de notre pays, de l'agriculture, des artisans attachés à nos usines, des travailleurs et de la classe

iFcuillcton.

HKDBHSm IPCDTDia HKDRm&lI&o

Le ïhuel est un fort hameau jeté à l'extrémité nord du département dil'Aisne, non loin de la Belgique. Le sol aux alentours est plat, peu accidenté, assez boisé, et dans .une circonférence de quelques lieues il n'y a ni villes ni grandes roules ; aussi les habitants de cette petite bourgade ontils conservé une physionomie tout agreste, une bonhomie toute campaenarde. dienes des mœurs patriarcales du moven âsre. -

Au printemps de l'année 1S14, nn jeune homme vêtu d'une 'capote militaire, un sac léger sur le dos, parcourait le chemin de Laon au Thuel. C'était un des licenciés de la garde qui rejoignait ses foyers. Il avait au plus viogtciuq ans, des traits bardill, l'œil vif et l'air ouvert. Un ruban rouge décorait sa boutonnière, et à son côté pendait un sabre en mauvais état flJUit ne regardait jamais sans qu'uni: larme humectât su paupière ou qu'un sonriie d'ironie glissât sur ses lèvres. Souvent il s'arrêtait découragé et s'assey<4t sur le revers d'un fossé. 11 avait appris pendant la campagne d'Allemagne la mort de son père, sa plus pure affection, et l'incendie de sa maison, sa Benle richesse. Quand il arriva au Thuel, il se traîna d'abord jusqu'au cimetière.

Après avoir reconnu la tombe qu'il cherchait à une inscription gravée sur la croix de bois, il s'agenouilla et pria. Bientôt il se relevait jeta un morne regard autour de lui. Au milieu des débris qui jonchaient le cimetière il aperçut une autre - fosse nouvellement -couverte.

« Peut-être l'ami que je viens chercher est-il là aussià côté de mon pe !'\) Biï dit-il.

Il sortit. La nuit était venue, et il se dirigea vers le puits commun. Deux jeunes filles puisaient de I eau, elles ne le .reconnurent point et «'enfuirent.

Son cœur se serra. 11 but quelques gorgées d'eau, rafraîchit ses tempes, et, reprenant sa marche, il e'arrelaà .quelque» pas de là à une sorte, hésitant avant d'entrer.

Il semblait qu'on achevât le repos du anir dans l'intérieur de 4a cabane, jeune soldat entendit dist W totissent usevoix uMes'énicr : ̃ A la santé de l'empereur et des braves 1 * « SOn coenr ftit eotiligi-, il entra, et, se laissant tomber <mr une chaise, il

prit le premier verre que sa main chancelante rencontra pour répondre au tuast qu'on venait de porter.

̃ A la santi- des braves qui ont survécu l l'empereur n'est plus pour nous.

Georges ! a s'écria l'un des convives en se levant précipitamment.

Et bientôt ils furent dans les bras l'un de l'autre.

- Tu le vois, Simon, reprit Georges, c'est à la porte que je suis venu frapper.

Et tu as bien fait, car tant qu'un morceau de pain restera à Simon Daillet, il en fera trois parts : une pour toi, une pour sa sœur ( et il désignait une jeune fille qui préparait le repas du nouveau venu), et la troisième pour lui ou pour le pauvre qu'il plaira à Dieu de lui envoyer.

- Merci, Irere.

- L'accomplissement d'un devoir ne vaut pas un remercîment. Ces choses là se font et ne demandent pas d'éloges. Crois-tu que j'aie oublié la louve du bois d'Angout et le jour où tu m'as sauvé la vie. Ne me remercie-paig Georges, et remercions Dieu, qui a laissé mon toit debout en renversant le tien, car au moins tn ne seras pas sans abri. 8 Une larme de reconnaissance sillonna les joues de Georges, dont les tristes impressions s'effacèrent peu à peu devant cet accueil franc et cordial.

«J'espère que tu n'es pas revenu seul 1 dit Simon ; beaucoup d'autres enfants dn pays sont partis avec toi.

Ils sont morts sur les champs de bataille.

Comment, Raville l - Mort.

Le lieutenant Fournier f Mort.

Dalchet. Richard, Raimond ?

Morts, morts, tous sur la terre étrangère.

Malheur ! Et qui nous rendra compte de tout ce sang versé ?

C'est ce que j ai entendu crier par toute la France, et j'ai toujours répondu : Haine aux émigrés et aux allies ! Tiens, frèm. cache ce sabre, il servira peut-être un jour. a Quelques instants se passèrent en silence. Simon reprit la parole pour engager son anii'6 aller prendre du repos. lis se serrèrent la main, et quand Georges embrassa au front Marie en lui disant : « Bonne nuit, sœur ! - la jeune fille ne répondit qu'en rougissant.

Simon Daillet était le maréchal du village ; il avait une âme pleine d'énergie et de volonté ; il était d'une force athlétique et comme bati pour son état. Il fut convenu -que G. le seconderait dans sestravaux. Un petit procès que son père avait négligé, et que ceux qui s'intéressaient il

lui le forcèrent de suivre, lui rendit quelque aisance. De ce jour les deux amis furent associés.

Sur ces entrefaites l'empereur avait effectué son audacieuse descente en France. Au cri de terreur qui avait épouvanté toute l'Europe, un cri d'enthousiasme, sorti de toutes les poitriucs françaises, avait répondu, et une nouvelle génération s'était confondue sous les drapeaux aux généreux débris de la vieille armée. Cependant Georges n'avait pas répondu à l'appel de la patrie. Lui qu'on avait vu si brave aux heures du péril laissait sa lame se rouiller dans le fourreau. Quelques mois auparavant il eût réclamé l'honneur de marcher au premier rang contre l'étranger. Mais alors il ne connaissait que la vie des camps, la fraternité d'armes, la loi da devoir militaire, et depuis ce temps-là une passion inconnue lui avait fait désirer un autre genre d'existence. Georges aimait la sœur de Simou Daillet.

Raconter cet amour est chose presque impossible. C'était quelque chose de simple et de vrai, sans mystère et sans roman. Ce sentiment ne se décelait que par ces petits riens qui ne peuvent se détailler, qui se sentent plutôt qu'ilsne se comprennent, qui se devinent du moins autant qu'ils se sentent.

Marie à dix-sept ans était une des plus belles filles du village. Sa figur, pour n'avoir pas le caractère efféminé des visages de nos petites-maitresses, n'en était ni moins agréable ni moins fraîche. Seulement certaines lignes du visage tracées assez.fortement, la partie postérieure desa tête un peu proéminente eussent fait prédire à un disciple de Lavater ou de Gall que lea passions devaient agiter sa vie. Cependant, rien encore m'aurait pu justifier cette prévision, et quand son frère, comnie chef de la famille, lui fit l'aveu de l'amour de Georges : « Ce que vous en aurez décidé, mon frère, sera bien décidé, » lui fut-il répondu.

Les deux amis résolurent d'attendre pour célébrer le mariage que leur pairie fùt sauvée et que chaque jour ne privât pas le canton d'un de ses Gis.

Cependant quelques soldats mutilés étaient revenus au Thuel, et à toutes les questions qu'on leur adressait ils ne répondaient que .par un Doql de désastre : Waterloo ! Wajte-loo l Un corps d'armée prusden était cantonné à Mont-Cornet, bourg distant d'une lieue du Thuel, et on avait détaché au hameau -quelquescoimpagnies de landwers. Parmi les oiffciers de ce détachement se trouvait le fils d'un grand seigneur que son pire avait fait soldat pour l'enlever aux cartes et aux tavernes Il était du reste fort joli garçon et portait i'epée en gentilhomme accompli. Logé chez un riche propriétaire dont la maison était con ligue à, celle de Simon Daillet, il eut bientôt vu Marie, et il chercha à s'en faire aimer. (baque soir la jeune fille se rendait à la veillée, et chaque soir elle trouvait sur son passage le couite de Tieheck murmurant à son oreille des paro-