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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1837-10-30

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 30 octobre 1837

Description : 1837/10/30 (N40).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362840g

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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PARIS, 30 OCTOBRE.

Le Bulletin colonial paraît aujourd'hui pour la dernière fois.

Il sera remplacé par OUTnE-IEn, feuille hebdomadaire, fondée et dirigée par M. Théodore Leclievalier, qui s'expédiera désormais chaque lundi avec la Revue du XIX- siècle. D'après le vœu qui en a été manifesté par les créoles et MM. les délégués, nous n'avons pas hésité à réunir nos forces, toute considération particulière disparaissant pour nous devant l'intérêt des colonies, auquel nous avons sacrifié le nôtre en publiant le Bulletin comme supplément à la Revue. En effet, depuis avril 1836, jusqu'au 1er janvier dernier, le Bulletin a été servi dans les colonies à nos frais, sans la moindre indemnité pour ce sacrifice. En 1837, les abonnés de la Revue l'auront reçu toute l'année moyennant une très modique augmentation de 5 fr. sur le prix d'abonnement. Or, lors même que nous ne serions pas encore à recevoir les neuf dixièmes du -prix des abonnements de 1837, nos avances ne s'élèveraient pas à moins de 10,000 fr. Nous avons agi avec tant d'abandon dans la ferme confiance que nos efforts seraient appréciés, et qu'il en résulterait à notre égard, dans les colonies, des dispositions assez favorables pour que nous n'eustions pas à regretter de nous être mis ainsi personnellement à t découvert pour elles.

Nous nous plaisons aussi à espérer que de l'ad jonction d'OutreMer a la Revue, il résultera une grande augmentation d'abonnés coloniaux pour 1838. D'abord, parce que les circonstances vont devenir telles pour les colons, qu'ils seront tous également empresses de se tenir au courant de ce qui se passera en 1838; ensuite, parce que la llevue, qui a droit de compter sur une sympathie toujours plus grande de leur part, ne peut manquer d'en recevoir bientôt la preuve par leur empressement à se porter souscripteurs d'actions chez nos correspondants, ce qui nous mettra à même d'opérer dans ce recueil, sous le rapport de la rédaction, des améliorations aussi notables que celles déjà accomplies sous le rapport matériel. Enfin, parce que recevoir, au prix de 45 fr. par an, des publications d'un si haut intérêt pour les colonies que la Revue et Outre-Mer, c'est un avantage

qui ne s'est jamais présenté en France, où les Revues hebdomadaires coûtent jusqu'à 90 fr. pour l'année, sans avoir l'importance et l'étendue de la Revue du ire* siècle.

LE COMMERCE MARITIME ET LES COLONIES.

Sous Louis XIV et même sous Louis XVI, on a fait de la marine militaire en France par haine pour les Anglais; sous l'empire on a construit aussi et armé beaucoup de vaisseaux de guerre dans la pensée de lutter contre l'influence britannique ; mais jusqu'à présent aucun gouvernement ne s'est sérieusement occupé de constituer en France la marine d'une manière normale, c'est-à-dire de régler la part que l'élément maritime doit avoir dans notre puissance sociale, qui est toute autre chose que la puissance militaire. C'est à peine si les hommes qui gouvernent la France veulent bien accorder que pour nous maintenir au premier rang parmi les.Etatsde l'Europe, il faut que nous ayons une marine qui ne le cède en nombre qu'à celle de l'Angleterre ; on voit qu'au fond de leur pensée ce n'est là qu'une nécessité transitoire, et qu'ils nous croiraient plus forts d'un agrandissement territorial vers le Rhin que de la prospérité de notre marine et de nos colonies.

C'est là sans doute une déplorable erreur qu'on ne saurait combattre avec trop de persévérance, car de cette erreur partent toutes les atteintes que l'on porte à nos établissements d'outre-mer dans l'intérêt mal entendu du trésor, des manufactures et de l'agriullure, qui ont à souffrir des prétendus services que veulent leur rendre des amis maladroits. Un pays situé comme la France, et où les chambres ne comprennent pas l'importance du commerce extérieur par la grande navigation, peut être fort bien constitué sous le rapport purement politique, mais sous le rapport du bien-être et de la richesse des classes les plus nombreuses, sa constitution est absolument incomplète. Il faut le dire et le redire encore jusqu'à ce que la vérité soit comprise; il faut que la France sache enfin de quelle importance sont pour pour elle ses colonies qu'elle dédaigne, et sans lesquelles sa marine tomberait bien plus bas encore qu'elle n'est descendue.

Quelques chiffres tirés des documents officiels publiés par le gouvernement suffiront, au reste, à prouver l'exactitude de nos assertions.

Le mouvement de nos ports en 1836 se résume dans les faits suivants. Dans la navigation en concurrence avec l'étranger, 4,268 navires français, jaugeant 377,083 tonneaux, et 7,099 navires étrangers, jaugeant 889,345 tonneaux, sont entrés dans nos ports.

On voit que nous n'avons pas fourni beaucoup plus des deux cinquièmes en navires, et moins des deux cinquièmes en tonnage.

Dans le même commerce, la proportion à la sortie nous a été moins désavantageuse. Il est sorti de nos ports : Navires fran-

çais, 4,228, jaugeant 319,240 tonneaux.; navires étrangers, 6,190, jaugeant 570,436 tonneaux.

On va voir maintenant que ce qui donne de l'importance à notre marine, c'est la navigation réservée aux seuls navires français. 424 navires sont allés aux colonies, jaugeant 108,000 tonneaux, et 410 en sont revenus jaugeant 107,500 tonneaux.

C'est donc un mouvement d'un peu plus de 215,000 tonneaux.

491 navires sont allés à la grande pêche, et 481 sont rentrés, jaugeant 65,000 tonneaux.

Ces deux espèces de navigations ont donc employé près de 900 navires montés par à peu près 18,000 matelots.

Notre commerce avec le Levant, c'est-à-dire avec la Turquie, la Grèce, l'Egypte, et la Barbarie, est aussi important aujourd'hui qu'il l'était avant la révolution; il roule à peu près sur le même tonnage; mais il a changé d'objets; nous y transportons moins de denrées exotiques, et plus d'objets manufacturés; nous sommes, cependant, loin encore des Anglais et des Américains qui, chaque année, ne versent pas moins de cinquante millions d'objets fabriqués sur les marchés orientaux. En réformant nos propres tarifs, en obtenant des tarifs plus avantageux de plusieurs peuples, et notamment de la Turquie, le gouvernement pourrait singulièrement agrandir le rôle de notre commerce dans le Levant.

Et c'est ici l'occasion de faire remarquer que l'intérêt de nos colonies est lié à notre colonisation d'Afrique; tout ce qui tend à faire de la France une grande puissance maritime, à tourner les idées nationales vers la mer, est utile aux colonies [dont le malheur est d'être incomprises de la métropole.

Revenant maintenant à l'examen que nous avons entrepris, nous dirons une partie des causes qui empêchent notre commerc maritime de prendre de l'extension dans l'Amérique du Sud.

Il faut d'abord citer les dissensions continuelles qui agitent ces contrées et qui jettent du doute et de l'embarras dans les transactions. En second lieu nous rencontrons la concurrence de l'Angleterre et des Etats-Unis; l'Angleterre peut livrer beaucoup d'articles à meilleur marché que nous, et les Etats-Unis possèdent à New-York et à la Nouvelle-Orléans des entrepôts où le reste de l'Amérique peut s'approvisionner facilement. Ajoutons que plusieurs expéditeurs ont contribué à jeter du discrédit sur notre commerce dans ces pays, soit par la mauvaise qualité des produits qu'ils envoyaient, soit même par des irrégularités et des abus de confiance qui ont été signalés plusieurs fois. Enfin l'infériorité de la France, comme l'a fait remarquer un homme spécial, résulte encore de ce que notre commerce'avec les différentes contrées de l'Amérique du Sud est exploité par des négociants isolés, sans relations étendues, soit en Europe, soit dans le pays, et par cela même dépourvus à la fois des capitaux, du crédit et des connaissances nécessaires pour agrandir leurs opérations. Les bâtiments français, qui viennent dans les mère du Sud, courent à l'aventure depuis Valparaiso jusqu'en Californie, essayant de toutes les places, les abandonnant sans les connaître et emportant trop souvent des renseignements inexacts pour base de nouveaux armements. Les Anglais, au contraire,

FEUILLETON.

SCÈNES DE BOHEMIENS ; AU QUINZIÈME SIÈCLE.

Les derniers débris de la grande famille maure s'étaient réfugiés à Grenade. Ils payèrent de leur sang la défense de cette ville ; mais tout leur courage ne put les préserver de la rage des ennemis. On leur enleva ce dernier asile en 1/178, et l'histoire a écrit sur son grand livre tes événements déplorables du siège de Grenade. Tout le monde connaît les mesures rigoureuses qu'em ploya le cardinal Ximénès pour expulser entièrement les Maures de la monarchie espagnole. Ceux qui passèrent la frontière, en petit nombre, et auxquels on permit de s'abriter sur la cote des Pyrénées, eurent à subir toutes sortes d'humiliations. Le peuple donnait au Maure le nom de cagot; l'hospitalité lui était partout refusée , et en signe d'opprobre on le forçait à porter une patte d'oie à son front.

De cette race venue d'une terre lointaine où le soleil échauffe toujours l'âme, et où 1 ombre du palmier rafraichit le sang, il ne resta que quelques hommes captifs, rampant sur une terre où le soleil était froid et la terre glacce.

Dans le quinzième siècle, le vieux fanatisme commençait à s'éteindre en France ; la fureur des excursions chevaleresques avait cessé.

* Les Maures qui étaient restés aux Pyrénées sous un ciel toujours bruineux, se rapprochant peu a peu des villes, purent sans crainte parcourir le Midi. Alors, ils prirent Ic nom de bohémiens. Aucun mélange n'avait altéré le teint de leur race; les hommes avaient conservé la noblesse de leurs traits et leur taille impnsanie; les femmes, leur béante primitive. Quand leur vue s'étendit librement sur l'immensité de l'azur,

quand leur sang se ranima aux rayons d'un soleil brûlant, ils purent se faire une idée de leur belle patrie. Ne connaissant que par tradition les palmiers et les fraîches fontaines des déserts, ils se trouvèrent heureux sur les bords des rivières et à l'ombre des oliviers.

En 145 [ , un bohémien et sa fille parcouraient la Provence à petits pas : partis de Bayonne, ils se trouvaient, après cinq mois de marche , à quelques milles d'Arles, encore en grand renom parmi toutes les villes du Midi. Il était dix heures du soir quand les deux voyageurs arrivèrent sous les murs de la ville : les pontons étaient levés, et les sentinelles veillaient sur les remparts; il fallut donc attendre au lendemain pour entrer. Les bohémiens, se trouvant à l'étroit dans une chambre, passaient rarement la nuit dans les villes. Ils trouvaient du bonheur à s'endormir à la clarté des étoiles, au bruissement de l'air. Ce ne fut donc pas une privation pour eux de trouver les portes d'Arles fermées; ils s'éloignèrent dans la campagne, et après s'être débarrassés des bagages dont ils étaient chargés, ils fermèrent les yeux jusqu'au jour.

Le soleil se levait sur de longues plaines que traverse le Rhône; les eaux de ce neuve, argentées par les premiers feux, étincelaient comme la poussière des étoiles; les oiseaux en chantant abattaient leurs ailes sur les fleurs écloses, et des échos d'harmonie se répondaient de toute part. Éveillés depuis l'aube, les bohémiens admiraient ce spectacle magique': leur âme, naturellement paresseuse, pleine d'amour et de poésie, se sentant vivre de sa véritable vie, s'épanouissait à de douces pensées, au milieu de cette atmosphère tiède et parfumée.

–r Père, s'écria la jeune fille en tournant la tète, pourquoi nos aieux avaient-ils abandonné leur patrie? Si l'azur de leur ciel ressemblait à celui-ci, et, si l'air était aussi pur que celui que nous respirons en ce moment, ils ne pouvaient pas être malheureux.

Brenna , Brenna, nos pères étaient ambitieux , je te l'ai dit déjà bien des fois : ne parle pas des enfants de notre patrie; ce souvenir m'attriste. Le soleil a déjà fait beaucoup de chemin ; les portes d'Arles doivent être ouvertes ; prends ta mandoline, et partons.

Père, s'écria Brenna, j'aperçois non luin de nous les tourelles de quelque château habité sans doute par un noble seigneur; allons visiter

l'hôte de cette demeure avant de nous ensevelir dans les tombeaux v ivants d'une grande ville.

Je ne vois rien, répondit Fernando.

Elle indiqua du doigt le lieu qu'elle apercevait, et ce ne fut pas sans peine qu'elle parvint à faire distinguer deux pointes ardoisées qui luisaient entre une masse d'arbres touffus.

- Partons, te dis-je, c'est aujourd'hui le combat du taureau; il y a de l'or à gagner. Si nous arrivons tard , je ne pourrai pas entrer dans l'arène.

- Père, vous voulez exposer votre vie : oh! passons encore cette journée dans les champs : j'ai rêvé cette nuit que si nous partions il nous arriverait malheul'.

Il y avait dans l'accent de Brenna une divine expression de tendresse.

Elle aimait son père, et elle craignait pour ses jours.

Partons, répéta Fernando avec force : demain , ce soir, il ne serait plus temps, et il y a de l'or à gagner ! Ma fille, ne crains rien : je n'ai pas encore reçu de blessure, et j'abattrai le taureau qui combattra aujourd'hui , quand il arriverait du fond de la terre avec les cornes de Satan.

Brenna n'osa plus répondre, et, donnant le bras à son père, ils se mirent en marche.

Que se passait-il à Arles quand les deux voyageurs y furent rendus ?

Depuis quelques jours le sénéchal de Hainault était arrivé; et on avait annoncé à trente lieues à la ronde un combat de taureaux en son honneur. Le peuple, avide de ce genre de spectacle, inondait les rues, et on n'entendait de tous côtés que ces cris répétés : Aux arènes! aux arènes !

Vers deux heures il se fit un silence profond : la foui* s'était portée au rendez-vous; c'est à peine s'il passait quelques personnes sur les dalles des rues, comme pour marquer que la ville était habitée par des vivants.

En effet, le cirque était comble; il ne restait pas un seul gradin inoccupé. Cette vaste enceinte, avec son innombrable tiuée de tètes, resseml blait à une immense et magnifique corbeille de acun, Les houilMSj