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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1837-09-17

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 17 septembre 1837

Description : 1837/09/17 (N37).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63628370

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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PARIS, 17 SEPTEMBRE.

A NOS LECTEURS.

Le Bulletin colonial paraîtra toutes les semaines, à dater du 1er janvier 1838, avec la Revue du xixe siècle, dont il est le supplément.

Sans doute l'opinion est la reine du monde. Mais pour bien gouverner, il faut bien savoir; et toute reine que soit l'opinion, il doit être permis de dire qu'elle ne prononce pas toujours (in pleine connaissance de cause. Hâtons-nous toutefois de le déclarer : les erreurs dé l'opinion dans un pays de liberté do la presse, doivent être en partie imputées à ceux-là mêmes qui ont à en souffrir.

L'opinion est juste de sa nature, et si elle s égare, ce ne peut être que faute d'informations suffisantes. Avant de se plaindre de ses jugements, on doit se demander : Avons-nous bien clairement exposé notre droit ? Nous l'avouerons, les colonies ne peuvent pas toujours répondre à cette question par l'aflirinative. Situées à des milliers de lieues, jouissant d'une propriété exceptionnelle, les colonies françaises sont dans la métropole en butte it des préjugés de plus d'une espèce qu'il importe de. combattre incessamment.

L'ont-elles fait? Sans doute. Mais l'ont-elles fait avec assez, de patience, et surtout avec assez de retentissmncnL) Ont-elles tenu un compte assez large des erreurs, honorables dans leur principe, qui sont répandues en France sur l'état des esclaves aux colonies? Quand il s'agit de démontrer à un peuple qui a brisé dix fois son gouvernement, et changé la face de l'Europe, au nom de liberté, que la liberté n'est pas toujours le droit immédiat de l'homme, certes ce n'est point assez de quelques brochures et de quelques articles de journaux. 11 faut ici toute la puissance de la raison augmentée de toutes les forces de la publicité.

Nous n'avons certainement point la pensée d'adresser un re-

proche aux colonies. Un fait existe, à savoir que l'intérêt colonial n'est assez connu, ni assez défendu dans la métropole, et notre devoir d'amis sincères des colonies nous oblige à constater ce fait. C'est aux colons qu'il appartient de chercher le remède général à ce mal dont nous leur indiquons franchement l'origine.

Quant à nous, dans la sphère où il nous est donne de nous mouvoir, nous n'avons pas hésité à prendre les moyens à notre portée de combattre, ici l'itdirrérence, là l'erreur involontaire dont les colonies ont à se plaindre. Le Bulletin colonial les tient au courant des actes essentiels accomplis par leurs gouvernements et leurs conseils respectifs, et les met ainsi en mesure de se concerter pour la défense commune. Nous avons soin aussi de faire connaître aux colonies tous les progrès de l'opinion qui se manifestent en France en leur faveur. Enfin, quoique le sacrifice doive être fort lourd d'abord, et que nous ayons fait des avances.

dans lesquelles nous ne sommes pas encore rentrés , le Bulletin colonial paraîtra aussi souvent que la licvue du xixe siècle, à dater du 1er janvier 1838, sinon même avant cette époque. Là sont limités pour le moment les efforts qu'il nous est possible de tenter pour une cause qui nous est bien chère, et que nous voudrions voir plus hardiment engagée dans la lutte oii elle trouvera le triomphe et la sécurité.

Le Bulletin, sentinelle vigilante, ne cessera de crier aux colonies : Prenez garde à vous !

Déja, grâces à la propagation que nous leur avons donnée, les idées coloniales ont trouvé place dans plusieurs publications. Une entre autres, intitulée ÛUTRE-JIEIl, a pour but d'informer les lecteurs métropolitains des principaux événements survenus aux colonies. Nous aurons soin de tenir nos lecteurs au courant de ce que cette feuille (si elle continue de paraître) contiendra d'intéressant , et nous signalerons les erreurs qui pourraient s'y mé 1er, involontairement sans doute.

BOURBON.

Nous avons annoncé la dissolution du conseil colonial de Bourbon. Le 24 avril, avait eu lieu la séance d'ouverture de la session de 1837. Après le discours d'usage, prononcé par le gouverneur, le conseil a élu M. Testart pour son président, et M. Beltier de Villentroye pour son vice-président.

Les secrétaires étaient MM. Patu de Rosemont et Dejean de la Bâtie. On a aussitôt commencé les travaux de la session par la discussion de l'adresse en réponse au discours d'ouverture du gouverneur. Voici les passages de ce discours qui ont donné lieu, dit-on, au conflit dont nous parlons : « En ouvrant cette session, je me félicite avec vous de ce que la Providence a préservé cette année la colonie du fléau des coups de vent. Cette circonstance heureuse rendra plus efficaces les mesures prises par l'administration pour assurer les subsistances de la colonie. Mais la prévoyance des habitants doit concourir à éviter le retour des embarras éprouvés pendant le dernier hivernage n Plusieurs projets de lois, d'ordonnances et de décrets sont déjà entre Yoq mains, ou vous seront incessamment présentés. Ceux qui concernent les domaines, les douanes, les patentes et les guildives, doivent compléter l'organisation de notre système d'administration financière. J'appellerai votre plus prompt examen sur celui des guildivcs, qui doit assurer une branche du revenu public actuellement en souHrance » Un décret sur les engagés indiens devait vous être soumis; des rensei-

gnements encore attendus de l'Inde n'ont pas permis de terminer ce travail plein de difficultés. »

Voici les passages de l'adresse en réponse au discours du gouverneur qui ont excité ce fonctionnaire à la mesure qu'il a prise,et dont les résultats ne peuvent être encore prévus : « Le conseil examinera les modifications nouvelles que le gouvernement veut apporter au décret sur l'organisation municipale; mais, il ne doit pas le dissimuler, il tient essentiellement à toutes les garanties fondamentales du système actuel, système qui a d'ailleurs pour lui la sanction du temps et de l'expérience. Il est d'autant plus nécessaire de conserver dans toute leur pureté les éléments qui constituent les conseils munici paux, que ces conseils sont appelés à exercer la plus haute influence sur l'avenir de la colonie.

» Le gouvernement ne peut s'immiscer sans danger dans la disciplinedcs habitations; les conseils municipaux le peuvent et le font sans inconvénient.

C'est aux conseils municipaux qu'est dévolue la glorieuse mission du perfec- tionnement moral et disciplinaire des ateliers. Aidés de la religion, dont les renseignements sont si simples et si partaits, ils sauront accomplir la noble ticlie qu'ils ont déjà entreprise, et que leur imposent une saine politique et la voix sacrée de l'humanité.

» Le conseil colonial ne saurait assez insister auprès du gouvernement pour la présentation d'un projet de décret sur les engagés; parmi les hommes de cette classe, depuis long-temps le vagabondage s'est substitué au travail, et porte sur tous les ateliers la contagion du mauvais exemple, le désordre, le vol et le pillage.

» C'est avec le plus profond regret que nous apprenons que les économies si vivement réclamées n'ontpu trouver place dans le projet de budget de 1838. Le conseil désire pouvoir concilier la vigueur de ses devoirs avec la nécessité d'assurer la marche des différents services et de prévenir toute perturbation grave dans le système actuel du i*&rgdnûutliou administrative. » Quelque sage qu'il soit de mesurer le développement des travaux puMics sur nos moyens d'exécution et sur nos ressources financières, nous ne pouvons nous empêcher d'exprimer de nouveau que le pays attache le plus grand prix au prompt achèvement de la route royale. Vous jugerez sans doute utile de faire préparer les projets de décrets sur la direction du génie, afin qu'on puisse introduire dans ce service les modifications reconnues indispensables. »

Le Bulletin colonial s'occupera activement d'un grand procès qui intéresse au plus haut point la colonie de Bourbon.

CONSEIL COLONIAL DE LA GUADELOUPE.

Le 15 juin 1837, la session du conseil colonial de la Guadeloupe a été ouverte par le nouveau gouverneur, M. Jubelin, commissaire-général de la marine.

A cette occasion il a prononcé un discours où il a annoncé que les budgets de 1838 seraient à peu près les mêmes que ceux de l'année précédente. Cependant un impôt nouveau, l'impôt personnel, sera proposé. Mais, a-t-il dit, si je suis bien informé, vous en avez reconnu vous-mêmes la convenance et l'opportunité, Il ne vous échappera point, du reste, que son établissement a moins pour objet de créer une ressource nouvelle que de balancer le délicit que devra amener dans les recettes l'adoplion d'un piojet de décret qui vus sera soumis sur la perception des droits de greffe. L'exagération du tarif actuel de ces droits a soulevé des réclamations qui ont eu de l'écho dans cette enceinte, et sa disproportion extrême avec les tarifs de France et des autres colonies constitue, au préjudice des justiciables de la Guadeloupe, un surcroît de charges que nous avons dû vous mettre à même de faire cesser.

Le conseil colonial s'est constitué définitivement le 17 juin en nommant M. Ambert président et M. dé Touchimbert vice-président. MM. de Bérarù et Nadau-Desilels sont élus secrétaires, et la questure échoit à M. Bonnet.

Une adresse a été votée en réponse au discours d'ouverture du gouverneur. Cette réponse se termine ainsi : « La création des entrepôts dans les Antilles françaises est toute dans l'intérêt de la navigation et du commerce de la métropole; elle favoriserait les relations que la Martinique et la Guadeloupe cherchent à établir avec les Etats d'Amérique. Mais il est à craindre que les lenteurs apportées à la solution de cette question ne donnent à nos habiles voisins le temps d'accoutumer à leurs produits les habitants de ces contrées.

» Une loi d'une bien plus grande importance encore est celle qui a pour objet de dégrever les sucres coloniaux d'une portion des droits énormes qui pèsent sur eux. Cette question, M. le gouverneur, est vitale pouf nous, et c'est en vain que le conseil colonial, de concert avec nous, travaillerait au développement de nos institutions, si le rejet de la loi soumise en ce moment à l'examen de la Chambre des députés livrait la colonie à la misère et au désespoir. »

On ignorait à la Martinique, à l'époque oh M. de Mackau pro-

nonçait son discours, l'adoption de la loi nouvelle sur les sucres improvisée par la Chambre des députés. On croyait au projet de dégrèvement proposé par M. Duchâtel. Tout annonce, disait M. de Mackau, que les justes vœux de ta colonie ont été pris en considération, et que le moment d'y faire droit n'est plus éloigné.

La nouvelle du vote des Chambres a dû frapper la colonie d'une manière d'autant plus cruelle qu'elle avait placé plus de confiance dans les paroles du gouverneur.

Le paragraphe suivant du discours de M. de Mackau mérite d'être cité textuellement : « Je remercie le conseil de l'accueil favorable qu'il a fait à ma proposition tendant à obtenir une al- location plus élevée pour augmenter le personnel du clergé. Les prêtres catholiques que nous allons demander à la France auront ici la plus belle mission à remplir : ils:seront chargés, spécialement sur les habitations dont les propriétaires en feront la demande, de l'instruction religieuse des enfants. Ce que la générosité et les nobles sentiments de plusieurs colons ont réalisé sur leurs terres, le devoir du gouvernement est de l'offrir à tous, à l'habitant peu riche comme a celui qui peut pourvoir aux frais de ce moyen puissant d'amélioration morale des ateliers. » Ces paroles témoignent de la volonté des colonies d'arriver par la moralisation des esclaves, et principalement des enfants, à une émancipation progressive.

La condition matérielle des esclaves est sensiblement meilleure aujourd'hui. C'est un fait reconnu, quoiqu'on ait essayé de le nier, que le régime auquel ils sont soumis dans les colonies françaises est généralement doux; les travaux des noirs cultivateurs sont modérés ; ils travaillent, terme moyen, neuf heures sur vingt-quatre; leur logement et leur nourriture sont honorablement assurés.

Cette amélioration du sort matériel des esclaves résulte clairement des chiffres suivants d une Notice statistique publiée récemment par le ministère de la marine. Il a été constaté que, relativement à la masse totale de la population, la proportion des décès avait été en 1835 :

A la Martinique. A la Guadeloupe.

1 décès f sur 37 libres ( sur 3!fc libres.

i <u.u.ct. ,s ( sur 35 esclaves. sur esclaves.

Ainsi la mortalité à la Martinique est actuellement à peu près la même sur les esclaves et sur les hommes libres; à la Guadeloupe, elle est moindre d'un quart sur les esclaves.

Il résulte également des chiffres fournis par la notice précédente que la population esclave au-dessus de 60 ans est proportionnellement plus grande que la population libre du même âge.

A la Guadeloupe, le nombre des esclaves au-dessus de 60 ans formait, en 1835, un peu plus du treizième de la population esclave,, tandis que le nombre des hommes libres au-dessus du même âge ne formait que le dix-huitième de la population libre. Le nombre des esclaves ayant dépassé l'âge de 60 ans était dans cette colonie, en 1835, de 7,255 individus, parmi lesquels on en comptait 697 de 80 à 100 ans, et 13 de 100 et au-dessus.

Nous nous plaisons à citer ces chiffres parce qu'ils sont peu connus et parce qu'ils attestent les progrès de l'humanité. Mais si le sort matériel des esclaves s'est beaucoup amélioré, malheureusement il n'en est pas de même de leur condition morale, et la mesure adoptée par le conseil colonial de la Martinique est très utile sous ce rapport. L'état arriéré des noirs dans les voies de la moralité et de la civilisation peut être apprécié d'après le petit nombre des unions religieuses constatées dans cette classe de la population. En 1835, sur la masse totale de la population, la proportion des mariages a été :

A la Martinique. A la Guadeloupe. ,

, 1 mariae f sur 358 libres f sur 158 libres.

4 1 manaQe 1 sur 5,576 esclaves ( sur 6,880 esclaves.

C'est donc l'éducation morale qui manque seule à la population esclave. Si le clergé comprend sa mission, il peut produire de grands biens dans les colonies.

Remarquons, en terminait, que la Martinique est une des colonies où l'émancipation progressive marche le plus rapidement.

Sur une population do 106 ou de 1Q7,000 hommes de couleur, 29,000 à peu près ou plus d'un quart est libre aujourd'hui. Les affranchissements s'élèvent à 17,579, depuis la fin de 1830 seulement.

DE LA MÉTROPOLE ET DES COLONIES.

Sous ce titre, l'honorable M. Rodet a publié un écrit dont noui reproduisons la majeure partie, bien certain qu'elle sera accueilie de nos lecteurs avec un vif intérêt. ,- La Charte, qui a constitué le droit public en France, s'est bornée à l'égard des colonies que nous possédons encore, à déclarer qu'elles sont régies par des lois particulières. Nulle part on n'indique que ces établissements font partie intégrante du corps social ou de la nation, car le droit d'être complé au nombre de ses membres, ce droit naturel et imprescriptible qui ressort de leur' origine et de la souveraineté de la métropole, ne peut pas êtro méconnu;