Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1837-08-06

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 06 août 1837

Description : 1837/08/06 (N34).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362834r

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 90%.


PARIS, 5 AOUT.

VOYAGE EN ANGLETERRE DE M LE MIMSTHE DU COMMERCE.

Le télégraphe vient d'annoncer l'arrivée à Londres de M. Martin (du Nord), ministre des travaux publies, de l'agriculture et du commerce. Le ministre est accompagné de MM. David et Grclerin qui l'éclaireront de leur expérience dans l'espèce d'enquête qu'il va faire en Angteterre. On sait que depuis l'entrée aux finances de M. Lacave-Laplagnc, la préparation des lois et ordonnances de douanes a été restituée au ministère du commerce dont elle avait été distraite pour les convenances de M. Duchâtel. Il est donc permis d'attacher une grande importance aux éludes d'économie politique de M. Martin (du Nord).

Le ministre pourra se ccnvaincre que, dans de certaines proportions, l'abaisscment des droits et des tarifs accroît le revenu public. Celte vérité, hors de laquelle il n'est point de progrès industriel ni commercial, trouvera sans doute, à l'avenir, un défenseur dans M. Martin (du Nord). 11 est d'aillcurs une question, celle des sucres, qui a grand besoin d ehe étudiée dans un pays comme l'Angleterre, dont l'excmple est si imposant en matière d'agriculture et de marine. Certes, l'aristocratie britannique, qui possède le sol, et exerce, on peut le dire littéralement, le monopole de l'agriculture, n'est pas disposée à sacrilier ses intérêts h de vaines théories. Eli bien! le Parlement tout entier vient de

voter, à une immense majorité, une loi qui soumet a des droils égaux le sucre indigène et le sucre exotique. C'est là une déci- sion dont les motifs demandent à être profondément médités, et

comparés avec soin à ceux qui ont déterminé l'adoption de la loi qui frappe si cruellement nos colonies et notre marine; au profit de quelques arrondissements. Espérons que M. Martin (du Nord) connaîtra et défendra mieux, à la session prochaine, les intérêts de nos établissements d'oulre-mer contre les exigences du fisc.

C'est là le véritable rôle d'un ministre du commerce.

Une ordonnance royale du 25 juillet vient confirmer ou modifier di- verses ordonnances antérieures. Nous en extrayons ce qui concerne le régime colonial.

« Vu les ordonnances que nous avons rendues en matière de douane, savoir : » Le 10 octobre 183S, pour supprimer le droit que les sucres payaient à l'exportation des Antilles françaises, sauf à t'administration des colonies à le remplacer par un droit sur l'importation de quelques produits destinés à

la consommation, et pour permettre ritllPortation, à la Martinique et à la Guadeloupe, des madras de l'Inde ;.

» Le 1er novembre 1836, pour permettre l'admission, dans les Antilles françaises, de petites voitures locomotives;.

» Vu le projet de loi présenté en notre nom à la chambre des députés, le 3 juin dernier, pour faire convertir en loi ces diverses dispositions ;

» Attendu que le rapport sur ce projet n'a pu être discuté avant la clôture de la session ; » Vu l'art. 34 de la loi du 17 décembre 1814 ; ; » Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'f:tft des travaux publics, de l'agricullure et du commerce, '; » Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : » Art. 1er. Nos ordonnances des 10 octobre 183S, 17 mars, 1er novembre 1836, continueront à être exécutées selon leur forme et teneur, sauf les modifications ci-après : » Art. 2.

» Art. 3. Les denrées coloniales provenant des des de la Martinique et de la Guadeloupe seront affranchies de droits de douane à la sortie desdites îles.

» Art. 4. Le droit d'importation, dans lesdites colonies, des marchandises arrivant de la métropole, et qui ne sont comprises en aucun des tableaux joiuls à l'ordonnance du o lévrier 1826, pourra être élevé jusqu'au taux de 3 0/0 de la valeur.

» Art. 5. Les mouchoirs de l'Inde dits madras et autres mouchoirs de l'Inde en colon teints en fil seront admis, à la Guadeloupe et à la Martinique, sous le droit de 8 fr. par pièce de mouchoirs. »

M. le prince de Joinville est parti pour Toulon, où il s'embarquera pour son voyage maritime.

C'est le 4 ou le 5 de ce mois que S. A. R. doit s'embarquer ; elle montera l'Hercule, vaisseau de 100 canons, commaudé par M. le capitaine de vaisseau Casy, et c'est en qualité de lieutenant que le prince fera toute la campagne.

Depuis que M. le prince de Joinville est entré dans la marine, c'est le quatrième voyage qu'il entreprend, et il n'a pas vingt ans.

Aujourd'hui, le prince va compléter par un grandv^yage transatlantique l'instruction qu'il a graduellement acquise dèpuiscinq années d'épreuves.

Le commandant Hernoux, aide de camp de S. A, R., l'accompagne en Amérique. C'est l'Amérique qui est, cette fois, le but assigné par le roi au

voyage du prince.

S. A. R., partie de Toulon le o aoûl, ira d'abord toucher à Gibraltar, et l'IIercule, accompagné jusqu'aux portes de la Méditerranée par toute l'escadre du Midi, entrera dansPOccan, escorte d'un seul bâtiment, la corvette la Favorite. Le prince se rendra d'abord à Madère et à Tënériffc, qu'il a déjà visités en 1835; de là au Sénégal et à Gorée, sur les côtes de l'Afrique ; ensuite à Santiago de Raya, parmi les iles du Cap-Vert; à Rio-Janeiro et à Baliia, dans l'empire du Brésil; à Cayenne, aux Antilles, où S. A. R. vi-

sitera la Martinique, la Guadeloupe, la Jamaïque et Cuba. Enfin, le vaisseau l'Hercule ira mouiller dans cette maguilique baie de Chesapeak, qui s'ètend entre la Virginie cl le Maryland, pendant que le prince de Joinville visitera l'intérieur des Etats de l'Union, puis il appareillera pour Brest, où S.

A. R. reviendra directement et tout. d'une traite.

Cette campagne durera probablement huit à dix mois. Ainsi M. le prince de Joinville ne sera pas de retour en France avant le commencement d'avril prochain.

–MBB– –̃̃

ÈVÉNEMENTS DE LA GUYANE. l' ïr Par ordonnance du roi, M. Nourquer du Camper, capîtainé de vaisseau, a été nommé gouverneur ad interim de la Guyane, en remplacement de M. Laurens de Choisy, appelé en France pour rendre compte de sa conduite.

Nous pensons que nos lecteurs liront avec intérêt le récit, nous avons presque dit le rapport, de l'affaire qui a motivé la mesura que nous annonçons; nous empruntons au plus important des journaux ministériels les citations qu'on va lire; mais nous croyons ajouter que tout le monde en France a rendu justico dans cette circonstance à l'excellent esprit des colons.

LES NOIRS BONIS.

«. L'abbé Raynal a le premier fait connaître en France les bandes de noirs marrons de la colonie de Surinam, réfugiés dans l'intérieur de la Guyane. Ce qu'il en dit est un roman, et cependant, bientôt après que son ouvrage eut paru, des faiseurs de projets exploitèrent un si beau texte, et bâtirent aussitôt de superbes plans de colonisation qui furent présentés au ministre. M. Malouel fut envoyé à Cayenne en 1776, afin de juger, entre autres questions, s'il était praticable de civiliser 100,000 Indiens, et d'attirer dans notre Guyane 20,000 noirs marrons de Surinam, qui devaient devenir des producteurs et des sujets utiles. Ce fameux administrateur ayant fait un voyage dans cette colonie bullandaise, fut à même de connaître toute la vérité, et l'on peut voir dans ses Mémoires, où le mot absurde se* trouve écrit en toutes lettres, ce qu'il y avait de bon dans tous ces beaux projets.

» A cette époque même, les Hollandais faisaient une guerre acharnée à leurs esclaves fugitifs. Ils avaient cependant reconnu l'indépendance de quelques bandes établies dans le haut des ririères deSamoraca et de Silrf1 nam. Celles de Samaraca parlent portugais, comme les juifs, leurs anciens maitres ; les autres, qui s'étendent jusqu'au Maroni, parlent hollandais. Oa appelle ces derniers des Occas ou grand-boss (nègres-boss est le nom génénerique, qui signifie nègre des bois). Ces tribus, considérées comme alliées, venaient et viennent encore à Paramaribo de temps en temps recevoir le tribut en armes et en munitions qu'on leur a accordé. - Aujourd'hui comme.

alors, leur unique commerce se borne à porter en ville quelques planches et un peu de poisson salé. Ils n'ont guère plus d'industrie que dans leur.

pays originaire ; ils sont soumis aux mêmes superstitions.

» En 1776, les marrons nouveaux, poursuivis par les Hollandais, finirent par se réfugier sur le territoire français, à la rive droite du Maroni ; ils ont formé depuis la peuplade des Bonnis. Leurs anciens maîtres n'ont point

- - - traité avec eux, et les Occas sont devenus leurs intermédiaires, après avoir aidé à les refouler dans le haut du fleuve, et leur avoir barré la route de la mer et des habitations européennes. Ils les conservèrent à leur merci, fai.sant payer les fusils qu'ils leur livrent avec tout ce que ces Bonnis se procurent par leur peu d'industrie ou par leurs relations avec les Indiensroucouyennes et autres grandes peuplades d'aborigènes du centre des Guian.

Les premiers villages occas sont à trente ou quarante lieues de l'embou-

FEUILLETON.

UN CAPRICE D'ÉTÉ.

NOUVELLE.

I.

Pour moi, dit le digne professeur Claas en admirant les feuilles pailletées de l'éventail qu'agitaient les doigts nonchalants de la comtesse, je comprends, mesdames, tous les caprices. L'Académie, dans son très illustre dictionnaire, définit le mot caprice, une fantaisie , ce qui l'obi ige, quand elle arrive au mot fantaisie à recourir à son équivalent, caprice.

Y Le caprice, continua le professeur en' desserrant un peu sa• cravate pour respirer , le caprice m'a toujours semblé la chose la plus respectable du monde. Il y a des caprices de toutes les saisons et de toutes les heures. Me trouvant à Vienne, je mis un jour au Prater une perruque miraculeuse. Je me trouvai si bien de cette perruque, qui appartenait a un conseiller de mes amis, que je ne l'aurais pas quittée la nuit même, m'eût-on donné la chaire de botanique de Stuttgard. Quand je m'éloignai de la ville, je l'oubliai dans une armoire, et mon ancien hôte vendit ma perruque a un Anglais, en lui alfirmanl qu'elle avait appartenu à M. de Voltaire. Le gentleman la lui paya le prix d'un cheval. A dater de ce tour, je fis vœu de porter les cheveux plats et de ne plus croire

aux perruques des grands hommes. Je changeai ma vie, j'appris l'hébreu, et j'écrivis toutes mes lettres en gaillarde, le seul caractcrc* dont M. de Voltaire ne se sel-vit point. Unautrejour, l'organiste de Gouda m'ayant apporté quelques feuilles du saule de Sninte-Hélène, je les collai avec de la gomme arabique sur mon frac, ce qui me fit passer pour un membre de l'Institut de Paris. J'ai eu cinq ans durant la fureur des autographes, mais je m'en dégolilai du jour que je vis un Russe acheter cenl francs une lettre de mademoiselle Nina Lassavc. Apres les autographes, j'aimai à la rage les passeports. Tel que vous me voyez, un de

mes grands plaisirs est de me tenir tou jours dispos pour un voyage im- promplu , et j'ai sur moi un passeport pour l'étranger comme un autre a sa tabatière.

Par le temps qui court, c'est une bonne précaution, interrompit madame de Terville. A la première révolution que nous aurons, je vous demanderai un des vôtres, mon cher monsieur.

Et comment faites-vous, mon digne mentor, dit le comte, pour obtenir ces sortes de brefs, qui ne s'obtiennent pas facilementit J'en suis quitte pour passer chez le premier secrétaire de la légation , et comme j'ai beaucoup voyagé, grâce au ciel , j'ai toujours un ami dans une légation quelconque. Vous souvient-il, à proposde cela, monsieur le comte, de ce digne sccré:aire russe qui but un coup si terrible à Schevening , près La Haye? je crois que sans vous il aurait eurle sort des harengs salés. On l'eût renvoyé à sa cour, dans dn tonneau, avec un article nécrologique.

- Je ne savais pas M. le comte nageur, dit madame de Terville.

Comment donc! mais c'était un des premiers à La Haye, où j'avais l'honneur de diriger alors son éducation.

J'ni perdu l'habitude de ce jeu-là, mon digne mentor, reprit le comte Delci avec un air de nonchalance affectée. C'est chose fort utile pour sauver la vie, assurément, mais à cette heure je trouve l'eau trop froide.

C'est tout-à-fait mon avis. Moi, je m'adonne, été comme hiver, à

l'école de natation à l'eau chaude. Vous tournez le robinet et tout est dit..le méprise souverainement l'eau froide depuis que j'ai lu les quarante-sept opuscules de Blasius sur la natation, où se trouve cette maxime : Ar/l:a calda doctis professoribus smzior.

-Cda veut dire,si je ne me trompe, mon cher maître, que les professeurs de botanique ont peur de l'eau. Yom, tout.

Monsieur Ambroise, ajouta le comte , où en sont les rentes?

Ainsi que le duc de Lerme dans Gil Bios, le comte Fabio Delci se faisait lire sur la terrasse de son hôtel sa liasse accoutumée de journaux par son secrétaire, jeune homme de vingt-trois ans, que ce métier de

lecteur semblait ennuyer beaucoup. La chaleur de cet après-dîner était suffoquante. le salon dans lequel la société se trouvait réunie ne contenait que deux femmes, la comtesse Olivia Delci et sa plus intime amie, la baronne de Terville, son ancienne compagne de pension. Le comte écoutait le ramage officiel des gazettes que son secrétaire, M. Ambroise Duval, lui modulait sur tous les tons comme un homme évidemment contrarié j il ne fallait pas non plus beaucoup de pénétration pour s'apercevoir que le comte s'amusait du martyre de ce jeune homme. Ambroise Duval était, du reste, un fort beau garçon, suivant la tradition vulgaire que les femmes attachent dans le monde à cette épithète de beau garçon. Il avait un collier de barbe à la saint Antoine , de petites moustaches soyeuses comme en porte toujours un amoureux du Gymnase; la taille moitié fine, moitié robuste, et une tristesse toute char-

mante dans le regard. Pour un artiste amoureux des belles figures du Titien et de Caravage, cette nature du jeune homme manquait peut-être de caractère ; mais pour une femme qui peint les fleurs d'après M. Redouté, et chante les romances de M. Panseron c'était un fort bel idéal de lithographie. Au premier abord, la physionomie du comte Fabio eût obtenu l'avantage sur celle de son secrétaire, sans une balafre qui lui traversait la joue gauche et lui donnait par moments, à son iDSU, l'air d'un de ces héros dont Anne Radcliffe a tant abusé au profit des trappes de bois et des dénouements terribles. Après avoir passé, par un caprice bizarre de sa famille, les plus belles années de sa jeunesse dans les léga- tions du Nord, le comte Fabio Delci , chargé d'affaires de Florence, s'était fait confier une mission, et comme il se plaisait à Paris, il la faisait

durer en homme qui sait le métier des ambassades. 11 avait quitte 11– talie de fort bonne heure et n'y était pas même retourné pour la cérémonie de son mariage avec la comtesse Olivia Nuncini, jeune femme de l'une des meilleures familles de Bologne, qu'il avait tirée du couvent des Oiseaux pour en faire sa femme.

A près quelques mois de voyage en Hollande et en Angleterrele comte était revenu si Paris avec un plan de conduite réfléchi dans toute la rigueur du mot. Il s'était astreint à faire ménage à part, en ce sens qu'il répugnait à paraître en public et au]spcctacle. La comteue. bien convaÎB*