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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1836-11-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 01 novembre 1836

Description : 1836/11/01 (N16)-1836/11/30.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362815d

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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PARIS, 16 novcmbre. 1 La douane de Londres a publié le tableau des récoltes de la Jamaïque pendant trois année;" qui ont commencé le 51 octobre 1854, et fini le 51 octobre 1856. La décroissance des produits, résultat de la mise à exécution du bill du 1er août, a été assez considérable pour laisser apercevoir les funestes conséquences qui menacent les richesses créées, lorque, pour les noirs anglais, la liberté définitive et complète succédera à l'apwpntissase. Car. on ne saurait trop le répéter, cet apprentis-

r- ----- - <..1' sage n'est autre chose que l'esclavage sous un nouveau nom. 1 Il y a transition , si l'on veut, ou plutôt commencement de transition entre la liberté et 1 esclavage ; mais le noir n'en est pas moins, pour cinq ans encore, contraint et forcé de travailler et d'accepter le travail qui lui est commandé, quelle qu'en soit la nature. Si l'autorité du maître a été restreinte , celle des magistrats spéciaux a reçu assez de force pour offrir aux colons la sécurité de leurs personnes et la garantie que le travail ne serait pas interrompu.

Ce système d'esclavage modifié, a produit les résultats sut-

vans dans les récoltés de la Jamaïque

En 1854 il est arrivé, de la Jamaïque à Londres, t26,596 barriques et 18,716 tierçons de sucre brut, ce qui représente un poids de deux millions 700 mille quintaux. En 1855, il n'a été importé que deux millions 580 mille quintaux; et pendant l'année 1856 les importations n'ont pas dépassé deux millions 197 mille quintaux. La décroissance totale dans les deux années d'apprentissage, 1855 et 1836, est donc de 500 mille quintaux de sucre brut, équivalant à 50,000 barriques du môme Doids due celles de nos colonies. Nous faisons observer que

Iles chiffres sont authentiques , et qu ils sont extraits de rap t ports officiels. Ils constatent au préjudice du trésor anglais, j pour la seule colonie de la Jamaïque, un déficit de 60 mille liv. sterl., soit 1,500,000 fr. dans les recettes des deux années.

-.. '1. - ,.

Beaucoup de personnes qui ne doutent pas que la translOrmation du travail dans les colonies ne doive frapper de mort la culture de la canne à sucre, avaient conservé encore quelques espérances sur les cafés. Les récoltes étant moins pénibles à faire, l'entretien des champs plantés n'exigeant pas de grandes fatigues de la part du cultivateur, on croyait que les produits de caré ne se ressentiraient pas, comme la culture de la canne à sucre, des modifications introduites dans la société coloniale.

Le même état des importations de la Jamaïque dont nous venons de constater les résultats, présente les chiffres suivans pour le café : - - -

& En 1854 il a été reçu en Angleterre, venant de la Jammque, 14,757 boucauts et 6,945 sacs ou barils. En 1855, les importations n'ont été que de 9,017 boucauls et 5,757 sacs et barils. En 1856, elles sont restées stationnaires : la Jamaïtlue a exporté 9,862 boucauts et 5,775 sacs ou barils de café. Une diminution considérable a donc eu lieu dans les récoltes faites et recueillies par les apprentis. Entre les chiffres de 1834 et 1856, il existe une différence de 187 boucauts et 5,172 sacs ou barils de café importés de la Jamaïque dans la Grande-Bretagne.

Ceux qui insistent pour le maintien de l'esclavage dans nos colonies, ou du moins qui demandent l'application d'un système de temporisation assez absolu pour donner le tems aux plus incrédules de se convaincre du résultat probable de la transformation du travail colonial dans les possessions anglaises, ceux-là trouveront dans les chiffres que nous avons mis sous leurs yeux, d'irrésistibles argumens à opposer aux abolitionnistes de bonne foi, lesquels sont persuadés que la masse des produits du travail libre sera équivalente à celle des pro-

duits du travail esclave, sinon plus considérable. - Mais les Colons nç bornent pas à ces considérations d'intérêt purement matériel les obstacles qui doivent à leurs yeux 1 suspendre la détermination de la métropole, dans le cas où

le gouvernement français voudrait avoir , lui aussi, son bill d'émancipation. Ils craignent le peu d'énergie des administrations françaises, le peu de protection que dans tous les tems les colonies françaises ont obtenu de la métropole. Haïti est toujours présente à leur pensée, avec ses champs en feu, avec ses massacres dont l'émancipation a été le signal. Qu'a fait la France pour les colons de St-Domingue ? elle a vendu et cédé leurs droits de propriété, en stipulant une indemnité de 150 millions dont les colons seraient encore à attendre le premier centime, sans la niaiserie du libéralisme européen, qui a contracté l'emprunt d'Haïti ; sans les belles phrases de certains journaux d'opposition qui avaient prédit au commerce I français qU'I-I aïLÏ indépendante allait assurer le commerce entier du Nouveau-Monde à nos navires et aux exportations de nos manufactures.

A côté de cette reine des Antilles, sacrifiée avec tant d'ignorance, abandonnée aujourd'hui avec tant de lâcheté, si l'on s'occupe des colonies devenues anglaises par la capitulation de 1814 et 1815; si l'on jette les yeux sur l'ile de France, cette colonie où l'amour de la France et du pavillon

français allait jusquau fanatisme , qua-l-on fait pour empecher que sa capitulation ne fut cent fois violée, pour que l'lie Maurice ne nit pas considérée pendant un grand nombre d'années, malgré les stipulations les plus expresses, comme pays conquis, taillable et corvéable à merci ? A l'exemple de l'Angleterre, la France, qui parle d'émancipation, accordera-t-elle une indemnité préalable, et surtout cette indemnité sera-t-elle fidèlement payée ? Doublera-t-on les garnisons ? affrontcra-l-on dans les chambrcs anglaises le vole des sommes qu'exigera l'établissement d'une police spéciale ?

des bateaux à vapeur seront-ils armés pour porter rapidement d'un point à un autre les forces qui seraient nécessaires en cas - de sédition? des lois sévères seront-elles promulguées

pour contenir les travailleurs, pour empêcher leur désertion 1 et pour empêcher l'abandon par eux des terrains déjà cultivés, afin de s'occuper de défrichemens ou d'ouvrages de toute autre nature que la culture de la canne à sucre ? Telles sont ce- 1

pendant toutes les garanties que les colons anglais ont obtenues de leur métropole, et sur lesquelles ils peuvent compter, parce que la Grande-Bretagne, malgré les écarts de ses pliilantropes, n'a jamais perdu de vue encore les intérêts de son commerce avec les Indes-Occidentales et de sa navigation marchande qui a puisé là sa puissance et sa prépondérance.

Les colons français ont malheureusement sous les yeux des

exemples trop réccns qui défendent de blâmer leur peu de confiance dans la protection de leur métropole. Ils voient dans l'émancipation leur fortune compromise,; ils craignent pour la sécurité des personnes lorsqu'une aussi grave modification sera introduite dans la société coloniale : peut-on ne pas partager leurs craintes lorsqu'on connaît déjà les inquiétudes du gouvernement anglais lui-même sur les conséquences de de son bill d'émancialion pour les richesses créées dans ses colonies, lorsqu'on sait à quelle condition St-Domingue est devenue libre, et comment les colons français ont été indem1 nisés.

Notre dernier Bulletin contenait un article renfermant des propositions en désaccord avec les opinions admises par les délégués des colonies et les conseils coloniaux. Nous avions reproduit cet article en le faisant suivre de réflexions que nous avions cru nécessaires pour prémunir contre ces propositions qui, présentées avec une bonne foi que nous n'avons pas reeusée, avaient néanmoins un côté dangereux pour l'intérêt de la cause que nous défendons. Malheureusement, les événemens de Strasbourg sont arrivés au moment où le Bulletin était terminé , et nous n'avons pu faire connaître à nos lecteurs cette

conspiration, si importante à son premier aperçu, qu'en supprimant une partie équivalente de composition, dans laquelle a compris, par mégarde, les réflexions qui suivaient l'article. en question. Avant que nous eussions pu expliquer cet incident, plusieurs réclamations nous étaient déjà parvenues; Une d'elles étant destinée à servir en même tems de réponse à un autre article de la Paix du 8 de ce nu is, nous a paru devoir trouver place dans la Revue du XIX. siècle du 20, à laquelle nous renvoyons nos lecteurs. t

L'étendue de l'article de M. de Sucy, sur l'agriculture dans les colonies, ne nous permettant pas de le reproduire dans ce numéro, vu l'abondance des matières, c'est désormais - .- dans l'Encyclopédie qu'il faudra lire cet article qui y aura été publié avant le prochain Bulletin.

Il est utile de mettre sous les yeux des Colons les plaies de la société européenne dans toute leur nudité. Menacés qu'ils sont par des novateurs sans mission de ces bienfaits du prolétariat de la métropole , c'est à eux à lutter avec mesure et avec fermeté en même tepis contre les conséquences chez eux de la transformation du travail de leurs esclaves.

Voici ce qu'on lit dans un journal de la capitale de la France :

« Tous les journaux viennent de rapporter deux faits à la houle de notre orgueilleuse civilisation. A quelques jours d'intervalle, on a trouvé à un sixième étage de la rue Montmartre le corps d'une femme morte de misère, et, dans une échoppe de la rue du Val-de-Grace, le cadavre d'un pauvre écrivain public mort de froid et de faim. La publicité donnée à ces deux faits jette une lumière effrayante sur les régions inférieures de notre état social. A quoi servent donc nos établissemens de bienfaisance , si, au. milieu même de notre grande cité , des malheureux peuvent ainsi expirer dans l'angoisse, sans une main qui @ vienne à leur se i cours ? On aimait à se persuader que, grâce aux progrès de la charité publique, un semblable excès de détresse n'était plus possible, mais voici qui ue permet plus de se faire illusion, l'affreuse vérilé vient d'apparaître

FEUILLETON.

NAUFRAGE ET PERTE DU SUPERBE, VAISSEAU DE SOIXANTE-QUATORZE.

mOCÈS DU CAPITAINE D'OYSOriVILLE.

Le ilS décembre 1833 , après deux jours d'horrible tempête et des plus funestes accidens que puissent présenter peut-être, dans le cas donné, les terribles fastes de la mer, le Superbe fit naufrage à l'entrée du petit port de Parakia. Le contre-amiral baron Hugon, commandant l'escadre française dans le Levant, donnait, en ces mots , avis au ministre de la marine de ce regrettable événement : « A bord de l'Iphigénie, rade de Nauplie, le 27 décembre 1833.

» C'est une bien pénible obligation pour moi d'avoir à vous annoncer la perte du vaisseau le Superbe, naufragé, le 15 de ce mois, dans le port de Parakia de l'île de Paros.

» Ainsi que j'ai eu l'hnneur de vous en informer par ma dépêche du 10 de ce mois, j'avais pris toutes les dispositions nécessaires pour être prêt à quitter la rade de Smyrne le 13. Afin d'éviter l'encombrement en cas de brise contraire, à l'étroit passage du château, je donnai l'ordre au vaisseau le Superbe et à la frégate la Galatée d'appareiller dans la matinée du 14; ces deux bâlimens devaient se rendre à Nauplie pour m'y attendre ou m'y rallier.

» Séduits par les probabilités d'une courte traversée que leur présageait une belle brise d'est qui les poussait avec vitesse vers le cap Carabournoce, MM. d'Oysonville et Ifarmaud , capitaine du vaisseau et coinmandant de la frégate, se décidèrent à sortir du golfe. Us ne furent pas long-tems sans avoir a regretter cette résolution. En peu d'heures , le tains devint furieux, et un des plus violons ouragans qu'on ait vus dans ces mers se déclara pendant la nuit.

» Après avoir perdu son grand mât de hune, après avoir vn toutes ses

voiles arrachées de dessus les vergues, malgré les rabans qui les y ferlaient, et ses embarcations enlevées par la mer de dessus leurs pistolets , la Galatée donna miraculeusement dans le passage du cap Doro , le 13 à midi, sans qu'on IUtt distinguer les terres à quelques encablures, et alla se réfugier dans la baie de Corvi, où elle a attendu la fin de la tempête Le 22 elle mouillait à Nauplie. - - -

» Le Superbe ayant aussi perdu son grand mat de hune et une partie de ses voiles, fut poussé dans le canal, entre Tyne et Miconi, et se dirigea sur le port de INausse pour v relâcher. L'obscurité ne lui ayant permis d'en distinguer l'entrée que l'orsqu'il l'avait déjà dépassée à l'ouest, il fut entraîné à laisser arriver et à mouiller dans le petit port de Parakia. Le 15, à deux heures de l'après-midi, c'en était fait de ce vaisseau : il s'élait défoncé sur un plateau de rescifs, que le peu d'espace laissé à son éyitage n'avait pu lui faire parer. La chute de la mâture et les difficultés des premières communications avec la terre, ont occasionné la mort de neuf 1 hommes, etc.

C'est un événement grave et rare que la perte d un vaisseau de t impor- tance du Superbe ; aux termes des ordonnances du 23 mars 1763, du ter janvier 1786 et du 51 octobre 1827, concernant le service des officiers a la mer, le capitaine devait comparaître devant un conseil de guerre pour justifier sa conduite et expliquer les causes de son désastre : une ordonnance en date du 25 janvier 1S54 convoqua en conséquence, a Toulon, un conseil a qui le soin fut remis de juger le capitaine d'Oysonville, relativement à la perte du vaisseau le Sllperbc.

Le 6 mars, au milieu du vif mouvement de curiosité et d'intérêt que ne pouvait manquer (l'exdter un événement si grave et si important pour la marine , le conseil de guerre s'assembla à l'Hôtel-dc-Ville de Toulon ; telle en était la composition : Le vice-amiral Jurieu-Lagravière, pair de France, président; de Mar1 tineng, contre amiral, juge ; Massieu de Clerval, contre-amiral, juge ; Bourdé de la Villehuet, Maillart-Lisconrt, Robert, de Villeneuve-Harcemont, Costé, capitaines de vaisseaux, juges; Leblanc, capitaine de vais- seau, remplissant les fonctions do rapporteur et de procureur du roi, et

Thevenet, greffier des tribunaux du 3e arrondissement maritime, appelé pour, en sa qualité, exercer auprès du conseil.

A huit heures du matin, le conseil prend place; la séance s'ouvre , et c'est un noble et imposant spectacle pour la foule entassée dans l'auditoire dans une altitude de respect et de recueillement, que celui de ce tribunal de vieux marins, revêtus de leurs uniformes sévères, couverts des nobles insignes gagnés au service du pays, et appelés à juger un de leurs plus honorables frères d'armes. - --

Sur le bureau, un exemplaire du décret du 22 juillet 1806, et le Code pénal des vaisseaux du 22 août 1790, sont déposés tout ouverts. L'amiral..président fait cànnaître qu'aux termes du réquisitoire de M. le rapporteur et de l'erdonnaoce royale du 25 janvier précédent, le conseil est appelé à juger la conduite de M. le capitaine de vaisseau d'Oysonville » relativement aux circonstances qui ont précédé , accompagné et suivi la perle du vaisseau le Superbe, qu'il cammandait.

M. Thevenet, greffier, donne lecture du procès-verbal d'informslioft e!

des autres pièces de la procédure.

Le capitaine d'Oysonville est introduit ; son défenseur, le capitaine de corvette Raudin, l'accompagne, et prend place à côté de lui sur le banc qui a été préparé en face du siégî du conseil.

Le capitaine Leblanc, rapporteur, s'avance alors, tenant en main l'épée du capitaine accusé, et la dépose, après avoir salué le président et les.

juges, sur le bureau , où déji, se trouvent le décret de 1806 et le Code; pcnal des vaisseaux.

Le président procède à l'interrogatoire, et l'accusé déclare se nemmer André-Cliarles-Théodore Dupont-d'Aubevoye, comte d'Oysonville, natif de Docé (Maine-et-Loire), agé de 50 ans, capitaine de vaisseau, ci-devant commandant le Superbe, demeurant à Toulon, rue- de l'Arsenat

n" 15.

Interrogé par le président,, le capitaine d'Oysonville rend des faits un compte détaillé qui, rapproché des dépositions des témoins » présente à peu près ainsi dans leur ensemble les ch-constaaces qui, ont motivé ,, par force majeure, la perte du vaisseau le Super".