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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1836-11-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 01 novembre 1836

Description : 1836/11/01 (N14)-1836/11/30.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63628140

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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PARIS, 3 NOVEMBRE. 1 Le gouvernement français avait déclaré qu'il voulait reste r 1 paisible spectateur des graves mesures que l'Angleterre s'est décidée à prendre pour l'abolition de l'esclavage dans ses colonies.

Mais d'incessantes requêtes de la part d'une Société composée d'hommes politiques qui ont cru pouvoir s'arroger la mission de changer la société coloniale, et en même temps des interpellations adressées aux ministres dans les deux chambres, ont forcé M. le ministre de la mariue et des colonies à s'occuper plus promptement de l'affranchissement des esclaves français. Son premier soin a été de soumettre aux conseils coloniaux l'examen de plusieurs questions qui se rattachent incidemment à l'œu"'e fondamentale de l'émancipation. Le droit reconnu à l'esclave d'amasser un pécule et de posséder, la faculté donnée à cet esclave de se racheter, même contre la volonté du maître, tels

sont les deux premiers points sur lesquels l'attention des colons a été appelée par les dépêches ministérielles que les gouverneurs ont transmises aux assemblées législatives. Les délibérations des conseillers coloniaux ayant eu pour résultat le rejet de ces deux moyens transitoires, nous pensons que le gouvernement renoncera à les imposer d'autorité aux colonies. On dit même que déjà un autre projet d'émancipation graduelle est substitué au pécule et au rachat. Il s'agit de l'affranchissement des enfants au moment de la naissance, d'une indemnité accordée au maître pour l'entretien et l'élève de ces enfants, et d'une indemnité définitive lorsque le libéré aura atteint un âge où il pourra se su dire à luimême.

C'est un fait à peu près unanimement reconnu aujourd'hui que la position matérielle des noirs ne sera point améliorée par l'état de liberté. On sait que l'esclavage, réglementé par des lois qui protègent le noir contre la violence et l'abus de l'autorité du maître, n'est dans les colonies qu'un prolétariat organisé. De rares exceptions dans la conduite des maîtres ne suffisent pas pour effacer cette conviction chez les hommes impartiaux et de bonne foi. Il est même inutile d'ajouter qu'un pareil état de choses est plus avantageux que le prolétariat non organisé de la société européenne. Par conséquent, si la philanthropie n'avait pas d'autre motif pour introduire la liberté dans la société coloniale que l'amélioration matérielle de la condition du prolétaire des colonies, la philanthropie ne tarderait pas à être désabusée, et à recourir à d'autres moyens plus efficaces que la liberté. Mais les temps semblent venus où aucune considération ne peut consacrer ni justifier un principe qui permettrait à l'homme de posséder

l'homme. L'humanité est arrivée à cette limite; aucune puissance, aucune lorce, ne peut In faire rétrograder. Les colons, destinés a être victimes de celte transformation sociale, par suite des perturbations qu'elle menace de jeter dans leur fortune, ont avant tout pour mission d'aider le gouvernement à préparer son œuvre, pour la mener à bonne et pacifique lin.

Mais, s'il est démontré jusqu'à la dernière évidence que c'est

le principe qu'il faut effacer et détruire, les colons ne sont-ils pas autorisés 3 se délier de toute mesure qui leur est proposée et qui n'attaque pas le principe d'une manière directe et complète? I)écule, rachat, affranchissement d'enfants nés ou à naître , tous ces moyens laissent subsister l'esclavage : ainsi, à ce point de vue, ils sont suspects, surtout venant des abolitionistes, qui ne peuvent pas et ne doivent pas composer avec le principe.

Il faut bien se garder cependant d'envelopper le gouvernement dans une même accusation avec les ennemis naturels des possesseurs d'esclaves. Il ne faut pas voir des niénes et des

- .- u -leurres dans ce qui n'est de sa part que le désir de concilier, s'il est possible, tous les intérêts et toutes les opinions qui sont en lutte quand il s'agit d'abolir l'esclavage. Celte disposition à se tenir en garde contre le gouvernement s'est, à notre avis, manifestée mal à propos dans quelques conseils coloniaux. Elle est impolitique,et, avant tout, injuste. Le ministère de la marine et la direction des colonies ont tout intérêt à la conservation de nos possessions coloniales et des richesses qui ont été créées par l'esclavage. Mais il ne faut pas se dissimuler les exigences contre lesquelles ils ont a résister, ni la puissance des adversaires des possesseurs d'esclaves , surtout depuis qu'ils ont pu trouver des auxiliaires parmi les producteurs de sucres de betteraves.

Forcé d'obéir a ces exigences, le ministère de la marine met sous les yeux des conseillers coloniau £ >| £ §, expédients à adopter ou a refuser ; il les soumet à leur examen, et laisse les colons en toute liberté de donner leur opinion. Les adversaires des colons jouissent à leur tour d'une entière et complète liberté. Il serait bien difficile au ministre de la marine de laisser sans réponse et sans discussion les propositions qui sont faites par eux , et dont chaque député d'ailleurs peut prendre l'initiative dans les chambres.

Nous pensons donc que le conseil colonial de Bourbon n'a pas bien apprécié la position du ministère lorsqu'il a répondu, par sa délibération du 25 juin, à diverses notes que la direction des colonies lui avait transmises. Nous craignons également que le système de temporisation ne soit pas présenté à l'honorable assemblée avec tous ses inconvénients et ses dangers. Aujour-

d'hui, c'est avec une métropole forte, où les droits de la propriété sont respectés, que les colons ont à débattre et à défendre leurs intérêts. En ce sens il y a opportunité. Nous ne savons pas si des chances égales de sécurité contre la spoliation et la transformation brutale du travail dans les colonies pourront se produire :l toute autre époque; mais il est un fait pour nous démontré , c'est que l'avenir colonial n'aura pas de meilleures garanties qu: dans le gouvernement actuel et dans les principes sur lesquels il est fondé.

On veut, dit-on, attendre l'expérience faite par l'Angleterre.

Mais quels enseignements pourra-t-on en tirer? Le même système qui sauverait la fortune du colon anglais peut compromettra celle du colon français. Chaque peuple a son car -clerc et les institutions qui lui sont propres. Si l'on a pu donner une sanction proverbiale aux rapports qui existent entre maître et valet, qui peut dire que jamais cette vérité ait reçu une plus éclatante con iirmalion ailleurs que dans les colonies? Aussi les mesures qu'il convient de prendre pour maintenir la discipline parmi les esclaves anglais jetteraient peut-être le désordre dans les ateliers français. Bien plus, on oublie toujours que, de la part de l'Angleterre, bonne ou mauvaise, l'expérience est faite : l'émâncipation anglaise sera définitive à l'époque oit le conseil colonial de Bourbon voudrait que le gouvernement français s'occupât sérieusement de celle de ses esclaves. Ne craint-il pas qu'à cette

époque il n'y ait aucune possibilité de maîtriser le mouvement imprimé à la population noire par la liberté sans'condition acquise aux esclaves anglais? La Martinique, et la Guadeloupe surtout, menacées de ruine par les évasions, peuvent-elles opposer au gouvernement, quand il leur parle d'émancipation, ses promesses d'attendre les de l'émancipation des noirs anglais ?

Nous ne cesserons de répéter que le salut des colons exige qu'ils s'occupent activement cux-inèmes de leur avenir, et qu'ils aient, avant tout confiance dans les bonnes et franches dispositions du gouvernement. Il s'agit seulement de se retrancher derrière les garanties que leurs propriétés trouvent dans la charte , aussi bien que les propriétés de la métropole ; il s'agit de poser raisonnablement le chiffre d'indemnité auquel ils sOllseriront., si leur expropriation est jugée d'utilité publique. Telle est la ligne de conduite qui nous semble leur être tracée par la raison et par une saine appréciation des conséquences que peuvent avoir les doctrines sociales de l'époque actuelle. Leur tâche sera-t-ellc plus facile le jour où l'émancipation des nègres anglais sera définitive, quelle que soit d'ailleurs le succès des moyens qui au-

FEUILLETON

CHASSES ET PROMENADES SUR LES RIVES DU MISSISSIPI.

C'était à l'époque des fêtes de Noël (il y a déjà quelques années de cela ) : je laisser ma famille à Shavani, village situé près d'ilihdersoti, tout près de l'Oliio, afin d'aller explorer les rives du Mississipi, auquel M. de Chateaubriand a laissé dans Atala le nom indien de Meschassébée.

Je m'embarquai avec un pilote, qui était un peu de mes amis, sur un bateau manœuvré par quatre rames placées à l'avant, car alors la vapeur n'avait point pénétré jusque dans ces contrées. En trois jours nous eûmes descendu le courant, et bientôt nous entrâmes dans l'embouchure de Cash-Creek, petite rivière qui néanmoins est toujours profonde, et qui offre un port commode et sûr. Nous descendîmes à terre, et fûmes agréablement surpris de voir qu'une troupe d'Indiens avait établi un camp en cet endroit, afin d'y recueillir une moisson de noix, et de faire la chasse aux ours et aux daims que le froid avaient éloignés des régions polaires et qui viennent chercher là une température plus douce. J'admire le luxe, la grandeur, la magnificence que la nature dé-

ploie dans ces régions sauvages; l'imagination en est pour ainsi dire confondue. Bien que le froid eût dépouillé les arbres de toute verdure, je ne pouvais m'empêcher d'élever mes regards vers leur sommet, et ne me lassais point d'en admirer la prodigieuse hauteur. Je n'avais pas moins de plaisir et d'intérêt à considérer des milliers de perroquets qui venaient chercher asyle dans les troncs creux de ces arbres.

J'avais eu soin de me munir de toutes sortes de bagatelles : je portais avec moi quanti té de canifs, de miroirs, de couteaux, de ciseaux, declous, car je savais que tous ces ustensiles me seraient d'un grand secours. J'avais été à la rencontre des Indiens, et comme je connaissais leurs usages, que je parlais un peu leur idiome, que quelques uns d'entre eux s'exprimaient passablement en Français, il me fut facile de me mêler à leurs entretiens et à leurs travaux; et, avec quelques présents, ils m'abandonnèrent un grand nombre de curiosités naturelles, et les femmes même tendirent des piéges aux petits animaux pour pouvoir me les offrir.

Le lendemairMu jour qui suivit notre arrivée, je remarquai un grand mouvement dans le camp des indigènes, et j'appris que l'on se proposait d'aller à un lac où de nombreuses troupes de cygnes se rendaient chaque

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malin. Ces troupeaux de cygnes sont si considérables, qu'ils empêchent es eaux du lac de geler, par le mouvement qu'ils y causent en nageant incessamment.

Il me fut aisément permis de me joindre aux Indiens, et je pris place dans le canot. Les rames agitèrent bientôt les eaux, et nous atteignîmes rapidement l'autre rive. Je ne m'étonnai point de voir que c'étaient les femmes qui ramaient, ce trait de mœurs ne m'était point inconnu; mais ce qui ne laissa point de me surprendre, c'est qu'aussitôt après que les hommes furent dans le canot, ils s'étendirent et dormirent durant toute la traversée. Quant on eut débarqué, les femmes, après avoir amarré le canot, se mirent à cueillir des noix, et les chasseurs prirent le chemin du lac en écartant les buissons el les branches des arbres qui obstruaient notre marche. Ce n'était pas une petite difficulté : car; pour se faire une idée des obstacles des chemins, il faut savoir que tes rives de l'Ohio, près de sa jonction avec les eaux bourbeuses du Mississipi, sont toutes couvertes de cotonniers très étroitement serrés. Comme il est impossible de les abattre, on est forcé de se glisser à travers sur un sol extrêmement fangeux. Quand ces obstacles ont été franchis, il faut sauter des lagunes pleines d'eau bourbeuse, où il est arrivé à plus d'un chasseur de se noyer. Mais après ces dernières difficultés le lac est alleinl, et alors quelle fête !

Tout près de vous, sous vos yeux, se trouvent des centaines de cygnes

d'une blancheur éblouissante, qui glissent sur l'azur des eaux, se réchauffent au so ei.l, ou plongent dans le lac leur long bec noir. Aussitôt qu'ils nous aperçurent, ces jolis oiseaux s'enfuirent en donnant tous les signes de la plus vive crainte. Mais nos mesures avaient été si bien prises, qu il leur était impossible d'éviter nos coups. Le carnage fut très grand. Une demi-heure après notre arrivée, je vis plus de cinquante cygnes le dos renversé, la tète el le cou sous l'eau, les jambes cn l'air, se débattant contre la mort. Leur magnifique plumage devait servir à la parure des dames d'Europe.

Toutes nos chasses ne devaient point se faire avec la même facilité et avec autant d'agrément. Un de nos chasseurs ayant aperçu une panthère en traversant la fougère, il fut résolu que nous nous diviserions en trois troupes pour découvrir l'endroit où l'animal s'était réfugié. Mon fusil à deux coups était prêt. On alla d'abord au lieu où la panthère avait été aperçue, et l'on y distingua les traces de son passage. Les indigènes suivirent I empreinte des pas de l'animal avec une sagacité admirable au milieu de ces terrains fangeux, de landes et de savanes couvertes d'herbes dures, épineuses, entrelacées les unes dans les autres, et où il m'mil été impossible de découvrir la moindre chose. Nous parvînmes, environ

une demi-heure après, à un endroit fourré, hérissé de brousaiIJes, d'arbres sans écorce : ce fut là que nos guides s'arrêtèrent, disant que la panthère s'y était retirée. Il s'agissait maintenant de déloger la hcic farouche.

Nous poussâmes des cris assourdissants, nous frappâmes de ¡;rand coups de pieu sur les arbres et sur les hrnussailles, nous rimes de nombreuses décharges ; mais ce fut peine perdue. Enfin, après plus de deux heures employées à faire une battue dans les hautes herbes et les plantes sauvages, quatre chasseurs hien armés se décidèrent à pénétrer dans l'èpais fourré, en nous recommandant de tenir ferme.

A peine avaient-ils fait vingt pas , qu'ils aperçurent la panthère abritée derrière les branches d'un épais huisson, Ils firent feu : aussitôt l'animal se releva en poussant de terribles rugissements , et se jela sur nn des chasseurs. Je vis en frémissant la gueule béante de l'animal arriver à la face de l'homme; quand, celui-ci ayant fait un effort pour se dégager, la panlhcre saisit entre ses énormes mâchoires le bras du chasseur, lui fit faire une pirouette, et le jeta sur le dos. La terrible bêle allait se précipiter sur lui une seconde fois ; mais nous poussâmes pour l'effrayer des cris de toutes nos forces , car nul de nous n'osait tirer, de peur d'atteindre notre camarade. L'animal abandonna heureusement le chasseur étendu par terrc. sans mouvement, et en deux sauts atteignit le haut d'un arbre. Quelques uns d'erftre nous coururent au chasseur, qui, par bonheur, n'était point grièvement blessé, el, lorsque nous lui eûmes donné les premiers soins, nous nous rangeâmes en cercle autour de l'arbre, à la distance d'environ vingt mètres du tronc, pour que la panthère ne fut noint tentée de sauter sur nous. Nous commençâmes alors à

faire feu. Pô tr se dérober à nos coups, elle grimpa au sommet de l'arbre, chercha un abri au milieu des plus épaisses branches : mais elle ne pouvait nous échapper. Un quart d'heure après, elle chance a ; tomba au pied de l'arbre, s'agita, se tordit, luua : quatre balles lui avaient fracassé la tête et l'épaule droite. Nous courûmes aussitôt vers clic, et

nous l'achevimes à coups de crosse de fusil.

Il est souvent fort difficile d'atteindre les panthères quand cHes parviennent à se réfugier au sommet des arbres; on ne peut les viser alors, à cause de leur souplesse et de la rapidité de leurs mouvements, qui les protègent contre la sûreté du coup d'oeil et de la main de l'homme; et si t'on approche trop de l'arbre, elle se précipite désespérément sur les chasseurs. Mais celle-ci, blessée par nos camarades avant de grimper au faite de l'arbre, ne jouissait plus de la flexibilité de ses membres. La tête de la panthère fut séparée du corps, et conservée Comme trophée ; mais la peau fut unanimement accordée au chasseur blessé, qui l'avait i