Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1836-10-03

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 03 octobre 1836

Description : 1836/10/03 (N13).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6362813k

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93%.


PARIS, 2 OCTOBRE.

Les conseils coloniaux de la Martinique et de la Guadeloupe ont eu à délibérer sur quelques propositions du gouvernement de la métropole, qui tendent à préparer dans les colonies françaises la transformation définitive du travail esclave en travail libre et salarié. La concession de certains droits civils aux esclavcs, If pécule et le rachat forcé étaient les transitions dont

l'expérience semblait la moins dangereuse a laire : il n y avait pas de trop forte secousse à redouter, disait-on ; les embarras de l'administration seraient moindres ; les colons éprouveraient moins d'alarmes, et lc gouvernement (ceci paraissait une cause très déterminante) serait dispensé de l'indemnité.

Si nous sommes bien informés, les conseillers colons n'ont vu, dans ces préliminaires d'un affranchissement général et définitif qu'une première atteinte portée au droit de propriété, une première violation des principes sur lesquels repose la fortune

publique dans les colonies. Ils ont repoussé les ouvertures qui leur étaient faites, convaincus que leur adhésion les eùL placés sur une mauvaise pente où leurs adversaires auraient trouvé la possibilité de les faire marcher beaucoup trop vite vers le but que certains amis de l'humanité se proposent en réalité , c'est à dire, vers une expropriation sans préalable indemnité.

Notre but n'est pas aujourd'hui d'entrer dans de longs déve-

loppemens pour démontrer que les ailranclusseinens partiels, non seulement seraient sans avantages pour les colons, et pour le gouvernement lui-même intéressé à l'ordre et a la conservation des richesses créées ; mais encore que de très graves préjudices en résulteraient. Les esclaves forts, adroits, iuteiligens auraient pour arriver à la liberté une faculté dont ne profiteraient point les esclaves faibles, maladroits et inintelligens. De son côté, le maître privé des chefs du travail et réduit en toute apparence à ne posséder que les débris intimes de son atelier,

n'aurait plus le même intérêt au bien-être d esclaves impuissans et incapables. Le vol et la prostitution trouveraient dans la consécration légale du droit de pécule un encouragement et une tentation perpétuelle : l'unité du travail, indispensable à l'exploitation des propriétés coloniales, serait sans cesse menacée de destruction et de ruine ; elle serait mise pour ainsi dire, par lc rachat forcé, à la merci de l'esclave lui-même.

Nous devons dire néanmoins que si le droit de rachat et la faculté de posséder sont incompatibles avec la constitution de l'esclavage dans les colonies, lorsqu'ils doivent résulter de l'intervention dictatoriale du gouvernement, il n'en résulte pas que le maître doive pour cela renoncer d'une manière-absolue à l'usage de ce mode d'affranchissement. Seul juge de l'opportuni-

té, il peut trouver dans la faculté de pécule et de rachat accordée à son esclave un puissant mobile pour exciter son zèîe et faire naitre son dévoùmcnt. Entouré d'ennemis qui sont à la piste de toutes les récriminations et qui ne négligent aucune occasion de lui nuire, le planteur aurait tort de ne pas craindre l'influence des conseils de la malveillance. L'esclave qui peut

offrir le prix de sa liberté à son maître, s'il a la conviction que cette sorte d'affranchissement ne lui est pas ouverte, ira peutêtre demander sa liberté à d'autre lois que celles du pays et à des intermédiaires peu scrupuleux, agens provocateurs de désaffection et de rébellion contre les maîtres. On avait remarqué que la désertion des esclaves de la Martinique qui vont à SainteLucie et à Dominique se mettre sous la protection du bill d'émancipation promulgué dans les possessions anglaises, avait à peu près cessé d'avoir lieu depuis assez long-tcms; mais d'après les dernières nouvelles, au milieu du calme et de la tran-

quillité dont jouissent les colonies françaises, ce fléau de l'évasion a reparu même sur des habitations renommées par la douceur de leur administration intérieure et par le bien-être procuré aux travailleurs. Quelques esprits inquiets ont voulu voir la cause de la recrudescence d'un mai aussi funeste dans le refus des colons de concéder au gouvernement le droit de modifier la législation sur la propriété, sans préalablement stipuler le prix de l'indemnité condition essentielle de l'expro-

priation. Nous sommes loin de partager cette opinion ; et peutêtre serait-il plus raisonnable de demander compte des évasions d'esclaves à la désunion qui existe dans les dilfércns étages de la condition libre. C'est un sujet de graves méditations pour les conseils coloniaux et nous avons lieu de nous étonner qu'ils ne se soient pas plus sérieusement occupés de cette masse d'hommes nouveaux qui sont entrés dans la société coloniale depuis 1830. A ceux-là il aurait fallu créer des élémens de tra-

vail et les isoler autant que possible de la population esclave. A cet cllet, il fallait réserver exclusivement à la condition libre une partie des professions mécaniques et industrielles qui ont mal à propos retenu dans les villes un trop grand nombre d'esclaves au détriment de l'agriculture et surtout de la discipline des ateliers. - -

Mais déjà la question coloniale est trop avancée pour quon veuille la résoudre par des transitions. Chaque concession graduellement accordée par les conseils coloniaux est, suivant nous, grosse de préjudices pour les intérêls qu'ils ont mission de défendre. Les propositions qui n'ont pas l'indemnité pour base fondamentale d'une émancipation pacifique et profitable à l'avenir du pays, qui ne fixeraient pas préalablement le chiffre même de cette indemnité doivent être systématiquement écar-

tées. C'est à dire que, d'un autre côté, les conseils coloniaux feraient bien de prendre l'initiative, d'établir eux-mêmes les conditions d'une émancipation raisonnable, de concilier la quotité de l'indemnité pécuniaire avec la longueur du tems de l'apprentissage et de se déclarer, au nom de leurs concitoyens, prêts à soutenir l'abolition de l'esclavage, lorsqu'elle se présentera avec ces indispensables garanties.

Il parait décidé que M. le ministre des finances proposera dans la prochaine session des chambres un projet de loi sur les sucres. Les bases de la nouvelle législation sont le maintien,

pour le sucre de betterave, de la franchise (de la taxe et un abaissement du droit sur le sucre colonial. Nous craignons que ce mode de concilier les intérêts, qui nous paraît le seul dont on puisse attendre des résultats avantageux, ne soit pas adopté par les chambres sur une base assez large pour que la solution du problème satisfasse les colons ; néanmoins un commencement de justice doit être pour les conseillers coloniaux une garantie des bonnes dispositions du gouvernement, s'ils se font une idée de la puissance des intérêts contre lesquels ils ont à lutter en France. Nous engageons à persister nonobstant les concessions qu'ils vont obtenir, dans leur réclamation au suiet de

l'importation de leur sucre à l'étranger, c'est un privilège sur lequel ils peuvent insister avec d'autant plus de raison que le commerce maritime de la France - a - le plus grand intérêt à ce

-- - ------ - -- ,----- 0----- ------ -- - -développement de ses relations à l'étranger par l'intermédiaire des colonies françaises, nous ne doutons pas qu'ils ne soient appuyés dans leur prétention par les cultivateurs de betteraves eux-mêmes qui doivent désirer de se débarrasser de la concurrence du sucre dé canne sur les marchés intérieurs ; il arrivera d'ailleurs, en même tems que les marchés du Nord, approvisionnés de sucre des colonies en plus grande quantité et à meilleur marché, par l'économie des frais de transit, éprouveront moins le besoin de donner chez eux une grande extension à la culture de la betterave et de favoriser, par des moyens toujours onéreux au trésor, la fabrication du sucre indhrène. Cette

dernière considération mérite toute l'attention des pays qui possèdent des colonisations. La France est menacée de voir un jour ses barrières refermées sur elles-mêmes, et rcxporta-

tion des sucres raffinés ou bruts qui étaient autrefois une - branche si importante de sa prospérité commerciale, disparaître de ses états de douane. Nous avons souvent occasion de lire dans les journaux belges des détails les plus vrais, les plus intéressans sur l'avenir de la betterave dans la Belgique, pays si remarquablement disposé pour cette culture. Dans toute l'Allemagne des cultures se préparent, des sociétés se constituent pour la fabrication du sucre indigène sur une échelle très étendue ; il n'est pas jusqu'à laNorwége qui, elle aussi, ne revendique sa part dans cette étonnante découverte de l'industrie moderne. - Voici ce nue nous lisons dans la Gazelle d'état de

Prusse : - nm _n -- n -- - -- - ---- -H < Le professeur Maxhmann a reçu de la caisse d'état norvégienne une somme d'argent pour faire un voyage en France et en Allemagne. Le but de son voyage sera de recueillir des doeumons sur la culture de la betterave qu'on voudrait introduire en Norwége, et surtout sur son emploi pour la fabrication du sucre. )

Il ne faut pas se dissimuler que dans toutes les contrées de l'Europe, comme en France, la rivale heureuse du sucre de canne, va prendre des développemens qui méritent de la part des délégués des colons et des conseils coloniaux nne attention incessante et réfléchie.

FEUILLETON.

VOYAGE DE PARIS A RONFLEUR.

tOtJt FilIC SUITE Atlt VOYAGES Dt: CÉLÈBRE CAPITAINE COOK.

Honflcur, 17 septembre 1836.

I. Quoique M. Dupin, l'avocat, ait prétendu dans un récent plaidoyer que la loi prévoyait tout dans son infaillible sagesse, ce que nous pourrons bien examiner quelqu'un de ces jours, il est cependant un abus qu'aucune loi ne ré-

prime, cl que notre seule bienveillance pour le lecteur nous engage a éviter; cet abus, ce nous semble être le récit d'un voyage, depuis son commencement invariable : « Le goût des voyages se manifesta chez nioi dès ina plus tendre » enfance. nous parlimcs lie. le. janvier 17. à bord du. en charge Il pour. il soulllaii une jolie brise le ciel était pur et serein , etc. Il (Remarquez que le beau tems, au début d'un voyage, présage tonjours une hor-

rible tempête), jusqu à sa fin non moins invariable : « Entin, échappé a tous a ces périls, au sein d'une famille que j'aime, je remercie le ciel, et j'attends la u mort sans la désirer ni la craindre. »

Vous n'avez rien de semblable à craindre avec nous. Notre voyage est d'ailleurs si peu fécond en incidens, qu'il nous a pris un moment fantaisie d'en intituler le récit : « Histoire de ce qui ne nous est pas arrivé. » Mais cela nous eut jeté dans d'interminables longucurs. Le contraire sera beaucoup plus bref.

Et d'abord nous ne développerons pas les causes qui nous font écrire ce voyage : nous ne nous occuperons que de vous rassurer, vous prévenant que nous ne vous ferons subir que quelques notes prises chemin faisant. A quoi bon faire un voyage, si on ne le raconte p is ? Et puis, pour ceux que des occupations, des devoirs, des ennuis ont retenus à Paris toute la belle saison , il ne sera peut-être pas désagréable d'entendre un peu parler de la mer et de son horizon infini, de let réveriu mélaDcolique. et de sa grandeur accablante.

Peut-être, cependant, ne vous dirai-jc rien de tout fcla.-Mais j'entre en ma titre.

11. Il y avait une fois quatre voyageurs : un peintre, un magistrat, un chien de Tcrrencuve et un homme quel conque , que nous qualifierons au hazard homme de lettres, vieux style; car, de notre tcms, on rique pen de se tro»r.per en appelant homme de lettres la première personne qu'on rencontre dans

la rue, fût-ce même une femma.

111. Le magistrat se pcrdilldans le trajet de Paris à Maison, où nous allions prendre le bateau à vapeur.

IV. Sommaire des évênemens qui signalèrent notre trajet de Maison à Rouen : Famine, incendie, bris de navire , voyage interrompu , etc.. etc.

Il est juste de ne pas abuser plus long-tems, au moyen de ces sinistres , de la sensibilité du lecteur. Je me hâte donc d'ajouter que la famine fut causée par lc retard que mit le restaurateur de bord à servir un déjeuner impatienrment attendu. L'incendie fut provoqué par Ic peintre, dont le cigarre brûla une des petites fleurs qui chamarraient la rcbe d'une passagère. Le bris du navire fut plus réel : tandis qu'on attendait àPont-dc-r Arche qu'il voulût bienvenir de l'eau pour remettre à flot le navire qui avait touché,.. polir passer Ic tems on brisa et on raccommoda le gouvernail. Il est à remarquer que l'homme de lettres, de lieue en lieue, se jetait dans des improvisations de plus en plus poé-

tiques et maritimes. Il prit, des Mculan , le mouvement de la machine à vapeur pour un roulis ; il appela goëlans les oies de Pontoise ; à Vernon, il disait t virer, au lieu de tourner, et chasser de l'avant, pour avancer ; enfin, à Rouen, il appela la pluie un grain. Quant au magistrat, j'ignore s'il eut dit quelque chose, mais on sait que le magistrat s'était perdu dans le trajet de Paris à Maison.

V. Relation exacte de ce que nous ne vîmes pas à Rouen.

La cathédrale, l'église de Saint-Maclou , l'éstiae Saint-Ouen, plus belle

que toutes les deux, Ic monument de la Pucelle, et M. Bérat, pour lequel nous avait donné une lettre de recommandation son frère, notre ami, Frédéric Bérat, dont on chante dans toute la Normandie la jolie chanson : J'irai revoir ma Normandie. Nous regrettons beaucoup l'église Saint-Ouen, que nous avons vue autrefois, et plus encore M. Bérat, que nous ne connaissons que de réputation - comme un homme bon et spirituel.

Du reste, on ne saurait mieux faire que d'imiter les grands modèles. Dernièrement, un très grand poète était parti de Paris avec l'intention de comparer n'importe quoi à une cuillère à pot; nous avions donc emporté, nous, une fourchette, par esprit d'imitation ; mais nous avons eu la douleur de ne pouvoir l'appliquer à rien. Il y a un Dieu pour les très grands poètes, VI. Le chien de Terre-Neuve s'ennuya considérablement.

VII. Sur le bateau la Nonnflndie, de Rouen au llavrc, l'homme de lettres seprit de paroles avec un jeune homme fort aimable et encore plus blond qu'aimable. Ledit jeune homme paraissait véhémentement appréhender le mal de

mer. L'homme de lettres lc rassura et lui promit de l'avertir quand il y aurait quelque chose à craindre.

En passant devant la Maillcric, devant Caudebcc, on ne peut s'empêcher de songer à la femme que l'un aime : il y a là de belles solitudes à deux.

Quelques petits navires s'avançaient comme des cygnes ; la Seine devenaitpeu à peu la mer ; on allait franchir la barre da Quillebeuf, quand nous découvrimes, sur la rive gauche, une maison avec cette inscription : M., marchand épicier.

Un épicier au bord de la mer !

Le magistrat eilt bien ri, s'il ne se fut perdu entre Paris et Maison.

Le chien de Terre-Neuve n'avait alors d'autre désir que de sauter par-dessus le bord.

Il y eut un moment où la mer apparut tout à coup immense, sombre déjà , et colorée à l'horizon par les pâtes reflets d'un soleil couchant couvert de plusieurs vapeurs. La poitrine de l'homme de lettres sembla le dilater. Il aurait