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Titre : Bulletin colonial : supplément à la Revue du XIXe siècle

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1836-06-28

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327173415/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 495

Description : 28 juin 1836

Description : 1836/06/28 (N6).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63628051

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3013

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/12/2012

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PARIS, 27 JUIN.

Deux questions qui doivent décider de l'avenir des fortunes coloniales, ont occupé l'attention de la chambre des députés dans la session qui vient de unir.–Lors de la discussion du budget de la marine, le gouvernement a dû s'expliquer sur ses vues et sur ses projets ultérieurs, en ce qui concerne l'émancipation des esclaves.–M. le ministre des finances a enfin proposé une loi pour imposer le sucre indigène.

Le principe qui avait établi et autorisé l'esclavage des noirs dans les possessions françaises, a été abandonné par les défenseurs les plus ardens des intérêts des colons. Il a fallu plier devant r opinion publique, car elle a prononcé en dernier ressort, et l'abolition de l'esclavage lie peut plus être qu'une question d'opportunité et de tems. C'est donc le nouveau terrain sur lequel il convient de se transporter aujourd'hui, si l'on veut rendre ce grand acte de transformation sociale le inoins onéreux possible aux maîtres, à ceux qui sont devenus propriétaires d'esclaves sous la garantie et la protection des lois existantes, et en même tems conserver à la France, s'il est possible, des richesses créées par l'industrie française, à J'aide de capitaux français. -.

L'intention du gouvernement, à en juger par les paroles que M. le ministre de la marine a prononcées dans le cours de la discussion des articles de son budget, lorsqu'il a été question du service colonial, est d'attendre, avant de se mettre à l'œu'Vre, que les résultats du système d'apprentissage, organisé par la Grande-Bretagne dans ses possessions à esclaves, puissent être sainement appréciés, et que les avantages ou les préjudices qui en résulteront pour les divers intérêts compromis soient suffisamment démontrés. On dit même que déjà le brick du roi le Faberl, commandé par M. Pardaillan, est destiné à aller dans les Antilles anglaises, et que cet officier est chargé, par le département de la marine et des colonies, d'étudier la situation actuelle de ces contrées, alin d'éclairer le gouvernement français dans la marche qu'il se propose de suivre à son tour pour faire passer les noirs de ses colonies du travail esclavc au travail libre et salarié.

, Beaucoup de personnes croient en France que le bill mis à J: exécution le 1er août 1854 est une émancipation définitive. On n'a pas voulu comprendre que le nègre anglais, jusqu'en 1841, supporte encore toutes les conditions de l'état d'esclavage, i n'ayant même pas la faculté de choisir à son gré et de son liLre arbitre, le inaitre auquel il voudrait appartenir. Les traus•| Jerts de la propriété d'un esclave, pour tout le tems que doit ? durer encore son apprentissage, ont lieu comme autrefois par 1 vente privée, par vente publique, voire même par ventes judiciaires autorisées de loi et justice. Les conditions de la servi-

tude ont été modifiées à la vérité ; les heures de travail ont été diminuées, et le droit de châtiment, restreint considérablement dans les mains du maître, est dévolu à des magistrats 'l spéciaux chargés de veiller aux intérêts de l'esclave, mais de 1. le contraindre aussi au travail du maître, même sous ': peine du fouet. Il est difficile d'entrevoir dans l'apprentissage ) ainsi fait les conséquences que doit avoir un jour la liberté complète et définitive, celle qui donnera au nègre la faculté de rester sur l'habitation du maitre ou de la quitter; de se livrer V pour le maître à la culture des champs de cannes, ou bien i de demander à la terre, pour sou propre compte, des produits •y. dont elle est si libérale au-delà des tropiques ; cette liberté, .;: enfin, qui permettra au nègre d'aller chercher fortune dans d'autres pays que ceux où il a passé sa vie d'esclave.

--- En conséquence, s: les récoltes obtenues du travail quasi-

libre des apprentis n'offrent point de déficit, comparativement aux récoltes obtenues précédemment du travail es* I clave, si la fortune coloniale n'éprouve peu de dépréciation dans le chiffre de sa valeur actuelle, comparée à son importance avant la promulgation du bill du 1er août 1854, il ne faudrait pas se hâter d'en conclure, par induction, que les mêmes effets se reproduiront après 1840. A ce point de vue, le voyage de M. Pardaillan ou de tout autre agent que le gouvernement français voudrait envoyer dans les îles anglaises, serait sans but immédiat, d'autant plus qu'un projet de loi formulé par la France sur les mêmes bases que celles adoptées en Angleterre pour l'émancipation des esclaves, ne pourrait pas avoir d'autres résultats que ceux constatés aujourd'hui dans les pays de Ja domination britannique.

En effet, le chiffre total de l'indemnité d'expropriation a été préalablement fixé ; la base et le mode de répartition entre les diverses colonies ont été déterminés ; les fonds ont été votés ; le trésor a été reconnu débiteur envers les colons ; on a stipulé le nombre des années de l'apprentissage, ou pour mieux dire

de la continuation de l'esclavage des noirs ; on l'a établi d'après la différence entre le chiffre de l'indemnité et celui de la valeur réelle de la propriété ; les garnisons ont été augmentées, et des officiers ou magistrats spéciaux de police ont été envoyés de la métropole en assez grande quantité pour donner de suffisantes garanties à la sécurilé-des personnes et des propriétés. Tels sont les moyens employés par l'Angleterre pour rendre à ses nationaux l'équivalent d'une nature de propriété dont les prescriptions irrésistibles de l'opinion publique avaient marqué le tcrmc. Nous disons que le taux de l'indemnité payée par le gouvernement, ajouté à la somme que représentent les services et le travail obligatoire de l'apprenti jusqu'en 1841, offrent au colon une compensation à peu près équitable de la valeur de l'esclave dont il est dépossédé. Il ne faut pas oublier de mettre en ligne de compte la confiance que les planteurs anglais ont dans l'énergie de leur gouvernement. Ils savent, par de nombreuses expériences faites à diverses époques, qu'aucun appui ne leur manquera pour faire exécuter à leur profit les clauses de l'acte du 1er août 1854, qui ont maintenu leurs droits de maîtres pendant en tems donné. Voici des chiffres qui viennent justifier notre raisonnement Ils sont extraits d'une

dépêche officielle du général Carmichael Smith, gouverneur de Demerary, en date du 14 avril 1855.

Ventes publiques. - Depuis la promulgation du bill du 1er août 1854 - (le vendeur se désistant en faveur de l'acheteur du droit de toucher l'indemnité).

G apprentis ruraux, non attachés à la culture ( ouvriers d'habitation ) pour 8,850 florins, soit 1,475 florins chacun, ou 2,025 fr.

22 apprentis non ruraux (domestiques) pour 10,979 florins, soit 543 florins chacun ou environ 1,000 fr..

Ventes publiques dans le même espace de tems. (le vendeur gardant pour son compte le prix de l'indemnité).

54 apprentis ruraux non attachés à la culture pour 50,715 florins, soit 06i florins chacun ou 1,200 fr.

55 apprentis non ruraux ( ou domestiques ) pour 15,295 florins, soit 405 florins chacun ou 700 fr. environ.

Vente par autorité de Ittstice. - Uiie habitation complète a été adjugée avec usines, bfttimens, troupeaux, etc., pour 495,000 florins. Il existait d'après l'inventaire 656 apprentis ruraux attachés à la culture et*5 domestiques.Cette vente donne pour chaque cultivateur un prix moyen de 751 florins, soit environ 1,550 fr.

Certes, ces chiffres sont encore au-dessous de la valeur de

la propriété coloniale, avant la promulgation du bill d'émancipation, surtout si l'on calcule les risques de dépréciation encourus par une portion du capital de la fortune des colons, celle qui est représentée par les bàtimens, les usines et les instrumens d'exploitation. Mais encore faut-il se résigner à marcher dans cette voie qui sera la moins funeste aux intérêts coloniaux, et dont les avantages,pour les colons eux-mèmes,nous paraissent incontestablement supérieurs à ceux que l'on attend en France, comme dans les colonies, du pécule, du rachat ou de l'anranchissement partiel.

Aussi les-conseils coloniaux, chargés par le gouvernement de s'occuperde cette question de l'abolitiondc l'esclavage nous semblent-ils avoir une ligne toute tracée par le précédent du parlement britannique. Leur tâche la plus importante, celle qui doit attirer de leur part ic plus d'attention, nous parait être la fixation du chiffre de l'indemnité préalable et celle du nombre d'années pendant lesquelles le gouvernement prendra l'engagement, quelle que soit la nature des mesures coercitives qu'il jugera convenable d'employer, de forcer le nègre à se livrer encore aux traxaux demandés par le maître.

Ici deux intérêts se présententent : celui du propriétaire peu ou point grevé d'hypothèques et celui du propriétaire obéré.

A l'un il convient que le chiffre de l'indemnité préalable et immédiate soit augmenté en proportion indirecte du nombre d'années d'apprentissage ; à l'autrc, il serait préférablç que le tems du travail de l'apprenti t'ùt prolongé aux dépens de la somme d'argent à recevoir immédiatement. C'est aux conseils coloniaux à concilier les deux intérêts et surtout à prendre en considération la difficulté d'obtenir de la chambre des députés le vole de capitaux trop considérables pour des expropriations dans lesquelles l'intérêt des propriétaires métropolitains n'est

pas prédominant.

Au reste, ce sont, suivant nous, les bases les plus avantageuses sur lesquelles les conseils coloniaux auront à s'appuyer pour aider le gouvernement à accomplir son œuvre. Il doit être évident pour eux que leur concours et leur participation directe aux déterminations dont le ministère plus tôt ou plus

tard serait forcé de prendre l'initiative et la responsabilité , applaniront beaucoup de difficultés tqui, en délinitive, ne se- 1 raient résolues qu'à leur préjudice, s'ils assistaient les bras croisés au démembrement du système colonial.

Le chiffre d'une indemnité préalable et le mode de répartition, tel est le cercle où il nous semble aussi prudent que juste de se renfermer, de peur que les questions incidentes telles que le pécule, le rachat et les affrauchisscmens partiels et gratuits ne soient que des pièges tendus à la bonne foi des colons. Si la philantropie des abolitionnistes est sincère, s'ils veulent l'abolition de l'esclavage dans un but réel d'humanité et dans l'intérêt de l'esclave lui-même, ils joindront leurs efforts à ceux des maîtres pour arriver pacifiquement par cette voie à résoudre un problème qui doit avoir une si grande influence sur l'avenir du commerce français.

La seconde question dont les chambres se sont occupées, et qui n'est pas moins importante pour la fortune coloniale, est celle des sucres de betterave. Le projet d'impôt est définitivement ajourné à la session prochaine. La lecture de l'exposé des motifs par M. le ministre des finances, et celle du rapport de la commission par M. Dumon ont trouvé la chambre dans les mêmes antipathies contre l'établissement de l'impôt. Aussi les négocians des ports de mer cherchent déjà à l'étranger le placement des cargaisons de sucre qu'ils attendent des Antilles et auxquelles le marché intérieur est fermé par Lle sucre de betterave. Plusieurs demandes ont été adressées au gouvernement pour obtenir que les navires arrivant des colonies puissent, sans débarquer dans nos entrepôts, faire route pour l'étranger, ou même que l'exportation directe des produits coloniaux des ports des colonies à l'étranger soit définitivement autorisée. Ces demandes, repoussées momentanément par M.

le ministre des .finances, doivent.être renouvelées, mais sur une plus grande échelle, par les conseils coloniaux. Elles ne peuvent manquer d'être favorablement accueillies, pitis(lic elle,% ne portent aucune atteinte aux droits du trésor et qu'elles sont appuyées par les pétitions du commerce des ports de mer.

ATTENTAT CONTRE LA VIE DU ROI.

La France apprendra avec une douloureuse indignation qu'un nouvel attentat vient d'être commis sur la personne du roi. Un assassin a tiré sur le roi, dans lu cour des Tuileries, en plein jour, devant la garde nationale assemblée, et tandis que le tambour battait aux champs sur le passage de S. M.

Mais la France rendra grâces au ciel, en apprenant que les jours du roi ont été de nouveau sauves, et que la balle meurtrière que le crime lui destinait a épargné cette tête auguste sur laquelle reposent les intérêts les plus chers de la patrie.

Quelques lignes plus bas, et le roi était atteint; un deuil affreux couvrait lu France ; les conquêtes de six années de luttes pénibles et de sanglantes épreuves étaie t de nouveau remises en question, la révolution de juillet menacée, l'ave ir du pays compromis. Mais le roi est sauvé! Nous ne trouvons place d¡;, .s notre cœur que pour les seuliraens qu'un événement si miraculeux nous inspire. La perversité des hommes est en effet bien grande ; le crime ne se lasse pas; mais la Providence est aussi iufatigabk'} que le crime !

Nous donnons plus bas tous les détails que nous avons pu recueillir sur le crime et sur l'assassin. Mais nous voulons avant tout parler du roi. La France a besoin qu'ou l'entretienne de son roi au moment où elle a été encore si près de le perdre.

Le courage et la présence d'esprit de S. M. ont été admirables. Le roi baissait la tête pour saluer la garde nationale qui lui rendait les honneurs militaires, lorsque l'assassin, appuyant son fusil-canne sur la portière de la voiture, a lâché la détente. Le mouvement que faisait alors le roi l'a sauvé. La balle a été se loger dans la paroi supérieure de la voiture, où elle a été retrouvée. La bourre est restée dans les favoris du roi. La fumée de l'explosion a rempli la voilure dans laquelle se trouvaient, sur la banquette de derrière, S. M. la reine et S. A. R. Mme la princesse Adélaïde. Qu'on juge de leur effroi, de leur douleur, puis de leur joie, en voyant le roi se lever, mettre la tête à la portière, sourire à la foule, et demander si personne au dehors n'était blessé! S. M. a ensuite donné ordre de continuer la route, et elle est arrivée à Neuilly suivie de son escorte ordinaire, el sans que rien eût signalé l'affreux danger auquel elle venait d'échapper. A euiUy, LL. MM. le roi et la reine des Belges, les.

jeunes princesses, les princes, qui tous ignoraient le péril que le roi venait de courir, étaient allés à la rencontre de S. M.–Le roi souriant leur dit : « Mes en tans, vous voyez que je me porte bien !. Cependant on vient de tirer un coup de pistolet sur moi ! » Les larmes de la reine el de Madame apprirent le reste. Quelle douleur pour cette royale famille, si souvent éprouvée, toujours menaeée, parce que les ennemis de la France ne peu-, vent lui pardonner ni ses vertus, ni son bonheur domestique, ni les sympathies hautement avouées du pays?

Après le dîner, S. M., accompagnée de toute sa famille, a été visiter les postes de la garde nationale et de la Iiue, dont l'enthousiasme avait éclaté sur le passage du roi avec une vivacité extraordinaire. S. M. a remercié ces braves soldats des sentimens qu'ils avaient exprimés.

Cependant la nouvelle de l'allentat commis sur la personne du roi s'était répandue dans Paris, et de toutes parts, et de tous les rangs on accourait à Neuillv pour complimenter S. M. Pendant toute la soirée, une a ûlueuce considérable de pairs, de députés, de magistrats, de ministres étrangers, d'officiers de tous grades, a rempli les salons du château, el tout le monde a pu remarquer l'admirable sérénité du roi au milieu des aitarmes qu'avait inspirées h seute pensée des dangers courus par S. M. el