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Titre : Gustave Moreau : 1826-1898 / Ary Renan

Auteur : Renan, Ary (1858-1900). Auteur du texte

Éditeur : Gazette des Beaux-Arts (Paris)

Date d'édition : 1900

Sujet : Moreau, Gustave (1826-1898)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32564042n

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 1 vol. (139 p.-[8] p. de pl.) : ill. ; in-4

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Format : application/epub+zip

Description : Envoi d'auteur à André Halllays

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6355961n

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 4-V-17161

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/08/2013

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doté de la beauté parfaite une créature qui ne saurait posséder d'autre attribut. « La plus belle des femmes » — ainsi la désigne toujours Homère — est décente et noble, grave et résignée, innocente enfin et sans volonté ; nul désir, nulle passion ne l'agitent; nul maléfice ne la dépare; absorbée en une obéissante candeur, elle garde au milieu des rapts, des échanges, des hyménées criminels, la frigidité d'un marbre et l'inertie d'un simulacre. La fantaisie divine a disposé de sa chair, et muette à jamais est son âme.

Ni le Sphinx ni l'Hydre n'ont répandu tant de sang qu'une Hélène ne fit ; sang grec et sang troyen mêlés en fleuves. Un Hector, une Hécube, un Priam, un Patrocle conduisent le troupeau des Mânes qu'elle envoie par myriades à l'Hadès. Pourtant, une louange éternelle l'enveloppe, unanime ; cette beauté qui sème la mort — on cherche sur sa tête l'épervier signe de mort du symbolisme égyptien — est dans le même temps un talisman vénéré. Ferment de guerre, levain de haine et d'amour, elle est sacrée, elle est bénie de tous. Les vieillards assis aux portes de Scées, dans Ilion, se lèvent à son approche et murmurent à voix basse : « Certes, ce n'est pas sans raison que les Troyens et les Achéens aux belles cnémides endurent pour une telle femme des maux si affreux; elle ressemble aux déesses immortelles. » « Ma fille, lui dit le vieux Priam, à mes yeux tu n'es pas coupable. » Quintus de Smyrne la dépeint sortant de Troie en feu, parmi les nobles captives conduites aux vaisseaux des Grecs : « Tout autour, les phalanges étaient éblouies en voyant l'éclat et la merveille aimable de cette beauté sans défaut, et personne n'osa l'attaquer de traits méchants ; mais ils la regardaient comme une divinité, avec délices ; car elle leur apparut comme l'objet désiré. » Électre, dans l'Oreste d'Euripide, insulte d'abord Hélène, lorsque celle-ci rentre de nuit dans Argos, « craignant les pères de ceux qui sont morts sous les murs de Troie » ; mais bientôt le charme gagne la sombre vierge et lui arrache un cri d'envie : « 0 beauté ! que tu es fatale aux mortels et que tu es précieuse à qui te possède ! Hélène est toujours la femme d'autrefois 1. »

1. On connaît le beau mythe d'Euphorion, qui rejoint Achille et Hélène sur les bords du Léthée; Gœthe, au début du second Faust, en a dégagé la mélancolique poésie ; un de nos grands poètes français, Louis Ménard, a cependant pénétré le sentiment grec avec plus de délicatesse encore, dans un de ses premiers Poèmes.

Tel était le prestige du nom d'Hélène dans la basse antiquité même qu'une