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Titre : Paroles prononcées sur la tombe d'Henri-Adolphe Droisy, docteur en médecine... le 3 mai 1866, par M. Lefrancq,...

Auteur : Lefrancq, L.. Auteur du texte

Auteur : Lefrancq. Auteur du texte

Éditeur : Impr. de Vve Poulet (Avesnes)

Date d'édition : 1866

Sujet : Droisy, H.-A.

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30775338r

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : In-8° , 8 p.

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Description : Collection numérique : Fonds régional : Nord-Pas-de-Calais

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6351443r

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LN27-22367

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/10/2012

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PAROLES

PROOCÉES SUR LA TOMBE

d'Henri-Adolphe DROISY

2 Docteur en Médecine de la Faculté de Paris

PAR

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-

Directeur du Collège de Landrecics,

LE 3 MAI 1 866.

IMPRIMERIE, V. POULET, Grande Rue, 63, à Avesnes.

iCGG



MESSIEURS,

Quand un homme d'intelligence et de cœur descend dans la tombe, sa mort est une douleur publique, et sa perte est suivie d'universels regrets.

Qui de nous, en apprenant la fin prématurée, bien que prévue, du Docteur DROISY, ne s'est senti profondément ému sur le sort d'un médecin, jeune encore, qui a vu la mort s'approcher d'un pas lent mais certain, qui en mesurait chaque jour la marche sur les battements de son cœur, et qui songeait avec amertume, au milieu des progrès de sa maladie, au triste abandon où il allait bientôt laisser sa femme, aujourd'hui veuve désespérée ; ses deux enfants, trop jeunes encore pour comprendre toute l'étendue de leur perte ; de beaux-parents, fiers de leur gendre et du double lien qui l'unissait à eux ; un père malade, dont ce coup va peut-être précipiter les jours ; une sœur dévouée, inconsolable déjà de la mort récente


d'une mère près du lit de laquelle il se fit porter, mourant lui-même, et qui, à sa dernière heure, eut la douleur de pleurer son fils; un frère enfin, éloigné des siens7, qui va, pour la seconde fois, sur une terre étrangère, recevoir un télégramme funèbre !

Toutes ces douleurs de l'homme, nous les avons ressenties parce que nous connaissions la sensibilité de son cœur ; tous les regrets de sa famille nous les partageons, parceque DROISY nous appartenait aussi comme concitoyen et par les liens étroits et réciproques de l'estime et de l'amitié, du dévouement et de la gratitude.

Né à Landrecies, élevé parmi nous, il revint, après de longues et sérieuses études achevées à Paris, s'établir dans sa ville natale. Il n'y rencontra jamais un visage ennemi. tous nous sommes ses camarades d'enfance, ses condisciples, ses premiers maîtres, ses obligés, ses amis.

Dans les premières années de sa carrière médicale, qui fut hélas ! si courte, un jour, soit coïncidence fortuite, soit entente ménagée par la reconnaissance, six personnes qu'il avait amputées presque dans le même temps, se rencontrèrent ensemble chez lui pour le remercier de ses soins et de leur guérison. Ce fut un grand bonheur pour le jeune praticien qui s'en entretenait souvent dans l'intimité. Mais qu'ils sont plus nombreux aujourd'hui ceux à qui ses conseils ont été utiles ou salutaires, qui lui doivent ou leur propre conservation, ou celle de quelque membre de leur famille, d'un père, d'un époux, d'une mère, d'un fils, d'une femme ou d'une fille chérie, ou (lui se rappellent avec attendrissement ses


soins assidus, quand les ressources de la science étaient impuissantes, prodigués, à toute heure et jusqu'au dernier moment, au malade, pour adoucir ses souffrances et les regrets de ceux qui devaient lui survivre! Oui!

Ils sont nombreux et la foule pressée autour de cette tombe, quoique tous les rangs y soient confondus, ne les contient pas tous. Mais leurs regrets sont unanimes.

Esclave des devoirs sacrés de sa profession jusqu'au scrupule, d'une obligeance naturelle que rien .ne découragea ou ne refroidit, pas même l'abus qu'on en fit quelquefois, on le voyait, après les fatigues d'une longue journée, au moment où il allait prendre un repos nécessaire, se diriger en toute hâte vers le théâtre de - quelque accident ou de quelque mal subit.

La nuit même, riche ou pauvre pouvait frapper à sa porte ; elle s'ouvrait toujours, et le médecin dévoué, malgré les intempéries ou la rigueur de la saison, arrivait à la maison où sa présence était réclamée. Vous le savez tous : Si c'était la demeure de quelque malheureux père de famille vivant de son travail, DROISY, dans sa prévoyance généreuse, était muni des remèdes qu'il devait prescrire. C'était un don, bien souvent ajouté à la gratuité de la démarche. Il voulait, par son désintéressement, prévenir ces économies mal entendues que. l'ouvrier croit pouvoir faire, lors même que la maladie menace ses jours !

L'indigent malade, Messieurs, ne peut attendre de salut que de la bienfaisance publique. A quel amer retour sur lui-même ne serait-il pas condamné, si le médecin des pauvres était peu humain, souvent introu-


vable, avare de ses pas aussi bien que des secours dont il est le plus précieux dispensateur ?

Médecin du Bureau de Bienfaisance, DROISY, était toujours accessible, toujours prêt. Aussi doux, aussi empressé pour l'indigent que pour ses autres clients, il multipliait ses visites, selon la gravité de la maladie, comme il le faisait d'ailleurs, en toute circonstance., sans calcul et d'inspiration. Son ambition était de guérir.

Il s'agissait d'une existence humaine à sauver, rien ne lui coûtait ni le temps, ni les soins, ni l'argent. Les ressources mises à sa disposition lui paraissaient-elles insuffisantes, il y suppléait de sa bourse. On peut dire qu'il était, après celui qui inspire le bien, la providence de ses pauvres. Aussi le pleurent-ils tous aujourd'hui, et conserveront-ils un long souvenir du zèle et de la bonté de leur médecin.

Il vivra aussi ce souvenir chez tous les militaires de notre garnison près de qui DROISY remplissait les fonctions d'aide-major. Leur nombreuse députation, qui a voulu s'unir à ce funèbre cortège dit assez quels sentiments il a su leur inspirer. Là encore son éloge est dans toutes les bouches. « Le major DROISY, disent-ils avec regret, le major DROISY était bon pour le soldat ! »

Caractère doux et bon en effet, âme sereine, quoique sensible et délicate jusqu'à l'excès, DROISY inspirait tout d'abord la confiance; il savait rassurer et consoler aussi bien que guérir.

Modeste autant qu'instruit, il aimait la médecine et la chirurgie ; il en parlait volontiers. Mais sa conversation n'était pas l'effet de la vanité. C'était une causerie


attachante, empreinte d'une aménité qui était presque de la bonhomie, où le médecin habile ne semblait parler que pour se réjouir du progrès de la science.

Esprit éclairé, large dans ses idées, il ne faisait pas étalage de ses principes, il les pratiquait. Ses sympathies généreuses étaient connues ; ses nobles convictions étaient profondes. Sincère et conséquent avec lui-même, il honorait ses opinions par' ses actes !

Heureuse la ville qui produit de tels hommes !

Heureuse des services qu'elle en reçoit, heureuse encore des hommages qu'elle accorde à leur mémoire. Car la reconnaissance est à la fois une consolation et le meilleur encouragement au bien.

Cette gratitude et ces regrets, qui les mérita mieux que celui que nous pleurons; qui en reçut un plus sincère et plus touchant témoignage !

Ah ! puisse-t-il en avoir conscience dans la région sereine ouverte aux vertus de l'homme de bien, aux mérites de l'homme de cœur !

Puisse aussi arriver jusqu'à lui l'adieu suprême que nous lui adressons au milieu de la tristesse et de l'émotion générale! DROISY, au nom de ta famille désolée ; au nom de tes confrères accourus de loin pour te donner une dernière preuve de leur estime et. de leur affection ; au nom de' l'Association des Médecins du Nord, dont tu fus l'un des premiers et des plus fervents adhérents ; au nom du Bureau de Bienfaisance dont tu fus le généreux interprète ; au nom de tous les militaires qui ont tenu garnison parmi nous et à qui tu prodiguas tes soins avec tant de sollicitude ; au nom


de tes plus intimes amis qui pleurent à mes côt nom de tous tes concitoyens, riches ou pauvres que m as obligés ou sauvés; au nom de la ville qui 4 donné le jour et qui tout entière regrette aujourd'hij ta perte, Adieu! DROISY, noble esprit, qui mis ton cœur au service de la science, et, si souvent, 4g science au service de ton cœur, Adieu ! Adieu ! i