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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1844-10-16

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 16 octobre 1844

Description : 1844/10/16 (A1,N11).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63446982

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/12/2012

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A. VIS.

Nous prions ceux de nos abonnés qui ne veulent pas éprouver d'interruption dans l'envoi du journal et qui n'ont point encore acquitté leur abonnement, de vouloir bien nous en faire passer au plus tôt le montant en des effets sur Paris ou des mandats sur la poste, ainsi qu'il est expliqué ci-dessus au paragraphe ABONNEMENS.

M. J. J. Sardou, actuellement à Alger, hôtel du Belvéder, rue des Trois-Couleurs, est provisoirement chargé de tout ce qui concerne les intérêts du journal en Afrique.

N Paris, 15 Octobre 1844.

Le Constitutionnel renferme, dans son numéro d'hier, un article relatif à l'ordonnance sur la propriété en Algérie.

On y remarque les passages suivans :

« Le fondement des empires, c'est la propriété. Là où la propriété n'existe pas, certaine, incommutable, productive; là où on ne trouve pas une population attachée au sol et intéressée à le défendre, il n'y a que des jours sans lendemain. L'ordonnance destinée à régulariser, à fonder la propriété , était donc d'une urgence et d'une importance qu'on ne saurait contester. Elle a du être accueillie avec faveur, n'eût-elle d'autre mérite que celui de répondre à un besoin universellement senti. -- ---- - -. a

On a beaucoup parlé de l'incertitude et de l'instabilité du droit de

propriété eu Algérie, des risques que faisait courir aux acheteurs le principe controverse de la loi musulmane, d'après lequel le droit de propriété n'existerait pas en pays d'Islamisme ; ou bien de la nature même des propriétés, qui étaient généralement frappées de substitution, sous la dénomiuation de habousenfin de la mauvaise foi des vendeurs arabes qui auraient fait des ventes trop souvent frauduleuses.

» Nous ne discuterons pas ces diverses assertions : il nous suffit de ce fait qu'il était admis, dans l'opinion publique, que rien n'était moins sûr que la propriété en Algérie; cet état de choses avait inspiré de justes alar-

mes, il entravait le bon vouloir des hommes à la fois éclairés et entrepre- naos, qui n'osaient rien fonder de sérieux sur le sol ébranlé de nos possessions africaines. L'ordonnance a donc fait une œuvre utile et politique en tranchant ces difficultés, en prenant pour point de départ l'existence d'un droit de propriété en Algérie, en s'efforçant de le dégager de ses entraves, de ses perplexité*, en prenant des moyens décisifs que n'admettrait pas un pays constitué, mais 4ue là les circonstances ltigitiment, à l'effet de consolider la possession du 801 dans les mains de ceux qui peuvent la faire tourner au profit de l'intérêt général.

» L'ordonnance s'est surtout associée aux vues que nous avions exposées, par les mesures énergiques qu'elle a prises pour assurer la mise en culture des terres. Ces mesures, qui tendent à favoriser le travail, seront comprises et approuvées par tous ceux qui veulent fonder des établissemens sérieux en Afrique. Quant à ceux qui se refusent à cultiver, et qui, par là, se mettent en état d hostilité flagrante avec les intérêts généraux, il n'y a pas à s'occuper de leurs doléances: l'intérêt de quelques spéculateurs ne saurait prévaloir sur l'inlérêt de tous.

Disons, avant toute réflexion, que la plupart des écrits relatifs à la propriété en Algérie, qui se sont publiés en France

depuis plusieurs années, se font remarquer par les plus étranges aberrations. Nous ne savons où les publicistes qui en sont les auteurs ont été puiser les théories incroyables qui s'y trouvent développées, alors qu'il suflisait simplement d'ouvrir les yeux et de voir, pour se rendre à l'évidence des faits. Une méthode aussi simple eût épargné bien des erreurs.

Déjà, il y a quelque temps, le Constitutionnel insinuait, dans un paragraphe, que la terre, en Afrique, est terre de l'Etat.

Nous lui fîmes alors observerque tout se réunit, titres et législation, pour démontrer l'inexactitude de cette assertion; aujourd'hui, ce journal reproduit à peu près la même idée, en soutenant que l'ordonnance destinée à fonder la propriété était d'une urgence et d'une importance incontestables.

Si l'écrivain qui a émis cette opinionest de bonne foi, comme nous le pensons, nous l'engageons sérieusement à étudier une si grave question avec plus de soin; il verra que la propriété en Algérie n'a besoin ni d'être fondée, ni d'être constituée, et qu'elle y repose sur des bases aussi solides qu'en France: si,

au contraire, cet article émane, ainsi que certains indices pourraient le faire craindre, d'une source intéressée, nous ne pouvons y voir qu'un parti pris de justifier, par tous les moyens possibles,un arbitraire que l'on semble affectionner : pour quels motifs? l'avenir nous l'apprendra.

Nous avons dit que soutenir la nécessité de fonder et de constituer la propriété en Algérie était une assertion purement gratuite et dépourvue de toute espèce de preuves ; nous avons ajouté que la propriété reposait sur des titres et sur des décisions judiciaires 4 nous le prouvons. -

Nous ne nous occuperons pas. des titres ; tout le monde peut en avoir entre les mains. D'ailleurs, les habous ou substitutions, démontrent mieux que toutes les espèces de raisonnemens, que le droit de propriété était assis sur des titres authentiques, puisqu'ils annoncent chez leurs auteurs la faculté ouvertement reconnue de disposer de leurs biens à leur gré, et qu'il n'est guère possible de concevoir le droit de propriété sans titres à l'appui. On a souvent objecté, il est vrai, le pouvoir qu'avait le chef de l'État de s'emparer de la propriété des sujets; cela ne peut être nié; mais, s'il en avait le pouvoir, aucune loi ne lui en reconnaissait le droit, et ceux qu'il blessait ainsi dans leurs intérêts se sont toujours considérés comme victimes d'une véritable spoliation. C'est ce que l'on n'a point - assez aperçu. -

Pour co qui est des décisions judiciaires , le jugement suivant, rendu, le 19 septembre 1836, par le tribunal civil d'Alger, section musulmane, jugement confirmé plus tard, en appel, établit suffisamment l'existence de la propriété en Algérie puisqu'il statue sur la nécessité de faire rentrer les habous dans le droit commun, afin de débarrasser la législation régissant la matière de ce qu'elle pouvait avoir d'anormal et de contraire à nos mœurs.

« Attendu qu'à la vérité, d'après la législation musulmane, et

dans la rigueur du droit, les immeubles Jrappés d'habous ou de substitution fidéi-commissaire graduelle devraient parvenir aux appelés exempts de charges du fait du grevé; mais qu'il est de la nature de la propriété immobilière de se mettre toujours en rapport avec l'état politique du pays, qu'ainsi ses conditions sont nécessairement variables et de fait ont varié à Alger après la conquête.

» Qu'en effet; qui veut la fin veut les moyens ; qu'on ne saurait donc admettre que, tandis que la France a poussé à la colonisation en prenant l'engagement de garder sacouquête, elle ait voulu exposer ceux qui, en l'en croyant, sont devenus colons, à être évincés quelque jour de leurs propriétés, en vertu des dispositions sur les habous, sur les echffas et autres lois surannées, que l'intérêt bien entendu de son industrie agricole lui a fait supprimer chez elle ; que telle n'a pu être sa pensée; qu'aussi, tout ce qu'on peut dire touchant ces lois, c'est que, toujours obligatoires pour les indigènes, elles ont été abolies en ce qui concerne les Européens et ceux qui leur ont été assimilés, par la seule force du nouveau droit public introduit dans le pays par la conquête et la mise en vigueur de la - législation métropolitaine qui les repousse.

Qu'il faut, en outre, ne pas perdre de vue que cette manière de faire prévaloir le droit public sur le civil, la législation nationale sur l'indigène, a reçu l'assentiment, du moins implicite, des ulémas et des magistrats maures eux-mêmes, de ces derniers surtout, qui, à la fois juges et notaires, n'ont pas hésité à passer des milliers d'acles d'aliénation de biens habous, nonobstant la - défense de leurs lois, etc. »

Ainsi donc, ce n'est ni de fondation, ni de constitution de la propriété qu'il s'agissait, mais seulement de sa reconnaissance explicite, et de sa reconnaissance forcée, obligée par la nature même des choses. C'était, en un mot, un travail de consolidation, et rien de plus, que l'administration devait s'empresser d'offrir aux intérêts alarmés, au lieu de leur faire attendre si longtemps l'œuvre informe et spoliatrice à laquelle elle vient de donner le jour.

Sans doute, tout n'est pas pour le mieux en Algérie ; sans doute il est de la plus haute importance que la colonisation, qui jusqu'à présent n'y existe guère qu'en germe, s'y développe sur la plus large échelle ; sans doute il faut que des mesures vigoureuses assurent la culture du sol, cette premiere nécessité de la prospérité du pays; mais il ne fallait pas pour cela avoir recours à des moyens qui passeraient en tout pays pour des

moyens odieux, injustes et tyranniques. Que les propriétaires à titre onéreux qui se refuseraient à cultiver ou qui n'en auraient pas la possibilité, soient contraints, si l'état du pays l'exige, de voir passer, moyennant un juste dédommagement, des propriétés inutiles entre leurs mains, au pouvoir d'hommes mieux intentionnés, ou disposant de ressources plus puissantes , nous le concevons et nous l'approuvons, parce qu'en Algérie l'utilité publique la plus incontestable est sans èontredit la mise en culture du territoire; mais, avant d'en venir à ce remède héroïque, au moins était-il convenable d'en faire précéder l'application par une mise en demeure régulière, de fixer des délais, et surtout de donner les moyens de tirer parti do leurs domaines aux propriétaires dont la bonne volonté rencontre devant elle des obstacles insurmontables.

FElilLlEIOS DK ViFitiQUE. - 16 OCTOBRE.

Oaflé de Hnmmali (t).

En suivant la route d'Alger à Coubah, on trouve au pied des collines, et à la hauteur au jardin d'essai, le joli café de Hammah, que les Européens connaissent sous le nom de Café des Platanes. L'origine toute moderne de cette désignation est due aux beaux arbres qui ombragent la construction indigène, dont l'aspect, tel qu'il était au moment de la conquête, se trouve fidèlement roproduit dans la planche ci-jointe. Il s'en faut debeaucoupqtiece lieu présente encore aujourd'hui le caractère original qu'U avait à cette époque: la main impitoyable de la civilisation s'est étendue sur le site pittoresque et sur le gracieux édifice arabe qui n'en était pas le moindre ornement. Les ponts et chaussées ont remplacé par une route bien large, bien droite et bien poudreuse, le frais sentier qui serpentait jadis sous un épais berceau de verdure ; les plantations régulièrement alignées, et les allées du jardin d'Essai, tirées au cordeau, se sont substituées aux bouquets d'arbres aut fois jetés capricieusement çà et là entre le joli bâtiment indigène et la Méditerranée; enfin, la bruyante guinguette, cette importation toute, française, est venue suspendre son

bouchon en manière d'étendard bachique à côté du café maure, comme pour faire ressortir les différences qui distinguent les deux nations, en réunissant dans un même Heu les oppositions les plus tranchées. A côté de nos Français gais, vifs, ardens, et qui aiment à augmenter leurs dispositions naturellement fort expansives par l'usage des boissons fermentées, on voit les graves et immobiles indigènes qui en fait de liquide, ne se permettent que l'eau pure des fontaines, ou la liqueur de moka, tonique inoffensif, qui laisse à la raison tout son calme et toute sa lucidité.

(t) Ce feuilleton est extrait de l'Algérie Pittoresque et Monumentale, magnifique ouvrage dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs et que pnblle M.

Delabaye, éditeur, rue BautlfeuUle. 16, à Paris.

Mais laissons la guinguette et ses plaisirs tumultueux pour ne nous occuper que de notre café maure. A l'ombre des platanes, plusieurs grandes nattes sont étendues, et les consommateurs s'y tiennent habituellement assis sur leurs jambes croisées, ou bipn couchés à demi et appuyés sur le coude. L'officine du Gawadji ou cafetier, placée en face de l'arbre du milieu, renferme des bancs recouverts de nattes, où l'on ne vient guère s'asseoir que pendant la mauvaise saison. Auprès d'un fourneau où l'eau bout continuellement se trouve !e mortier dans lequel on pile le café ; au-dessus est suspendu un tableau destiné à recevoir les noms de ceux des habitués qui inspirent assez de confiance pour qu'on se hasarde à leur ouvrir un crédit. Des pip s, quelques petits tabourets en bois et deux ou trois damiers constituent le reste de l'ameublement. Il y a loin de ce modeste mobilier au luxe éblouissant qui brille dans nos cafés parisiens ; et cependant la situation, l'architecture, l'arrangement, la composition de la plupart des établissemens de ce genre que l'ou rencontre dans la campagne d'Alger ont quelque chose de si pittoresqne, de si original, de si antique, qu'on y éprouve des émotions d'une nature tranquille, - et pour - ainsi - dire primitive, que n'inspirent certainement pas les

magnifiques cafés de la métropole. Si l'on n'aperçoit ici ni fresque, ni dorure, du moins on est exempt de la pensée pénible que fait naître la prodigalité d'ornemens imaginés ailleurs pour séduire un public blasé que mille concurrens s'arrachent, luxe effrené derrière lequel on peut lire facilement la ruine du propriétaire ; car dans la lutte acharnée dont le commerce européen nous offre l'image, que de s doivent succomber pour qu'un seul s'enrichisse! l) -A..

Le cafetier de Hammah, sans inquiétudeVnjç^êl^nc(^nans crainte jalouse des succès de ses confrères, par on humble laboratoire et le lieu où siègent ses e: tites pinces en fer, on le voit s'empresser de dépolie uprbon ardent sur la pipe d'un fumeur, ou bien offrir ciatio airée d'un amateur le fendjol (tasse) rempli d'un café M S X.- < M grèvera le

budget du consommateur que d'une dépense de cinq centimes. Quand le Gawadji n'est pas occupé à ce service actif, il se tient gravement devant son fourneau, où il se livre à la confection de la liqueur dont le débit est la base de ses revenus, opération chimique qu'il renouvelle à chaque instant et sans se donner beaucoup de peine. Lorsque l'eau est arrivée au degré de l'ébullition, il y jette le café pilé, puis il la remet au feu pendant quelques secondes; après quoi il la retire, la transvase plusieurs fois d'une bouilloire dans une autre, et verse enfin la liqueur obtenue dans de très-petites tasses sous lesquelles il place une espèce de coquetier en cuivre, sans pied, qui remplace nos soucoupes. Si, avant de boire, on prend la précaution de laisser le marc se précipiter, on a une boisson agréable et légère qu'on ne saurait trop recommander aux Européens. Prise en petite quantité dans les temps de chaleur, elle apaise efficacement la soif et dispense de charger l'estomac de liquides qui excitent la transpiration, débitent le corps et le prédisposent aux fièvres et - aux dyssenteries.

Boire du café n'est pas l'unique plaisir que les indigènes se procurent dans ces sortes d'établissemens ; ils s'y livrent aussi à plusieurs jeux, parmi lesquels celui des cartes occupe la principale place. Il est à remarquer que non-seulement il font usage de cartes espagnoles, mais qu'en outre il les désignent par leurs noms espagnols. Ainsi, ils appellent les couleurs oro5, copas, espadas, bastos; les figures rey, dama, sota ; et les autres cartescuatro, cinco, seis, etc., suivant leur ordre numérique. Les relations nombreuses qui ont toujours existé entre ce pavs et la Péninsule, l'origine andalouse d'un assez grand nombre de Maures algériens, expliquent suffisamment cette particularité qui étonne au premier abord.

Le jeu de dames est encore un de leurs divertissemens favoris. Les cases des damiers, au lieu d'être distinguées par des alternatives de blanc et de noir, sont les uns en relief et ies autres en creux. Ils substituent à nos disques en bois deux sortes de pièces, dont les unes ont la forme des toun et têt MtrM celle des pions du jeu d'échec. Leur manière de jouer