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Titre : L'Afrique : journal de la colonisation française, politique, économique, agricole, commercial, littéraire et scientifique / fondé à Paris par les colons de l'Algérie ; [directeur-gérant responsable : Hte Peut]

Éditeur : au bureaux du journal (Paris)

Date d'édition : 1844-09-06

Contributeur : Peut, Hippolyte (1809-1889). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb326834694/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 316

Description : 06 septembre 1844

Description : 1844/09/06 (A1,N3).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6344690r

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-3025

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/12/2012

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Paris. 5 septembre 1844. La tranquillité qui n'a cessé de régner dans toute l'Algérie, malgré les bruits lointains de bataille, les appels à la guerre sainte, les provocations d'Abd-el-Kader, et peut-être les sourdes menées de quelques marabouts jaloux de retrouver une influence que le temps mine et détruit irrévocablement, est un fait d'une immense portée, qui prouve hautement les progrès de notre puissance en Afrique et la solidité que notre domination y acquiert chaque jour.

Les exigences du Service militaire avaient appele dans l'ouest toutes les troupes disponibles pour les opposer à l'imminence d'une invasion que les lenteurs diplomatiques du gouvernement du Paris rendaient chaque jour plus redoutable. La pro* vince d'Alger était dégarnie; le général Marey. avec sa colonne, était sur les confins du petit désert; mille hommes environ restaient seulement à Orléansville pour surveiller cette populeuse vallée du Chéliff, où la fertilité du sol retient de nombreuses tribus; les peuplades de rOuarensenis, qui avaient

exigé une guerre si rude et si opiniâtre, étaient abandonnées à elles-mêmes; les Kabyles de l'est d'Alger, les Flissas, les Amraouas, soumis d'hier, à la suite d'une campagne si rapide que l'on avait pu concevoir des doutes sur la réalité de cette sou.mission, restaient libres dans leurs montagnes; et pourtant aucune fermentation ne s'est manifestée, aucune défection n'a eu lieu, aucune tentative de révolte n'a été essayée ; tout est resté dans le calme le plus parfait, l'ordre n'a été trôublé nulle part.

Un résultat aussi inespéré, obtenu en aussi peu de temps, a certes bien lieu de surprendre, surtout quand on songe au peuple auquel on avait atraire, à ce peuple avec lequel, il y a quelques jours à peine, on était aux prises sur presque tous les points du pays; à ce peuple si jaloux de son indépendance, si fier, si belliqueux, si opiniâtre, et chez lequel les haines religieuses sont aussi vivaces. Il consacre glorieusement l'ascendant naturel de la civilisation sur la barbarie, et le profond

effet moral de la puissance française sur des tribus dont les incessantes hostilités semblaient rendre impossible la pacification. Il démontre qu'avec de la fermeté, de la justice et de la persévérancé, on peut triompher d'obstacles réputés invincibles. C'est plus que la simple domination du vainqueur sur le vaincu, c'est la reconnaissance implicite de notre supériorité politique et sociale. Nous sommes heureux de signaler cette nouvelle situation, parce que nous y voyons des gages importans de confiance pour l'avenir.

Tout le monde a contribué à cette grande œuvre, dans divers esproportions : la population civile par son activité, l'armée

par ses victoires et par ses travayx ; mais, disons-le franche- ment, parce que c'est la vérité, la plus belle part en revient au maréchal et aux lieutenans qui l'ont si noblement seconde.

C'est lui qui, le premier, a érigé la sécurité en système, qui en a fait la base de la prospérité future de la colonie, et qui en a poursuivi la réalisation avec une énergie, une conviction, un zèle au-dessus de tout éloge. Quoi qu'on en ait dit, cette idée était juste. Sans séourilé, l'Algérie se serait trainée péniblement au milieu d'agitations sans fin et d'hostilités perpétuelles.

L'essor de la colonisation, constamment menacé, aurait été nul ou presque nul. Les bras et les capitaux ne s'y seraient transportés qu lente ment, en petit nombre et avec répugnance; quels que soient les avantages matériels et moraux qu'offre un pays, on n'y va pas facilement quand on risque à - - - - - - .-.

chaque instant d y avoir la tête coupee. Avec la sécurité, au

contraire, l'argent et les hommes amuent, la prospérité s'éveille, la richesse se crée, le commerce s'agrandit, l'aisance se répand, et la libre jouissance de tous les droits de citoyen devient le résultat inévitablè d'une situation dont elle est le corollaire obligé. Un pays prospère est toujours un pays libre.

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L'ordre et la paix en Afrique étaient donc les fondemens indispensables à donner aux institutions ; mais pour avoir la paix, il fallait faire la guerre et la faire avec vigueur, et la faire partout où la moindre étincelle apparaissait, afin d'imprimer à ces esprits ardens une crainte. salutaire. C'est ce que le maréchal a parfaitement compris, et c'est ce qu'il a exécuté avec un talent réel et un rare bonh eur.

Là populatîon arabe ne ressemble pas à la population européénné; vouloir la soumettre par les raisonnemens et les moyens termes est une chimère. L'empire de la fatalité qui domine ces imaginations exaltées et incultes, la haine du nom chrétien les aurait sans cesse ameutées contre nous. Il était indispensable de leur imposer par là force, par cette puissance devant laquelle seulement tombe leur orgueil, parce qu'ils croient y lire l'arrêt de la Divinité. N'essayez pas de persua-

der un Arabe debout; mais quand il sera par terre, peut-être alors pourrez-vous employer à le convaincre l'ascendant que vous exercerez sur lui.

Aujourd'hui, les populations indigènes considèrent le maréchal comme un homme prédestiné, comme un être fastique, envoyé par Dieu pour les châtier et les soumettre. Son nom seul inspire la terreur aux uns, la confiance aux autres, le respect à tous. Qui sait même si la présence du maréchal n'est pas la plus solide garantie de la paix, et si son départ prématuré ne serait pas le signal d'un soulèvement universel. Avec les Arabes, tout est à craindre ; ils penseraient que Dieu est de nouveau pour eux en voyant se retirer le bras qui les domine;

il est important de laissér encore près d'eux l'homme qui les maintient dans une soumission aussi absolue.

L'opinion que nous exprimons ici est l'opinion générale de la colonie ; on a parlé, il y a quelque temps, de changement dans le gouvernement supérieur de l'Algérie. Nous pouvons dire, sans crainte d'être démenti, que la presque unanimité des colons verraient ce changement avec un regret sincère et la plus vive inquiétude. Ils sont reconnaissans de ce que le maréchal a fait pour le pays; ils lui savent gré de ses travaux et redoutent des modifications qui pourraient tout remettre en Question.

Le gouverneur-général, comme tous les hommes, n'a pas sans doute la perfection en partage; ses vues en administratration civile et en économie politique ne sont pas toujours justes, nous l'avons déjà fait remarquer, et nous aurons peutêtre encore occasion de le faire observer de nouveau ; mais, du moins, il est plein de bonne volonté, il veut sincèrementle bien dujpays ; il s'est dévoué d'âme et de corps à cette œuvre, qu'il poursuit avec une prodigieuse activité ; il sait avouer ses erreurs, il en revient; et, quand il se trompe, c'est avec une

bonne foi qui pourrait peut-être lui servir d'excuse. Ce sont là, si nous ne nous trompons, des qualités qui peuvent faire oublier bien des défauts.

Espérons que de la bonne harmonie qui règne aujourd'hui entre les colons et le gouverneur général sortiront des mesures qui conduiront progressivement et rapidement le pays dans les voies de grandeur et de prospérité que lui réserve l'avenir.

Nous rendons avec plaisir cette justice au maréchal, parce qu'il la mérite, et nous le faisons d'autant plus volontiers que

l'on n a point en France une conscience exacte des services qu'il a rendus et qu'il rend tous les jours. Cet éloge, sous notre plume, est complètement désintéressé ; il le sait, et la plupart de nos lecteurs le savent comme lui. Nous l'avons dit et nous le répétons, nous serons toujours heureux d'applaudir au bien qui sera fait. Or, le maréchal en a fait, et beaucoup ; il a le droit d'en éprouver une juste fierté. Les triomphes que l'on remporte sur les ennemis de sa patrie, les avantages que l'on procure à son pays, honorent ceux qui y attachent leur nom. La gloire qu'ils en retirent du moins n'est obscurcie par aucun nuage, et les lauriers qu'ils y cueillent, ni ne se fanent, ni ne pèsent sur le front qui les porte.

ARRIQUE. -

De la direction des affaire* de. l'Algérie.

La direction des affaires de l'Algérie appartient, comme chacun sait,

BIOGRAPHIE.

0 kalifa de la frtvliw <le Wafcaee.

(Suite et fia.)

Le gouverneur-général avait déjà sondé la portée de Ben-Mahy-Din. Un effectif insuffisant ne lui permettait pas d'occuper Bordj-Hamu, et il fallait imposer aux populations un homme capable de balancer, sinon d'anéantir le reste d'influence que Ben-Salem conservait encore sur elles.

Cet homme ne pouvait être que Ben-Mahy-Din.

Son amour-propre, si souvent et si imprudemment froissé par Abd-elKader, nous assurait sa fidélité. L'ancien aga des tteai-Slitnan allait être nommé kalifa de Sébaou. A peine cette détermination fut-elle connue que tous les Beni-Slimans, les Aribes, les Beni-Djaàd, poussés par leurs chefs envieux, se ruèrent en masse vers la tente de M. le gouverneur-général.

C'était un effrayant pêle-mêle de burnous : « Nous ne voulons pas de 9 Ben- Miby-Di--! criait-on de toutes parts ; il nous a ruinés par les im» pftts; il ne vaut pas mieux que les Salem, pas mieux qu'Abd- el-Kalo der; il te trahira, car il les a servis jusqu'à la fin ! 9 Les plut mutins, les mieux soudoyés, peut-être, demandaient sa tête et là ruine de son bordj-el-had.

Ben-Mahy-Din , assis sur une pierre à quelques pas de la tente de M.

le gouverneur-général, semblait seul étranger à ce tumulte.

Ce n'était là, au reste, que l'expression sauvage et brutale d'une population jusqu'alors énergiquement dominée, et qui cherchait à briser celui qui seul pouvait la dominer encore.

M. le gouverneur-général le comprit, imposa, d'un geste, silence à la foule et lui cria : c lé n'accepté pas lea raisons que vous me doiaea pour » refuser Ben-Mahy-Din, car s'il a servi son naîtra ifflwi - la fin, il a 1 Wt ttte dlroankt fcotim*. Gb qui Tôm ttaigfeez ce a'eit point qu'il

9 me trahisse, mais qu'il vous maintienne comme il l'a déjà fait. De gré 9 ou de force vous t'accepterez comme kalifa, et je vous ordonne de le » reconnaître à l'instant. »

Alors se passa une scène caractéristique de mœurs arabes.

A peine M. le général Bugeaud eut-il prononcé ce dernier mot, avec l'impérieuse énergie qu'on lui connaît, que les plus acharnés, ceux qui tout à l'heure voulaient la. tête de Ben-Maby-Din, se précipitèrent pour

lui baiser les pieds et les mains; tous implorant sa protection, celui. ci pour une place, celui-là pour un burnous d'investiture : les injures s'étaient changées en sollicitations.

Ben-Mahy-Din accueillit les prières comme il avait reçu les menaces.

Et, dès le lendemain, pour prouver à M. le gouverneur-général quel était aon ascendant sur ses nouveaux sujets, il lui offrit de faire conduire de Bordj-el-iribe à Alger (55 lieues) un convoi de 105 malades ou Menés. Il en répondait, disait-il, sur sa tête.

Le convoi partit, en effet, escorté d'une doufcaine dé cavaliers seulement sous les ordres de Sid-Mahfeud, frère de Bea-Mahy-Din ; et nonseulement il traversa sans accident les tribus hier en pleine révolte, mais il longea toute la tribu des Beni-Djaàd, celle même où Ben-Salem était né. La temps était affreux, le pays presque impraticable, mais sur la route, des arabes, la pioche en main, frayaient des passages, et à toutes les bal.les, les plus voisins apportaient ladiffa (repas d'honneur).

BeD-liaby-Din continua l'expédition avec l'armée française, campa avec nous à Bordj-Hamza, assista au combat des Ouled-Elazis, à celui des Neuslionas, sur le plateau de Sidi-Rhamoun, et nous quitta erfn au pont de Beni-Hini; il regagnait le centre de sa province pour y réunir les

chefs de tribus dont il se proposait de soumettre plus tard l'investiture à M. le gouverneur-général.

Durant toute la fin de cette expédition la pluie tomba à torrens ; nous étions dans un paya difleile, eovpé de ravins; la patience des plus intrépides fut mise à une rude épreuve, Ben-Mahy-Din avait le bras cassé en

deux et une blessure au pied, dont la gravité devait le faire horriblement souffrir; mais souffrait-il ? lui seul le sait : jamais le moindre signe de douleur ou d'impatience ne trahit ses sensations.

Notre armée rentra à Alger, et telle était la confiance depuis justifiée que le kalifa nouveau de Sebaou avait inspirée, que M. le gouverneur général jugea inutiie de laisser un seul poste français derrière lui. D'ailleurs, l'effectif de l'armée, contre lequel on a tant crié, ne permettait pas alors et n'a pas permis depuis qu'on prit d'autres mesures.

Ben-Mahy-Din, ainsi que nous l'avons dit, s'était empressé de réunir tous les agas, tous les caids et tous les cheicks de son gouvernement ; et le jour où ils devaient venir à Alger recevoir le burnous d'investiture fut fixé au 27 octobre 4843.

Cette cérémonie de consécration eut lieu à l'hôtel du gouvernement, en présence des autorités civiles et militaires, du muphti et du cadi d'Alger.

Nous copions ici le Moniteur algérien : a A huit heures du matin, le kalifa, accompagné de son frère, des trois agas et de 112 kaïds des tribus placées sous leur commaDdemeat, se sont rendus, enseigne en tète, à l'hôtel du gouvetnement, sous la conduite de M. le chef d'escadron Daumas, directeur des affaires arabes (t).

> A huit heures et demie, M. le gouverneur-général est descendu etalest assis en face des arabes rangés en cercle à quelque distance. Lu autorités et l'état-major entouraient M. le gouverneur, le muphti et le cadi étaient assis à quelque distance, à droite et à gauche.

» Sur une table se trouvait placé le drapeau arabe, aux couleurs de la France, les vêtemens signes distinctifs du pouvoir qui allait se conférer, et les armes que le gouvernement distribuait comme une preuve de la munificence de la France.

» M. le gouverneur a adressé aux arabes l'allocution suivante qui leur a

., '-- -

(i) M. Daumas eil aujounThui lieutenant-colonel.