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Titre : La prise de Théophile par un prévost des mareschaux dans la citadelle du Castellet en Picardie . Amené prisonnier en la Conciergerie du Palais le jeudy 28 de ce mois

Éditeur : A. Vitray (Paris)

Date d'édition : 1623

Sujet : Viau, Théophile de (1590-1626)

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb36430211q

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 14 p. ; in-8

Format : Nombre total de vues : 28

Description : Collection numérique : Fonds régional : Picardie

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k63174920

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LN27-20339

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/10/2012

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LA PRISE DE THEOPHILE par vn Preuoft des Marefchauxdans laCitadelledu Castellet en Picardie.

démené'prisonnier en la Conciergerie du Palais le leuày 28, de ce mois.

1

A PARIS, , Chez Antoine Vicrav au Collège

4 , w faind Michel. i6i\



LA P RIS E DE Théophile retenu en la utile de : r 1 Jainfl Quentin.

1

E mois œ Aoust dernier les Chambres du Parlement aflcmblees on procéda au

jugement du procez de Théophile accusé d'auoir fait quantité de Vers impies contre l'honneur de Dieu , l'honneftetc ciuile, & toutes les bonnes mœurs.Il auoit esté appelle pour respondre aufdites accusations, mais le ver de façonfeience l'empefcha d'y aller, quoy qu'il feist aflez du resolu, & qu'il crçuft que le mérité de son eiprit estoit capable de le làuuer de


quelque péril que ce ruA > sima?

ginant que quelques grands chez lesquels il alloit louuent manger, 6c qu'il entretenoit de bons mots, auroient aflez de cré.dit cTempefchcr la punition des crimes" donc il estoit accusé. Sa vanité layant toujours porté de croire qu'il eftoic le Phoenix des Poëtes de nostre temps. Dieu qui sçait bien abaisser telles gens a tellement dessillè les yeux de ceux mefineschez lesquels il s'estimoit le mieux venu qu'ils l'ont totalement abandonné : Il auoitefté exhorté plusieurs fois' denefcrire - point comme il faisoit des choses il horribles que les plus perdus mefmesnepotiuoientapprouuer.

Mais son esprit ne pouuoit à son aduis paroi Itre que par là. Le Roy qui est vn Prince le mieux nay, le plus craignantDieu>& du meilleur


naturel du monde, luy auoit défendu dé le veoirs'il ne changeoic de difeours, & après qu'on luy eut ,- faitveoir quelques impietez (orties de sa main, le chassa de sa prefence, &le bannit de (a Cour. Corne il eut perdu la veuë de ce soleil de la France, il veid qu'il falloit moyenner son retour, ce qu'il ne pouuoit faire qu'en promettant de mieux viure & n'escrire iamais rien qui offençaft l'honneur de Dieti) del,,Eglise, ny des Sainéts. il feit veoir le Roy par des gens de mérité & de crédit, afin de faire supplier faMajeftédelc remettre en là grâce Juy faire continuer sa pension, & luy donner moyen de veoir quelqu'vn à qui se reconcilier.Ce Prince plus aise de gaigner vne ame à Dieu que de l'affaire qu'il eust d vn tel homme, après anoir eUeprip par beaucoup de Sei-


gneurs qui l'a fleurerent qu'il viuroitmieuxaladuenir, &; qu'il difoit que ce qu'on le croyoit Ateifte estoït faux. Que pour le bien mo-' Rrer il auoic eicric vn liure de l'immortalité de l'ame dans lequel il feroit bien veoir le sentimés qu'il a de la Religion Chrefiienne. Sa Majelté deferant à la priere dç tant de personnes de qualité accorda son retour quand il auroit veu ce liure, & recogneu Ces adiôs respondre à. ce qu'il en eièriroit.

Theophile bien ayse de ses nouuelles le haste de faire im primer son liure qu'il dedie au Roy, veoid quelques grands perfonnagcs qui le font veoir les Iesuites,au{quels il se confeÍfc) & promet de tefmoigner par sa vie & ses acrions qu'il y veut mourir,& que iamais il n'eïcrira rien qui (ente ducotraire. Il rentre en la bonne grace du Roy


qui luy rait vne remonitranceiuir sa vie licencieuse, & luy proteftô que s'il defcouure qu'il diie ou et criueiamais rien qui offence Dieur ou contre les bonnes mœurs il lo fera punir du dernier supplice que meritét ceux qui comme luy font gloire de tels difeours. Vous ne veilles iamaisvn homme plushûble ny quifeift de plus belles promesses, mais il comméça bien tost de retourner à son vomissement, & se veid aussi-tost abandonné de Dieu qui permit qu'il le fuit encor du Roy , & de tous ceux qui le voyoiétde bÓ ceil,& qui efpcroiét vne veritable conuerfion de luy., Ses vers le feirent tenir pour vn, vray Atheiste, & donnèrent sub,ie6t à Meilleurs de la Cour de le

condemner d'estre brusle to^i^viê, auec ses liures. L Arrest fut^onocl & exécuté par couitumacéle 19.J


Aout f 162,3. pource qu'au lieu de se veniriuftifier il scnfuit-Onfeit vn fantosme à peu pres veltu corne ledit Theophile,que l'on meit dans vn tombereau. Oh le mena deuant ITEgliïe Nostre Dame faire l'amende honorable : puis on le fut brufleren la place de Greue.

Comme il eut les nouuelles de cela il s'alla jetter entre les bras de quelqu'vn qui laymoit, & prit apres le chemin de Picardie où il demeura quelque cemps. Moniseut le Procureur General au oit eferit par tous les Preuofts des Ma- refehaux pour le faire arrester sur les chemins en quelque lieu qu'il fuit Voicy donc comme il a elle arresté. Ayant demeuré quelque temps proche du Castellet,& s'ennuyant d'eftretant envnlieUjilfè resolut d'aller plus loin. Il part vn matin furyn cheual aueç vne valise


se derriere luy,& vn petit laquay qui le iuiuoir. VnPreuoftdes Marc ichaux qui auoir receu des lettres de M-onfîeur le Procureur General pour cela, le voyant passer voyant qu'a peu près il reffembien; à celuy qu'on luy auoit dépeint eut quelque soupçon que ce pouuoit cirre luy. Théophile ayant pasle quelque vingt ou trente pas, il (e retourne, ou pour Veoir si (on laquais le su-itioit oit pour quelqu'autre choie , quoy que ce toit ce Preuoft eut opinion qu'il auoit peur de luy , & qu'il falloit quece fuit Theophile. Il le laisse palier, & s'en va aifembler les archers , qu'il fait monter à chenal auec luy puis il fuit le chemin qu'il auoit veu tenir à celuy qu'il pourfuiuoit, quelque temps après il rencontre des paysans aux- quels il demanda s'ils nauoienl


point veu vn homme de cheual portant vne valise, & vn petit lac.

quais derriere luy. Ces nommes luy dirent qu'ouy & qu'il estoit aC fez loin: le Preuoft leur demanda s'il ne leur audit rien dit, ils ref- pondirent qu'il leur auoit demandé le chemin du Castelet : Le Preuoft continua encor de leur dema- der s'il ne leur auoit rien dit que ce la. Ils dirent que non , sinon qu'il leur auoit demandé s'il n'y \auoit point quelque petit sentier couuert,&qu'il feroit bienaifede ne point aller par le grand chemin : mais qu'ils luy auoient refc pondu qu'il y en auoit bien, mais que difficilement le trouueroic-il s'il n'y auoit quelqu'vndu pays qui le conduifill., &qu'il feroit beaucoup mieux de suiure e grad che.

min ,comme il feit. Le Preuoft iugea de la qu'il falloit que ce f uft le-


dît Théophile. Il pousse fan cheual&fait ad uancer (es archers aucc luy , de relie forre quil arriuaau Castelet pretqueaulïi toitque luy, &le veid entrer en la Citadelle. Il y va tout droit& deman da le Gouuerneur , Le Gouuerneur ellant venu) le Preuoft luy demanda fran chement vn nommé T hophile qui venoit d'entrer, comme s'il l'eust bien cogneu. Ce Gouucrneurfoit qu'il levouluftcacher^ou Toit qu'il ne l'eust pas-yeu) dit qu»il ne [çait que c'est j & qu'il n'est entré personne, Le Preuoft perfide , & dit qu'il l'a veuentrer: qu 'il luy faidt commandement de par le Roy de luy liurer, sinon qu'il luy lailTe en sa garder qu'il va faire Ton procez verbal du refus qu'il (ait de luy mettre entre les mains. Le Gouuerneur craignant d'encourir la


difgracedefà Majeftéluydift qu'il entrait auec (es Archers & qu'il cherchait s'il le crouueroic.

Le Preuoft laisse de les archers àla porte, & aux autres lieux qu'il iugea nccelTaircs. Il alla ap res cela chercher par tout,& ne le trouuant point dans le logis, il tut dans vne cafemateouil auoit fait porter des lanrernes, parce qu'elles vont bien pliant fous terre. Et nouez que ledit Théophile citant là dedatis,fuiu oie tousiours les archers ians eltre recogneu. Et n'cuit elté qu' on a pporta de la paille allumee, on ne leust que difficilement apperceu.

L'ayant en fin trouué on luy demanda si ce n'estoie pas luy qu' on appelloit Théophile, êc ayant ref pondu qu'ouy, le Preuoft (e làifit de luy, & luy déclare qu'il le fait prisonnier du Roy. Il (e fait assister pour lç pQuuoir conduire feurç-


ment iusques à laina Quentin ou Monsieur de Caurmrtin est Inten- dant de la Iustice. Il l'inçeroge, 8z

puis il enuoye aduertir Monsieur le Procureur General, afin ide fçauoir ce qu'on fera pour le conduire ieuremçnt iusques dedans Paris.

Mondit sieur le Procureur General fut aulïi-toit au Parlement requerir pour leRoy quon enuoyait qu elqu'vn pour l'amener.La Cour,, fuiuant les concluions ordonna que THuifiicr de fainéle Beuue iroit affilié des archers de Monsieur deffun6tis,& qu'il (eroit mande à tous les Prcucfts des Mareschaux, & à tous les iuges des lieux de leur prester main forte. Dés le me fine iour Vendredy iz. ils partirent pour l'aller querir à iàindl Quentin 2 d'où ils l'ont emmené accompagnez du Preuoft & des grçhçrs qui l'auoient arresté. Ils


ont encor amené son garçon , & les ont tous deux remis dans la Conciergerie le Ieudy z8. Septembre3lur les cinq heures du foir.

Il dit que les lefuites font cause de sa condemnation : le veux bié croire que cela foit. Il feroit encor à desirer qu'ils susTent cause de la condemnation de ceux qui difent ou efcriuent des chofcs fern-

blables à celles dont il c~~c~c.