À ANDRÉ MARTINEAU
, -,- -i,- -:"- MOnr-cner André, ce n'est pas moi qui te donne ce
livre, le plus important, * peut-être, de tous ceux que j'aipu écrire jusqu'à ce jour. -
C'est mon fils André qui te le donne, mon douloureux fils André que Dieu m'a repris dans son innocence baptismale et qui a dix-huit ans, aujourd'hui, dans le Paradis.
Il en eût été le dédicataire et il convient que tu prennes sa place, en cette manière. Je veux croire que telle est sa volonté.
Il eût aimé Napoléon comme tu l'aimes, et votre commun Patron, le grand Apôtre de la Croix, te fera comprendre, si tu l'interroges avec amour, ce qu'il y avait de désirable et de magnifique dans la souffrance du plus glorieux de tous les mortels.
Nous sommes au soir du monde, mon cher enfant; tu seras témoin, peut-être, des divines et terribles choses que le vainqueur des rois semble avoir si grandiosement préfigurées.
Puisse TAme de Napoléon agrandir ton cœur et te servir de réconfort pour les épreuves inconnues.
LÉON BLOY.
5 mai 1912.