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Titre : L'art du menuisier-carrossier ; 1re section de la 3e partie de l'Art du menuisier, par M. Roubo le fils,...

Auteur : Roubo, André Jacob (1739-1791). Auteur du texte

Éditeur : Saillant et Nyon (Paris)

Date d'édition : 1771

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31252788j

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : In-fol., paginé 452-598, pl. 171 à 221

Format : Nombre total de vues : 250

Description : Collection : Descriptions des arts et métiers faites ou approuvées par... l'Académie royale des sciences

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k62781043

Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, V-3974 (1)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 14/02/2013

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DESCRIPTIONS

DES ARTS

f ET METIERS.



DESCRIPTIONS DES ARTS ET MÉTIERS, FAITES OU APPROUVÉES

PAR MESSIEURS

DE LACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.

AVEC FIGURES EN TAILLE-DOUCE.

A PARIS,

Chez

SAILLANT &N Y o N , rue S. Jean de Beauvais; D E SAIN T y rue du Foin Saint Jacques.

b.

M. D C C. L X I.

Avec Approbation & Privilège du Roi.



LA R T D U

MENUISIER-CARROSSIER.

PREMIERE SECTION DE LA TROISIEME PARTIE DE L'ART DU MENUISIER.

Par M. Ro u B o le Fils Maître Menuijïer.

M. D C C. L X X I.



L'ART D U

MENUISIER Par M. R 0 U B 0 le fils, Maître Menuisier.

■^====s==s=s—s==========sss===sss^====r==r t—i

TROISIEME PARTIE

1

L me reste à traiter dans cette troisiéme Partie de mon Ouvrage, de la

Menuiserie des Voitures ou des Carrosses, ce qui est la même chose, de la Menuiserie en Meubles & de la Menuiserie de rapport, autrement dite Ebénisterie ou Marqueterie. Ces trois especes de Menuiseries font non-seulement diftinétes les unes des autres, tant pour les différents objets auxquels on les applique, que pour certaines manieres d'opérer qui font propres à chacune d'elles ; mais encore elles font tout-à-fait étrangères à la Menuiserie de bâtiment, dont la description a fait l'objet des deux premieres Parties déja faites.

Ce n' est pas, qu'au fond, les principes généraux de théorie & de 'pratique ne soient les mêmes à toutes les especes de Menuiseries, ce qui est incontestable , du moins pour le général ; mais comme les Ouvriers se font attachés félon leur goût à chacune des différentes especes de Menuiserie, l'expérience & l'habitude leur ont fourni des moyens de procéder à l'exécution de leurs ouvrages, tout différents les uns des autres ; de forte que les Ouvriers d'une espece de Menuiserie, ne font guere en état de travailler que dans la partie qu'ils ont embrassée ; & que s'ils vouloient travailler à une autre partie , il faudroit qu'ils en fissent une espece d'apprentissage, pour pouvoir se mettre en état de le faire avec sûreté.

De plus, les principes de la Menuiserie de bâtiment font, à pen-près, toujours les mêmes , du moins pour ce qui a rapport à la théorie de la décoration, l'expérience y faisant voir peu de changement dans un assez long espace de temps ; ce qui n'est pas de même dans les trois especes de Menuiserie dont je vais parler , puisque les ouvrages qui en dépendent font sujets à des change-


ment s de modes, & à des innovations, d autant plus tréquentes, que ces fortes d'ouvrages ne semblent être faits que pour contenter le goût, lequel, dans les ouvrages dont il efl: ici question , n'a souvent d'autre régie que le génie de l'Ouvrier & l'opulence, ou, ce qui arrive quelquefois, le caprice de celui pour qui ces fortes d'ouvrages font faits ; ce qui fait que, par exemple, une voiture qui plaît & qui est à la mode dans un temps , n'est plus supportable l'année suivante , & cela parce que la mode est changée.

Il est cependant vrai qu'il y a des changements qui font utiles & même nécessaires , sur-tout quand ils tendent à rendre les ouvrages plus commodes & d'une décoration plus analogue à leurs usages ; mais ces changements utiles font très-rares , & dégénèrent souvent en abus , lorsqu'ils n'ont pour principe que le caprice & le plaisir de faire du nouveau. C'efl: pourquoi, dans la def cription des trois especes de Menuiserie dont il me reste à parler , je m'attacherai principalement à donner la maniéré la plus prompte & la plus parfaite d' opérer, & à donner toutes les dimensions qui peuvent rendre ces ouvrages le plus commodes possibles , ce qui efl: très-eflentiel, puisque la commodité est ce qu'on y doit le plus rechercher. Quant aux formes extérieures & à la décoration, je me contenterai de donner des exemples de celles qui font en usage à présent , du choix que l'on peut en faire , & des principaux changements qui y ont été faits depuis le dernier siécle, afin que l'on puisse faire la comparaison des ouvrages anciens & des modernes, du moins par rapport à nous, & en même temps que l'on puisse juger de l'utilité des changements qui y ont été faits, foit pour la commodité, foit pour la magnificence.

Comme dans tout le temps que j'ai travaillé à la Menuiserie, je me fuis plus attaché à la Menuiserie de bâtiment qu'aux autres especes de Menuiserie , du moins pour la pratique , j'ai cru ne devoir pas me fier à ma propre expérience ; c'efl: pourquoi je ne me fuis pas contenté de travailler à chacune de ces der-* nieres, mais encore j'ai pris foin de suivre la conftrudtion des principaux ouvrages , & de ne rien mettre au jour sans avoir consulté des Ouvriers reconnus pour habiles dans chaque espece de Menuiserie, afin que l'ouvrage en foit plus parfait, ou du moins exempt de fautes grossieres (*).

(*) On observera que dans la defeription de la Menuiserie en Carrosses, j'ai consulté M. DunoIs le cadet, Compagnon Menuiûer, lequel m'a été

d'un grand feconrs > sur-tout pour la partie de la Pratique , qui ne m'étoit pas si familiere que la Théorie.


CHAPITRE PREMIER.

t De la Menuiserie en Carrosses en général.

o

N nomme Menuijiers en Carrojjes ? ceux qui font les caisses ou coffres des

Voitures, ainsi que je l'ai dit dans la premiere Partie de cet Ouvrage. C'est une des parties de la Menuiserie qui demanderoit le plus de foin & de précision de la part de l'Ouvrier , si elle étoit traitée avec toute l'attention nécessaire, & si l'on n'en avoit pas réduit la théorie à une simple routine, tant pour la décoration que pour la conftruétion , ainu que je le démontrerai ci -après ; ce qui fait que les Menuisiers en Carrosses, du moins le plus grand nombre, ne savent faire que les Voitures à la mode de leur temps ; encore n'est-ce que par le moyen des calibres qu'on leur donne, & qu'ils feroient souvent fort embarrassés de faire eux-mêmes.

Quoi qu'il en foit, cette partie de la Menuiserie est très-honnête, & demande beaucoup de connoiffinces tant pour le Dessin que pour l'Art du Trait, afin que ces connoissances acquises fervent à donner à la pratique toute l'accélération & la précision possibles, à laquelle on ne parvient jamais par la routine , dont la réussite, quelque heureuse qu'elle foit, n'étant due qu' au hasard, n'est pas applicable à tous les cas, ainsi que peut l'être une théorie lumineuse & fondée sur de bons principes.

SECTION PREMIERE.

Des Voitures en général.

1 L est de deux especes de Voitures, ravoir , celles qui font destinées à transporter les matériaux & les marchandises , & celles qui ne fervent qu'à porter les hommes , telles qu'étoient autrefois les Chars , les Litieres 3 &c , & à présent les Coches, les Berlines , &c. La premiere espece de, Voitures est de la plus haute antiquité, puifqu'elles font aussi anciennes que le commerce, qui doit lui-même son origine aux premières sociétés des hommes.

La feconde espece quoique moins ancienne , ne laisse pas de l'être beaucoup par rapport à nous , puifqu'il est écrit dans la Genese que le Roi d'Egypte fit monter Joseph sur son char, & que le même Joseph envoya les charriots du Roi au-devant de son pere; ce qui est une preuve qu'alors les Voitures destinées à porter les hommes étoient en usage ; mais en même temps que l'usage en étoit réservé aux personnes de diftindlion, sur-tout dans les pays où les peuples habitoient des villes ; car pour ceux qui, comme les anciens Scythes, étoient errants


dans les campagnes sans aucune habitation fixe , ils se servoient de Voitures, qui non-seulement étoient destinées à les transporter d'un lieu à un autre eux & leurs effets, mais encore qui leur tenoient lieu de tentes & de maisons.

Les principales Voitures des Anciens, étoient les Charriots , les Chars & les Litieres.

Les Charriots, sans compter les usages de la vie civile , leur servoient principalement à la guerre , & alors ils étoient armés de faulx & autres instruments tranchants placés à l'extrémité des timons, aux raies & aux jantes des roues, & à l'extrémité de leurs essieux.

Quant aux Chars , ils leur servoient aussi à la guerre pour porter les Généraux & les principaux Officiers ; dans les cérémonies sacrées, pour porter les images des Dieux ; ou bien dans les jeux, pour disputer le prix de la course.

Mais les Anciens ignoroient absolument ( du moins pour le particulier ) la coutume de se servir de Voitures pour se transporter d'un lieu à un autre , se servant toujours de chevaux, ou bien préférant d'aller à pied. C'est cette coutume qui a peut-être fait attribuer l'usage des Chars particuliers, à Erichthonius , Roi d'Athènes , qui ayant les jambes incommodées, ne pouvoit aisément se tenir debout, & par conséquent aller à pied.

Il feroit à fbuhaiter que les Auteurs qui ont fait mention des Chars & de leurs différents attelages, nous eussent en même temps transmis leurs formes, leurs grandeurs & leurs différentes especes, ce qu'ils n'ont pas fait, ou du moins que d'une manière très-vague , & qui, par conséquent, nous laifle dans l'ignorance à ce ruj et.

L'Histoire Romaine, au temps du Diétateur Camille , environ l'an 3^0 de Rome, fait feulement mention de deux especes de Chars , dont l'un nommé Pilentum, étoit couvert & suspendu, & dont l'usage fut permis aux Dames Romaines , en reconnoissance du don qu'elles firent à la République de leur or & de leurs bijoux. L'autre espece de Char étoit découvert, & se nommoit Carpentum ; mais on ne fait pas s'il étoit suspendu.

Quant aux Chars des Triomphateurs, ils étoient découverts , d'une forme ronde , & n'étoient pas suspendus , mais portoient précisément sur l'essieu, ainsi qu'on peut le voir dans quelques bas-reliefs & dans quelques médailles antiques.

L'usage des Chars dont je viens de parier, n'étoit pas permis à tout le monde mais les richesses des particuliers venant à s'augmenter, ainsi que le luxe qui en eH: inséparable, tous eurent des Chars , qui étoient non-seulement trèscommodes, mais encore enrichis d'or , d'argent, d'ivoire & d'autres matieres précieuses,, malgré les Loix qu'on fit de temps en temps pour arrêter cet abus , qui devint si général, que l'Empereur Alexandre Sévère ne pouvant y remé dier , abrogea ces mêmes Loix, & permit à chacun d'avoir des Chars de telle richesse que bon lui sembleroit. ( VoyeZ Encyclopédie, art. Chars. )

Pour


Pour ce qui est des Litieres , elles etoient en usage a Rome vers la fin de la République , & étoient de deux especes ; lune nommée B ajlerlla > étoit couverte , fermée au pourtour , & portée par des chevaux ou des mules, ainsi que celles qui font en usage à présent.

L'autre espece de Litiere se nommoit Leclica : elle étoit découverte & portée par des hommes , ainsi que celle dans laquelle se faisoit porter Verrès , lors de sa Prêture en Sicile , & celle dans laquelle Cicéron eut la tête coupée.

Voilà à peu-près tout ce qu'on fait touchant les Voitures anciennes. Quant aux modernes, elles font très-nouvelles en France, tous nos Princes allant ordinairement à pied ou à cheval, & les Dames même, excepté pour les longs voyages qu'elles faisoient dans des Litieres ou même des Chai riots couverts , qui n'étoient d'aucun usage dans les villes ; ce qui est si vrai, qu'en l'an 1457, fous le regne de Charles VII, les Ambassadeurs de Ladislas V, Roi de Hongrie & de Bohême , offrirent à la Reine entr'autres présents, un Charriot qui fut fort admiré de la Cour & du peuple de Paris , parce que , dit l'Historien du temps, ce Charriot étoit branlant & moult riche, ce qui est une preuve qu'on ne se servoit alors que de Charriots non-fiifpendus , c'est-à-dire , qui portoient immédiatement sur les essieux: Ce ne fut que fous le regne de François I, qu'on fit tifàge en France < des Voitures connues fous le nom de Carrosses , dont on ne connoît pas précisément la forme. Ces Voitures tenoient deux ou quatre personnes, & furent trèsrares d'abord, puifqu'il n'y en avoit que deux en France, l'une à la Reine , & l'autre à Diane, fille naturelle de Henri II. ( Voye{ le Dictionnaire des Arts & Métiers). Ce ne fut guere que fous le regne de Henri le Grand, que l'usàge des Voitures devint plus commun ; mais ce n'étoit encore que des especes de Chars non-suspendus , couverts d'une impériale & entourés de rideaux, ainsi que les représentent les Fig. 1,2 & 3 ; ensuite on suspendit ces Voitures, ainsi que la Fig. 4, & alors elles prirent le nom de Coches , qui font les feules Voitures dont on connoisse exaélement la forme , y en ayant encore quelques-unes de nos jours, comme je le dirai ci-après ( * ).

Les Voitures modernes eurent le même fort que les anciennes, e est-à dire , que d'abord elles furent très-rares & destinées aux personnes du sexe & de la premiere diftinétton ; ensuite les hommes de condition en firent aussi usage , puis les simples particuliers) malgré les Loix qui en défendirent l'usage, les remontrances & l'exemple des gens les plus raisonnables.

Enfin rusage des Voitures étant toléré & même autorisé , sur-tout pour celles qui étoient publiques & destinées à transporter les Citoyens d'une Province à

(Y-) Les Figures 1 , 2 Se 3 de la Planche 171, font dessinées d'après les estampes de la Bibliothèque du Roi, lesquelles furent gravées après le meurtre de Henri le Grand ; c'est pourquoi je ne puis en donner aucune mesure juste. Quant

à la Figure 4, elle est deiîinée d'après une gravure de la même Bibliothèque, laquelle représente l'entrée de Louis XIV. à Paris, à l'instant qu'il paffe sur le Pont-neuf : il y a environ 120 ans.

--!O

PLANCHE 171.


une autre ( qui , exception faite de celles des Princes , font peut-être les ieules nécessaires , ) le nombre des Voitures s'est tellement multiplié , que l'on en compte dans Paris plus de 15000 de toutes especes, ou les Artisans qui les construisent, ont, comme à l'envi, épuisé toutes les reiTources de leur Art pour en rendre l'usage doux & commode, & où l'on voit briller non-seulement les peintures & les vernis les plus précieux, mais encore les plus belles étoffes, les broderies, l'or & les glaces (* ).

La conftruâion de ces Voitures appartient à différents Ouvriers, tels que les Charrons, qui n'en font que le train , c est-à-dire, la partie qui comprend les roues, & sur laquelle le Carrosse, ou pour mieux dire, la caissè est suspendue ; les Menuisiers , qui ne font que ces mêmes cailles ; les Sculpteurs , qui les ornent de sculptures ; les Serruriers, qui les ferrent ; les Peintres, qui les impriment , qui les dorent & vernissent ; enfin les Selliers , qui les finiiïent en les garnissànt & les revérifiant d'étoffes.

Quoique tous ces Ouvriers paroissent être & soient exaélement, chacun en particulier , d'une profession opposée , ou du moins indépendante l'une de l'autre , il est cependant nécessâire qu'ils prennent tous des connoillinces, du moins élémentaires , de leurs différents talents , afin que le travail de l'un ne nuise pas à celui de l'autre ; mais qu'au contraire, ces connoissànces fervent & concourent à l'accélération & à la perfeétion de tout l'ouvrage, qui alors n'en pourra être que meilleur, vu l'accord qui se trouvera entre les différentes parties qui le composent.

SECTION SECONDE.

Des différentes especes de Voitures modernes.

L E nombre des Voitures modernes est très-considérable, vu leurs différents usages, formes & grandeurs, ce qui est très-facile à concevoir , puifqu'étant des ouvrages de goût , & même , si j'ose le dire, de caprice , on peut en varier les formes & les grandeurs à l'infini, sans rien changer à leur cjnftruction, qui, dans tous les cas , est à peu-près la même. C'est: pourquoi je crois que l'on peut considérer nos Voitures comme faisant trois especes diflinétes & séparées les unes des autres : savoir, les Carrosses anciens , dont on ne connoît pas la forme au juste , & auxquels ont succédé les Coches , qui, quoique couverts d'une impériale, n étoient fermés que jusqu'à la hauteur des accoudoirs ou accotoirs, le reste de la hauteur n'étant fermé que par des rideaux de diffé..

rentes étoffes ou même de cuirs, ainsi qu'on peut encore le voir à quelques Voitures publiques qui ont confervé le nom & la forme de ces anciens

Cil) Le nombre des Voitures ne s'en: accru en France que depuis le regne de Louis XIII; & ce n'en: qu'en 16yo, que le nommé Sauvage inventa & fît l'entreprise des Voitures publiques,

connues fous le nom de Fiacres , du nom de l'hôtel de Saint-Fiacre , rue Saint Martin, où cet Entrepreneur demeuroit.

PLANCHE 171.


Coches, & aux Corbillards, Voitures qui ne fervent qu aux convois des grands = Seigneurs.

D'après les Coches, on a imaginé des Voitures qui pussent être fermées de toute leur hauteur , & avoir des portieres ouvrantes & solides ; cess ces especes de Voitures que l'on connoît fous le nom de Carrojjes modernes.

Ces Voitures étaient très-grandes, & devinrent par la fuite très-magnifiques ; mais leur trop grande pesanteur a fait que l'on ne s'en fert plus que dans les cérémonies, foit chez le Roi ou chez les Princes, ou pour les entrées dambaffadeurs. Le train de ces Carrosses n'a point de brancard , mais une feule piece nommée flecke , laquelle pasle par le milieu & au-dessous de la caisse qui est suspendue au-dessus, ainsi que je le dirai ci-après , en faisant la description de chaque espece de Voitures.

La féconde espece de Voiture moderne , est celle quon nomme Berline; du nom de Berlin, ville capitale de Prnflè, où elles ont été inventées.

Ces Voitures différent des Carrosses, en ce qu'elles ont deux brancards a leur train , au-dessus desquels la caisse est suspendue , de maniere que les portieres qui font renfermées dans la hauteur de la Voiture, ouvrent librement audessus des brancards.

Dans leur origine , les Berlines différoient encore des Carrosses, en ce qu'au lieu d'être suspendues par les quatre angles, comme ces derniers, elles étoient portées, comme elles le font encore , par des soupentes de cuir placées horizontalement & attachées aux deux extrémités du train ; mais depuis que les ressorts ont été inventés, & qu'ils font devenus communs , on les a préférés aux longues fou pentes , vu que par leur élafticito ils rendent les Voitures plus douces que les longues soupentes , qui, en se séchant, perdent toute la leur ; c'est pourquoi on a , dis-je , préféré les ressorts à ces dernieres , de forte que l'on a suspendu les Berlines de la même maniere que les Carrosses.

Comme les Berlines font devenues les Voitures les plus en usage , on a cherché à les rendre le plus commodes possible , foit dans leurs formes générales, foit dans leurs grandeurs , ce qui leur a fait donner différents noms.

On les a nommées Berlines proprement dites , ou Berlines à deux fonds , lorsqu'elles étoient d'une grandeur fllffifante pour contenir quatre personnes , & Vis-tl-vis, lorsqu'elles n'en peuvent contenir que deux , l'une devant & l'autre derriere.

Pour rendre les Berlines plus légères s on les a coupées au nud de la portiere, par-devant, de maniéré que le pied d'entrée de cette derniere , devient le pied cornier. Cette Voiture ainsi disposée , se nomme Carroffi coupé ou Berlingot , ou plus ordinairement, Diligence, laquelle ne peut alors contenir que deux personnes sur le derriere , & quelquefois une sur le devant, par le moyen d'un strapontin ou siége mobile.

Il est des Diligences qui ne peuvent contenir qu'une personne sur la largeur ,

PLANCHE 171,


& par conséquent en tout ; alors elles prennent le nom de DéJOhligeantes, qui n'est autre chose qu'un Vis-à-vis coupé.

La troisiéme espece de Voiture moderne, font les Chaises de toutes especes, lesquelles ne font, pour l'ordinaire, portées que par deux roues. Ces Voitures font à une ou à deux places , & différent des Carroiïès coupés ou Diligences, en ce que leur caisse descend plus bas que les brancards de leur train , de forte qu'il ne peut y avoir de portieres par les côtés, puifqu'elles ne pourroient pas s' ouvrir, mais qu'au contraire il n' y a qu'une portiere par-devant, dont la ferrure est placée horifontalement, de forte que la portiere se renverse au lieu de s' ouvrir. Ces especes de Chaises font d'une nouvelle invention ; les plus anciennes , que l'on nomme Chaises de posse , n'ont été construites , dans l'état où nous les voyons maintenant, qu'en 1664. Celles qui existoient auparavant, quoique peu t antérieures à ces dernieres , n étoient qu'une espece de fauteuil suspendu entre deux brancards supportés par deux roues. Les Chaises de poste fervent non-seulement à faire des voyages en posse , ainsi que leur nom l'indique „ mais encore dans les villes , où les particuliers d'une médiocre fortune en font usage en faisant quelque changement, ainsi que je le dirai dans la fuite. �

Il y a d'autres Chaises nommées Chaises à porteurs, lesquelles font portées par des hommes, & dont la portiere est par devant. Ces especes de Chaises ne peuvent contenir qu'une personne , & peuvent être comparées aux Litieres anciennes , nommées Leaica, à l'exception que ces dernieres étoient découvertes, & que la personne sembloit y être plutôt couchée qu'assise, ainsi que l'indique le mot leBica, qui signifie un lit (*). Il est encore d'autres especes de Chaises nommées , par quelques-uns, Roulettes ou Vinaigrettes, mais plus communément Brouettes, dont la forme est à peu-près semblable à celle des Chaises à porteurs, à l'exception qu'elles font portées par deux roues & supportées par des ressorts dont le méchanisme est fort ingénieux. Ces Voitures font traînées par des hommes , ainsi que je l'expliquerai dans son lieu.

Je ne mets point les Litieres au rang des trois especes de Voitures dont je viens de parler, parce que quoique très-anciennes , elles font de la nature des deux dernieres especes de Voitures modernes , c'est-à-dire , des Vis-à-vis,

(it) Ce que j'avance ici n'est qu'une conjeaure de ma part, vu que l'on n'a rien de positif à ce sujet ; encore quelques mots de plus, & les Auteurs qui en ont écrit nous auroient instruits , & nous ne ferions pas dans l'incertitude où nous sommes ; ce qui est une preuve qu'en fait d'Arts , comme en toute autre chose servant à faire connoître les lumieres & les usages d'une Nation , rien ne doit être regardé comme superflu, vu la grande différence qui se trouve entre les usages des Anciens & les nôtres ; & par une fuite nécessaire de nos usages avec ceux de la postérité à venir, pour laquelle tout Ecrivain doit travailler , la nécessité de cette exactitude est d'autant plus aisée à prouver, que nous sommès

nous-mêmes dans ce cas, puisque faute de Mémoires exads & circonflanciés, nous ignorons non-seulement une partie des usages des anciens Peuples, mais encore ceux de notre propre pays.

sans remonter même d'un siécle au plus ; ce qui doit faire connoître combien il est important pour la gloire de notre siécle , & nécessaire pour l'avenir, que l'Histoire des Arts foit traitée avec toute l'étendue & l'exaétitude possible; & que si l'on doit craindre quelque chose en écrivant cette Hifioire, c'efl de n'en pas dire atTez, au risque même de paffer pour prolixe , l'utilité publique étant préférable à la réputation d'élégant Ecrivain.

auxquels

PLANCHE 171.


auxquels elles ressemblent pour la rorme & la conltruction de la caille , oc aux Chaires à porteurs , puifqu'elles ont comme elles des bâtons de brancard qui fervent à les porter, ce qui se fait par le moyen des mulets.

Voilà en général les trois especes de Voitures modernes que l'on peut distinguer les unes des autres , sans compter une infinité d'autres dont je n'ai pas fait mention , parce que ce ne font: que des nuances de celles ci-dessus , telles que font les Berlines à quatre portieres, les Gondoles, les Dormeuses, les Calech es, qui ont plusieurs rangs de bancs & une impériale soutenue par des montants de fer, & dont le devant & les côtés font à jour du dessus de l'appui, ou fermés feulement par des rideaux ; les Diables , espece de Diligence, dont le deiïus tant de l'appui que des portieres , est supprimé ; les Phaétons , espece de Caleche ou de Char découvert; les Chaises en soufflets , dont l'origine vient d'Italie ; les Cabriolets , espece de Chaise ou petit Char découvert, ou quelquefois couvert ; les Voitures des jardins , à deux ou à quatre places, & les Traîneaux , qui ne font d'usage que pour aller sur la glace ou sur la neige gelée. Toutes ces différentes especes de Voitures prennent encore d'autres noms , félon qu'on les emploie à la ville ou à la campagne, quoiqu'elles soient toutes à peu - près semblables, du moins celles d'une même espece, toute la différence qu'il peut y avoir entre elles n'étant que dans leur plus ou moins grande solidité , ou leur

plus ou moins grande magnificence.

D'après la connoilïànce des différentes especes de Voitures, il est bon, avant d'entrer dans le détail particulier de chacune d'elles, de faire connoître les régies de décoration & de conftruélion qui font communes à toutes ou à chacune d'elles en particulier, afin d'éviter les répétitions , & en même temps - pour faciliter l'intelligence du discours. Mais avant toutes choses, je crois qu'il est nécessaire de parler des bois dont on se fort ordinairement dans la construction des Voitures, du débit & de l'emploi de ces mêmes bois , & des différentes parties où l'on doit employer une espece de bois de préférence à une autre.

Il est aussi nécessàire de traiter des différents outils propres à cette espece de Menuiserie , de la maniere de les faire & de s'en servir, & en général, de la maniéré d'opérer, qui, quoiqu'à peu-près toujours la même à toutes les especes de Menuiserie , ne lailfe pas de souffrir quelque différence félon les différentes parties que l'on traite, & sur-tout dans celle dont il est ici question.

Cependant comme le détail du débit des bois & de la connoissànce des outils, suppose la connoissànce des principales parties qui entrent dans la composition des Voitures, je vais donner le détail d'une Berline, & de toutes les parties qui la composent, & je ferai précéder ce détail par celui des Voitures anciennes telles que les Coches & les CarroÍfes, afin de ne plus revenir sur ce hljet, ces Voitures n'étant presque plus en usage, ainsi que je l'ai déjà dit.

PLANCHE 171.


SECTION TROISTEME.

Description d'un ancien Coche , connu maintenant Jous le nom de Corbillard.

LES Coches font les plus anciennes des Voitures Françoises dont la forme nous foit parfaitement connue. Ces Voitures font découvertes du dessus de l'appui des deux côtés feulement, lesquels côtés se ferment par des rideaux de cuir ou d'étoffe, anciennement nommés mantelets , que l'on attache aux montants ou quenouilles, & aux appuis de la Voiture , par le moyen de plusieurs attaches ou courroies, ainsi que celles du rideau a , Fig. i.

Lorsqu'on veut avoir de l'air, on releve ces rideaux en les roulant fous l'égout de l'impériale b, lequel est d'une faillie suffisante pour les mettre à l'abri, ainsi que ceux c d 9 même Figure.

Les deux bouts de cette voiture font fermés d'étoffe ou de cuir , ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. i, qui représente un des deux bouts.

Le pourtour de la voiture , à l'endroit de l'appui, est composé de bâtis & de panneaux, qui ordinairement font revêtus d'étoife ou de cuir.

Ces voitures n'ont point de portieres, mais feulement deux ouvertures aux deux côtés, lesquelles font fermées par un devant de cuir qui est attaché à une piece de bois e f, Fig. i, qui entre dans deux goujons de fer , tenants au corps de la voiture ; cette piece de bois fert aussi d'appui à ceux qui font assis aux portieres ; c'est pourquoi elle est arrondie & même quelquefois garnie par def lus. Le bas de cette espece de portiere de cuir, est attaché au marche-pied, lequel excede le nud de la voiture d'environ un pied, & forme un avant-corps qui est nécessaire pour pouvoir contenir les jambes de ceux qui font assis aux portieres. Ce marche-pied descend aussi d'environ six pouces en contre-bas de la voiture , afin de faciliter à monter dedans , & en même temps pour que ceux

qui font placés aux portieres , ayent assez de hauteur pour s'y asseoir. Le coffre ou avant-corps que forme les portieres, est composé d'un bâtis de fer, qui tient au corps de la caisse, & est, ainsi que cette derniere , revêtu de cuir ou d'étoffe. Voyez. les Figures l, i, 3, 4 & 5 , où ces portieres font dessînées tant en plan qu'en coupe & en élévation.

Quant aux siéges, ils font disposés comme dans nos voitures ordinaires, c'estdire,de maniéré que l'on peut y tenir quatre personnes,deux sur le derriere &deux sur le devant. Pour ce qui est de ceux des portieres, ils font mobiles, pour pouvoir se lever & donner passage à ceux qui entrent dans la voiture , & font appuyés sur des goussets qui tiennent aux pieds d'entrée. Ces siéges font ordinairement d'une longueur assez considérable pour tenir deux personnes , de forte qu'un Coche en contient ordinairement huit ; cependant les Coches de ville , c'estdire, ceux qui servoient aux particuliers, n'en contenoient que six , quatre dans

PLANCHE 172.


la voiture & deux aux portieres , ainsi que je l'ai observé au Coche représenté dans la Planche 172.

Quant aux principales mesures de ces voitures , les voici, du moins pour le général : elles ont six pieds six pouces de long, sur trois pieds neuf pouces de large, pris à l'endroit de la ceinture ou traverse d'accotoir ; cinq pieds quatre pouces de hauteur du dellous de la voiture au dessous de l'impériale ; deux pieds deux pouces de hauteur d'accotoir ; deux pieds neuf pouces d' entrée ou de largeur de portiere , lorsqu'elles doivent contenir deux personnes , & deux pieds trois pouces lorsqu'elles n'en contiendront qu'une ; & l'appui des portieres d'environ six pouces plus bas que celui de la voiture (* ).

En général, quoique je ne représente ici qu'un Coche d'une forme très-simple , il est à présumer, par les Fig. de la Pl. 171, que dans le temps que ces voitures étoient en usage , elles étoient susceptibles de beaucoup de décoration , comme les étoffes précieuses, l'or & la broderie, qui nori-fèulenrent, ornoient le dedans de ces voitures , mais encore le dehors , comme les rideaux, le devant des portieres , &c ; mais comme on n'a rien de bien positif à ce sujet, je ne donne ce que je dis ici que comme une conje6lure, qui est d'autant plus vraisemblable , que nos Ancêtres, quoique peut-être avec moins de goût que nous, ne laissoient pas d'aimer la magnificence.

§. I. Description des anciens Carrosses.

LES premiers changements que l'on a faits aux Coches dont je viens de !

parler , ont nécessairement donné lieu aux voitures nommées Carrossès, qui sûrement dans leur origine, n'étoient pas tels que nous les voyons à présent : fin., convénient des ouvertures multipliées des Coches , & leurs portieres d'étoffe & en faillie , a fait recourir à divers moyens pour rendre ces voitures non-seulement plus commodes & moins exposées aux intempéries de l'air , mais encore pour leur donner une forme plus agréable.

On a d'abord, fermé à demeure les deux côtés des voitures, excepté le defllis des portieres , dont on a supprimé la faillie ; ensuite on a fait ces dernieres solides & ouvrantes de toute la hauteur de la voiture, dont on a ouvert le devant audessus de l'appui ; puis on a orné ces voitures de sculptures , de peintures & de dorures , qu'on a mises à la place des étoffes qui les couvroient extérieurement, lesquelles alors furent réservées pour en garnir l'intérieur.

Enfin l'usage des glaces étant devenu commun en France, on les employa aux Voitures, ce qui acheva de les rendre non-seulement très-magnifiques, mais encore très-commodes, en mettant leur intérieur à l'abri des injures de

(I¡t) Quoique j'aie mis des échelles au bas de chaque Planche , j'aurai toujours l'attention de donner les principales mesures des ouvrages dont je ferai la description, parce que les échelles

font toujours sujettes à erreur, foit par l'inexactitude du Graveur, foit par l'effet du papier, qui se retire inégalement en se séchant.

PLANCHE 172.

PLANCHE 173-


l'air , sans les priver du jour , ainsi que faisoient les mantelets & les rideaux des Coches.

Les Carrosses dont je parle , furent d' abord très-simples , tant dans leur décoration que dans leur forme , laquelle étoit à peu-près la même que celle des Coches dont j'ai parlé ci-de{[us,à l'exception que les portieres des Carrosses étoient solides, & n'excédoient pas le nud de la voiture ; ensuite l'urage des glaces étant devenu plus commun, on en mit non-seulement aux portieres , mais encore au devant de la voiture & aux deux côtés, comme je l'ai déja dit., Quant à leur forme, malgré les changements qu'on y a faits de temps en temps, elle a toujouis tenu de celle des Coches, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. i , laquelle représente l'élévation d'un côté d'un ancien Carrosse (*) , dont la portiere redescend en contre - bas des brancards de côté d'environ sept ponces , ce qui forme ce qu'on appelle les brisements de la voiture, fous lesquels on place les ressorts des soupentes.

Ces Carrosses étoient très-grands & très-solides, & étoient revêtus de cuir au-dessus de l'appui, aux endroits qui étoient fermés ; leur largeur de côté à la ceinture étoit de sept pieds , & de huit pieds par le haut ; ces mêmes côtés étoient droits sur la hauteur , & étoient feulement inclinés d'un pouce de chaque côté, depuis le pavillon jusqu à la ceinture.

Leur largeur étoit d'environ quatre pieds au brancard , de quatre pieds quatre pouces à la ceinture, & de quatre pieds six pouces au pavillon ; les deux bouts étoient cintrés en S , & leurs angles recouverts de grosses consoles, dont la partie supérieure étoit terminée à la ceinture , & la partie inférieure au-deuus du brancard , lequel excédoit le nud de la voiture d'environ neuf à douze pouces , afin de pouvoir donner plus de portée au ressort.

Quant à la hauteur de la portiere, elle étoit de cinq pieds neuf pouces au moins , afin qu'il restât environ cinq pieds du dessous de la frisure du pavillon jusqu au-dessus du brancard, lequel paffe droit dans l'intérieur de la voiture, ainsi que l'indique la ligne a b.

Pour le plan de ces voitures , c'étoit à peu près le même que celles dont on fait usage à présent, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 2 , à l'exception qu'il falloit de doubles battants dans l'intérieur du brancard, afin de suppléer au défaut des battants extérieurs de brancard, lesquels étoient non-seulement coupés par l'ouverture de la portiere, mais encore par les deux renfoncements d'une forme circulaire , qui descendoit jusqu'au niveau de l'ouverture de la portiere , & dans lesquels on plaçoit les marche-pieds avant de fermer cette

(*) Comme il m'a été impossible de trouver des Carrosses de la feconde espece , c'est-à-dire, de ceux qui ont immédiatement succédé aux Coches, foit en exécution foit en dessin, je ne propose ce que je dis à ce sujet, que comme

une conjefhire d'autant plus vraisemblable, que la Voiture qui est représentee ici , & qui a servi sur la fin du regne de Louis XIV , tient encore de la forme des Coches.

derniere.

PLANCHE 173-


derniere. Voyet la Fig. 2, dans laquelle j'ai représènté par des lignes ponc- tuées la conftruétion du brancard de ces fortes de voitures ( * ).

Les anciens Carrosses étoient très-magnifiques ; & si dans la courte description que je viens d'en faire, j'en ai représenté un d'une forme très-simple, ce n'en: que parce que cette voiture étoit la plus ancienne qu'il y eût chez le Roi, ce qui me l'a fait préférer à beaucoup d'autres qui y font, & dont les formes grandes & majestueuses l'emportent infiniment sur les Berlines. Tout ce qu'on peut reprocher à ces fortes de voitures, c'efl: leur extrême pesànteur , qui en rend l'usage incommode & même impossible aux particuliers , auxquels les

Berlines font plus commodes ; mais je crois que pour le Roi , ou les très-grands Seigneurs, on feroit très-bien d'en faire usage , sur-tout dans les cérémonies d'éclat, où ces voitures apporteroient plus de magnificence que toutes les autres , étant de plus très-naturel que tout ce qui appartient aux Princes , se ressente de leur grandeur , & que leurs voitures ne soient pas sèmblables à celles des particuliers, comme cela arrive tous les jours.

Ce font ces réflexions qui m'ont engagé à donner, dans le quatrième Chapitre de cette troisieme Partie , un exemple d'un grand Carrossè monté sur son train, d'une décoration moins lourde que celui dont je viens de faire la description , mais dont la forme fera toujours la même , comme étant la plus belle & la plus majestueuse qu'on puisse lui donner. Je joindrai à ce dessin, ceux d'une Berline & d'une Diligence, aufli montées sur leur train, afin qu'on puisse être mieux en état de juger de ce que j'avance ici.

Il. Defcriotioli d'une Berline, & de toutes les parties qui la CO Tnp ofènto

Les Berlines en général, font composées de six parties principales ; savoir , le brancard ou balleau , Fig. 5 , lequel fert de fond & de support à toute la caisse ; d'un devant avec panneau par le bas, & avec glace mobile ou à coulisse par le haut ; d'un derriere avec panneaux par le bas & par le haut, ou bien un faux panneau plein, ou d'un chassis, comme la Fig. 1.

Les Berlines font aussi composées de côtés avec panneaux par le bas, & faux panneaux ou glaces par le haut, ( ou du moins de chassis pour les recevoir ) , de portieres avec panneaux par le bas & glaces par le haut, voyei la Fig. 2 ; enfin d'une impériale , laquelle couronne tout l'ouvrage, & le fblidifie en recevant tout le pourtour de la caisse qui y est embreuvé. Voye{ la Fig. 6. Ces principales parties font elles-mêmes composées d'autres parties de détail qu'il est nécenaire de connoître ; savoir , pour le brancard , Fig. 5 , les deux battants I, I, deux

(*) Il peut bien se faire , & même il est fort à croire, que tous les Carrosses du dix-septieme siecle ne furent pas tous d'une même grandeur, Se que celui dont je fais la description, lequel étoit à l'urage du Roi, devoit être plus grand

que celui des particuliers, ainsi qu'on l'obfervf encore à présent; mais pour leur forme géné.

rale , elle devoit être à peu-près toujours la mê.

me ; du moins je le crois ainsi.

PLANCHE 173-

PLANCHE 174.


traverses de renflement L, L , les deux traverses des bouts M, M, & les plafonds ou trapes N, N, qui remplissent le vuide du brancard, & forment le fond de la voiture.

Les faces de devant & de derriere, font chacune composées de deux battants, d'angles , Q , Q , nommés pieds corniers , (lesquels leur font communs avec les côtés) de traverse d'en haut, T, T, & de traverses de ceinture ou de milieu S, lef.

quelles font disposées pour recevoir les panneaux D par-dessous, & par-dessus pour recevoir la glace, si elles font par-devant, ou bien si elles font par-derriere un panneau semblable à celui de dessous, ou un faux panneau, que l'on recouvre de cuir comme celui Y, Fig. 4, ou bien feulement un chassis E, Fig.

1, destiné au même usage. On observera qu'il n' y a point de traverse d'en bas, au devant, au derriere, ni aux côtés , parce qu'aux premiers ce font les traverses de brancards qui leur en fervent , & qu'aux feconds , ce font les battants de ces mêmes brancards.

Les côtés font pareillement composés de deux battants , dont l'un est le pied cornier Q 9 du devant ou du derriere de la voiture , & l'autre battant R , F igm 2 , qui se nomme pied d'entrée, sur lequel vient battre la portiere, ou bien sur lequel elle est ferrée (*).

Au-dessus de la portiere, il y a une traverse U, très-étroite, nommée frise.9 laquelle est assemblée dans le haut des pieds d'entrée, dont elle entretient la distance, & auxquels elle affleure pour servir de battement à la portiere.

Les côtés ont des traverses d'en haut T 9 T, ainsi que les devants & les derrieres. Pour celles du milieu, on les nomme accoloirs ou accoudoirs, & quelquefois traverses di ailerons, sur-tout quand les euftodes ou panneaux de dessus font pleins & n'ont point de glaces. Au-dessus des traverses d'accoudoirs , font assèmblés des montants X, X, nommés montants de crosses , à cause de leur forme courbe : ces montants fervent à encadrer la glace , supposé qu'il y en ait, ou le faux panneau que l'on recouvre de cuir , & à les separer d'avec le panneau apparent, que l'on nomme panneau de cujlode.

Au-dedous de la traverse d'accottoir, est un panneau apparent qui y entre à rainure & languette , ainsi que les autres panneaux apparents, dans le pied cornier, dans le pied d'entrée & dans le battant de brancard , lequel fert de traverse au côté , & reçoit le pied cornier & le pied d'entrée qui y font assèmblés à tenon & mortaise, comme je l'expliquerai dans la fuite.

Les portieres font chacune composées de deux battants & de trois traverses ; savoir , une par le haut, une par le bas, & une autre au milieu , laquelle est rainée par-dessous pour recevoir le panneau, ainsi que celle du bas , & pardessus est disposée pour recevoir la glace ou le faux panneau, supposé qu'il y en ait.

( * ) Je fais cette observation, parce que les portieres se ferrent toujours sur le pied d'entrée, qui est sur le devant de la Voiture , &

que , par conséquent, le côté dont je parle , peut être celui de devant ou celui de derriere.

PLANCHE 174-


Le pavillon , Fig. 6 , est compote de deux battants 0, 0, & de deux tra- 1. ■ verses P , P, assemblés à tenon & mortaise , lesquels forment ce qu'on ap- PLANCHE pelle le chassis dupavillon ou de H impériale, félon que font disposées les courbes 17i.

qui remplirent le vuide de ce chassis.

Lorsque ce vuide est rempli par plusieurs courbes perpendiculaires au milieu de ce chassis & parallèles entr'elles , comme celles g , g, Fig. 6 , on nomme le chassis pavillon.

Mais lorsqu'au contraire ces courbes tendent toutes à une ovale placée au milieu du chassis , & dans laquelle elles s'assemblent , pour lors ce chassis se nomme impériale, ce qui n'a plus guere lieu qu'aux voitures à trois cintres, ainsi que je le dirai en son lieu.

L'extérieur tant des impériales que des pavillons, est recouvert de planches de deux lignes d'épaisseur au plus, que l'on attache tant sur le chassis que sur les cerces ou courbes avec des pointes, en observant qu'elles représentent une surface très-unie , afin que le cuir que l'on tend dessus , ne foit point exposé à se couper, ni à faire de côtes ni de rides.

Tout ce que je viens de dire ne regarde que le dehors de la caisse ; pour le dedans, il est composé de barres 00 , Fig. 3^4, lesquelles fervent à porter les panneaux & à les empecher de se tourmenter , vu qu'ils font fortement arrêtés ensemble par le moyen du nerf battu & de la toile que l'on colle dessus.

Il est encore d'autres barres , ainsi que celles /1, mêmes Figures , lesquelles, en rempliflant le même objet que celles dont je viens de parler, fervent aussi aux Selliers à attacher la toile qu'ils nomment de matelajjure, ce qu'ils ne pourroient faire sur le panneau, sans être exposés au danger de le faire fendre, vu son peu d'épaiffibur. L'intérieur de la voiture est encore composé de coulifleaux h h 3 Fig. 3 & 4, lesquels fervent à faciliter le mouvement des glaces & des faux panneaux, & en même temps à les retenir en place.

Dessus & au nud de ces coulHfeaux, font placés des panneaux ii9 nommés panneaux de doublures , lesquels fervent à recouvrir les couliffeaux, & à empêcher de casser les glaces lorsqu'elles font baissees ; de plus , ces panneaux fervent aussi pour appuyer les siéges & les tasseaux qui les portent, & en même temps aux Selliers pour attacher leurs garnitures & leurs étoffes.

Chaque Berline a deux siéges m in, dont l'un sur le derriere & l'autre sur le devant ; le dessus du premier se levé , & est pour cet effet placé dans un bâtis , au lieu que l'autre reste en place, & n'a un devant n qu'à la moitié de sa hauteur , au lieu que l'autre monte jusqu'en haut, pour des raisons que je dirai dans la fuite.

Il y a des Berlines au-dessous desquelles on pratique une caisse ou cave G G , Fig. 1,2, 3 4 » laquelle est de toute la grandeur intérieure du bràncard , & dans laquelle on fouille par l'intérieur de la voiture , en faisant ouvrir les deux parties du milieu du plafond du brancard.


= Ces cailles ou caves ne se pratiquent pas à toutes fortes de voitures , mais feulement à celles de campagne ou à celles de peu de conséquence, parce qu'elles font toujours un très-mauvais effet, à moins qu'elles ne soient très-petites , & alors elles ne peuvent être d'un grand usage.

Voilà en général toutes les parties dont une caisse de Berline est composée, lesquelles changent quelquefois à raison de la forme & de l'espece de voiture à laquelle elles fervent, mais dont la disposition générale & la conftruétion font presque toujours les mêmes , tous les changements dont ces parties font susceptibles n'étant que dans leur grandeur ou dans leur décoration.

Quoique je ne parle ici que des Berlines , il faut cependant faire attention que presque toutes les parties de détail font les mêmes à toutes les autres especes de Voitures, & que ce que je dirai quand j'entrerai dans le détail circonstancié de la conftruétion de chacune de ces différentes parties , fera applicable non-seulement aux Berlines, mais encore à une infinité d'autres voitures , qui, quoique différentes de ces dernieres , foit pour la grandeur & la décoration, foit même pour la forme, ne laillent pas d'être aflujéties aux mêmes réglés de conftruétion*

CHAPITRE SECOND.

Des Bois servant à la confiruilion des Voitures en général.

Q

UoI QUE j'aie parlé dans la premiere Partie de cet Ouvrage du bois pro-

pre à la conftruétion des voitures , il est n'éceffaire d'en faire mention ici, vu que je ne l'ai fait que vaguement j & feulement pour indiquer les différentes especes de bois , leurs qualités bonnes & mauvaises , sans entrer dans aucun détail sur le débit & l'emploi de ces mêmes bois , ce qui est cependant très-elfentiel dans le cas dont il s'agit maintenant.

SECTION PREMIERE.

Du choix des Bois servant à la conflruction des Voitures.

LES bois servant à la conftruétion des voitures, font ordinairement l'orme, le noyer noir & blanc., le tilleul & le peuplier.

L'orme est le plus en usage , & est préférable à toutes les autres especes de bois, du moins de ce pays, pour faire les bâtis des voitures , parce que ce bois est d'une qualité douce & extrêmement liant, [es fils, quoique courts, étant entremêlés les uns dans les autres , ce qui fait que les moulures s' y pouffent aisément & proprement. Lorsqu'il est assèz sec , & que quelque menus &

PLANCHE 17*,


cintrés que l'on fafle ces bois , ils font toujours assez forts pour résister en les travaillant, ce que l'on ne pourroit pas attendre du chêne ou des autres bois de fil & poreux. Il faut cependant éviter que le bois d' orme foit trop sec , parce qu'alors il tend à la pourriture , ce qui rend l'ouvrage moins solide ; de plus, ce bois étant trop foc ou paffé, ce qui est la même chose , devient extrêmement poreux, vu l'irrégularité de ses fils , qui se présentent la plupart comme à bois debout, ce qui fait qu'il absorbe une grande partie de la couleur que l'on met dessus & en ôte le brillant, ainsi que l'or, qui y perd une partie de Son éclat.

Quoique je dise que l'orme [oit bon pour le bâtis des voitures , ce n'est pas que l'on ne puisse auŒ les faire en noyer blanc , ce qui feroit trèsbon : mais comme ce bois est plus cher que l'orme, du moins à Paris, on se contente de ne faire que les traverses des voitures ce bois, c'est-à-dire , en noyer blanc , lequel n'étant point flotté, efl très-ÏBit & de ni, & par conséquent plus propre à faire des tenons que le bois d'orme, sur-tout dans les petits assemblages ; c'est pourquoi on ne fait pour l'ordinaire que les traverses des brancards, & celles des pavillons en bois d'orme.

Quoi qu'il en foit, je crois que pour peu qu'une voiture foit de conséquence, on feroit très- bien de la faire toute en noyer, à l'exception du brancard, que l'on pourroit faire d' orme ( * ).

En général, les panneaux se font toujours de noyer noir , que l'on fait refendre à quatre lignes d'épaisseur au plus , & on doit avoir grand foin qu'ils soient parfaitement secs, afin qu'ils ne se tourmentent pas, ou qu'ils ne se redressent pas après avoir été cintrés au feu.

Il faut cependant éviter que ces panneaux soient trop secs , parce qu'alors ils font sujets à se fendre, étant privés de tout ce qui leur reste de féve & pac conséquent d'humidité , qui cependant leur est nécessàire pour que le bois se prête à faélion du feu ; pourvu, toutefois, que cette féve ne foit pas trop abondante , pour les raisons que j'ai données ci-delrus.

Le tilleul & le peuplier fervent pour faire les caves des voitures , les fauxpanneaux , les panneaux de doublures, & pour couvrir le dessus des pavillons.

Il n'y a pas grand choix à faire dans ces bois , parce que les parties où on les emploie ne font pas apparentes , étant toutes recouvertes d'étoffe ; il suffit que ces bois soient assez focs , ce qui est très-eflentiel, parce qu'ils se tourmentent moins & qu'ils ont plus de légéreté : qualité qui leur est absolument nécessàire.

(*) Si je ne parle ici que de l'orme & du noyer pour servir à la conftruciiondes voitures, ce n'est que parce que ce font les bois de ce pays qui font les plus propres à cet usage ; car si on voulait y employer d'autres bois , cela feroit indif-

férent , pourvu qu'ils eussent les qualités de ceuxci , c'est-à-dire, qu'ils fuirent très- liants, d'un grain ferré & le plus légers possible ; ce qui est fort à considérer dans la conllruéHon des voitures , dont on ne sauroit trop diminuer le poids.

PLANCHE 174-


§. i. De la maniere de débiter les Bois des Voitures.

L E bois d'orme propre à faire les bâtis des voitures, se débite par tables de 5 pouces d'épaisseur , de 3 pouces, d'un pouce & demi & d'un pouce, comme les Figures 1 ,1 & 3.

Dans les premieres, on prend les battants de brancard , que l'on chantourne les uns dans les autres, & que l'on coupe à la longueur convenable , c' estdire, qu'il faut faire ensorte qu'en débitant ces tables dans le corps de l'arbre, elles se trouvent d'une longueur suffisante pour contenir juste plusieurs longueurs de pieces les unes au bout des autres, afin qu'il n' y ait point de perte , excepté celle qui est occasionnée par les fentes & les nœuds , laquelle est inévitable. -/r On prend dans ces mêmes tables les battants de pavillon , que l'on chantourne de même les uns dans les autres , avec la précaution néanmoins, de ne prendre ces battants de pavillon que dans les plus belles tables , ou du moins dans les parties les moins défeétueufès, en y évitant sur-tout les nœuds vicieux, parce que les battants, ainsi que les traverses de pavillon, font plus apparents & plus ornés que les battants de brancard, & que de plus les brancards étant beaucoup plus épais que les pavillons , on peut plus aisément y faire palier des défauts de bois qui ne feroient pas tolérables à ces derniers.

Dans les tables de trois pouces d'épaisseur, on débite les pieds corniers , que l'on prend pareillement les uns dans les autres ; & dans celles d'un pouce & d'un pouce & demi d'épaisseur 5 on prend les battants des portieres, les pieds d'entrée & autres pieces de cette espece , que l'on débite pareillement les unes dans les autres, en observant, le plus qu'il est possible , que le fil du bois suive le contour des pieces que l'on débite, ce qui ne demande qu'un peu d'attention, parce que les fils du bois d'orme forment différentes sinuosités à peu-près semblables aux contours des pieces.

Cette observation est très-avantageuse pour la solidité de l'ouvrage & pour la facilité de l'exécution, parce que plus le bois est de fil, & moins il est fLijet à se tourmenter, qu'il est plus fort que le bois tranché , & plus facile à travailler (*). Voye £ la Fig. 4, qui représente le calibre d'un battant de brancard, & la Fig. 5 , qui représente une table toute débitée. Voyez pareillement les Fig. 6 & 8, dont l'une représente le calibre d'un pied cornier, & l'autre celui d'un pied d'entrée, lesquels ont servi à débiter les tables , Fig. 7 & 9 Pour le bois des panneaux, il se refend par tables de quatre lignes d'épaisseur, ainsi que je l'ai déja dit. Il faut observer qu'il foit le plus de fil possible , sur-tout pour les panneaux qui doivent avoir le plus de cintre, parce

(*) Ce que je dis ici pour le bois d'orme , peut aufli s'appliquer au noyer, supposé qu'on voulût que toute la carcasse d'une voiture fût

de ce bois , ou enfin à tout autre bois dont on voudroit faire usage.

PLANCHE 175.


que quand le bois est trop tranché ou dune inégale denlite , il ploie me- !

gaiement, se caÍfe quelquefois, & est sujet à revenir quand il est en place , ce qui est fort disgracieux , & que l'on doit éviter avec foin.

Le bois des caves doit avoir 6 à 7 lignes d epaisseur , qui est celle des voliges ordinaires , quoiquon puine en mettre de plus épais , sur-tout aux grandes voitures ou à celles de campagne.

En général, il est bon que les Menuisiers en Carrosses ayent chez eux une provision de bois, non-seulement refendus par tables des différentes épaisseurs que j'ai données ci-dessus , mais encore un nombre de pieces toutes débitées de chaque espece , comme battants de brancard , de pavillon , pieds cort niers, &c , afin qu'elles soient parfaitement séches lorsqu'ils viennent à les employer ; ce qui leur «eft d'autant plus facile, que les voitures de même espece étant toutes à peu-près semblables , tant pour la forme que pour la grandeur, ils ne courent aucun risque en débitant ainsi le bois d'avance, ce qui ne pourroit être chez les Menuisiers de bâtiment, vu la grande diversité de leurs ouvrages.

Quant à la manière de débiter les bois des bâtis des voitures , on le fait par le moyen des calibres que les Menuisiers font d'après le dessin & les mesures de la voiture qu'ils ont à faire ; mais comme chaque espece de voiture est à peu-près semblable , ainsi que je l'ai déjà dit, n'y ayant de différence efîentielle que pour la décoration, les calibres une fois faits, fervent à différentes voitures où ils se trouvent justes de mesure, ou s'il se trouve quelque différence de grandeur, on avance ou recule le calibre felon le befbin ; de forte que les calibres une fois faits fervent non-seulement pour débiter le bois , mais encore pour le corroyer & le tracer ; en forte que quand un Menuisier en Carrosses a une fois tous les calibres néceiraires pour les différentes especes de voitures , ils lui fervent toujours, à moins que la mode ne change absolument, ou qu'on veuille leur faire faire des voitures d'une grandeur & d'une forme extraordinaire , ce qu'alors ils appellent voitures de santa ijie. De - la vient que toutes les voitures d'une même espece se ressemblent & font comme faites au moule, ce qui, je crois, marque peu de génie & d'invention de la part des Ouvriers , lesquels, accoutumés à se servir des calibres qu'ils ont entre les mains , ne veulent pas se donner la peine de changer la forme , ou du moins la décoration de leurs voitures , dans la crainte d'être obligés de faire d'autres calibres, ou de changer si je l'ose dire, la routine de leur travail (*).

(*) Ce qui a causé le défaut de monotonie que l'on peut reprocher à nos voitures , est le peu de foin que prennent les Menuisiers en Carioffes , du moins pour la plupart, d'acquérir les lumieres nécessaires à leur état, ce qui fait qu'ils ne peuvent pas changer la forme des voitures , vu qu'ils n'ont pas la capacité de les dessiner ni d'en faire les calibres eux-mêmes; de forte que ce qui paffe pour être un effet de la mode,

n'en: dû qu'au peu de savoir & d'émulation des Ouvriers, auquel, peut-être, a donné lieu le droit que les Maîtres Selliers se font arrogés, de fournir aux particuliers les voitures toutes finies, & d'entreprendre tout ce qui n'est point de leur ressort , comme le train , la caiflTe , &c , qu'ils ne payent que le moins qu'ils peuvent aux autres Ouvriers; de forte que ces derniers étant bornés par la médiocrité du prix , cherchent tous les

PLANCHE 175.


SECTION SECONDE.

.Des Outils des Menuijîers en Carrojjes.

LES outils des Menuisiers en Carrosses font les mêmes que ceux des Menuisiers en bâtiment, du moins pour ceux de la boutique , que les Maîtres fournirent à chaque Ouvrier en particulier , comme les établis, les affûtages, fergents , valets, scies à refendre, &c , qui font toujours les mêmes, excepté qu'il feroit à souhaiter que les établis eussent des presses disposées horifontalement f c'est-à-dire, du sens de la table de l'établi, à laquelle il est bon qu'elles affleurent. Ces presles font très-commodes pour pouvoir travailler des pieces foibles ou chantournées sur le champ, lesquelles on ne pourroit assurer sur l'établi , sans s'exposer au danger de les casser , ou du moins de les meurtrir , ainsi que le représente laFig. 10 , où cette espece de presle horifontale arrête une traverse dont le cintre, qui se trouve caché , est indiqué par les lignes ponctuées a , b , c , d.

Comme ces presles font attachées à la table de l'établi, on peut faire la vis g en fer, afin qu'étant moins grosse, elle affoiblilfe moins la table dans le dessous de laquelle on place un écrou qui retient la vis.

Il feroit à souhaiter que ces fortes de presles eulTent deux vis, afin qu'elles ferraflfent également l'ouvrage ; mais cependant on s'en pane par le moyen d'une tringle de fer plate , placée dans le côté de la table 9 & qui passe au travers de la jumelle ou joue de la presle A B 9 qu'on écarte autant qu'on le juge à propos , & qu'on arrête par le moyen d'une broche de fer f, laquelle pasle au travers de la tringle , qui à cet effet est percée de plusieurs trous, afin de pouvoir relierrer ou écarter la jumelle.

Comme la faillie de la tringle pourroit nuire en travaillant lorsqu on ne fait pas usage de la presle , on fait cette tringle mobile, c'est-à-dire , qu'on l'arrête d'un bout dans le côté de la table de l'établi, à laquelle on fait une rainure de la longueur & de l'épaisseur de la tringle de fer, laquelle vient s'y loger, & par conséquent affleurer le nud de la table. Voyez leI Fig. 11, qui représente le côté de la table & la tringle de fer qui y est placée , laquelle est représentée au-dessus vue sur le plat, avec la broche i & la goupille h, qui fert à l'arrêter dans l'établi.

Quoique j'aie fait cette goupille comme une simple broche sans tête, il feroit cependant bon de la faire à vis d'un bout, afin qu'étant placée dans 1 eue tabli , elle ne fùt point sujetté à tomber.

moyens possibles pour accélérer la façon de leurs ouvrages & pour épargner la matiere; ce qui a donné lieu à la mode de faire des voitures d'une décoration simple , & d'une délicatesse extraordinatre, qui, à la vérité, ont beaucoup de

mérite quant à la main d'oeuvre & à leur grande légéreté, mais qui n'auront jamais la solidité & la grace des voitures anciennes , c'est-à-djre, celles qui ont fait place à celles qui font à la mode à présent.

Quant

PLANCHE 17r.


Quant à la vis de 1er, tig. 12, on doit la taire denviron 10 pouces de long, Sur 1 pouce à 1 5 lignes de diametre, avec un collet ou bafe /, d'un bon pouce de faillie ; le bout de cette vis m , au-delà de la bafe , doit être percé d'un trou dans lequel on fait palier la poignée n o, avec laquelle on ferre & defferre la vis.

Quant à l'écrou p, il doit être d'une forme barlongue, afin qu'il prenne moins dans l'épaisseur de la table, à 3 pouces du bord de laquelle on doit le placer, afin qu'il l'affoibliffe moins.

Quoique je ne parle ici que d'une presse horifontale , ce n' est pas que la presse perpendiculaire dont j'ai donné la description dans la premiere Partie de mon Ouvrage, page 56 , ne foit aussi très-utile aux Menuisiers en Carrosses ; & si je n'en parle pas ici, ce n'efl: que pour ne point me répéter , me contentant d'avoir représenté l'écrou C de cette presse , au pied de devant de l'établi. Voy.

la Fig. 10.

Il n'y a que les outils de moulures qui different de ceux des Menuisiers en bâtiment, quoiqu'ils soient construits sur les mêmes principes, & qu'ils ayent a peu-près la même forme.

En général, une partie des pieces qui composent les caisses des voitures, font cintrées (oit sur le plan ou sur l'élévation, ou enfin de l'un & de l'au tre sens., ce qui fait que les outils dont on se fert pour pouffer les moulures, non-seulement ne peuvent pas être droits , mais encore il faut qu'ils soient très-courts, afin que dans les angles & à l'endroit des ressauts, ils puissent approcher le plus près possible ; de forte qu'à proprement parler, ces outils ne font que des sabots auxquels on laifle une poignée pour pouvoir les tenir plus facilement.

Ces outi l s , ainsi que ceux des Menu i si ers en bâtiment, font com p o fés d' un Ces outils, aïnsi que ceux ¿.es Menuisiers en bâtiment, [ont COlllpofés d'un fût, d'un fer & d'un coin ; mais ils différent des premiers, en ce que lorsqu'ils embrassent plusieurs membres de moulures, ils n'ont qu'un fer ; de forte qu'un seul SE même outil avec un seul fer, forme quelquefois deux ou trois baguettes avec leurs dégagements, & un ou deux filets, ainsi que les représentent les Fig. 25, 26 & 27 , PL 177.

Les outils des Menuisiers en CarroIres, différent encore de ceux des Menuisiers en bâtiment, en ce que non-seulement ils se pouffent comme ces derniers en parement & sur le plat de l'ouvrage, mais encore ils se poussent sur le champ , & quelquefois la joue appuyée sur la joue intérieure de la rainure ou de la feuil, lure , ou enfin par-derriere l'ouvrage ; dans ce dernier cas les Menuisiers nomment ces outils arbitraires, c'est-à-dire , qu'ils font d'une forme inverse des outils ordinaires. Je ne fai si ce mot arbitraire est bien dit ; mais enfin c'est l'usage.

Voye^ les Fig. 9, io, 11 , 12 , 13 , 14 , 15 , 16, & celles 17, 18, 19 , 20, 21, 22 ) 23 & 24 de la Pl. 177, lesquelles représentent deux outils droits tant

PLANCHE 175.

PLANCHES 176 & 177.

1


en élévation qu avec leurs coupes , & le fer vu des deux côtés, ainsi que les ouJ tils qui leur font arbitraires, détaillés de la même manière.

t On se fert des outils arbitraires , lorsque d'autres faillies de moulures ou des massès d'ornements empêchent le partage du conduit des outils ordinaires, ou bien quand le bois se trouve trop tranché ou de rebours pour être pouffe du bon sens ; alors pour éviter le bois de rebours & les éclats, on se fert des outils arbitraires, ce qui rend l'ouvrage plus propre & qui conferve parfaitement l'égalité des moulures & des filets.

Lorsqu'on fait des outils arbitraires, il faut bien faire attention qu'ils soient parfaitement semblables à ceux qu'ils remplacent ; & pour y parvenir avec plus de précision & de diligence, il faut d'abord avoir foin que les pentes des deux outils soient bien égales entr' elles , tant sur la largeur , ou pour mieux dire la hauteur de routa, que sur l'épaisseur ; ensuite il est fort aisé de rendre les deux fers d'une forme semblable, parce qu'étant faits à rebours l'un de l'autre, on peut se rendre compte de leur inégalité ou de leur perfeaion, en les présentant l'un sur l'autre du côté de la planche ou du taillant, ce qui est la même chose.

En général, il faut faire ensorte que tous les outils de moulure , tant (impies qu'arbitraires, ayent des joues ou conduits des deux côtés, c'est-à-dire , tant en dedans qu'en dehors, afin que portant également par-tout, ils ne defeendent pas plus dans un endroit que dans l'autre.

Comme ces outils font très-courts , il est bon aussi que leurs conduits soient garnis de fer , afin qu'ils ne s'usent pas par le frottement qui devient très-considérable, à cause qu'un outil rond fert à pouffer une partie bombée , ce qui ne peut être autrement dans les courbes d'une forme mixte , & aussi à cause de l'inégale dureté du bois sur lequel ils frottent, sur-tout aux courbes de bois d'orme.

Quant aux outils dont la joue entre & porte dans les rainures , comme elle ne peut être que très-mince , on doit la faire toute de fer, ainsi que je l'ai observé aux Fig. 13 6 14, PL 177.

Quoique j'aie dit que les outils des Menuisiers en Carrosses doivent être trèscourts, il ne faudra cependant les faire de cette forte , que quand on fera arrêté par quelque angle ou quelque ressàut; car pour ceux qui pourront être pouces tout le long de la piece, il faudra les faire le plus longs possible , c'estdire, de 6 pouces de long au moins , afin d'en rendre l'usage plus doux, & que par conséquent ils soient plus aisés à pouffer. Il faut aussi éviter de faire ces outils trop cintrés, parce qu'alors ils broutent autant que s'ils étoient trop courts.

Il est d'autant plus facile de faire ces outils plus longs qu'à l'ordinaire, que l'on fait présentement presque toutes les coupes des voitures d'onglet, du moins les principales, ce qui ne pouvoit être autrefois que l'on faisoit toutes

PLANCHE!

175 &c 177.


les coupes quarrément aux nuds des arrafcments, ce qui obligeoit de pouiler s tous les retours de moulures à bois de travers , & de pousser à la main le] bois de fil où l'outil ne pouvoit point aller , quoiqu'on le fît le plus court possible, n'ayant quelquefois qu'un pouce de long d'après la lumiere. Ces affenv blages quarrés se nomment affimblages à la Carrojjiere : ils font moins propres que les coupes d'onglet, & font plus longs à faire, sans pour cela être beaucoup plus solides, ainsi que je le prouverai dans la fuite , en parlant de la conftru flion des voitures.

Quant à la disposition générale des outils de moulures des Menuisiers en CarTorres, c'est à peu-près la même chose que pour ceux des Menuisiers d'adem- blages , tant pour la maniéré de les faire que pour la pente de leur lumiere ; & pour la maniéré d'en affûter les fers ; c'est pourquoi je n'entrerai dans aucun détail à ce sujet, vu que j'ai traité cette matiere dans la premiere Partie de mon Ouvrage, me bornant à donner dans les Planches 176 & 177, la forme des outils les plus en usàge, & d'après lesquels on pourra en faire une infinité d'autres de toutes especes , à raison des différents profils que l'on voudra employer, lesquels profils varient à l'infini, leurs formes n'ayant souvent d'autre regle que le goût de ceux qui les composent; ce qui fait que je ne pourrai guere donner de principes à cet égard, me contentant d'en dessiner plusieurs de différentes especes , & d'avertir de ceux qui font les plus en usage à présent, lesquels n' ont sûrement d'autre mérite que celui d'être à la mode.

Comme les profils des voitures font pour l'ordinaire composés de beaucoup de membres, lesquels font souvent en faillie les uns sur les autres , ou sur le nud de la carcalTe , lorsque les bois font corroyés 5 ainsi que je le dirai ciaprès (*) , on les prépare à recevoir les mouluras ,fok en y faisant des feuillures ou des rainures, sur lesquelles on fait paffer les outils de moulures.

Les ravalements se font avec des bouvets de deux pieces , cintrées foit sur le plan foit sur l'élévation, ainsi que les représentent les Fig. 1 & 2 , en observant de ne jamais les faire descendre jusqu'au fond du ravalement, parce que comme la plupart des bois des voitures font cintrés, il y auroit à craindre que les fonds qui se trouveroient à^bois de rebours ne fussent pas lisses; c'est pourquoi on ne fait descendre les bouvets qu'à une bonne demi-ligne près du fond , que l'on atteint ensuite avec une guimbarde que l'on a foin de mener toujours à bois de fil.

Cette méthode de faire usage des guimbardes est très-bonne pour toutes les especes de Menuiseries en général, mais sur-tout pour celle-ci, où les membres de moulures étant très-petits, on ne sauroit trop prendre de précautions pour que

(*) Il auroit semblé plus naturel de ne parler de la maniere de pouffer les moulures, qu'après avoir donné celle de corroyer les bois des voitures ; mais je n'aurois pu le faire sans me mettre dans le cas de me répéterj eett pourquoi j'ai

préféré de parler de la maniéré de pouffer les moulures en faisant la defeription des outils ; ce qui ne dérangera pas l'ordre des Planches, <5c en même temps cela évitera la répétition.

PLANCHES 17 6 & 177-

PLANCHE 176.


les ravalements soient dune profondeur égale, sur-tout aux pieces, qui , comme les pieds corniers, font ornées de moulures sur l'angle, lesquelles moulures deviendroient très-difformes , s'il y avoit la moindre différence de largeur ou de profondeur dans les ravalements de la piece.

C'est pourquoi on obforvera, en pouffant les pieds corniers, d« lai (Ter toujours 3 à 4 lignes de bois à l'angle , afin de servir de point d'appui à la guimbarde.

Les Menuisiers en CarroÍfes font aussi usage des guillaumes de côtés, tant droits que cintrés, pour mettre les ravalements de largeur, supposé que le bou- vet se foit dérangé, ou qu'il ne foit pas d'une largeur suffisante.

Quoique je dise que l'on se fert de bouvet de deux pieces pour faire les ravalements, on se fert aufli quelquefois de bouvets simples , auxquels on observe une joue par-devant.

Quant aux rainures propres à recevoir les panneaux, elles doivent avoir i lignes d'épaiffour au moins , & on les fait avec des bouvets simples à languettes de fer, très-courts , afin qu'ils aillent par-tout, tant dans les parties droites que dans celles qui font creuses ou bouges , ainsi que le représente la Fig. 3.

Comme ces bouvets peuvent aussi servir à ftfre d'autres rainures que celles des panneaux , il est bon que leurs joues puissent aller & venir felon le besoin, ce qui se fait de la maniéré fiiivante : Au milieu de la largeur de l'outil & perpendiculairement au-deuus du taillant du fer , on place une vis à tête quarrée, A 9 Fig. 3 & 4, que l'on fait arraser au nud du bois, laquelle vis paffe au travers de la joue que l'on ferre par le moyen d'un écrou B , Fig. 4 , de manière que quand on veut écarter la joue , on desserre l'écrou & on écarte la joue autant qu'on le juge à propos , en observant feulement de mettre entr' elle & l'outil des cales qui l'empêchent de vaciller.

Il faut avoir foin que ces fortes de vis soient taraudées à rebours , parce que si elles l'étoient à l'ordinaire , on les defferreroit en pouffant l'outil. Il faut aussi faire attention que ces especes de bouvets soient arrafés du côté du fer, ainG que je l'ai observé aux Fig. 3 & 4 ; parce que si le coin ou quelque autre partie excédoit, on ne pourroit pas faire de rainures dans le fond des ravalements.

Les Fig. 5 , 6, 7 & 8 , représentent un bouvet dont l'angle intérieur est arrondi ; cet outil ne fert qu'aux traverses de milieu des portieres & autres glaces , pour faire la languette nommée apfichet.

Les Menuisiers en Carrosses font encore usage d'un bouvet à scie, lequel fert à faire de petites rainures ou nervures dans l'intérieur de la voiture, lesquelles fervent à entrer l'extrémité de l'étoffe dont les Selliers les revêtiJTenr.

Voye £ les Fig. c) & 10.

Le reste des Figures de cette Planche , représente les outils propres à pouffer les pavillons; savoir, les Fig. 11 , 12, 13 & 14, lesquelles représentent une mouchette propre à pouffer les deux baguettes supérieures ; celles

PLANCHE .176.


celles 15, 16 , 17 & 18 , le quart de rond inférieur ; & les Fig. 19, 20, 11 & 22 y représentent le congé propre à pouffer la gorge intermédiaire (*).

Les Fig. 1 , 2., 3 & 4, représentent une mouchette propre à pouffer la ba- : guette supérieure du profil de la carcaflc de la voiture ; & celles 5* , 6 , 7 & 8, la même mouchette arbitraire de cette premiere. Les Fig. 9 , 10 , 11 & 12 , représentent un bouvement ou talon propre à pouffer sur le champ & en parement de l'ouvrage , aux pieces qui ont des rainures ; & les Fig, 13 , 14 , 1 j & 16 9 le même talon arbitraire du premier, avec une joue de fer pour entrer dans les rainures.

Les Fig. 17, 18, 19 & 20 , représentent le même talon que le précédent, avec la baguette que l'on pouffe au pourtour des glaces. Cet outil se pouffe en parement & sur le champ du bois , & ne peut servir qu'au-dessus des traverses d'appui & d'accotoirs lorsqu'elles font droites.

Les Fig. 21, 22 , 23 & 24 , représentent un talon avec sa baguette, lequel talon est arbitraire de celui dont je viens de parler. Cet outil se poulie sur le champ & la joue appuyée sur la joue de la feuillure propre à recevoir la glace.

Les Fig. y 26 & ny 9 représentent une mouchette double pour former les deux baguettes du brancard , laquelle mouchette a auili son arbitraire ; & les Fig. 28 , 29 & 30 y représentent le talon renversé qui se pouffe au-dessous.

Enfin les Fig. 31, 32, 33, Se celles 34, 35 & 36, représentent des mouchettes propres à former diverses baguettes avec leur dégagement.

D'après ce que je viens de dire , il est fort aisé de connoître la différence qu'il y a entre les outils des Menuisiers de bâtiment, & ceux des Menuisiers en Carrosses, & en même temps l'usage que l'on doit faire de ceux de la derniere espece, tant simples qu'arbitraires , lesquels outils peuvent prendre différentes formes à raifbn des différents profils , ainsi que je l'ai dit plus haut, sans que cela change rien à la manière de les disposer & de s'en servir, laquelle doit toujours être la même dans tous les cas.

Pour les autres outils , comme guillaumes , mouchettes & rabots ronds, il n'y a pas de différence d'avec ceux des Menuisiers de bâtiment, si ce n'est qu'ils font plus courts & quelquefois cintrés. Pour les outils propres à pouffer à la main , comme les rapes, les gouges, &c, ce font les mêmes que ceux dont j'ai parlé dans la premiere Partie de mon Ouvrage , page 49 & suiv.

(-If) On observera, pour l'intelligence de ce 1 que je dis ici, que j'ai fait choix d'une efpu- ce de profil tant pour les outils dont je parle, que pour ce que je dirai dans la fuite , pour la conftruftion des Berlines & des Diligences , afin que toutes les parties du discours soient d'accord ensemble, ce qui ne pourroit être , du moins sans quelque confusion, si je me servois de dif-

férents profils ; c'est pourquoi, si l'on veut , on peut voir les Fig. de la Planche 185 , lesquelles représentent les différents profils d'une voiture, deilinés grands comme l'exécution, ce qui pourra aider pour bien entendre non-seulement ce que je dis ici, mais encore ce que je dirai dans la fuite.

PLANCHE 177-


SECTION TROISIÈME.

Du Corroyage du Bois des Voitures.

, LES cailles des Voitures étant cintrées sur tous les sens, du moins pour la plupart, & même d'un cintre irrégulier , il sembleroit que le corroyage des bois en dût être très-difficile & demandât beaucoup d'attention & de connoiÍfances dans l'Art du Trait ; ce qui feroit exactement vrai, si les voitures étoient faites avec plus de précision qu'elles ne le font, & si en même temps les bois qui les composent étoient d'une largeur considérable, & qu'ils eussent des champs & des profils larges & saillants, ainsi que ceux de la Menuiserie d'assemblage ; mais comme la plupart des voitures n'ont point de champs, ou n'en ont que de très-étroits , les plus gros bois qu'on y emploie à présent, n' ayant pas plus d'un pouce de largeur apparente , y compris les champs & les profils , qui ont eux-mêmes très-peu de faillie ; il s'enfuit que le corroyage des bois en devient bien moins difficultueux.

Ce n'est pas qu'en général il ne fut très-bon que les Menuisiers en Carrosses fuflent instruits des principes de l'Art du Trait, du moins quant à tout ce qui est de leur reflbrt, ainsi que je l'ai démontré au commencement de cette Partie ; mais comme chaque espece de voiture est à peu-près toujours d'une même forme , ils se contentent de leurs calibres, d'après lesquels ils corroyent leurs bois, en augmentant plus ou moins répaiffeur en raison du hors d'équerre qui leur est donné par l'évasement ou renflement de la voiture, ce qui est la même chose.

Les battants de brancard se corroyent d'abord droits sur le champ ab, fige r, lequel côté se trouve par conséquent être le dedans de la voiture ; ensuite on les met d'équerre de ce même côté, & on les dégauchit du côté du creux ; puis on les met d'épaisseur du côté du bouge. Voyel les Fig. l ê 3.

Il y a des Menuisiers qui commencent par les dégauchir & les mettre d'épaisseur avant de les mettre d'équerre & de les dresser sur le champ , ce qui est assez indifférent, puisque les deux méthodes tendent également au même but.

Quand les battants de brancard font ainsi disposés , on les met de largeur de c à d, parallèles au-dedans dans tout l'espace qu'occupe la portiere , lequel espace doit être droit, du moins pour l'ordinaire ; ensuite on les diminue des deux bouts de c en e & de d en f, de ce que la voiture a de renflement , de forte que le panneau de côté forme un angle avec la portiere ; & on a foin de faire suivre au champ extérieur du battant de brancard, Tinclinaifon donnée par le cintre du côté de la voiture , supposé qu'il y en ait, ce qui fait que ce champ extérieur n'est plus d'équerre avec le dessus, ou pour mieux dire, le plat du battant, ce que je vais expliquer.

PLANCHE 178.


Dans la description que j ai faite dune Berline , page 40J , on a pu remar- : quer que cette voiture étoit plus large à la ceinture qu'au brancard 5 & que cette inégalité étoit regagnée par un cintre en S ; on a dû voir en même temps que le renflement de cette même Berline, prise à la ceinture , étoit plus considérable qu'au brancard ; d'où il s'enfuit, que non-seulement les battants de ces derniers ne peuvent pas être d'équerre avec leurs faces creuses ou bOlnbées, puifqu'il faut que leurs faces extérieures suivent le cintre de la voiture, mais encore que leur inclinaison ne peut être la même dans toute leur longueur, ce qui fait que ces faces deviennent gauches en raison des différents cintres de la voiture , ainsi que l'indiquent les Fig. 1 & 4 , lesquelles représentent les coupes du battant de brancard , l'une prise sur la ligne a b, & l'autre sur celle c d, Fig. 3 , dont l inclinaison donnée par les courbes A B & C D, Fig. 2 & 4, est différente à raison du plus ou moins de cintre de ces mêmes courbes.

Il est très-nécessaire de faire attention à la pente de la face des battants de brancard , non-seulement pour que, lorsqu'ils font assèmblés, ils sùivent exactement les contours de la voiture , mais encore pour que leurs profils reviennent avec ceux des pieds corniers & des autres pieces qui viennent s' y afrelllbler , ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. J, où le parallélogramme g IL i /, qui représente la faillie de la moulure d'équerre avec la ligne u x , ne se rencontre plus avec les lignes t m & n l, lesquelles lignes représentent la faillie du profil pris parallèlement à l'inclinaison donnée par le cintre de la voiture.

Lorsque la face du battant de brancard est ainsi inclinée , il faut prendre garde si le profil est en faillie des deux côtés, parce qu'alors il faut le remonter jusqu'à ce que le fond de sa faillie rencontre le dessous de la piece, ainsi que le parallélogramme g o p q ; & si au contraire le profil de la faillie nest qu'en dedans , on se contente de l'incliner en dedans sans le faire remonter, ainsi que l'indique le parallélogramme tr s l, duquel le triangle tg l se trouve supprimé par la ligne y l, qui est le dessous de la piece.

Pour ce qui est de la manière d'avoir l'inclinaison & le gauche des battants de brancard , ainsi que des autres pieces qui composent les voitures , j' en donnerai la théorie en parlant de la maniéré de déterminer la forme des voitures & d'en faire tous les calibres.

Les traverses de brancard , appellées de relljlenlcllt, se corroyent droites & d'équerre à l'ordinaire ; cependant je crois qu'il feroit bon qu'elles tudenc hors d'équerre en raison du cintre du brancard.

Pour ce qui est des traverses des bouts, on les corroyé droites sur tous les sens, pour la raison que je donnerai ci-après. Pour leurs équerres, elles font dirigées par les cintres tant intérieurs qu'extérieurs de la voiture.

Les battants & les traverses de pavillon se corroyent de même que les brancards , à l'exception que quand ils ne font qu'à un seul cintre , il faut les mettre plus épais de ce qu'ils remontent sur leur largeur, pour suivre le bombage du

t

PLANCHE 178.


pavillon, ce qui est peu de choie a la vente ; mais c elt une attention qu il etc bon de faire , parce que si les pieces étoient corroyées quarrément , c'est-à-dire > d'équerre avec leurs champs, & qu'on voulût leur faire suivre la pente extérieure du pavillon , il ne feroit plus d'équerre avec la face de la voiture, ce qui feroit pencher leur profil, ÔC ce qui est pis, changeroit la forme de leur cintre ou bombage , puisque les battants auroient plus de bombage sur le champ, & feroient par conséquent moins bombés sur l'élévation ; ce qui feroit la même chose pour les traverses de pavillon, dont la rainure deviendroit bouge , & ne pourroit plus recevoir la traverse de devant , sans la faire bomber pareillement, ce qui ne pourroit être, puifqu'elle est faite pour porter la glace qui est droite sur sa surface, du moins pour l'ordinaire (*). VoyeZ la Fig. 6, où le parallélogramme a b c d, représente la coupe du battant du pavillon placé felon sa pente , laquelle en augmente l'épaificur & la largeur, ainsi que l'indique le parallélogramme efg h.

Quoique je dise que la largeur du battant de pavillon se trouve augmentée par son inclinaison , ce ne fera qu'autant qu'on voudra la faire suivre à son pro- , fil, ce qui ne fait pas bien ; c'est pourquoi d'après le nud de la voiture, représenté par la ligne i , on fera très- bien de mettre le profil de niveau, comme l'indique le parallélogramme i m Il o , ce qui n'augmente pas la largeur de la piece , & en même temps releve le profil qui doit toujours être de niveau , l'inclinaison des faces supérieures de la voiture n'étant pas assez considérable pour se faire sentir dans la largeur du profil du pavillon. Quand le cintre du dessus d'un pavillon n'est pas considérable , tant sur la longueur que sur la largeur, la différence d'épaisseur de ses bâtis se réduit prefqu'à rien ; c'est pourquoi les Menuisiers en Carrones n' y font pas attention ; cependant de quelque manière qu'ils s'y prennent, ils ne sauroient parer l'inconvénient qui se rencontre dans la conftruétion des pavillons , sans y avoir égard , parce que s'ils font incliner leurs pieces, ils dérangent les cintres de faces & l'évasement de la voiture ; ou bien s'ils les placent de niveau, ils ne peuvent plus les faire raccorder à l'endroit des assemblages , ainsi que je le prouverai en parlant de la conftruétion des pavillons.

Le deJTus des pavillons forme ordinairement un arc de cercle plein cintre , tant sur la longueur que sur la largeur ; toute l'attention qu'on doit avoir, est que le dessus des courbes foit hors d'équerre en conséquence de la courbe du milieu, ce qui feroit aufli à souhaiter pour le dedans de ces mêmes courbes , afin que leurs arrêtes ne marqualfent pas sur l'étoffe que l'on attache dessus.

(il') L'observation que je fais ici est trcs-essentielle , sur - tout quand le cintre des pavillons est confidérabIe; mais comme la mode est de les faire presque droits, la différence que cause le renversement, se réduit prefqu'à rien; ce qui fait que presque tous les Praticiens mettent les bois des pavillons d'une égale épaisseur , sans

faire attention aux petits défauts qui y naissent par l'inclinaison de ces mêmes pieces , auxquelles on doit toujours faire attention , ainsi que je le prouverai dans la fuite, en parlant de la conftrudion des pavillons à un & à trois cintres.

Quant

PLANCHE J78.


Quant à la maniéré d avoir les cerces de ces différentes courbes, j en donnerai la méthode en parlant des pavillons.

Les pieds corniers se corroyent d'abord du côté du creux , comme les Fig.

7 & 8 , en observant, lorfquon les dégauchit, de remonter le calibre à raison de l'inclinaison du dedans du pied , comme l'indiquent les lignes a b, c d 8tef,Fig.% & 9.

Ces pieds corniers étant ainsi corroyés & dégauchis du côté du creux, on les met d'épaisseur du côté du bouge qui est le parement ; ce qui étant fait, on marque Tarrafemenî: du haut, du bas & du dessus de l'accotoir ; puis on trace le haut du battant en ligne droite , & le bas par le moyen d'un calibre ployant, que l'on applique dans le creux du battant que l'on chantourne enfiiite , en observant de les mettre d'équerre horifontalement, félon que l'indiquent les lignes o , o, Fig. 7 , 8 & 9.

Quand je dis qu'on met les pieds corniers d'équerre, ce n' est pas que je veuille faire entendre qu'il faut qu'ils soient à angle droit, ce qui ne pourroit être, puisque les voitures font çvafées, du moins pour la plupart ; je veux dire feulement qu'après s'être rendu compte de cet évasement, on corroyé les pieds en conséquence, en observant de placer le calibre ou la fausse équerre horifontalement.

Comme l'évasement n'est pas le même dans toute la hauteur de la voiture, les équerres des pieds changent par conséquent, ce qui fait que les pieds corniers font non-seulement hors d'équerre avec leurs faces, mais encore gauches depuis l'appui jusqu'en bas, le haut devant toujours être dégauchi pour les raisons que j'en donnerai ci-après.

Le dedans du pied cornier se met à peu-près de largeur, sur-tout lorsqu'il n'est pas visible & qu'il ne reçoit pas de glace, ce qui n'arrive qu'aux Diligences & aux autres voitures dont le pied cornier fert de pied d'entrée, lequel alors deviendroit d'égale largeur dans toute sa longueur.

Ce n'efl: cependant pas qu'il ne faille que les pieds corniers des voitures soient d'une largeur égale pour y pouffer les moulures ; mais cette largeur n' est apparente qu' en devant, ce qui se fait par le moyen d'un ravalement, ainsi que par les côtés.

Les ravalements dont je parle , se font pour faire paroître les pieds corniers moins larges , & on laifle de la force au - dedans du battant, du derriere de la rainure, ainsi que je le dirai en son lieu.

Le hors d' équerre des pieds corniers en change la largeur, parce que si on le met en dedans, comme à la Figure 12 , cela repousse le ravalement plus loin ; si au contraire ce hors d'équerre se met en dehors, il augmente la largeur du pied cornier. Voye £ la Fig. 13.

J'ai dit plus haut que les équerres du bas des pieds n'étoient pas les

PLANCHE 178.


! mêmes, c'est à quoi il faut faire attention en les marquant toutes les unes sur les autres, afin de connoître ce qu'il faut augmenter ou diminuer de bois, ainsi que le représente la Fig. 14.

Cette observation est eiïentielle pour avoir au juste Tarrafement des panneaux , lesquels font moins longs à raison de ce que les bois font plus hors d'équerre, ce qui est fort aisé à comprendre , la ligne a b étant plus courte que celle cd, & celle-ci que celle ef, ce qui, par conséquent, change la longueur des panneaux dont ces lignes représentent le devant prolonge au travers du pied cornier.

Aux voitures nommées AngloiJes, & aux Vis-à-vis, les pieds corniers ne font pas cintrés sur le côté , mais forment un angle à l'endroit des accotoirs, ainsi que les pieds d'entrée & les battants des portieres , comme je le dirai en son lieu.

Les battants des portieres & les pieds d'entrée, se corroyent droits sur le champ ; & sur la face ils font cintrés depuis l'accotoir jusqu en bas , le reste de la hauteur devant être droit pour recevoir les glaces ; pour le dedans , ces battants font corroyés droits tant du haut que du bas jusqu'à l'appui, où ils forment un angle plus ou moins grand , félon que le cintre extérieur est plus ou moins considérable.

Comme les portieres font ordinairement droites sur le plat, leurs battants doivent être d'équerre sur tous les sens. Il n'en est pas de même des pieds d'entrée, lesquels doivent être d'équerre avec la portiere en dedaas de l'ouverture de cette derniere, & suivre en parement, ainsi que sur l'épaisseur , l'inclinaison du renflement de la voiture , lequel étant inégal, ainsi que je l'ai déjà dit, rend la surface cintrée de ces pieds non-seulement hors d'équerre avec le côté de l'ouverture de la portiere , mais encore gauche sur sa longueur.

Cette difficulté se rencontre pareillement en corroyant les battants des portieres de Diligences ; c'est-à-dire, que leurs faces ne doivent pas être d'équerre avec leurs champs, mais au contraire suivre la pente du renflement de la voiture , lequel n'étant pas égal d'un bout à l'autre du battant, en rend par conséquent la surface gauche , avec laquelle il faut mettre le dedans du battant d'équerre du moins de la faillie de la moulure, ce qui augmente la largeur du battant, dont le parement forme un angle obtus avec ton champ extérieur. Voyel la Fig. 1 o , qui représente un pied cornier de devant de Diligence, avec ton évasement & son gauche, lequel ne commence qu'à la hauteur d'appui. V oye{ pareillement la Fig. 11 , qui représente. un battant de portiere de cette même Diligence, avec son hors d'équerre & son gauche.

Comme ces battants font ordinairement en faillie sur le nud de la voiture, & que leurs faces , & par conséquent leurs profils, doivent suivre l'inclinaison de la voiture , il faut d'abord commencer par tracer leur forme au nud du fond de leur faillie ; ensuite de quoi il faut augmenter cette derniere , laquelle

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diminue à mesure que le hors d'équerre augmente. Voye £ la F ig. 1 y , : cette différence de faillie est indiquée par les lignes g h , i 1 & m n , lesquelles font abaissees des angles des parallélogrammes qui représentent cette faillie félon ses différentes inclinaisons.

Le champ des pieds d'entrée du côté du panneau, doit être d'équerre avec sa surface extérieure , du moins de toute la faillie des moulures, parce que comme ces pieds font très-étroits, ils perdroient une partie de la force qui leur reste , si on les mettoit d'équerre de toute leur épaisseur.

Les traverses du haut & d' accotoirs , tant du corps de la caisse que des portieres, doivent être droites sur le plat, à cause des glaces qu'elles reçoivent, ( lesquelles font droites & dégauchies sur leurs surfaces , ainsi que je l'ai dit en parlant des pavillons) , de même que pour recevoir les panneaux que l'on peut faire creuser au feu sur un sens feulement, mais non pas sur deux sens à la fois , ainsi que je l'expliquerai en parlant de la maniéré de faire revenir les panneaux au feu. *

Quant au champ des traverses dont je parle , il peut être chantourné ainsi qu'on le faisoit anciennement, & qu'on le pratique encore quelquefois , ce qui faisoit assez bien, & en même temps donnoit plus de force aux assemblages en augmentant la largeur des traverses ; mais à présent la coutume est de

les faire toutes droites & le plus étroites possible, du moins en apparence, puisque pour conserver la force des assemblages , on les fait d'une largeur convenable , & on y fait un ravalement du derriere de la rainure, & à la largeur qu'on le juge à propos.

Les traverses du haut de la carcasse de la caisse , ne peuvent pas être exactement droites , puifqu'elles suivent le cintre du pavillon ; & on les fait assez larges pour qu'elles ayent la portée nécessàire pour la glace , la refuite de cette derniere, & ce que ces traverses entrent dans le pavillon , ce qui fait au moins 15 lignes de largeur ; savoir , 4 lignes de portée de glace , 7 lignes de refuite , & 4 lignes dans le pavillon.

Les frises font cintrées sur le champ , ainsi que le pavillon, & se font le plus étroites possible , toute leur force n'étant que dans leur épaisseur, qui est ordinairement de 18 lignes.

Les traverses du haut des portieres suivent le même cintre que les frises , font de même largeur que les battants de portières, & n'ont d'épaiueur que la faillie du profil, afin que les glaces puissent paffer derriere , ce qui est général à toutes les traverses du haut des voitures, à l'endroit où il y aura des glaces ou de faux panneaux.

Voilà à peu-près tout ce qu'on peut dire touchant le corroyage des bois des voitures ; en général , ce que je viens d'en dire , pour peu qu'on veuille y faire attention , étant applicable à tous les cas ; & si on opere avec quelque précision, l'ouvrage doit toujours bien revenir, parce que comme

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les bois font de peu de grosseur, il est fort aisé de les faire revenir , supposé qu'il se trouve quelque erreur dans leur courbure , l'expérience faisant voir tous les jours que des pieds corniers , par exemple, corroyés avec toute l'exactitude possible, se tourmentent lorsqu'ils font tout-à-fait élégis & qu'on les fait revenir en les assemblant.

J'ai dit plus haut que les battants de brancard, ainsi que ceux de pavillons, formoient un angle à l'endroit des portieres , par la raison que les glaces & les panneaux ne pouvant être que droits sur leur surface , cet angle étoit inévitable , à cause du renflement de la voiture , ce qui, à mon avis , fait un fort mauvais effet , auquel on pourroit remédier en faisant cintrer le renflement de la voiture d'uo bout à l'autre de sa longueur, & en augmentant la faillie des profils du brancard & du pavillon au milieu de la portiere & des côtés , & en la diminuant aux angles-ëe. la voiture , ce qui donneroit une forme plus gracieuse, sans que cette différence de faillie fût beaucoup apparente.

De plus , on pourroit cintrer extérieurement les traverses du haut & celles d'accotoirs , & faire les feuillures & les rainures droites , en regagnant la différence qui se trouveroit dans l'épaisseur de leur joue par la faillie des moulures ; différence qui feroit peu de chose en elle-même, & qui ne demanderait qu'un peu plus de sujétion de la part de l'Ouvrier.

On pourroit aussi faire suivre le cintre des traverses aux rainures disposées à recevoir les panneaux, qui, quoiqu'ils ne puissent être cintrés que sur un sens , ainsi que je l'ai déja dit, pourroient cependant se prêter à ce cintre , vu le peu de bombage qu'il y auroit dans leur largeur ; je ne parle pas de la pof: fibilité qu'il y auroit d'avoir des glaces cintrées, ce qui une fois acquis , lèverait toute espece de difficulté , & faciliteroit à donner plus de mouvement dans la forme générale des voitures , ainsi que je le prouverai dans la fuite (*).

SECTION QUATRIÈME.

Des Panneaux des Voitures en général.

LES panneaux des voitures se font ordinairement de bois de noyer noir, appcllé noyer mâle , comme je l'ai dit plus haut ; ce n'est pas qu'on ne pût les faire d'autre bois, mais c'est qu'il est difficile, du moins dans ce pays , d'en trouver qui foit aussi liant, & dont les planches portent tant de largeur sans fentes ni nœuds vicieux.

La raison qui oblige à choisir des planches ainsi larges pour les panneaux

( * ) On ne doit regarder ce que je dis ici & ce que je dirai dans la fuite touchant le bombage des voitures , que comme une opinion qui m'est propre, & que je ne propose que comme un conseil, sur-tout pour ce qui est des glaces

cintrées, lesquelles, cependant, ne @ font pas sans exemple , puisque j'ai vu un Vis-à-vis appartenant à M. le Duc d'Aumont, dont la glace de devant étoit disposée de cette manière.

des

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des voitures, est, que comme il faut qu ils ioient très-minces, non-ieulement pour être plus légers, mais encore pour ployer plus aisément, les joints qu'on y feroit à rainure & languettes feroient peu solides, & se cafleroient lorsque l'on voudroit faire revenir les panneaux au feu , ou les cintrer ( ce qui est la même chose) , ce qui oblige donc à les prendre dans une feule piece , du moins ceux qui font pour être cintrés sur la surface ; car pour ceux qui font droits à l'ordinaire, comme ceux des euftodes & ceux de derriere, on peut les faire de plusieurs pieces , ce qui n'ôte rien à leur solidité, pourvu toutefois que le bois foit assez sec, & que les joints soient bien faits & ne se tourmentent pas.

Les panneaux se refendent à 4 lignes d'épaissèur, de forte que quand ils font corroyés & replanis * ils n'en ont que trois bonnes.

Quand il arrive qu'ils font refendus inégalement, ou bien que ce font des dosses , on doit les mettre d'épaissèur, afin qu'ils ploient également par-tout.

Quant au choix des panneaux, il faut toujours faire en forte que ceux qui font disposés pour être les plus cintrés , soient bien liants & d'une égale densité , afin qu'ils se prêtent par-tout également à l'aélion du feu ; comme aussi éviter à ces panneaux les bois tranchés , parce qu'ils pourroient casser en les faisant revenir.

En général, on finit les panneaux des voitures avant de les faire revenir, c'est-à-dire, qu'il faut qu'ils soient équarris, replanis & mis au molet avant de faire cette opération, afin qu'à mesure qu'on les fait revenir , ou puisse les mettre dans les bâtis d'abord qu'ils font bombés, ainsi que je le dirai ciaprès ; mais auparavant il est nécessaire de donner une méthode sûre pour équarrir les panneaux , ou pour mieux dire , les tracer & les chantourner felon la forme qui leur est convenable, à raison de la place qu'ils doivent occuper Si du cintre qu'ils doivent avoir ; après quoi je donnerai les différentes manière dont on se fert pour les faire revenir au feu.

§. I. De la maniéré de tracer les panneaux, à raison de leurs différents cintres.

ON peut considérer les formes que l'on peut donner aux panneaux des Voitures, fous trois points de vue différents ; savoir, ceux qui doivent être cintrés également des deux bouts , c est-à-dire sur toute leur largeur ; ceux qui font cintrés inégalement des deux bouts , ou quelquefois gauches ; enfin ceux qui, cintrés régulièrement ou irréguliérement, se trouvent sur un plan oblique , tels que les panneaux de côté des Berlines.

Comme en général les panneaux des voitures, avant d'être cintrés au feu , ont une forface plane & unie, il est nécessaire de trouver le développement de ces panneaux, afin d'avoir au juste leur largeur & leur longueur , & en même temps leurs différents contours, lesquels leur font donnés par le

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gauche ou par les différents contours qu'ils doivent prendre , ce qui se fait de la manière suivante : Lorsque les panneaux font également cintres, après avoir tracé leur élévation géométrale, ainsi que la Fig. i, on marque à côté le cintre ou calibre du panneau coté A B , que l'on divise en un nombre de parties à volonté , comme l'indiquent les points q, r, s, t, u, desquels points on mene à la Fig. i, autant de lignes horisontales , comme celles u/±,t6,s%,rto8nq 121 ensuite on développe la ligne courbe A B sur une ligne droite & perpendiculaire, ainsi que celle x b , laquelle ligne on divise en autant de parties que celle A B ; puis des points y , ç , & , a & x , on mene à la Fig. i , autant de lit gnes horisontales parallèles entr'elles ; puis on prend sur la Fig. i, la distance 1,2, que l'on porte sur la Fig. I, de a en b ; celle 3 , 4 , de c en d ; celle y, 6 , de e en J'; celle 7, 8 , de g en h ; celle 9,10, de i en ; celle 11, 12 , de m en n ; enfin celle 13 , 14, de o en p ; de forte que Tefpace compris entre oa , a b , b p & p o, est égal à celui qui est compris entre les lignes 14, 2 ; 2, 1 ; 1 , 13 & 13 , 14, dont il est le développement ; ou pour parler plus clairement , la Fig. 1 est le développement de la Fig. 2 , l'opération que j'ai faite pour une partie du panneau , pouvant s'appliquer au tout.

Que le cintre du panneau foit un arc de cercle comme le calibre A B, ou bien un cintre en S, comme le calibre CD, c'est toujours la même méthode, ainsi qu'on peut le voir aux Fig. 3 & 4 , où la ligne E F, Fig. 3 , est égale à celle CD, développée , & la distance G H est égale à celle IL, Fig. 4 f ainsi du reste.

Il faut faire attention que dans tous les cas , on doit prendre les points de diviGon sur le parement des calibres , ainsi que je l'ai observé aux deux exemples ci-dessus ; parce que si l'on s'y prenoit autrement, on courroit risque de faire les panneaux trop étroits ou trop larges, felon que le parement de l'ouvrage feroit en bouge ou en creux.

Quand les panneaux font gauches , comme dans le cas d'une portiere de Diligence , on commence par tracer le cintre ou calibre M Q N, que l'on divise en un nombre de parties à volonté, comme ci-dessus ; ensuite on partage la faillie de ce calibre en deux parties égales au point Q , par lequel on fait passer la ligne O P , qui représente le devant de la coupe du côté droit du panneau ; puis par chaque point de division , on fait parler autant de lignes horisontales , lesquelles traversent également le panneau vu géométralement, Fig. 6, & son développement Fig. 5. Ces lignes horisontales ne fervent sur la Fig. 5 qu'à déterminer les points g , h , i , l, m , n & 0 , à la partie du panneau qui doit rester droite , lesquels points doivent par conséquent être d'une distance égale aux deux Figures, puisque la distance O P, représentée par celle o g, Fig. 5 , est égale à celle U Y, Fig. 6.

On tire ensuite sur la Fig. 5 , la ligne perpendiculaire a 6 , dont la distance

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de celle g o , est égale à celle T U, Fig. 6 ; & on fait la ligne a b, d une Ion- ; gueur égale à celle M Q N, développée, laquelle ligne ab étant divisée en parties égales aux points a f, e (1 e c b, on fait paflferpar ces points autant de lignes qui vont répondre aux points de division de la ligne o g, lesquels ont été donnés par les lignes horisontales communes aux deux Figures.

Ce qui a été fait jusqu'à présent , n'a servi qu'à donner la largeur du panneau ; mais comme il est gauche , les parties qui se levent ou qui s'abaissent , se raccourciroient si le panneau étoit coupé quarrément, comme l'indique la ligne ab. Pour remédier à cet inconvénient, & pour avoir la véritable longueur du panneau à tous les points de division , on trace à part la ligne 5 , 1 ,

égale à celle TU, au bout de laquelle ligne y , -i , on éleve la perpendiculaire 1,2, dont on fait la hauteur égale à celle P N ou M O, qui est le plus haut point d'élévation ou de rentrée du panneau , ce qui est la même chose , puisque la ligne 0 P partage le parallélogramme M S N R , en deux parties égales.

Ensuite on prend la distance p q ou x y, que l'on porte de 1 à 3 ; celle r s ou lU, que l'on porte pareillement de 1 à 4; & des points 2 , 3 & 4 , on mene au point 5 autant de lignes dont la longueur donne celle des divisions obliques du panneau développé, qui leur font correspondantes ; de forte que les distances 06 & g II, Fig. 5 , font égales à celle f , 2 ; celles n 7 & h lO, font égales à celle 5 , 3 ; & celles m 8 & i 10 , font égales à celle 5 * 4; quant à celle 1 t' elle est nécessairement égale à celle 5, 1 , puisque c'est le point de .., rencontre de la ligne courbe avec la droite, & où par conséquent le panneau ne hausse ni ne baisse.

La ligne du milieu du panneau se trace de même que celle de l'extérieur , ainsi que je l'ai indiqué sur l'élévation par les points x x , qui font marqués de même sur le plan , ce qui n'a besoin d'aucune démonstration.

Il faut faire attention que dans la conftruétion des Fig. y & 6 9 j'ai pris les points 1 de division pour le développement de la ligne courbe M Q N, du point Q, qui est le milieu de cette courbe , parce que, comme le cintre est d'une forme en S, il faut, pour y faire revenir le panneau, le chauffer des deux côtés, de maniéré que l'aélion de ralongement se fait autant d'un côté que de l'autre , ce qui est plus naturel & ménage davantage la longueur du panneau , vu que si l'on faisoit autrement, tout le ralongement se trouverait d'un côté ; cependant il faut prendre garde.à quel point du cintre se trouve la ligne droite, laquelle ne pasle pas toujours par le milieu , ainsi que je l'ai fait paner dans les Fig. y & 6 ; & que quand le gauche est déterminé, c est lui qui fixe le point de rencontre du cintre avec la ligne droite , ainsi que je vais le démontrer.

Soit le parallélogramme A B , Fig. 8, lequel représente le plan du panneau par en bas , & que la ligne B C perpendiculaire au - devant du panneau représente sa projeaion ou la faillie du cintre , ce qui en: la même chose , il est très-aisé de voir que toutes les lignes de division du panneau représenté en plan F

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dans la Fig. 8 , que ces divisions , dis-je , font en dehors de la ligne A B , tant sur le plan Fig. 8 , que sur les coupes tenant à la Fig. 7 , lesquelles font marquées des mêmes lettres que sur le plan, & que par conséquent le point A , Fig. 7, est la rencontre des deux surfaces du panneau, ce qui arrive aux portieres de Diligences, où le bas de la portiere est d'équerre avec la faillie du cintre du pied d'entrée ; ce qui fait que tout le hors d'équerre, causé par le cintre & le gauche du panneau , se trouve en de (Ris ainsi que le ralongement, qui efl: aussi tout d'un côté y comme on peut le voir dans la Fig. 7, laquelle n'a besoin d'autre démonstration que l'infpeétion de la Figure, dont la conftruétion est la même qu'aux Figures précédentes, puisque la longueur des lignes de l'élévation est égale à celles du plan , Fig. 8 , qui leur font correspondantes , lef.

quelles longueurs peuvent aussi se tracer sur le devant du plan , en décrivant du point A comme centre , & de tous les points où les lignes de division rencontrent la ligne B C, qui est la projeétton , autant d'arcs de cercle , lesquels venant à rencontrer la ligne A B prolongée indénniment, donnent la distance B G, Fig. 8 , égale à celle H G , Fig. 7 , & ainsi des autres, lesquels font trop près les uns des autres pour être marqués des mêmes lettres , ce qui, d'ailleurs, est anez inutile, vu que toutes les lignes de division font marquées des mêmes lettres & chiffres, tant sur le plan que sur la coupe & l'élévation.

Les mêmes arcs de cercle peuvent aussi servir pour décrire la ligne du milieu , ainsi qu'on peut le vbir dans la Figure ci-dessus.

D'après ce que je viens de dire , on peut aisément faire toutes fortes de panneaux gauches , de quelque forme que ce sbit, en faisant feulement attention au point de rencontre des deux surfaces , lequel doit être d'équerre avec les côtés des battants , & par conséquent perpendiculairement à la projeélion ou faillie du cintre, lequel point de projeétion donne toujours une ligne de niveau sur l'élévation, ainsi que celle l [, Fig» 5 > & celle DE, F ig. 7 9 la distance E F n'étant que le ralongement nécessaire pour le hors d'équerre du panneau, lequel,

aux portieres de Diligences , n'est jamais qùarré par le bas.

S'il arrivoit qu'on voulut tracer sur le panneau développé, des coupes prises sur le plan Fig. 8 , ainsi que celles IC ou L B , on se serviroit toujours de la même méthode, c'est-à-dire , qu'on prendroit les distances qu'il y auroit du point A 9 jusqu'aux points où ces lignes coupent celles de division , lesquelles distances on porteroit sur l'élévation aux lignes correspondantes à celles du plan, ainsi que je l'ai indiqué par les lignes ponctuées IMG&.LME,F ig. 7.

Î En donnant la maniere de tracer le développement des panneaux gauches, j'ai supposé qu'ils étoient droits sur une rive , d'après laquelle on pouvoit marquer les longueurs des lignes de division; il s'agit maintenant de donner la maniere de tracer les panneaux, qui non-seulement feroient gauches , mais encore dont les deux côtés feroient d'un cintre différent, ce qui se fait toujours par la même méthode, laquelle est feulement un peu plus compliquée.

On

.,

PLANCHE >19.

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On commence d'abord par tracer à côté du panneau les deux coupes des bouts, ainsi que celles A & B, Fig. 1 ; ensuite après les avoir divisées, non pas chacune d'elles en parties égales , mais par des divisions prises sur l'une des deux , & menées à l'autre par des lignes parallèles , on fait sur les deux lignes des extrémités du panneau, le développement de chacune des courbes, en obsèrvant de prendre bien exaétement les distances qu'il y a entre chaque divi.

fion y foit qu'elles soient égales ou inégales entr'elles ; ensuite, par chaque point de division développé , on trace des lignes sur lefqu elles il reste à tracer les largeurs & les contours du panneau , ce qui se fait de la maniéré suivante : De toutes les divisions on abaisse des perpendiculaires, dont on porte les distances sur les projeélions du plan CD, dont on prolonge la ligne du devant a m, indéfiniment ; ensuite, par chaque point de projection y on fait paffer les lignes de division du plan , lesquelles représentent celles de l'élévation, que l'on prolonge jusqu à ce qu'elles rencontrent la ligne a III au point n ; pour la ligne bf9 au point o ; pour celle cg, au point p, qui se trouve hors de la Planche ; pour la ligne d A, au point q, hors de la Planche ; pour la ligne c i ; enfin au point r, pour la ligne b l : puis de chacun de ces points on élevé autant de perpendiculaires à chacune des lignes de l'élévation qui leur font correspondantes , & que l'on prolonge à ce flijet. Le reste se fait félon la méthode ordinaire , c est-à-dire , que l'on fait la distance 1,2, égale à a e ; eelle s 4 , égale à nj ; celle t 6 , égale à o g ; celle u 8 , égale à ph; celle x 9 , égale à qc ; & celle y II, égale à rb : ensuite on porte la diftancede 4 a 3 ; celle g c de 6 à 5 ; celle h ci de 8 à 7 ; celle c i de 9 à 10 ; & celle bl de 11 à 12.

Puis on divisera chaque ligne sbit du plan foit de l'élévation, en deux parties égales, ce qui donnera la ligne du milieu du panneau.

Pour peu qu'on veuille faire attention à ce que je viens de dire ci-dessus, il est fort aisé de voir que pour avoir les surfaces développées d'un panneau de l'espece dont je parle , il faut le considérer comme faisant partie du développement des surfaces de deux cônes qui se pénetrent, & dont les sommets feroient opposés.

Lorsque les panneaux font sur un plan biais , comparaison faite avec leur projeétion , on commence par tracer l'élévation géométrale & la coupe ; ensuite on trace le plan au-dessous de l'élévation géométrale, ainsi que dans la Fig.

3 ; puis après avoir fait le développement de largeur du panneau , Fig. 1, on en a le contour en relevant des perpendiculaires du plan que l'on élevé à chaque ligne de division qui leur font correspondantes , ainsi qu'on peut le voir dans cette Figure.

S'il arrive que le bout du panneau, au lieu d'être une ligne droite comme la ligne AB y Fig. 3 , (laquelle est représentée par celle F G H > Fig. 2, ) si, disje 1, cette ligne étoit une ligne courbe comme celle C D E, de chaque point où cette courbe coupe les lignes horisontales de l'élévation on abaisse autant

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de perpendiculaires sur le plan, jusqu à ce qu elles rencontrent les lignes de division qui font correspondantes à celles de l'élévation dont partent les perpendiculaires ; puis on porte la longueur des lignes du plan sur l'élévation développée Fig. 2, où l'on fait la distance a l égale à h 1 ; celle b 3 égale a i 4 ; celle c 5 égale à 6 ; celle d7 égale à m 8; celle e 9 égale à n 10 ; celle fIl égale à o 12 ; & celle g 13 égale a p 14.

Si les panneaux biais étoient en même temps gauches ou de différents cin* tres des deux bouts , on se serviroit toujours de la même méthode, en observant de prendre les distances pour déterminer la longueur du panneau sur les lignes du plan , prolongées jusqu'à ce qu'elles rencontrent la bafe de ce même plan, comme dans la Figure 1.

Ce que je viens de dire touchant la maniéré de tracer les panneaux des voitures , renferme une méthode générale pour tous les cas possibles , du moins elle y est applicable ; c'est pourquoi je ne m'étendrai pas davantage à ce sujet ; de plus, on peut recourir à la partie de l'Art du Trait, dont la connoissànce & les principes font absolument nécessaires pour bien entendre ce que je viens de dire ici & ce que je dirai dans la fuite de cet Ouvrage , qui y aura rapport.

Je fais bien que les Menuiflers en Carrosses ne prennent pas, du moins pour la plupart, toutes les précautions dont je viens de parler pour tracer les panneaux des voitures, se contentant de les tracer d'après les bâtis, & de laifler du bois de plus où ils le croient nécessaire ; ensuite de quoi ils les cintrent & les mettent dans les bâtis où ils les ajustent ; & s'il se trouve qu'ils soient trop longs ou trop larges, ils écartent également les bâtis d'un bout à l'autre, & tracent sur le panneau un trait au pourtour de ces mêmes bâtis , ce qui leur fait voir l'endroit où le panneau porte, & où il faut en ôter.

Comme les voitures font peu cintrées, & que par conséquent leurs pan-* neaux ont peu de ralongement, il est assez aisé de les tracer sans recourir aux pratiques que j'ai données ci-delîùs , du moins cela paroîtroit ainsi , s'il n'arrivoit pas tous les jours , que malgré l'expérience qu'ont les Ouvriers , laquelle leur a feule donné le ralongement & la forme de leurs panneaux, s'il n'arrivoit pas , dis-je , qu'ils font des panneaux trop étroits ou trop courts, de forte qu'ils n'ont presque pas de languette à certains endroits, ou, ce qui est quelquefois pis, on voit le jour au travers, de maniéré que ces panneaux ne peuvent pas servir ; c'est pourquoi on doit prendre le parti le plus sûr, qui est celui des principes, lequel non-seulement garantit la juftefle de l'opération, mais encore accéléré l'exécution de l'ouvrage.

Ce n'est pas qu'il faille tracer ainsi tous les panneaux des voitures , un de chaque espece étant suffisànt pour tracer dessus ceux des voitures d'une même forme & grandeur.

De plus , la théorie , fondée sur de bons principes , rassùre l'Ouvrier , & le met à portée de les suivre ou de s'en écarcer avec raisonnement & connoillance de cause.

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Quand les panneaux font tout-a-fait chantournés, on acheve de les replanir le plus parfaitement possible , afin qu'il n'y reste point d'onde ni aucune espece de bois de rebours, ce qui est nécellàire pour que les peintures & les vernis que l'on applique dessus, soient & paroissent parfaitement unis.

Lorsque les panneaux font tout-à-fait replanis , on les met au molet à environ deux lignes d'épaiflfeur , ces panneaux ne se mettant pas au molet comme ceux de la Menuiserie ordinaire , c'est-à-dire , avec un feuilleret ; mais au contraire, on se contente d'y faire un chanfrein, lequel étant pris de coin , ne diminue pas considérablement t l'extrémité de la languette, & conferve davantage de force au panneau. Voyel la Fig. 4.

Il faut avoir foin que les languettes soient très-justes, parce que pour peu que les panneaux se trouvent courts, il y auroit du jour entre ces derniers & la joue du bâtis, sur-tout aux endroits où ils feroient cintrés en bouge , ce qui feroit un très-mauvais effet, auquel on ne pourroit remédier qu'en callant derriere les panneaux , ce qui ne fait jamais bien , & de plus la grande justesse des panneaux, tant sur la longueur & la largeur que sur l'épaisseur , étant eflentielle à la solidité d'une voiture.

§. II. De la maniéré de faire revenir les Panneaux par le moyen du feu.

IL est plusieurs manières de faire revenir les panneaux felon qu'on veut les cintrer à bois de fil ou à bois de travers, lesquelles manières je vais donner ci-après, avec l'avantage & le désavantage de chacune d'elles, afin que l'on puisse préférer rune ou l'autre de ces différentes méthodes , non pas parce que c'est l'usage, mais au contraire félon que le cas semblera l'exiger.

Les panneaux des voitures se cintrent ordinairement sur la largeur du bois , ce qui est la meilleure manière , comme je le prouverai ci-après ; ce n'est pas qu'on ne puisse faire revenir les panneaux à bois de fil, c'etf-à-dire , les faire ployer sur la longueur, ce que l'on fait quelquefois pour épargner le bois de largeur, qui ,est toujours plus cher que l'autre ; mais cette maniéré de faire ployer les panneaux est absolument vicieuse, parce qu'ils font sujets à se redresser après avoir été employés, ce qui fait un très-mauvais effet, le milieu d'un panneau devenant droit pendant que les côtés font cintrés ; de plus , le bois des panneaux en se. redressànt ainsi, fait déjoindre les traverses en les obligeant de ployer au milieu, & quelquefois rompt les languettes de côté, & se fend à différents endroits , ce qui est fort disgracieux lorsqu'une voiture est toute finie, puisque pour remettre un autre panneau il faut la démonter toute entiere, c'est-à-dire , défaire non - feulement l'ouvrage du Menuisier, mais encore celui du Serrurier, du Peintre & du Sellier.

On ne doit donc employer les panneaux à bois de fil, que quand les

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voitures n'auront pas de cintre sur l'élévation, ou du moins assez peu pour qu'on ne craigne pas qu'ils se redressent ; car dans tout autre cas cette maniéré d'employer les panneaux est absolument à rejetter, & si j'en parle ici , ce n'est que pour en faire connoître tous les inconvénients & le mauvais usage.

La meilleure manière de creuser , ou pour mieux dire , de faire ployer les panneaux , est de les faire à bois de travers 9 c'est-à-dire sur sa largeur , parce que les pores du bois de travers se rcilerrent ou se dilatent beaucoup mieux que le bois de fil , vu que dans le premier cas ce font les couches annulaires qui se resserrent ou se dilatent, ce qui leur est naturel ; au lieu que dans le fecond cas, ce font les fibres ligneuses , lesquelles tendent toujours à se redresser pour peu qu'elles soient libres de le faire , ou qu'elles y soient excitées par la trop grande chaleur ou par l'humidité.

Il fuit de ce raisonnement, que la maniere de cintrer le bois au feu sur le bois de fil, est absolument vicieuse, ainsi que je vais le démontrer , & que quand on cintre les panneaux à bois de travers, on fera très-bien , quand ils ne le feront que d'un sens , de les creuser du côté de la dosse , parce que les rayons ou mailles des bois étant plus distants l'un de l'autre de ce côté que du côté du coeur il y reste par conséquent plus de parties tendres, lesquelles prêtent plus aisément à la pression ; ce qui arrive tout naturellement aux bois qu'on laiflTe exposés à l'air, lesquels se bougillent toujours du côté du cœur, ainsi que je l'ai expliqué ailleurs. 1 Quand les panneaux feront cintrés en S, il n'y aura pas d'autre choix à faire que le plus beau côté du bois, pour en faire le parement de l'ouvrage, à moins toutefois qu'il n'y ait une partie de ce cintre beaucoup plus cintrée d'un côté que de l'autre ; dans ce cas , il faudroit mettre le côté cintré le plus creux du côté de la dosse, ainsi qu'aux panneaux cintrés d'un seul côté.

Il est encore une observation à faire avant de creuser & même de débiter les panneaux , qui est de faire suivre , autant qu'il fera possible , le fil du bois avec le parallélisme des divisions des cintres, parce que quand le fil du bois se trouve oblique avec le niveau des cintres, ils ploient difficilement, font des ondes & même des plis marqués, ce qui est aisé à concevoir, puifqu'ils tendent à être à bois de fil, ce qui les met dans le cas de se ployer mal aisément & inégalement.

Quand on a pris toutes les précautions nécessaires pour disposer les panneaux , & que la voiture est prête à monter, on fait revenir les panneaux de la manière suivante : On allume d'abord un feu clair & vif ; puis après avoir mouillé avec une éponge le côté du panneau qu'on veut faire bougir, on présente le côté opposé au feu jusqu à ce que le panneau sbit suffisamment cintré, en observant toujours de mouiller le panneau à mesure qu'il chauffe & qu'il creuse, & d'y présenter le calibre de temps en temps pour voir s'il creuse assèz & également tant

PLANCHE 180.


tant sur la largeur que sur la longueur, c'est-à-dire , si un des bouts n est pas plus ou moins creusé que l'autre.

Dans le premier de ces deux cas, c'est-à-dire, quand on s'apperçoit qu'il creuse plus d'un côté que de l'autre , foit parce que le feu est de côté ou que le bois est d'une inégale densité, on écarte du feu le côté qui creuse trop vite, ou même on le cache avec une barre de fer , Fig. 5, large de 3 à 4 pouces , que l'on tient prête à cet effet.

Quand il chauffe plus d'un bout que de l'autre, ce qui arrive presque tou-

jours à celui d'en Bas, on y remédie en retournant bout pour bout.

Comme il arrive quelquefois que les panneaux font d'une forme mixte, & qu'il y auroit à craindre qu'ils ne se cintraflent trop, on fait d'abord un feu d'une médiocre étendue ; puis on prend des barres de fer ou même de bois , que l'on met devant le panneau à l'endroit que l'on veut empêcher de se cintrer, lesquelles barres empêchent l'aétion du feu, & consèrvent le panneau dans son état naturel.

On peut aussi augmenter ou diminuer sa.étiôn du feu, en mouillant plus ou moins le derriere du panneau , c'est-à-dire, le côté que l'on veut faire bougir , parce qu'en au gmentant l'humidité, on aide à la dilatation du bois , & par çonséquent à l'aélion du feu qui tend à pousser ; & qu'au contraire, en diminuant l'humidité, le bois se dilate moins & résiste davantage au feu.

Ce que je viens de dire pour tout un côté d'un panneau , peut aufIi s'appliquer pour des parties de ce même panneau, lesquelles se trouvent d'une inégale densité , cest-à-dire , plus dures ou plus tendres, & ont par con-

séquent besoin d'être plus ou moins mouillées.

J'ai dit plus haut qu'il falloit faire un feu clair & vif, il faut cependant éviter qu'il foit trop violent, parce qu'alors la chaleur faifiroit le bois trop vivement, & ne laifleroit pas le temps à l'humidité de pénétrer, ce qui l'expoferoit à se fendre en séparant les parties qui le lient ; au lieu qu'une chaleur modérée , fecondée de l'humidité extérieure, fait ouvrir doucement les pores du bois , & y facilite l'entrée de l'humidité, qui, en ramollifïant les parties poreuses, les rend capables de pression & d'élasticité.

Quand les panneaux font cintrés en S , il est fort aisé de leur faire prendre leur forme , puisque quand on les a sùffisàmment cintrés par un côté , on les retourne de l'autre, ce qui ne souffre aucune difficulté.

Quand les panneaux ne font cintrés que sur un bout ou qu'ils font gauches y comme ceux d'une Diligence à la Françoise , G A se fert toujours de la même méthode , en observant de faire entrer le bout qui doit être droit dans un morceau de bois rainé à cet effet, & on a foin de ne mouiller & de ne chauffer le panneau qu'à l'endroit que l'on veut cintrer & gauchir. Voy. la Fig. 6.

Il faut aussi faire attention d'éloigner du feu le bout du panneau qui doit

PLANCHE igo.


- rester droit, en le penchant en dehors, ou en faisant ensorte que le feu ne monte pas plus haut qu'il n'est nécessàire.

Si les panneaux font d'un cintre inégal par les deux bouts, on les fait d'abord cintrer jusqu'à ce que le côté le moins cintré foit revenu ; ensuite on met ce côté dans la rainure de la piece où il doit aller, ou dans toute autre d'un contour semblable, & on racheve de le cintrer de l'autre bout, ainsi que ci-dessus.

On fait revenir les panneaux un à un, c'est-à-dire, que d' abord qu'un panneau est cintré, il faut le mettre dans son bâtis, ce qui lui conferve sa forme en l'empêchant de se redresser ; de plus , cela donne le temps aux barres de fer de se refroidir, ce qui ne pourroit être si l'on faisoit revenir plusieurs panneaux de fuite, parce que les barres de fer venant à s'échauffer, feroient un effet tout contraire à celui qu'on en attend, puisque par leur chaleur elles augmenteroient Yadion du feu au lieu de l'empêcher.

Lorsqu'on veut cintrer les panneaux sur le bois de fil, on s' y prend de la manière suivante : Après avoir préparé les panneaux , c' cfl-à-dire, les avoir replanis & mis au molet, on fait chauffer une barre de fer d'un médiocre degré de chaleur, afin qu'elle foit assez chaude pour faire cintrer le bois sans pour cela y faire aucune marque ; ensuite on arrête le bout du panneau sur l'établi avec le valet, en observant de mettre dessous ce dernier une barre de toute la largeur du panneau , laquelle l'empêche de se creuser à bois de travers, puis on pasle la barre de fer entre rétabli & le panneau, à l'endroit où on veut le faire ployer, en observant de le mouiller en même temps, & d'appuyer sur l'autre bout pour lui faire prendre sa forme, & en avançant ou reculant la barre de fer felon qu'il est néceIraire.

Il est encore une autre manière de cintrer les panneaux à bois de fil, qui est d'en assùrer le bout sur le bord de l'établi, de manière qu'il forte toutà-fait en dehors ; ensuite de quoi on fait porter le milieu sur une barre de fer supportée par deux montants de bois que l'on avance ou recule au besoin; puis on met au-dessous du panneau , un fourneau plein de feu que l'on approche ou qu'on éloigne du panneau félon qu'il est nécessaire : on appuie sur l'autre bout du panneau pour le faire ployer, & on a foin de le mouiller en même temps qu'on le chauffe.

Il y auroit cependant à craindre qu'en appuyant sur le bout on ne le fit fendre ; c'est pourquoi il feroit bon de le faire entrer dans un morceau de bois rainé, ce qui feroit très-commode.

Comme la barre de fer qui supporte le panneau , pourroit s'échauffer & brûler le panneau , on peut y substituer une piece de bois sur le champ, ce qui levera toute difficulté ( * ).

(*) Quoique je donne ici deux manieres de cintrer les panneaux à bois de fil, ce n'en: pas

que j'en approuve l'urage, au contraire je le re garde comme très-dangereux ; je n'en parle don

PLANCHE 180.


Ce que je viens de dire touchant la manière de chantourner & de faire ?

revenir les panneaux au feu, renferme à peu-près tout ce qu'on peut dire à ce sujet, la pratique & l'expérience qui en est le fruit, donnant tous les autres secours dont on peut avoir besoin , sur-tout pour le cintrage des panneaux, dont les bois doivent être plus ou moins chauffés felon qu'ils font durs ou tendres, & qu'ils font plus près du cœur ou de la dosse de l'arbre , ce qui fait qu'il n'est guere possible d'en dire davantage à ce sujet.

Il faut faire attention que les bois ne peuvent être cintrés que sur un sens > ou du moins que de très-peu de chose, quoique dans l'exaéte vérité ils ne puissent pas être cintrés des deux sens à la fois , c'est-à-dire , à bois de travers & à bois de fil, parce qu'il faudroit que le bois se rétrécît ou se rélargît inégalement dans [on étendue, ce qui est impossible au bois , & ne peut avoir lieu qu'aux métaux tels que le fer , le cuivre , &c , lesquels se rétrégnent au mar-

teau , foit à froid ou à chaud.

C'est cette impolïibilité de creuser les panneaux sur les deux sens à la fois , qui est une des principales causes qui empêchent de faire les voitures cintrées sur le plan & sur la face verticale , du moins d'un cintre considérable , ( car s'il n'y avoit que 3 à 4 lignes de cintre , le panneau ployeroit aisément, ) ce qui cependant feroit un très-bel effet, ainsi que je l'expliquerai ci-après ; il est vrai que cela obligeroit à prendre les panneaux dans du bois d'une forte épaisseur, ce qui coûteroit feulement plus cher, sans pour cela rendre la caissè plus pesànte, comme plusieurs Menuisiers l'objeélent, puisque l'on peut évuider ces panneaux en dedans, ( ainsi que font les Luthiers, aux tables de leurs instruments ) à l'épaisseur ordinaire, ou du moins à peu-près ; car il feroit bon que ces panneaux fuflent un peu plus épais que les autres , du moins à l'endroit du bois tranché , ce qui en augmenteroit la solidité sans qu'ils fuflent pour cela beaucoup plus lourds.

ici que pour ne rien laifler à desirer au sujet de la maniéré de cintrer les panneaux de tous les sens possibles ; de plus cette derniere , quoique d~un mauvais usage pour les panneaux des

voitures , peut être bonne & servir dans d'autres occasions ; c'est ce qui m'a engagé à en parler ici, ainsi que je l'ai annoncé dans la feconde Partie de cet Ouvrage.

PLANCHE 1S0.


CHAPITRE TROISIEME.

De la forme ôC disposition des Voitures modernes en général.

1

j E premier changement arrivé à nos Voitures modernes, a été de les fermer

au pourtour au-dessus des accotoirs , ce qui a été une des principales différences qu'il y ait eu entre les Coches & les Carrossès , ainsi que je l'ai dit page 463.

Au commencement les Carrosses étoient exactement fermés au pourtour, excepté au-dessus des portieres, lesquelles étoient ouvertes & se fermoient avec des rideaux, afin de garantir des injures de l'air l'intérieur de la voiture ; ensuite on les ferma avec des verres, puis avec des glaces, L'usage de ces dernieres étant devenu plus commun.

Les premières glaces étoient à demeure dans les portierês , ce qui les exposait à deux inconvénients; sàvoir, celui de se casser en ouvrant ou en fermant la portiere , & de priver d'air l'intérieur de la voiture, ce qui est très-incommode , sur-tout dans les temps chauds. Pour remédier à ces deux inconvénients, on a imaginé de rendre les glaces mobiles, non pas en les faisant ouvrir verticalement , ce qui auroit été très-incommode ou même impossible, mais au contraire en les faisant defeendre dans un espace pratiqué dans l'épaisseur de l'appui de la portiere , ce qui a levé toute espece de difficulté, & a rendu les voitures plus magnifiques & plus commodes , en facilitant l'usage des glaces non-seulement aux portieres,, mais encore au devant, aux côtés , à la place des panneaux de euftode , & même au derriere de la voiture , comme on le pratique quelquefois aux Carroiïes d'Ambassadeurs & autres voitures magnifiques.

Toutes ces glaces peuvent être mobiles & se remplacer par des faux-panneaux , que l'on ôte des voitures quand on veut y mettre des glaces , ou bien qui descendent à coulisses dans l'intervalle des panneaux de doublure ainsi que les glaces, de manière que ces dernieres & les faux-panneaux se trouvent renfermés dans l'épaisseur de la voiture, sans qu'il foit nécessaire de les transporter ailleurs lorsqu'on veut les changer.

L'usage des glaces est d'une très-grande commodité , & augmente beaucoup la magnificence des voitures ; mais aufli il a le défaut d'en borner la forme , sur-tout lorsqu'elles font mobiles , parce qu'alors il faut que les places destinées à les recevoir, soient droites & dégauchies , & que quand une voiture est d'une forme trop cintrée, ou que les cintres, n'étant pas semblables, forment un gauche , il arrive alors que l'on est obligé de faire rentrer les panneaux de doublure en dedans de la voiture, ce qui en diminue la largeur & qui est trèsincommode ; c'est pourquoi avant d'entrer dans un plus grand détail touchant la


la forme de chaque espece de voiture, j'ai cru qu'il étoit néceiïàire de donner une réglé générale touchant le mouvement des glaces, de la place qu'elles peuvent & doivent occuper tant sur l'épaisseur que sur leurs largeurs & hauteurs, comparaison faite avec celles de la voiture , de leurs formes , & des différentes especes de couliiïèaux dans lesquels coulent les glaces & les faux panneaux, afin que cette connoissance une fois acquise, on foit à portée de déterminer au juste le cintre des voitures, la grandeur & la forme des panneaux , & l'épaisseur des parties qui reçoivent les glaces, comi-nç les pieds d'entrée, les battants de portieres, &c.

SECTION PREMIERE.

Maniéré de déterminer la hauteur & la largeur des Glaces, comparaison faite avec celles de la Voiture.

.#

L A hauteur & la largeur des portieres font fort aisées à déterminer, parce que c'est la largeur du dedans de la portiere , plus un recouvrement de 4 à y lignes de chaque côté , qui donnent la largeur de la glace. Quant à sa hauteur, après avoir déterminé la forme générale de la voiture, & par conséquent la hauteur de la portiere , ainsi que la Figure l, on divise cette hauteur en deux parties égales, prises du dessus de la traverse d'en bas , dans les deux angles audessous de la traverse d'en haut pris au milieu du cintre 3 plus 4 lignes de plus qui font nécessaires pour la portée de la glace , & une de ces deux parties est la hauteur de cette derniere, & l'autre détermine le dessus de l'accotoir ; de

forte que quand la glace est baissée, elle se trouve tout-à-fait cachée dans la hauteur de l'appui de la portiere , comme je l'ai observé à la Fig. 1 , où la glace a b c d 9 cotée A , est de même forme & grandeur que celle cotée B , laquelle j'ai marquée des mêmes lettres que l'autre , & qui est tout-à-fait cachée dans la hauteur de l'appui de la portiere, de forte que la hauteur g e est égale à celle e f.

Il est des occasions où pour grandir la hauteur de la glace, on entaille les deux côtés de la traverse d'en bas , jusqu'à ce qu'il n' y reste dans les angles que 6 lignes de bois d' après les feuillures , comme l'indique la ligne il ce qui augmente la hauteur de la glace de près d'un pouce , & ce qui, par conséquent, abaisse l'accotoir de pareille hauteur, c' eft- à-dire , environ un pouce ; mais il faut prendre garde qu'en abaiflfant ainsi les accotoirs , on ne grandisse trop la hauteur des glaces de custode , de maniéré qu'elles ne puissent plus être contenues dans l'appui de côté, ce qui arrive quand le fond de la voiture est beaucoup cintré , & qu'au contraire l'impériale l'est peu.

On remédie à cet inconvénient, en faisant une entaille dans le brancard pour y faire entrer le bas de la glace de euftode ; mais il faut prendre garde que cette

PLANCHE 181.


entaille ne foit trop profonde & quelle note la solidité du brancard; c'est pourquoi lorsqu'on fait la division de la hauteur des glaces d'une voiture, il faut avoir non-seulement égard à la hauteur de la portiere , mais encore aux côtés de cufiode, afin que les glaces puissent être toutes contenues dans la hauteur des appuis, sans être obligé de faire des entailles trop profondes dans les battants de brancard, ainsi que je l'ai observé dans la Fig. i , où la glace de custode cotée D, est de même forme & grandeur que celle C, & quoique entaillée dans le brancard, dont le dessus est représenté par la ligne m no, elle laisse encore un pouce de bois plein en dessous , ce qui est suffisant.

Les glaces de custode font toutes cintrées par le bas , parce que le fond des voitures Tétant aufli y il faut qu'elles puissent y être contenues ; il est cependant des occasions où ces glaces font quarrées ; mais ce ne peut être que quand les voitures font très-grandes, & quand elles font cintrées en S au lieu de l'être en cul-de-singe , c'est-à-dire , faisant une partie d'ovale.

D'ailleurs ces glaces quarrées ne peuvent raisonnablement s'employer que dans les voitures à trois cintres, où la plus grande hauteur de la portiere fait remonter l'appui, & par conséquent diminue la hauteur des custodes ; car autrement les glaces de custode quarrées font inexécutables , ainsi qu'on peut le voir à celles cotées E, dont l'angle p fort en dehors du brancard.

Quoique j'aye tracé droit le dessus des accotoirs tant des portieres que des custodes , on peut les cintrer si on le juge à propos , en observant feulement que les glaces soient toujours contenues dans la hauteur des appuis, sans qu'aucune de leurs parties excede en aucune maniere le dessus des traverses d'accotoirs.

De quelque maniere que l'on dispose les glaces de custode , & de quelque largeur que soient les traverses qui leur fervent de battement, il faut toujours qu'il reste 9 lignes de jeu entre le dessus de la glace & le pavillon , ce qui est nécessaire pour la portée de la glace & pour la refuite de la languette ou apfichet de l'accotoir qui retient la glace en place ; ce qu'il faut aussi observer aux glaces de portieres, c'est-à-dire , que quand elles font levées & que les portieres font fermées , il se trouve toujours entre le dessus de la glace & le dessous de la frise 6 lignes de jeu pour la refuite de l'apfichet, qui , jointes à 3 lignes de portée au moins , font les 9 lignes demandées.

Quand les glaces de custode font immobiles, on peut les faire de toute la largeur de cette derniere , ce qui ne souffre aucune difficulté; mais ce ne peut être qu'aux voitures d'une décoration magnifique.

Aux portieres de Diligences, où la traverse du bas n'est pas de niveau, on doit se borner au côté le plus court, auquel on fait quelquefois une entaille à la traverse, afin de ne pas trop hausser la traverse d'appui ou d'accotoir, ce qui est la même chose , & donner plus de hauteur à la glace. VoyeZ la Fig. 2, où la glace est marquée à sa place & descendue dans l'appui.

Quant aux glaces de devant, c'est la même chose qu'à celles des côtés , c'eft-

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à-dire, que quand on veut qu'elles soient mobiles , leur largeur est bornée si par celle du bas de la voiture prise entre les deux pieds corniers, ce qui fait qu'aux voitures ordinaires on fait deux petits pilastres aux deux côtés de la glace, lesquels regagnent l'inégalité de largeur de la voiture.

La largeur de ces pilastres est donnée par la largeur intérieure de la voiture, ainsi que je l'ai déjà dit & que l'indiquent les lignes a b & c d, Fig. 3 ; cependant quand par économie ou pour quelqu'autre raison, on veut diminuer la grandeur de la glace , on fait non-seulement ces pilastres plus larges , mais encore on met une frise au-dessous de la glace, laquelle en diminue la hauteur comme les pilastres en diminuent la largeur, ce qui en même temps grandit l'intérieur de la voiture, comme je l'expliquerai ci-après.

Quand les glaces du devant des voitures font immobiles, on peut les faire de toute la grandeur de l'ouverture, sans aucune espece de pilastre ni de frise.

Ces glaces entrent à rainure dans un des pieds corniers, & à feuillure dans l'autre , sur lequel on rapporte une piece à queue ou à vis , laquelle retient la glace ainsi qu'aux glaces de custodes immobiles.

Pour les voitures dont la largeur du devant est égale du haut en bas , comme les Diligences , les Vis-à-vis & autres , on peut y mettre des glaces de toute la largeur ; ce qui ne souffre aucune difficulté. Voye{ la Fig. 4.

Quant à la hauteur de ces glaces , c'est-à-dire, de celles du devant des voitures , elle est toujours bornée par le dessus de la traverse d'appui, qui doit être de niveau au pourtour de la voiture, du moins c'est l'ordinaire , & par le milieu du cintre de la traverse du haut ; il faut cependant faire attention qu'elles puissent, lorsqu on les baille ainsi que toutes les autres , être contenues dans l'appui, au-dessus duquel elles doivent affleurer ; c'est pourquoi une élévation telle que celle Fig. 3 & 4, ne fufEt pas, il faut y joindre une coupe, afin de se rendre compte de la place que la glace doit occuper dans la voiture , en raison de sa hauteur & du cintre de cette derniere , ainsi que je vais l'expliquer en parlant des coulisses propres à recevoir la glace & les faux panneaux.

§. I. Des Coulisses & des Coulijfeaux propres à recevoir les Glaces, leurs formes J proportions & conflruclion.

LES glaces des voitures font contenues dans un chassis dont je donnerai la forme & la conftruétion dans la fuite, ne s'agissant présentement que d'en connoître l'épaisseur, laquelle doit être de 5 lignes, afin qu'avec l'étoffe dont ce chassis est entouré, ainsi qu'un des côtés de la coulisse de la glace, on puisse déterminer au juste la largeur, ou pour mieux dire , l'épaisseur de cette couliiîe , laquelle , d'après ce que je viens de dire , ne peut pas être moindre que de 6 lignes ou 7 lignes au plus, puifqu'il ne reste que deux lignes pour placer trois épaisseurs d'étoffe, qui est ordinairement du velours, & le jeu nécessaire pour que

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la glace coule aisément sans cependant être trop à l'aise, parce que si celaetoit, l'ébranlement de la voiture pourroit faire casser les glaces, ce qui est fort à craindre.

Il faut donc que non- seulement la glace foit prise juste quand elle est levée 9 mais encore quand elle est baissée; c'est pourquoi on doit faire en forte que les coulisses n'ayent que 7 lignes de largeur à leur extrémité supérieure cotée A , Fig. 2,7 lignes également du devant de l'apfichet B , au dedans de la joue, ou pour mieux dire , d'après la faillie de la moulure.

Il faut qu'il y ait pareillement 7 lignes de jeu entre le derriere de la traverse & le dedans de la joue de la coulisse cotée C, & que la même distance se trouve pareillement en bas , cote D 9 de maniéré que la distance de 7 lignes se trouve feulement aux points A, B , C, D , ce qui est nécessaire pour retenir la glace & l'empêcher de balotter, foit qu'elle foit levée ou qu'elle foit abaissée.

Quant à l'épaisseur de cette coulisse dans tout le reste de sa hauteur , elle est déterminée par le cintre de la voiture , qui lui donne plus ou moins de largeur dans la partie de l'appui, à raison de ce que le cintre de la voiture s'écarte plus ou moins de la ligne droite. Pour bien entendre cette partie de la théorie des voitures, il faut d'abord faire attention que dans tous les cas la superficie des glaces est droite & dégauchie, & qu' elles ne peuvent se prêter à aucun cintre ni gauche ; c'est pourquoi il faut que les places disposées à recevoir les glaces soient parfaitement droites & dégauchies, afin que quand elles font dans l'apfichet ou feuillure du dessus de la traverse d'appui, elles portent également partout.

Or, pour avoir les différentes largeurs des coulisses, on s'y prend de la maniéré suivante : Après qu'on a déterminé le cintre de la voiture & tracé le dessus de la traverse d'appui, ainsi que le point le plus haut de la glace , comme celui coté A, on commence à marquer 7 lignes de largeur à ce point, ainsi que je l'ai dit plus haut ; ensuite on met au nud de l'appui I7 lignes de distance du dedans en dehors de la coulisse ; [avoir, 7 lignes pour l'apfichet, 3 lignes d'épaissèur de languette, & 7 autres lignes pour le passage de la glace ; puis du point a au point b , on tire une ligne droite qui est le dedans de la joue de la coulisse ; on fait la même opération par le bas, ce qui donne également le dedans de la joue , ou pour mieux dire , le dedans du panneau de doublure qui fert de joue.

Quant au dedans de la coulisse du côté du panneau , il ne peut être une ligne droite ainsi que la ligne c d9 parce que si cela étoit, la glace , en remontant, viendroit rencontrer la joue supérieure de la coulisse au point d > ce qui l'empêcheroit de monter plus haut, à moins que la glace ne ployât, ce qui est impossible.

Le dedans de la joue doit donc être une ligne courbe , dont on a le contour en faisant passèr au derriere de l'apfichet plusieurs lignes droites d'une longueur égale à celle de la glace , ainsi que celles e f& g h, lesquelles étant plus élevées l'une

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l'une que l'autre, & touchant par leurs extrémités supérieures au dedans de la joue de la coulisse du haut, donnent à leurs extrémités inférieures autant de points par où pasle la courbe décrite par le bas de la glace , dont les lignes c d « e /"& g h, représentent la surface.

On fait la même chose avec une regle de 7 lignes d'épaisseur, & d'une largeur égale à celle de la glace, laquelle regle on fait passèr au derriere de l'apfichet, & appuyer du bout supérieur au dedans de la coulisse, & on la fait monter tout le long de cette derniere , de maniéré qu'en attachant un crayon ou une pointe au bout inférieur de la regle, on trace tout de fuite la courbe demandée, à laquelle on ajoute une à deux lignes de jeu, afin que la glace ne foit point trop gênée dans son mouvement.

S'il arrivoit que les cintres d'appui fuflent différents, il faudroit les marquer l'un sur l'autre , afin d'en connoître le gauche, ( qui ne peut être que par le bas , puisque le haut doit toujours être dégauchi, ) & l'on opéreroit à l'ordinaire , afin que les deux coulisses fuflent dégauchies entr elles , quoique l'appui fût gauche en parement, ainsi que l'indique la ligne il m (*).

S'il arrivoit que les voitures fuflent cintrées à rebours de la Figure que je viens d' expliquer, c'est-à-dire, qu'au lieu d'être en bouge comme cette derniere, elles fuflent en creux , ce qui arrive aux portieres des Chaises de poRe, on se serviroit toujours de la même méthode, excepté que l'on feroit l'opération de l'autre sens , ainsi qu'on peut le voir dans la F ig. 8 , où les lignes no, p q & r s, représentent la surface intérieure de la glace , & celles t u & u x , la joue de la coulisse du côté du parement.

Les coulisses des portieres se font de la même maniere & par la même méthode que celles dont je viens de parler, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 4, & se prennent dans les battants, la glace se plaçant par en haut, & la traverse n'ayant d'épaisseur à cet effet, que la joue de la coulisse , ou pour mieux dire, la faillie du profil, ainsi que je le dirai en parlant des portieres.

Lorsqu'on veut que les faux-panneaux soient contenus dans Tépaifleur de la voiture, ainsi que les glaces, cela ne change rien à la maniere de faire les coulisses, excepté qu'on en augmente la largeur de 10 lignes par le bas seulement ; (avoir , 7 lignes pour le faux-panneau , & 3 lignes pour la languette qui separe les deux coulisses ; quelquefois cette languette se fait de cuivre d'une ligne d'épaissèur, ce qui rend les bois moins épais , & par conséquent moins lourds, ce qui est fort à considérer : pour le haut de la coulisse, elle doit toujours être de même largeur qu'aux coulisses simples ; cependant comme il" ive quelquefois que le peu de cintre du parement de l'ouvrage, oblige de faire les coulisses plus larges par le haut , afin que la joue de la coulisse a b c, Fig.

(*) Ce que je dis ici n'a guere lieu qu'aux portieres de Diligences, où la différence n'est pas si grande que je l'ai marquée ici , ce que je n'ai

fait qu'afin de rendre la chose plus sensible, & afin de n'avoir point à me répéter.

PLANCHE 182.


6 , devienne droite , & que le faux - panneau puisse monter aisément, on fait venir le haut de cette joue en adoucissànt, afin qu'elle n'ait que 7 lignes de large à son extrémité supérieure , pour les raisons que j'en ai données ci-defliis.

L'observation que je fais ici est aussi applicable aux coulisses des glaces de devant de Vis-à-vis , & à celles de Chaises de poile, ainsi que je l'ai représenté dans la Fig. 7 , qui est un battant ou pied cornier de Vis-à-vis, & dans la Fig.

8, dont la démonstration est applicable à la glace du devant d'une Chaise de poste.

Les coulisses se font dans les battants de portieres, comme je viens de le dire ; pour ce qui est des glaces de côté des voitures, on fait leurs coulisses d'un côté dans le pied d'entrée , & de l'autre dans des coulifleaux qui se rapportent à plat sur les panneaux de euftode , lesquels leur fervent de joue intérieure feulement par le haut ; pour le bas, ils ont une joue , laquelle ne va que jusques sur le panneau, dont elle fuit les contours.

Les couliifeaux se font de la même maniere que les coulisses ; c'est pourquoi je n'entrerai pas dans un plus grand détail à ce fiijet, l'infpeélion feule des Figures étant plus que [uffifànte. Voye £ la Fig. 1, qui est le coulisseau de la Fig. 1 ; la Fig. 3 , qui est celui de la Fig. 4 ; enfin la Fig. 5 , qui est le coulisseau de la Fig. 6 : auxquels coulifleaux j'ai observé des entailles pour recevoir les traverses d'appui & les barres qui portent les panneaux.

Les glaces de portieres se retirent par le haut ; mais celles de custodes ne peuvent pas sortir de même, vu qu'il faudroit démonter le pavillon, ce qui n est pas possible ; c'est pourquoi on a imaginé de les faire sortir à refuite par le côté, par le moyen d'une barre à queue placée dans le coulisseau du côté du panneau , lequel lui fert de joue.

Cette barre à queue doit avoir 7 lignes quarrées , afin que quand elle est ôtée, on puisse faire entrer la glace à sa place , laquelle a pour lors la refuite nécessaire pour sortir de l'autre coulisse, laquelle n'a, ainsi que toutes les autres , que 5 lignes de profondeur.

Les barres à queue ne s'attachent pas ordinairement, étant suffisamment retenues par le frottement de l'étoffe dont elles font entourées, & dont font garnies les feuillures qui les reçoivent ; c'est pourquoi il faut avoir foin que ces barres à queue soient moins fortes que la place qu'elles doivent occuper, afin de laisser de la place pour rétoffe. Voyel les Fig. 9 & 10 , qui représentent un coulisseau ainsi disposé , coupé au plus haut & à l'appui, & les Fig: ek 2 qui représentent des coulifleaux sans barre à queue, coupés de même maniere , mais disposés pour recevoir des glaces & des faux-panneaux.

La largeur des coulifleaux est ordinairement de 16 lignes, afin qu'ils ayent assez de bois d'après la rainure pour y placer les vis avec lesquelles on les attache au bâtis ; quant à leur hauteur, ils viennent finir par le bas sur le brancard , & par le haut on les laifle passer d'un demi-pouce au-dedus des traverses,

PLANCHE 182.


afin qu'ils entrent tout-en vie dans les battants de pavillons , ainsi que les pieds s corniers & les pieds d'entrée.

Ce que je viens de dire des coulilTeaux de côté, doit aussi s'appliquer à ceux de devant, excepté que l'on fait quelquefois ces derniers de 2 lignes plus minces que les autres.

1 Le bas des coulisses ainsi que des coulifleaux , n'a pas de joue en parement, ceeft-à-dire, en dedans de la voiture depuis le nud de l'appui; mais au contraire on y fait une entaille sur toute leur largeur, de l'épaisseur de la joue supérieure, laquelle entaille est faite pour recevoir les panneaux de doublure , lesquels tiennent lieu de joue , & garantiflent les glaces lorsqu'elles font baissées.

Ces doublures se font de bois blanc de 4 lignes d'épaissèur, qui est celle de la joue intérieure des coulilTeaux ; on les met toujours couchées , & sur la rive du haut, c'est-à-dire, à l'endroit de l'accotoir ; on y met une alaise d'environ 3 pouces de large, laquelle a 7 lignes d'épaissèur au moins, & qui est nécellàire pour porter la garniture d'accotoir que les Selliers y mettent. Voyelles Fig.

2, , 4 & 6 , où j'ai marqué les panneaux de doublure en coupe avec leurs alaises ou emboîtures, & les Fig. 1 , 3 & J , où l'entaille est faite pour recevoir les panneaux de doublures , & Fépaiueur de ces derniers qui y est marquée par des lignes ponétuées.

§. II. Des Chassis de Glaces, des faux-Panneaux & des Jalousies de toutes especes leurs formes & conftruclion.

A P R È s avoir traité des couliffeaux, il est tout naturel de parler des chassis !

de glaces & des faux-panneaux auxquels ils fervent, afin de terminer tout de fuite ce qui concerne la partie des glaces , & de ne point interrompre la description des voitures , dont je ne parlerai qu'après avoir fini toutes les parties de détail, tant intérieures qu'extérieures.

Les chassis de glaces se font de bois de noyer ou d'orme, mais plus souvent de noyer , ce qui est meilleur ; ils ont 5 lignes d'épaisseur sur 7 lignes de largeur aux battants , 9 lignes à la traverse du bas , & 11 lignes à celle du haut, du moins pour l'ordinaire.

Au milieu de l'épaisseur des chassis de glaces , on fait une rainure de 4 lignes de profondeur sur 3 lignes d'épaiueur, ce qui est nécessaire pour recevoir les deux côtés de l'étoffe dont ces chassis font garnis, & pour recevoir la glace qui est çhanfreinée au pourtour pour lui donner de l'entrée.

Le dehors du bois des chassis doit être très-arrondi sur tous les battants, afin d'en faciliter le coulement ; on doit aussi en arrondir les arêtes intérieures, pour que l'étpffe ne se coupe pas.

Les chassis saflemblent à tenons & mortaises à l'ordinaire ; mais on ne les cheville ni ne les colle point, parce que les Selliers ne pourroient pas y faire !

PLANCHE 182.

PLANCHE 183.


entrer la glace. Voyei les Fig. i & 2 , qui représentent un chassis vu en coupe & de face, & un profil grand comme l'exécution.

Lorsque ces chassis font cintrés en ovale, comme il arrive aux voitures à trois cintres , ce que j'ai indiqué par des lignes ponétuées Fig. 2 , on assemble la traverse du haut en enfourchement dans les battants à la retombée du cintre, en observant de faire l'enfourchement dans la traverse cintrée, Se le tenon dans les battants. Voye[ la Fig. 2 , cote A.

Pour rendre ces chassis plus solides, & mettre moins de bois tranché dans les traverses , on fait cintrer le bout du battant & on fait le joint plus haut, ce qui diminue le bois tranché de la traverse, & par conséquent augmente la solidité du chassis. Voyez la même Figure , cote B.

Les faux-panneaux se font de bois blanc afin d'être plus légers, de 4 lignes d'épaisseur au plus, pour que lorsqu'ils font garnis de cuir en dehors & d'étoffe en dedans, ils n'ayent que 6 lignes d'épaisseur au plus , & qu'ils passent aifé-.

ment dans les coulisses.

Les faux-panneaux se font de planches jointes ensemble à l'ordinaire, & on les emboîte par les deux bouts afin de les rendre plus solides, & qu'ils ne puissent pas coffiner aisément ; de plus, comme ces emboîtures ne peuvent être assemblées qu'à rainures & languettes vu leur peu d'épaisseur , il faut avoir foin que le bois foit très-sec, afin qu'il ne faffe aucun effet, ce qui feroit d'autant plus désagréable, que le cuir qu'on colle & qu'on applique dessus , feroit des plis & se rideroit, si le bois venoit à se retirer.

Il faut aussi avoir grand foin que les faux-panneaux soient parfaitement replanis, parce que la moindre onde qui se trouve paroît au travers du cuir i ce qui fait un mauvais effet. En général, on ne met de faux-panneaux qu'aux glaces de euftodes, du moins pour l'ordinaire ; cependant on peut aufli en mettre aux portières , sur-tout aux voitures de campagne que l'on voudroit tenir closes pendant la nuit.

Les arêtes du pourtour des faux-panneaux doivent être arrondies, sur-tout sur la largeur , pour faciliter le coulement, ainsi qu'aux chassis de glaces, Voye{ les Fig. 3 & 4 , qui représentent un faux-panneau vu de face & en coupe.

Quand on met des faux-panneaux au derriere des voitures, leur conftruétion est la même qu'à ceux dont je viens de parler, excepté qu'ils doivent être plus épais , étant beaucoup plus grands & ne descendant pas dans des coulissès, ce qui ne feroit cependant pas absolument imponible.

Il est des faux-panneaux, tant pour les portieres que pour les autres glaces i qui, quoique pleins en apparence , peuvent cependant avoir des jours & donner de l'air à l'intérieur de la voiture. Ces especes de faux-panneaux, ou pour mieux dire, de jalousies, ne font pas recouverts d'étoffe en dedans ni en dehors, mais font de bois apparent, & ont, ou du moins peuvent avoir, 6 lignes d'épaisseur.

Ils

«

PLANCHE 183.


Ils font composés de bâtis dans lesquels font assemblés des panneaux dont l'épaisseur égale la moitié de celle des bâtis ; ces panneaux font percés à jour, & forment différents compartiments.

Au derriere de ces panneaux , & par conséquent en dedans de la voiture , font placés d'autres panneaux, lesquels se meuvent à coulisses dans les bâtis , & font percés des mêmes compartiments que ceux du parement, de maniéré qu'en les pouffant d'un côté , les jours des compartiments le trouvent vis-à-vis l'un de l'autre, & donnent du jour & de l'air à l'intérieur de la voiture, & qu'en les pouffant d'un autre côté, les jours se trouvent exaélement fermés. Voye £ la Fig. 5 , qui représente un de ces panneaux vu en parement, & dont les jours cotés a a, font ouverts ; & ceux cotés b, b , font fermés. Voyez aussi la Fig.

6, qui représente le même chassis vu par derriere, avec une partie des panneaux ouverte & l'autre fermée , ainsi que dans l'autre Figure , & où j'ai marqué par des lignes ponéluées les jours qui se trouvent bouchés, tous cotés des mêmes lettres.

Pour parvenir à bien faire les compartiments de ces fortes de jalousies, il faut d'abord faire attention que tous les pleins & les vuides des panneaux de dehors & de ceux du dedans soient égaux entr'eux, & que les pleins soient plus larges que les vuides, afin qu'en faisant mouvoir les panneaux de derriere , ces pleins cachent non-seulement les vuides du panneau de devant, mais encore recouvrent dessus, afin de boucher totalement le jour, ou pour mieux dire, que les pleins des deux panneaux bouchent mutuellement leurs vuides & recouvrent dessus.

Il faut aussi faire attention que foit que les panneaux intérieurs soient ouverts ou fermés , ils portent juste contre les bâtis de la jalousie , afin qu'ils se trouvent tout de fuite à leur place , sans qu'il foit besoin de prendre aucune précaution pour les faire ouvrir ou fermer exaétement. Voyel la Fig. 7 , où j'ai dessiné au double des Figures ci-dessùs , une partie de jalouiie, dont la moitié est ouverte & l'autre fermée , au-deuus de laquelle est marquée la coupe de cette même jalousie, partie ouverte 8c partie fermée , & cotée des mêmes lettres que son élévation, & d'après lesquelles Figures on peut aisément voir tout l'ordre que l'on doit mettre dans les ouvertures de ces jalousies.

J'ai aussi tracé au bas de la même Figure, la coupe du bâtis sans aucun panneau, afin qu'on en puHTe voir l'assemblage.

Quant aux panneaux, ils font à frottement l'un sur l'autre ; & pour que les deux rainures ne se confondent pas , on fait la rainure du panneau mobile, de moitié moins profonde que celle du panneau dormant, ce qui fait que les deux panneaux , quoique dans une même rainure, tiennent ou se meuvent indépendamment l'un de l'autre. Voyel la Fig. 8 , qui représente la coupe d'une traverse avec un bout de battant ainsi rainé.

Comme ces faux-panneaux ou jalousies font apparents., il faut les faire de bois

PLANCHE 183-


propre, sur-tout quand ils ne font pas peints ; c'est pourquoi on peut nonseulement y employer le noyer , mais encore le bois de rose , de violette, ou tout autre bois précieux.

On fait encore d'autres jalousies pour les Carrosses, lesquelles font semblables à celles des croisées de bâtiment , cess-a-dirc, qu elles peuvent être mobiles ou immobiles , ainsi que ces dernieres , à condition, toutefois , qu'elles feront enfermées dans un bâtis , ainsi que je vais le dire ci-après.

Les jalousies de voitures font de deux especes ; savoir , celles dont les lattes font immobiles, & celles dont les lattes font mobiles : dans les deux cas , on doit y faire un bâtis au pourtour , de la même forme & grandeur que ceux des chassis de glaces , dans lesquels bâtis on place des lattes d'une ligne d'épaisseur au plus ; ces lattes s'assemblent en entaille d'une ligne de profondeur , ce qui est suffisant, parce qu'une plus grande profondeur affoibliroit trop les battants.

Comme les lattes font extrêmement minces & qu'elles pourroient ployer sur leur longueur, on les entretient par le moyen d'un ruban que l'on colle & attache au milieu de la jalousie & sur le devant des lattes. Voyel la Fig. x.

Ces jalousies ne doivent pas avoir plus de 6 lignes d'épaisseur , afin qu'elles puissent couler aisément ; c est pourquoi on doit faire affleurer toutes les lattes y ainsi que je l'ai observé dans la Fig. 3 , laquelle en représente un bout de coupe r grand comme l'exécution.

Quant aux jalousies mobiles , elles font très-commodes, parce qu'on les ouvre à tel degré qu'on veut, & qu'on les ferme même tout-à-fait, ainsi que le représente la Fig. 2.

Les lattes de ces jalousies se recouvrent à feuillure les unes sur les autres , & font arrêtées dans les bâtis par le moyen d'un goujon de cuivre, qui entre d'un bout dans ces derniers, & de l'autre reçoit dans un enfourchement la latte qui y entre toute en vie.

On fait mouvoir ces lattes par le moyen d'un ressort, lequel est placé dans le milieu de la traverse d'en bas , Se qui est attaché à un ruban qui tient toutes les lattes, de manière que quand le ressort est libre, il contraint toutes les lattes à descendre en contre- bas , & par conséquent fait fermer la jalousie, comme on peut le voir dans la Fig. 4.

Quand on veut ouvrir la jalousie , on tire le bout du ruban a y Fig. 4 & ) , lequel tenant à toutes les lattes les fait ouvrir, & on arrête ce ruban à un crochet b, mêmes Figures, lequel retient la jalousie ouverte à tel degré qu'on le juge à propos, ce qui est fort aisé à concevoir, puifqu en tirant le ruban en contre-bas , on comprime le ressort dont la tension tient les lattes en refpeét, & les empêche de se mouvoir.

Ces jalousies font d'un usage très-facile, puisque pour les ouvrir ou les fermer, on n'a qu'à arrêter le ruban qui tient aux lattes, ou le lâcher ; toute

PLANCHE 183.

FLANCHE 184.


la précaution qu'il faut avoir, c elt de lâcher le reilort toutes les lois qu- on veut baisser la jalousie dans sa coulinc.

Les deux especes de jalousies dont je viens de parler , font, pour l'ordinaire, à bois apparent ; c'est pourquoi on fera très-bien de les faire de bois précieux, ainsi que celles dont j'ai parlé plus haut ; cependant comme il arrive quelquefois que les Selliers les garnirent en taffetas verd collé dessus, sur-tout celles qui font immobiles, il ne faut pas alors y mettre de si beau bois , du noyer blanc étant [uffifant.

On fait usage des faux-panneaux & des jalousies dont je viens de parler , non-seulement: aux glaces de portieres , mais encore a celles de devant & de custode ; cest pourquoi je n'en parlerai pas davantage.

Cependant il faut faire attention que quand les glaces de custode feront arrondies comme la Fig. 7 , il faut toujours en faire le dehors comme le chassis Fig. 6 , parce que comme on met des pitons a, a, aux deux côtés des chassis, dans lesquels paflfent des fils de laiton qui fervent à les conduire, il faut nécessairement que les pitons se trouvent tout en haut du chassis , afin que quand il est baisse, l'autre extrémité du fil de laiton se trouve à l'entrée de la coulisse d'appui, ce qui est nécessaire pour pouvoir l'arrêter commodément , le panneau de doublure étant posé : de plus , cet angle de chams étant confervé ne nuit à rien , & fert à maintenir le chassis dans la coulisse, laquelle doit toujours être perpendiculaire, ainsi que l'indiquent les lignes a , b , des deux Figures.

Ce que je viens de dire touchant les chassis des glaces de cufiode, doit aussi s'entendre de leurs faux-panneaux & de leurs jalousies, ainsi que je l'ai déjà dit, supposé qu'on y fafle usage de ces dernières, ce qui est rare.

Le vuide des glaces se remplit encore d'une autre maniéré que celles dont je viens de faire mention , ce qui, à la vérité, ne regarde pas le Menuisier , n'étant, à proprement parler, que l'affaire du Serrurier & du Sellier ; c'est pourquoi je n'en parlerai ici que pour en donner une idée.

Les fermetures dont je parle, ne font que des rideaux de toile , ou plus souvent de taffetas qu'on nomme flores , lesquels font attachés fous le pavillon & s'abaissent sur l'appui des glaces où on les arrête ; ces rideaux font roulés sur un tube ou tuyau de fer blanc, lequel renferme un ressort que l'on comprime lorsqu'on fait descendre le rideau , de maniere qu'en le lâchant, le ressort le fait remonter tout seul, ainsi que le représentent les Fig. 8 & p.

Comme on veut quelquefois tenir le flore à moitié baisse , on le retient par le moyen d'un ruban que l'on attache à la tringle du bas du flore , & que l'on arrête à un crochet disposé au-deuus de l'appui de la glace.

Il est une autre maniere d'arrêter le flore à telle hauteur que l'on veut, qui est un peu plus compliquée, à la vérité , mais qui est plus commode.

Cette maniéré consiste à attacher à un des bouts du tuyau a , Fig. 10 & 13

PLANCHE 181'


une rondelle taillée & dentelée b , en forme de cremaillée, dans les dents de laquelle entre un redent ou encliquetage c , lequel tend à remonter en contrehaut par le moyen d'un reJTort d ; ce ressort prête lorsqu'en faisant defeendre le store, la rondelle dentelée, en tournant, fait bainer le redent qui reprend auffitôt sa place , & par conséquent arrête le store à la place où il se trouve.

Lorsqu'on veut que le flore remonte tout-à-fait, on fait defeendre le redent par le moyen d'un ruban e qu'on y attache, avec lequel on le tient baissé jusqu'à ce que le store foit tout-à-fait remonté.

Pour ce qui est de la méchanique qui fait monter le rideau, ce n'ëft autre chose qu'un ressort à boudin , lequel est attaché d'un bout sur la tringle de fer qui fert d'axe au ressort, & qui est attachée solidement par les deux bouts de maniéré qu'elle ne puisse tourner ; l'autre bout du ressort est attaché à un tampon de bois percé à jour pour pouvoir tourner sur l'axe immobile , & qui est arrêté avec le tuyau de fer-blanc qui porte le rideau que l'on roule au pourtour, de maniere que pour faire descendre le rideau , il faut faire tourner le tuyau, ce qui comprime le ressort à boudin , lequel se dilate lorsqu'on lâche le rideau, & fait retourner le tuyau en sens contraire. A l'autre bout du tuyau est un autre morceau de bois de pareille grosseur que le premier, lequel est pareillement attaché au tuyau , & est percé d'un trou pour faire paffer l'axe immobile. Voy.' la Fig. 10 , qui représente un store dépouillé de son tuyau , celle n, qui est la coupe du store sans le reubrt, & celles 12 & 13 , qui représentent les deux bouts du store avec les gâches dans lesquelles il est arrêté.

Le flore doit être un peu plus large que l'ouverture de la glace, pour qu'il puine recouvrir des deux côtés de l'ouverture ; quant à sa grosseur , elle doit être depuis 9 lignes jusqu à un pouce , afin que le taffetas étant roulé autour ne fasïe pas plus de 15 lignes de diametre , cette largeur étant à peuprès celle qui reste entre le dedans de la frise de la portiere & le dedans du pavillon.

Ce que je viens de dire touchant les glaces des voitures , renferme toute la théorie de ce qu'on doit savoir à ce sujet, & c'est d'après ces connoiiIànces que l'on peut parvenir à rendre les voitures commodes & magnifiques , en procurant à ceux qui en font usage toutes les aisances possibles, en donnant à ces mêmes voitures la forme la plus gracieuse & la plus élégante, sans s'écarter néanmoins des regles invariables de leur conftruélion , sur-tout en ce qui a rapport aux glaces.

Avant de traiter de la forme des voitures, je vais donner la forme & la grosseur des principales pieces qui les composent, en rai son d'un profil que j'ai adopté, afin que tout ce que je dirai dans la fuite touchant la décoration & la conffruêtion d'une Berline & d'une Diligence, qui font les deux voitures sur lesquelles je m'étendrai davantage , afin qu'il n'y ait point de contradiction tant dans les parties générales, que dans celles de détail dont je traiterai,

PLANCHE 184.


traiterai, & que ces profils une fois bien connus , ainsi que les parties de la voiture où on les emploie, aident à l'intelligence du discours, & Tabrege, s'il est possible.

SECTION SECONDE.

Description des profils dune Berline , & de la grojjeur des bois « s*.

dont elle ejt compojee, D E telle forme que soient les profils d'une Berline , les bois font toujours à peu-près d'une même grosseur, du moins pour les Berlines ordinaires ; de forte que celles dont les profils font très-étroits, n'ont qu'une légéreté apparente, les bois y étant tous aufli larges qu aux autres, d'après le ravalement fait pour pouffer la rainure, ainsi qu'on peut le voir à la Fig. 1 , où la largeur de celle du pied cornier est d'un pouce & demi quarré , au lieu qu'il n'y en a que 13 lignes de largeur apparente.

Cette diminution de largeur des pieds corniers , ôte beaucoup de la force des affelllbiages, puisque les traverses du haut ne pouvant avoir d'épaisseur que la faillie du profil, leur assemblage ne peut avoir que la distance a b , dont une partie est encore occupée par la rainure.

Pour les traverses d' appuis ou d'accotoirs, comme elles font plus épaiires, on peut en rendre l'aiïemblage plus solide en le reculant sur le derriere, ce qui donne un assemblage c d très - court à la vérité, mais que l'on peut rendre très-solide en faisant passer un fécond assemblage en enfourchement, lequel est semblable à celui du haut.

Le profil de ce pied cornier n'a que 5 lignes de faillie, plus 3 lignes pour la rainure & le ravalement de derriere. Cette rainure regne tout le long du pied cornier ; mais dans le pied d'entrée coté A > F ig. 2 , elle n'a lieu que dans l'appui, parce qu'au-dessus , au lieu & place de cette rainure, on fait une baguette ou toute autre moulure qui fert de battement à la glace.

Cette double moulure fert aussi à reculer la glace plus loin que le devant de la rainure, afin qu'il reste à celle de custode l'épaisseur du panneau sur lequel elle coule ; elle est aufli nécessàire à la portiere, afin de donner à la traverse du haut assez d'épaisseur pour y faire un tenon.

Le pied d'entrée, tel qu'il est représenté dans la Fig. 1, est coupé au-dessus de l'appui & est dans sa plus grande largeur, qui est de 16 lignes , afin qu'après la largeur du profil & du petit champ qui regne au pourtour de toute la voiture , il reste encore 3 lignes pour la portée du recouvrement de la portiere.

Il y a des occasions où l'on fait les pieds d'entrée plus étroits ; mais de quelque manière qu'ils soient, ils ne peuvent avoir moins de 10 lignes de largeur , ( l'épaisseur étant prise ici pour la largeur ) pour peu qu'on veuille y conserver quelque solidité.

Le dedans du pied d'entrée est fouillé en forme de coulifre, ainsi que je l'ai dit plus haut. Pour ce qui est de l'arête extérieure , c'est-à-dire, du côté de

PLANCHE 184.

PLANCHE 18 J.


la portiere , à 4 lignes du devant, on y fait un petit ravalement a , d'une bonne ligne de profondeur , lequel vient à rien sur l'autre arête, & au fond duquel ravalement on donne un petit coup de bouvet à scie ou autre, dans lequel les � Selliers font entrer l'extrémité de l'étoffe dont la sur face affleure le nud du bois, par le moyen du ravalement que l'on a fait.

Sur l'arête intérieure, c'efl-à-dire, au-dedans de la voiture , on fait une feuillure b, de deux lignes de large , & d'une profondeur égale au ravalement que l'on a fait pour placer le panneau de doublure qu'on a foin de couper au nud de cette feuillure : on doit aussi arrondir l'arête du pied d'entrée & le bout du panneau de doublure, afin que cette arête ainsi arrondie, ne nuise pas à l'entrée de la voiture, & que les habits de ceux qui y font, ne se trouvent pas pris entre le pied d'entrée & la portiere, à laquelle on fait la même opération. 1 La feuillure que l'on fait tant sur l'arête intérieure du pied d'entrée, que sur celle des battants de portieres , cotée B, fert à placer la couture & le galon qui l'enveloppe, & par conséquent à empêcher qu'ils ne faflent une trop grande faillie en dedans de la voiture.

On fait pareillement de petites feuillures sur l'arête intérieure des coulisses c, c, qui fervent au même usage que celles dont je viens de parler, & on observe de faire une petite rainure d d sur la joue de devant de la couliJTe, a 2 ou 3 lignes de l'arête , dans laquelle on fait entrer l'extrémité de l'étoffe. Il y a des Menuisiers qui font cette rainure dans l'angle de la coulisse, ce qui est à peu-près la même chose ; mais je crois cependant que la premiere maniere est la meilleure , parce que l'étoffe qui entoure les chassis de glaces , frottant contre d'autres étoffes 3 n'est pas sujette à s'écorcher.

Les feuillures dont je viens de parler se font à tous les endroits des voitures où il doit y avoir des coutures & des galons saillants , de même que les ravalements & les petites rainures ou nervures qu'on doit faire à tous les endroits où l'étoffe finit, afin qu'elle n'excede pas le nud du bois , & qu'étant introduite & collée dans la rainure , elle ne foit pas exposée à s'enlever.

Les battants de portieres ne peuvent pas être plus étroits que celui qui est représenté dans la F ig. 1, cote B , lequel a 16 lignes de largeur , parce qu'il faut qu'il reste au moins 6 lignes de plein bois entre la feuillure & la coulissè , pour qu'on puisse y placer la ferrure, lesquelles , jointes à 5 lignes de coulissè , font II lignes , les 5 lignes restantes servant à la largeur de la feuillure , entre laquelle & le pied d'entrée , il doit y avoir 2 lignes de distance ; savoir) une bonne ligne pour l'épaisseur de l'étoffe y & le reste pour le jeu.

La feuillure des battants de portieres doit être un peu en pente en dedans, afin que le jeu se trouve égal dans toute l'épaisseur ; cependant il faut faire attention qu'au battant du côté de l'ouverture , ( qui doit toujours être sur le derriere de la voiture ) la feuillure doit toujours être plus en pente que de l'autre côté , afin d'en faciliter l'ouverture. Voyet la Fig. 9 , Pl. 186.

Pour avoir cette pente au juste , & pour ne point travailler au hasard, du

PLANCHE 18 Y.


point a, Fig. 8, PL 180, qui est le dehors de l'ouverture du côté des fiches, de ce point, dis-je , comme centre , & d'une ouverture égale à la largeur de la portiere , prise du dehors du recouvrement au fond de la feuillure, on décrit l'arc de cercle b c, Fig. 9 , même Planche, lequel donne la pente nécessàire à la feuillure de la portiere, laquelle pente augmente le jeu, qu'on pourroic cependant rendre égal en disposant le pied d'entrée parallélement à cette pente, comme l'indique la ligne d e , même Fig.

Il est encore une autre maniere de faire les ouvertures des portieres , qu'on nomme à doublefeuillure , laquelle est très-bonne, parce que non-seulement elle facilite tout naturellement l'ouverture de la portiere, mais encore parce qu'elle rend l'ouverture plus close ; cependant on ne doit employer cette

ouverture que quand les battants auront 20 lignes de largeur au moins , afin qu'il reste toujours 6 lignes de plein bois d'après le fond de la fécondé feuillure ; c'est pourquoi ces fortes d'ouvertures, quoique très-bonnes, ne se font guere qu'aux voitures à panneaux arrafés , où elles font indispensables, ou , comme je viens de le dire, à celles dont les battants de portieres feront assez larges pour pouvoir souffrir deux feuillures. Voyez. la Fig. 4.

Comme les battants de portieres font plus larges que les pieds corniers, on peut y faire un assemblage plus fort aux traverses de milieu & du bas, & cependant toujours avec un enfourchement, ainsi que je l'ai observé à la F ig. 3 , qui représente une traverse d'appui de porte-vue en dessus.

La Fig. 5 représente la coupe d'un battant de pavillon, avec le profil qui est le plus en usage à présent, ce qui, au reste , ne fait rien à la chose , puisqu'il est très-indifférent de quelle forme foit ce profil. Je ne m'étendrai pas beaucoup ici sur ce qui regarde les pavillons , vu que cette description ne se peut faire que dans la fuite ; tout ce que je puis dire maintenant, c'est qu'il faut qu'ils aient 3 pouces de largeur de bois, non-compris la faillie de leurs profils , laquelle peut être plus ou moins grande à raison de sa forme & de sa hauteur; ces trois pouces de largeur font nécessaires , premièrement, pour recevoir la frise de la porte qui entre toute en vie dans le battant de pavillon , comme l'indique la ligne a b ; cette frise affleure aux pieds d'entrée en dedans & en dehors de la voiture, lesquels, à cet endroit, ont environ un pouce & demi d'épaisseur, qui, pris sur 3 pouces , laissent un pouce & demi de faillie au pavillon en dedans de la voiture , ce qui est nécessaire pour que Fon puisse y placer commodément les flores.

Cette faillie se met ordinairement en pente afin de ne laiiler qu'environ 8 à 9 lignes d'épaiueur au pavillon , ce qui est suffisant pour y attacher une frange ou crépine , & pour y mettre une baguette C garnie d'étoffé & quelquefois de broderie , d'après laquelle pend une frange ou crépine.

Ces baguettes font méplattes & droites sur le côté qu'elles doivent être attachées au pavillon Les Menuisiers ne les attachent pas eux-mêmes, mais

PLANCHE 185.


les fourniflent toutes faites aux Selliers , qui les attachent après les avoir garnies. | Pour le dehors du pavillon, on y fait une feuillure d'après la hauteur du profil, pour recevoir les ornements de fonte qu'on y met; le reste s'abat en chanfrein felon la pente totale du pavillon, ainsi que je le dirai dans la fuite.

Lorsqu'on ne met pas de ces ornements de fonte au-dessus des pavillons , on substitue à leur place une baguette ou toute autre moulure de bois, laquelle s'attache sur le pavillon, & cache l'extrémité du cuir sur lequel elle recouvre.

La Fig. 6 représente une traverse du haut, foit de face ou de euftode , laquelle , ainsi que je l'ai dit, n a d'épaisseur que la faillie du profil ; quant à sa largeur, elle doit avoir, premiérement celle du profil & du champ, plus 4 lignes qui entrent dans le pavillon. Quand c'est une traverse de custode , on la diminue de largeur à l'endroit où elle reçoit le panneau, & on y fait urre rainure pour le recevoir, ainsi que je l'ai indiqué par des lignes ponctuées.

On doit observer de faire un petit ravalement en pente & une nervure au derriere de ces traverses, lequel fert à placer l'étoffe, & à l'empêcher de faire faillie sur le bois.

La Fig. 7 représente une traverse de frise avec celle du haut de la portiere, & celle du haut de chassis de glaces ; ces traverses font toutes disposées à la place qu'elles doivent occuper, Se dessinées de grandeur naturelle , ainsi que celle de frise, à laquelle j'ai marqué l'assemblage D, lequel paslè à côté de celui de la traverse de cuflode , cote E. La traverse de frise entre de 4 lignes dans le pavillon, ainsi que toutes les traverses du haut de la voiture, auxquelles on conferve les tenons de toute leur largeur, parce qu'on laisse passer les battants de 6 lignes plus longs que le dessus de ces traverses , ce qui leur fert d'épaulement.

Quant à la largeur de la traverse de frise, elle est bornée par la portée ou recouvrement de la portiere , plus le champ, ( lequel doit régner du dessus de la portiere avec le dehors du profil ) & les 4 lignes qu'elle entre dans le pavillon, ce qui fait environ 10 lignes de largeur en tout.

On doit aussi faire un ravalement & une nervure au-dessous de la traverse de

frise , laquelle regne avec celle des pieds d'entrée , & fert au même usage..

La Fig. 8 représente une traverse d'appui de portiere avec celle du bas du chassis de glaces , à la place qu'elles doivent occuper.

La traverse de portiere est réduite à la moindre largeur possible , puifqu'elle n'a point de champ , la moulure en occupant toute la largeur apparente , & le reste de sa largeur étant rejette derriere la rainure du panneau , d'après laquelle on fait un ravalement d'environ une ligne , pour faciliter l'entrée du panneau, ce que j'ai pareillement observé aux rainures du pied cornier, Fig. 1.

Au-dessus de la traverse, est la languette F, nommée apfichet, laquelle fert à retenir la glace en place ; c'est pourquoi il faut lui donner 4 à 5 lignes de hauteur, afin que les ressauts de la voiture ne puillent pas faire passer la glace par-dessus , ce qui l'expoferoit à se cafTer.

La

PLANCHE 185.


La diltance du devant de r aplichet, juiqu a la joue de la coulilie du battant ; représenté par la ligne a b , doit être de 7 lignes au plus , afin que la glace y entre juste & ne balotte pas, comme je l'ai dit en parlant des coulisses des glaces, page 500 & suivantes.

Le dessus du ravalement de l'apfichet doit être un peu en pente & former un arrondissement dans le fond, afin de faciliter l'écoulement des eaux, & empêcher qu'elles ne séjournent dessus.

J'ai dit plus haut que la traverse du milieu de la portiere étoit réduite à la plus étroite largeur possible ; pour s'en convaincre, on n'a qu'à jetter les yeux sur la Pig. 9 , qui représente une traverse d'accotoir prise à l'endroit où elle reçoit deux panneaux , & où par conséquent la baguette de devant du profil est supprimée ; il est aisé , dis-je , de voir que cette traverse ne pourroit pas être plus étroite , puisque pour qu'il reste un peu de bois entre les deux rainures, on est obligé de faire ces dernieres moins profondes qu'ailleurs.

Lorsqu'il n'y a point de glaces aux custodes des voitures, les traverses d'accotoirs font de la même forme que la Fig. 9 , dans toute leur longueur ; & alors on les nomme traverses d'ailerons, à cause de la faillie qu'on laide en dedans pour porter la garniture ou accoudoir que les Selliers y posent. Quelquefois ces traverses failliflent aussi en dehors, afin de donner plus de largeur à l'accotoir ; mais on ne les fait ainsi qu'aux voitures de campagne , lefqueUes font revêtues de cuir au - dessus de l'appui , & qui par conséquent ne font pas susceptibles de grande décoration.

La Fig. 10 représente une partie de la coupe d'un battant de brancard, prise à l'endroit d'un panneau de côté , dans laquelle j'ai indiqué la place de l'assemblage du pied cornier ou du pied d'entrée , ce qui est égal, puisque leurs assemblages font les mêmes.

Ces assemblages doivent avoir 6 lignes d'épaisseur au moins, & être disposés de façon que le devant paIre au nud du ravalement, du moins c'est l'usàge ; car je crois que l'ouvrage en feroit plus solide si on reculoit l'assemblage, afin de laisser de la joue entre le ravalement, ainsi que l'indiquent les lignes a b Sec d, & en faisant paffer le reste de répaiffeur des pieces en enfourchement par-dessus cette joue.

Quant à la hauteur du ravalement du brancard , elle est donnée par celle de la moulure qui palle au-deiîbus, c'est-à-dire , celle e f, d'après laquelle on met la diflance f g égale à celle hi, Fig. 1 , & le reste se ravale ainsi qu'on le voit: dans la Fig. 10.

Il arrive quelquefois qu'on supprime tout-à-fait la moulure du bas du brancard , à la place de laquelle on fait paffer la moulure du derriere , ou pour mieux dire , de l'angle du pied cornier, ce qui ne fait d'autre changement dans le brancard, que de faire defeendre plus bas le ravalement dont il est ici question, & de faire les assemblages de brancard avec les pieds corniers à traits de

PLANCHE ISF.


Jupiter, comme je le dirai dans la fuite. Quant aux pieds d entrée, dans le cas dont je parle , ils s'assemblent toujours à l'ordinaire , c'est-à-dire , à tenons & mortaises , qu'il faut alors reculer plus loin que le ravalement, si l'on veut conserver quelque solidité à l'ouvrage , a cause de la grande profondeur du ravalement.

La Fig. 11 représente un battant de brancard coupé dans toute sa grosseur & à l'endroit de la portiere. La largeur ordinaire des battants de brancard, doit être de y pouces au milieu du renflement, sur deux pouces & un quart d'épais.

feur, dans lequel se fait le ravalement de la marche ou feuillure qui reçoit la portiere , & dont la hauteur & la largeur se déterminent de la manière suivante : Après avoir déterminé la largeur & la forme du profil du brancard , ainsi que )e l'ai dit ci-deffils, on fait d'abord un ravalement dans le brancard de toute la largeur de la portiere, & on le fait defeendre à 4 lignes près du dessous de cette derniere, lequel doit régner avec le derriere du profil, ainsi que l'indique la ligne m n, Fig, 10 & 11.

Quant à la largeur de ce ravalement, elle est déterminée par l'épaisseur de la portiere à cet endroit, d'après laquelle il faut qu'il y ait un demi-pouce de jeu au moins, pour pouvoir contenir le cuir dont la marche , ou pour mieux dire , le brancard est garni, & la garniture de la portiere, ce qui donne aux voitures ordinaires 2 pouces un quart à 2 pouces & demi de largeur de ravalement, lequel ne se fait pas de niveau sur sa largeur, mais qu'on fait remonter d'une bonne ligne sur le derriere, afin que les ordures ne s' y arrêtent pas ; sur le devant du ravalement, & à six lignes du nud du champ, on fait un renfoncement d'une bonne ligne & demie de profondeur en venant à rien sur le derriere, lequel fert à placer le' cuir de garniture & les clous qui l'attachent au brancard, de forte que la tête de ces clous affleure au nud du bois.

Reste ensuite à faire la feuillure pour recevoir la portiere ; on la fait la moins profonde possible , afin qu'il ne s'y arrête point d'ordure qui puisse nuire à la portiere, qui entre toute en vie dans cette feuillure, ce qui est meilleur que de faire ouvrir la portiere à recouvrement, ainsi que par le haut & par les côtés. parce que ce recouvrement étant très-foible , est flijet à se pourrir ; de plus, la portiere portant ainsi ne peut pas descendre, ce qui est un très-grand avantage.

Pour le dedans du brancard , on n'y fait point de feuillure pour recevoir les plafonds à l'endroit de la portiere, parce que c'est l'épaiiïeur du bois de la cave qui en fert, & il n' y a qu'aux deux extrémités où les plafonds font mobiles ; ou bien quand il n'y a point de cave , on fait aux battants de brancard des feuillures de 6 à 7 lignes de largeur sur 9 lignes de profondeur au moins, comme je l'ai indiqué par une ligne ponétuée, dont l'extrémité vient au-dessus de l'assemblage des traverses de brancard.

Quant au dessus du brancard , il doit être lilîe avec le deiTus des plafonds ,

PLANCHE !«J.


& c'est ce defliis de brancard que l'on nomme la marche de la voiture , du delius de laquelle on compte sa hauteur, laquelle dépend toujours du dessus de la marche au-dessous de la frise, ce qui est tout naturel, puisque ce font les parties les plus proches de l'intérieur de la voiture tant du haut que du bas, & entre lesquelles il faut néceiïàirement paffer pour entrer dedans.

Pour ce qui est de la traverse de portiere représentée Fig. 12 , il est inutile d'en faire aucune description, parce que ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai dit jusqu'à présent, l'infpeélion feule de la Figure étant fuffilànte, & que de plus je traiterai à part de la conftruétion des portieres, ainsi que de toutes les autres parties des voitures.

Les profils dont je viens de donner la description, font tous séparés les uns des autres , & ne donnent, ce me semble , pas une idée assez claire des formes des diverses parties d'une voiture, prises à différentes hauteurs ; c'est pourquoi j'ai cru qu'il étoit nécessaire de faire voir ces différents profils assèmblés tant de largeur que de hauteur , afin qu'on puisse voir d'un seul coup d'œil les différentes formes que prennent les pieces qui composent une Berline , & par conséquent toutes autres especes de voitures, qui, telles qu'elles puissent être , font toujours faites à l'imitation de celle dont je parle.

La Fig. I représente le plan de l'angle d' une Berline du côté de la face , prise au-dessus de l'appui, avec les pieds corniers, le panneau de pilastre, le montant de glace , qui est par derriere arrafé au pilastre , & qui, par économie, y est assemblé à rainure & languette ( * ) ; au derriere du montant de glace, est placé le coulilTeau avec sa barre à queue.

Xi* Fig. 4 représente le même angle d'une Berline, mais coupé dans la hauteur de l'appui, &dans lequel se trouvent les panneaux de doublures & le coulisseau.

Les Fig. 2 & 3 représentent la coupe de l'angle de la même Berline , mais vue de côté & coupée au-dessus de l'appui ; dans la Fig. 2 , se trouvent compris le pied cornier, le panneau & le montant de custode, avec le coulisseau qui est placé derriere & garni de barres à queues ; & dans la Fig. 3 , font compris les pieds d'entrée & les battants de portieres.

Les Fig. ) & 6 représentent le même côté de Berline, coupé dans la hauteur de l'appui, ainsi que la Fig.* 4.

La Fig. 7 représente le plan, ou pour mieux dire, la coupe d'un pied cornier de Diligence, auquel j'ai donné un pouce & demi d'épaisseur, afin de le rendre plus solide , & d'avoir assez de place pour y mettre une barre à queue ; sur ce pied d'entrée est un battant de portiere de même forme que ceux cidessus, ce qui ne demande aucune explication. La Fig. 8 représente un autre pied cornier de Diligence , lequel n'a que 14

(*) Je dis par économie, parce que si le profil étoit pris & ravalé dans l'épaisseur du panneau , l'ouvrage en feroit plus solide , sans que cela fût plus difficile à faire ; mais en même temps

cela coûteroit plus de bois, ce qui efi: la principale raison pour laquelle on rapporte ce montant ainsi que ceux des custodes ) qui se rapportent de la même maniere.

PLANCHE 18J.

PLANCHE 186.


lignes cTépaiffeur, ce qui le rend, a la vérité, plus léger J mais en meme temps ce qui empêche d'y mettre des barres à queues pour la refuite de la glace, ou du moins n'en permet qu'une très-mince, ce qui fait que les coulisses ne peuvent être que très" peu profondes , & c'est un grand inconvénient, auquel on peut remédier en enlevant une des joues des coulisses & la rapportant avec des vis ; mais cette joue ainsi supprimée affoibliroic trop ce pied, lequel a d'autant plus t besoin de force, que la portiere est ferrée dessùs. - I Ce pied cornier dont je parle, ainsi que le battant de portiere qui y est joint, ne font pas disposés comme les autres dont j'ai fait la description ci-devant, où la portiere fait avant - corps sur le refle de la caissè , mais au contraire I le pied cornier '& le battant de portiere font sur le même plan & forment ensemble un pilastre, ce qui fait assez bien de ce côté de la portiere ; mais de l'autre côté, représenté Fig. 9 , ce n'est pas la même chose , parce que le battant de portiere étant obligé d'emporter la moulure, le panneau se trouve découvert à l'ouverture de cette derniere , & , n'étant retenu par aucune rainure, est exposé à travailler & à se coffiner, le clou d'épingle avec lequel il est attaché i.~, avec le pied d'entrée sur lequel il paffe, n'étant pas [uffifant pour le retenir : on peut objeéler à ces raisons, que la toile & le nerf qui font collés derriere empêchent l'effet que je crains ici ; mais l'expérience fait voir que quelque précaution que l'on prenne, le meilleur moyen de retenir les panneaux , est de les enfermer dans des rainures.

Les ouvertures de portieres ainsi disposées , ont encore un autre défaut, qui est que comme elles emportent avec elles le retour des moulures horisontales de toute la faillie de l'onglet, ce qui est inévitable , quelque précaution que l'on prenne en faisant les portieres , elles font toujours quelque mouvement ; ce qui fait qu'alors les moulures horisontales ne se rencontrant plus avec leurs bouts qui tiennent après la portiere , font un très-mauvais effet, auquel il est impossible de remédier ; de plus, les panneaux passànt ainsi par-dellùs les pieds d'entrée , en diminuent l'épaisseur, & par conséquent la force, sans parler de la difficulté qui se rencontre , quand il y. a des glaces aux euftodes des voitures ainsi disposées, comme je le prouverai dans la fuite.

On ne peut cependant nier que cette façon de faire ouvrir les voitures, n'ait de grands avantages quant à la décoration en général, parce qu'on peut faire régner les moulures de la portiere avec celles de la voiture, tant par le haut que par le bas ; de forte que les panneaux & les glaces deviennent de même hauteur, du moins en suivant le contour de la voiture, dont les champs font les mêmes & viennent au nud de ceux de la portiere, laquelle ouvre de dessous le pavillon, comme on peut le voir dans la Fig. 10, Quand les portieres ouvrent ainsi, il n' y a point de frises apparentes audessus de ces dernieres, & celle qu'on y met se trouve cachée derriere , ea observant de la reculer assez pour que quand la portiere est fermée, il se trouve entre

PLANCHE 186.


entre le devant de la trile de le derriere de la traverle du haut de la porte , 7 5 lignes de diflance au moins, afin qu'on puilTe lever la glace nb renient.

Pour le bas de l'ouverture de la portiere , il n' y a point de différence pour l'ouverture avec celle dont j'ai parlé plus haut, si ce n' est qu'on recule plus loin la premiere feuillure du brancard , pour qu'il reste de la force entre le fond de la rainure de la traverse du bas de la porte , & la feuillure qu'on fait fous cette même traverse. Voye'{ la Fig. 10.

Quelque grands que paroiffeot les avantages qui réfultcllt pour la décoration & la symmétrie des voitures, en faisant ouvrir leurs portieres comme aux Fig.

8 , 9 & 10 , il faut pourtant leur préférer la premiere maniéré pour les raisons que j'ai dites plus haut, & que je déduirai plus au long en parlant des voitures à panneaux arrafés, parce que si l'ouverture du haut & du bas fait bien, en récompense celle des côtés fait très-mal, sur-tout dans se cas d'une Berline, à moins toutefois qu'on ne puisse changer quelque chose à l'ouverture des côtés, que l'on pourroit placer dans le dégagement de quelque profil, ce qui leveroit toutes les difficultés, ainsi que je le prouverai en parlant des différents profils & ornements des voitures.

La Fig. 11 représente la coupe perpendiculaire d'une voiture prise au milieu du derriere, & à laquelle j'ai fiippofé un panneau plein par derriere de 6 lignes d'épaisseur ; & j'ai représenté au bas une partie de la traverse de brancard, avec la naissance du panneau cintré qui entre dedans, laquelle j'ai placée perpendiculairement au - dessous de celle d'appui ou de ceinture, ce qui , naturellement ne doit pas être, à cause du cintre ; mais je ne l'ai placée ainsi que pour épargner la place , & ne pas déranger l'ordre des Figures.

La Fig. 12 représente une autre coupe d'une Berline , prise à l'endroit d'une custode ; & la Fig. i 3 enfin, représente la coupe de cette même Berline , prise au milieu de la portiere.

D'après tous les plans & coupes que je viens de donner tant en grand séparément qu'en petit, des diverses parties assemblées, il fera fort aisé d'entendre ce que je dirai dans la fuite, tant pour la décoration que pour la conftruétion de toutes les especes de voitures, dont les principes font toujours à peu-près les mêmes, ainsi que je l'ai déjà dit & que je le prouverai dans la fuite.

SECTION T R o i s i r, m E.

De la maniere de déterminer la forme des Voitures & d'en faire les Calibres.

L.A commodité étant ce qu'on doit le plus préférer dans la disposition & dans la forme des Voitures , il faut, avant de procéder à déterminer leurs formes & grandeurs, se rendre compte de l'usage auquel on veut les destiner , & du nombre de personnes qu'elles doivent contenir, du rang & même des goûts de

PLANCHE i8tf.

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ces mêmes personnes , afin de leur donner des grandeurs qui ioient convenables à chacune d'elles.

Comme jusqu'à présent j'ai fait l'application de tout ce que j'ai dit, tant pour la décoration que pour la tonftruétion, à une Berline telle qu'on les fait à préfent9 je continuerai toujours de même, en appliquant ce que j'ai à dire touchant la forme des voitures & leurs calibres, à la même Berline, laquelle étant la plus compliquée des voitures , donne le ton à toutes les autres qui n'en font que des diminutifs, malgré la différence qu'il semble y avoir entre elles.

Pour tracer l'élévation d'une voiture, il faut d'abord faire choix des profils & des formes qu'on veut y employer , tant pour le corps de la voiture que pour le brancard qui rentre plus ou moins en dedans de la caisse , à raifbn des ouvertures des portieres ou des différents profils qu'on y emploie, comme je l'ai dit plus haut.

Ensuite on fixe la hauteur de la Berline, Fig. l, qui est de 4 pieds 4 à y pouces au moins, entre le dessus A de la marche & le dessous de la frise B , d'après la largeur de laquelle on établit le cintre du pavillon de la voiture , qui est ordinairement un arc de cercle de 2 pouces de retombée sur les angles , laquelle retombée est marquée par la ligne C D ; puis on détermine la largeur , ou pour mieux dire , la longueur de la voiture par le haut, laquelle doit être, du moins pour l'ordinaire, de 5 pieds 5 pouces ; [avoir, 20 pouces & demi pour chaque largeur de custode, & 2 pieds de largeur d'ouverture de portiere , prise entre les deux pieds d'entrée que l'on trace par deux lignes perpendiculaires E F & G H; on fixe ensuite la hauteur de l'appui ou cintre de la voiture, laquelle se trouve environ (*) au milieu de la hauteur de l'ouverture de la portiere, ainsi que la ligne IL, à laquelle ligne on donne y pieds de longueur ; [avoir, 18 pouces pour chaque custode, & 2 pieds pour l'ouverture de la portiere, ce qui donne 2 pouces & demi de pente à chaque bout de la voiture, laquelle pente on trace par les lignes C 1 & D L, que l'on prolonge indéfiniment au-dessous de la ligne de ceinture ; reste à tracer le cintre du brancard & du bas de la voiture, ce qui se fait de la maniéré suivante : Au-dessus & à y pouces de distance de la marche de la voiture, on trace une ligne horifontale MN, à laquelle on donne environ 4 pieds de longueur ; puis par les points I, M, 0, N, L, on fait paffer une courbe qui n'est ni

( .,.) Je dis environ, parce qu'on ne peut pas déterminer cette hauteur au juste , sans auparavant avoir tracé la forme du cintre du bas de la portiere , & par conséquent du brancard, comme je l'ai dit page 497, en parlant de la maniere de déterminer la hauteur des glaces ; mais comme on ne peut pas tracer le cintre du brancard. sans auparavant avoir fixé la longueur de la voiture à l'endroit de la ceinture, il faut nécessairement tracer la ligne de ceinture avant

toute chose, en observant de ne la pas mettre beaucoup plus haute ni plus baffe qu'il ne faut., afin de n'avoir pas de grands changements à faire quand le cintre du bas de la portiere est tracé ; de plus, une voiture une fois tracée , fert pour toutes les autres , en y ajoutant ou retranchant quelque chose. Je ne fais ici cette observation, que pour le cas où on se trouveroit de tracer une Berline sans qu'oa en eût aucun modele dcffiné ou exécuté.

PLANCHI 187.


portion de cercle ni d ovale, mais dont chaque moitié efl: composée de trois parties d'arcs de cercles, lesquels forment une courbe gracieuse & sans aucun jarret, ce qui est d'autant plus vrai, que les rayons de ces arcs de cercles passent par les centres de ceux qui les avoisinent, & auxquels ces mêmes rayons font perpendiculaires, comme on peut le voir dans la Fig. r , où la ligne P Q , qui est un rayon du grand arc du milieu de la courbe, pasle par le point R, qui est le centre du fecond arc P S, dont le rayon S R efl: prolongé jusqu'à ce qu'il rencontre la ligne I T, laquelle efl: perpendiculaire à celle I C; de forte que le point T devient le centre du dernier arc de cercle S'l, lequel ne [auroit faire aucun jarret avec la ligne droite 1C, puisque celle I T, qui est un rayon de cet arc, est perpendiculaire à cette derniere.

Le contour extérieur de la voiture étant ainsi détertlliné, on y ajoute en dedans les largeurs indiquées par le profil dont on a fait choix , & on trace la traverse du bas de la portiere, tant dans sa largeur apparente que dans sa largeur réelle , ( ainsi que je l'ai observé à toutes les parties de cette voiture, où les largeurs réelles font distinguées des largeurs apparentes par une teinte plus foncée ) afin de pouvoir fixer au juste la hauteur de l'appui, lequel une fois tracé, on achevé de marquer le reste de la voiture vue de côté.

Il faut faire attention que je suppose ici qu'une partie du brancard faille en dessous de la Berline , comme il est marqué dans le profil que j'ai adopté ; mais s'il arrivoit qu'on voulût qu'il faillît davantage , il faudroit au contraire que le dessous du brancard affleurât à la ligne M PO, ce qui ne changerait rien au cintre de la voiture, & ne feroit qu'éloigner ou rapprocher le dessus de la marche de la ligne MN.

Le cintre des montants de crosse des euftodes , se trace par la même méthode que celui du fond ou cul-de-singe de la voiture , c' est-à-dire , par divers arcs de cercles dont on fait parler les rayons dans le centre des uns & des autres, en observant que le plus haut de ces arcs de cercles ne faflè tangente avec la ligne U X, (qui est parallele à celle 1 C,) qu'au haut du montant de la custode, afin d'éviter que ce dernier ne paroisse rentrer du haut, ce qui arrive toutes les fois qu'il se trouve dans une certaine longueur parallele avec la ligne U X.

Après avoir ainsi tracé le côté de la voiture, il est fort aisé d'en tracer la face , vu que toutes les hauteurs en font bornées par celles de côté , comme on peut le voir dans la Fig. 6 , où toutes les hauteurs font bornées par les lignes horisontales C D , IL & MN, Fig. 1 , que j'ai prolongées de cette Figure à la Fig. 6, afin de faire mieux sentir le rapport qu'elles ont & doivent nécessàirement avoir entr'elles ; reste à déterminer la largeur de la Berline, laquelle doit avoir 3 pieds 5 pouces de largeur par le haut à la retombée du cintre , ce qui est eflèntiel à obsèrver, 3 pieds 4 pouces à la ceinture ou traverse d'appui, & 3 pieds au nud du brancard.

De maniere que la voiture est évasée par le haut d'un demi-pouce de chaque

PLANCHE 1874


côté , lequel évasement est une ligne droite depuis le haut jufqua 1 appui, lequelle se termine en S par le bas pour regagner les deux pouces de différence qui se trouvent de chaque côté entre la largeur de la voiture à la ceinture , & celle de cette même voiture au nud du brancard.

Pour le cintre de face du haut , on le fait le moins bombé poiïible, en observant d'en faire descendre la retombée au nud de celle du cintre de côté.

Quant à la largeur des pilastres de devant , elle se détermine, ainsi que je l'ai dit plus haut, par la rentrée intérieure des pieds corniers , ou bien par la grandeur de la glace qu'on veut y mettre. Voyet la Fig. 6 , laquelle représente la face <J'une Berline disposée de ces deux manieres, c est-à-dire , le côté marqué Y, disposé pour recevoir une glace de la plus grande hauteur & largeur possible , & l'autre côté marqué Z , disposé avec une frise & un grand pilastre pour diminuer la grandeur de la glace.

Ce que je viens de dire n'est que pour servir à tracer les voitures vues géomé.

tralement, mais ne peut servir à les tracer totalement, parce que non-seulement ces mêmes voitures font évasées & cintrées tant sur la face que sur les côtés, mais encore évasées par leur plan , ce qui donne du ralongement non-seulement aux parties cintrées qui les composent, mais encore aux parties droites, comme les traverses de côté & tous les battants en général, ainsi que je vais l'expliquer.

Pour donner de la grace à la forme des Berlines, & pour les rendre plus commodes, on s'est avisé de les bomber dans le milieu de leur largeur , furtout à l'endroit de la ceinture, ce qui les a rélargies sans pour cela augmenter la largeur du brancard ; c'est ce bombage que les Menuisiers en Carrosses nomment renflement, lequel fait une des plus grandes difficultés qui se rencontrent dans la conftru&ion des voitures.

Ce renflement est plus ou moins considérable , felon les différentes especes de voitures, comme je le dirai en son lieu , & ëft différent dans la hauteur d'une même voiture ; de forte que les faces des plans d'une Berline, pris à l'endroit du brancard, à la ceinture & au pavillon, ne font point parallèles entr' elles, ce qui donne des gauches dans les côtés de la voiture , lesquels font tolérables dans la partie de l'appui, mais qui ne peuvent se souffrir dans le haut quand il est destiné à recevoir des glaces.

La partie du côté de la Berline où se place la portiere, est toujours droite ,.

de forte que le renflement se fait du dehors de cette derniere ; c'est pourquoi lorsqu'on veut tracer le plan du renflement d'une voiture, on y abaisse des lignes perpendiculaires du dehors de la portiere, comme celle xl; ( la moitié de la Figure suffisant pour le tout;) du nud du brancard, comme celle M2 ; du nud de la ceinture, comme celle S y ; & du haut du dehors de la voiture, comme celle C 4.

On fait la même opération filr l'élévation de face , Fig. 6, c'est-à-dire, qu'on abaisse des perpendiculaires du dehors de la voiture au nud du pavillon & de la ceinture,

PLANCHE 1S7.


ceinture ; puis le point 5 , Fig. 7 , étant suppose le même que celui c, Fig. 6, : on porte sur la ligne du milieu de l'élévation continuée jusques sur le plan, la distance c b, Fig. 6, de 5 à 6, Fig. 7 ; & celle c a de 5 à 7 ; puis des points 5 , 6 & 7 > on mene autant de lignes parallèles & horisontales aux perpendiculaires de l'élévation qui leur font correspondantes, ce qui détermine sur le plan les faillies tant de face que de côté de la ceinture, & du haut de la voiture ; reste à marquer sur ce plan le renflement, ce qui se fait de la maniéré suivante : Au point où la ligne 2, 5, coupe celle x 1, on porte sur cette derniere la distance de 9 lignes, qui est le renflement du brancard, de d à 8 ; puis du point

2 au point 8 , on mene une ligne qui elt la pente du brancard, oc du point 8, on mene une ligne parallele à celle 2, J, laquelle donne le devant de la portiere à l'endroit du brancard.

On fait la même opération pour le pavillon , c'est-à-dire, qu'on porte là distance de 2 pouces & demi, qui est le renflement ordinaire, de f à i ; puis du point 4 au point r , on tire une ligne qui est la pente du pavillon prise au nud de la caisse , & de la retombée de ce même pavillon représentée sur l'élévation par la ligne C D.

Reste à présent à tracer le renflement de la voiture à l'endroit de la ceinture: la manière la plus ordinaire de le faire, est de prendre la distance a b , Fig. 6 , & de la porter de l à 9 , Fig. 7 ; & du point 9 au point 3, on tire une ligne y laquelle donne la pente de la ceinture de la voiture , ou pour mieux dire , son renflement d'appui. Cette maniéré de déterminer le renflement des voitures, est vicieuse, en ce qu'elle produit un gauche dans la cufiode, lequel pourroit être tolérable s'il n'y avoit pas de glace ; mais quand il y en a, il n'est pas possible de le souffrir, à moins qu'on ne laifle du jour entre la glace & la joue des couliaes, ce qui est fort désagréable à voir, & ce qui arrive cependant à bien des voitures, où on n'a pas pris les précautions néceilàires pour éviter ce gauche, lequel est fort aisé à connoître par le plan, puisque la ligne 3,9, qui est le nud de la ceinture , n'est pas parallele à celle 4, 1 , qui est le haut de la voiture représenté par la ligne C D , Fig. 1, laquelle doit toujours être prise horifontalement a cause de l'inclinaison de la face de la voiture, & afin qu'étant parallele à celle d'appui, elles produisent ensemble des surfaces dégauchies, ce qui ne pourra jamais être tant que les lignes du plan, qui représentent celles dont je parle , ne feront pas parallèles entr'elles , ainsi que celles 4, 1 , & 3,9.

Ce qui donne lieu au gauche dont je parle , c'est qu'on donne ordinairement la même pente aux pieds d'entrée comme aux pieds corniers, sans faire attention à la pente que ces derniers ont par les deux bouts de la voiture , ce qui augmente la pente de côté , vu le renflement de la voiture., ainsi que je vais le démontrer.

Soit le point A, Fig. 8 , l'angle de la voiture pris à la ceinture , & la distance

PLANCHE 187*


: A B , la pente du pied cornier par lun des bouts : ioit pareillement la diltance B D , la pente de ce même pied cornier sur le côté, il est fort aisé de voir que la ligne A D est l'arête extérieure du pied cornier représenté en plan ; ensuite du point D, qui représente l'angle du haut de la voiture, on tire la ligne D C, félon l'évasement donné par le renflement du haut de la voiture , pris à la hauteur de la ligne C D, Fig. i ; il s'ensuivra nécessairement , que pour que la ceinture se dégauchine avec le haut de la voiture , il faut que du point A , qui est l'angle extérieur de la voiture, pris à l'endroit de la ceinture , on mene une ligne A G parallele à celle CD, & que la distance A F, prise entre ces deux lignes , & perpendiculairement à la ligne A B, devienne beaucoup plus grande que celle A E ou B D , ce qui est la même chose , & ce qu'il falloit démontrer.

Il fuit de cette démonstration , que pour avoir la pente d'une voiture à l'endroit des pieds d'entrée, après avoir tracé le renflement du haut de la voiture, on prend avec un compas la distance du point 3 , Fig. 7, au point g, que l'on porte de i en Z ; & par les points 3 & l, on fait paffer une ligne , laquelle est nécessàirement parallele à celle 4 , 1 ; & du point m, où cette premiere rencontre la ligne XI, qui est le dehors de la portiere, on mene une autre ligne m n parallele à celle 1 o , de forte que la distance m 1 ou no, est la pente des pieds d'entrée prise depuis le dessus de l'appui, jusqu'au nud de la retombée du cintre de la voiture, représenté par la ligne C D , Fig. 1.

S'il arrivoit qu'au lieu de la pente des pieds corniers , ce fût celle des pieds d'entrée qui fût donnée, on se serviroit toujours de la même méthode, en retournant feulement l'opération, c'est-à-dire , en menant du point m , que je suppose donné, une ligne parallele à celle 1,4 , que l'on prolongeroit jusqu à ce qu'elle rencontrât la ligne perpendiculaire abaissée de l'angle 1 de la voiture , Fig. 1.

L'observation que je fais ici touchant le parallélisme des différents plans d'une voiture , est très-essentielle, sur-tout lorsqu'on y fait usage des glaces, parce que non-seulement il faut que les places destinées à recevoir ces dernieres [oient parfaitement dégauchies, mais encore il faut éviter que l'appui de ces mêmes glaces ait beaucoup de gauche, parce que cela oblige à prendre beaucoup de place pour leurs coulements , lesquels devant aufli être dégauchis , diminuent la" grandeur intérieure de la voiture.

Après avoir tracé le plan des différents renflements de la voiture , il est trèsaisé de déterminer la forme extérieure des pieds d'entrée, & par conséquent des portieres , ce qui se fait de la manière suivante : Sur les prolongations des lignes CD,IL8cMN, Fig. l , on élevé une perpendiculaire ainsi que celle A B , Fig. 3 , représentée par le point o , Fig.

7 , ou par le point 1 , ce qui est la même chose ; puis on prend la distance o n ou 1 m y même Figure, que l'on porte Fig. j,dei?àC,& duquel point on élevé à la ligne de ceinture une ligne perpendiculaire, laquelle la rencontre au point E y ce qui donne la pente du devant du pied d'entrée, dont l'arête,

PLANCHE 187.


ou pour mieux dire la surface de la partie supérieure, est représentée par la

ligne E A , laquelle surface coupe la ligne perpendiculaire à la rencontre de la ligne C D , Fig. x , prolongée jusques & au-delà de la Fig, 3 ; on prend ensuite la distance o p ou 1 , 8 , Fig. 7 , qu'on porte de B à D , Fig. 3 , par lequel point D y on fait passer le bas du cintre en S de l'appui, qu'on fait le plus doux possible , pour la raison que j'ai dite en parlant des coulisses des glaces , page 499 & Juivantes.

Le cintre en S des pieds d'entrée dont je parle , ne peut pas être exactement le même que celui des pieds corniers, ( que j'ai tracé dans cette Figure par une courbe ponctuée, afin de la distinguer d'avec la courbe des pieds d'entrée ) parce qu'étant beaucoup plus longue que cette derniere , elle feroit marfi elle fui voit le même cintre , lequel n' est pas si gauche qu'il paroît l'être ici, vu les différents plans que donnent le cul-de-singe de la voiture & son renflement.

Il est cependant vrai qu'il y a un peu de gauche ; mais c'est très-peu de chose, puisque la distance Cs, Fig. 3 , est égale à celle q 3 , Flg. 7 ; laquelle distance est donnée par la ligne r 8 , qui étant parallele à celle 3 , 9 , ne peut, par conséquent, produire qu'une surface droite.

Tout le gauche qu'il y a n'est donc que de la distance n, Fig. 3 , ce qui est très-peu de chose, & à quoi on pourroit cependant remédier , en faisant , comme je viens de le dire , le côté du brancard parallele en plan avec la traverse d'appui.

Pour la ligne du milieu de la portiere , représentée par celle F1 L, Fig. 2, c'est le même cintre & la même pente qu'au pied d'entrée, les distances F C & F H, Fig. 2, étant égales à celles D C & DB, Fig. 3 , parce que les portières font ordinairement sur une surface droite , en observant cependant, quand les portieres font corps sur les pieds d'entrée, d'augmenter leur faillie sur le calibre , ainsi que l'indique la ligne ponétuée x x x. Il faut encore faire attention que comme la pente & la rentrée du cintre des Fig. 2 & 3 font bornées par le haut & par le bas par la rencontre des lignes C D & M N de l'élévation, Fig. 1 , avec les perpendiculaires dont les surfaces font représentées sur le plan Fig. 7, par les lignes 1 o & 8 p ; il faut faire attention, disje, que ces lignes, qui font droites sur le plan , changent de forme, foit par la sortie des lignes droites du haut, représentées Fig. 2 & 3 , par les perpendiculaires L l & A 2. , dont la hauteur est bornée par des lignes ponctuées provenantes de l'élévation Fig. 1 ; de forte que les points 1 & 0 du plan Fig. 7, s'écartent de la ligne droite 1 o, de la distance 1 a & a b, Fig. 2 & 3.

Ce que je viens de dire pour le haut de la voiture, doit aussi s'observer pour le bas , parce que pour que le cintre en S faffe bien , il faut qu'il rentre d'après la ligne M N, Fig. 1 , de maniere que le brancard ne peut pas avoir exactement la même forme que celui qui est représenté par les lignes du plan 2,8, p , mais encore il faut que ces brancards soient hors d'équerre pour suivre le

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cintre de la voiture , ainsi que l'indiquent les lignes perpendiculaires Fu, Fig. 2 , D x & ty y Fig. 3, dont les distances avec la rentrée des cintres d'après lesquels elles font abaissées , donnent l'évasement & le hors d'équerre du brancard, ce que j'expliquerai dans la fuite avec plus d'étendue en parlant de la forme & de la conftruétion des pavillons & des brancards.

Il est encore un autre changement dans la forme des différents plans d'une Berline , qui n'est pas nécessàire & indispensable comme celui dont je viens de faire tnention, mais qui feroit un très - bon effet. Ce chan gement dont j'ai déja parlé en traitant du corroyage des bois des voitures, page 484 , consiste à éviter le défaut que produisent les angles formés par les portieres & les côtés de la voiture , défaut auquel on peut remédier en donnant aux différents plans de la voiture une forme bombée , du moins quant à l'extérieur, ainsi que l'indique la ligne 2 ? y Fig. 7 laquelle , sans augmenter le rendement de la voiture , en adoucit feulement l'angle 8, ou bien comme la ligne 4, 1 , &, laquelle parlant par l'angle l , augmente le bombage du milieu de la voiture.

On ne sauroit disconvenir que cette forme bombée feroit beaucoup mieux que celle à pan qui efl: en usage à présent, sans pour cela être plus difficile à l'exécution, ainsi que je l'ai dit plus haut, en observant toutefois de conserver le parallélisme nécessaire pour le revêtiffenlent des glaces, ainsi que je l'ai indiqué ci-dessus.

Ce que je viens de dire jusqu'à présent , n'est applicable qu'aux différents plans d'une Berline, à la forme & à la longueur des pieds d'entrée & des battants de portieres, dont le cintre & l'évasement n'est: que sur un sens.

Il s'agit maintenant de déterminer la longueur & la forme des pieds corniers, lesquels font non-seulement évasés sur deux sens , mais encore dont les cintres & l'évasement font différents, ce qui en rend l'opération un peu plus compliquée , ainsi que je vais l'expliquer.

Les pieds corniers étant cintrés des deux côtés & inégalement, il faut nécessàirement avoir le calibre ralongé de chaque cintre , afin de n'employer que le moins de bois qu'il est possible, & en même temps conserver le fil du bois & éviter le bois tranché qui se rencontreroit néceŒairetnent dans les pieds corniers si on les prenoit à plein bois , c'est - à - dire , qu'après les avoir cintrés géométralement, comme les représentent les Fig. l & 6 , on leur donnât la pente & l'évasement nécessaire , ce qui éviteroit la peine de faire des calibres ralongés, mais en même temps emploieroit davantage de matiere, & augmenteroit le bois tranché , ce qu'il faut absolument éviter.

Le premier calibre ralongé dont on a besoin, est celui du cul-de-singe représenté géométralement par la ligne N L D, Fig. I, lequel se trace de la manière fui vante : Le cintre géométral du côté du pied cornier étant tracé, & celui de face , ainsi que la Fig. 1 & 6 > le dessus de l'appui étant déterminé par la ligne L E, Fig.

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Fig. l & 6 , on divise la hauteur de l'appui en un nombre de lignes parallèles à cette derniere, ainsi que celles b s , dt9f u, h x, ly & N C; ensuite de l'extrémité supérieure du dedans du pied cornier, Fig. 6, à l'endroit le plus cintré , on fait paflTer une ligne droite B D, à laquelle on mene une parallele A C, ce qui donne d'abord l'épaisseur de la piece dans laquelle doit être pris le pied cornier, & en même temps la pente & le ralongement du calibre , qui se trace comme je vais l'indiquer.

On trace à part, Fig. 4 , une ligne perpendiculaire ainsi que celle G H ; puis on prend sur la ligne A C, Fig. 6, les distances données par les lignes horisontales qui la coupent, que l'on porte sur la ligne C H, Fig. 4 , du point F aux points n9-o9p9q9rSc H; de forte que la distance F H est égale à celle E C, Fig. 6 y ainsi des autres points , sur lesquels on élevé autant de perpendiculaires à la ligne G H, Fig. 4 * dont les longueurs étant égales à celles de la Figure premiere qui leur font correspondantes, donnent le cintre ralongé, c'est-à-dire, que l'on fait la distance F 8, Fig. 4 , égale àli, Fig. 1 ; celle 119 égale à b 2 ; celle 010 égale à d 3 ; celle p 11 égale àf4; celle q 12 égale à h 5 ; celle r 13 égale à /6; & celle H 14 égale à N 7; ensuite pour Tévafement du haut du calibre, on prend sur la Fig. 6 , la distance E A , qu'on porte de F en G, duquel point au point 8 , on fait paner une ligne droite qui est la pente ou évasement du calibre ralongé, qu'on met ensuite de largeur félon qu'il en est besoin.

Le premier calibre étant fait, on trace le fecond, qui doit être ployant, de la maniéré fiiivante : On trace la perpendiculaire L N , Fig. 5 , sur laquelle on porte les distances données sur l'intérieur du pied cornier, Fig. 1 , par la rencontre des lignes parallèles, c est-à-dire, qu'on porte la distance x a, Fig. 1 , de M à /, Fig. 5 ; celle a c, de l à m ; celle c e, de m à n ; celle e g , de n à o ; celle g i, de o zp ; & celle i m , de p à N ; puis par les points M, l, m , n , o yp & N, on éleve autant de perpendiculaires à la ligne L N, dont la longueur donne le cintre du calibre, en faisant la distance M20, Fig. 5 , égale à la distance 14 Fig. 6; celle 21 égale à celle 15 s ; celle m 11 égale à celle 16 a; celle n 23 égale à celle 17 b; celle o 24 égale à celle 18 d; celle p 25 égale à celle 19 e ; enfin la distance N 16 égale à celle a c ; puis on prend la diflance 8 G > Fig. 4 , qu'on porte de 20 à L , Fig. 5 , ce qui donne la longueur du calibre qui se met de largeur à l'ordinaire.

Si au lieu de prendre ce calibre au dedans de la courbe, comme je viens de le faire , on vouloit le prendre au dehors, on suivrois toujours la même méthode, en observant feulement de prendre les distances horisontales sur le dehors de la courbe, ce qui n'a besoin d'aucune démonstration.

Quant à la véritable longueur de l'arête du pied cornier, elle n'est pas

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difficile, puifqu'elle est donnée par la longueur de l'hypoténuse d'un triangle reétangle , dont le grand côté est égal à la longueur perpendiculaire du pied cornier y & dont le petit côté est égal à la faillie du pied cornier pris sur l'angle, ainsi que je l'ai démontré dans la feconde Partie de cet Ouvrage, en parlant des arêtiers biais, page 343 & suiv. mais comme cette dénlonfiration est faite fous un autre point de vue , j'ai cru devoir en faire ici une autre démonstration plus analogue au cas dont je parle.

Soit, Fig. 9, l'angle ABC, l'angle de la voiture pris à la ceinture de la voiture, & l'angle E D F, l'angle extérieur de la voiture pris au haut du pied cornier, dont on veut avoir la longueur ou projeétion prise dans l'angle, on commence par tracer cette projeétion en plan, en tirant une ligne droite du point A au point E , sur lesquels points on éleve une perpendiculaire à la ligne A E ; puis la hauteur perpendiculaire du pied cornier étant bornée , comme par exemple de E en G, de ce point au point A 9 on mene une ligne droite, dont la longueur est celle de l'angle du pied cornier.

Il est encore une autre maniere d'avoir cette longueur , qui , quoique différente de la premiere en apparence, revient cependant au même , ainsi qu'on va le voir. *

On prolonge les côtés de l'angle intérieur, jusqu à ce qu'ils rencontrent ceux de l'angle extérieur aux points b & c , desquels points on élevé une perpendiculaire à chacun de ces côtés ainsi prolongés ; puis on porte la hauteur perpendiculaire de l'arête du pied cornier de b en a, duquel point à l'angle A , on mené une ligne diagonale , à l'extrémité de laquelle on élevé une perpendiculaire dont on fait la longueur a I égale à A c ; puis du point 1 à l'angle A 9 on mene une ligne droite dont la longueur est celle de l'arête du pied cornier, ce qui est exaélement vrai, puisque cette derniere ligne est égale à celle A G.

On fait la même opération pour l'autre côté que pour celui-ci, c'est-à-dire , qu'on fait c d égal à E C , & d H égal à A b, ce qui donne la distance A H égale à A G.

Cette fécondé tnéthode, quoique plus compliquée que la premiere, est cependant la même, puifqu'il s'agit de faire des triangles rectangles, dont l'hypoténuse foit égale à la longueur de l'arête du pied cornier, ainsi que le représente la premiere méthode, d'une façon d'autant plus claire, que le grand côté du triangle rectangle, est de la longueur perpendiculaire de l'angle du pied cornier , ce qui ne se rencontre plus aux triangles de la feconde méthode , qui, quoiqu'ils soient toujours des triangles reélangles, dont l'hypoténuse est d'une longueur égale à celle du triangle servant à la premiere méthode, les grands côtés de ces premiers triangles augmentant nécessàirement de longueur à raison de ce que leurs petits côtés, représentés par les lignes A b & A c, différent de la ligne A E, qui est elle - même l'hypoténuse du triangle

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reétangle c A E, auquel ces deux premieres lignes fervent de côtés, la ligne c E étant égale à celle A b.

Il résulte de cette démonstration, qu'on doit se servir de la premiere méthode,

qui est la moins compliquée , quand on voudra relever la longueur de l'arête d'un pied cornier sur le plan , ce qui est plus aisé , mais en même temps ce qui occupe beaucoup de place ; & qu'au contraire on doit se servir de la feconde méthode quand on voudra se passer du plan , comme je l'ai fait aux Fig. 4 & y , ou j'ai d' abord pris la longueur E A > Fig. 6 9 laquelle est le premier ralongement, & que j'ai portée, F ig. 4 , de F à G , afin d'avoir l'hypoténuse 8 G , qui est la véritable longueur de l' arête du pied cornier.

La méthode que je donne ici pour déterminer la longueur & la forme des pieds corniers d'une Berline, peut s'appliquer aux pieds corniers de toutes les autres voitures de quelque forme qu'ils puissent être, vu que ceux dont je viens de parler renferment toutes les difficultés possibles, puifqu'ils font nonseulement cintrés des deux sens, mais encore d'un cintre & d'un évasement inégaux.

Il me reste maintenant à parler des pavillons ou impériales, de leurs formes & confiruétion, des assemblages des parties qui composent le pourtour de la caille, de la forme & de la conftruétion des brancards , ce qui terminera cette troisiéme Seétion , & le détail de toutes les parties extérieures d'une Berline , lesquels détails feront applicables à toutes autres especes de voitures , ainsi que ce que j'ai dit ci-devant.

§. 1. Des Pavillons ou Impériales, de leurs formes & conftruBion.

J' A 1 donné dans la Planche précédente la manière de déterminer la forme des différents plans d'une voiture, pris sur des lignes horisontales & à différentes hauteurs ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas ici , me contentant de représenter un pavillon vu en dessous, Fig. 1 , & une partie de ce même pavillon vu en dessus, Fig. 3 , lequel est tracé félon les mesures que j'ai données cidevant, page 518. Il s'agit maintenant de donner la maniere de construire les pavillons d' après ces mesures données, & de déterminer leurs formes extérieures , c'est-à-dire, leur bombage, & par conséquent les courbes des différentes cerces qui composent , ou pour mieux dire , qui rempliifent l'intérieur d'un pavillon.

J'ai dit plus haut, page 467 que la différence qu'il y avoit entre un pavillon & une impériale , consistoit en ce que le premier écoit rempli par des cerces parallèles entr' elles , & qu'au contraire les cerces des impériales tendoient toutes à un ovale placé au milieu de l'impériale , dans lequel elles viennent toutes s'assembler.

Dans l'un & l'autre cas, il faut que les cerces soient disposées de maniere

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que la surface extérieure foit d'un pavillon ou d'une impériale, foit d'une forme gracieuse & unie , sans aucune espece de concavité ou d'élévation ; il faut aussi éviter qu'il s'y trouve des arêtes aux angles , comme on en voit à presque toutes les impériales , parce qu'ils empêchent le cuir de s'étendre également, ou du moins l'exposent à se couper à l'endroit de ces arêtes , ce qui est fort à craindre.

Pour prévenir ces inconvénients , il s'agit de donner à toutes les cerces qui composènt (oit un pavillon ou une impériale , la courbure qui leur est nécessaire, ce qui se fait de la manière suivante : La longueur & la largeur du pavillon étant déterminées, on trace les lignes de milieu A B & CD , que l'on doit considérer comme faisant partie d'une surface plane & horifontale, passànt par le plus haut point des battants de pavillon , c'est-à-dire , au milieu de la voiture , dont le cintre de côté est représenté par la ligne E F G ; ensuite on détermine le bombage qu'on veut donner au pavillon, comme de F à H, par lequel point & les points L , M, qui font le dessus du profil, on fait paffer un arc de cercle L H M, qui est la courbe du dessus du pavillon pris au milieu de sa largeur , d'après laquelle courbe on diminue l'épaisseur de la volige que l'on doit y attacher, afin d'avoir la véritable courbe de la cerce du milieu , laquelle doit être d'une feule piece, & que j'ai marquée par un trait plein , au lieu que la courbe du dessus n'est que ponctuée.

Cette double opération est absolument nécessaire , parce que comme toutes les cerces d'un pavillon font d'une courbure inégale, elles approchent plus ou moins du bord du pavillon, à raison qu'elles font plus ou moins cintrées, comme on peut le voir dans la Fig. 4 , où la ligne c b étant plus inclinée que celle ab, non-seulement recule le devant de la cerce de la distance ed, mais encore change Tinclinaifon du chanfrein du defliis du pavillon , lequel, par cette raison, ne sauroit être d'une même forme dans toute la longueur du pavillon , mais doit changer en raison du plus ou moins de courbure de ce même pavillon ( * ).

Lorfquon a déterminé le cintre de largeur, on détermine celui de longueur, en faisant la distance F I égale à F H; puis par les points O , 7, P , on fait passer un arc de cercle qui est le cintre demandé, & d'après lequel on tire un fecond arc de cercle qui est le dessus de la grande courbe , ainsi que je l'ai observé à la courbe du milieu de la largeur. Quand la grande courbe est ainsi tracée, on fait dessus la division des autres courbes , que l'on abaisse perpendiculairement sur la ligne du milieu, ainsi que je l'ai fait dans cette

( * ) Les Menuificrs en Carrosses ne prennent pas toutes les précautions dont je parle ici, parce que quand ils posent leur volige de pavillon , ils ôtent un peu de bois aux cerces s'il s'en trouve de trop, ou au contraire en rapportent quand il ne s'y en trouve pas assez, afin

de donner une forme gracieuse au dessus du pavillon , ce qui ne fait pas grand tort à l'ouvrage , à la vérité; mais en même temps c'est toujours travailler au hasard , ce qu'il faut éviter le plus qu'il est possible, sur-tout quand on peut faire autrement.

Figure ;

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Figure; reste ensuite de tracer la courbe de chacune de ces cerces, ce qui se fait de la maniéré suivante : Au devant de chaque courbe qu'on veut tracer, on prend la distance qui se trouve entre la ligne de niveau A B, & la courbe E F G, qui représente le cintre du côté de la voiture , laquelle distance on porte en dessus ou en dessous de la ligne du plan de la cerce dont on veut avoir la courbe, felon que la distance qu'il y a entre la ligne de niveau & le cintre de côté de la voiture est en dessus ou en dessous de cette ligne ; on prend , dis-je , cette difiance, laquelle se trouve ici être en dessous , qu'on porte en dessous de la

ligne dont on veut avoir la courbe, comme par exemple celle U X , en faisant la distance Q b égale à Q a ; puis par le point b on fait paffer une ligne T Y, parallele à celle U Q , laquelle ligne représente le dessus des battants du pavillon à cet endroit, & par confisquent la retombée de la courbe , dont on a le point d'élévation en faisant la distance Q R égale à Q S; puis par les points T R Y, on fait parler 1" un arc de cercle qui est la courbe demandée , d'après laquelle on en trace urr fécond, qui est le dessus de la cerce , à l'ordinaire. Il faut observer que la courbe ainsi tracée n'est que pour un côté de la cerce ; & que si on vouloir avoir la courbe de l'autre côté , il faudroit recommencer l'opération pour cet autre côté , ce qui est inutile dans le cas présent, vu le peu de largeur de la cerce , & le peu de hors d'équerre qui s'y trouve ; c'en: pourquoi on se contente d'en tracer juste un côté, & de mettre le dessus de la cerce hors d'équerre, felon que l'exige la courbe de longueur & le renflement de la voiture.

Les autres courbes du pavillon se tracent par la même méthode que celle dont je viens de parler ; c'est pourquoi je n' en ferai pas de démonstration , me contentant de tracer l'opération sur la Figure.

On fera aussi attention que pour faciliter l'intelligence de ce que je viens de dire touchant les courbes des cerces d'un pavillon, j'ai suppose que le haut de la face de la voiture étoit droit, parce que si la traverse du pavillon étoit cintrée , comme c'est l'ordinaire, il eût fallu que je remontafle les points E 9 G, de ce que la face de la voiture auroit eu de bombage, ce qui auroit rendu la démonstration un peu plus compliquée ; c'est pourquoi j'ai préféré de supposer la voiture droite par la face , réservant à donner la méthode de tracer les courbes des cerces d'un pavillon cintré sur tous les sens , en parlant des pavillons à trois cintres, ou pour mieux dire des impériales.

En général, les cerces des pavillons & des impériales se font de bois d'orme d'environ 9 lignes à un pouce quarré tout réduit, c'est-à-dire, mis hors d'équerre tant en dedans qu'en dehors. Pour leurs assèmblages , ils se font à tenons & mortaises les unes avec les autres ; [avoir, celle du milieu de largeur, qui est d'une feule piece & qui reçoit celle du milieu de longueur, laquelle est par conséquent de deux pieces, dans lesquelles viennent s'assembler

MENUISIER, III. Part. T t t t t t

PLANCHE 188.


toutes les autres cerces , lesquelles font chacune de deux pieces, ainsi que je l'ai observé aux Fig. i & 3.

Les cerces des pavillons ne s'aifetnblent pas ordinairement dans le chassis , mais s'appliquent à nud dessus & s' y arrêtent avec des clous ; mais je crois que malgré l'usage , il vaudroit beaucoup mieux , ne pouvant y faire des assemblages a l'ordinaire, les faire au moins entrer en entaille dans le chassis du pavillon , comme je l'ai indiqué par les lignes ponâuées y", g, d, Fig. 4 , ce qui feroit très-solide, & retiendroit mieux l'écart de la voiture.

Pour ce qui est des chassis de pavillon , on les assemble à tenons & mortaises ; & comme le bois de 5 pouces de largeur n'est pas suffisant, on y rapporte des collages en dedans, d'après lesquels on fait l'assemblage , ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 1 , où les lignes ponéluées le long des battants, indiquent la largeur du bois, & par conséquent ce qu'il faut y coller. » J'ai dit ci-devant que les voitures feroient beaucoup mieux si leur renflement étoit un arc de cercle au lieu d'être à pan comme c'est la coutume ; c'est pourquoi j'ai représenté Fig. 2, un battant de pavillon ainsi disposé avec toutes ses rainures & ses moulures, lequel n'emploie pas plus de bois que de l'autre façon, & fait cependant beaucoup mieux. Il Quant à la forme des bâtis ou chassis de pavillons, elle est représentée par la coupe Fig. 4, laquelle les représente de niveau , ce qui 11' est cependant pas sans difficulté , tant pour ce qui est des assemblages que pour la rencontre des profils, ainsi que je le démontrerai ci-après. ,

Le dessus des pavillons se recouvre de voliges d'une à 2 lignes d'épaisseur, lesquelles s'attachent dessus avec de petits clous d'épingle ; ces voliges doivent être d'une égale épaisseur entr'elles, afin qu'elles alffeurent toutes à l'endroit des joints. ''V't \- r Quant à la maniéré de poser ces voliges , elle est très-simple , parce qu'après en avoir dressé une , on l'attache au milieu du pavillon avec deux ou trois clous feulement, afin de la faire ployer & de pouvoir la tracer de longueur; ensuite de quoi on la détache, on la coupe de longueur, & on la met en chanfrein par-dessous , pour qu'elle porte bien & qu'elle joigne sur la traverse de pavillon , ce qui étant fait on l'attache à demeure. ■ • •lB On fait la même opération aux autres voliges, dont on trace la longueur & le joint après les avoir fait ployer à leur place, ce qui ne souffre aucune difficulté, du moins pour les couvertures de pavillon. - * Lorsque toutes les voliges font poCées, on doit avoir grand foin qu'elles affleurent bien par-tout , tant entr' elles qu'avec le chassis du pavillon ; &

s'il arrivoit qu'elles d'e faffleuraflènt on y donnerait un coup de rape ou de rabot felon qu'il feroit nécessaire.

On appelle Voitures à trois cintres, celles dont le côté du pavillon est décoré de trois cintres différents, comme le représente la Fig. 3. ';

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Ces voitures , quoique peu en uiage a prelent, ront cependant un très-bel effet & font très-avantageuses, tant pour la forme des glaces , qui devient plus heureuse qu'aux voitures ordinaires, que parce que la portiere devenant plus haute que les cuflodes , donne moyen de baisser l'appui ou cintre de la voiture , & de placer commodément les glaces de euftode, fins être obligé de faire d'entaille dans le brancard. i

De plus , les pavillons ou impériales de ces voitures , quoique plus chargés d'ouvrages que les autres, font cependant d'une plus facile exécution , comme je le prouverai ci-après ; il n'y a donc que le remplissage de ces pavillons qui devient plus compliqué , sur-tout lorsqu' on veut les faire avec toute la perfeaion dont ils font fu&eptibles* Les pavillons à trois cintres font de véritables impériales, puifqu'ils ne peuvent être remplis par des cerces parallèles entr'elles , comme celles des pavillons dont je viens de parler , parce qu'il faut que les inégalités des cintres des battants de pavillon aillent à rien au centre de l'impériale , ce qui , par conséquent , oblige à faire tendre toutes les cerces à ce même cintre. Toute la difficulté qu'il y a dans la conftruélion de ces courbes , consiste à les cintrer de maniéré qu'elles ne faflent aucune côte dans toute l'étendue de l'impériale , dont la surface doit être, ainsi qu'aux pavillons , la plus unie possible.

Pour parvenir à donner aux cerces des impériales toute la perfeéiion dont elles font susceptibles, il faut d'abord opérer comme s'il devoit y avoir des cerces parallèles tant sur la longueur que sur la largeur , ce qui se fait félon la méthode que je viens de donner pour les pavillons , afin d'avoir des points pour prendre les hauteurs des courbes tendantes au centre , ce qui se fait de la manière suivante : Après avoir tracé le plan du chassîs de l'impériale, on en divise l'intérieur par des lignes droites parallèles entr'elles & aux faces du chassis, ainsi que celles a b y c d, e f, g h , i l & m n y lesquelles , ainsi que celles du milieu , doivent être considérées comme faisant partie de la surface représentée par la ligne horifontale A B , Fîg. 3 , laquelle paffe par le point le plus haut du cintre du battant de l'impériale, & par la ligne L M, Fig. 4, autant éloignée des angles de l'impériale que cette dernière ; c'est-à-dire , que la distance L N ou MO, Fig. 4 , est égale à celle A Z ou B I, Fig. 3 , ce qui est la même chose.

Puis après avoir déterminé le cintre ou bombage du milieu de la largeur du pavillon , on prend Fig. 4, ( qui représente la partie fopérieure de l'élévation de face de la voiture, ainsi que la Fig. 3 , qui représente celle de côté , ) la distance P Q, qu'on porte de p à r , Fig. 1 ; & de ce point au point q , dont la distance du centre o est égale à celle o r, on fait paffer un arc de cercle qui est le cintre du milieu de la longueur, & dont le centre est toujours sur la ligne

PLANCHE 18p,


du milieu du pavillon, prolongée autant qu il elt necessaire. On tait la même j opération pour la ligne m n9 dont on a la courbe en faisant la distance n i

égale à celle R 5, Fig. 4 ; & celle m s égale à celle m t , & enfaifant paffer un arc de cercle par les points s 2.

On a la courbe de la ligne i l, en faisant la distance l 3 égale à celle T U, Fig. 4; & celle u i égale à celle i x ; on a enfin la courbe de la ligne g h , en faisant la distance h 4 égale à celle MO, F ig. 4 ; & celle y g égale à celle g Z.

On fait la même opération pour les autres lignes a ,b 9 c , d & f, dont on:a les points de retombée & l'élévation , en faisant pour les retombées la distance h 8 égale à celle B I, Fig. 3 , & par conséquent égale à celle h 4, ce qui doit être , puisque la distance B19 Fig. 3 , est égale à celle MO , Fig. 4 ; celle e 7 égale à celle E H ; celle c 6 égale à celle DG; & celle a ) égale à celle C F.

Pour les autres points de ces courbes, on les aura en les éloignant de leurs lignes de bafe , d'une distance égale à celle qui se trouve entre les autres courbes & leurs lignes de bafe, à l'endroit où ces dernieres rencontrent celles dont je parle , c'est-à-dire, aux angles formés par la rencontre des lignes a h, c d, ef, & celles g h, i l Se mn9 desquels angles de rencontre comme centres, j'ai

décrit autant de quarts de cercles qui indiquent l'égalité d'élévation qu'ont & que doivent avoir ces courbes à l'endroit où elles se rencontrent.

Ces diverses courbes étant une fois tracées, il est fort aisé d'avoir celles des cerces tendantes au centre de l'impériale , puifqu'on se fert de la même méthode que pour celles dont je viens de parler, ainsi que je vais le démontrer.

Avant de chercher la courbure des cerces d'une impériale, on commence par en faire la division & par les tracer en plan, ainsi que dans la Fig. 2 , & on les arrange de manière qu'elles laiJTent un vuide égal entr' elles, en observant cependant qu'il s'en trouve toujours une dans la partie la plus creuse, & qu'elles tendent toutes à un ovale placé au milieu, sans affeâer que les cerces des angles suivent la diagonale du chassis; ce qui est d'autant plus inutile , qu'il ne doit paroître aucune arête dans les angles de l'impériale, ainsi que je l'ai déjà dit.

Le plan des cerces étant ainsi tracé, il s'agit d'avoir leur courbure, ce qui se fait de la manière suivante : On divise la largeur de chaque cerce en deux parties égales , comme je l'ai observé Fig. 2 , puis on reporte ces lignes sur celles dont on a déja les cerces , Fig, 1 ; & à chaque point où les lignes des cerces tendantes au centre , ( ou du moins à peu de chose près, ) coupent les autres lignes parallèles , on élevé ou on abaisse des perpendiculaires à ces dernieres jusqu'à ce qu'elles rencontrent leurs courbes, & la longueur de chaque perpendiculaire fert à donner la courbe des lignes tendantes au centre, ainsi que je vais le démontrer.

Soit, par exemple, la ligne a b, Fig. 2, dont on veut avoir la courbe : on trace sur la Figure 1, la ligne 9 ,10 semblable à celle a b, & à chaque point où elle rencontre

PLANCHE 1


rencontre les lignes horisontales ou perpendiculaires, on abaille ou on eleve des perpendiculaires à ces dernieres , félon que leur courbe est en deuus ou en deffolls, ainsi que celles 9, II, 12, 13, 14 , 15, 16 & 17; ensuite on trace de l'autre côté de la Figure la ligne cd, semblable à celle 9, 10, ( & par conséq uent à celle a b, Fig. 2 , ) & à tous les points où cette ligne c d9 Fig. 1 , est coupée par les lignes horiiontales ou perpendiculaires de la premiers opération, on élevé autant de lignes perpendiculaires , qui, par leur hauteur, étant égales à celles qui leur font correspondantes, donnent la courbe demandée i c est-à-dire , qu'on fait la distance c e égale à celle 9 , 11 ; ou à celle X Y* Fig. 4 , ce qui est la même chose ; celle fg9 égale à celle 12, 13 ; celle h i égale à celle 14,15; celle m égale à celle 16, 17; enfin celle d n égale à d x ; puis par les points e9.g9 t9 m & n, on fera paffer une ligne courbe qui fera celle que l'on cherche.

On fera la même opération pour toutes les autres cerces dont on aura le point de retombée sur l'élévation Figi 2, ; en faisant la distance o 18 égale à A Z ; - celle p 19 égale à celle s 22 ; celle q 20 égale à celle t 23 ; & celle r 21 égale à celle u 24, le reste comme ci-defltts ; ce qui est fort aisé à concevoir pour peu qu'on veuille faire attention à la Fig. 1 , que j'ai dessinée de deux maniérés différentes, afin qu'on puisse mieux reconnoître les différentes opérations nécef faires pour avoir les courbures dont on a besoin , lesquelles opérations feroient devenues trop embrouillées si elles eussent été faites les unes sur les autres* Il résulte de cette méthode de tracer les cerces d'une, impériale 5 que toute sa fiirface convexe vient de la forme la plus parfaite qu'il foit possible de lui donner, sans aucune inégalité ni arête aux angles , ce qui est un grand avantage., De plus , cette maniéré de dif^bfer les cerces sans arête à celle d'angle, donne la liberté de faire paffer toutes droites les voliges qui couvrent fÜllpériale , sans être obligé de les couper à l'endroit de la cerce de l'angle, comme on le fait ordinairement, n'y ayant que dans la partie creuse du dessus de la euftode, où l'on est nécessàirement obligé de le faire ; c'est pourquoi il faut toujours qu'il se trouve une cerce à cet endroit, afin de pouvoir y attacher les bouts des voliges.

Lorsqu'on cintrera les cerces des impériales, on aura foin de reculer ou d'avancer le calibre à raison de la pente de la cerce , ce qui ne souffre aucune difficulté, le calibre pouvant servir aux deux côtés de la cerce, vu son peu d'épaisseur , ou pour mieux dire 9 de largeur.

Quoique j'aie dit plus haut qu'il falloit faire des impériales à toutes les voitures à trois cintres , ce ne fera cependant qu'autant que ces cintres auront une retombée considérable, & que le deJTus fera beaucoup bombé ; mais s'il arrivoit que le cintre de la voiture fût très-doux & que le dessus fût peu bombé f on pourroit y faire un pavillon à l'ordinaire, en ôbfervant toutefois d'en tracer' les courbes par le moyen de plusieurs arcs de cercles pris sur la longueur de

PLANCHE 1 8 f).t.


: la voiture, ainsi que je 1 ai observé a la Fig. i, ou les courbes des lignes parallèles ab, c d & ef9 ne font pas des arcs de cercles comme dans les pavillons à un seul cintre , mais des courbes dont les extrémités font adoucies pour regagner les inégalités du cintre de côté de la voiture.

Quant à ce dernier, il n' y a point de règle certaine qui en détermine la forme ; ilfuffit qu'elle foit gracieuse & sans aucun jarret, & qu'elle faffe bien, non-seulement par rapport à elle-même, mais encore par rapport aux parties qui l'accompagnent, telles que les portieres , les glaces & les pilastres de eu (Iode , dont la forme des parties supérieures est déterminée par celle du cintre du pavillon , qu'on ne doit jamais arrêter sans tracer en même temps le reste de la voiture, afin de donner toute la grace possible à son ensemble, ce que j'ai observé dans la Fig. 3, où après avoir dessiné à l'œil les contours tant de l'impériale que de la portiere & des custodes , j'ai assujéti ces contours à des formes régulières, c'est-à-dire , tracées au compas, & j'ai eu l'attention d'en conserver tous les centres & les lignes de conftruétion, afin que dans toute occasion on puisse arrêter sûrenlent les contours qu'on a tracés à l'œil, & les c puisse arrêter sûrement les contours qu'on a tracés à l'œil, & les reporter faci l ement d' un côté, ou même d'un lieu a l' autre.

: J'ai dit plus haut que l'évasement des voitures changeoit la forme du plan tant des brancards que des pavillons, & cela en raifbn du plus ou moins d'évasement & du cintre de ces derniers ; & que les plans , foit des brancards ou des pavillons, tels que je les ai représentés Pl. 187, Fig 7, n'étoient vrais que pris sur ies lignes horisontales C D & M N, Fig. 1 de la même Planche, d'après lesquelles lignes j'ai parti pour aiïurer & prendre toutes les dimensions nécenaires, pour avoir les calibres des pieds corniers, & les autres pieces du corps de la caille. *

Il s'agit maintenant de donner une réglé sûre pour conserver aux- traverses du haut de la voiture, leur forme naturelle , foit qu'elles fbientcintrées en plan ou qu'elles fbient droites , ce qui efl: plus ordinaire : mais on n'y parviendra jamais tant qu'on ne connoîtra pas au juste le changement que produit l'évasement d'une voiture dans le plan des brancards & des pavillons.

Si le haut & le bas d'une voiture étoient terminés par des lignes droites telles que celles d'après lesquelles j'ai marqué les plans , il n'y auroit sûrement aucun changement dans ces mêmes plans ; mais comme les extrémités d'une voiture font toutes cintrées ou inclinées, elles changent nécessairement de plan à mesure qu'elles s'éloignent des lignes horisontales d'où viennent ces mêmes plans , ainsi que je vais le démontrer.

Soit la courbe ABC, le cintre de face d'une Berline, & la ligne E F , l'inclinaison ou évasement de face , il est très-visible que cet évaiement est plus ou moins considérable à raifbn de ce que le cintre s'éleve , ce qui do nne sur le plan des points dont on a la projeélion de la maniéré suivante : On divise le cintre en autant de parties qu'on le juge à propos , ainsi que par les points a , h, c , d 9e, desquels points on mene autant de lignes horisontales

PLANCHE 189-

PLANCHE 1510.


& parallèles entr elles , jusqu a ce qu elles rencontrent la ligne a evale- « ment E F aux points f, g, h, i, l, desquels on abaisse autant de lignes perpendiculaires qu'on fait retourner sur le plan , dont le devant est indiqué par la ligne G H ; ensuite des points de division de la courbe, on fait defeendre autant de lignes perpendiculaires qu'on prolonge sur le plan jusqu à ce qu'elles rencontrent les lignes du plan , ( produites par les perpendiculaires abaissees de la ligne d'évasement, ) qui leur font correspondantes aux points 7/z, /z, 0, p & H, par lesquels on fait passer une ligne courbe, laquelle est le véritable plan du devant de la voiture, à laquelle on ajoute les largeurs de bois nécessaires tant en dedans qu'en dehors.

D'après la démonstration que je viens de faire, il est très-aisé de voir que pour peu que le devant d'une voiture foit cintré , la traverse de pavillon ne peut pas être corroyée droite, parce que si cela étoit, on feroit obligé de faire creuser la traverse du haut en dedans de la voiture de ce que la ligne m Il op excede celle G H en dehors & cela changeroit le cintre de cette traverse, lequel deviendroit alors moins haut ; ce qui est fort aisé à prouver , la distance q L, que la traverse occuperoit alors, étant moins grande que celle fl, qui est la place qu'elle doit occuper ; & par une fuite nécc flaire , il résulte de cette démonstration, que le cintre des traverses du haut des voitures ne doit pas être le même que ceux des traverses ou des battants de pavillon , puisque ces derniers se présentent toujours de face , ainsi que la ligne q l, & qu'au contraire celui des traverses ne se présente qu'incliné, ainsi que la ligne f 1.

Or , pour avoir le véritable cintre de la traverse qui doit entrer dans la courbe ABC, on n'a qu'à prendre sur la ligne d'inclinaison , les distances produites par la rencontre des lignes horisontales provenantes des divisions de l'élévation, & les reporter sur cette derniere aux points qui leur font correspondants, c est-à-dire , faire la distance u & égale à If; celle t t égale à l g ; celle s y égale à h ; & celle r x égale à L ; puis par les points x x y , 1 & cS', on fera paffer une ligne courbe qui fera le cintre demandé , lequel differe de peu de chose , à la vérité, mais encore faut-il y faire attention , sur-tout quand le cintre & l'évasement d'une voiture feront un peu considérables ; de plus, l' observation que je fais ici ne peut être que très-utile, vu que sans être absolument nécessaire dans la pratique, elle accoutumera les Praticiens à faire attention aux changements qui se trouvent dans les cintres qui doivent être inclinés, où sans se servir d'un autre calibre que pour les cintres verticaux , prévenus du rallongement nécessaire des premiers, ils les feront un peu plus bombés que ce même calibre, ce qui les fera revenir plus justes.

Le changement qui se fait dans le plan de la face d'une voiture, se fait aussi pareillement sur le côté , comme on peut le voir dans la Fig. 2 , laquelle représente la moitié d'un battant de pavillon à trois cintres, dont les divinons, renvoyées sur la ligne d'inclinaison L , donnent sur le plan la ligne courbe

PLANCHE ipo.


a c , e gyitn ) o q , au lieu de la ligne droite a b df,&c. ce qui n a beloin d aucune démonstration d'après ce que je viens de dire à la Fig. 1.

Dans la conftruétion de la Fig. i, j'ai été obligé de faire le côté du plan du pavillon sur une ligne droite, ce qui n'a pu se faire autrement, afin d'avoir au juste la sortie du plan à chaque division de l'élévation, qu'il s'agit maintenant de reporter sur un plan de côté du pavillon avec son renflement, ce qui se fait de la manière suivante : On trace à part le plan du côté du pavillon felon la méthode ordinaire, c'essâ-dire) à 2 pouces & demi de renflement, ainsi que l'indiquent les lignes M N & N O ; on fait ensuite descendre les perpendiculaires provenantes de l'élévation , jusques & au-delà des lignes du plan Fig. 3, & on leur donne de longueur ce qu'elles ont dans le plan Fig. 2 , c'est-à-dire , qu'on fait la distance r 1 Fig. 3 , égale à b c, Fig. 2 ; celle s 2 égale à d e ; celle t. 3 égale \fg ; celle u 4 égale à h l ; celle x 5 égale à lin; celle y 6 égale à n o ; & celle 0 7 cgale à p q ; puis par les points M, 1*2, 3, 4, 5, 6 Se 7, on fait parler une ligne courbe qui est le plan du côté de la voiture.

Il faut faire attention que cette ligne n'est pas exactement courbe, mais qu'elle fait quelques jarrets qu'on corrige aisément , ainsi que je l'ai observé à la ligne P Q R9 laquelle s'écarte & se rapproche de la ligne du plan felon qu'il a été nécellàire pour qu'elle ait une forme gracieuse.

Les pavillons à trois cintres font, ainsi que je l'ai déjà dit, très-commodes pour l'assemblage & le raccordement des profils , parce qu'ils viennent presque de niveau sur les bouts , ce qui les rend aussi aisés à assembler que s'ils étoient droits ; mais il n'en est pas de même des pavillons à un cintre, lesquels, ainsi que la Fig. 4, viennent penchés par les bouts, de forte que pour les faire revenir ensemble, il faut faire pencher les bâtis de ces pavillons , ce qui est sùjet à bien des difficultés, ainsi que je vais le prouver.

Lorsqu on fait pencher les bâtis des pavillons suivant leur cintre, il arrive qu'on dérange le plan de la voiture , laquelle alors devient plus évasée qu'elle ne devroit l'être ; de plus, cette inclinaifbn des bâtis d'un pavillon diminue la hauteur de leur cintre & fait pencher leurs profils, ce qui fait un trèsmauvais effet.

Cette méthode est encore sujette à un autre inconvénient, qui est que les profils ne peuvent pas se raccorder à l'angle, à moins que le cintre de devant & celui de côté ne fbient d'une même inclinaifbn, ce qui est impofîible , ou du moins très-rare , de forte qu'un profil devient beaucoup plus bas que l'autre , quoique commençant au même point, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 4, où le profil c d, donné par la courbe a b c , est beaucoup plus bas que le profil cc, que je suppose venir de niveau pour rendre cette différence plus sensible.

On ne peut guere remédier à ces différents inconvénients, qu'en faisant porte

PLANCHE ipo,


porter de niveau les pieces du pavillon , ainsi que le prohl a fgi, & lailier du bois sur le bout des courbes pour regagner le cintre des autres pieces, ainsi que l'indique le triangle g h l, & laifler pareillement du bois en dessous jusqu' au point g i , afin que les angles intérieurs affleurent ensemble.

Cette méthode est d'autant plus commode, qu'on peut tracer les assemblages par-dessous & les placer de niveau comme je l'ai fait ici, ce qui allure là juftefle de l'ouvrage.

Ce que je fais ici pour un côté, se répète pour l'autre , ce qui ne soustre aucune espece de difficulté, en observant toutefois que la hauteur du triangle ghl n'est pas pour la courbe abc, mais pour celle qui vient s' y assembler ; de plus, il faut faire attention que comme les cintres font différents , il n'est pas néccffaire de laifler autant de bois aux deux pieces, ainsi que je l'ai indiqué par la ligne ponétuée l m.

Comme il y a des voitures où il n'y a pas beaucoup de renflement & dont le pavillon est presque plat, dans ce cas il faut suivre la méthode la plus usitée dans la conftruétion des pavillons , qui est de rainer les battants & de les placer à leur place sur la voiture toute montée ; puis après les avoir tracés de longueur, & fait les entailles pour recevoir les traverses , on fait un repaire sur la traverse du haut de la voiture au nud de cette entaille ; ensuite on raine pareillement les traverses, & on les met à leur place pour les tracer par le moyen du repaire qu'on a fait sur la traverse du devant. Quand les battants & les traverses font ainsi tracées, on y fait les tenons & les mortaises, puis on les assemble comme si l'ouvrage étoit tout-à-fait droit, ce qui revient à peu-près bien. Je dis à peuprès bien, parce qu'il est impoflible que les pavillons ainsi assemblés, reviennent juste sans rien changer à leur cintre ni au renflement de la voiture, comme je l'ai prouvé plus haut ; c'est pourquoi beaucoup de Menuisiers, s'appercevant de ces défauts, ont cherché divers moyens d'y remédier, foit en mettant leurs bois un peu hors d'équerre, ou en leur donnant un peu plus d'épaissèur au derriere des!

bâtis de leurs pavillons, ce qui a un peu pallié ces défauts, mais ce qui ne les a jamais réparés parfaitement ; c'est pourquoi on doit préférer la méthode que je viens de donner, laquelle est, à la vérité, un peu plus compliquée que la routine de la pratique ordinaire , à laquelle on doit toujours préférer une théorie fondée sur des principes sûrs & confiants.

Il est une autre maniere de déterminer le dessus des voitures, qui different des pavillons & des impériales , en ce qu'ils ne font cintrés que sur un sens , & que les chassis du pavillon ne font pas apparents , ainsi que les représentent les Fig. 1 & 2.

Les pavillons de ces voitures n'ont pas de traverses ; mais leurs battants viennent s'assembler dans les bouts des pieds corniers de la voiture , & fervent en même temps de traverses du haut de euftode & de frises de portieres , comme les représentent les Fig. 5 & 8. Le dessus de ces battants doit être ravalé à

PLANCHE tpOt

PLANCR.

19-14


l'endroit de la portiere , ( s'il arrive que cette derniere foit cintrée & plus élevée que les custodes, comme la Fig. 2 , ) d'environ 2 lignes de profondeur, pour pouvoir placer les voliges & le cuir, lequel doit affleurer au nud du bois.

Voyez. la Fig. 5.

A l'endroit des cuftodcs, ce ravalement se fait au-dessus du champ & de la moulure , en observant que ce ravalement ne descende pas jusqu au nud des champs , afin que les clous recouvrent dessus le bois, & cachent les joints du cuir.

Le dessous de la moulure à côté des custodes, doit être ravalé d'environ une ligne plus bas que le relief de cette derniere, afin de pouvoir placer le cuir qu'on y attache avec des clous, lesquels viennent joindre contre le bois, & cachent l'extrémité du cuir. Voyel la Fig. 7 9 où ce renfoncement est indiqué par la ligne cotée f.

Comme ces pavillons n'ont pas de moulures [aillantes, on y réserve un égout au milieu en forme de petite corniche, lequel empêche l'eau d'entrer par le dessus de la portiere. Voyet la Fig. 2.

Il arrive quelquefois que cet égout se fait en cuivre , ce qui est égal, & en même temps diminue l' ouvrage du Menuisier.

1 Quant à la largeur de ces battants de pavillon , ils doivent toujours avoir 3 pouces du dehors de l'ouvrage, afin de pouvoir y placer commodéme ît les flores ainsi que le battant CD, F ig. 2 ; mais cette maniéré de mettra les battants d'une largeur égale d'un bout à l'autre , souffre difficulté lorsque la glace de devant est de toute la largeur de la voiture , parce qu'alors le bout du battant & même l'intérieur du pavillon , faillifrent au-dedans de la glace jusqu'au point a 9 ce qui fait un fort mauvais effet, auquel on ne peut remédier qu'en rétréciflant la largeur de la glace , comme l'indique la ligne ah, Fig. 1. Si on ne vouloit pas rétrécir la glace , il faudroit alors mettre le battant de pavillon droit en dedans, comme celui A B , Fig. 3 , ce qui remédieroit au trop de largeur de l'autre, mais en même temps ce qui empêcheroit de mettre des glaces aux custodes , ce qui, d'ailleurs , n'est pas fort nécessàire , vu qu'on ne fait usage de ces fortes de pavillons qu'à de petites voitures, ou de peu de conséquence , auxquelles on ne met presque jamais de glaces aux custodes.

Quant à l'épaillèur de ces battants, elle est. déterminée par la largeur du profil, plus la portée nécessaire pour attacher le cuir ; il faut cependant faire attention, quand le haut de la portiere fera cintré, comme la Fig. 1, de laisser du bois par-derriere4e cintre , afin de conserver de la force au battant, ainsi que l'indique la ligne c de, Fig. 1.

Les cerces de ces pavillons s'assemblent toujours à l'ordinaire ;mais quand les battants font assez larges pour recevoir des flores , les cerces doivent affleurer au-dedans des battants, ce qui oblige à les tenir plus larges à leur retombée qu'au milieu, où ils ne doivent avoir que la largeur ordinaire. Voy. les Fig. 6 & 8.

Pour ce qui est de la maniéré de les cintrer , c'est toujours la même chose que ce que j'ai dit ci-devant ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas davantage.

PLANCHE 191.


Quant aux traverses du devant ou du derriere de la voiture, ce qui est ; la même chose, elles reçoivent la cerce du milieu qui s'y assemble à tenons & mortaises, & on a foin de faire un ravalement au derriere de ces traverses, pour pouvoir placer la volige & le cuir. Voyez la Fig. 4.

Je ne ni étendrai pas davantage au sujet de ces pavillons, vu que ce que j'ai dit ci-devant, est plus que suffisant pour donner la maniéré de faire les pavillons & les impériales de quelque forme qu'ils puissent être ; & que de plus, ceux dont je viens de parler, ne font pas susceptibles d'une grande précision, n'étant guere d'usage , comme je l'ai déja dit, qu'à des voitures de peu d'importance, ou aux Chaises & aux| £ abriolets couverts.

1

§. II. Des Brancards ; de leurs formes & cOlzflruaion.

J'AI donné ci-devant le détail des parties dont un brancard est composé ; il = s'agit maintenant de donner la maniere de les assembler & de les remplir , ce qui se fait de la maniéré suivante : La longueur & la largeur d'un brancard étant données, comme je l'ai expliqué page 520 , PL 187 , Fig. 7 , on marque la largeur des buttants , dont le dedans donne l'arrafement des traverses de renflement, auxquels on ralonge une barbe a, Fig. 1 , du côté du petit plafond , laquelle vient au fond de la feuillure faite dans le bout du battant pour recevoir ce dernier.

S'il arrivoit qu'il n'y ellt point de cave fous le brancard , dont l'épaisseur pût servir à porter le plafond du milieu , il faudroit alors faire la feuillure tout le long du brancard , & par conséquent ralonger quarrément la barbe , ce qui ne

souffre aucune difficulté.

On doit avoir foin en traçant les mortaises propres à recevoir les traverses de renflement, que le dedans des feuillures de ces traverses , foit placé au nud de l'ouverture de la portiere.

Les traverses des bouts du brancard doivent être plus longues d'arrafement que celles de renflement, de la profondeur de l'entaille qu'on fait au battant , afin d'en diminuer la largeur, & que par conséquent il foit moins sujet à se retirer.

Potthe qui est des assemblages de ces traverses , ils doivent avoir 6 à 8 lignes d'épaisseur, être placés parallèlement à leurs principales faces, & avoir pour joue la profondeur de la feuillure, afin que le tenon puisse être de toute la largeur de la traverse , & par conséquent donner plus de force à l'assemblage.

Quant à la largeur de ces traverses, celles de renflement ne peuvent guere avoir moins que 2 pouces & demi ; savoir , un pouce & demi de plein bois , & 6 lignes pour chaque feuillure. Quant à leur épaisseur, il est assez indifférent qu'elles ayent un pouce & demi ou deux pouces.

La largeur des traverses de renflement est bornée par la faillie du profil, &

PLANCHE ipi.

PLANCHE 192.


par l'angle que forme la courbe du brancard & le dessus de ces traverses , ce qui fait ordinairement 2. pouces & demi à 3 pouces. Pour leur épailîeur , c'est à peu-près la même chose qu'aux traverses de renflement. Voyet la Fig, 2 , où les traverses font marquées en coupe avec leurs assemblages , celles des bouts cotées A , & celles de renflement cotées C , ainsi que sur le plan Fig. 1.

Les bâtis de brancard font remplis en dedans par des especes de panneaux nommés plafonds , d'environ 9 lignes d'épaisseur , lesquels entrent tout en vie dans ces bâtis & y font attachés à demeure lorsqu'il n' y a point de cave à la voiture ; mais lorsqu'il y en a une, les plafonds du milieu cotés D, D , Fig. 2 , se lèvent, & alors on y observe environ 2 lignès de jeu au pourtour pour laifler libre la place qu'occupe le cuir dont les plafonds & même la cave est quelquefois garnie en dedans.

Quant aux plafonds des bouts, comme ils restent toujours à demeure , on les fait entrer juste dans leurs feuillures , sur lesquelles on les cloue & on les arrête.

Voyez les cotes B , B , Fig. 2.

Quoique j'aie marqué ces derniers plafonds d'une épaiJTeur égale à ceux du milieu , cette épaisseur ne leur est pas absolument nécessàire , parce qu'ils ne

portent rien; c'est pourquoi 6 lignes d'épaisseur peuvent leur suffire, ce qui épargne la matiere, & en même temps alégit la voiture , ce qui est fort à considérer.

Quant aux battants de brancard, je n'en parlerai pas davantage pour le présent, vu que je me fuis étendu à ce sujet en parlant de la forme des profils d'une voiture , & en parlant de la maniéré d'en déterminer la forme. Voyez ce que j'ai dit à ce sujet, page 513.

En général, le plan des brancards est susceptible de changement de même que celui des pavillons , à raison de l'inclinaifbn ou du cintre de la voiture.

Voyez ce que j'ai dit à ce sujet page 523 , Pl. 187, Fig. 2 & 3.

Les caves des brancards se font de la grandeur intérieure de ces derniers sur lesquels elles font attachées : ces caves se font en bois blanc, foit de tilleul ou de peuplier, ainsi que je l'ai dit plus haut ; elles font assemblées à queue d'aronde, & leur fond est attaché dessous avec des clous, ce qui est suffisant, parce que la ferrure qu'on y met, jointe à leur garniture de cuir tant inaieure qu'extérieure, leur donnent toute la solidité nécessàire.

La profondeur des caves cft ordinairement de 7 à 8 pouces , prise au milieu du brancard ; mais aux voitures de campagne, on augmente cette profondeur , afin qu'on puisse y placer plus de choses. Il y a de petites voitures où on borne la longueur de la cave entre les traverses de renflement, ainsi que celle indiquée par des lignes pondluées x *, Fig, 2 ; mais c'est un abus , parce que ces caves font non-seulement un mauvais effet, mais encore font peu utiles, vu leur peu de grandeur, & par conséquent de profondeur ; c'est pourquoi on fera très-bien

PLANCHE 192.


très-bien de les supprimer tout-a-iait lorsqu on ne voudra pas les faire de la 5 longueur ordinaire.

Lorsque j'ai traité de la disposition générale d'une Berline, j'ai dit qu'il feroit à [ouhaiter que le renflement fût un arc de cercle, & non pas des pans , dont les angles font toujours mal. C'est pour prouver cette vérité , qui cependant n est qu'une opinion qui m'est propre , que j'ai reprélenté , Fig. 2 , PL 188, un battant de pavillon ainsi disposé, & que j'ai dessiné pareillement ici, Fig. 3, un battant de brancard, dont le renflement est cintré suivant les mêmes principes.

J'ai donné dans la Planche précédente la description d'un brancard vu en !

plan ; il me reste à présent à faire voir l'assemblage de ces mêmes brancards avec les pieds corniers de la voiture.

Lorsque les brancards ont une faillie apparente en deÍfous, comme à la Berline dont je fais la description, & ainsi que le représente la Fig. 1, cote B ; dans ce cas , dis-je, les pieds corniers s'assemblent à tenons & mortaises dans le battant de brancard , dont le dessus est indiqué par la ligne a b, Fig. 1, .2 & 3.

L'arrafement du dedans du pied cornier se coupe quarrément suivant cette ligne, comme je l'ai observé dans la Fig. 1, cote C & D. Pour l'arrafement du dehors, la coutume est de faire une coupe dans le battant de brancard, de la largeur du premier membre du profil, laquelle tend au centre du brancard , & de couper le reste en pente jusqu'au nud du dessus du battant de brancard ainsi que l'indiquent les lignes c d & de, ce qui, par conséquent, oblige de ralonger une barbe au pied cornier , ainsi qu'on peut le voir Fig. I , cote A J qui représente le pied cornier désassemblé vu en dehors , de même que la Fig.

2, cote C, représente ce même pied désassemblé vu en dedans, cest-à-dire, du côté des rainures ; cependant je crois que malgré l'usage , il vaudroit mieux ne faire qu'une coupe à l'arrafement du pied cornier tant en dedans qu'en dehors, comme celle se , Fig. l , ce qui feroit d'autant plus avantageux , que le joint du pied cornier du côté de la face de la voiture , se trouveroit caché dans l'enroulement de la volute qu'on fait au bout du battant de brancard, & qu'on ne feroit pas exposé, comme il arrive tous les jours , à voir bailler ce joint.

L'assemblage des pieds corniers paffe tout à travers du brancard, & on doit toujours le faire descendre à-plomb , sans avoir aucun égard au cintre du côté de la voiture, ainsi que je l'ai observé dans la Fig. 3. Quant à la place de ces assemblages, c est-à-dire, à l'épaisseur de leur joue , la coutume est de faire affleurer le devant du tenon avec le nud du ravalement de la rainure, ainsi que je l'ai observé aux Fig. 1, 2 & 3 ; mais je crois que malgré l'usage on feroit très-bien, ainsi que je l'ai déja dit en faisant la description des profils d'une Berline, page 513* on feroit très-bien y dis-je , de reculer cet assemblage de manière qu'il reste entre ce dernier & le ravalement , une joue de 3 à 4

PLANCHE 15)2.

PLANCHE 193.


lignes au moins , & de faire paffer la joue de devant en enfourchement par-dessus le ravalement de la rainure du brancard , dans laquelle on peut faire entrer un petit tenon , ce qui rendroit l'ouvrage très-fblide , ainsi que je rai indiqué par des lignes ponétuées Fig. 3.

J'ai donné dans la Planche précédente, Fig. 1, cote A , la forme , ou pour mieux dire le profil des traverses du bout du brancard ; cependant comme ce dernier est tracé tout seul , j'ai cru devoir répéter ce profil dans la Fig. 2, cote D , ou le brancard se trouve assemblé avec le pied cornier , afin qu'on puisse mieux juger de la place où la traverse doit être mise, & qu'on puisse en même temps voir que c'est d'après la rencontre du devant de la rainure du pied cornier avec le nud du brancard , que doit être placé le devant de la rainure de la traverse, à laquelle on doit avoir grand foin de faire suivre la pente de celle du pied cornier.

Quant au profil des traverses des bouts de brancard , ce doit être le même qu'aux pieds corniers; & comme il arrive quelquefois que ce profil n'en occupe pas toute l'épaiileur , on abat en chanfrein ce qui reste de bois d'après la largeur ; cela donne à ces traverses une légéreté du moins apparente.

Lorsque les brancards n'ont pas de faillie en dessous de la voiture, & que par conséquent la moulure des pieds corniers tourne au pourtour de cette derniere, comme dans la Fig. 4, cote F, on peut en assembler les pieds corniers avec les brancards à tenons & mortaises comme ceux dont je viens de parler, en observant d'y faire un enfourchement avec un double assemblage ; mais comme on pourroit craindre que ces assemblages ne fuflent pas assez fblides , & qu'en faisant paffer les assemblages au travers du brancard, l'ouvrage ne fût pas assez propre, vu que l'on continue les moulures jusqu'en dessous des battants du brancard , il vaudroit mieux faire ces assemblages à trait de Jupiter , comme je l'ai observé à la Fig. 4, cote F , qui représente un pied cornier vu en parement & assèmblé à trait de Jupiter avec son brancard ; & à celle cote E , qui représente ce même pied cornier tout désassemblé, & où la place des assemblages est indiquée par des lignes ponétuées ; voyez pareillement la Fig. 5 , cote H, qui représente ce même pied tout assèmblé vu en dedans ; & celle cote G , même Figure, qui représente ce même pied cornier tout désassemblé.

Quant au trait de Jupiter, on le fait toujours perpendiculaire avec le brancard , sans avoir aucun égard au cintre ou à l'inclinaifbn du côté de la voiture , & on doit toujours avoir foin de le placer d'après le profil de face du pied cornier, afin qu'aucun des membres de moulure ne foit coupé ni par les joints du trait de Jupiter, ni par la clef, comme je l'ai observé à la Fig. 6, qui représente un pied cornier vu de face , & à la Fig. 8 , qui représente le bout d'un battant de brancard , ou, ainsi qu'à la Fig. 6, le trait de Jupiter est reculé au derriere du profil, du moins autant qu'il a été possible.

Quand les voitures font ainsi disposées, c'est-à-dire, quand les profils des pieds corniers tournent au pourtour du brancard > on n'y met ordinairement point

PLANCHE i5?3«


de cave , & on fait continuer les moulures de la face du pied cornier par-dessous du brancard jusqu'à environ les traverses de renflement , n'étant pas nécessàire qu'elles aillent plus loin, parce que non-seulement elles ne feroient pas vues , mais encore elles nuiroient à la portée des soupentes, supposê que la caiflfe fÚt portée de cette maniere.

Pour ce qui est du panneau de devant, on le termine toujours à l'ordinaire;

cest-à-dire , au nud de la traverie du brancard, ce le rette le remplit par un panneau ou plafond, ainsi qu'aux autres voitures; ce qui fait un assez mauvais effet, parce que le dessous de la voiture étant apparent, on laifle voir ce plafond, qui n'étant aucunement décoré , ne répond plus au reste de l'ouvrage.

J On a cherché à remédier à cet inconvénient, en mettant un faux-panneau entre les battants de brancard , la traverse du bout & celle de renflement, ce qui est plus propre à voir que le dessous d'un plafond, mais ce qui n'est pas encore d'une décoration assez réguliere , vu la grande différence qu'il y a entre la largeur des pieds corniers & les battants de brancard , laquelle différence rend le panneau de dessous du brancard beaucoup plus court que celui du devant de la voiture ; ce qui est un défaut auquel on peut remédier; en ravalant le dessous des battants de brancard à la largeur des pieds corniers, & en faisant passer la traverse du bout du brancard en enfourchement par-dessus ce ravalement.

P^oye^ la Fig. ) , cote H, sur laquelle j'ai marqué la coupe d'une traverse du bout de brancard ainsi disposée ; & la Fig. 7, qui représente cette même traverse vue de face avec ses assemblages & ses ravalements. Voyez aussi la Fig. 8 p qui représente un bout de battant de brancard, dans lequel cette traverse est assemblée & vue en dessus.

On pourroit, si on le jugeoit à propos, supprimer tout-a-fait la traverse du bout du brancard , du moins en apparence, en jettant bas la faillie du profil, &.

en faisant passer le panneau par-dedus cette traverse , ce qui feroit très-bien , à la vérité , mais ce qui obligeroit à faire un joint au panneau à l'endroit de la traverse du bout du brancard, sur lequel on l'attacheroit bien solidement tant en dehors avec des clous d'épingle, qu'en dedans avec du nerf battu & collé tant sur les panneaux que sur la traverse.

Cet expédient paroît d'abord très-bon ; mais r expérience le condamne, parce qu'il est très-rare que ces fortes de joints ne travaillent, & par conséquent ne s'ouvrent lorsque la voiture est finie, ce qui est fort à craindre.

On ne peut donc raisonnablement faire passer les panneaux plus loin que les traverses du bout des brancards, qu'autant qu'on trouvera des planches assez larges pour le faire, ce qui est très-rare. Si cependant il s'en trouvoit qui, sans être assez larges pour aller jusqu'à la traverse de renflement, ( ce qui est presque impossible ) fuflent de 7 à 8 pouces plus larges qu'à l'ordinaire, on pourroit les faire servir de toute leur largeur, en les faisant paffer par-dessùs la traverse du bout du brancard 9 & en rapportant à ce dernier une fauflfe traverse, laquelle

«

PLANCHE 193-


recevrait l'extrémité du panneau ; ce qui feroit d autant mieux, qu en faisant aller le panneau jusqu'à la traverse de renflement, on n'en voit presque plus les moulures, lesquelles se trouvent cachées fous la voiture.

§. III. De la conJlruBion des différentes parties extérieures du corps d'une Berline.

L E haut des pieds corniers est disposé pour recevoir les traverses foit du devant ou du derriere de la voiture, qui viennent s' y assembler à tenons & mortaises, comme je l'ai déja dit.

Ces traverses s'assèmblent d'onglet jusqu'au derriere de la moulure ; & pour donner plus de force à l'assemblage , on coupe l'arrafetllent du champ en pente jusq u'au devant de la barbe. Voye{ la Fig. i. Comme ces traverses font minces, elles n'ont point de joue, ou pour mieux dire d'arrafement par derriere , leurs tenons entrant dans le pied cornier au nud du ravalement de ce dernier.

Voye* la Fig. 2 , cote C, où on peut remarquer que pour conserver de la force au tenon, on n'y fait point d'épaulement, ce qui oblige à tenir les pieds corniers de 6 lignes plus longs que la largeur de la traverse, laquelle largeur ne se coupe pas après que l'ouvrage est chevillé, mais au contraire, on la conferve & on la fait entrer dans les entailles pratiquées à cet effet dans le pavillon ; les montants de custodes étant très-minces, ainsi que les traverses dont je viens de parler, ne peuvent guere être assemblés à tenons & mortaises dans ces dernieres , vu leur peu de largeur ; c'est pourquoi on a préféré de les y aŒetnbler à queue par derriere & d'onglet par devant, comme on peut le voir dans les Fig. i & 2 , cotes A & B ; & aux Fig. 3 & 4 , dont l'une représente le haut d'un montant tout désassemblé vu de face, & l'autre ce même montant vu de côté.

Ce que je viens de dire pour le haut des montants de custode, doit aussi s'entendre pour tous les autres montants de la même espece , foit qu'ils soient droits ou courbes, & même pour ceux des glaces de devant.

Le bas des montants de custode, lorsqu'ils font droits, s'assemble à tenons & mortaises dans la traverse d'accotoir, laquelle est plus épaisse qu'il ne faut pour qu'elle aie une joue derriere l'assemblage. Lorsque ces montants font cintrés, on les assemble de même à tenons & mortaises, en observant d'y faire la coupe à la rencontre des deux profils , comme l'indique la ligne a b., Fig. 5. Voyez cette même Figure, cote D & E , qui représente ce montant vu par derriere tout assemblé & désassemblé, cote F, même Figure.

Il y a des Menuisiers en Carrossès qui, pour donner plus de solidité à ces montants , les font plus larges par le bas , afin d'avoir plus de largeur de tenon, comme l'indiquent les lignes cd & b e, ce qui est , à la vérité , plus solide que les autres ; mais aussi ces montants ainsi disposés, ont-ils le défaut de présenter

PLANCHE l93*

PLANCHE igl.


présenter un joint au nud de la ligne c d, qui est la rencontre du panneau avec ; le montant , ce qu'il faut éviter.

En général, les montants de custode font rainés par derriere , c'est-à-dire > sur le champ intérieur pour recevoir le panneau de custode auquel ils affleurent par derriere ; je ne fai pas trop pourquoi on ne fait pas le panneau & le montant de la même piece , ce qui feroit beaucoup plus fblide que de les faire de deux morceaux - collés ensem ble. - "- - .:.. - .- -

La feule raison qui ait pu engager a faire les panneaux oc les montants de custode de deux pieces, n'est guere que pour épargner un peu de perte de bois, vu que trois ou quatre lignes a épaisseur suffisent pour le panneau, & qu'il en faut environ huit pour le montant, ce qui fait quelque différence pour l'économie de la matiere , laquelle différence ne doit cependant pas l'emporter sur la solidité ; de plus, il n' y a pas de différence pour la façon, le ravalement du panneau n'étant pas plus long-temps à faire que fan joint avec le montant, sans compter que les montants faits à part, font extrêmement fragiles , vu leur peu de largeur.

Les traverses d'accotoirs s'assemblent d'onglet tant dans les pieds corniers que dans les pieds d'entrée, & il faut observer d'y laisser par-defrus le bois néccffaire pour raccorder avec le montant de custode ; cette faillie ne doit être qu'en parement , & elle doit être réduite en dedans de la voiture à l'épaisseur du montant de custode dont elle fait partie , afin qu'on puisse y attacher le gousset dessus , comme je le dirai ci-après.

Quant à l'épaisseur des traverses d'accotoirs , elle ne doit être que de 7 lignes du derriere du montant, qui est la distance nécessaire pour placer la glace , laquelle y est retenue par un apfichet ou joue qu'on rapporte à plat sur le derriere de la traverse d'accotoir. VO)lez. la Fig. 7, laquelle représente le profil d'une traverse d'accotuir, prise à l'endroit des panneaux ; & celle 8 , qui rcpréfente la coupe de cette même traverse , prise à l'endroit de la glace avec sa joue de rapport.

Dans toutes les coupes dont je viens de parler, j'ai toujours représenté les joints des moulures coupés d'onglet, ainsi que le représente la Fig. 10, parce que cette maniéré de faire les coupes des moulures est beaucoup plus propre que celle représentée Fig. 11 , qu'on nomme joint à la CarroJ/iere. Cette derniere maniéré de faire les coupes, (jft non-seulement moins propre que la premiere, mais encore a-t-elle le défaut de rendre l'ouvrage plus long & plus difficile à faire , ainsi que je l'ai prouvé en parlant des outils des Menuisiers en Carrosses, page 474.

Le derriere des montants de custode est garni par un goulïet de 7 lignes d'épailîeur , lequel affleure au derriere de la traverse d'accotoir, & dont l'extrémité fiipérieure vient mourir contre le coulisseau de côté ; ce gousset redescend ordinairement d'environ quatre lignes plus bas que le dessus du montant de

PLANCHE 19f.


custode , afin que la faillie de ce dernier forme une joue pour retenir la glace & le faux-panneau, & on fait venir le dessus de l'apfichet ou joue de rapport, au nud du dessus du profil du montant, de forte que la glace ou le faux chassis entre à rainure par le bas comme par les côtés, ainsi que je l'ai indiqué par les ponétuations , cote a b c d, Fig. 8 , ce qui oblige alors à ravaler le dessus de la traverse d'accotoir jusqu'au fond de cette rainure, ou pour mieux dire , de ce recouvrement, indiqué par la ligne g IL , Fig. 6 , sur laquelle on fait alors descendre le bas du gousset.

Cette manière de disposer les gouflfets des custodes est très-bonne , vu la solidité que donne cette espece de rainure du bas ; mais aussi a-t-elle le défaut que l'eau entre & séjourne dans cette même rainure , ce qui fait non-seulement décoller l'étoffe dont elle est garnie , mais encore fait pourrir le bois , ce qui facilite l'entrée de l'eau dans l'intérieur de la voiture.

Pour remédier à cet inconvénient, je crois donc que sans avoir égard à la coutume, on feroit très-bien de ne point laiÍTer de recouvrement au bas de la glace , & de faire affleurer l'extrémité du gousset avec le dessus du montant de custode, à l'endroit où la traverse d'accotoir s'assemble dans le pied d'entrée, & de cintrer le gousset, de manière que du point e, Fig. 6 9 il s'éloignât insensiblement du nud du devant du montant de custode, afin que le recouvrement qu'on supprime par le bas se retrouve par le côté, ainsi que l'indique la ligne courbe e il, laquelle , depuis le point e , s'écarte toujours de celle emn9 qui est le devant du montant de custode.

En disposànt ainsi le gousset des custodes , il faut que l'apfichet ou ioue de rapport, remonte au-dessus du nud du montant, ou pour mieux dire, de la traverse d'accotoir, de 4 à 5 lignes , ce qui est nécessaire pour retenir la glace, & on doit disposer le cintre de cet apfichet de manière qu'il vienne rencontrer le devant du montant de custode à 4 ou 5 pouces au-dessus de la traverse d'accotoir , comme l'indique la ligne o p n , Fig. 6.

Cette manière de disposer les recouvrements des glaces de custode, est la même qu'aux portieres, & ne souffre aucune difficulté, vu que si les montants de custode étoient droits, on l'etnploieroit nécefliirement ; c'est pourquoi on peut donc l'employer lorsqu'ils font cintrés.

Quant aux goussèts , on les colle sur les montants & les panneaux de custode, & il est bon d'y mettre de petits clous pour les arrêter sûrement.

Quant aux apfichets de rapport, on les cloue tant sur la traverse d'accotoir que sur les goussets. Voyez. la Fig. 12, laquelle représente le dedans d'une custode avec le pied d'entrée, cote G, & le coulissèau H, le gousset 1 & l'apfichet L , dont les nuds font marqués des mêmes lettres que la Fig. 6. Voyez aussi la Fig. 9 9 qui représente un apfichet séparé , dont la hauteur a été donnée par le :=: profil Fig. 8.

� Pour terminer ce qui me reste à dire touchant la conftruétion des parties

PLANCHE W.

PLANCHI 1$;.


extérieures dune Berline , jai represente dans cette Planche les plans, les !

différentes coupes & les élévations , tant intérieures qu'extérieures , d'une portiere de la Berline qui a fait jusqu'à présent le sujet de la description , d'après laquelle j'ai donné des réglés dont on peut faire l'application à toutes fortes de voitures en général, n' y ayant de différence entre les voitures en usage a présent que pour la forme générale, leur conftruélion étant toujours à peu-près la même, ainsi que je l'ai dit plus haut.

Comme j'ai déja donné le détail des différentes parties dont une portiere est cOlnpofée, je ne me répéterai pas ici, me contentant de faire voir ces parties déjà détaillées , toutes assemblées & vues de différents sens, afin qu'on foit en état de juger du rapport qu'elles ont les unes avec les autres.

La Fig. 3 représente la moitié de la portiere vue en parement & toute assemblée d'onglet, ainsi que je l'ai recommandé ci-devant, & garnie de son panneau.

La Fig. 1 représente le battant vu en parement & tout àéfaÍfemblé, & la Fig. i, ce même battant vu par dedans, c'est-à-dire , du côté des rainures , lesquelles y font observées, ainsi que les assemblages, la coulisse de la glace & le panneau de doublure , qui y est indiqué par les lignes ponctuées e f Comme la traverse du haut de la portiere doit n'avoir d'épaisseur que la faillie du profil par rapport au coulement de la glace, & que cependant il faut qu'elle foit affernblée d'onglet par devant, on n'y fait qu'un tenon très-mince sans joue par derriere , afin d'avoir allez d'épaisseur pour y faire passer le dessus du profil en enfourchement, comme je l'ai observé dans cette Figure.

La Fig. 4 représente l'autre moitié de portiere, ou pour mieux dire, la même moitié que celle dont je viens de parler , mais vue par derriere toute assemblée & prête à recevoir le panneau de doublure, que j'ai supprimé, afin qu'on puisse y voir le derriere du panneau & la barre qui le soutient.

Comme il arrive quelquefois que les glaces ne defeendent pas jusqu'au dessus de la traverse d'en-bas de la portiere , on y place une tringle de bois sur le champ , laquelle reçoit le dessous de la glace, comme l'indique la ligne g A.

Ces tringles ou barres font nécessàires non-seulement quand les glaces ne descendent pas jusques dessus la traverse d'en-bas , mais encore lorsque quand elles y descendent, elles ne portent que sur l'angle i, parce qu'alors elles ne portent que sur ce point, ce qui expose les chassis de glaces à se défeffembler, & même les glaces à se casser lorfq u' on les laisse tomber lourdement.

On pourroit se passer de rapporter des tringles lorsque les glaces descendent jusques de (lus les traverses d'en-bas, en faisànt passer droit le dessùs de ces dernieres d'après le derriere de la rainure , ou si les glaces defeendoient plus bas, en les ravalant à la hauteur nécessaire.

La Fig. 5 représente le battant de la portiere vue par derriere , & tout désassemblé ; & la Fig. 6, la coupe de la portiere prise au milieu de sa largeur.

PLANCHE 1,9).


Les Fig. 7 & 8 représentent des coupes de largeur de la portiere , prises à diffé- � rentes hauteurs, l'une sur la ligne a b 9 & l'autre sur celle c d, Fig. 1 * SECTION QUA TRI E M E.

Description dune Diligence , & de toutes les parties qui la coiiipo ent.

LES Diligences n'étant que des Berlines dont on a supprimé la custode de.) devant, elles doivent être nécessairement construites comme ces dernieres, tant ; pour leurs formes générales , ( abftraétion faite de ce qu'on a retranché ) que .!

pour les parties qui les composent, lesquelles font à peu-près les mêmes à quelques changements près.

Le plus considérable de ces changements, consiste en ce que ces voitures qui, faites pour n'avoir qu'un siége, en ayant souvent deux , on a été obligé d'y faire la feule custode qu'elles ont plus large de 3 pouces à la ceinture , & de 2. pouces & demi par le haut, que celles des Berlines , afin que deux personnes puissent y être placées commodément vis-à-vis l'une de l'autre.

Cette différence de largeur de custode a empêché de placer le centre du cintre du brancard sur la ligne E F , Fig. 1, qui est le milieu de la portiere , ainsi qu'aux Berlines , parce que fit on l'avoit placé ainsi, non-seulement ce cintre auroit eu mauvaise grâce, mais encore n'auroit pu être exécutable si la Diligence eût été destinée à être portée par de longues soûpentes ; il auroit fallu placer les crics de derriere extrêmement haut, vu que presque toute la relevée du cintre se feroit trouvée sur le derriere : ce font ces considérations qui ont obligé de reculer le centre du cintre du brancard de la ligne E F à la ligne AB, laquelle partage à peu-près la longueur de la voiture en deux parties égales, du moins pour la portée du brancard, dont le cintre ne releve plus guere par derriere que par devant, ce qui est nécessaire quand la voiture doit être portée par de longues soûpentes. *

Il résulte de cette maniéré de cintrer le dessous des brancards , que le bas de la portiere n'est plus de niveau , ce cintre lui donnant 3 pouces plus court par devant que par derriere , ce qui fait un assez mauvais effet, auquel il n'y a pas d'autre moyen de remédier qu'en plaçant le centre du cintre du brancard plus proche du milieu de la portiere, ce qu'on ne peut faire , comme je viens de le dire , lorsque la voiture est portée par de longues [oûpenres , sans être obligé d'élever extraordinairement les crics de derriere, afin que la voiture se trouve toujours d'à-plomb , ou bien sans s'exposer à la faire pencher en arriere , ce qui est un très-grand défaut, auquel les Diligences font d'autant plus sujettes, qu elles ne font presque jamais chargées que sur le derriere, ce qui les fait pencher de ce côté pour peu qu'elles soient mal suspendues (*).

(*) Je ne parlerai pas ici de la maniéré de latif au sujet dont je traite, & que cela regarde suspendre les voitures, vu que cela n'est pas re- plutôt le Charron & le Serrurier, que le MeLorsque

PLANCHE 19Y.

PLANCHE 196.


Lorsque les voitures font portées par des ressorts, on est moins gêné pour la forme du brancard, dont on peut alors rapprocher le centre , non pas au milieu de la portiere, ce qui feroit mal, ainsi que je viens de le dire , mais en le plaçant sur la ligne CD, Fig. 1, laquelle tient le milieu entre celles A B & E F , ce qui donne à la voiture une forme assez gracieuse , & qui diminue beaucoup de l'inégalité du bas de la portiere , ce qui est un très-grand avantage. Voyez la ligne a b, qui est le dessous de la portiere, dont la différence de hauteur d'angle en angle n'est guere que de 15 à 16 lignes , & la ligne c de , qui est le dessous du brancard dont le centre se trouve sur la ligne C D.

La largeur des portieres est la même qu'aux Berlines, c'est-à-dire, de 2 pieds entre les pieds d'entrée ; du moins c'est la mesure ordinaire pour la hauteur de la voi.

ture,& 4 pieds 4 pouces du deŒus de la marche au dessous de la frise de la portiere.

Pour le cintre du haut d'une Diligence , c'est-à-dire du pavillon , foit qu'il foit à un feu! ou à trois cintres ; le milieu de ces cintres, & par conséquent leurs centres , doivent toujours être placés sur la ligne E F 9 qui est le milieu de la portiere , laquelle , dans tous les cas, doit être d'équerre par le haut, c estdire , d'angle à angle , ainsi que je l'ai observé dans cette Figure.

Les pieds d'entrée, ou pour mieux dire, les pieds corniers d'une Diligence doiven tavoir 2. pouces & demi de largeur par le haut, 3 pouces à la ceinture , & environ 5 pouces par le bas, afin de leur donner une forme creuse par devant, laquelle fert à donner une espece d'empattement à la voiture , & à empêcher qu'elle ne paroisse pencher du devant, ce qui paroîtroit à la vue, si le devant étoit exaélement d'à-plomb.

La largeur de ces pieds corniers ne peut pas être moindre que 2 pouces & demi, parce qu'il faut qu'ils contiennent d'abord la faillie du profil qui est de 8 lig nés , plus 14 lignes pour la place de la glace & son coulement, les huit lignes restantes étant pour l'épaisseur de Tapfichet & pour la joue de la coulisse.

Quant à leur épaisseur s c'ef1:-à-dire , leur largeur du côté de la face, elle peut varier félon la largeur du profil, ou pour quelquautre raison que ce foit ; mais elle ne peut être moindre de 15 lignes, ainsi que je l'ai prouvé page) I 5 , Pl.

iS6,Fig. 8.

Je ne parlerai pas ici de la maniéré de tracer le cintre du derriere ou cul-desinge d'une Diligence , parce que ce ne feroit qu'une répétition de ce que j'ai dit en parlant des Berlines , page 517 & jùiv. c est pourquoi je me contenterai

nuifîer ; cependant si on faisoit bien attention que c'efi de la forme du cintre du brancard d'une voiture quelconque, que dépend l'inclinaison de cette derniere, foit par devant ou par. derriere, on connoîtroit combien il est nécessaire aux Menuisiêrs de prendre quelque connoissance de cette partie des voitures ; c'efi pourquoi je crois devoir leur conseiller de s'informer de quelle maniere la voiture qu'ils font doit être suspendue , de la hauteur & de l'é-

loignement des points de suspension, afin que ces connoissances acquises les mettent dans le cas de donner au cintre des brancards une forme convenable , c'est-à-dire 5 qui puiflfe confervec l'équilibre de la voiture à raison de sa pesanteur & de la charge qu'elle doit porter, foit que l'une ou l'autre fût égale des deux bouts de la voiture, ou qu'elles fuiTent inégales, comme dans le cas d'une Diligence ou toute autre voiture dont la charge est tout d'un bout.

PLANCHE 196.


d'avertir que ces cintres se font toujours par la même méthode que j'ai donnée ci-devant, laquelle est applicable à toutes les especes de voitures susceptibles de cintres, foit que ces mêmes cintres soient plus plats ou plus bombés que celui sur lequel j'ai fait la démonstration de cette méthode.

Ce que je dis pour le cintre du cul- de-linge, doit aufli s'entendre pour celui de la custode, qu'on fera le plus gracieux possible, en évitant sur-tout que le montant devienne parallele avec le pied cornier, parce que s'il l'étoitil paroîtroit rentrer du haut, ce qu'il faut éviter.

Un autre changement qui se trouve dans la conftruétion d'une Diligence, ou pour mieux dire, une des différences qui se trouvent entre ces dernieres & les Berlines , consiste en ce que le bas des portieres est gauche , lequel gauche se trouve néceiîàirement donné par les différentes formes des plans d'une Diligence, pris à différentes hauteurs , ce que je vais expliquer.

Le derriere d'une Diligence est de la même forme qu'une Berline , c'estdire , qu'il doit avoir 36 pouces de largeur au brancard, 40 pouces à la ceinture, & 41 pouces par le haut, comme je l'ai observé à la Fig. 2. , qui représente la moitié du derriere d'une Diligence laquelle moitié est exaétementla même que celle d'une Berline. Pour la face du devant d'une Diligence, Fig. 3, elle doit être droite & d'à-plomb, ( du moins c'est l'usage ) & d'une largeur égale du haut en bas , laquelle largeur est égale à celle du derriere prise au bas du brancard, c'est-à-dire, de 36 pouces ou 3 pieds, de forte que le brancard est d'une largeur égale par les deux bouts , comme l'indique la ligne a b , Fig. 4; ensuite à l'à-plomb du dehors de la portiere , on met 9 lignes de renflement au point c , par lequel on fait paffer les lignes a c & c b , lesquelles donnent le plan du brancard pris sur la ligne horifontale G H, Fig. I.

On trace ensuite le plan de la ceinture , en prenant la distance id, Fig. 4, ( qui est égale à celle N Z , Fig. 1. ) & la portant de c à e, par lequel point on fait passèr les lignes de & eh, ce qui donne le plan de la ceinture de la Diligence, dont le point b est la réunion de tous les différents plans , ce qui ne peut être autrement, puisque la ligne IL , Fig. 3 , représentée en plan par ce point, est exactement d'à-plomb.

Reste ensuite à tracer le plan du pavillon, ce qu'on fait en menant une ligne du point e au pointe, laquelle donne le plan de la partie du derriere du pavillon. Pour le devant, c'est le même plan qu'à la ceinture, ce qui est absolument nécessaire. pour conserver le parallélifine des plans à l'endroit des glaces, qui se confondent ici dans la ligne d b y par la raison que je viens de donner que tous les différents plans de la voiture doivent se réunir au point b > ce qui donne le triangle c e b, Fig. 4, lequel représente en plan le gauche du bas de la portiere, dont l'élévation, ou pour mieux dire, le profil est représenté par la ligne M N 0, Fig. 2 , & par celle P Q R, Fig. 3 , prise à l'endroit du pied d'entrée.

Le battant de portiere du côté du pied cornier de devant, ne. doit être droit

PLANCHE .19 Si


que sur la rive de i ouverture oc ëtre mis d equerre enlulte, ou pour mieux dire, être gauchi depuL l'appui jufquen bas, à raison de l'inclinaison des différents plans de la voiture, en observant toujours que le haut de ces battants foit exaélement dégauchi". Ce que je dis pour les battants du côté du pied d'entrée, doit aussi s'entendre de ceux qui leur font opposés , ainsi que je l'ai expliqué en parlant de la maniéré de corroyer le bois des voitures.

Il résulte de cette maniere de disposer les différents plans d'une Diligence , que la portiere est parfaitement dégauchie à l'endroit de la glace ; mais il n'en est pas de même de la custode , laquelle devient absolument gauche , puisque les lignes qui la représentent en plan ne font pas parallèles entr elles , mais au contraire de distantes qu'elles font sur le derriere , viennent se rejoindre ensemble, Fig. 4, au point e, qui leur est commun , ce qui donne le gauche dont je parle , auquel on ne peut guere remédier qu'en évasant le devant de la voiture, comme l'indique la ligne IS, Fig. 3 , dont l'évasement ou distance L S de la ligne IL, qui est le devant du pied cornier, est donné par celle b h, Fig. 4, laquelle on fixe sur le plan,, en menant du pointfau point g, une ligne parallèle à celle d e ; & du point g au point h , une autre ligne parallele à celle e b ; ce qui, à la vérité, change le plan du pavillon, mais en même temps rend aux plans de la ceinture & du pavillon de la Diligence, le parallélisme qui leur eftnéceflaire, pour la place des glaces tant de portieres que de custodes , ainsi que je l'ai prouvé page S22.

L'évasement qu'on donne au devant d'une Diligence, ne fait pas un fort bon effet, à cause de l'inégalité de la largeur du pied cornier vu de face, laquelle ne peut guere être tolérée , à moins qu'il n'y ait de l'ornement qui manque cette inégalité, qu'on peut cependant diminuer de moitié , en partageant la distance qui se trouve entre l'à-plomb de la ceinture & celui du pavillon, ce qui diminueroit le mauvais effet de cette inégalité de largeur.

J'ai dit plus haut que le devant d'une Diligence devoit être perpendiculaire, ce qui ne peut être exaélement vrai, qu'autant que le plan du brancard de la Diligence ne feroit pas évasé à l'endroit des portieres, comme on en voit plusieurs.; mais quand ce plan est évasé comme je l'ai représenté ici, cette perpendiculaire ne peut être prise que sur la ligne T U, Fig. 1, laquelle descend du haut de cette derniere au point b du plan Fig. 4, auquel point j'ai fixé la largeur du devant de la voiture, laquelle devient plus étroite par le bas , à cause de l'évasement de la voiture , comme je vais le démontrer.

Soit la distance a b, Fig. 5 , la largeur du haut du pied d'entrée , celle a c sa largeur à l'appui, & celle a e sa largeur a d, prise au nud du brancard ; foit pareillement la ligne e f, donnée par le renflement du brancard; il est très-aisé de voir qu'en faisant paffer cette ligne par le point b, qui est le même qu'à la Fig. 4, elle rentre néceffairenlent en dedans de la ligne a d, ce qui rétrécit la largeur de la voiture ; & qu'au contraire si on faisoit passer la ligne de renflement

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par le point d, comme la ligne dg, cette derniere s ecarteroit du point b > ce qui augmenteroit la largeur de la voiture.

Cette observation est très-importante pour tracer les traverses du devant, non., feulement des Diligences dont il s'agit ici, mais encore de toutes celles dont les côtés du plan ne font pas parallèles , & dont la face n'est pas perpendiculaire.

Les pavillons des Diligences peuvent être à un ou à plusieurs cintres , comme je l'ai dit plus haut, ainsi que ceux des Berlines ; pour leurs cerces, elles peuvent être disposées parallèlement ou bien en impériale ; dans l'un ou l'autre cas 9 on aura la courbe de ces cerces félon la méthode que j'ai donnée en parlant des pavillons & des impériales des Berlines ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas ici, me contentant de donner dans cette Planche le plan du pavillon d'une Diligence vue en delTous, & d'y marquer toutes les courbes des cerces , avec les opérations nécessaires à la confhuction de ces cerces , dont les retombées ont été prises d'après la ligne X Y 9 Fig. r & 3 , PL 19 J , laquelle pasle par le plus haut point du chassis du pavillon de cette voiture. Voyel les Fig. 1 & 1, dont l'une représente le dessous d'un pavillon de Diligence, & l'autre une cerce du milieu de la largeur, avec la coupe de celle de longueur.

: Les brancards des Diligences n'ont rien de différent de ceux des Berlines, du moins pour leur conftruétion , laquelle est toujours la même, en observant d'y mettre une fausse traverse de renflement d'après le nud du pied d'entrée , derriere laquelle pasle la glace , qui, lorsqu'elle est de toute sa plus grande hauteur possible , doit descendre d'environ un pouce & demi dans l'épaisseur du brancard ; c'est pourquoi il est bon de faire une feuillure dans cette fausse traverse de renflement, laquelle puisse soutenir la glace , comme je l'ai observé ici.

Voye{ la Fig. 1 , qui représente un brancard de Diligence vu en dessus avec lès plafonds, tant de dessous le siége que de cave , auxquels , c'est-à-dire aux derniers , j'ai réservé le jeu nécessaire au pourtour.

Voyez auHi la Fig. 2 , qui représente la coupe de ce brancard avec sa cave , & à laquelle j'ai supprimé les plafonds de la cave pour faire voir la feuillure destinée à recevoir les montants du strapontin , dont je ferai la de fcription dans le paragraphe suivant.

J'ai dit en parlant de la forme du plan d'une Berline , qu'il feroit à souhaiter que son renflement se fît par un arc de cercle, afin de donner une forme plus gracieuse au plan de cette voiture. Ce que j'ai dit à ce sujet est applicable aux Diligences, tant pour le pavillon que pour le brancard ; c'est pourquoi j'ai dessiné ici Fig. 3 , un battant de brancard, dont le renflement est d'une forme bombée , ce qui fait un meilleur effet que d'être à pans, comme c'est la coutume.

On fera aussi attention qu'il se fait un changement dans les formes des plans, tant du brancard que du pavillon d'une Diligence, à raison du cintre ou de l'inclinaison de ses faces & de son bombage tant du dessous que du dessus, & que ce

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ce changement se trouve par la même méthode que pour les Berlines, a laquelle méthode on pourra avoir recours. Voyez ce que j'en ai dit page J34.

Après avoir fait le détail de toutes les parties qui composent la caisse ou coffre des deux especes de voitures qui font les plus en usage , & d'après lesquelles toutes les autres semblent être faites, il me reste encore à parler de leurs parties intérieures , lesquelles quoique nécessaires & adhérentes au corps de la caisse, n'en semblent pas faire partie , puisque ce font les Selliers qui les arrêtent en place.

Ces parties intérieures dont je vais parler, font les panneaux de doublure , & les siéges de toutes les especes, afin de terminer tout de fuite ce qui regarde les parties de détail qui font à peu-près les mêmes à toutes les especes de voitures, & pour ne me point répéter dans la fuite, lorsque je ferai la description de celles qui font en usage à présent, laquelle description je ferai la plus fuccintc qu'il me fera possible , ne donnant que leurs formes & leurs principales dimenfiorls, sans entrer davantage dans aucune espece de détail, afin d'abréger cette Partie autant que je le pourrai, sans cependant rien retrancher de ce qui fera absolument nécessaire à la perfedion de mon Ouvrage, à laquelle je tendrai toujours, dussé-je m'exposer au risque d'être ennuyeux en disant tout.

§. I. Des Vanneaux de douhlure, & des Sièges de toutes especes ; de leurs formes & conjlruclion. IP LES panneaux de doublure fervent, ainsi que je l'ai dit plus haut, à contenir : les glaces lorsqu'elles font baissées , & à empêcher qu'elles ne soient cassées ; ce qui arriveroit si on ne mettoit pas de faux-panneaux, lesquels ne font vraiment nécessaires qu'aux voitures où on fait usage des glaces , & même au- de flous de ces dernieres , parce qu'ailleurs les panneaux de doublure font non-seulement inutiles, mais même nuisibles, parce que dans ce cas ils ne serviroient qu'à diminuer la grandeur intérieure de la voiture, qu'on a toujours intérêt de ménager.

Les panneaux de doublure se mettent toujours couchés , afin qu ils soient plus solides , & on y met une alaise d'environ 3 pouces de large par le haut, Sur 7 à 8 lignes d'épaiueur. Cette alaise doit être d'orme ou de tout autre bois dur i afin qu'il ne fende pas lorsque les Selliers y attachent leur garniture d'accotoirs.

Le bas des panneaux de doublure doit porter sur le brancard dont ils doivent suivre le contour, & affleurer en dessus à l'apfichet de la glace.

Leur longueur est bornée par la largeur des custodes quand ils font placés sur les côtés ; & lorsqu'ils font placés sur la face de la voiture , elle doit être bornée par la distance qui reste entre les panneaux de doublure de côtés contre lesquels ils doivent joindre.

Aux Vis-à-vis & aux Désobligeantes, on assèmble à queue d'aronde les

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panneaux de doublure du devant & ceux de côté, ce qui est un aisez bon usage , 1 mais dont beaucoup de Selliers ne se soucient pas, disant pour raison que cela les gêne trop; c'est pourquoi on ne le fera qu'autant qu'ils sembleront le désirer, I ce qui est indifférent pour les Menuisiers, parce que ce font les Selliers qui posent les panneaux de doublure. Pour ceux des portieres , leur longueur est j bornée par la largeur intérieure de ces dernieres , moins la largeur des feuillure, | destinées à placer la couture de l'étoffe & le galon qui la couvre , laquelle feuillure tournant au pourtour de la portiere, borne par conséquent la largeur, ou pour mieux dire , la longueur du panneau de doublure , dont le dessus est toujours borné par le dessus de l'apfichet.

Les siéges font les parties intérieures les plus intéreflàntes des voitures, puisque ces dernieres étant construites de maniere qu'on ne peut s' y tenir debout.

Il faut faire ensorte que les siéges soient disposés de façon qu'on y foit assis commodément, mais encore qu'on ne foit pas exposé, par le mouvement continuel de la voiture , à glisser de dessus le siége.

Aux Berlines & aux Diligences les siéges se font de la même maniéré, ainsi qu'aux Vis-à-vis & aux Désobligeantes ; c'est pourquoi le détail des siéges d'une de ces voitures servira pour toutes les autres, de quelque espece qu'elles soient, comme je l'expliquerai ci-après.

Les siéges des Berlines doivent avoir 13 pouces de hauteur sur le devant, sur 1J à 16 pouces de largeur ; le dessus doit être en pente sur le derriere de 2 pouces au moins, afin que le mouvement, ou pour mieux dire , le roulement de la voiture ne false pas glifler les siéges ou coufllns d'étoffe, & par conséquent ceux qui feroient aflis dessus ; ce qui arriveroit nécessairement, si le dessus des siéges étoit de niveau.

Lorsque je dis que l'inclinaison des siéges doit être de deux pouces , ce n'est que parce que c'est ce qu'on leur donne ordinairement ; car cette pente ou inclinaison doit être proportionnée au mouvement de la voiture , lequel est plus ou moins considérable en raison de la maniere dont elle est suspendue ; or , comme les longues fOÍlpentes donnent beaucoup plus de mouvement que les ressorts , je crois qu'on pourroit donner plus de pente aux siéges des voitures ainsi suspendues qu'aux autres, lesquelles ayant moins de mouvement , demandent par conséquent moins d'inclinaison aux siéges ; de plus, cette inclinaison étant augmentée par un rebord ou bourrelet garni de crin, que les Selliers construisent sur le devant des siéges , lequel empêche les couffins de glifler, la pente des siéges ne fert plus qu'à leur conserver le niveau dans les plus grandes secousses, lesquelles ne font jamais assez considérables pour faire remonter de deux pouces le derriere des siéges ; c'est pourquoi on ne leur donnera cette pente que lorsque les voitures feront portées par de longues soûpentes , & un pouce à un pouce & demi au plus lorsqu'elles feront portées par des ressorts.

Les siéges du derriere des Berlines ouvrent ordinairement par-dessus en forme

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de coffre, lequel est entouré d'un bâtis dans lequel il entre a feuillure de trois côtés, comme le représente la F'ig. i, cote A , où l'on voit la coupe de ce siége la Figure 2 , en représente l'élévation ; & la Figure 4, représente ce même siége vu en dessus avec les coupes des deux panneaux de doublure des r côtés.

Comme la largeur du siége excede ordinairement en dedans de 1 ouverture de la portiere , on arrondit le dessus du siége en y faisant une retraite au nud des pieds d'entrée, en observant de laifler 2 à 3 pouces de distance entre l'angle que forme la retraite & le dedans de la voiture , afin que les habits de ceux qui font dans la voiture, ne se prennent pas entre la faillie du siége & le dedans de la portiere.

Les siéges de derriere font soutenus par la planche qui fert de devant au coffre, & par ses deux couliffeaux ; le derriere est soutenu par un tasseau a , lequel est porté par des taquets b , qui font attachés sur les panneaux de doublure de côté.

Les bâtis du dessus de ces siéges doivent avoir 3 pouces de largeur au moins, tant les battants ou parclaufcs, que la traverse de derriere, à laquelle on ne fait pas de feuillure ordinairement , je ne fai pour quelle raison, vu que les feuillures empêchent les siéges de ployer en dedans, à quoi cependant ils font exposés par le poids de ceux qui s'aŒeoient deffils.

Les siéges de devant des Berlines ne différent de ceux de derriere, qu'en ce que leur dessus ne se levé pas , mais au contraire est d'une feule piece & arrêté en place, ainsi que la Fig. 1 , cote B. Ce dessus est soutenu par des tasseaux cd, dont le bout de devant entre en entaille dans le couliffeaux, & dont l'autre bout est porté par un taquet f, lequel est attaché sur le panneau de doublure de devant. La planche qui fait le devant de ce siége, ne va pas de toute sa hauteur ; mais on la fait de moitié plus étroite , afin qu'on puisse fouiller dans le coffre, & qu'on puisse la retirer, si on le juge à propos, sans lever le dessus du siége , en observant toutefois d'abattre la joue du devant du couiiffeau d'après la largeur de la planche. Voye1 la Fig. 1, cote B, & celles 3 & 5.

J'ai dit plus haut que la largeur des siéges de devant & de derriere d'une Berline devoit être égale; cependant lorsque les glaces descendront jusqu' en bas, ainji qu'à la Fig. 1 , on ne pourra guere donner que 16 pouces de largeur aux siéges de devant, parce que la coulisse de la glace de devant prenant près de 3 pouces de place dans l'intérieur de la voiture , rétrécit le siége de devant, ou bien le fait faillir de près de 4 pouces en dedans de l'ouverture de la portiere, ce qui est assez désagréable à voir & qui diminue l'espace qui reste entre les deux siéges ; c'est pourquoi je crois qu'il feroit bon dans le cas dont je parle, c'estdire , quand les glaces de devant prendront beaucoup de place, de diminuer la largeur des siéges de devant & la réduire à 13 ou 14 pouces au plus.

Hors cette différence de largeur des siéges du devant & du derriere d'une

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Berline , je crois qu'on feroit très-bien de les faire tous les deux Semblables, c est-à-dire, ouvrants par-dessus, parce que non-seulement ils feroient plus commodes , vu que leurs coffres pourroient contenir plus de choses, mais encore parce qu'ils feroient plus solides ; la largeur des bâtis diminuant celle du siége , le rend moins susceptible d'effet.

Quant aux dessus des siéges en général, on doit les faire d'orme ou de tout autre bois dur, de ip lignes à un pouce d'épaiueur au plus , & choisir du bois bien sec , afin qu'il se coffine moins. Les couliffeaux , les tasseaux & les taquets doivent pareillement être de bois dur ; il n'y a que les planches du devant, qu'on peut faire de forte volige de bois blanc, afin qu'elles soient moins lourdes.

Les siéges de Diligences font semblables à ceux dont je viens de parler y à l'exception que le devant du siége n'est pas perpendiculaire ainsi qu'à ces derniers; mais au contraire on fait rentrer le bas du devant du siége d'environ 3 pouces, afin que dans le cas où l'on voudroit mettre un siége sur le devant de la voiture, la personne qui feroit assise dessus , eût plus d'espace pour placer commodément ses jambes. Voye £ la Fig. 6.

Ce renfoncement du devant du siége , fert aussi à placer le siége ou stra pontin mobile, lequel étant abaisse , se trouve caché par la garniture du siége de derriere , sans nuire aucunement à celui qui est aflis dessus ce dernier.

Il y a deux fortes de flrapontins ou siéges mobiles à l'usage des Diligences ; sa voir , ceux qui s'abaissent fous le siége de derriere, & dont il ne relie aucune apparence lorsqu'ils font baisses , & ceux qui font adaptés contre le panneau du devant de la voiture sur lequel ils s'abaissent.

Les strapontins de la première espece font les plus finlples & les plus commodes ; ils consistent en une planche d'environ un pied de largeur , laquelle est attachée sur deux équerres de fer a b c > Fig. 6 , lesquelles ont environ 8 à 9 lignes de largeur ; la branche montante de ces équerres doit être cintrée d'une courbure égale à celle du brancard dans lequel elles entrent de a à d, dans des rainures pratiquées à cet effet, auxquelles les bouts du plafond fervent de joue intérieure ; l'autre branche de l'équerre est applatie de b à c , & est percée de plusieurs trous par où passent les vis qui l'attachent à la planche.

Ces équerres doivent être ployées de manière que le siége penche d'environ un pouce sur le derriere.

Le bas de ces équerres est fixé dans le brancard par le moyen d'une goupille e qui leur fert de centre ; de manière que quand on ne veut point faire usage du strapontin , on le baisse fous le siége de derriere, ensorte que la ligne df 9 qui représente le dessous du siége , se trouve en dedans de la faillie du siége du derriere, & que le dedans de la branche montante des équerres affleure le dessus du brancard.

La hauteur des strapontins doit être de 16 pouces , parce que comme on n'y met point de couffins & qu'ils n'ont qu'une garniture très-mince, il est nécessaire qu'ils

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qu'ils soient plus élevés que les autres ; de plus, cette plus grande hauteur donne : plus de place pour que la personne qui est assise sur le siége de derriere, puisse parler ses jambes fous le strapontin de devant sans être exposée à les heurter contre.

J'ai dit que la largeur de la planche de ce strapontin devoit être d'un pied 9 parce que cette largeur se trouve donnée par sa hauteur, laquelle étant portée de g* en b, ne laifle qu'un pied de distance jusqu'au panneau de doublure ; cependant lorsque les Diligences feront plus grandes que celles-ci, on pourra augmenter la largeur du siége , en observant qu'il y ait une place suffisante entre le devant du siége de derriere & le dessus du strapontin , pour placer la garniture

de ce dernier, comme on peut le voir dans cette Figure.

L'autre espece de strapontin , Fig. 7, consiste en un bâtis de 2 pouces d'épais.

feur, dans lequel est placée une planche ou trappe qui y est arrêtée par deux charnieres C, D, de maniéré que cette trappe étant levée puisse servir de siége , & qu'on puisse la lever ou la baisser comme on le juge à propos. L'épaisseur de cette trappe ne doit être que d'un pouce au plus, afin qu'il reste derriere assez de place pour y mettre deux équerres ou potences de fer, lesquelles entrent à pivot dans les deux traverses du bâtis, & fervent à soutenir le siége lorsqu'il est levé & qu'on les a fait sortir de dedans le bâtis, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 8 , qui représente la coupe de ce strapontin avec les potences ouvertes, c'est-à-dire , qui supportent le siége , lequel n'est pas de niveau sur sa largeur , mais penche un peu en arriere, pour les raifbns que j'ai dites ci-dessus , ce qui oblige à faire la branche supérieure des équerres ou potences hors d'équerre, en raison de la pente qu'on veut donner au siége. Foyel la Fig* 7, où ces équerres font indiquées par des lignes ponctuées.

Le bâtis de ce strapontin s'applique sur le panneau de doublure de la Diligence , & on observe d'en lailTer paffer le bout supérieur des battants , afin qu'étant abattus en chanfrein, ils aident à contenir la garniture que le Sellier place entre le dessus de la traverse & le bas de la glace, sur laquelle 011 place quelquefois une planche ou frise garnie d'étoffe, pour empêcher que le dos de la personne qui est assise sur le strapontin, ne porte sur cette derniere & ne la faffe casser, ce qui arriveroit sans cette précaution.

Quant à la hauteur de ce siége, c'est la même que pour celui dont je viens de parler ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas davantage, vu qu'on peut avoir recours à ce que j'ai dit ci-deuus.

Cette derniere espece de strapontin est beaucoup plus compliquée que l'autre.

sans être plus commode ; de plus , lorsqu'il est abaissé il est toujours apparent, & diminue de la profondeur de la voiture , non-seulement par l'épaisseur de son bâtis, mais encore par celle de la garniture du siége , ce qui doit faire préférer les strapontins de la premiere espece, qui, lorsqu'ils font baissés, ne paroissent en aucune maniere , sans pour cela diminuer la grandeur de la voiture, ce qui est fort à considérer.

PLANCHE ipp.


: Les différents siéges dont je viens de faire la description, font d ulage a toutes fortes de voitures, auxquelles on peut les employer felon les différents besoins; il n'y a que celles qui font d'une grandeur extraordinaire , telles que les Gondoles, les Berlines à deux portieres , les Caleches qui en aient d'autres , non pas dans les fonds, où ils font toujours semblables à ceux dont je viens de parler, mais sur les côtés ou en travers de ces voitures. Ces siéges ne font autre chose que des planches, dont les bouts portent sur des tasseaux où elles font quelquefois arrêtées, ou sur des montants de fer ; ou bien ces planches ou siéges font ferrés d'un bout à charniere , afin de pouvoir se lever si on le juge à propos , ce qui est nécessaire , sur-tout à l'endroit des portieres , où on observera, ainsi qu'aux autres siéges qui feront appliqués sur les côtés des voitures, que le dessùs de ces derniers penche sur le dcrriere, ainsi que les autres siéges dont j'ai parlé plus haut.

Cette inclinaifbn est nécessàire, parce que les côtés des voitures étant inclinés en dehors, il est bon que le dessus des siéges foit au moins d'équerre avec ces derniers, afin que ceux qui feront assis sur ces siéges, ne glissent point de dessus, ce qui arriveroit s'ils étoient placés de niveau ; de plus, le mouvement de la voiture foffit seul pour obliger à mettre le dessus des siéges en pente, comme je l'ai prouvé plus haut, page 554.

Aux voitures qui ne doivent contenir que deux personnes , on adapte quelquefois un siége pour en contenir une troifiétue. Ce siége n'est autre chose qu'une petite planche arrondie par-devant d'environ un pied en quarré , laquelle est ferrée au devant du siége de la voiture , de forte que quand on veut en faire usage , on la releve & on la soutient par une tringle de fer qui est attachée dessous avec un piton, & dont le bout inférieur porte dans le fond de la voiture, auquel on fait un petit enfoncement de la grandeur de cette tringle , afin qu'elle ne puisse pas glisser, & par conséquent laisser tomber le siége.

Quelquefois ce siége de rapport ne se rabat pas au devant du siége ordinaire, comme celui dont je viens de parler : mais il entre en entaille dans le dessus de l'autre siége auquel il affleure ; & lorsqu'on veut en faire usage, on le fait revenir en dehors , de manière qu'il ne tient plus à l'autre que par la charniere E sur laquelle il tourne.

Ce siége ne peut pas être bien épais, vu qu'il faut qu'il entre tout à vif dans le siége ordinaire , auquel il faut qu'il reste 3 lignes d'épaisseur au moins , d'après le ravalement, ce qui empêche de pouvoir garnir le premier , c'est-à-dire , le siége mobile, à moins qu'on ne perce l'autre tout-à-fait à jour, en y observant une portée au pourtour , d'après laquelle on pourrok garnir la palette ou siége mobile, ainsi que je l'ai indiqué par des cercles pondlués Fig. 9.

Lorsque la palette est ouverte , comme le représente la Fig. 9 , elle est soutenue par une tringle de fer attachée au fond de la voiture au bas du coffre du siége ordinaire, & dont l'extrémité supérieure entre dans un trou qu'on fait au milieu du dessous de la palette ; ce trou doit être peu profond & être garni d'une

PLANCHE 199.


plaque ou gâche de fer, afin que par l'usage le bois ne puisse pas s'éclatter. Ces especes de siéges font peu commodes , sur-tout aux voitures qui ne peuvent contenir qu'une personne de largeur, laquelle alors est obligée d'écarter les jambes pour biffer passer le strapontin , ce qui est très-gênant ; c'efi: pourquoi on ne doit faire usage de ces siéges que le moins qu'il fera possible.

Voilà en général toutes les especes de siéges dont on fait usage dans nos voitures , de quelque nature qu'elles puissent être , auxquels on ne peut guere faire de changement, vu qu'ils ont toute la commodité possible, du moins autant que leur emploi semble l'exiger.

�. II. Des Voitures à Panneaux arrafés, & les différentes maniérés d'en faire les ouvertures.

0 N nomme Voitures arrafées, celles auxquelles les battants de portieres & « les pieds d'entrée ne font pas apparents depuis la ceinture jusqu'en bas, de maniere qu'il semble que le panneau d'appui foit d'une feule picce dans toute la longueur de la voiture , ainsi qu'on peut le voir à la F ig. 1 , cote A.

Il y a de ces voitures où non-seulement les battants de portieres font supprimés en apparence , mais encore les traverses d'accotoirs, de forte que le panneau de cu ftode , celui d'appui de côté & celui de la portiere , ne semblent faire qu'un. Voyez la Fig. 1 , cote B.

De ces deux maniérés de faire les voitures à panneaux arrafés, la premiere est la plus usitée & la plus solide, parce que du moins le panneau est retenu par la rainure de la traverse d'appui, au lieu qu'à la féconde il ne peut qu'être attaché deiïus : de plus , aux voitures où les côtés font susceptibles de cintres, comme les Berlines & les Diligences à la Françoise , on est obligé de faire le panneau de deux pieces , dont le joint se fait à l'endroit de la traverse d'appui, sur laquelle on attache les extrémités des deux panneaux , que l'on fait joindre le mieux qu'il est possible ; mais quelque précaution que l'on prenne en faisant ces joints ou en les arrêtant, il n'est guere possible d'empêcher qu'ils ne se tourmentent & que les joints ne paroissent, ce qui est fort désagréable à voir lorsqu'une voiture est finie.

Si la premiere maniere de faire les voitures à panneaux arrafés n' a pas cet inconvénient, elle a toujours , de commun avec la feconde, celui du mauvais effet des joints de l'ouverture des portieres, qui, quelque bien faits qu'ils puissent être , paroiÍTel},t toujours, foit par les éclats qui se font à la peinture, foit par l'effet des bois des panneaux , qui, à la vérité, ne se retirent pas à bois debout, ( du moins sensiblement ) mais qui peuvent se coffiner , & par confé.

quent se défafHeurer, ou bien par l'effet total de la voiture , qui fait toujours quelque mouvement ; il est certain , dis-je , que les joints paroissent toujours 7 & par conséquent ne tendent plus au but qu'on s'étoit proposé , qui étoic de faire paroître le panneau d'appui comme d'une feule piece.

Cette difficulté n'est pas la feule qui se rencontre dans les voitures à panneaux

PLANCHE t~.

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arrafés ; leur ouverture en est une des principales , parce qu'il faut qu'elle se fafle à travers les profils, ce qui est fort désagréable à voir, vu que pour le peu de mouvement que fafle la voiture, ces profils coupés ne se rencontrent plus, les uns remontant en en-haut, ou les autres descendant en contre-bas, ce qui, comme je viens de le dire , fait un très-mauvais effet, sur-tout quand les traverses des custodes font cintrées comme à la Fig. I, cote B, où ces joints font indiqués par les lignes a b & c d.

L'ouverture des portieres des voitures à panneaux arrafés , doit être à double feuillure , comme les représentent les Fig. 2 & 5, (lesquelles font l'une la coupe du pied d'entrée & battant de portiere , prise au-dessus de l'appui ; & l'autre la coupe de ces mêmes pieds d'entrée & battant de portiere , prise au-dessous de l'appui, ) afin que le recouvrement de la partie du haut, qui pour lors n'est plus à-plomb du joint du panneau arrafé, donne au pied d'entrée une largeur fuffifantc, laquelle largeur peut être augmentée sur le derriere & dans la partie qui porte le panneau, comme je l'ai observé aux Figures ci-defliis , & à la Fig.

I, où cette augmentation de largeur des pieds d'entrée est indiquée fous les , panneaux par des lignes ponctuées, ainsi que la largeur réelle de toutes les autres pieces qui compôfent le bâtis de cette voiture.

Cette double feuillure est non-seulement nécessàire pour conserver de la largeur & de la force au pied d'entrée, mais encore pour que lorsque la portiere est fermée, il ne reste d'apparent au pied d'entrée, que la moulure servant de recouvrement à la glace de custode, mais en même temps cette double feuillure gêne pour la ferrure des portieres , parce que le joint du haut ne se trouvant plus à-plomb de celui du bas , comme l'indiquent les lignes e f & g h, Fig» 2 & 5 , il faut que le pivot du bas foit non-seulement fàillant, mais encore rentrant sur le panneau de côté , afin de se trouver à l'à-plomb de la ferrure du haut, ce qui fait très-mal, sur-tout quand les voitures font cintrées sur le côté.

On ne sauroit remédier à cet inconvénient, qu'en faisant l'ouverture des portieres à simple feuillure, comme je l'ai observé aux Fig. 3 & 6, dont les joints font indiqués par la ligne i l, ce qui ne souffre d'autre difficulté que pour la largeur apparente du pied d'entrée , laquelle alors ne permet plus de faire de recouvrement à la glace de custode , qui en peut plus être retenue que par une lame de fer ou de cuivre qu'on attache sur le devant du Pied d'entrée, ainsi que celle cotée m , Fig. 3.

Quant à l'ouverture du haut des portieres de ces voitures, elle se fait par le haut du dessous du pavillon & par le bas du fond du champ , ainsi qu'à la Fig. l, cote A 9 & à la Fig. 7; cependant quand la moulure des pieds corniers tourne au pourtour de la voiture , comme à la Fig. l, cote B , & qu'on craint qu'il ne reste pas allez de bois au battant de brancard , on fait l'ouverture de la portiere au nud de l'intérieur du profil, ainsi que je l'ai observé à cette Figure & à la Fig.

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Fig. 4; de forte que le bas du panneau de la portiere n'est qu'appliqué sur la traverse, ce qui n'est guere solide ; c'est pourquoi on doit éviter cette forte d'ouverture le plus qu'il fera possible.

Pour mieux convaincre de ce que je viens de dire touchant I ouverture des = portieres d'une voiture à panneaux arrafés , voyez la Fig. i, qui représente une partie du haut de l'appui de cette derniere , prise à l'endroit de la portiere , laquelle est dessinée en grand, afin d'en faciliter l'intelligence, & où j'ai marqué les joints cotés A & B, lesquels coupent les profils des traverses de custode tant du haut que de l'appui, & où j'ai observé de faire voir toutes les ouvertures tant de hauteur que de largeur, afin qu'on puisse mieux juger de la largeur & de la forme des bois tant apparente que réelle.

On a fait des voitures à panneaux arrafés , auxquels pour distinguer la glace de la portiere , on l'a ornée d'un profil plus riche & plus large que celles de custode, comme le représente la Fig. 2 ; mais cette méthode est abfolumenc vicieuse, non-seulement à cause de la différence des profils qui ne se raccordent plus à leur rencontre, mais encore parce qu'elle empêche que le dedans des glaces de portieres regne avec celles des custodes , ce qu'on doit toujours observer , ainsi que je l'ai fait à la Fig. l, qui, je crois, est la meilleure manière d'arranger ces fortes de voitures tant pour la largeur des bois, qui y font les plus étroits possibles, que pour leur décoration ( * ).

D'après ce que je viens de dire touchant les voitures à panneaux arrafés, il est aite de conclure qu'on doit en éviter l'usage, tant par rapport à leur peu de solidité qu'à la difficulté de leur conftruftion. De plus, quelle nécessité y a-t-il de vouloir qu'une voiture ne paroisse pas avoir de portieres ! N'est il pas au contraire plus naturel qu'elles soient apparentes ? puifqu on ne sauroit entrer dans une voiture sans qu'il y ait de portieres, à moins que ce ne foit par l'ouverture des glaces, ce qui feroit même ridicule à penser; c'est pourquoi je crois que malgré l'usage reçu, on doit absolument éviter de faire de ces fortes de voitures , mais au contraire en faire à portieres apparentes , sans être en faillie sur le nud de la voiture, dont les champs & les moulures, ainsi que les arrafements tant des panneaux que des glaces, régneroient avec ceux des côtés, & dont les ouvertures se trouveroient placées au nud de quelques membres du profil, comme je l'ai observé aux Fig. 3 , 5 , 6 & 7, dans lesquelles on peut voir que quoique d'un profil considérable en apparence, je n'ai pas pour cela forcé la largeur des bois , si ce n'est au pied corqier ; qu'on pourroit diminuer si on le jugeoit à propos, en changeant ou même en retranchant le dernier membre de son profil.

On pourra de même diminuer la largeur apparente des traverses d'appui & des

(*0 Cette nécessité de faire les bois des voitures les plus étroits possible, n'est pas indispensable , ainsi que je l'ai déja dit 3 puifqu'elle ne tient qu'à la mode , à laquelle je ne m'assu-

jétis ici a que pour faire connoître toutes les difficultés qui en réCultent, afin qu'on puiflfe être en état d'y remédier, du moins autant qu'il est possible.

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montants de custode, comme je rai obierve dans la rigure 4, sans pour cela rien changer au reste de la voiture, ce qui feroit un fort bel effet, ainsi qu on peut le voir aux Fig. 3 , 4 & 5 , d'après lesquelles on peut juger de ce que j' avance ici.

Comme les voitures en général font des ouvrages de fantaisie, on en a fait où non-seulement on a cru ne devoir point faire de portieres apparentes , ainsi que celles dont je viens de parler, mais encore où il n' y en avoit point du tout, du moins qu'on pût soupçonner, par exemple, des Diligences dont le côté ouvroit tout d'une piece, emportant avec lui la moulure du pied cornier de derriere, dont la faillie recouvroit à feuillure sur les panneaux de derriere.

On a aussi fait des Vis-à-vis où il n' y avoit pas d'ouverture au milieu de la longueur, comme aux voitures ordinaires qui en ont trois , mais au contraire on n'en faisoit que deux, qui n'étoient que des custodes prolongées jusqu'au milieu de la voiture, qui s'ouvroient à cet endroit, en emportant, ainsi qu'à la Diligence dont je viens de parler, la moulure des pieds corniers tant de devant que de derriere, lesquels se faisoient en cuivre , afin de leur donner plus de solidité.

Ces fortes de voitures font d'un très-mauvais usage, vu leur peu de solidité & leur mauvaise décoration, du moins pour ce qui est de celles à deux son ds : si donc j'en parle ici, ce n'est que pour les proposer comme des exemples à éviter, & pour faire connoître aux jeunes gens ( s'il est possible ) combien il est dangereux de se laifler trop emporter au plaisir de faire du nouveau ou de sinvre la mode, sans auparavant faire attention si ce que l'on veut faire est bon & raisonnable , c'est-à-dire , solide & relatif à son usage.

: Dans tout ce que j'ai dit jusqu'à présent touchant l'ouverture des voitures , je les ai toujours représentées comme ouvrantes par les côtés. Il est cependant une autre maniere de les faire ouvrir, qui est de supprimer les portieres des côtés , & de n'en faire qu'une qu'on place au derriere de la voiture, ce qui, à la vérité, ne fait pas si bien que les portieres ordinaires , mais ce qui ne laisse pas d'avoir ses avantages , ainsi que je vais l'expliquer en faisant la description d'une Diligence nommée l'illverjàble, laquelle est de l'invention de M. de Garsault, auquel elle appartient.

Deux raisons ont donné lieu à la conftruétion de cette voiture: l'une la néceC sité de faire les roues de devant les plus hautes possible, afin de rendre la voiture plus roulante, c'est-à-dire , plus aisée à se mouvoir ; l'autre la crainte des accidents qui peuvent arriver, foit par le renversement de la voiture, ou par la violence des chevaux, qui venant à prendre le mords aux dents, ne laissent dans les voitures ordinaires aucun moyen de se soustraire au danger, ou du moins que de trèsrdiiffcultueux. La voiture dont il est ici question, représentée Fig. 3 , satisfait à ces deux objets : car les brancards de son train étant extrêmement élevés sur le devant, donnent lieu de faire de grandes roues à l'avant-train, ce qui est très-nécessaire à toutes fortes de voitures , parce qne

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plus les roues font grandes & moins la voiture semble pesante , ce qui tout

naturel, puisque plus on allonge les rayons des roues, plus la force augmente , ce qui, par conséquent, diminue de la résistance occasionnée par la pesanteur de la voiture.

De plus , les roues de ravant-train étant ainsi hautes, leur axe ou moyeu se trouve presque de niveau avec le poitrail des chevaux , ce qui les fatigue moins, parce qu'alors ils ne font qu'employer la force nécessàire pour faire mouvoir la voiture ; au lieu que quand les roues font petites , comme à l'ordinaire, elles les fatiguent beaucoup plus , parce qu'alors il faut qu'ils augmentent de force en raison de ce que la pesanteur de l'avant-train, & même de toute la voiture , oppose de résistance , pour que l'axe des petites roues se relevé jusqu'à ce qu'il paffe par une ligne droite menée du poitrail des chevaux jusqu'à l'axe des grandes roues ; de forte que non-seulement ils traînent la voiture , mais ils la levent du devant, ou du moins ils font des efforts qui tendent à le faire, ce qui, comme je viens de le dire , les fatigue beaucoup plus.

Si cette voiture a l'avantage d'être beaucoup plus roulante que les autres , elle a aufli celui d'être plus douce & moins exposée aux accidents, parce que comme son brancard est extrêmement élevé du devant pour faciliter le passage des roues de l'avant-train, il faut par la même raison que les soûpentes qui portent la caisse soient pareillement élevées, ce qui fait qu'elles ne peuvent plus être placées fous la caisse qu elles éleveroient trop haut, mais qu'au contraire elles passent aux deux côtés de cette derniere aux environs de la ceinture , ce qui rend la voiture plus douce en diminuant les coups de côté, qui font d'autant moins violents , qu'une partie du corps de la caisse est beaucoup plus bas que le point de suspension , qui, comme je l'ai déja dit, se trouve proche de la ceinture de la caisse & de fan centre de gravité.

Quant aux accidents causés par le renversement de la voiture, ils ne peuvent être fort considérables à celle-ci ; parce que si une des deux soûpentes venoit à casser, les brancards arrêteroient & foutiendroient la caisse de forte qu'elle ne pourroit se renverser entièrement ; si même il arrivoit que les chevaux vinssènt à prendre le mords aux dents , la portiere étant placée par derriere, on pourroit sortir de la voiture sans aucun danger , ce qui ne peut être aux autres voitures, dans lesquelles il faut rester malgré foi, ou bien si on se jette par la portiere, s'exposer à se faire écraser.

Je n'entrerai pas dans un plus grand détail au sujet de cette voiture , l'inspection feule de la Figure étant suffisante ; de plus , la forme & la conftruétion des trains n'étant pas de mon affaire, je ne saurois m'étendre à ce sujet sans sortir de mon plan, qui n'a pour objet que la conftrucHon des caisses des voitures. Si donc dans la fuite de cet Ouvrage je représente quelques voitures montées sur leur train, ce ne fera que pour faire voir les rapports & l'analogie qui doivent être entre le train & la caisse d'une voiture , tant pour la

s

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décoration que pourla forme, & pour exciter les Menuisiers en Carrosses à prendre | des connoissances, du moins élémentaires, de l'Art du Charron, ainsi que je l'ai 1 recommandé au commencement de cette Partie de mon Ouvrage, afin que s'il arrivoit qu'ils eussent à faire le défini d'une voiture toute montée, comme il arrive quelquefois, ils pussent le faire avec précision & connoissànce de cause , afin de ne point faire de dessins dont l'exécution devient ridicule & même impossible , & où les loix de la bonne conftruétion & de la solidité font également violées , ce qui arrivera nécessairement toutes les fois qu'on voudra s'ingérer à faire ce qui n'est pas de son ressort, du moins sans les connoissànces que je recommande ici (*).

Quant à la caisse de cette voiture, elle ne differe point des autres pour la conftruétion, n'y ayant que la forme qui est différente feulement par derriere , comme on peut le voir aux Fig. i & 2, dont l'une représente la face de la Diligence , laquelle est de même qu'aux Diligences ordinaires ; quant à l'autre qui représente le derriere de la Diligence , elle differe des autres en ce qu'elle a deux pieds d'entrée, lesquels portent la portiere, laquelle , ainsi que ces derniers, ne fuit pas la pente ni le cintre de la voiture, mais est droite & tombe d'à-plolnb , de forte que les pieds d'entrée faillent par le bas de la voiture en venant à rien par le haut, comme on peut le voir à la Fig. 3 , où ces pieds d' entrée, forment un pilafire, ou pour mieux dire, font ornés de panneaux comme le reste de la voiture.

Les côtés de cette Diligence n'ont rien de particulier, comme on peut le voir dans la Fig. 3 ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas davantage.

Quoique je représente cette voiture inversable comme une Diligence, on pourroit de même faire une Berline, ce qui ne souffriroit aucune difficulté, ainsi que celle qui est décrite dans un Ouvrage qui a pour titre : Traité des Voitures , par M. de Garsault, dans lequel on pourra prendre une connoissànce plus parfaite de ces fortes de voitures , tant pour ce qui regarde le train que pour la caissè & la maniere dont elle est suspendue.

Les voitures dont je viens de parler font peu en usage, malgré toutes les commodités dont elles font susceptibles, parce qu'en général leurs formes font peu heureuses & ont moins de grace que les voitures ordinaires, lesquelles , à ce que je crois , ont acquis toute la grace dont elles font susceptibles , à quelques

(*) Rien n'est plus vrai que ce que j'avance ici, l'expérience ne faisant que trop voir que bien des Ouvriers se mêlent de faire & de conduire ce qui n'est pas de leur état, & à quoi ils ne connoissent rien ou très - peu de chose : de - là viennent tant de modes nouvelles qu'ils annoncent comme leurs productions , qui ne font pour l'ordinaire que de mauvaises copies de choses déja faites, auxquelles ils font des augmentations ou des changements félon qu'ils le jugent à propos, sans se rendre compte du pourquoi, & par le seul plaisir de faire du nouveau ; ce qui est très-com-

mun dans le sujet dont je traite, c'est-à-dire, dans la partie des voitures, lesquelles n'étant pas faites fous la dire&ion d'un Artiste habile &: éclairé sur toutes les parties qui entrent dans la conftruftion de ces dernieres, semblent être abandonnées , pour la décoration &la conduite, aux caprices de chacun des différents Ouvriers qui y travaillent, ou bien de celui de ces Ouvriers qui s'arrogera le droit de commander aux autres, foit par son savoir ou par son opulence: heureux si c'ell plutôt Fun que Pautre ; mais ce n'est pas l'ordinaire.

petits

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petits changements près ; cependant il me semble qu on pourroit en faire usage ; à la campagne, où pour l'ordinaire les chemins font moins beaux que dans les villes, & où par conséquent on a intérêt de rendre les voitures le plus roulantes possible , pour ne point fatiguer les chevaux, & où on a plus à craindre que la voiture ne verse.

§. III. Des Voitures nommées Dormeuses, & les différentes maniérés d'en faire les ouvertures.

A V ANT de terminer ce qui regarde les ouvertures des voitures , il est nécessaire de parler des voitures nommées Dormeuses, lesquelles ne font pour l'ordinaire que des Berlines ou des Vis-à-vis, & ne fervent qu'à la campagne & dans les voyages. Ces fortes de voitures ne différent en rien de celles dont j'ai déjà

parlé, qu'en ce que le derriere & quelquefois le devant s ouvre, afin de donner plus de profondeur à la voiture , de maniéré qu'on puisse y placer un lit, & qu'une personne y foit couchée commodément, ce qui leur a fait donner le nom de Dormeuses.

Les ouvertures de ces voitures se font de différentes maniérés, qu'on peut réduire à trois ; savoir , celles dont le dossier se renverse en arrière , comme la Fig. 19 cote A ; celles dont le panneau s'ouvre du dessous de la ceinture au dessus du siége, comme dans la même Figure, cote B ; celles enfin dont l'ouverture [e fait également dans le panneau, mais en deux parties & du dessous de l'appui au dessus de la traverse du brancard , comme la Fig. 2.

La première de ces trois maniérés de faire ces ouvertures, est la plus finiple & la plus facile , parce qu'il ne s'agit que de faire ouvrir les panneaux de derriere dans toute leur largeur d' arrafement, (c' est-à-dire , au nud des moulures ) & du dessous de la traverse du haut fous laquelle ils entrent à feuillure ainsi que dans les pieds corniers ; il n'y a que par le bas où le joint est apparent, ce qui est inévitable , vu qu'il se trouve au milieu de la largeur du panneau.

Comme ce panneau ainsi ouvrant doit être de deux pieces, & qu'il emporte avec lui la traverse de ceinture ; on y fait un faux-bâtis dans lequel la traverse s'assemble, & sur lequel les panneaux font attachés , comme on peut le voir dans la Fig. 1 , cote A , & dans la Fig. 3 , qui représentent la coupe du pied cornier de la voiture, ainsi que celle du panneau ouvrant & celle du faux-bâtis sur lequel il est appliqué.

Sur le pied cornier de ces voitures , & sur le faux- bâtis qui porte le panneau ouvrant, font attachés des côtés & un dessus de cuir garnis d'étoffe en dedans, lesquels ont plus ou moins de largeur, felon qu'on veut faire ouvrir le panneau qui, quand il est ouvert, fait à peu-près le même effet qu'un soufflet tendu, & quand on ferme le panneau ce cuir se reploie dans l'intérieur de la voiture, dans laquelle il ne tient pas grande place ; & on doit avoir grand foin en

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attachant ce cuir, qu'il foit attaché sur le pied cornier en dedans de la voiture , & sur le faux-panneau en dehors de cette derniere , afin que quand le panneau est ouvert, il s'applique sur le bois & ne tende pas à arracher les clous, & par conséquent à se déchirer. Voye £ la Fig. 3.

Il faut avoir foin, lorsqu'on dispose ces fortes d'ouvertures, d'y laisier le jeu nécessaire pour que les clous & le cuir puissent être placés commodément , n' y ayant que l'extrémité du panneau qui doit joindre contre la moulure , comme je l'ai observé à cette Figure, où j'ai laissé tout le jeu nécessaire , & où la trop grande profondeur des feuillures ne doit pas embarrasser , parce qu'on place dans les faux-bâtis des especes de vérouils à ressort, lesquels entrent dans les pieds corniers lorsqu'on ferme le panneau, & qui le retiennent en place.

Ces panneaux ouvrent ordinairement deux à trois pouces au-dessus du siége , afin que cette distance égale à peu-près l'épaissèur du couffin, & que la personne qui est comme couchée dans la voiture, porte également sur le couffin & sur le dossier renversé.

Je dis que la personne est comme couchée, parce que l'ouverture de ces fortes de Dormeuses ne forme pas proprement un lit, lequel doit être dans une situation horifontale , mais une chaise longue dont le dossier est fort renversé.

Au-deubus de l'ouverture du panneau, on assemble dans les deux pieds corniers une traverse sur laquelle on pose les ferrures , que l'on doit faire le moins apparentes possible. Cette même traverse fert à attacher la partie supérieure du panneau dormant, & à supporter le siége, comme je l'ai observé dans cette Figure.

Ce que je viens de dire touchant l'ouverture de ce panneau , son faux-bâtis & la garniture de cuir, est applicable aux deux autres manieres de faire les ouvertures des Dormeuses dont il me reste à parler ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas davantage , vu que ce ne feroit qu'une répétition de ce que je viens de dire.

La premiere maniere de faire ouvrir les Dormeuses , ne peut être bonne que pour le derriere des voitures ; mais celles dont je vais parler peuvent se faire par les deux bouts, à condition toutefois que la glace du devant fera immobile, parce que si elle ne l'étoit pas , on ne pourroit pas faire ouvrir le panneau de l'appui, du moins que fort difficilement, & ce qu'on ne fait pas ordinairement.

La féconde maniéré de faire les ouvertures des Dormeuses , est , comme je l'ai déjà dit, d'ouvrir le panneau du dessous de la traverse de ceinture au deffiis du siége , de forte que tout le panneau se relevé en en haut de a à b, Fig. l, cote lJ, ce que j'ai indiqué par un arc de cercle ponétué.

Ce panneau ainsi relevé est soutenu par deux potences de fer c, d, lesquelles font ferrées sur les pieds corniers, de maniere que quand on a ouvert le panneau, on les fait tourner en dehors jusqu'à ce qu'elles portent sur le. faux-bâtis du panneau au point e.

Lorsqu on releve le panneau il fait déployer en même temps une enveloppe

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ou bourse de cuir afg, laquelle est attachée tant sur les pieds corniers de la voiture, que sur la traverse du panneau dormant, ainsi que sur celle du fauxbâtis , laquelle forme un coffre faillant dont le panneau relevé fait le dessus.

Ensuite on renverse le dessus du siége A z, du point h où il est ferré avec la

traverse du panneau dormant de A à l; ( ce que j'ai indiqué par un arc de cercle ponétué ) de forte que le siége ainsi renversé, forme le fond du coffre faillant i & porte immédiatement sur le cuir. Le devant du siége m n se renverse pareillement du point III où il est ferré , au point 0, ce que j'ai pareillement indiqué par un arc de cercle ponélué, & on le soutient de niveau par des pieds de fer qui y font attachés , afin de diminuer le creux de la voiture qu'on remplit ensuite avec des matelas , jusqu'à ce qu'il excede le dessus du siége renversé sur lequel on place des oreillers , de forte que le dedans de la voiture devient exaftement un lit, dont le niveau est représenté par la ligne r 1. Voyel la Fig. 4 , laquelle représente une partie du plan de la Dormeuse ouverte , & les siéges ainsi renversés.

S'il arrivoit qu'on ne voulût pas mettre deux matelas pour remplir le fond de la voiture , on baifferoit le devant du siége au point p de p à q , ce qui diminueroit cette profondeur, sans pour cela rien changer au reste de la voiture.

Cette maniéré de faire ouvrir les Dormeuses est très-bonne, parce qu'en la faisant d'un seul bout , elle fournit 5 pieds & demi de longueur, ce qui est suffisant pour qu'on y foit couché commodément, mais en même temps elle a le défaut de donner peu de hauteur à l'endroit de l'ouverture, où il ne reste que 14 à 15 pouces de hauteur, de forte qu'on ne peut y placer que les pieds ce qui d'ailleurs est assez indifférent.

La troisieme manière de faire les ouvertures des Dormeuses , remédie à cet inconvénient, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 2, où il reste 20 pouces de hauteur d'ouverture; mais en même temps il faut faire attention que cette ouverture donne moins de profondeur que l'autre, n'y ayant que 5 pieds du fond du coffre au dedans de la voiture, ce qui est un espace trop court pour pouvoir contenir une personne couchée commodément, ce qui oblige à faire des ouvertures aux deux bouts de la voiture , ou bien en n'en faisant qu'une, à augmenter la longueur de la voiture , ce qui ne souffriroit aucune espece de difficulté.

Quant à la maniere de faire l'ouverture de la Dormeuse dont je parle , c est à peu-près la même chose qu'à celle Fig. 1, cote B, à l'exception que l'ouverture se fait en deux parties du dessous de la traverse de ceinture au dessus de celle 1 de brancard , & que la partie ouverte du bas entraîne avec elle le dessus du siége qui y est ferré, & le devant de ce même siége qui vient s'appliquer contre la partie supérieure de l'ouverture du panneau, de maniéré que tout le pourtour du coffre que forme l'ouverture de la Dormeuse est revêtu de bois en dedans , le dehors & les côtés l'étant toujours de cuir à l'ordinaire, ce qui, je crois, n'a pas

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besoin d'autre explication , lmfpeétion feule de la Figure étant plus que luffifante. Voy. la Fig. 5 , qui représente une partie du plan de la Dormeuse Fig. i, & que j'ai dessiné tout ouvert ainsi que celui Fig. 4, afin de faciliter 1 intelligence de ce que je viens de dire.

Voilà, à peu de chose près , tout ce qu'on peut dire sur la théorie des ouvertures des Dormeuses, la pratique & les différents besoins pouvant fournir d'autres maniérés de les faire peut-être en quelque chose différentes de celles que je viens de donner ; cependant de quelque manière qu'on les farte, il faut éviter de les trop compliquer ni de les trop charger de ferrures, ce qui augmente beaucoup le poids de la caisse, & qui par le trop grand nombre de ferrures, rend un son fort désagréable , sur-tout pour des personnes malades ou endormies.

Pour ce qui est de la caisse des Dormeuses en général, il n'y a point de différence de celle des autres Berlines ou Vis-à-vis ; car elles ne peuvent être que de ces deux especes de voitures, à moins qu'on ne les faffe ouvrir comme dans la F ig. 1 , cote A , où la personne est plutôt aflife que couchée ; dans ce cas, dis-je , les Dormeuses peuvent être des Diligences ou des Désobligeantes, ou même des Chaises de poste. Au reste , comme ces voitures font pour servir à la campagne, elles doivent être d'une décoration simple & d'une conftruétion solide; & on doit observer d'y faire des caves d'une profondeur assez considérable pour pouvoir contenir les matelas & les couvertures du lit, comme je l'ai observé aux Fig. 1 & 2 ) où les caves ont 8 pouces de profondeur au plus bas, ce qui, encore, n'est bon que pour contenir un matelas ; car s'il y en avoit deux, comme l'exige la Fig. l , cote B , il faudroit augmenter la profondeur de la cave.

Ce que j'ai dit jusqu'i présent, renferme en général tout ce qu'on doit savoir touchant la conftruélion des voitures de telles formes & de telles especes qu'elles puissent être, tant dans leur totalité que dans les parties qui les composent.

J'ai aussi donné quelques régies générales touchant leur décoration, ne pouvant pas en dire davantage, ni donner de préceptes certains à cet égard , vu que les voitures étant des ouvrages sujets à la mode, font susceptibles de changements , du moins dans les parties de détail ; tout ce que je puis faire c'est de recommander le choix des belles formes, tant dans l'ensemble d'une voiture que dans les parties qui la composent ; comme aussi d'éviter la confusion tant dans les cintres que dans les ornements , & de faire ensorte que la décoration totale d'une voiture foit toujours analogue à son usage, & d'une richesse relative au rang de la personne pour qui elle est destinée ; en prenant ces précautions ,

on est presque toujours sur de réussir & de faire des ouvrages marqués au coin du bon goût ; au lieu que celles qui ne font faites que pour suivre la mode, ne font, ainsi que je l'ai déja dit, que de mauvaises copies qui annoncent toujours le peu de goût & de génie de ceux qui les ont faites.

= Au défaut de préceptes détaillés touchant la décoration des voitures, je vais donner dans la Planche 204 , des modeles des profils & des ornements dont on fait

PLANCHE 203.

PLANCHE 204.


fait maintenant usage dans la décoration des voitures, afin qu on puilie en taire choix félon les différents besoins, en observant toutefois de ne les employer qu'avec sagesse & retenue, & en raison de la richesse totale de la voiture , c'efl:- à-dire, de la caisse & du train, n'étant pas raisonnable qu'une caisse d'une décoration simple, [oit placée sur un train d'une décoration riche; & par la raison inverse qu'un train simplement décoré supporte une caisse très-ornée..

Ce rapport & cette gradation de richesse doivent non-seulement se trouver entre le train & la caisse d'une voiture, mais encore à toutes les autres parties qui en dépendent, comme la Bourrelerie , la Serrurerie & la Peinture, ce que j'ai observé dans les Planches 208 , 209 & 210, dans lesquelles je donne des modeles de trois différentes voitures d'une décoration très-riche, & où j'ai tâché de donner les plus belles- formes possibles , en évitant la simplicité arredée de celles qui font à la mode à présent f & la confusion & la lourdeur des anciennes, ce qui, je crois , suppléera en quelque façon au défaut de préceptes touchant la décoration des voitures , celles que j'ai dessinées ici étant plus que suffisantes pour qu'on puisse en imaginer d'autres plus ou moins riches, felon le befoiti qu'on en aura; de plus, ce que je dis en faisant' la description de ces trois voitures, pourra encore servir de guide dans la composition de quelqu'autre que ce puisse être , ainsi qu'on le verra en son lieu , après que j'aurai donné la description des voitures de catnpagne, par où doit commencer celle de toutes les voitures d'usàge à présent , dans laquelle description je comprendrai leurs formes, leurs usages & leurs principales mesures, ce que je ferai le plus fuccinélement ; possible, ne donnant qu'une Figure de chaque espece de voiture, & me contentant d'indiquer les changements ou les augmentations faites ou à faire, sans entrer dans un plus grand détail, ce que j'ai dit jusqu'à présent étant applicable à toutes les voitures imaginables.

CHAPITRE QUATRIEME,

Defeription de toutes les Voitures d'usage à préjent.

D

A N s la division des différentes especes de Voitures modernes, dont j'ai

parlé au commencement de cette troisieme Partie, page 458 , je n'ai eu égard qu'à leurs formes, sans considérer leur usage ; je suivrai à-peu-près cette même division dans la description des autres Voitures , à l'exception qu'ayant plus égard à leur usage qu'à leurs formes , je traiterai d'abord,dans chaque espece de Voitures , de celles qui font d'usàge à la campagne., comme étant les plus fblîdes & les plus simples ;je parlerai ensuite de celles de chacune de ces mêmes especes qui font en usage dans les villes , & dont par conséquent la forme & la décoration font plus susceptibles de richesses ; de forte que toute la description des

PLANCHE 20^


Voitures d'usage fera cornprife dans trois Serions. Dans la premiere , je traiterai des Voitures à quatre roues, comme les Coches servants à traniporter les Citoyens d'une Province à l'autre, les Gondoles & les Berlines à quatre portieres , les grands CarroiTes, les Berlines proprement dites , les Diligences ; & de toutes les autres especes de Voitures faisant nuance entre celles-ci & les X

Chaises , comme les Vis-à-vis, les Désobligeantes, les Angloises, les Caleches , les Diables , les Phaétons & les Wourftes.

Dans la fécondé Seétion, je traiterai des Voitures à deux roues, comme les Chaises proprement dites, de toutes especes, les Cabriolets, les Litieres & les Traîneaux.

Dans la troisiéme Settion enfin, je traiterai des Voitures portées ou traînées par des hommes, comme les Chaises à porteurs , les Brouettes , & les Chaises de jardins de toutes les especes.

Je terminerai ce Chapitre & tout ce qui regarde les Voitures , par une quatrième Seition, dans laquelle je traiterai de la maniere de [ufpendre les Voitures à raison de leurs différentes formes & grandeurs , ce qui, à la vérité, ness pas l'affaire du Menuisier; mais comme il arrive tous les jours que ces derniers donnent des Dessîns de Voitures toutes montées, il est bon de leur donner des régies sûres, pour qu'une caisse étant montée , reste à la place qu'ils ont marquée sur leurs dessins, sans reculer en avant ou en arriere, ou , ce qui èfl: encore pis, que cette même Voiture penche de l'un ou de l'autre côté.

De plus, il arrive tous les jours que les Menuisiers font des caissès neuves pour monter sur des trains déja faits, & que ces caisses étant montées , se trouvent mal suspendues , à quoi ils pourroient remédier en donnant au brancard une forme convenable à la disposition du train , laquelle forme , en changeant le centre de gravité de la caisse, lui rend l'équilibre n'éceffaire , ce que je démontrerai le plus clairement qu'il me fera possible.

SECTION PREMIERE.

Dejcriptlon d'un Coche, d'une Gondole & d'une Berline à quatre portieres.

- LES Coches font de grandes voitures publiques destinées à transporter les Citoyens d'une Province à l'autrelefquels font ordinairement d'une grandeur auez considérable pour contenir huit personnes qui y font assises au pourtour, tant sur les deux siéges des fonds, que sur des siéges qui font placés contre les côtés & qui se levent à l'endroit des portieres.

La caisse de ces voitures, Fig. l, a environ 7 pieds de longueur sur 5 pieds de largeur pris à la ceinture , ce qui fait qu'on est obligé de la monter sur des trains à fléchés à grande falfoir , parce que si elle étoit montée sur des trains de brancards , il faudroit que ces derniers eussent huit pieds de largeur au moins de

RL ANCHE 20 £


l'extrémité des essieux * ce qui feroit trop embarrassant ; au lieu que le train à fléchés tel qu'il est représenté dans la Fig. 1, n'a pas plus de 6 pieds de largeur, ce qui fait une très-grande différence.

Les Coches ne font pas ordinairement supportés par des soûpentes, mais

suspendus à des courroyes qui partent de 1 extrémité des moutons de l'avant & de l'arriere du train, & qui viennent s'attacher aux quatre coins du brancard. Celui qui est représenté Fig. 1, est suspendu de la même maniéré , à l'exception que les courroycs font attachées aux deux extrémités d'un rellort à taton, placé delîous le brancard ordinaire de la caisse , ce qui rend cette voiture aulTi douce que les Berlines. Tous les Coches n'ont point de ressorts comme celui-ci , qui fert pour aller de Paris à Lyon, en cinq jours l'été, & l'hiver en six jours. Cette voiture se nomme Diligence, & est la plus prompte & la plus commode de nos voitures publiques.

Il y a des Coches ou Carrosses publics qui font montés sur des trains de Berlines, c'est-à-dire, qui ont des brancards ; dans ce cas ils ne peuvent être fort larges, à cause qu'il faut qu'ils soient contenus entre les deux brancards du train, ce qui fait qu'ils ne contiennent que six personnes , à moins qu'on ne fît la caisse de ces voitures très-longue, afin de pouvoir contenir quatre personnes de longueur.

Je ne m'étendrai pas davantage sur la forme & la proportion des voitures donc je parle, parce que l'infpeétion feule des Figures doit fufUre tant pour le plan que pour l'élévation, la solidité étant ce qu'on doit le plus rechercher dans ces fortes de voitures, lesquelles ne font susceptibles d'aucune forte de décoration y du moins trop recherchée.

Ces voitures n'ont point de jour par devant, mais feulement par les côtés & I aux portieres, ce qui est nécessaire pour donner de l'air & du jour à l'intérieur de la voiture ; ces jours ne font pas remplis par des glaces, mais feulement par des panneaux de bois mouvants à coulisses, foit horifontalement ou perpendiculairement.

| Quelques-uns de ces panneaux font percés par le milieu pour y placer un | verre d'une moyenne grandeur, pour procurer du jour , & quelquefois même 1 ce font de véritables chassis dans lesquels font placés de gros verres au lieu de Ë g l aces.

l!, | En général, les bois de ces voitures, tant des bâtis que des panneaux, doivent être plus forts que dans les voitures ordinaires, du double pour les bâtis, & de � moitié pour les panneaux, & on doit avoir grand foin que leurs assemblages soient bien justes & parfaitement bien faits, (ce qui n'est pas ordinaire aux Menuisiers en Carrosses) vu la grande fatigue de ces voitures , & la difficulté de les rétablir s'il arrivoit qu'elles vinssent à manquer en chemin.

Je ne parlerai pas ici des anciens Coches , parce que j'en ai fait la description au commencement de cette Partie, page 462 > Se que de plus ces voitures ne

PLANCHE 20).


font plus d'usage à présent, ou du [moins si on s'en fert encore pour les | voitures publiques , ce n'est qu'autant qu'elles ne font point trop vieilles pour j servir ; & à mefore qu'elles se détruisent, on n'en reconstruit point d'autres, vu 1 leur peu de commodité. j Quant au train des Coches, je n'en ferai aucune description, parce que cela 1 appartient à l'Art du Charron ; je me contente feulement de le dessiner ici tant en plan qu'en élévation, afin de le faire connoître , & qu'on puisse distinguer un train à fleche & à grande [affoire tel que celui-ci, d'un autre train à fleche, mais dont l'avant-train est semblable à celui d'un train de Berline.

s Après les Coches, les plus grandes voitures font les Gondoles, lesquelles font quelquefois même plus grandes que les premiers , du moins pour ce qui est de la caisse , y en ayant qui peuvent contenir douze personnes assises au pourtour, telles que celle dont l'élévation est représentée Fig. i , & le plan F ig. 2.

Ces voitures font ordinairement montées sur un train de Berline , & n'ont de largeur au brancard que la largeur ordinaire , qui est d'environ 36 pouces , sans le renflement, ce que j'ai indiqué par les lignes ab, b c, c d & d e du plan Fig. 2.

La longueur de la Gondole Fig. 1 & 2., est de 8 pieds à la ceinture, sur 3 pied £ :6 pouces de largeur par les bouts, & 4 pieds 3 pouces au milieu , ce qui fait que le bas de la caiiTe est d'une forme ronde tant sur le plan que sur l'élévation , ce qui lui a fait donner le nom de Gondole, à cause de sa ressemblance avec une gondole, espece de petit bateau ou de vase pour boire. Le haut des côtés doit être plus en pente qu'aux voitures ordinaires, parce que comme les siéges de l'intérieur de la voiture font placés le long de ces côtés, il est bon qu'ils soient un peu inclinés, afin que 'on foit assis commodément , pour les raiofns que j'ai données en parlant des siéges des voitures, pages 554 & suiv. Voyella ligne e f g, Fig. 1 , qui représente la courbure & l'inclinaison du côté de la voiture , ainsi que celle f h, qui représente le dessus du siége & son inclinaison en dedans.

Le dessus de l'appui de ces voitures est ordinairement revêtu de cuir , au milieu de quoi font percés huit jours ou fenêtres ; ainsi que celles A, A , A , Fig. I & 2 ; savoir , une à chaque bout, & trois de chaque côté, lesquelles ont environ un pied quarré, & font placées de maniéré que ceux qui font assis dans la voiture, puissent voir dehors sans se lever de leur place.

Ces jours se rempliflent par des glaces , lesquelles montent dans des coulis.

féaux à l'ordinaire ; on a foin que ces coulifleaux montent de fond, & on les assemble dans le pavillon & dans le brancard, afin qu'ils soutiennent non-seulement le panneau de cuir, mais encore celui de l'appui, qui étant de bois, a bien de la peine à se prêter à la forme gondolée de la voiture, & qui fait toujours assez mal quelque précaution que l'on prenne, étant impoflible de faire ployer un panneau sur deux sens à la fois, comme je l'ai démontré en parlant de la maniéré de faire revenir les panneaux au feu, page 451, Il

PLANCHE 2 Or.

PLANCHE 206.


Il est bon anssi que le pavillon de ces voitures ( & en général de toutes les : voitures de campagne) foit fort bombé, afin qu'au dedans de la voiture on puisse , du dessus des battants de pavillon, tendre des rubans nommés filets, sur lesquels on place les choses les plus légeres qu'on emporte ordinairement avec foi. »

Par la même raison les caves doivent être fort profondes, pour placer les

paquets les plus lourds & les provisions de bouche.

En général, les bois de ces voitures, ainsi que de toutes celles de campagne , doivent être plus forts qu'à l'ordinaire, afin qu'elles réfiflent mieux à la fatigue , sans cependant les faire trop Inaffives, parce qu'alors elles deviendroient trop pesantes , ce qu'on doit éviter avec foin.

L'usage des Gondoles est très-bon pour les voyages & pour la chaŒe, parce qu'elles tiennent beaucoup de personnes, ce qui diminue en même temps l'ennui & les frais du voyage ; c'est pourquoi presque tous les grands Seigneurs en ont pour le transport de leurs gens & de leurs effets les plus précieux.

Pour ce qui est de la conftruâion de ces voitures, elle n'a rien de particulier ni de différent de ce que j'ai dit à ce sujet ; c'est pourquoi je n'en ferai aucune mention, les Fig. 1 & 2 étant suffisantes d'après tout ce que j'ai déja

dit.

Les Berlines à quatre portieres , aufli nommées Berlines Allemandes, font : faites pour contenir six personnes assises sur trois fiégcs ; savoir , les deux ordinaires, & un autre placé au milieu, ainsi que celui A, Fig. 2, auquel on ajoute un donner d'étoffe B , pour soutenir les personnes qui font assises sur ce siége,

& les empêcher de se renverser en arriere.

Quoique je dise que ce siége est placé au milieu de la longueur de la voiture, il est cependant bon qu'il foit un peu plus sur le derriere, comme je l'ai observé dans la Fig. 2 , parce qu'il est nécessàire que l'espace qui reste entre le siége de devant & celui du milieu, foit plus grand que celui qui reste entre ce dernier & celui de derriere , ce qui est tout naturel, puisque dans le premier les jambes & la faillie des genoux de deux personnes , doivent y être contenus vis-à-vis les uns des autres ; au lieu que dans le fecond, il ne faut que la place d'une personne sur la profondeur : il faut cependant éviter de trop reculer le siége du milieu, parce qu'il boucheroit beaucoup de la portiere, du moins en apparence ; car comme le dossier de ce siége est arrondi sur les extrémités, il laifle suffisamment de partage. Quoi qu'il en foit, il est toujours bon que l'espace de derriere ne foit pas trop étroit, parce que comme c'est la place des personnes les plus considérables, il est nécessaire qu'elles ne soient point gênées, du moins autant qu'il est possible.

La conftruélion & la décoration de ces voitures n'ont rien de particulier, ainsi qu'on peut le voir aux Fig. 1 & 1 ; tout ce qu'on doit observer , c'est que quand elles ne feront que pour être d'usage à la campagne, on diminuera la hauteur de la glace de devant, de forte qu'elle ne descende qu'à la hauteur

PLANCHE 20 6%

PLANCHE 207.


du dessus du siége, comme je 1 ai tait ici, afin de conierver autant qu il eil possible, la longueur intérieure de la voiture, laquelle n'étant ordinairement que de 6 pieds & demi à la ceinture, est déjà très-bornée pour être diminuée par le coulement de la glace du devant.

Les voitures à quatre portieres fervent ordinairement à la campagne ; cependant chez le Roi & chez les Princes , elles fervent quelquefois de voitures de ville, & alors elles peuvent être très-richement décorées ; dans ce cas on doit diminuer la profondeur de leur cave, ou même les supprimer tout-a-fait, ce qui feroit encore mieux.

Il faut de même, dans le cas dont je parle, diminuer la hauteur du bombage du pavillon , qui alors devient inutile. Il est aufli nécessàire de placer des glaces aux custodes de ces voitures, ce que je n'ai pas fait à celle que j'ai deŒnée, parce que je ne l'ai considérée que comme une voiture de campagne.

J'ai dit plus haut que la longueur ordinaire de ces voitures étoit de 6 pieds & demi ; cependant on fera très-bien de leur donner 7 pieds de longueur, sur 44 à 46 pouces de largeur à la ceinture, non-compris le renflement, ce qui est nécessaire, étant tout naturel qu'on foit plus à son aise dans une voiture où l'on paffe des journées entieres, que dans celles où l'on ne reste qu'un moment.

Voilà à peu-près toutes les voitures de campagne à quatre roues dont on faflè usage actuellement, mais ( à la vérité ) peu usitées par les particuliers , qui se fervent, pour voyager, de voitures ordinaires , qui font des Berlines construites feulement avec plus de solidité que les autres , ( c'est-à-dire , celles qui ne fervent que dans les villes ) & auxquelles on donne un peu plus de longueur & de largeur, ce qui ne change rien à leur forme & à leur conftrutlion, qui ne demande , ainsi que je l'ai déja dit, qu'un peu plus de solidité.

§. 1. Description d'un grand Carrossè , d'une Berline , d'une Diligence montés sur leur train, & de toutes les autres Voitures qui ont du rapport avec ces dernieres.

LES voitures de ville le plus en usage, font les Berlines & les Vis-à-vis, = que l'on monte sur des trains à brancards ou sur des trains à Beches, ainsi que je l'ai dit au commencement de cette Partie , où j'ai fait connoître la différence qu'il y avoit entre ces dernieres voitures & les grands Carrosses dont on ne fait plus usage à présent, du moins que très-rarement, encore n'est-ce que chez le Roi ; & j'ai dit qu'il feroit à souhaiter que ces voitures fussent plus en usage qu'elles ne le font chez les Princes & les très-grands Seigneurs, pour les distinguer par leurs voitures comme ils le font par leurs rangs ; c est pourquoi je donne ici, Pl. 208, le dessin d'un grand Carrosse à fleche recourbée ( ou à arc, ce qui est la même chose ) pour le passage des roues de l'avant-train, ce qui fait beaucoup mieux que les trains à grande fafloire, sur lesquels font montés tous les grands Carrossès du Roi. J'ai aufli placé des ressorts au devant & à l'arriere

PLANCHE 207,

PLANCHE 208.


du train de cette voiture, afin de la rendre plus douce que celles ordinaires, ou les courroyes qui portent la caisse, font attachées aux moutons du train, de forte qu'il n'y a de ressorts que dessous la voiture ; au lieu que dans celle-ci, ces courroyes étant attachées à des ressorts par les deux extrémités , rendent la voiture extrêmement douce.

En général, j'ai tâché, autant qu'il m'a été possible, de donner à l'enfeluble de cette voiture toute la légéreté dont elle a été susceptible , & d'allier les formes anciennes avec les modernes , en ôtant aux unes leur trop grande pesanteur, & en donnant aux autres un caraétere un peu plus ferme , ce qui est nécessaire à ces fortes de voitures.

Au reste, je ne donne point cette voiture comme une chose parfaite ni comme un exemple à imiter ; je ne la propose ici que pour donner naissànce à des idées plus parfaites , & pour faire connoître combien ces voitures acquéreroient de grandeur & de magnificence, si la partie de leur décoration étoit entre des mains plus habiles que les miennes , lesquelles allieroient aux régies invariables de la bonne conftruétion , la grace d'une décoration plus ingénieuse, ce qui est au-dcffus de mes forces.

Ces fortes de voitures font toujours très-grandes, parce qu'elles font faites pour pouvoir contenir six personnes ; (avoir , quatre sur les siéges de devant & de derricre, & deux au milieu sur un siége mobile qu'on ôte lorsqu'on le juge à propos ; c est pourquoi on leur donne ordinairement 7 pieds de longueur, sur 4 pieds 6 pouces de largeur à la ceinture , & environ 6 pieds & demi de hauteur du dessus du brancard au dessous de la frise de la portiere.

Pour ce qui est des autres mesures de cette voiture, tant pour le train que pour la caisse, il est assez inutile d'en parler ici ; de plus, j'ai mis au bas de la Planche une échelle, à laquelle on pourra avoir recours.

Je ne m'étendrai pas davantage sur la forme & la conftruétion de ces voitures, parce que j'en ai déja parlé au commencement de cette Partie , page 463 ; on aura foin feulement de faire les coulilïès de leurs glaces assez profondes pour que le chassis qui porte ces dernières ne paroisse point extérieurement, ce qui fait un très-bon effet, vu que les moulures de la caisse fervent immédiatement de bordures aux glaces.

On observera qu'à ces voitures, ainsi qu'à toutes les autres, il faut que les mêmes ornements soient employés sur le train & sur la caisse, ce que j'ai fait à cette voiture & aux deux suivantes. C'est un usage reçu qui me paroît trèsraisonnable , étant tout naturel que toutes les parties qui composent l'ensemble d'une voiture, aient toutes le même caraélere ; c'est pourquoi on ne s'écartera de cet usage que le moins qu'il fera possible.

J'ai donné ailleurs toutes les régies servant à la conftruélion & à la décoration d'une Berline ; c'est pourquoi je ne m'étendrai pas à ce sujet dans la description de celle que j'ai dessinée dans cette Planche, dont l'ensemble n'est qu'un réfilmé de ce que j'ai dit jusqu'à présent.

PLANCHE 208.

PLANCHE 202,


La Fig. i de cette Planche , repreiente 1 élévation d"une Berline montée sur son train & portée par de longues fbûpentes. Le corps de la caille est trèsorné & d'une forme bombée sur son plan, comme je l'ai indiqué par une ligne ponétuée dans la Fig. i, qui représente la moitié du plan du train , sur lequel j'ai feulement indiqué celui du brancard de la caille.

J'ai aussi cintré les traverses de ceinture ainsi que le pavillon, que j'ai fait à trois cintres, afin de donner plus de mouvement & de grâce à l'enfelnble de la caisse, ce qui, à mon avis, fait beaucoup mieux que les traverses droites qui font à la mode à présent , d'autant mieux que tous les cintres de cette voiture prennent naissànce les uns des autres, & font d' accord avec la forme générale de la caille, ainsi que je l'ai recommandé plus haut. Cette caisse , quoique d'une décoration très-riche , n'a cependant rien de superflu ; & les bois des bâtis, quoique plus forts que ceux des voitures à la mode, n'en rendent cependant pas la décoration plus pesante , ayant eu foin d'en diminuer la largeur en apparence par des ornements courants.

Les portieres de cette voiture font arrafées au reste de la caisse, & ouvrent dans le dégagement des moulures des custodes , de forte que toutes les traverses tant du haut que du bas & du milieu regnent ensemble, ce qui fait un très-bon effet.

Pour ce qui est du train de cette voiture , je l'ai fait le plus parfait qu'il m'a été possible , & j'ai fait les roues du train de devant aufli hautes qu'elles peuvent l'être à un train de cette espece , la hauteur de ces dernieres étant bornée nonseulement par la rencontre des brancards du train , mais encore par celle des fbûpentes fous lesquelles il faut qu'elles passent, ce que j'ai indiqué par des lignes perpendiculaires élevées des points que donnent la rencontre du cercle formé par la révolution des roues de l'avant - train avec les brancards & les fbûpentes , lesquelles lignes perpendiculaires font bornées sur l'élévation par la rencontre d'une ligne de niveau passant par le plus haut point des roues de l'avant-train ; de forte que les fbûpentes de cette voiture ne sauroient être plus baffes qu'elles ne font, & par conséquent les roues de l'avant- train plus hautes , à moins qu'on ne rehausse ces premieres, ce qui n'est guere possible, parce qu'en les haussànt par devant, il faudroit les hausser par derriere, ce qui éléveroit trop le cric qui est déja fort haut ; de plus, il faut éviter de donner trop d'élévation aux fbûpentes, afin que la cailïè ne foit point trop élevée & qu'on puisse y monter commodément, ce qui ne peut être quand il y a plus de 2 pieds & demi

de la ligne de terre au-dessus de la marche du brancard de la caissè.

La Fig. i de cette Planche représente une Diligence montée sur un train à flèche, nommé improprement train à VAngloife, ce qui m'a donné la liberté de faire les roues de l'avant-train fort hautes,, comparaison faite avec celles du derriere, ce qui est très-avantageux pour rendre la voiture plus roulante, ainsi que je l'ai prouvé page 562.

La caisse de cette Diligence est faite à l'Angloise, cest-à-dire, qu'elle est presque

PLANCHE 20p.

PLANCHE 210.


UjUW i * w J 1 4 U W --- presque quarrée par le haut , & quelle n'est pas cintrée en S sur le cote , ainsi que celles à la Françoise , dont j'ai donné la forme & les proportions page 548, mais font feulement un peu diminuées sur le derriere tant sur le plan que sur la hauteur, ainsi que je l'expliquerai en parlant des caisses des voitures à l'Angloise.

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Lorsque les Diligences, & en général toutes autres fortes de voitures , font montées sur des trains à ficehe, elles ne font ordinairement pas portées par de longues soûpentes , mais au contraire par des ressorts & des courroyes attachées aux angles de la caiIfc, comme je l'ai observé ici, ce qui est très-commode pour les Diligences dont la forme irréguliere du brancard donne beaucoup de peine pour les bien suspendre avec de longues soûpentes ; de plus , lorsqu'on suspend les Diligences comme je l'ai fait à celle-ci, on a l'avantage de faire le bas de la portiere presque de niveau, ce qui fait beaucoup mieux que celles dont la traverse du bas est de près de 3 pouces plus haute d'un bout que de l'autre , ainsi que je l'ai démontré ailleurs.

La Fig. 2. représente la moitié du plan de cette Diligence , sur lequel j'ai marqué le cercle que décrit la révolution des roues de l'avant-train, & leur rencontre avec les courroyes qui portent la caisse & les deux branches de la Beche, ce qui rapporté sur l'élévation, a servi à déterminer la forme de cette derniere & la hauteur des ressorts auxquels font attachées les courroyes ou soûpentes , lesquelles font indiquées sur le plan par des lignes ponétuées , ainsi que le plan du brancard de la caisse auquel elles vont répondre.

1 Voilà en général les trois especes de voitures dont on faffe usage aétuelle-* ment, sur-tout les deux dernieres, auxquelles j'ai donné la meilleure forme qu'il, m' a été possible , sans trop suivre ce qui s'appelle la mode , ni en même temps ni écarter beaucoup des usages reçus, tant pour ce qui est des cailles ( ce qui est mon principal objet ) que pour ce qui concerne leurs trains, que j'ai faits le plus légers possible, en leur conservant néanmoins une solidité réelle & même apparente , ce qui est absolument nécessaire ; comme aussi de n' y point faire aux unes ni aux autres de ressauts ni d' ornements trop saillants , parce qu'ils feraient exposés à fecaffer, foit par l'ébranlement du roulis de la voiture, foit en la lavant, ou par tous autres accidents inévitables & auxquels on ne peut obvier qu'en faifantles ornements peu saillants , & ne leur donnant que le moins de profondeur possible , afin que la poussiere s'y arrête moins, & qu'ils soient plus aisés à nétoyer.

Les Vis-à-vis font des voitures assez semblables aux Berlines , desquelles elles ne différent que par la largeur, laquelle ne peut contenir qu'une personne : elles différent encore de ces dernieres , en ce que leurs côtés ne font point cintrés, mais feulement diminués de l'appui jusqu'en bas d'environ 4 à 5 lignes, de forte qu'elles forment un angle à la ceinture , ce qui fait allez mal.

On pourroit corriger ce défaut en donnant à la diminution du bas une forma

PLANCHE 210.


bombée presque insensible , & en faisant la partie du haut droite à l'ordinaire, laquelle a quelques lignes d'évasement tout au plus.

La largeur des Vis-à-vis est de 25 à 26 & même 28 pouces à la ceinture, sur 4 pieds 8 pouces de long ; (avoir , 22 pouces d'ouverture de portieres, & 17 pouces à chaque custode.

La largeur du haut des custodes doit être de 19 pouces , & le cintre du pavillon d'environ 2 pouces de retombée. La hauteur de ces voitures doit être moindre que celle des Berlines, & n' avoir au plus que 4 pieds 2 pouces d'ouverture de portiere.

Leur renflement doit aussi être moindre, & n'avoir que 6 lignes au brancard & 18 lignes au pavillon. Quant à la conftruétion & à la décoration de ces voitures, ce font les mêmes qu'aux Berlines.

Les Désobligeantes font aux Vis-à-vis, ce que les Diligences font aux Berlines , c'est-à-dire, qu'elles ont les mêmes dimensions tant de hauteur que de largeur & de renflelnent, en observant toutefois de faire les custodes de 2 à 3 pouces plus profondes que celles des Vis-à-vis, ce qui ne souffre aucune difficulté & n'a pas besoin d'autre explication.

Les caisses des voitures nommées Angloises, font des especes de Berlines & de Diligences , mais plus souvent des Diligences que des Berlines. Ces voitures différent de celles à la Françoise , en ce qu'elles ont moins de renflement, qu'elles ne font point cintrées sur le côté où elles n'ont qu'un peu d'évasement, & qu'elles font moins cintrées & ont moins de hauteur que ces dernieres. Ces voitures n'ont point de glaces de custode, ni même de montants de crosle apparents , & la glace de devant est ordinairement divisée en deux parties qui coulent indépendamment l'une de l'autre , étant divisées par un montant, derriere lequel est placé un coulilleau double.

Les voitures à l'Angloise font très à la mode à présent, & je ne fai trop pourquoi, vu qu'elles n'ont ni une belle forme ni aucune grâce , ressèmblant plutôt à un coffre percé de plusieurs trous , qu'à une caisse de voiture ; mais il suffit que l'invention de ces voitures nous vienne d'Angleterre , pour que tout le monde en ait ou veuille en avoir, comme s'il existoit quelque loi qui nous obligeât d'être les serviles imitateurs d'une Nation rivale de la nôtre, & qui, quoique très-refpeétable & imitable à bien des égards , ne pourra jamais l'être pour les ouvrages de goût en générai , & sur-tout pour la partie dont je traite.

Ces voitures ne devraient, à mon avis, être d'usage qu'à la campagne, vu leur grande légéreté & leur peu de hauteur qui les rend moins sujettes aux coups de côté que les autres.

Les trains de ces voitures font toujours à fleche, foit simples ou doubles, ce qui oblige à les suspendre sur des rdlorts, & cela en augmente la douceur.

PLANCHE 210.


§. II. Description d'une Caleche, d'un Phaéton, d'un Diahle, d'une Diligence coupée (S- d'un Wourjl.

LES Caleches font des voitures de campagne destinées à la promenade où à la cbaffe, lesquelles font ouvertes de tous côtés au dessus de l'appui, & dont l'impériale est soutenue par des montants de fer, ainsi que celle représentée Fig. 1.

- -..

Ces voitures font à4, a 6, ce mëme 0 places, a deux perionnes 1ur la largeur, du moins pour l'ordinaire ; car on en fait à trois , ce qui est rare ; celle qui est représentée ici n'en peut contenir que quatre commodément, n'étant que de la longueur d'une Berline ordinaire, & n'ayant que deux siéges, l'un sur le derriere & l'autre au milieu, à l'endroit du pilastre B, lequel sépare les deux portieres A & C. Ces deux portieres font nécessaires, parce qu'elles fervent à entrer dans la voiture sans être obligé de paffer par dessus le siége du milieu , ce qui arriveroit nécessairement s'il n'y avoit qu'une portiere, parce que le siége du milieu est toujours immobile, ou du moins doit l'être, afin que ceux qui font placés sur le derriere de la voiture, puissent monter & descendre sans déranger ceux qui font placés sur le siége du milieu.

Quoique cette Calèche ne foit construite que pour contenir quatre personnes, on peut cependant en placer six , en reployant le devant de l'appui D en devant de la voiture, ce qui forme un troisieme siége.

Les Caleches à six font construites de la même manière que celle-ci, excepté qu elles ont 6 pieds & demi de longueur, & qu'elles ont trois portieres sur le côté. On peut pareillement faire un quatrième siége en abaissant le devant de l'appui, comme je l'ai dit ci-dessus , ce qui ne souffre aucune difficulté.

En général, les siéges des Caleches doivent être élevés au-dessus les uns des autres , en suivant à peu-près la forme du brancard, afin que toutes les personnes qui font placées dessùs , puissent voir les unes au-dessus des autres, ces fortes de voitures étant faites pour jouir de l'air & de la vue de la campagne, vis-à-vis de laquelle elles font toutes tournées , ce qui est différent des autres voitures, où ceux qui font placés sur les siéges du devant & du derriere, font assis visà-vis les uns des autres.

Ces voitures peuvent être d'une décoration très-riche & d'une forme gondolée , ce qui fait très-bien. Comme ces voitures fervent toujours à la campagne, on en fait dont on flipprime les panneaux , & dont on remplit l'espace avec des treillis de canne de différents compartiments, ce qui rend ces voitures plus légeres , & en même temps plus fraîches.

Le haut des caleches se ferme avec des rideaux de cuir ou d'étoffe, qu'on releve fous l'impériale & qu'on abaisse quand on le juge à propos, tant par les côtés que par derriere & par devant.

PLANCHE 111-4


On fait toujours des caves à ces fortes de voitures, ce qui est néccuaire pour 1 placer les hardes & les provisions dont on peut avoir besoin.

Les Phaétons ou Chars découverts, font des voitures*à-peu-près semblable:s aux Caleches, excepté qu'ils n'ont point d'impériales, de forte qu'on y est toujours à découvert. Ces voitures font peu en usage, & on ne s'en fert même qu'à la Cour & chez les Princes pour les promenades des Dames : elles font ordinairement très-riches, tant pour les ornements de sculpture que pour les peintures & les dorures. Celle qui est représentée Fig. 2, est à six personnes & à deux portieres sur la longueur, à la maniéré des Berlines à quatre portieres.

Ces voitures différent des Çaleches, en ce que les siéges font placés comme aux Berlines dont je viens de parler , c'est - à - dire , que ceux qui - font assis sur le devant de la voiture ont la face tournée vis-à-vis des autres , ce qui n'est pas aux Calech. ainsi que je viens de le dire.

Les Caleches & les Phaétons font ordinairement portés par de longues soûpentes ; ce n'est pas qu'on ne puisse faire autrement ; mais c'est l'usàge, auquel leur forme longue Se platte a peut-être donné lieu.

B La Fig. I représente une voiture nommée Diable, laquelle est à l'égard des Caleches, ce que les Diligences font à l'égard des Berlines, c'est-à-dire, qu'ils font coupés à l'endroit de la premiere portiere. Ces voitures fervent particulièrement pour essayer les jeunes chevaux, & alors elles ne consistent que dans un train à fleche, sur le devant duquel est ménagé un espace dans lequel se peuvent placer deux personnes ; mais dans le cas dont je parle, ces voitures fervent aux personnes qui voulant faire voir leur habileté à conduire les chevaux difficiles, menent leur voiture eux-mêmes ; c'est pourquoi on a foin que le devant de ces voitures fait plus haut qu'à l'ordinaire, afin que celui qui est dedans debout, puisse avoir l'estomach appuyé dessus, & foit moins exposé aux éclaboussures & aux ruades des chevaux. Ces appuis doivent aussi être un peu recourbés en devant, comme je l'ai observé Fig. 1 & 2.9 (lesquelles représentent les élévations de côté & de face , ) afin de ne point bleÍfer celui qui, en menant la voiture, est quelquefois appuyé dessus foit naturellement, foit par le mouvement de la voiture, laquelle n'a bailleurs rien de particulier tant pour la décoration que pour la conftruélion, si ce n'est qu'elles doivent être plus hautes que les voitures ordinaires , afin de pouvoir contenir* un homme tout debout.

Comme ces voitures font toutes ouvertes au-deffils de l'appui & ne fervent que très-peu, on a imaginé de faire servir les Diligences ordinaires à l'usàge de ces premieres , ce qu'on a fait en les coupant au nud de l'appui, ou du moins à environ 2 pouces au-dessus, comme le représente la Fig. 3 , où la coupe du pied d'entrée & de la postiere est représentée par la ligne a b, de forte que le , pied cornier de devant s'enleve, & emporte avec lui le battant de portiere avec lequel il ne fait qu'une feule & même piece , ainsi qu'on peut le voir dans la Fig.

PLANCHE 211.

PLANCHE 2.12.


Fig. 4, laquelle représente la coupe du pied d'entrée & du battant de portiere , prise à la hauteur de l'appui, & où j'ai indiqué par des ponctuations , la forme de ce même pied cornier réuni avec le battant de portiere.

Ce pied cornier entre tout en vie dans le bout du pavillon, & à tenon & enfourchement dans l'appui, & s'arrête en dedans de la voiture par le moyen d'un crochet.

L'invention de ces Diligences coupées vient a Angleterre, de on les nomme Diligences coupées en birouche; leur usage n'est pas fort bon, parce que leurs joints font toujours mal ; de plus , lorsqu'elles font toutes montées, elles rendent un mauvais son occasionné par le jeu qui se trouve nécessairement dans les assemblages des pieds corniers ; c'est pourquoi on fera très-bien de ne pas faire de ces fortes de voitures coupées, que je ne représente ici que comme des exemples à éviter y & en même temps pour ne rien laifler à délirer.

Avant de terminer ce qui regarde la description des voitures à quatre roues dans la conftruétion desquelles le travail du Menuisier est nécessaire, je crois devoir parler d'une voiture de chasTe nommée Wourfl ou Vource, dont l'invention vient dalleiliagi-ie, laquelle ne consiste qu'en un train à fleche très-étroit, afin de pouvoir mieux parler dans les routes des forêts. Au-dessus de la fleche de ce train est suspendu un siége long d'environ 7 pieds, lequel est porté par deux courroyes ou soûpentes , dont une tient à un ressort placé fous le siége du Cocher & au devant de ce siége ; & l'autre du derriere du siége à un cric placé au derriere du train, par le moyen duquel on ferre ou relâche la soupente.

Au-dessous du siége , & par conséquent de la fleche du train qui paffe entre deux, est placé un marche-pied sur lequel posent les pieds de ceux qui font assis comme a cheval sur le siége , au bout duquel, sur le derriere, est une espece de caisse semblable à celle d'un Cabriolet, laquelle est séparée en deux par le siége , & peut contenir deux personnes de largeur, ou bien une feule assise comme les autres qui font sur le long siége , c'est-à-dire , à califourchon.

Je ne donne pas ici d'autres explications touchant la description de cette voiture , parce qu'elle est presque toute du ressort du Charron , & que le Menuisier n'y a presque rien à faire ; c'est pourquoi je me contenterai de la représenter dans la Planche 217, Fig. 1. Voyez cette Planche.

SECTION SECONDE.

Description d'une Chaise montée , d'une Chaise de posse, d'un Cahriolet, de deux Litieres & d'un Traîneau.

L'USAGE des Chaises à deux roues est très-nouveau, comme je l'ai fait voir au commencement de cette Partie de mon Ouvrage ; elles ne servoient dans leur origine qu'à faire des voyages en porte ; mais présentement elles font très-communes , tous les particuliers de médiocre fortune en faisant usage tant

PLANCHE 212.

PLANCHE 213.


= dans les villes qu'à la campagne. Les Chaises qui fervent dans les villes font a deux & même à quatre places, ainsi que celle représentée Fig. i , laquelle peut contenir deux perfbnnes sur la profondeur & deux sur la largeur, Fig. 2, & que j'ai représentée aussi en plan, Fig 3 ,.afin qu'on connoisse mieux la différence du train des voitures à quatre roues, & de celles à deux roues, qui font celles dont je parle.

Le train des Chaises en général, est composé de deux brancards, dont le derriere est assemblé comme celui des Berlines, à peu de chose près ; le devant se termine en deux bras ou limons, entre lesquels on place le cheval qui, à cette voiture, fait la fonétion de traîner la voiture & d'en supporter une partie.

Voye* la Fig. 3 , qui représente la moitié du plan de la Chaise , dont l'élévat i oii est re p rc" sensée F». i & 2.

tion est représentée Fig. 1 & 2.

A toutes les Chaises la portiere est par devant, la trop grande élévation de leurs brancards les empêchant d'être par le côté, parce qu'alors il faudrait que lacaiffe fût élevée au-deffusdes brancards, ce qui l'éléveroit trop; c'est pourquoi on place, dis-je , la portiere par devant, laquelle ouvre non pas verticalement , comme celles des autres voitures , mais horifontalement, ce qu'on nomme des portieres à la Toulouse. Je ne fai pour quelle raison.

Il y a des Chaises où la portiere ouvre à l'ordinaire par le moyen d'une certaine ferrure , qui, en la faisant ouvrir dans les brancards, a la propriété de servir alternativement de gond & de ferrure , de forte que les portieres peuvent ouvrir à droite ou à gauche, ce qui est très-commode ; cependant l'usage des portieres à la Toulouse a toujours fubfifié, & on les fait presque toutes de cette façon, tant aux différentes especes de Chaises de poste, qu'aux Cabriolets & autres voitures de cette espece.

Les Chaises font suspendues sur de longues fbûpentes , ou par le moyen des ressorts à l'écrevisse ou autres , ce qui ne fait rien à leur forme.

La hauteur des Chaises doit être de 4 pieds & demi au plus haut, c'estdire , par le côté du dessous du brancard au-dessus du pavillon , sur 3 pieds 6 pouces de largeur de ceinture lorsqu'elles feront à deux places sur la longueur, & de 3 pieds au plus quand elles feront à me place , en observant dans le premier cas de faire beaucoup plus faillir le devant de la portiere , pour pouvoir placer commodément les jambes de celui qui est placé devant ; & que le siége ou strapontin ne gêne aucunement la personne qui est placée derriere , comme il arrive aux Chaises qui n'ont pas assez de profondeur, & où par conséquent le strapontin se trouve placé entre les jambes de celui qui est dans le fond de la Chaise, ce qui est fort incommode, sur-tout quand on fait de longs voyages.

Il est bon que ce strapontin foit peu haut, & on ouvre le devant de la cave, dans laquelle celui qui est assis dessus place ses jambes, ce qui fait qu'il ne bouche point la vue de celui qui est placé derriere , ce qu'on observe à toutes les Chaises de poste. Pour la largeur des Chaises , elle doit être de 40 pouces à la ceinture quand elles feront à deux places sur la largeur, ou de 25 à 26 pouces

PLANCHE 213.


lorsqu'elles feront à une feule place. Quant à la forme de leur plan , elle peut!

être comme les Diligences à la Françoise ou à l'Angloise lorsqu'elles font à deux places, ce qui est arbitraire ; mais lorsqu elles feront à une place, on les fera comme les Désobligeantes, auxquelles elles ressemblent.

Les Chaises peuvent être très-riches & ornées de glaces tant à la face qu'aux

custodes , félon qu'on le jugera à propos.

Les Chaises de posse proprement dites, ne différent en aucune maniéré de celles dont je viens de parler, si ce n'est qu'on les fait plus simples & plus solides que les premieres, & quelque peu plus baffes, pour diminuer les coups de côté autant qu'il est possible. Ces Chaises ne font ordinairement qu'à une feule place , ou si on les fait à deux , ce n'est que sur la profondeur ou sur la largeur, mais jamais sur l'un & l'autre sens, c'est-à-dire, à quatre places, parce qu'elles deviennent trop lourdes & fatiguent beaucoup les chevaux , ce qui en a fait

défendre l'usage pour les grands voyages, où on se fort de chevaux de postes ; & on fait les Chaises de poste le plus étroites possible, afin que la personne qui s' y place n' y entre qu'à peine. Cette observation est très-eflentielle, parce que quand ces voitures font trop larges , leur balottement qui est inévitable , fatigue beaucoup ; au lieu que quand elles font justes à la grosseur de la personne , on est moins fatigué, le corps suivant les mouvements de la voiture sans prefqu'en ressentir les secousses , ce qui est fort à considérer, sur-tout dans le cas d'un grand voyage. Voye £ les Fig. I & 2, qui représentent les élévations de côté & de face d'une Chaise de poste.

Les portieres des Chaises ouvrent au-dessus de la naissànce de la glace cotée a a , Fig. 1 & 1, & font ferrées sur le brancard b, même Figure ; & pour les rendre plus légeres, on les chantourne par le bas d'après la largeur nécessàire pour le coulement de la glace, de forte que la partie du côté de la portiere , comprise entre la ligne b c d, Fig. 2 , & le brancard & le pied cornier, demeure attachée au corps de la caille : cette partie se nomme goujèt, apparemment à cause de sa forme cintrée en S.

Pour bien faire entendre ce que je dis touchant les ouvertures de ces portieres & leur conftruétion, voyez la Fig. 3 , qui est dessinée au double des précédentes , laquelle repréfentc la coupe du devant de la Chaise, & par conséquent celle de la portiere , dans laquelle j'ai fait voir par des lignes ponéluées, les opérations nécessàires pour avoir le contour de la coulisse sùpérieure, & la forme du panneau de doublure.

J'ai aussi dessiné dans cette même Figure la coupe de la portiere ouverte,.

cote a a , afin de faciliter l'intelligence du discours.

Voyez aufli les Fig. 4 & 5 , dont l'une représente la coupe du pied cornier, prise au-deffils de l'ouverture de la portiere, & l'autre la coupe de ce même pied cornier prise au-dessous de cette ouverture, & la coupe du battant de portiere, d après lesquelles on pourra très-aisément entendre toute la théorie de la conftruélion de ces fortes de portieres.

PLANCHE 213.

PLANCHE 214.


Les Cabriolets font des especes de petits Chars découverts, ainsi que les repré- l {entent les Fig. 1 2, lesquelles ont des portieres ouvrantes à peu-près comme j

celles des Chaises de poste ; ce n'est pas proprement des portieres, mais c'est: le devant de la voiture qui, en ouvrant, emporte une partie du côté, comme l'indiquent les lignes a, b , c , des deux Figures.

On fait à présent des Cabriolets dont l'ouverture de la portiere n'est indiquée par aucune moulure, & se fait à travers le panneau de côté, foit en cintre comme les Fig. 1 & 2 , ou par une ligne droite comme aux voitures à panneaux arrafés ; on en fait d'autres dont il n' y a que le devant qui s'ouvre dans les moulures , sans emporter rien des côtés, ce qui est beaucoup mieux que de couper les panneaux de côtés.

Ces voitures , telles qu'elles font représentées , ne peuvent contenir qu'une personne sur la longueur ; & quand on veut en placer deux, il faut ouvrir le devant pour en augmenter la profondeur, ce qui fait un vuide par le côté , qu'on remplit par une joue ou aile a , h , c, d, e, qu'on ôte quand on le juge à propos. Cette ouverture se fait à rainures & languettes, & on la place autant qu'il est possible dans le dégagement des moulures , comme à la Fig. l , ou bien au milieu du champ, comme à la Fig. 2, ce qui est moins bien, mais plus solide. # Il y a des Cabriolets dont on supprime le devant totalement, de forte que ce ne font à proprement dire , que des siéges portés sur un brancard,,, ainli que les premieres Chaises de poste dont j'ai parlé au commencement de cette Partie , page 460.

Il y en a d'autres au contraire, dont non-seulement le devant est fermé, comme ceux qui font représentés dans cette Planche , mais encore le deffils de l'appui, foit par un entourage de cuir mobile, qu'on nomme soufflet, qu'on hausse ou qu'on baUTe comme on le juge à propos.

Quelquefois le haut de ces Cabriolets est tout-à-fait fermé de menuiserie avec des glaces par devant & aux côtés ; mais alors ce ne font plus de vrais Cabriolets , mais des Chaises dont le bas est de la forme de ces derniers. Quant à la forme des Cabriolets , celle de la Fig. 1 est la plus belle ; mais celle de la Fig. 1 est la plus commode , c'est pourquoi on doit la préférer.

Leur largeur est ordinairement de 28 pouces au brancard, & de 36 pouces par derriere à la ceinture , & par devant de 38 à 40 pouces sur la même largeur de brancard, lequel est égal d'un bout à l'autre, & dont la longueur est d'environ 3 pieds à 3 pieds un quart, ainsi qu'on peut le voir dans la Fig. 5 , qui représente le brancard vu en dessus, & où j'ai marqué par des lignes ponétuées la largeur & l'évasement de la voiture, dont j'ai représenté l'élévation de face, Fig. 4 , & celle de derriere Fig. 5.

Pour ce qui est de la hauteur des Cabriolets , on leur donne ordinairement 23 à 24 pouces de haut à l'endroit de l'ouverture du dessus de l'appui au-dessus du brancard ,

PLANCHE 2iy.


brancard, & on doit avoir foin d'y mettre à cet endroit un faux-montant altemble dans le brancard & dans la traverse d'appui, lequel patle par derriere le panneau & fert à le soutenir. Il y a des Cabriolets où ce montant est apparent ; mais ils ne font pas bien : c'est pourquoi il vaut mieux le faire paffer par derriere le panneau, comme je l'ai indiqué par les lignes f g & h i, Fig. 3* Ces voitures font très-légeres & bonnes pour la promenade ; mais leur trop grande légéreté en rend l'usage dangereux dans les villes , ou elles font trop sujettes à être renversées par le choc des autres voitures ou par tout autre accident

Les Litieres font des voitures servant a transporter les malades, ou a voyager dans les pays montagneux , où les autres voitures ne sauroient paÍfer.

Elles font de deux especes ; savoir, celles de louage, dont la forme est trèssimple, & qui n'ont point de portieres ouvrantes , comme la Fig. 1 , & celles appartenantes aux particuliers, lesquelles ont des portieres ouvrantes & font susceptibles de quelque décoration , comme la Figure 3.

L'une & l'autre de ces deux especes de Litieres font portées par des chevaux & plus ordinairement des mulets, dont la marche réglée rend ces voitures trèsdouces. Elles ne peuvent contenir que deux personnes , l'une sur le devant & l'autre sur le derriere. A la premiere de ces deux voitures, les brancards servants à la porter paÍfent tout le long & y font arrêtés avec des chapes de fer, lesquelles tiennent au corps de la caisse, au milieu de laquelle & du dessus de l'appui, est une ouverture d'environ 11 pouces de largeur qui la sépare en deux parties qui ne font rejointes au milieu que par une traverse , sur laquelle est attaché un rideau de cuir, lequel se releve deuus la Litiere , ou qu'on abaisse li on le juge à propos.

Voyel la Fig. 2 , qui représente la coupe de cette Litiere, dans laquelle on entre, pour ainsi dire , par la fenêtre , puisque pour entrer dedans , le Muletier vous prend à brasse-corps & vous enlevé par dessus les brancards, ce qui est assez incommode.

La feconde espece de Litiere na pas cet înconvénîent, parce qu'elle a des portieres ainsi qu'à un Vis-à-vis auquel elle ressemble , excepté que les Litieres n'ont point d'ouverture par devant ; cependant il faut observer que les portieres obligent de couper les bâtons de brancards au nud de ces dernieres , ce qui est moins solide que s'ils étoient d'une feule piece, comme dans la Fig. i , & ce qui oblige à y faire des ferrures très-compliquées pour empêcher les coups de côté qui pourroient enfoncer les côtés de la caisse, ainsi qu'on peut le voir aux Fig.

3 & 4, qui représentent l'une & l'autre l'élévation d'une Litiere avec portieres ,

(if) Je ne parlerai pas ici des Fourgons, des Guinguettes & autres voitures à deux roues , parce que quoique du ressort du Menuisier pour la caisse, elles ne font susceptibles d'aucune espece de décoration ni de forme confiante, n'étant pour la plupart que de grands coffres

suspendus entre deux brancards, ouvrants ent dessus, ou par derriere ou par les côtés, en raison des différents besoins & de la volonté de ceux qui font construire ces voitures , qui ne fervent guere qu'à la chasle, ou pour les voyaees, pour transporter les meubles & les vivres"

PLANCHE 21 j*

PLANCHE 2 i 6,


laquelle, ainsi que celles ci-deffils, doit avoir 24 à 26 pouces de largeur à la ceinture ,sur 5 pieds de long, & 4 pieds 3 pouces de hauteur de portiere.

En générai , les Litieres étant absolument des voitures de campagne , ne font pas susceptibles d'une grande décoration, la solidité étant tout ce qu'on doit y rechercher , sans pour cela les rendre trop lourdes ; cependant lorsqu'elles feront destinées à l^ufàge de personnes de diftinétion, on pourra les orner de moulures & de sculpture d'un caractère ferme, & par conséquent analogue à leur usage.

Comme ces voitures fervent à porter des personnes malades, il feroit bon qu'elles ouvrissent à la façon des Dormeuses , ce qui feroit très-commode , & ne souffriroit aucune espece de difficulté.

Les bâtons des brancards de Litieres doivent avoir environ 5 pieds de longueur par devant depuis le nud de la caille, & être plus longs par derriere d'environ un pied, afin que la tête du cheval ou du mulet ne foit point trop près de la Litiere, & qu'ils ne soient pas plus chargés l'un que l'autre lorsqu'il n'y aura qu'une perfbnne dans la Litiere , ce qui arrive assez fbuvent.

; La Fig. 1 représente l'élévation géométrale d'un Wourft, dont j'ai fait la description en parlant des voitures à quatre roues, page 581.

Les Fig. 2 & 3 représentent l'élévation & le plan d'un Traîneau , espece de voiture sans roues, laquelle n'est pas portée, mais traînée par des chevaux.

L'origine de ces voitures nous vient du Nord, où elles font très-communes ; mais on s'en fert très - rarement en France, n'y ayant que les Princes qui en faflent tifage.

Les Traîneaux font composés d'un brancard A B de 10 pieds de longueur sur 3 pieds de largeur ; les deux battants de ce brancard relevent sur le devant & se rejoignent en arc , au haut duquel on place un étendart, sur lequel est peinte une devise ou les armes du Prince auquel la voiture appartient. Le dessous de ces brancards est garni de deux bandes de fer en dessous, afin d' en faciliter le frottement.

Les battants font assemblés avec deux traverses C, D, lesquelles soutiennent le corps de la voiture, au derriere de laquelle est placé un siége E, destiné à porter le Cocher qui y est assis à califourchon, & de cette place mene le cheval qui est attelé au Traîneau par deux bâtons ou especes de limons de 9 à 10 pieds de longueur , qu'on attache aux battants de brancards par le moyen des anneaux F.

La caiÍfe de ces voitures est quelquefois à deux places sur la largeur, mais plus ordinairement à une ; il y en a quelquefois à quatre places , c est-à-dire , à deux sur la largeur , & deux sur la longueur , mais elles font très-rares.

En général, la décoration de ces voitures est assez arbitraire , ou du moins elle l'a paru jusqu'à présent, puifqu'on en a fait qui représentoient des Cerfs des Chevaux, des Lions, ou tous autres animaux dans le corps desquels on semble

PLANCHE 2 1 6m

PLANCHE 217.


être placé. Il y en a d'autres où l'on s'est contenté de représenter au devant des têtes de ces différents animaux, ce qui est un peu moins ridicule : quoi qu'il en foit, je crois, malgré la coutume, qu'il pft beaucoup mieux de donner à la caisse de ces voitures une forme analogue à leur usage, ainsi que celle qui est représentée Fig. 2. & 3 > laquelle est d'une forme à peu-près semblable à celle des Cabriolets ou des Chars anciens , ce qui fait beaucoup mieux que de placer des hommes dans le corps de quelque animal, ce qui est contre la raison & la vraisemblance.

Quant à la décoration de ces voitures, elle doit être très-riche, vu qu'elles ne fervent qu'aux Princes, du moins dans ce pays-ci.

Pour ce qui est de leur mesure , c'est la même qu'aux Cabriolets ; c'est pourquoi je n'en parlerai pas davantage. Voyel les Fig. 2 & 3 , dont rinfpeétion feule peut suffire , non-seulement pour donner des régies certaines touchant la forme & la conftruétion de ces voitures , mais encore à faire naître d'autres idées pour les décorer avec plus de richeiïe & de goût.

» SECTION TRoisiiz mie.

Description d'une Chaise à porteurs, d'une Brouette, & de diverjes Chaises de Jardins.

LES Chaises à porteurs font des especes de Litieres coupées, dont la portiere est par devant, & qui font portées par deux hommes placés l'un devant, l'autre derriere.

La conftruétion de ces voitures n'a rien de particulier, tant pour la portiere que pour le coulement des glaces, si ce n'est que quelquefois celles de custode coulent horifontalement; mais cette maniere de faire couler les glaces n' est point bonne , parce qu'en portant la Chaise , elles font sujettes à se mouvoir, ce qui n'arrive pas quand elles font placées à l'ordinaire, c'est-à-d ire , qu'elles coulent perpendiculairement.

Comme ces Chaises font portées par des hommes, on doit avoir foin de les rendre le plus légeres possibles ; c'est pourquoi à celles où les glaces de custode coulent perpendiculairement, on ne donne d'épaisseur par le bas au pied cornier de devant & de derriere , que ce qui est nécessàire pour contenir la glace, & par le haut de ces mêmes pieds on augmente cette épaisseur de ce qui est nécessàire pour la languette de l'apfichet & pour la glace, ce qui fait environ 9 lignes en tout. Cette plus grande épaisseur des pieds le continue tout le long du côté, lequel est cintré en S du dessus de la traverse d'accotoir ou de ceinture » jusqu'à 9 ou 12 pouces plus bas, ainsi qu'on peut le voir à la Fig. 1, qui représente une Chaise à porteurs vue de côté, & la Fig. 2 qui représente cette même Chaise vue de face.

PLANCHE 217.

PLANCHE 218.


? Voyez aussi la Fig. 4, qui représente la coupe d'un battant de brancard avec son plafond ; celle 6 , qui est la coupe du pied cornier de devant & du battant de portiere, prise à l'endroit de l'appui, & par conséquent à la moindre épaisseur du pied cornier. Voyez pareillement les Fig. 5 & 7, dont l'une représente la coupe du pied cornier de devant, prise au-dessus de l'appui, c'est-à-dire , à sa plus grande épaisseur, & l'autre la coupe de la traverse d'appui & celle du faux-panneau , le tout grand comme l'exécution.

Ces Chaises font portées par des bâtons ou brancards, lesquels passent dans des chapes de fer placées sur les pieds corniers aux deux, côtés de la Chaise , & à 18 pouces du bas au-detrous des bâtons , lesquels ont ordinairement 2. pouces à 2 pouces 3 lignes de largeur, sur une épaiileur moindre de 3 à 4 lignes ; leur longueur doit être de 10 pieds à 10 pieds & demi, & on doit toujours observer qu'ils excedent du corps de la Chaise par derrière d'environ 9 pouces à un pied plus que par devant, afin que le fardeau devienne égal pour les deux porteurs.

162, CI-iaife re p fent -ée Fig.

Le bâton , tel qu'il est représente Fig. 3 , est diminué par les deux bouts des deux côtés également ; cependant il est bon pour leur conserver plus de force , de faire toute cette diminution en dessus , de maniere que le deffotis présente une ligne droite, on doit avoir la même attention en les diminuant sur l'épaiiïèur ; c'est-à-dire , qu'il faut faire cette diminution du côté de la Chaise, dont la pesanteur tend toujours à faire revenir les bâtons en dedans , comme à les courber en contre - haut, ce qui est tout naturel & n' a pas besoin d'autre démonstration.

Les bâtons se font quelquefois de bois de noyer blanc , ce qui est très-bon , ou bien de bois de frêne , lequel étant parfaitement de fil , donne à ces bâtons toute l'élafHcité nécessaire pour rendre les Chaises plus douces ; cependant les Menuisiers en Carrosses se fervent plus volontiers de bois de hêtre pour faire ces bâtons , parce qu'il se conferve plus long-temps que ces derniers qui, venant à se sécher, caftent aisément ; au lieu que le hêtre conservant sa féve plus longtemps , est d'un bien meilleur usage. Il faut avoir grand foin lorsqu'on fait des bâtons de Chaises à porteurs, de choisir du bois bien de fil, moyennement sec & d'une égale densité, afin qu'ils ploient également dans toute leur longueur & l'un comme l'autre; car s'il arrivoit que l'un des deux fût plus ou moins élastique que l'autre, il fatigueroit beaucoup les porteurs , & rendroit le mouvement de la Chaise dur & inégal, ce qu'il faut éviter.

Comme ces bâtons ne font pas adhérents au corps de la caissè & qu'ils pourroient gliflèr, on y place en dessus & à l'endroit des chapes de fer , des clous à têtes plattes, ou toute autre chose de 2 à 3 lignes de faillie, qui les retiennent en place.

La largeur des Chaises à porteurs est ordinairement de 22 pouces à 2 pieds par

PLANCHE 218.


par devant, & environ un pouce de moins par derriere 5 pris a la plus grande : largeur, cen-a-dire , au-defliis de l'appui.

Leur longueur est de 30 pouces à l'appui & de 32 pouces par le haut, sur 4 pieds 6 pouces de haut, pris à l'ouverture de la portiere, qui est ordinairement cintrée, ainsi qu a la Figure 2.

Je viens de dire que le derriere des Chaises a porteurs etoit plus étroit que le devant d'environ un pouce , ce qui fait aÍfez bien pour le corps de la Chaise , mais cette diminution de largeur resserre ou élargit trop la distance des bâtons à leur extrémité; c est pourquoi on fera très-bien en posant les chapes de fer, de disposer celles de derriere de manière qu'elles soient plus éloignées du corps de la Chaise que celles de devant de ce qui fera nécessàire pour rendre le parallélisme des deux bâtons.

En général, les Chaises à porteurs font très en usage pour le Public & pour les Particuliers, qui en ont de très-riches , tant pour ce qui regarde la décoration intérieure qu'extérieure. Ces voitures font aussi fort en usage à la Cour, où non-seulement les Dames , mais encore les Hommes, s'en fervent pour traverser une cour ou même une gallerie.

Il y a des Chaises a porteurs dont les bâtis font remplis par des cannes à compartiments , ce qui les rend plus légeres , & en même temps plus fraîches pour l'éte.

Les Brouettes font de petites voitures assez semblables aux Chaises à porteurs , ; pour ce qui est de la forme & la conftruétion de la caisse ; mais elles différent de ces dernieres, en ce qu'elles font portées par des roues, ( ou pour mieux dire, par un ressort attaché au corps de la voiture & à l'essieu des roues ) & traînées par un homme au moyen de deux bâtons attachés à la voiture, entre lesquels il est placé comme un cheval de limon , ce qui, malgré l'urage, ne fait pas beaucoup d'honneur à l'urbanité Françoise. Toute la différence qu'il y a entre le corps d'une Chaise à porteurs & celui d'une Brouette, c'est qu'à ce dernier il faut placer deux montants sur le derriere dans la partie de l'appui, ou pour mieux dire a un seul montant évuidé au milieu pour paffer l'essieu des

roues & les montants de fer qui y font attachés.

Il faut observer en plaçant ces montants, qu'ils le soient de manière que les roues ne débordent pas le corps de la voiture par devant, & que leurs ouvertures , ainsi que le siége, soient assez élevés pour que l'essieu puisse monter sans y toucher.

Les roues des Brouettes ne sauroient avoir plus de 3 pieds 8 pouces de diametre , parce que si elles en avoient davantage , elles haufleroient trop le siége qui est déjà fort élevé , puifqu'il a près de 16 pouces du dessus, ainsi qu'on peut le voir Fig. 3 , laquelle représente la coupe de la Brouette, dont les élévations de face & de côté font représentées Fig. 1 & 2.

Quant à la manière dont les Brouettes font suspendues, elle est fort ineré-

PLANCHE 218..

PLANCHE 219.


nieufe : elle consiste en un coin de ressort attaché en dessous du brancard, que l'on prolonge d'environ un pied plus que le devant de la voiture ; le petit ;; bout de ce ressort entre dans une boucle formée à une tringle de fer attachée -j avec l'essieu ,. de forte que tout le poids de la voiture porte sur le refïqrt, & •:] par conséquent sur les roues, par le moyen de la tringle montante , qui alors !

fait l'office de foltpente.

Je ne donnerai pas d'autres détails touchant la maniere de suspendre les Brouettes, parce que cela n'est pas du ressort de cet Ouvrage, & que c'est j'affaire du Serrurier de voitures , m'étant contenté d'avoir représenté dans les Fig. 4, 5 & 6, l'élévation d'un montant de Brouette avec sa garniture de fer & le montant de fer dans lequel patte l'essieu A ; le bout inférieur de ce même montant avec la boucle ou chape qui reçoit le bout du ressort B, & le plan des montants des côtés de la Brouette, avec les garnitures de fer, dans lesquelles est pratiquée la coulisse par où passe le montant de fer, dont le collet est indiqué par des lignes ponétuées descendantes de l'élévation Fig. 4, au plan Fig. 6.

Les Brouettes font peu susceptibles de décoration , étant la plupart des voitures publiques ; il suffit qu'elles fbient construites solidement : cependant comme il y a quelques Particuliers qui en font usage, on pourra faire ces dernieres un peu plus riches que les autres, comme je l'ai observé aux Fig. I & 2 , ou j'ai mis des glaces de custode & des montants de crosses , ce qu'on ne fait pas aux Brouettes publiques, lesquelles , ainsi que les Chaises à porteurs de cette espece, n'ont par la face ainsi que par les côtés , que des ouvertures d'environ 8 à 9 pouces de haut , ouvrantes à coulisses horifbntales par les côtés feulement.

Les Brouettes, ainsi que- les Chaises à porteurs publiques, doivent être un peu plus petites que celles dont je viens de faire la description, d'environ 3 ou 4 pouces sur la longueur, 2 pouces sur la largeur, & 2 ou 3 pouces sur la hauteur, afin de les rendre un peu plus légeres.

Ce que je dis ici au sujet des Brouettes & des Chaises à porteurs publiques doit aussi s'appliquer aux voitures nommées Fiacres , lesquelles font toutes des Berlines d'une forme très-simple , de 3 pouces plus étroites, de 6 pouces plus courtes, & de 2 pouces plus basses que celles dont j'ai fait la description ci..dessus.

= Les Chaises de jardins font de petites voitures à deux, trois ou quatre roues, : traînées, ou plus ordinairement poussées par des hommes. Ces voitures font à une, deux, trois , & même quatre places, & font ordinairement découvertes, ou du moins si elles font couvertes , ce n'est que par des pavillons & des rideaux d'étoffe, ce qui par conséquent nest pas du ressort des Menuisiers.

Ces voitures ne font guere d'usage que chez le Roi & chez les Princes , où elles fervent aux Dames ou aux personnes incommodées, qui veulent se donner le plàisir de la promenade.

PLANCHE 219-

PLANCHE 220.


Leur décoration & leurs formes font adez arbitraires ; c'est pourquoi je ne m'étendrai pas beaucoup à ce sujet, me contentant de donner dans cette Planche différentes élévations , afin qu'on puisse connoître la forme convenable à ces voitures, & leurs principales dimensions.

La Fig. 1 représente une voiture de jardin à quatre places, laquelle consiste en une table ou plateau Pig. 3, de 7 pieds de longueur, 3 pieds & demi à 4 pieds de largeur , sur lequel font placés deux fauteuils d'une largeur assez considérable pour contenir deux personnes.

La table de ces voitures est élevée à environ un pied de terre , & est portée par quatre roues ; savoir, deux par derriere & deux par devant ; celles de derriere ont environ 11 pouces de diametre ; leur axe ou essieu porte immédiatement au-dessous de la table ; pour celles du devant, elles doivent être beaucoup plus baffes, puifqu il faut qu'elles passent au-dessous de la table de la voiture , afin de pouvoir tourner aussi court qu'on le juge à propos.

Ces voitures font, comme je l'ai dit plus haut, pouffées par des hommes ; c'est pourquoi on place au derriere deux barres de fer cintrées , lesquelles s'élevent du dessus de la table où elles font attachées , jusqu'à la hauteur d'environ 3 pieds & demi, où elles reçoivent une autre barre de fer placée horifontalement, contre laquelle s'appuyent les hommes qui pouffent la voiture, lesquels font ordinairement au nombre de quatre , aux voitures à quatre places.

Au devant de ces voitures on place pareillement deux barres de fer cintrées , lesquelles en reçoivent une autre placée horifontalement, sur laquelle s'appuient les deux hommes qui conduisent la voiture par devant. Ces deux barres de fer ne font pas attachées à la table de la voiture , mais au contraire à l'essieu des roues de devant , lequel étant lui-même attaché à une cheville ouvriere comme à toutes les autres voitures , tourne comme on le juge à propos , ce qui change à volonté la direétion de la voiture. Voyej les Fig. 1 & 3.

Les Chaises de jardins, telles que je viens de les représenter , font semblables à celles dont on fait usage chez le Roi ; cependant elles font sujettes à deux inconvénients ; le premier est que leurs siéges étant d'égale hauteur, les personnes qui font placées sur ceux de devant, ôtent la vue des objets à ceux qui font placés sur ceux de derriere.

Le fecond est que ces voitures font nécessairement rudes, vu que leur caisse porte immédiatement sur les essieux.

Pour remédier à ces deux inconvénients , j'ai dessiné Fig. 2 , une Chaise de jardin à deux places sur la longueur, où le siége de derriere est de 8 pouces plus élevé que celui de devant, ce qui remédie à la premiere difficulté. Quant à la féconde , j'y ai pareillement remédié en faisant porter le derriere de la voiture par des ressorts à Apremont, attachés par le talon au corps de la caisse , & de l'autre bout à l'essieu des roues de derriere.

Le devant est de même porté par un ressort à taloa, dont le milieu, qui est

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traversé par la cheville ouvriere, porte contre le dessous de la voiture où il est I attaché , & les deux extrémités sur l'essieu, proche les petites roues, ce qui j rend cette voiture très-douce. Voyet la Fig. 4, où j'ai représenté les roues & 1 les ressorts de cette Chaise de jardins, dont le corps n'est indiqué que par des 1 lignes ponéltiées afin de laiiïer mieux voir la conftruétion & la place des 'i, ressorts. l Cette voiture, telle qu'elle est représentée ici, est toujours menée par des .J hommes , ainsi que celle Fig. 1 & 3. 'j Lorsque les voitures de jardins ne font qu'à une place sur la largeur, ou à j deux sur la longueur feulement, on ne fait que les pouffer, & la personne qui est sur le devant tient la branche de fer attachée à la roue de devant, ( car ces fortes de voitures n'en ont ordinairement qu'une) & la fait tourner, ce qui change la direétion de la voiture comme elle le juge à propos, ainsi qu'on peut le voir à la Fig. 4, qui représente une Chaise de jardins portée sur des soûpentes & montée sur un brancard , comme aux autres voitures.

Cette Chaise , telle qu'elle est représentée ici , n'est pas pouffée par des hommes , mais elle se meut méchaniquement par un rouage posé aux deux côtés des roues, qu'un Domestique placé derriere la voiture fait tourner par le moyen de deux manivelles qui font tourner non-seulement les roues , mais encore deux volants qui augmentent l'aétion de la machine. On a fait de ces fortes de Chaises qui alloient à ressort ; mais je n'en parlerai pas ici, non plus que de la machine qui fait mouvoir la Chaise, Fig. 4 , parce qu'elle n'est point du rellort du Menuisier en voitures.

Les Fig. 5 & 6 représentent les élévations de face & de côté des Chaises ou Roulettes de jardins, dont on fait usage chez le Roi, lesquelles font montées sur deux roues , & qui se mènent par deux hommes, à peu-près comme les Chaises à porteurs. Ces Chaises consistent en un petit fauteuil supporté par quatre courroyes attachées aux deux montants qui supportent l'impériale ou dais de la voiture , & en un marche-pied attaché de même aux deux brancards.

Je ne m'étendrai pas sur la décoration , la forme & les dimensions de ces fortes de voitures, vu qu'elles font assez arbitraires, excepté les dimensions , qui doivent toujours être les mêmes, c'est-à-dire , relatives à la grandeur humaine.

Tout ce qu'on y pourroit faire de changement, ce feroit de les suspendre avec de petits ressorts placés fous l'impériale, ce qui les rendroit plus douces qu'elles ne font.

En général, les voitures de jardins ne font pas, à proprement parler, du ressort du Menuisier en Carrosses, mais plutôt de celui en Meubles ou même en Bâtiments. Si donc j'erl^arle ici, ce n'est que pour ne pas interrompre la' fuite de la description des voitures de quelque espece qu'elles soient (*).

CC) Ceux qui feront les roues des voitures de jardins, feront attention d'en faire les jantes fore épaisses ou du moins d'y appliquer des bandes foit de fer ou de bois, de 3 à 4 pouces de large, afin qu'elles n'entrent point aisément dans la terre, & qu'elles soient par conséquent plus douces à conduire.

Voilà

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Voilà en général le détail de toutes les voitures dont on fait usage a présent, du moins celles dont les formes font diftindles les unes des autres, & dans ce détail j'ai tâché de ne rien omettre de ce qui a pu servir à en faire connoître les beautés & les impttrfeélions, afin qu'on puisse imiter les unes & éviter les autres. Ce détail doit aussi servir à faire connoître le rapport qu'ont toutes ces voitures les unes avec les autres , & en même temps la marche & les progrès de l'industrie humaine, & sur-tout le génie national, peu inventif à la vérité , puisque ces voitures se ressemblent presque toutes, mais toujours porté à la magnificence, & presque toujours dirigé par le bon goût, ce qui a fait jusqu'à présent le caraétere de la Nation Françoise : caraétere qu'on ne sauroit lui refuser sans injufiice, & sans la prévention la plus marquée.

SECTION QUATRIÈME.

Ejjai sur la maniéré de JùfPelldre les Voitures, à raison de leurs différentes formes.

1 L est démontré par les principes de la Méchanique & de la Statique, que lorsque les corps pelants cessent d'être suspendus, ils font effort pour tomber félon leur direétion naturelle ; que cette direétion n'est autre chose qu'une ligne perpendiculaire , par laquelle paffe le centre de gravité de ces mêmes corps ; que le centre de gravité d'un corps, qui est unique dans chaque corps ;

est le point de réunion de toutes les parties qui le comp osent, lesquelles en faisant effort les unes contre les autres , se contre-balancent de maniere qu'elles tournent toutes autour de ce centre , & se maintiennent dans un parfait équilibre.

Que le centre de gravité d'un corps est aussi le centre de grandeur de ce même corps, ce qu'il est aisé de voir dans une sphere, dont le centre de grandeur est aussi celui de gravité, puifqu'en la porant sur une surface parfaitement droite & horifontale, elle demeure en place sans faire aucun mouvement , ( supposé toutefois qu'elle foit d'une parfaite densité dans toutes ses parties. ) Il est aussi démontré par les mêmes principes, que pour qu'un corps foit parfaitement en équilibre ; il faut que la puissànce qui le fbutient, passe par la ligne de direétion de son centre de gravité , foit qu'elle parte de ce même centre, ou qu'elle foit placée au-dessus , ne pouvant jamais être audessous , parce que par la loi de la pesanteur le centre de gravité chercheroit à redefeendre en contre-bas du point de suspension > ce qui est fort aisé à concevoir y & que quand deux puissànces tendent à soutenir un corps en équilibre , il faut que leurs lignes de direEtion viennent se rencontrer au même point sur la ligne de direction de gravité du corps qu'elles soutiennent ; d'où il fuit que lorsque la bafe d'un corps est de niveau , & par conséquent perpendiculaire à sa

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ligne de direction de gravité, & qu'il eit loutenu par cette baie ou toute autre | ligne parallele à l'horison au-dessus de la bafe ; il s'enfuit, dis-je, que les direc- !

tions des deux puilïànces qui le soutiennent, doivent être toutes deux perpen- t diculaires, & par conséquent parallèles à la ligne de aUreéUon de pesanteur ; I ou bien si la direétion des puissànces qui soutiennent ce corps est inclinée, leur inclinaison doit être égale & former un angle semblable de chaque côté de la perpendiculaire ou de la ligne de niveau , ce qui revient au même.

Si au contraire ce corps n'étoit pas soutenu par une ligne parallele à l'horison, la direétion des deux puissànces qui le soutiennent, ne sauroit être d'une égale inclinaison, mais doit être disposée de maniere que leur direction forme les côtés d'un parallélogramme , dont les angles doivent paffer par la ligne de direaion de pesanteur, ou , ce qui est la même chose , par la perpendiculaire abaissee du centre de gravité. 1 Ces principes que je donne ici comme des axiomes, ( leur démonstration, foit par les loix de la pesanteur ou du mouvement, étant étrangère au sujet que je traite, ) peuvent & doivent s'appliquer à la théorie de la maniéré de suspendre les voitures , foit qu'elles soient portées par de longues soûpentes ou par des ressorts, ainsi que je vais le démontrer (*).

Les Berlines, & en général toutes les voitures d'une forme réguliere ; font les plus aisées à suspendre, foit qu'elles soient portées par des ressorts ou par de longues soûpentes , parce que dans l'un ou l'autre cas , il faut que leur point de suspension foit également éloigné de la ligne du milieu de la voiture , & que leurs lignes de direction forment un angle égal avec cette ligne, ( par laquelle , dans cette occasion , paslè le centre de gravité ) ; de forte que la distance A B égale celle B C, & celle A D égale celle CE , Figl- i ; ou, ce qui est la même chose, la ligne F G est parallele & égale en longueur à celle HI, & celle F 1 est pareillement parallele & égale à celle G H, même Figure.

( * ) On trouvera peut-être étrange que je veuille exiger des Menuisiers en Carrosses, & en général de tous les Ouvriers qui travaillent à l'Equipage, des connoissances auxquelles la plupart n'ont jamais pensé, & dont ils ignorent jusqu'au nom: connoissances qui leur semblent être peu utiles , puisque sans elles ils ne laiflent pas de bien suspendre les voitures. Mais si on faisoit attention que si on obligeoit ces mêmes Ouvriers de suspendre une voiture à une certaine hauteur fixe sans qu'elle reculât en avant ou en arriere. ou Qu'elle oenchât en au-

- � �--- - - - * i i - -- - cune façon, ils feroient très-embarrasses pour la plupart, parce que non-seulement ils font privés des connoissances nécessaires pour le bien faire, mais qu'encore ils font ce qui est de leur partie , sans s'embarrasser si le travail des autres Ouvriers est d'accord avec le leur ; de forte que le Dessinateur compose une voiture sans s'embarrasser du poids de la caisse, de la distance de ses points de suspension, ni de la hauteur,

de la forme, de la force & de l'élasticité des ressorts qui doivent la soutenir : le Serrurier fait de même les ressorts, sans feulement savoir à quelle voiture on les emploiera : le Charron fait le train, & le Menuisier fait la caisse sans prendre plus de foin; de forte que quand l'ouvrage de chacun d'eux est fait, on suspend la voiture le mieux qu'il est possible, & - on la met

en équilibre en rallongeant « ou raccourcissant les courroyes qui la supportent, ce qui la fait avancer ou reculer felon qu'il en est besoin : de maniere que la réussite de tout l'ouvrage n'est souvent due qu'au hasard ou à l'habitude ; ce qui n'arriveroit pas s'ils prenoient des connoissances, du moins élémentaires, des Sciencesnéceffaires à leur état, lesquelles souvent leur épargneroit bien de la peine & du temps, dont la perte, quoique très-grande pour tous les hommes en général, l'est encore plus pour ceux qui font obligés de vivre du travail de leurs mains.

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Lorsque les voitures feront portées par de longues [oûpentes, comme celle A L C, il faut toujours , autant qu'il fera possible , que la voiture foit placée au milieu de la [oûpente, parce qu'alors l'élasticité de cette derniere se partage également aux deux bouts de la voiture, ce qui la rend très-douce, les secousses étant égales d'un bout comme de l'autre , à très-peu de chose près.

Il faut aurti, dans le cas dont je parle, que les deux points de fiifpenfion A & C se trouvent de niveau, comme je l'ai déja dit, parce que si l'un de ces deux points étoit plus haut que l'autre , & que la voiture fût arrêtée au milieu de la longueur de la soupente, comme à la Fig. 2 , elle pencheroit n'éceffairement ce qui feroit fort désagréable à voir.

S'il arrivoit qu'on fût obligé par quelque raison d'élever un des points de suspension plus que l'autre, comme ceux Y, 0 , Fig. 3, il faudroit aussi l'éloigner du centre de la voiture à raison de l'élévation de ce même point, c est-à-dire , qu'il faut toujours que la direction des deux points de suspension forme un angle égal avec la ligne perpendiculaire du milieu de la voiture, & qu'il faut que la diflance M N foit égale à celle NO, & que par conséquent celle M P foit égale à celle 0 Q , ou , ce qui efl la même chose, que la distance R T foit égale à celle T S , & celle R P égale à celle S Q.

La différence de longueur des lignes de direction ne doit point embarralTer, parce que quelle que foit cette différence, la voiture se conferve toujours en équilibre tant que l'inciinaifon des lignes de direaion ne change pas ; ainsi que le point de suspension se trouve en U, en X ou en R , qui est égal à S , c'est toujours la même chose : ce qui est général pour toutes les voitures , foit qu'elles soient d'une forme irréguliere ou d'une forme réguliere comme celle dont je parle, à l'exception toutefois, que quand les voitures font portées par de longues [oûpentes, comme celle Y Z 0 , la partie Y Z , qui est la plus longue, est plus élastique que l'autre , & par conséquent fait pencher la voiture plus sur le derrière que sur le devant.

Loifque les voitures font d'une forme irréguliere , comme la Fig. 4, & que leur bafe n est pas une ligne parallele à l'horison, mais une ligne oblique comme celle A B, on a la direction des lignes de suspension de la maniere suivante : Les points A & B étant donnés, on commence par tracer la ligne R I, qui parte par le centre de gravité de la voiture ; ensuite du point B , on mene à cette perpendiculaire la ligne B D , qu'on incline de maniere qu'elle forme le côté d'un parallélogramme, dont les angles D & E partent par la perpendicu! laire, & dont l'autre côté F D parte par le point A, ainsi que l'autre parte par celui B ; ensuite on prolonge les deux côtés de ce parallélogramme de F à C, & de B à M, ce qui donne la direétion des lignes de fufpenúon; il faut cependant observer que quelqu'inclinaison qu'aient ces lignes , elles ne peuvent j jamais , dans le cas dont je parle, concourir à former un quadrilatère dont les

PLANCHE 221*


quatre côtés soient égaux en longueur, parce qu'il éloigneroit trop le point de suspension , ainsi que je l'ai indiqué dans cette Figure, par le parallélogramme 1 G HIB, dont les côtés font prolongés de H en N, & de B en L. Lorsque les voitures d'une forme irréguliere feront portées par de longues j soûpentes, comme celle 0 P Q, ce fera la même chose ; c est-à-dire, que des points d'attouchement S , T, leur direction doit tendre à se réunir à un seul i point sur la ligne perpendiculaire R l.

D'après ce que je viens de dire, il est fort aisé , pour peu qu'on veuille y faire attention , non-seulement de suspendre les oAiture , de quelque forme qu'elles puissent être, mais encore s'il arrivoit que les points de suspension & leurs distances fussent donnés , de déterminer la forme de la caisse, afin de corriger les défauts qui pourroient se trouver dans la forme du train ou des ressorts, foit en allongeant ou en raccourcissant les brancards de cette caisse , ou en leur donnant plus ou moins de cintre d'un bout que de l'autre , felon qu'il pourroit être nécetraire.

On observera feulement qu'en parlant de la suspension des voitures, je les ai supposées toutes chargées, ce qui est eflentiel pour celles dont toute la charge est sur le èerriere, & qui, lorsqu'elles font vuides , doivent bailler du devant en raison de la charge qu'elles doivent porter, afin qu'elles reprennent leur à-plomb lorsqu'elles feront chargées. Voyez les Figures de cette Planche , dont l'infpeaion peut suffire pour ce qui a du rapport à la Menuiserie des Carrosses , à laquelle je me fuis particuliérement attaché, comme étant mon unique objet, & dont je ne me fuis j: mais écarté que pour mieux faire connoître le rapport & la dépendance du travail des différents Ouvriers employés non-seulement à la conftruélion des voitures, mais encore de toute autre espece de Menuiserie, qui ne sauroit être parfaitement finie sans le secours de différents Arts dont il est absolument nécessaire que les Menuisiers prennent des connoissances, du moins élémentaires, comme je l'ai recommandé en divers endroits de cet Ouvrage, ( * ) dont le but principal est l'avancement & l'inftruaion des jeunes gens , qui, n'étant pas encore gâtés par de faux principes , enfants de l'habitude & de l'ignorance , font les seuls qui puissent en tirer quelque profit.

( * ) J'aurai la même attention dans la description de la Menuiserie en Meubles & de l'Ebénisterie, qui me relient à traiter pour finir cette troisieme Partie de mon Ouvrage, & dans la description de l'Art du Treillageûr, ou Menuiserie

des Jardins, que je joindrai à cette derniere comme quatrième Partie , afin de ne rien laisser à désirer de ce qui concerne la Menuiserie, de quelqu'espece qu'elle puille être.

Fin de la Menuifirie des Voitures.

TABLE

PLANCHE 221,


TABLE DES CHAPITRES ET TITRES DE LA

MENUISERIE EN CARROSSES.

TROISIEME PARTIE DE L'ART DU MENUISIER."

c

HAPITRE PREMIER. De la Menui-

sèrie en Carrojjes en général. Page -1; 5 SECTION PREMIERE. Des Voitures en générai, ibid.

SECTION II. Des différentes especes de Voitures modernes. 45" 8 SECTION III. Description d'un ancien Coche connu maintenant fous le nom de Corbillard. 462 §. I. Description des anciens Carroflcs. 463 §. II. Description d'une Berline, & de toutes les parties qui la composent. 465" CHAPITRE II. Des Bois servants à la conftl uélzon d, s J- £ -'.*«/. i**'. 46 0 SECTION I. Du choix des Bois servants à la conflruction des Voitures. ibid.

~, I. De la maniere de débiter les Bois des Voitures. 470

SECTION II. Des - Outils des Menuisiers en CarrofÍès.

472 SECTION III. Du corroyage des Bois des Voitures.

478 SECTION IV. Des Panneaux des Voitures en général.

484 §. I. De la maniere de tracer les Panneaux à raison de leurs différents cintres. 48 r S. II. De la maniere de faire revenir les Panneaux par le moyen du feu. 491 CHAPITRE III. De la forme & de la disPosition des toitures modernes en général. 49 6 SECTION I. Maniere de déterminer la hauteur & la largeur des Glaces, comparaison faite avec cdles

de la Voiture. 497 §. I. Des Coulisses &des Coiil iffeaux propres à recevoir les Glaces ; leurs formes, proportions & conflruâion. 499 §. II. Des Chassis de glaces, des faux-Panneaux & des Jalousies de toutes especes , leurs formes & conftruétion. y 03 SECTION II. Description des profils d'une Berline) & la groffiur des bois dont elle est composée. jop

SECTION III. De la maniere de déterminer la forme des Voitures, & d'en faire les calibres. Ç : 7 §. 1. Des Pavillons ou Impériales; de leur formes & conttrudion. 527 §. 11. Des Brancards ; de leurs formes & conilrudioli. 539 §. 111. De la conftrulction des différentes parties extérieures du corps d'une Berline. 544 SECTION IV. Description d'une Diligence & de toutes les parties qui la composent. J48 §. I. Des Panneaux de doublure, & des Sièges de toutci cfpecci; 3 de leurs formes de coiifliuélion. ) j'j §. II. Des Voitures à Panneaux arrafés , & les différentes maniérés d'en faire les ouvertures. rçQ

S. III. Des Voitures nommées Dormeuses , & les différentes manières d'en faire les ouvertures. 56S CHAPITRE IV. Description de toutes les F oitur es d'usage à présent. j 69 SECTION I. Description d'un Cothe, d'une Gondole &* d'une Berline à quatre portieres 5-70 §. I. Description d'un grand Carroflfe, d'une Berline & d'une Diligence montés sur leurs trains, & de toutes les Voitures qui ont du rapport avec ces dernieres 5*74 §. II. Description d'une Caleche, d'un Phaéton, d'un Diable , d'une Diligence

coupée, & d'un W ourlI. - S79 SECTION II. Description d'une Chaise montée , d'une Chaise de posse , d'un Cabriolet, de deux especes de Liticres, & d'un Traîneau. 581, SECTION III. Description d'une Chaise à porteitrs d'une Brouette, &* de diverses Chaises de Jardins.

587 SECTION IV. EJJài sur la maniere de suspendre les Voitures, à raison de leurs différentes formes y 93

Fin de la Table de la Menuiserie en Carrojjes.

N n n n n n a


EXTRAIT DES REGISTRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.

Du Il Mai I77I.

IVIoNSIEUR u H A M EL qui avoit été nommé pour examiner la Premiere Section de la Troisieme Partie de l'Art du Menuiifer, par M. R o u B o, en ayant fait fan rapport, l'Académie a jugé que les objets desquels il est question dans cette Seétion , y étoient présentés clairement, avec ordre, & dans un très-grand détail, & qu'en conséquence elle méritoit d'être publiée ; en foi de quoi j'ai figné le présent Certificat. A Paris, le 20 Mai 1771.

GRANDJEAN DE FOUCHY, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Sciences..

Faute a corriger dans la Seconde Partie.

A L'ART DU TRAIT, page 360, ligne x : mais cependant il faut faire attention que quand ces angles ne font pas droits , & que par conséquent la diagonale du plan n'est pas d'une ouverture de 4? degré(^, il arrive, &c ; lijez : V:-

mais cependant il faut faire attention que quand les cintres des deux faces ne font pas d'égale largeur, & que par conséquent la diagonale du plan ( représentant l'arêtier ) ne coupe pas l'angle de ce dernier en deux parties égales, il arrive, &c.

ERRJtf&^de la Premiere Section de cette Troisieme Partie.

.-{!"-'

PAGE 464 , ligne 17 , frisure , lisez , frire.

Page 465 , ligne 14 , balleau , lisez , bateau.

Page 49 1 , ligne 8 , de coin , lisez , de loin.

Page 5 17 , ligne 6 , porte ? lisez) portiere.

Page 5 3 1 , ligne 4 , cintre, lisez, ceinture.

Page 539 , ligne 41 , de renflement, lisez, des boutî4 Page 571 , ligne 13 , de vase, lisez 2 d'un Yafç,


SORTES 1.W J OJ7'lVUïSS/NClk\NNKS\ P

J. C. Roubo Del. p L Scte//,



PLEINS COLFFS F/R KLFJ:FJIO\JS D'UNSINCMS COCUE 1

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„-V.Montant i/c t ro/jcd Y SVa<( pa/teau i/c Jcrrwrc JVo/nj i/cj ptJfùcJ In teneurs It, l OU/(/ÏI<.\TU i f \i/ieattx i/c i/oa6/ttficj 1. fit./I"c cfr Jlaâ*//j/j/trcj Ill, J iet/c /t. /)eiurnf (le (f/t'yC P. fîarre pour^ oare/iùr &..r fa/iciruec

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--,- OUTILS PROPRES AUX Z J ET AUX /ALOIVS. W-R6-

-/ J J?ca/>o. /Ill" C//K-/ Cor Çru/p



YIUTIIMS OUTILS PROPRES AU CORPS DE LA C "M S SE 7,1 '7^

..:' J.Houbo, Inv. dbeL. J*. j,. ("or Sczi/p 1 1 1



ALtNlERF. f)E COHROVER f_.ES /> û/S f>ES /o/TURKS. ly- -178.

-/V. Zvot/Ao. (MK /)c/1'/ ifc



MANIÉRÉ DE TRACER JJZS PANE AUX DANS TOUTS LES CAS BASSINAIS /'1 ',,<J j

AJ. Rdllbo. Tnv. eb ôel. ùlïch&hnol Sciujs



SufTUJœJLsl MANIK/UI /) £ TRACER L, /,\V P,/N/,AL X. Y I -L - 1, � P- -, () r TI~- 1, j r", , I/ "�1/ 1 ~v.

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