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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1933-02-03

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 03 février 1933

Description : 1933/02/03 (Numéro 20429).

Description : Note : Dernière éd..

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6276286

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/12/2010

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Le cabinet Daladier se présente aujourd'hui devant les Chambres Après lecture de la déclaration ministérielle, dont les termes seront arrêtes dans la matinée en conseil des* ministres, un débat s'engagera au Palais Bourbon sur les interpellations de politique générale

LA CHAMBRE SERA SAISIE MARDI DES PROJETS FINANCIERS

Cest aujourd'hui, on le sait, que le nouveau cabinet se présente devant le Parlement. La déclaration ministérielle sera lue cet après-midi au Sénat, par M. Penancier, vice-président du Conseil, et à la Chambre des députés par M. Daladier lui-même. Elle a été examinée hier après-midi en conseil de cabinet. Les termes en seront définitivement arrêtés ce matin en conseil des ministres.

Que contient-elle ? Nous croyons savoir que l'esprit qui doit animer, dans les heures que nous vivons, des hommes de gouvernement, la méthode dont ils doivent s'inspirer seront définis en un style net et précis, en des phrases d'un haut accent. Il y aura dans les pages que lira M. Daladier un ton jacobin, un ton qui pourra faire souvenir de certaines interventions de Clemenceau.

Il est à présumer que le chef du gouvernement rappellera d'un mot avec quelle rapidité il a constitué son cabinet, et comment il prend le pouvoir dans des circonstances où il n'y a pas de temps à perdre et où s'impose une action accélérée de redressement de l'Etat et de ses finances. La question primordiale, en effet, c'est la question financière. M. Daladier, bien entendu, n'entrera pas dans les détails des projets qui seront déposés mardi, sur le bureau de la Chambre, par MM. Georges Bonnet et Lucien Lamoureux. M. Jacquier inaugurera ses fonctions de rapporteur général en faisant, dès mercredi, un exposé d'ensemble, devant la commission des finances qui s'efforcera d'en terminer assez vite pour que la discussion en séance publique s'engage dès le début de la semaine suivante.

Mais ce que ne manquera pas de déclarer tout de suite M. Daladier, c'est que, sans se dissimuler les difficultés à surmonter pour parer au péril de la situation, le gouvernement les envisage avec courage et avec la ferme volonté de les résoudre. Comment ? En demandant le maximum d'effort à la collectivité nationale, mais non sans avoir à cœur de faire contribuer à l'œuvre de redressement ceux qui n'ont pas l'habitude d'y contribuer. Lesquels ? Ceux qui, au sacrifice commun, se dérobent par la ruse de la fraude. Inquisition ? Non. Vexation ? Non. Mais un régime bien organisé, une démocratie surtout ne se conçoit pas sans un contrôle. M. Daladier, sans aucun doute, insistera sur ce point.

Le président du Conseil insistera aussi sur la nécessité d'aller vite, de prendre des mesures tout de suite, et de sauvegarder, par l'énergie du gouvernement, l'autorité de l'Etat. S'il réussit, si, grâce au concours du Parlement, l'éclaircie vient, si les mesures réalisées grâce au sens de l'intérêt général dont auront fait preuve les élus de la nation libèrent la France du souci du déficit, alors il sera permis de prendre le large et de concevoir avec une clarté sereine les grandes réformes qui répondent aux aspirations de la démocratie.

Voilà pour la politique intérieure. Mais il est évident que M. Daladier définira également le double but du nouveau cabinet, au point de vue extérieur maintenir la patrie et sauvegarder la paix. Garder un contact étroit avec les amis de notre pays, lui en faire d'autres, n'attaquer personne, voilà les principes qui seront vraisemblablement affirmés avec force dans la déclaration ministérielle sécurité pour soi, sécurité pour les autres, sécurité pour tous.

Mais la paix et la sécurité, ne sont-ce pas des objectifs à atteindre l'intérieur même de la nation, comme au dehors ? Il est infiniment probable que M. Daladier l'indiquera, en proclamant la nécessité de main- tenir dans la rue l'ordre républicain. Pour sauver les finances, comme pour sauver le sol, l'oeuvre à accomplir est une oeuvre de redressement national. Pour cette œuvre, à qui faire appel ? D'après les renseignements que nous avons pu recueillir, M. Daladier dira, dans la déclaration ministérielle, qu'il aurait voulu former un gouvernement à l'image même de la majorité issue des scrutins des 1" et 8 mai. S'il n'a pas pu réaliser son dessein, cela n'a pas tenu qu'à lui; encore une fois, il fallait aller vite, la situation lui en faieait un devoir.

Cette majorité, qui fut ce!le du ministère Herriot, puis du ministère PaulBoncour, avec peut-être, étant donné ce que l'on prévoit de l'atmosphère du débat et du ton de la déclaration ministérielle, une nuance qui rappellera les batailles du temps de Wal-

deck-Rousseau et de Combes, M. Daladier réussira-t-il à la rallier autour du gouvernement dont il est le chef ? On le croyait généralement, hier soir, dans les couloirs du Palais-Bourbon. (La suite à la deuxième page.)

M. Jacquier élu rapporteur général de la commission des finances

L a commission des finances de la Chambre, qui s'est réunie hier aprèsmidi, n'avait à son ordre du jour que la désignation du rapporteur général à la place de M. Lamoureux,

MM. P a 1 ma d Baréty et de Chappedelatne. ayant t décliné toute candidature, M. Jacquier, seul candidat, fut désigné à main levée.

Le retentissement en Yougoslavie de l'interview de M. Matchek au « Petit Parisien »

Belgrade, 2 février (dép. Petit Paris.) Tous les journaux de Belgrade et de province reproduisent in extenso l'interview accordée à l'envoyé spécial du Petit Parisien, M. Louis Roubaud, par le leader croate M. Matchek.

Ces déclarations ont eu un grand retentissement dans tout le pays. Les commentaires de presse sont très sévères pour M. Matchek qui avait adopté, jusqu'ici, une attitude assez floue, évitant toujours de préciser ses intentions et son programme de revendications.

Le mérite de ses récentes déclarations, dit-on à Belgrade, est que M. Matchek et ses partisans sont sortis de l'équivoque et que, désormais, on ne pourra plus dire, en parlant de la politique d'opposition de Zagreb, qu'on ne sait pas ce qu'elle veut et où elle va. M. Matchek a exposé sous la forme d'un ultimatum les revendications qui devraient être acceptées par les Serbes de Serbie pour permettre un accord, mais, en même temps, il écarte' toute possibilité d'un accord puisqu'il se refuse à parler avec les Serbes. qu'ils soient au gouvernement ou dans l'opposition. Ceci revient à dire que M. Matchek n'envisage aucun arrangement et c'est précisément sur ce point que Belgrade voit la gravité des déclarations faites au Petit Parisien. Il est d'ailleurs assez curieux de constater que les premières répercussions des paroles de M. Matchek se sont fait sentir dans le domaine de la politique intérieure du gouvernement qui parait vouloir conserver, à tout prix, l'unité yougoslave.

On annonce aujourd'hui que les anciens partis vont présenter, à leur tour, leurs revendications.

Les hommes du jour GEORGES BONNET Hercule hésitait entre la vertu et le vice. Entre les honneurs douillettement officiels attachés à ces hautes fonctions que rêve pour ses fils une bourgoisie provinciale qui tient à son rang et à sa dignité, et la frénésie périlleuse des luttes politiques, M. Georges Bonnet n'avait pas hésité ou du moins il n'avait pas hésité longtemps. Sa renommée de spécialiste des questions financières et internationales' égale la rapidité de sa carrière ministérielle. De même qu'on dit les « projets Bonnet-La- moureux >, on dit, à propos de l'oeuvre de la conférence de Stresa, le plan Bonnet r,

M. Georges Bonnet n'a pas quarante- quatre ans. Raconter tout ce qu'il a fait serait trop long. Examens et concours, publications en librairie, voyages à Londres, à Rome, à Berlin, à Prague, à Vienne, à Genève, missions et travaux d'expert, campagnes électorales, discours parlementaires la vie de M. Georges Bonnet révèle un puissant besoin d'élargir chaque jour davantage l'horizon de sa pensée et le champ de son action. Né à Bassillac (Dordogne), fils de feu Gaston Bonnet, conseiller à la cour de cassation, M. Georges Bonnet était vers la trentaine maître des requêtes au conseil d'Etat. Il devait avoir alors cet air d'austérité juvénile qui frappe chez les hommes doués de bonne heure des qualités qui ne mûrissent d'ordinaire que plus tard. Ayant pris sa licence de lettres, celle de droit et son diplôme d'études supérieures de philosophie, M. Gorges Bonnet prit l'uniforme de maréchal des logis et fit la guerre.

M. Georges Bonnet avait grandi en pleine noblesse républicaine. WaldeckRousseau. Jules Ferry furent les familiers de son père. Il devint, par son mariage, le neveu de Camille Pelletan. A ces hommes d'Etat, qui ont eu conscience de maintenir la France en organisant la République, M. Georges Bonnet doit mieux que des appuis ou des protections des exemples.

M. Georges Bonnet est un démocrate. Ceux qui ne le sont point lui reprochent d'être un ambitieux. De qui donc les démocraties seraient-elles la proie si les hommes capables de donner leur mesure n'aspiraient qu'à rester chez eux ? M. Georges Bonnet ne met pas son drapeau dans sa poche. C'est un radical. De quelle tendance ? Je ne sais pas il se montre si rarement dans les comités. M. Georges Bonnet, qui passe pour circonspect, est un grand travailleur. Il était tout jeune quand ont convergé vers lui la sympathie des uns, chargée d'espoirs, et la malveillance des autres. A lâge où l'on n'a. encore jamais fait de mal à personne, M. Georges Bonnet était déjà quelqu'un.

Aux élections de 1928, il fut battu. Quelques vieillards du Périgord peutêtre avaient-ils lu son livre de jeune et sévère philosophe, Lettres à un bourgeois de 1914 chuchotaient que « leur grand- Georges était un peu distant r. M. Georges Bonnet est un homme réservé. Les esprits simples lui faisaient grief de n'avoir pas assez serré de mains sur les champs de foire.

M. Georges Bonnet a un front vaste, un visage incisif, un menton effilé et des yeux bleus de ciel dont le regard lumi- neux se perd dans le lointain.

La sobre aisance de son éloquence dépouillée de pathétique n'est pas faite pour le rapt des coeurs sensibles mais pour le consentement des esprits raisonneurs. La force calmement tendue de son intelligence, exemple de fièvre et d'inquiétude, donne une impression d'équilibre. d'équilibre en mouvement.

Optimiste ? Bien entendu. Mais son optimisme n'est pas celui des rêveurs qui se bercent d'illusions c'est celui des hommes qui ont le sens des réalités, le caractère entreprenant, et qui pensent qu'au gouvernail on ne doit ni s'affoler ni affoler ses voisins.

G.-Th. GIRARD.

Des s énateurs prennent l'initiative de faire la chasse aux abus et aux cumuls

Un certain nombre de sénateurs appartenant aux groupes de la gauche démocratique, de l'union démocratique et radicale et de l'union républicaine viennent d'adresser à tous leurs col- lègues une lettre ainsi conçue « Nous sommes nombreux, au Sénat. qui pensons que le déficit budgétaire pourrait être considérablement réduit si le gouvernement se décidait à faire la chasse aux abus et aux cumuls. Nous croyons qu'il appartient au Sénat de prendre cette initiative. Quant à nous, nous nous engageons à apporter à cette œuvre tout notre concours. > Cette lettre convoque les sénateurs à une réunion qui aura lieu mardi prochain à 16 heures.

M. Roosevelt

a étudié hier

avec MM. Hull et Moley le problème des dettes Les récentes déclarations de M. Neville Chamberlain continuent à être très discutées L'activité de M. Bullitt, qui parcourt les capitales d'Europe, a fait l'objet d'un débat au Sénat

New-York, 2 février.

DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER M. Roosevelt a étudié aujourd'hui, avec le sénateur Cordell Hull et le professeur Moley, la question des dettes de guerre. Après la conférence, le sénateur Hull,. que l'on considère maintenant comme certain d'occuper le poste de secrétaire d'Etat ou quelque autre ministère important dans le cabinet Roosevelt, est reparti pour Washington..

Dans la capitale américaine. les dettes de guerre sont encore à l'ordre du jour aujourd'hui. Les déclarations de sir Neville Chamberlain y ont fait une grosse impression. Dans les milieux officiels, on prétend n'y voir que les vues personnelles d'un membre du cabinet anglais. Pourtant, le sénateur David Reed assure que si une mission britannique vient discuter des dettes dans l'état d'esprit du chancelier de l'Echiquier, il n'y a aucune possibilité d'aboutir. Divers autres leaders ont exprimé le même avis.

Le New York Pôst écrit ce soir: « Quelles que soient les intentions de l'Angleterre, nous pouvons l'assurer que son attitude jusque présent a été tout à fait regrettable; si elle veut mesurer les effets véritables de son action ici, elle n'a qu'à remarquer que M. Borah, qui est de beaucoup le plus grand avocat d'une revision des dettes au; Sénat, a été complètement retourné contre elle par les discours de M. Chamberlain. M. Borah prédit purement et simplement l'échec des conversations sur les dettes si elle maintient sa position de pas de' marchandage ». Pierre DENOYER

(La suite à la troisième page.)

M. Lebrun a présidé le tirage aa sort de la Coape Davis

VERS LES TERRES HOSTILES

D'ETHIOPIE

par Henri de MONFREID

Pendant que nous déjeunons au buffet d'Aicha, un vieil Arabe à la barbe rougie au henné me reconnaît et m'interpelle par mon nom musulman d'Al del Hai. Il ne m'a pas vu depuis quinze ans. Il me rappelle son passage à bord de mon boutre, au temps où je faisais le cabotage sur la côte du Yémen, temps fabuleux d'où sont nées tant de légendes, et, ce soir, ma rencontre le mettra en verve pour raconter de merveilleux souvenirs, en mangeant du cat » au milieu de ses auditeurs. Comme tu es vieux, Ab del Hai me dit-il en me prenant la main. Quand on n'est pas habitué, ce compliment parait assez pénible, et il faut forcer son sourire pour répondre de bonne grâce « Mais toi aussi tu es vieux, mon ami » Quand on a l'habitude, on ne fait plus attention. C'est, en effet, un compliment pour les mentalités de ces hommes simples, qu'ils soient Arabes, Somalis ou Abyssins. Cela veut dire qu'on est devenu sage et respectable. Piètre consolation. Et que fais-tu ici? lui demandai-je pour couper court à ses exclamations sur ma respectable apparence.

Du commerce, mais je songe à m'en aller bientôt, car maintenant presque rien ne vient plus jusqu'ici tout va directement à Berbera et à Zaîla, par la route anglaise. C'est moins cher que le chemin de fer, et on évite de payer la taxe de 10 0/0 dont sont frappées à Djibouti les marchandises en transit.

Je traduis à X, qui s'intéresse à tout.

Pourquoi le gouvernement ne voit-il pas que ces taxes font dévier le commerce ? Je crains qu'une fois la route faite en territoire anglais et le courant établi le mal soit irréparable.

Mon cher ami, croyez que le gouverneur fait ce qu'il peut. Savezvous que la colonie de Djibouti paye 7 millions par an uniquement pour la solde des fonctionnaires ? En 1925, elle ne payait qu'un million et demi. Comment voulez-vous boucher ce trou ?

Comment 7 millions s'écrie X. en levant les bras au ciel, mais Djibouti n'a guère que 500 habitants capables de payer patente, Français, Grecs ou Indiens; le reste ne sont que des coolies et, hors de la ville, c'est le désert

Laissons cette question délicate. Il y a des inspecteurs pour l'étudier, un Parlement pour en discuter; quant à nous, simples contribuables, notre avis ne compte guère et nos récriminations risquent, au contraire, de devenir un point d'appui pour ceux qui profitent de ces abus en leur faisant une auréole le martyrs, de victimes de la haine et de la jalousie. Vous parliez hier de votre répugnance à attaquer les moulins à vent laissez ceux-là, il y en a bien d'autres. et qui tourneront longtemps, comme toujours ils ont tourné.

Alourdis par le déjeuner, nous tentons de sommeiller, bercés par le roulement régulier du petit train. (Lts suite à la quatrième page.) POUR ET CONTRE La crise ferait-elle sortir les loups du bois du bois et de la ville ?

Les crimes se multiplient. Mais ce ne sont pas ces temps-ci des crimes très parisiens. Ce ne sont pas des crimes sensationnels. Ce sont des crimes obscurs, ruraux et brefs.

Les victimes sont d'humbles et modestes victimes. Ce sont de tout petits rentiers de ces petites gens qui arrivent tout juste à cacher quelques billets de cent francs dans l'armoire à linge. Ce sont des paysans à peine pourvus du nécessaire. Ce sont de malheureuses « débitantes dont le tiroir-caisse, encombré de pièces de cinq sous en nickel, est en bois blanc.

Le facteur, le boulanger un voisin découvrent un jour le crime. Le maire du village accourt, suffoqué. L'instituteur fait alerter la gendarmerie. Des messieurs arrivent du « chef-lieu qui prennent des airs sévères. Magistrats et policiers enquêtent. Les commentaires, les hypothèses et les soupçons vont leur train. Mais le crime est sans mystère et sans imprévu. C'est un crime crapuleux, brutal, ignoble. C'est le crime qui ne donne pas l'occasion aux curieux, selon la formule classique, « de se perdre en conjectures C'est le crime ayant sûrement le vol pour mobile, le vol aveugle et féroce, le vol furieux ou affamé.

Il nous faut prendre garde. Il rôde à travers le pays, en ces heures de chômage universel et de misère internationale, de véritables loups.

Il y a parmi ces loups des fainéants' et des misérables. Il y a enfin de ces irréguliers qui, entrés un jour chez nous sans passeport, qui ayant longtemps trouvé chez nous clandestinement le gite et le pain, ne peuvent pas aujourd'hui aller quêter des secours sans, en même temps, se dénoncer.

Il nous faut prendre garde. Il nous faut surtout demander aux autorités, qui ont charge de veiller sur nous, de prendre garde pour nous.

Il y a des loups qui rôdent. Il y a de pauvres gens qui se font assassiner. L'autre jour, du reste, je lisais dans un journal du Sud-Est une petite information très suggestive. On avait arrêté pour vol et violence un vagabpnd. Et ce vagabond avait expliqué qu'il il était originaire des Balkans. Ayant erré, ayant couru, ayant gagné on ne sait comment son pauvre pain, il s'était trouvé un beau jour à quelques kilomètres de la frontière française. Les gendarmes ce n'était pas des gendarmes français qui l'avaient arrêté et interrogé ne l'avaient pas retenu longtemps. Et l'un d'eux, ayant consulté son chef, avait fini par lui dire Tu vois, à trois cents mètres làbas, au delà du petit bois, c'est la France! Vas-y Va t'y faire pendre .si tu veux. Nous, on n'a pas besoin de toi. Maurice PaAx.

Un énergumène

armé d'un revolver

est arrêté dans un hôtel par la brigade des gaz Il semble que le malheureux ne jouissait pas de toute sa raison

Dans un des nombreux hôtels de la rue Capron, petite voie populeuse du quartier des Grandes-Carrières, plusieurs coups de revolver, tirés par un jeune homme déséquilibré, ont provoqué hier matin une vive émotion. Fort heureusement, au cours de cette affaire mouvementée, personne ne fut blessé. Le principal protagoniste, Marcel Balazin, est un mécanicien en chômage, âgé de vingt ans. Il appartient à une famille d'agriculteurs, qui demeure Grande-Rue, aux Andelys, Il était arrivé, voici quelques jours, à Paris, par la route, avec la camionnette de ses parents. Il venait subir une opération. Il avait eu, en effet, quelque temps, auparavant, une crise d'appendicite, et son médecin avait conseillé une intervention chirurgicale.

A Paris, Balazin alla demeurer rue Ganneron, dans une chambre d'hôtel voisine du domicile d'une tante. Il y a deux jours, il rencontra, par

hasard, boulevard de Clichy, une jeune femme de chambre sans travail et sans domicile, Anne-Emma Cimier, dix-huit ans, avec laquelle il avait eu déjà une courte liaison en janvier dernier. Les deux amis, heureux de se revoir, décidèrent de se rendre ensemble chez des amis communs, M. Jean Lamour, 8, rue Pouchet, et Mlle Marie Copain, amie de M. Lamour.

(La suite à la deuxième page.)

M. BECQ DE FOUQUIERES RESTE DIRECTEUR DU PROTOCOLE

Atteint par la limite d'âge, M. Pierre Becq de Fouquières devait quitter prochainement son poste d'introducteur des ambassadeurs.

M. Lebrun a demandé que M. de Fouquières soit maintenu dans l'exercice de ses hautes fonctions jusqu'à soixantedix ans.

Le conseil d'Etat, réuni hier en assemblée générale a adopté en fin de séance un projet de décret donnant satisfaction au désir exprimé par le Président de la République.

Un caissier ayant détourné 200.000 fr. tente de se suicider

Une tragédie au Mans L'ÉPOUSÊItTa FILLE

D'UN ANCIEN AVOUÉ

SAUVAGEMENT ASSASSINÉES PAR LEURS DEUX BONNES Les criminelles, deux soeurs, qui étaient depuis six ans au service des victiaes, ont été arrêtées dans leur chambre Elles ont déclaré que « Madame leur ayant adressé des reproches injustifiés et ayant frappé l'une d'entre elles elles virent oronge »

Armées de couteaux et d'ustensiles de cuisine, elles livrèrent alors une farouche bataille à leurs patronnes

Le Mans, 2 février.

DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER Rarement la si paisible ville du Mans eut à inscrire dans ses annales un drame aussi horrible que czlui qui s'est produit hier chez un ancien' avoué manceau, Mo Lancelin..

Dans le luxueux hôtel particulier qu'il partageait avec les siens, 6, rue Brugère, dans l'aristocratique quartier des Jacobins, la femme et la fille de MI Lancelin ont été, ce soir, sauvagement assassinées par leurs domestiques.

Les circonstances tragiques de ce drame ont d'autant plus bouleversé la population mancalle que celui-ci frappe une famille fort connue et estimée non seulement dans la ville, mais aussi dans toute la région. Un retard inquiétant

M' Lancelin devait dîner ce soir, avec celles qui ont si tragiquement péri, chez son beau-frère, M' Rinjard, avocat au barreau du Mans, demeurant 1, rue des Chanoines. Toute la famille devait se retrouver chez l'avoI cat à 19 heures. L'ancien avoué, qui avait des visites à faire, devait s'y rendre seul. Il arriva rue des Chanoines à l'heure convenue, mais sa femme et sa fille, qu'il croyait l'y avoir précédé, n'avaient pas été vues. On attendit un peu. Mais, au fur et à mesure que les minutes passèrent, l'inquiétude grandit

Il faut aller voir ce qui se passe, décida M' Lancelin.

Ce fut aussi l'avis de son beau-frère. Et les deux hommes se mirent en route vers la rue Brugère.

A une fenêtre du second étage la chambre des deux domestiques. ils aperçurent de la lumière. Pourtant, fait particulièrement anormal, la porte d'entrée de l'hôtel était verrouillée. Les -appels de l'avoué et de l'avocat demeurèrent sans réponse.

Cette fois, il n'était plus douteux qu'un fait anormal s'était produit dans la maison. M, Lancelin et son beau-frère se précipitèrent au commissariat de police et revinrent avec M. Dupuy, commissaire central, qu'accompagnaient plusieurs inspecteurs. Pour pénétrer dans l'hôtel au mystère si angoissant, les policiers passèrent par la maison voisine, au n° 8 de la rue Brugère, et franchirent le mur qui sépare lea deux jardins. Deux cadavres

Sur le palier du premier étage, M* Lancelin découvrit les deux corp3 de celles qui, hélas ne pouvaient plus répondre à ses appels. Mme Lancelin avait la tête broyée. Elle avait éclaté. Un des yeux avait été projeté jusque dans l'escalier. Les bras et les jambes des deux victimes avaient été tailladés à coups de couteau. Le sang coulait sur les marches, et les bras des malheureuses étaient restés repliés dans un geste d'instinctive protection. Aucun désordre dans la maison. Il paraissait, de plus, évident que nul étranger n'y avait pu pénétrer. Mais qu'étaient devenues les deux domestiques ?

Etaient-elles aussi des victimes dans cette horrible tuerie ? Ou bien étaientelles les assassins de la femme et de la fille de l'avoué ?

Autant de questions que se posaient, en continuant de visiter la maison tragique, les enquêteurs. Aussi bien furent-ils fixés lorsque, atteignant la chambre des bonnes, ils se rendirent compte que celles-ci étaient vivantes. En entendant du bruit sur le palier, elles ouvrirent leur porte

« C'est nous qui avons tné i » C'est nous dirent-elles, avant qu'on ait pu même les interroger, qui avons tué madame et mademoiselle

Et c'est avec beaucoup de calme que les deux jeunes filles, deux soeurs, Christine et Léa Papin, vingt-huit et vingt et un ans, nées à Marigné (Sarthe), firent le récit de leur double crime

Nous avons utilisé l'après-midi à repasser, dirent-elles, quand nos deux patronnes rentrèrent. Il était près de 19 heures. Madame nous fit des reproches parce que l'électricité était éteinte dans l'escalier. Un plomb avait sauté.

Et Christine poursuivit seule

Cela fit redoubler la colère de madame, qui se précipita tout à coup sur moi et me gifla Oh malheureuae » répliquai-je, voyant rouge. Alors, ne sachant plus ce que je faisais, je lui portai sur le crâne « un bon coup » qui la fit tomber.

C'est alors que mademoiselle intervint. Ma sœur vint, de son côté, à mon secours et nous. nous battîmes toutes les quatre.

Ayant perdu complètement le contrôle de nos gestes, nous nous emparâmes, ma sœur et moi, de couteaux et d'objets de cuisine avec lesquels nous nous sommes défendues. Et quand nous avons vu que madame et mademoiselle ne bougeaient plus, nous nous sommes enfermées dans notre chambre. Récit sincère sans doute qu'aggrave en horreur, il faut bien le souligner, le calme avec lequel il fut fait. D'ailleurs, les deux jeunes filles ne s'étaient elles pas tranquillement déshabillées et mises au lit, s'apprétant sans doute à passer une excellente nuit

Après avoir enregistré une nouvelle fois leurs déclarations, M. Rieger. procureur de la République, a fait enfermer Christine et Léa dans la chambre de sûreté du commissariat central. La justice se satisfera-t-elle de leurs